Par Philippe Dupuy
Entre deux averses et un bad buzz de Thierry Fremaux, pris à partie par un policier municipal qui ne l’avait pas reconnu (la vidéo de l’incident a été visionnée 3 millions de fois sur les réseaux sociaux), on a pu voir deux documentaires dans lesquels des acteurs rejouent des scènes vécues. Le premier, Little Girl Blue, signé Mona Achache, met en scène Marion Cotillard dans le rôle de la mère de la réalisatrice, photographe et écrivaine à la vie dissolue. La réalisation est léchée, mais on peine à s’y intéresser. Dans le second, Les Filles d’Olfa de Kaouther Ben Ania présenté en compétition, la réalisatrice raconte l’histoire d’une mére Tunisienne qui a vu deux de ses filles partir pour le jihad et a été obligé de faire interner les deux autres pour les empêcher de faire la même chose. Olfa intervient à l’image, mais une actrice la double dans les scènes avec ses deux filles radicalisées, également jouées par de jeunes actrices. Le procédé est intéressant, mais on s’y perd un peu. Avec Anatomie d’une chute, Justine Triet a mis dans le mille. La réalisatrice de Victoria et Sibyl se retrouve en tête des pronostics pour la Palme avec ce film de procès qui met en scène Sandra Huller (décidément l’actrice de l’édition) dans le rôle d’une femme accusée du meurtre de son mari. L’homme a été découvert sans vie au pied de leur chalet proche de Grenoble. Suicide ou homicide ? Comme la justice est aveugle, c’est leur fils également aveugle qui fera pencher la balance… Malgré la qualité de la réalisation, on ne partage pas l’unanimisme de la critique. Le film est trop long et les scènes de procès sont tout sauf crédibles. Reste la perfrmance de Sandra Huller, grande favorite pour le prix d’interprétation. Place ensuite au film historique avec Firebrand (Le Jeu de la reine en VF) de Karim Aïnouz dans lequel Jude Law méconnaissable campe un effrayant roi d’Angleterre, émule de Barbe Bleue. Alicia Vikander lui donne la réplique dans un trés beau rôle de femme violentée qui, malgré tout, tient tête à son bourreau jusqu’au bout. La réalisation est trés puissante et on en sort secoué. Avec Club Zéro, Jessica Hausner signe un pamphlet sur la manipulation d’adolescents par leur prof de nutrition (jouée par Mia Wasikowska). L’esthétique, entre Wes Anderson et Yorgos Lanthimos, est le point fort du film qui, pour le reste, peine à convaincre. Avec Asteroid City, Wes Anderson signe un nouveau chef d’oeuvre de miniaturisme à gros casting (Tom Hanks, Scarlett Johansson, Margot Robbie, Steve Carell, Edward Norton, Adrien Brody, Jason Schwartzman, Bryan Cranston, Jeff Goldblum…). Tellement gros, qu’il a fallu affréter un bus pour amener toutes l’équipe à la montée des marches ! On a adoré cette vraie-fausse pièce de théâtre qui raconte une rencontre du troisième type dans un décor des sixties en Arizona.
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