Figure incontournable de la scène artistique niçoise, connu dans le monde entier pour ses célèbres « inclusions« , exposé à Paris , St Tropez, Courchevel et dans nombre de capitales, Fred Allard n’avait pas encore de vitrine dans sa ville natale. Lacune comblée avec l’ouverture, en février 2024, d’une magnifique galerie au 10 de l’avenue de Verdun, à l’emplacement des anciens bureaux d’Air France, dans le carré chic du centre-ville. Sur deux niveaux et près de 200 M2 d’espaces clairs et lumineux, le plasticien Niçois de 55 ans expose ses oeuvres les plus emblématiques : les « Vide ton sac » (inclusions d’objets personnels dans de la résine translucide) de Neymar, Charles Leclerc ou Fabio Quartararo, les fameux « shopping bags » (inclusions de figurines pop en forme de sacs à main), une nouvelle série inspirée par Warhol et Basquiat (dont la superbe Joconde/Balenciaga qui illustre cet article), du mobilier de designers, des livres et des objets d’art. Plus qu’un espace d’exposition personnel, l’endroit se veut, en effet, un lieu de rencontre. Il propose un regard sur notre époque qui mêle l’art, la mode, le luxe et le sport. La marque de fabrique du néo pop-artiste Niçois.
Profitant de la fermeture pour travaux du Centre Pompidou, le Grimaldi Forum a réalisé un véritable hold-up dans ses collections pour son exposition d’été. L’accrochage présente, en effet, une centaine d’oeuvres du musée parisien, célèbres pour beaucoup et moins connues pour certaines, que Didier Ottinger, directeur adjoint du Musée national d’art moderne et commissaire de l’exposition, a regroupées sous le titre générique de Couleurs ! Non contentes d’être iconiques, ces chefs d’oeuvres sont présentés dans une scénographie une fois de plus géniale de William Chatelain, le responsable études et design d’espaces du Grimaldi Forum Monaco. Le parcours se fait en colimaçon à partir d’une roue de couleurs centrale ressemblant au logo du Trivial Pursuit. On choisit sa couleur (jaune, rouge, rose, blanc, noir, vert, bleu…), on franchit la porte qui va avec et on tombe sur une première pièce que la designeuse Marion Mailaender a meublée d’oeuvres d’art et d’objets de déco du même ton. De la pièce suivante monte une étrange mélopée. Le compositeur Roque Rivas y a réalisé (avec l’Ircam) des créations sonores originalesinspirées par la couleur monochrome des murs, tandis qu’ Alexis Dadier, premier « nez » de la maison Fragonard, y a associé un parfum spécialement créé par ses soins et censé évoquer la couleur en question. L’idée étant que ces installations permettent aux visiteurs de « vivre la couleur« , non seulement visuellement, mais aussi à travers l’ouïe et l’odorat. Arrivé au fond du couloir, on débouche enfin sur la galerie principale, où les toiles deSonia Delaunay , Jean-Michel Basquiat, Pablo Picasso, Amedeo Modigliani, Henri Matisse , Vassily Kandinsky et consorts sont accrochées côte à côte par couleur dominante, sans aucune considération de format, chronologie ou de style. Du jamais vu dans un musée ! On verra les jaunes en premier, si c’est la couleur que l’on a choisi en entrant. De là, on pourra continuer sur les verts, les bleus ou les roses… Mais la visite peut aussi se continuer en sens inverse : des toiles aux installations et à la roue de couleurs. Et ainsi de suite, dans un mouvement qu’on souhaiterait perpétuel tant l’expérience est réjouissante. Venez avec vos enfants, ils vont adorer se perdre dans ce labyrinthe de couleurs, de sons et de senteurs ! Et comme, décidément, rien ni personne n’a été oublié dans cette exposition formidable, les férus d’histoire de l’art pourront passer des heures à lire les cartons explicatifs qui parsèment les murs sous les cimaises.
Fourmis proliférantes, rhinocéros en dentelle, cheval apocalyptique, âne pourri, éléphant arachnéen, ocelot de compagnie et tamanoir en laisse… Salvador Dalí (1904-1989) a imaginé un bestiaire fantastique revisitant à la fois la mythologie antique, les représentations du Moyen Âge et celles d’artistes comme Brueghel ou Bosch. Transgressant les classifications scientifiques du monde animal, ce bestiaire est singulier parce qu’il est lié à la théorie dalinienne de l’irrationnel et à la psyché des êtres humains, en premier lieu à celle de l’artiste lui-même. Fantasmes, rêves, phobies, métamorphoses, hallucinations et symbolisations en chaîne deviennent des symptômes pour analystes et nourrissent un imaginaire de chimères, de créatures surnaturelles et divines. Cette exposition, intitulée Divines créatures, propose une immersion dans l’univers dalinien et son extraordinaire bestiaire à travers plus de 90 œuvres rarement montrées au public, dont la diversité (peintures, dessins, gravures, sculptures, photographies, films, etc.) est à l’image du talent polymorphe de Dalí.
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