Par Philippe DUPUY
Le Pitch
Au début des années 60, Elisabeth (Anya Taylor-Joy), jeune orpheline placée dans une institution après le décès de sa mère dans un accident de voiture, se découvre un don phénoménal pour les échecs. Adoptée par un couple, elle se lance dans les tournois à fortes récompenses pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa mère adoptive (Marielle Heller), bientôt larguée par son mari. Mais pour devenir la plus grande joueuse d’échecs au monde, elle devra lutter contre ses multiples addictions.
Ce qu’on en pense
Adapté d’un roman de Walter Tevis (L’Arnaqueur, La Couleur de l’argent) , Le jeu de la dame (The Queen’s Gambit en VO) était d’abord prévu pour le cinéma avant de devenir une mini série en 7 épisodes d’une heure, réalisée par le Scott Franck, scénariste,entre autres, de Minority Report, Le Petit homme et Malice. Cela se sent pour le meilleur dans une reconstitution d’époque digne des plus grands films hollywoodiens et, pour le moins bon, dans l’étirement du scénario jusqu’à ses extrêmes limites. Ce qui pouvait être dit en deux heures l’est en sept, mais ce n’est pas gênant tant les personnages sont attachants et tant on prend de plaisir à les retrouver d’un épisode à l’autre. A commencer par l’héroïne, Elisabeth Harmon, sorte de Lisbeth Salander des échecs, formidablement interprêtée par Anya Taylor Joy. Découverte chez Night Shyamalan (Split, Glass) , il n’est pas difficile de lui prédire un bel avenir dans le cinéma fantastique, avec son visage de siamoise et ses yeux si grands qu’ils paraissent n’avoir pas de paupière. Même quand elle dort, son personnage les garde grands ouverts pour se projeter des parties d’échec au plafond, bien aidée, il est vrai, par les doses de librium qu’elle s’envoie… On la découvre orpheline de neuf ans entrant dans l’institution où on régule les humeurs des demoiselles à coup d’anxiolitiques, on la suit à 13 se faisant adopter par un couple vite désuni, puis à 17 devenant une championne d’échecs quasi imbattable, mais accro à tout ce qui lui tombe entre les mains comme médicaments, stupéfiants ou alcools. Il faut dire que sa mère adoptive, despererate housewife comme seules les années 60 ont pu en produire, biberonnait sec elle aussi. Heureusement, elle avait d’autres qualités, bien mises en valeur par l’interprétation de Marielle Heller. Il y a aussi Benny Watts (Thomas Brodie Sangster) , un autre prodige des échecs bien barré au look de Crocodile Dundee, qui deviendra son mentor. Et pleins d’autres seconds rôles intéressants que Beth tient à distance avec une morgue réjouissante. Sous ses dehors d’oie blanche tombée du nid, c’ est une vraie tueuse : Villanelle (Killing Eve) pourrait être sa cousine. On plaint d’avance les malheureux grands maîtres russes des échecs qu’elle doit affronter dans les derniers épisodes…
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