Par Philippe DUPUY
Après une campagne de teasing éclair sur le Net, les Rolling Stones avaient convoqué la presse le 6 septembre à Hackney au Nord de Londres, pour une conférence de presse qui s’est réduite à une parodie de late show, avec Jimmy Fallon en intervieweur unique et énamouré (il imite très bien Jagger) . Motif de la sauterie, retransmise en direct sur la chaîne Youtube du groupe, le lancement du single « Angry », premier extrait de l’album Hackney Diamonds à paraitre le 20 octobre. Leur premier disque de chansons originales depuis l’oubliable A Bigger Bang, paru il y a près de 20 ans. Produit par Andrew Watt (Iggy Pop, Post Malone, Ozzy Osbourne…), comme le reste de l’album apparemment, « Angry » est rock binaire, basé sur un riff antédiluvien et une syncope de batterie pachydermique, avec un gros son FM et un solo de guitare sur 3 notes. Rien de particulièrement remarquable, sinon que c’est sans doute leur meilleur single depuis « Start me Up » en … 1981! Sympa pour se donner la pêche le matin en partant travailler, la chanson vaut surtout par l’interprétation post #MeToo que l’on peut faire de ses paroles. On peut, en effet, y lire la complainte d’un boomer (« I’m in a desperate state« ), qui s’est mal comporté avec les femmes durant sa vie d’homme et fait face aux reproches (« Don’t be angry with me« ), traîne sa mauvaise réputation comme un boulet (« Voices keep echoing calling out my name « ) et craint l’assignation à comparaître (« The wolf’s at the door with the teeth and the claws »), mais qui ne s’excuse pas (« I Never Caused You No Pain », « Don’t have to be ashamed »), coupe les ponts (« Please just forget about me/Cancel out my name/Please never write to me« ) et se barre au Brésil avec une provision de Viagra (« I’m still taking the pills and I’m off to Brazil« ), en faisant mine de se demander pourquoi on lui en veut tellement (« Ah, why you angry with me? Why you angry?« ). Venant d’un groupe pour lequel le concept de « groupies » a été inventé et dont la discographie est pavée de chansons sexistes (« Under my thumb », « Brown Sugar », « Stray Cat Blues« , « Parachute Woman« , « Some Girls« …), cela ressemble, au mieux, à un aveu de mauvaise conscience, au pire (voir le clip ultra vulgos de la chanson) a de la provocation. Du pur Rolling Stones, en somme !
Leave A Comment