Cannes 2023: Part 2

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Cannes 2023: Part 2

Par Philippe Dupuy

Après Johnny Depp et Harrison Ford, place à Leonardo DiCaprio et Robert de Niro. La présentation (hors compétition) du nouveau film-fleuve de Martin Scorsese, Killers of The Flower Moon,  a fait l’évènement. Le duo tient ses promesses et le film est excellent, même si pas évident à digérer dans le contexte festivalier, vue sa longueur (3h26). On l’appréciera mieux à sa sortie en salles et sur AppleTV/Canal+. Comme on le pressentait, Zone of Interest de Jonathan Glazer a été le premier choc de la compétition (et à ce jour le seul). Superbe adaptation du roman de feu Martin Amis (qui n’a pas eu le temps de s’en réjouir), le film se passe presque tout entier dans la maison du commandant d’Auschwitz. Une vie de famille presque normale, n’était un fond sonore constitué du ronflement continu des fours, de cris, d’ordres hurlés, d’aboiement de chiens et de coups de feu. Derrière les hauts murs du jardin, on voit la fumée monter d’une énorme cheminée. Un environnement que la grand-mère des enfants,  en visite dans la famille, aura du mal à supporter. Mais pas leur mère (jouée par l’épatante Sandra Huller, en lice pour le prix d’interprétation) toute fière de sa jolie maison et des avantages liés à la position de son mari : dans les lots de vêtements qui lui arrivent du camp, il y a parfois un manteau de vison… Moins ébouriffante que celle d’Under the Skin (du même réalisateur), la mise en scène de Zone of Interest est aussi glaçante que son sujet. Le film est immédiatement devenu le favori de la critique pour la Palme d’or.  Celle de plomb a, par contre, été décernée à la quasi unanimité à Black Flies de Jean-Stéphane Sauvaire : une plongée en apnée dans la misère sociale la plus glauque avec deux ambulanciers new-yorkais joués par Tye Sheridan et Sean Penn. On ne sait ce qui est le plus insupportable dans ce film : le voyeurisme gore de la réalisation ou le surjeu forcené de Penn. Après ça les 3h30 du nouveau Nuri Bilge Ceylan ont passé crème. Le héros aigri des Herbes sèches n’est pourtant pas le plus aimable du monde (instit dans une école de sa campagne natale, il ne cesse de se plaindre de sa condition sans rien faire pour en changer). On a pourtant préféré sa compagnie à celle des deux duettistes de Black Flies. Par contre, on n’ira pas passer l’hiver en Anatolie !  Dans May December, Todd Haynes dissèque la vie d’un couple qui, 20 ans plus tôt a fait scandale : elle (jouée par Julianne Moore) avait 35 ans et lui 14. Cela ne les a pas empêché de se marier et de faire des enfants qui, lorsque le film commence, vont entrer en fac. Leur histoire est si singulière qu’un film va en être tiré. L’actrice principale (Natalie Portman) vient passer quelques jours dans la famille en Georgie pour s’imprêgner de son personnage. Elle ne va pas tarder à voir les failles d’un bonheur de façade.   Un beau mélo à la réalisation soignée, bien dans la manière du réalisateur de Carol.

 

By |mai 23rd, 2023|Categories: Cinéma|0 Comments

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