Avant de lancer sa tournée d’été, Zazie a effectué une résidence d’une semaine à Anthea Antibes, histoire de roder le nouveau show avec deux concerts à la clé, dont un reporté d’un jour à cause de la finale décalée de The Voice (que son candidat a gagné). Nous étions au deuxième show, donné le dimanche soir dans un théâtre bondé. Le concert du Air Tour débute, assez logiquement, par « Ca commence », premier titre de l’ album Aile-P que la chanteuse n’avait pas encore pu jouer en live. Edith Fambuena, qui a réalisé le disque et remplace à la guitare Pierre Jaconelli (parti chez Biolay) martelle le riff pendant que les trois autres musiciens s’installent et que Zazie entame le premier couplet depuis les coulisses. Puis la chanteuse apparaît, silhouette longiligne, en tenue noire trés ouverte sur le devant. Le son n’est pas terrible et ne s’arrangera guère au long du spectacle. La voix, toujours bien rauque en concert, est perdue dans le mix, les paroles aussi. Les arrangements live, à dominante électro-rock, sont encore plus puissants que de coutume. Par moments, on croirait entendre Radiohead ou Nine Inch Nail plutôt qu’une artiste de variétés. A l’aise et naturelle, Zazie bouge son corps plus qu’elle ne danse, plaisante avec le public, s’assoie en bord de scène avec ses musiciens pour une séquence « comptines » , puis descend faire un tour dans la salle. Les nouveaux titres et les tubes défilent devant un public ravi qui se lève et danse (une mini-fosse a même été prévue devant la scène pour les plus agités). Les lumières sont basiques, à dominantes rouge et bleu, le groupe joue en clair-obscur, sans décor, ni écrans. Pour les festivals d’été (concerts à Saint Raphael, Nîmes et Aix), la formule sera suffisante. Pour les zéniths de la rentrée, par contre, on espère que la production a prévu une rallonge de budget, sinon ça risque de faire un peu fauché. Au pire, Thierry Suc pourra toujours piocher dans les 29 semi-remorques de matos de son autre protégée, la rouquine Mylène Farmer.
Après tant d’années passées à hanter les festivals et les salles de concert les plus improbables de la planète, il restait encore au moins un endroit à découvrir pour Alison Mosshart et Jamie Hince, qui n’en croyaient visiblement pas leurs yeux en montant sur la scène de l’Amour Beach Festival à Nice. A deux pas du Négresco, plusieurs centaines de dineurs, de fêtards, de fans véritables et de passants attirés par le bruit sur la Prom, attendaient The Kills sur la plage de l’hôtel Amour. Ils ont eu droit à un excellent concert des Kills, entre performance punk, techno-rock et Britt pop échevelée. Le duo anglo-américain a égrené ses classiques (« UR A Fever », « Doing it to Death », « Future Starts Slow » , « DNA » ) et les titres phares du nouvel album (« New York », « My Girls » »), dans une orgie de guitares dissonantes, de beats robotiques et de lumières crues qui ont mis le public à genoux. Ceux qui ont eu la chance d’y assister en garderont un grand souvenir. Vive les Kills et longue vie à l’Amour Beach Festival !
Après une édition 2024 décalée au mois d’août à cause des Jeux Olympiques et du Tour de France, le Nice Jazz Fest retrouvait ses dates habituelles en juillet (24-27 juillet). Côté programmation, pour répondre à certaines critiques, l’accent a été mis sur lejazz au théâtre de verdure avec 4 artistes différents chaque soir et une affiche largement féminisée par rapport à l’an dernier. Les stars de l’édition étaient Raye,Polo & Pan, Jorja Smith, Lalomali (groupe africain de Matthieu Chedid) et Santa, locale de l’étape qui a fait la la clôture avec Feu Chatterton ! Parmi les nouveautés de l’édition: une deuxième scène place Massena, où JoeyStarr se déchaînait entre les sets de la scène principale. L’ex-rappeur et neo-restaurateur qui tenait comptoir au Village près du kiosque à musique et de la scène réservée aux afters et aux jams sessions n’a pas économisé ses services d’ambianceur. On y a fait la fête jusqu’au bout de la nuit. Voici le résumé de l’édition :
jeudi 24 juillet
Au théâtre de verdure, John Scofield a confirmé qu’il était une légende vivante de la guitare Jazz avec son impeccable quatuor. Scène Massena, Raye a montré qu’elle se démarquait des divas pop et R’n’B habituelles en dédiant son show, proche d’une revue de big band, aux légendes du jazz qui l’ont précédées au Nice Jazz Festival. On a rarement vu une artiste aussi visiblement heureuse et honorée de fouler la scène Massena… Et quelle voix ! Un grand moment, précédé par l’électro pop gentillette de Polo & Pan et par le boucan infernal mais sympathique de JoeyStarr et de ses acolytes sur le nouveau podium de Dj installé face à la scène Massena pour meubler les intermèdes. La première soirée affichait complet et cela fait beaucoup de monde ! Un peu trop, à notre goût, mais il faut que le business tourne pour que le NJF puisse nous offrir d’aussi beaux plateaux…
Vendredi 25 juillet
Avec ses lunettes noires et son costume, le rappeur américain Freddie Gibbs a fait sensation en ouvrant la deuxième soirée du Nice Jazz Fest sur la scène Masséna. Il était accompagné du groupe instrumental ElMichels Affair, connu pour son mélange unique de soul, jazz et hip-hop. Pendant ce temps, au théâtre de Verdure, Stochelo et Mozes Rosenberg présentaient leur projet inédit en hommage à l’oeuvre musicale de Charlie Chaplin. Emouvant . Déjà venu en 2017, M- était de retour au NJF avec son groupe africain Lanomali. Quand on va voir -M- en concert, one sait qu’on va forcément passer un très bon moment. Avec Lamomali le plaisir est comme décuplé. Le concert s’est achevé avec une surprise : après avoir fait monter sur scène quelques-uns des bénévoles du Nice Jazz Fest, il a invité Gad Elmaleh à l’accompagner sur « Je t’aime », l’un des titres de son dernier album Totem . Annoncé à 23h00, Mustard a fait son entrée avec une bonne demi heure de retard (heureusement comblée par JoeyStarr et ses acolytes sur la scène de transition). Ses fans ont vite pardonné son retard et lui ont réservé une ovation. Le rappeur a livré une prestation intense et fait danser la foule jusqu’au bout de la nuit.
Samedi 26 juillet
Troisième soirée sold-outde suite: du jamais vu au NJF ! On s’en réjouit pour les finances du festival, moins pour les spectateurs dont le confort est de plus en plus précaire, notamment devant la scène Massena, où il devient difficile, voire impossible, de circuler. Pas rassurant du point de vue de la sécurité… Pas trop grave pour le public « jeune »; plus embêtant pour les spectateurs plus âgés qui ont tendance à se rabattre sur le TDV, même s’ils sont venus pour les artistes qui se produisent à Massena… Un phénomène qu’on a observé pour le concert de Jorja Smith. Peu en voix, la nouvelle diva anglaise, fagotée comme l’as de pique, a livré un show monocorde et statique qui a déçu même les fans de la première heure (dont nous étions). Après la tornade Raye (voir plus haut), la Jorja a fait pâle figure. Heureusement, avant elle, Goldlink et Masego avaient bien chauffé le parterre. Ceux qui ont opté pour un repli tactique au théâtre de verdure n’ont pas été déçus du voyage : Tyreek McDole, en ouverture, a fait forte impression (« La nouvelle grande voix du jazz » entendait-on partout), la saxo Nueya Garcia a joué de tout son coeur et de tout son souffle et les Cookers ont conclu l’affaire à l’ancienne, tous cuivres dehors. Avantage TDV donc, pour cette avant-dernière soirée.
Dimanche 27 juillet
Avec 44 418 spectateurs revendiqués et une moyenne de 11 100 par soirée, le NJF 2025 a battu tous les records de fréquentation établis depuis son installation en centre ville. Résultat d’une programmation intelligente, d’un type d’évènement (food, fun & music) qui correspond visiblement aux attentes du public et, peut-être aussi, du fait que ses dates ne se chevauchaient pas avec celles de Jazz à Juan. La dernière soirée fut très franco-française, voire niço-niçoise avec l’évènement Santa et le retour de Feu! Chatterton. La première a livré un show tout en force et générosité, qui ne lésine pas sur les effets (entrée suspendue la tête en bas, séquence de piano volant à 20 mètres du sol et descente dans la fosse), ni sur la complicité avec le public. La Niçoise en a profité pour annoncer son premier Palais Nikaia, programmé pour mars 2026. Avant elle, Feu! Chatterton rodait sur la scène Massena la tournée du nouvel album avec un show encore un peu décousu, mais séduisant. A cause de la foule et des difficultés de circulation entre les deux scènes (un problème à résoudre pour la prochaine édition), on n’a pu faire qu’un rapide passage au Théâtre de verdure qui affichait lui-aussi archi-complet. Ekep Nkwele y était visiblement très à son affaire…
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