Par MAB
Le nouveau roman de Dominique Barbéris s’intitule Une façon d’aimer . Beau titre pour une histoire simple, déroulée avec finesse . A l’image de la discrète Madeleine, beauté timide et mélancolique de la province d’après-guerre. Le récit de sa vie est fait par sa nièce, quelque temps après la mort de sa tante. La narratrice ne sait pas tout. Elle appuie ses dires sur des paroles rapportées par sa propre mère, la sœur de Madeleine, par Sophie, sa fille. Mais aussi sur de vieilles photos et même sur des chansons de Guy Béart que, dans ces années-là, tout le monde fredonnait. Madeleine quitte, donc, sa Bretagne natale pour suivre au Cameroun, un mari épousé tardivement et sans amour . Nous sommes en 1958. Il fera là-bas le commerce du bois. Alors que la décolonisation est en marche et que la révolte gronde, elle se trouve plongée au cœur d’une vie de petits blancs, d’expatriés, de femmes oisives et affranchies, dont elle ne saisit pas tous les codes. Or, à Douala, lors d’un bal à la Délégation, elle est courtisée par un habitué de ces soirées: un administrateur colonial à la vie d’aventurier. C’est un homme à femmes. Mais Madeleine qui « ressemble à Michèle Morgan » est farouche. Il y aura entre eux une façon d’aimer comme il en existe parfois : Des regards furtifs, des promenades silencieuses, du désir inavoué… Une relation banale, au fond, mais surveillée par toute une communauté qui s’ennuie et s’angoisse face à un monde qui s’enfuit. Ce roman doux et pas si léger qu’il en a l’air, qui laisse la violence en creux pour ne garder que les frustrations lancinantes de cette époque-là, a reçu le Grand Prix du roman de l’Académie Française.
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