Par Philippe DUPUY
« Pourquoi faire les César ? s’est demandée Marina Foïs dans son discours d’ouverture de la 46e nuit des César. On a réfléchi et on n’a pas trouvé. C’est pour ça qu’on s’est dit que c’était essentiel« . Des esprit moins egocentrés seraient probablement arrivés à une conclusion inverse. Alors que les salles sont fermées pour raisons sanitaires et que des dizaines de films ont été empêchés de sortir, que célébrait-on, en comité restreint, testé et masqué, ce vendredi à l’Olympia ? La réconciliation de la Grande Famille Du Cinéma ? De ce point de vue, ce fut réussi : pas de polémique, un palmarès entièrement dédié à la diversité et une louable unité de parole dans la critique de la politique culturelle en temps de pandémie. La GFDC est apparue soudée comme jamais… Mais dans quel état ! Quasiment en loques. A l’image de Corinne Masiero, arrivée en Peau d’âne pour remettre le César des costumes et repartie en tenue d’Eve. Un geste punk qui a sidéré l’audience. La comédienne de la série Capitaine Marleau , qui porte d’habitude sa fourrure sur la tête, n’est pourtant pas la seule à être repartie à poil : François Ozon (11 nominations, zéro César) et Emmanuel Mouret (12 nominations, 1 seul César ) ont fait de même. Albert Dupontel a tout raflé (7 César, dont ceux du meilleur réalisateur et du meilleur film). Pas de chance, c’était le seul à boycotter la cérémonie ! Le titre de son film (Adieu les cons) suffit, sans doute, à expliquer pourquoi. Difficile de lui tenir rigueur de son absence: la soirée fut encore plus longue et ennuyeuse que de coutume, avec un hommage au Splendid qui oublia cuellement la pauvre Anémone et un autre à Jean-Pierre Bacri, trop vite expédié pour paraître vraiment sincère. Même l’humour trash de Marina Foïs, Blanche Gardin et Laurent Lafitte , associés dans l’écriture des lancements, tomba à plat la plupart du temps, quand il ne provoqua pas la consternation. Après le pataquès de l’an passé, on pressentait que les César ne nous étaient plus « essentiels ». Cette cérémonie de con(finé)s l’a confirmé de manière assez crue. Et nue !
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