Par MAB
« Que serait une famille sans secret de famille ? » Fort de cette évidence que chacun d’entre nous ressent d’ailleurs confusément, François Garde a mené une formidable enquête sur son « Oncle d’Australie ». Entre fiction et réalité, il a inventé, imaginé et retrouvé , lui le petit neveu, l’histoire de ce Marcel Garde , 18 ans en l’an 1900. D’après les dits et non dits murmurés à voix basse de génération en génération, le jeune homme fut arraché à sa scolarité et sa Provence natale par son intraitable père pour être embarqué de force sur un paquebot en partance pour l’Australie. Il dut promettre de ne jamais en revenir, ni donner de nouvelles ! Le premier volet s’interroge sur les raisons de cet exil définitif, relate les adieux glacials au père, la longue traversée en troisième classe, l’arrivée d’un jeune immigrant sans le sou baragouinant un mauvais anglais , la quête désespérée d’un travail dans un pays neuf. Le récit est prenant. Le personnage, devenu romanesque sous la plume de Garde, est attachant. Mais est-ce bien la vérité ? Vient alors la deuxième partie. Garde fouille, interroge, se penche sur des archives. Utilise internet. Constate le trou noir dans lequel a été plongé Marcel: pas de lettre, pas de photo, pas son nom sur le tombeau familial ! Au passage, il découvre et redécouvre les us et coutumes de ses ancêtres, petits industriels de province, corsetés dans leurs croyances et préjugés. Malheureux derrière leur intransigeance. Or, il y aura un épilogue: « Les cadavres reviennent toujours à la surface », écrit Garde qui en une troisième partie mettra, enfin, la réalité à jour. Il a réussi, a force de persévérance et de talent, à retrouver les traces du paria. C’est un choc ! L’écrivain édifie alors à l’infortuné Marcel un bouleversant tombeau qui va nous rester longtemps en mémoire. Familles, malgré ce que vous taisez , on vous aime !
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