L’Amour c’est mieux que la vie est le 50e film de Claude Lelouch. Venu le présenter à Nice, le cinéaste nous a parlé du tournage avec sa passion habituelle…
Auriez-vous imaginé pouvoir réaliser 50 films ?
Jamais de la vie ! Cinquante, c’est énorme. Je ne sais toujours pas comment j’ai réussi à en faire autant. Si on me donnait à lire le scénario de ma vie, je n’y croirais pas. Un film c’est toujours un miracle, alors cinquante…
Quelles étaient vos intentions pour celui-là ?
L’idée était de faire une trilogie. A mon âge (84 ans NDLR) j’ai envie de mettre au propre ma vie de cinéaste et d’homme. J’ai fait ce film pour mes enfants et petites enfants, pour leur dire deux trois choses dont je suis à peu prés convaincu sur l’amour , l’amitié et l’argent. A travers une histoire simple, parce que les choses compliquées doivent être énoncées simplement. Je suis parti d’histoires vraies. La plupart de celles qui sont racontées dans le film sont arrivées.
Quel a été le point de départ ?
Une rencontre avec Jacques Brel quelques temps avant sa mort. On buvait une bière et il semblait l’apprécier au-delà de toute attente. Je lui en ai fais la remarque et il m’a dit : « Je déguste cette bière car c’est peut-être la dernière que je je bois. Depuis que je fais les choses pour la dernière fois, enfin j’apprécie la vie. Il a fallu qu’on me donne une date de fin pour cela »…. Le personnage que joue Gérard Darmon ressemble un peu à Jacques Brel. Avec les deux autres, ce sont un peu Les Trois mousquetaires d’aujourd’hui. C’est le roman qui m’a le plus passionné quand j’étais petit. J’y reviens toujours…
Pourquoi ce titre ?
J’ai toujours pensé que l’amour c’est mieux que la vie. C’est la plus belle invention de la vie, dangereuse, risquée, fragile, mais si belle…
Comment vous est venue cette belle idée de faire de Lino Ventura le père de Sandrine Bonnaire ?
Mes films font partie de la mémoire collective maintenant. C’est comme s’ils n’en formaient qu’un seul. En un sens, Darmon et Bonnaire sont un peu les enfants de mes plus anciens films. Pour montrer d’où vient le personnage de Sandrine Bonnaire, il aurait fallu que je filme plusieurs scènes alors que là, avec quelques images de l’Aventure c’est l’aventure ou de La Bonne année, ça suffit. C’est évident que son père a dû faire les 400 coups et même peut-être un casse à Cannes, et que sa mère défendait les prostituées…
Le covid semble s’être invité dans le film. Soudain, les acteurs portent des masques…
Mais la vie s’invite dans tous mes films ! J’adore ça. Je travaille avec le plus grand des scénaristes qui s’appelle la vie. En l’occurrence, ça m’a permis de de filmer encore mieux les yeux, de me rapprocher encore plus des acteurs et de faire de plus longues sequences. Tous mes films sont témoins de leur temps. Je prends un grand plaisir à m’adapter à l’actualité.
Vous avez participé à un hommage à Robert Hossein à la Cinémathèque de Nice. Comment était-il sur le tournage ?
C’est une chance incroyable de lui avoir fait faire son dernier film. Il a tourné quelques jours avant de mourir. Personne ne s’y attendait, il semblait en bonne forme et il était fou de joie de tourner. Il m’a appelé le lendemain pour me dire que je lui avais offert un beau moment de cinéma. C’était un grand acteur metteur en scène et homme de théâtre. Il a fait de grands spectacles pour le grand public. Je trouve qu’il est parti sur une trés jolie note.
Toujours un pincement au coeur en revenant à Nice ?
Oui, toujours. J’avais 5-6 ans ans la première fois que j’y suis venu. Ma mère avait pris l’habitude de me cacher dans les cinémas permanents, pour échapper aux rafles. Il y en avait un sur la Prom, où j’ai passé des après midi entières. J’étais un enfant assez turbulent et c’était le seul endroit où je me tenais tranquille. Le cinéma m’a sans doute sauvé la vie et je vis avec lui une grande histoire d’amour depuis tout ce temps.
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