Interview : Gérard Lanvin

//Interview : Gérard Lanvin

Interview : Gérard Lanvin

Par Phil Inout

Rencontré à Nice pour la sortie de Papi Sitter, la comédie de Philippe Guillard, Gérard Lanvin nous avait parlé de son amour pour la musique en général et pour celle de son fils Manu en particulier. L’album qu’ils ont enregistré ensemble (Ici bas, sortie le 21 mai) n’est donc qu’une demi surprise. Le fait que les textes soient aussi engagés (dans « Entre le dire et le faire » Lanvin se paye à la fois Sarkozy, Hollande et Macron) n’en est pas une du tout quand on connaît le franc parler du bonhomme…   

C’est rare de vous voir en tournée promo…

Pourtant, j’adore ça. Je viens toujours en région avec plaisir. Surtout dans la vôtre qui me rappelle quelques-uns de mes meilleurs souvenirs de tournage : Le Fils préféré de Nicole Garcia et Les Spécialistes de Patrice Leconte avec mon ami Bernard (Giraudeau N.D.L.R). Avec le temps, j’ai noué des relations heureuses avec le public azuréen.. 

Avant d’être papi dans le film de Philippe Guillard, quel père avez-vous été ?

Un papa plus à cheval sur les principes, sans doute, c’est générationnel. Mais nos métiers incitent quand même à la barjotterie. Mes deux fils ont été élevés dans le rock’n’roll, avec une mère chanteuse et un père comédien. Ils sont devenus artistes tous les deux. Manu fait du blues, l’autre est DJ au Brésil. On était très lié à Trust et Téléphone à une époque. À la maison, il y avait plus de musiciens que d’acteurs. J’aurais aimé faire de la musique mais je n’étais pas assez bon. J’avais appris trois accords de guitare pour Marche à l’Ombre, mais c’était trop dur, j’ai laissé tomber. Un jour Manu est passé devant la guitare et m’a demandé s’il pouvait en jouer. J’ai dit : vas-y ! Aujourd’hui, c’est une bête de scène. Il me permet de chanter parfois avec lui sur scène. C’est un kif, le contact direct avec le public.

Vous dites toujours avoir fait du cinéma par hasard. Jusqu’à quel point ?

Je ne me sentais pas une fibre particulière, mais j’étais attiré par le métier parce que j’avais un copain dont le père était comédien. Il m’a amené un jour le voir au théâtre et j’ai découvert les coulisses. Ça m’a fasciné. Sans y penser davantage, c’est quelque chose qui m’attirait. Après j’ai fait les marchés et forain c’est déjà un numéro d’acteur. La rencontre avec Coluche a été déterminante. C’est lui qui m’a poussé à jouer. La première fois où je l’ai fait, ça m’a paru pas facile mais faisable. Et comme on a continué à me proposer des rôles j’ai fini par me sentir légitime…

Coluche vous manque toujours ?

Il m’a manqué tout de suite. C’est lui qui m’a amené où je suis. Sans lui, je n’y aurais peut-être pas même pas pensé. J’habitais chez lui, on a vécu en famille avec Véronique, les enfants… C’était tellement soudain de le perdre. C’est comme si j’avais perdu un père. J’ai souvent pensé qu’on lui avait cloué la bouche parce qu’il dérangeait. J’arrivais pas à croire que c’était un accident. Aujourd’hui encore je me pose la question… Après, il faut laisser les morts tranquilles. Je lis toujours : « S’il était encore là, les choses seraient différentes ». Mais on ne sait pas si ça changerait quelque chose. Il a fait les Restos, mais d’un autre côté il payait pas ses impôts… La solidarité, ça commence quand même par les impôts. Faut payer les routes, les hôpitaux, les écoles…

On vous a attribué à tort une tribune anti-macron.Vous auriez pu l’écrire ?

Pas mon style. Je suis un frontal, si j’ai un truc à dire je le dis en face pas sur internet, d’ailleurs je sais même pas comment ça marche. La lettre en question avait déjà été utilisée contre Hollande. J’ai jamais compris pourquoi on avait choisi de me l’attribuer. On s’est servi de ma grande gueule pour crédibiliser le truc. C’est la malédiction de Gérard Lambert qui me poursuit ! (rires) Le problème,  c’est que j’ai eu beau démentir, les gens continuent à me dire : « Formidable la lettre ! » Ils veulent absolument que ce soit moi… Macron, mis à part sa manière d’être et sa communication minable, je ne le rends pas responsable de tout le malheur des gens. Les inégalités sociales ne datent pas de lui.

La retraite, vous y pensez ?

Je ne sais même pas de quoi on me parle. Si j’arrête de bosser, je mange plus. La retraite des acteurs, ça n’existe pas. Tant qu’il y aura de la demande, j’irai. J’espère que le parcours heureux que j’ai eu va durer encore un peu. J’aimerais finir en me disant, comme aujourd’hui : quelle chance j’ai eue !

By |avril 17th, 2021|Categories: ça vient de sortir|0 Comments

About the Author:

Leave A Comment

seize − neuf =