Ça vient de sortir

/Ça vient de sortir

Simple comme Sylvain

ça vient de sortir|

Par Ph.D

Le pitch

Sophia (Magalie Lépine Blondeau) est professeure de philosophie à Montréal et vit en couple avec Xavier (Francis William Rheaume)  depuis 10 ans. Sylvain  (Pierre Yves Cardinal) est charpentier dans les Laurentides et doit rénover leur maison de campagne. Quand Sophia rencontre Sylvain pour la première fois, c’est le coup de foudre. Les opposés s’attirent, mais cela peut-il durer ?.

Ce qu’on en pense

A Cannes, où le nouveau film de Monia Chokri (Babysitter, La Femme de mon frère) était présenté en sélection officielle, on s’est demandé ce qu’il faisait là ?  A part le côté  « Woody Allen de la Belle province« ,  on n’a pas trouvé grand chose de consistant dans cette énième comédie sentimentale sur l’attirance des contraires. Comme le suggère le titre, Simple comme Sylvain doit sans doute se prendre au premier degré : comme une aimable romance au pays des caribous. 

The Old Oak

ça vient de sortir|

Par Ph.D

Le pitch

TJ Ballantyne (Dave Turner) est le propriétaire du Old Oak, un pub situé dans une petite bourgade du nord de l’Angleterre. Il y sert quotidiennement les mêmes habitués désœuvrés pour qui l’endroit est devenu le dernier lieu où se retrouver. L’arrivée de réfugiés syriens va créer des tensions dans le village. TJ va cependant se lier d’amitié avec Yara (Ebla Mari), une jeune migrante passionnée par la photographie. Ensemble, ils vont tenter de redonner vie à la communauté locale en développant une cantine pour les plus démunis, quelles que soient leurs origines…

Ce qu’on en pense

Il n’existe,  à notre connaissance,  qu’une raison de se consoler de la misère dans laquelle l’Humanité continue de baigner après 3000 ans (et quelques) de  « civilisation » : tant qu’il en aura la force,  Ken Loach continuera à faire des films pour la dénoncer. A 87 ans, le doyen du cinéma anglais, qui avait pourtant annoncé sa retraite, revient avec une nouvelle charge féroce contre le capitalisme et ses corrolaires :   le racisme et la xénophobie. C’est, en effet,  à l’accueil des immigrés qu’il s’attaque cette fois. Il le fait avec la même frontalité que dans ses deux films précédents (Sorry, We Missed You sur l’Uberisation de la société et Moi, Daniel Blake sur les ravages du néo libéralisme). Pas de palme d’or cette années à Cannes, où The Old Oak était pourtant en compétition, mais une bonne claque de rappel aux festivaliers : même si certaines batailles semblent appartenir au passé et si une injustice sociale en remplace vite une autre, le combat pour la justice et la dignité doit continuer à être mené. Et tant pis si les personnages sont toujours aussi manichéens  et si la claque est moins cinglante que dans le passé :  le coeur y est !  

Second Tour

ça vient de sortir|

Par Ph.D

Le pitch

Journaliste politique en disgrâce placée à la rubrique football, Mademoiselle Pove (Cécile de France) est sollicitée pour suivre l’entre-deux tours de la campagne présidentielle. Le favori est Pierre-Henry Mercier (Albert Dupontel), héritier d’une puissante famille française et novice en politique. Troublée par ce candidat qu’elle a connu moins lisse, Mlle Pove se lance dans une enquête étonnante…

Ce qu’on en pense

Même en léger retrait par rapport à ses dernières livraisons (les excellents  Adieu les cons !  et 9 mois ferme),  le nouveau film d’Albert Dupontel plane très au dessus du commun de la comédie française. On ne lui reprochera pas son  scénario biscornu, puisqu’il contribue à garder le spectateur en alerte et à le faire réfléchir à ce qu’il est en train de regarder. Par contre, on se lasse un peu des effets de mise en scène qui ne suffisent pas à masquer un comique répétitif. Dans les rôles du clown et de l’Auguste, Nicolas Marié et Cécile de France en font un peu beaucoup. Mais le début du film est trés drôle et comme on la dit plus haut, c’est du caviar comparé à la concurrence…

L’Enlèvement

ça vient de sortir|

Par Ph.D

Le pitch

En 1858, dans le quartier juif de Bologne, les soldats du Pape PI IX font irruption chez une famille juive, les Mortara. Sur ordre du cardinal, ils sont venus prendre Edgardo, leur fils de sept ans. L’enfant aurait été baptisé en secret par sa nourrice étant bébé et la loi pontificale est indiscutable : il doit recevoir une éducation catholique. Les parents d’Edgardo, bouleversés, vont tout faire pour récupérer leur fils. Soutenus par l’opinion publique de l’Italie libérale et la communauté juive internationale, le combat des Mortara prend vite une dimension politique…

Ce qu’on  en pense

A 84 ans, la vitalité et la créativité de Marco Bellocchio n’en finissent pas d’étonner. Après y avoir présenté Le Traitre en 2019 et Esterno Notte, sa série politique sur Aldo Moro en 2022, le réalisateur italien était de retour cette année à Cannes, toujours en compétition , avec un grand film historique : Rapito (L’Enlèvement),  l’histoire véridique et édifiante d’un enfant juif de Bologne, arraché à ses parents par l’église catholique, au prétexte qu’il avait été baptisé en secret par sa nourrice et qu’il devait donc recevoir une éducation catholique. Pris sous son aile par le Pape Pie IX en personne, le garçon ne sera jamais récupéré par sa famille, mais son cas contribuera à faire tomber le régime religieux. Bellocchio en tire une fresque historique d’une grande ambition formelle, mais tout de même un peu pesante. Certaines séquences auraient mérité d’être plus…  « enlevées »!

L’Abbé Pierre

ça vient de sortir|

Par Ph.D

Le pitch

Né dans une famille aisée, Henri Grouès (Benjamin Lavernhe) a été à la fois résistant, député, défenseur des sans-abris, révolutionnaire et iconoclaste. Des bancs de l’Assemblée Nationale aux bidonvilles de la banlieue parisienne, son engagement auprès des plus faibles lui a valu une renommée internationale sous le nom de l’Abbé Pierre. La création d’Emmaüs et le raz de marée de son inoubliable appel de l’hiver 54 ont fait de lui une icône…

Ce qu’on en pense

Après Goliath, sur le scandale du glyphosate, Frédéric Tellier signe ce biopic « qualité France » de l’Abbé Pierre, porté par un Benjamin Lavernhe habité (César en vue! ). Comme Simone, et en lui souhaitant le même succès public, L’Abbé Pierre est un film avant tout « utile ». Il rappelle aux jeunes générations qu’il ne faut pas se résigner et qu’un seul homme (ou une seule femme) peut faire beaucoup pour le bien commun. En l’occurence, tout l’intérêt de cette « vie de combats »  est de montrer que l’Abbé Pierre n’était pas tout à fait seul. La création et la réussite d’Emmaüs doit beaucoup à son assistante,  Lucie Coutaz (incarnée par Emmanuelle Bercot), dont on avoue avec honte avoir totalement ignoré l’existence et la contribution. Frédéric Tellier fait donc oeuvre doublement utile en rehabilitant sa mémoire. Du coup, on lui pardonne les longueurs et le côté encyclopédique de sa réalisation.

Les Herbes sèches 

ça vient de sortir|

Par Ph.D

Le pitch

Samet (Deniz Celiloğlu), est un jeune enseignant dans un village reculé d’Anatolie. Alors qu’il attend depuis plusieurs années sa mutation à Istanbul, une série d’événements lui fait perdre tout espoir. Jusqu’au jour où il rencontre Nuray (Merve Dizdar), jeune professeure comme lui…

Ce qu’on  en pense

On n’aurait pas parié lourd sur notre capacité à aller au bout d’un nouveau Nuri Bilge Ceylan de 3h17 lors de sa présentation en compétition au dernier festival de Cannes. Allez savoir pourquoi, alors que sa Palme d’or (Winter Sleep) et la plupart de ses autres films nous ont plongé dans des abîmes d’ennui, celui-ci est passé crème. Rien n’a changé pourtant dans le cinéma du réalisateur Turc toujours aussi lent et bavard, aux héros aussi revêches que les paysages d’Anatolie où il se complaît. Pourtant , on a aimé ces Herbes sèchesil ne se passe pas grand chose non plus sinon, vers la fin la possibilité d’une love story qui a valu à l’actrice Merve Dizdar de repartir de Cannes lestée d’un prix d’interprétation féminine surprise. Il y a aussi ce plan sidérant dans lequel le cinéaste brise le quatrième mur de manière tout à fait étonnante… Et signifiante ! Bref, que vous aimiez ou détestiez le cinéma de Nuri Bilge Ceylan, allez voir Les Herbes sèches :  vous pourriez bien trouver que c’est l’un de ses meilleurs films. Sans compter que par ces chaleurs, 3h14 d’hiver Anatolien ça rafraîchit…

Et la fête continue !

ça vient de sortir|

Par Ph.D

Le pitch

A Marseille, Rosa (Ariane Ascaride), 60 ans a consacré sa vie à sa famille et à la politique avec le même sens du sacrifice. Tous pensent qu’elle est inébranlable d’autant que Rosa est la seule qui pourrait sceller l’union de la gauche à la veille d’une échéance électorale décisive. Elle s’accommode finalement bien de tout ça, jusqu’au jour où elle tombe amoureuse d’Henri (Jean-Pierre Darroussin). Pour la première fois, Rosa a peur de s’engager. Entre la pression de sa famille politique et son envie de lâcher prise, le dilemme est lourd à porter.

Ce qu’on en pense

Avec cette comédie dramatique qui réunit sa troupe habituelle (Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Robinson Stévenin…), l’indispensable Robert Guédiguian évoque la tragédie de la rue d’Aubagne où deux immeubles vétustes se sont écroulés  causant la mort de 8 personnes en novembre 2018,  l’élection de la socialiste Michèle Rubirola à la mairie de Marseille qui s’en est suivie après des décennies de municipalité de droite, mais aussi son retrait surprise pour céder la place à Benoît Payan. Placé sous le regard (aveugle !)  d’Homère, dont le buste trône à l’entrée du quartier endeuillé, le film convoque le théâtre antique et le rêve pour appeler au sursaut citoyen, avec une légereté et un optimisme inhabituels chez le cinéaste Marseillais. Le problème étant qu’avec un tel sujet et un tel titre on s’attendait à quelque chose de plus virulent et consistant qu’une aimable romance sexagénaire sur fond de corniche ensoleillée.

Je me souviens des J.O

ça vient de sortir|

Par MAB

Les JO de Paris ! La ville, la France et le monde prennent leurs marques. Profitant de l’ évènement, Benoît Heimermann a pris un coup d’avance. Ex-grand reporter de L’Équipe, il a eu la bonne idée littéraire de solliciter  vingt-sept écrivains et de demander à chacun d’écrire un chapitre entamé  par le  « Je me souviens » de Georges Perec. Le recueil sera collectif. Chacun relatera un moment choc, une image inoubliable, une édition particulièrement marquante des Jeux de son enfance. « Je me souviens du 18 juillet 1976 » commence alors Maylis de Kerangal . « Les gymnastes étaient des filles de l’Est… On les entraînait durement. Et si elles ne gagnaient pas, elles etaient sanctionnées ». Mais arrive Nadia Comaneci. Le monde entier, médusé devant tant de courage et de grâce, oublie ce qu’elle a enduré pour en arriver là !  Formidable  Nadia ! Philippe Claudel avait le même âge qu’elle en cet été caniculaire de 76. Et dans les tourments de ses 14 ans, s’en déclarait amoureux…  Pourtant c’est la foulée du vainqueur du 110 mètres haies  et « ses jambes dans tous les sens » qui le marqueront à tout jamais. « Guy Drut, c’était nous, c’était moi » affirme t- il. Au tour de Colombe Schneck. Elle, c’est la nage. D’où le souvenir de l’américain Mark Spitz. Un juif athlétique dont la musculature était « à l’opposé des profils avachis des intellectuels de ma famille » dit-elle. Le 3 septembre 1972, à Munich, il gagne sa septième médaille d’or. Deux jours plus tard, le 5 septembre, il est évacué en cachette pour échapper aux terroristes . « Son corps doré ne l’immunisait pas d’être juif »….  On pourrait en choisir encore beaucoup d’autres: Maria Larrea et les jeux de Barcelone de 92 depuis lesquels elle «  regarde toujours les cuisses des hommes ». Jérôme Garcin qui se souvient de Séoul 1988, ou Pierre Durand remporta la médaille d’or avec son cheval Jappeloup. Et terminer, bien sûr, par le texte de Fottorino et  la  si triste défection de Marie-Jo Perec à Sydney en 2000… Ainsi ressurgissent dans une langue souvent savoureuse, tous ces moments héroïques joyeux, comiques ou tragiques et toujours historiques d’Olympiades passées qui rendent impatients d’assister à celles à venir.

Mon oncle d’Australie

ça vient de sortir|

Par MAB

« Que serait une famille sans secret de famille ? »  Fort de cette évidence que chacun d’entre nous ressent d’ailleurs confusément, François Garde a mené une formidable enquête sur son « Oncle d’Australie ». Entre fiction et réalité, il a inventé, imaginé et retrouvé , lui le petit neveu, l’histoire de ce Marcel Garde , 18 ans en l’an 1900. D’après les dits et non dits murmurés à voix basse de génération en génération, le jeune homme fut arraché à sa scolarité et sa Provence natale par son intraitable père pour être embarqué de force sur un paquebot en partance pour l’Australie. Il dut promettre de ne jamais en revenir, ni donner de nouvelles ! Le premier volet s’interroge sur les raisons de cet exil définitif, relate les adieux glacials au père, la longue traversée en troisième classe, l’arrivée d’un jeune immigrant sans le sou  baragouinant un mauvais anglais , la quête désespérée d’un travail dans un pays neuf. Le récit est prenant. Le personnage, devenu romanesque sous la plume de Garde, est attachant. Mais est-ce bien la vérité ? Vient alors la deuxième partie. Garde fouille, interroge, se penche sur des archives. Utilise internet. Constate le trou noir dans lequel a été plongé Marcel: pas de lettre, pas de photo, pas son nom sur le tombeau familial !  Au passage, il découvre et redécouvre les us et coutumes de ses ancêtres, petits industriels de province, corsetés dans leurs croyances et préjugés. Malheureux derrière leur intransigeance. Or, il y aura un épilogue: « Les cadavres reviennent toujours à la surface »,  écrit Garde qui en une troisième partie mettra, enfin, la réalité à jour. Il a réussi, a force de persévérance et de talent, à retrouver les traces du paria. C’est un choc ! L’écrivain édifie alors à l’infortuné Marcel un bouleversant tombeau qui va nous rester longtemps en mémoire. Familles, malgré ce que vous taisez , on vous aime !

Nicolas Mathieu : Le Ciel ouvert

ça vient de sortir|

Par MAB

C’est un livre court. Très plaisant à avoir sous les yeux et à tenir entre les mains . Le papier est épais. C’est celui des éditions Actes Sud .Et les textes sont décorés  des dessins multicolores et flamboyants de l’illustratrice Aline Zalko. Un beau recueil dont l’auteur n’est autre que Nicolas Mathieu, prix Goncourt 2018 pour « Leurs enfants après eux« . Il s’intitule  « Le Ciel ouvert » . Ce n’est ni un roman, ni tout à fait une autobiographie. Mais des morceaux choisis, poétiques, sociologiques et politiques dont l’originalité, la pertinence et la colère parfois, se savourent mot à mot. A l’origine de cet ouvrage, il y eut des « blocs de phrases » postés sur les reseaux sociaux pendant quelques années pour s’adresser à une femme aimée, mariée et mère de famille. Un amour clandestin, aussi fou que passager, dont l’écrivain décrivait à la fois l’incandescence et la banalité et qu’il livra jour après jour, à ses 110 000 followers. « C’était une manière de surmonter  la clandestinité, de se donner à soi-même mais devant les autres, le spectacle d’une relation enviable » écrit-il dans l’introduction. Et puis le temps passant et l’idée que   « Nous ne ferons rien de cette histoire, nous ne ferons pas d’emprunts, pas de repas de famille, pas d’albums photos… »  Mathieu  décida d’éditer ces  mots d’amour et de faire de « ce déchirement dans la toile uniforme des jours »  de magnifiques poèmes en prose trempés dans le réel et le quotidienIls parleront à tout un chacun car, au-delà de leur singularité et de leur égotisme  affichés , voire de leur arrogance, ils disent également dans les morceaux choisis suivants toutes les formes d´amour. Celui d’un père pour son fils, cet enfant qui des sa naissance « fait désapprendre la légèreté« . Celui d’un fils pour son père et sa mère. Mais aussi celui d un homme d’aujourd’hui pour tous ses contemporains. Ils  verbalisent enfin l’angoisse du temps qui passe. L’émerveillement et les désillusions de cette vie et de toutes les vies qu’il faut malgré tout saisir à tout prix. Quelle sensibilité et quel talent pour le prouver !

 

 

Le Règne animal

ça vient de sortir|

Par Ph.D

Le pitch

Dans un monde en proie à une vague de mutations qui transforment peu à peu certains humains en animaux, François (Romain Duris) fait tout pour sauver sa femme, touchée par ce phénomène mystérieux. Alors que la région se peuple de créatures d’un nouveau genre, il embarque Émile (Paul Kircher), leur fils de 16 ans, dans une quête qui bouleversera à jamais leur existence…

Ce qu’on en pense

Presque dix ans après Les Combattants, qui révéla Adèle Haenel, Thomas Cailley est (enfin!) de retour avec ce Règne animal qui ouvrait la section Un Certain Regard, en mai dernier à Cannes. Un film fantastique qui ne doit rien au modèle américain,  mais plus à une tradition européenne, dans la lignée de  White God ou de La Lune de Jupiter de Kornel Mundruczo. D’une rare maitrise formelle, Le Règne Animal aborde des thématiques puissantes (crise écologique, relations père-fils, adolescence) sous couvert de thriller fantastique, en parvenant à équilibrer parfaitement suspense, psychologie, drama et poésie. Une réussite totale et sidérante. 

Le Procès Goldman

ça vient de sortir|

Par J.V

Le pitch

En novembre 1975, débute le deuxième procès de Pierre Goldman (Arieh Worthalter), militant d’extrême gauche, condamné en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité pour quatre braquages à main armée, dont un ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes. Il clame son innocence dans cette dernière affaire et devient, en quelques semaines, l’icône de la gauche intellectuelle. Georges Kiejman (Arthur Harari), jeune avocat, assure sa défense. Mais très vite, leurs rapports se tendent. Goldman, insaisissable et provocateur, risque la peine capitale et rend l’issue du procès incertaine…

Ce qu’on en pense

Après Saint-Omer et Anatomie d’une chute,  Le Procès Goldman est le troisième film français de l’année à avoir pour cadre un tribunal. Et c’est, de loin , le plus convaincant. Cédric Kahn filme avec réalisme et nervosité le combat d’un militant politique tombé dans le banditisme,  qui avoue ses braquages mais refuse obstinément d’endosser le double crime de sang dont on l’accuse. Le Procès Goldman ne répond pas à la question de sa culpabilité ou de son innocence,  mais pose la question de la présomption d’innocence et dénonce l’antisémitisme latent de la société française à travers les deux fortes figures de Goldman (Arieh Worthalter saisissant ) et de son avocat, Georges Kiejman, habilement incarné par Arthur Harari. Un film qui claque sec comme un verdict. 

Les Feuilles mortes

ça vient de sortir|

Par Ph.D

Le Pitch

Deux personnes solitaires se rencontrent par hasard une nuit à Helsinki et chacun tente de trouver en l’autre son premier, unique et dernier amour. Mais la vie a tendance à mettre des obstacles sur la route de ceux qui cherchent le bonheur…

Ce qu’on en pense

Coup de coeur absolu de Cannes 2023, où il a obtenu un indiscutable Prix du jury, le nouveau film d’Aki Kaurismaki arrive en salles et ce sera, pour ceux qui ne le connaissent pas encore, le moment où jamais de décourir le minimalisme poétique du réalisateur finlandais. Les Feuilles mortes est probablement son chef d’oeuvre. Une romance contrariée,  orchestrée par un moderne Jacques Tati,  avec la drôlerie et la poésie de Charlie Chaplin,  dans la grisaille capitaliste finlandaise.  Alma Pöysti et Jussi Vatanen, jouent la partition à l’octave supérieur pour mettre leurs personnages en apesanteur et faire s’envoler cette histoire d’amour de rien du tout vers des sommets émotionnels insoupçonnés. Ce film devrait être remboursé par la sécu, tellement il fait du bien à l’âme.

Le dernier soir

ça vient de sortir|

Par MAB

C’est une sortie littéraire qui rejoint une actualité sensible et l’insoluble débat sur la fin de vie assistée. Une œuvre dont on hésitait à parler tant il faut- en ces temps troublés – distraire plutôt que plomber. Et pourtant, si  « Le dernier soir » est un témoignage qui dérange, tout y est vrai, tout y est contestable et donc tout y est nécessaire. Incroyablement fort et mémorable. L’histoire de Jacqueline Jencquel , 77 ans – appelée Sylvie dans l’ouvrage- qui a choisi  de mourir et qui dit longuement pourquoi. Un acte militant et politique selon elle , pour refuser radicalement la déchéance, l’emprisonnement du grand âge  et le sort ignoble réservé aux vieux dans les ehpad. Malgré l’absence, chez elle, de maladie incurable, elle a mis fin à ses jours le 22 Mars 2022 en demandant au journaliste Thomas Misrachi de l’assister jusqu’à son dernier souffle. Puis de faire ensuite le récit précis de tous les  gestes et de toutes les paroles qu’ils ont échangés jusqu’au bout de cette longue soirée. Une bombe pour lui, il le sait. Il risque des poursuites judiciaires. Il l’écrit dans ce livre. Mais lui même, 51 ans, grand reporter à TF1, n’ a-t-il pas  décidé de se donner la mort à 75 ans?  Jacqueline Jencquel lui a donc laissé cette lettre ouverte : « Je ne veux convaincre personne de faire ce que j’ai fait. Chacun doit choisir. Chacun doit se faire son idée. Ce que je veux c’est que tout le monde puisse décider librement. Chacun doit pouvoir partir dignement pour lui-même et pour ses proches … » Le message est passé. Elle est décédée rapidement. courageusement avec peur mais  sans douleur ( son ami près d’elle. Alcool. Sédatifs puissants… ) et presque sans larmes. On reste abasourdi par sa détermination ! Abasourdi aussi par la façon presque sereine dont tout s’est déroulé dans ce huis clos.   Ses fils savaient bien qu’un jour viendrait où elle ferait ce qu’elle affirmait depuis longtemps. C’était son ultime liberté. Quant à Misrachi, il se dit prêt à affronter le débat.

Toni en famille

ça vient de sortir|

Par Ph.D

Le pitch

Antonia (Camille Cottin), dite Toni, élève seule ses cinq enfants. Un job à plein temps. Elle chante aussi le soir, dans des bars, car il faut bien nourrir sa famille. Toni a du talent. A 20 ans, elle a fait la Star Academy et enregistré un single qui a cartonné.  Aujourd’hui ses deux aînés s’apprêtent à rejoindre l’université. Alors, Toni s’interroge : que fera-t-elle quand toute sa progéniture aura quitté le foyer ?

Ce qu’on en pense

Natif de Grasse, Nathan Ambrosioni avait tourné en 2018, à l’âge de 19 ans,  son premier long métrage:  Les Drapeaux de papier avec Noémie Merlant et Guillaume Gouix. Un premier film salué par la critique, qui lui avait valu le surnom de « Xavier Dolan français« . Après un projet avorté avec Audrey Diwan,  on le retrouve à la réalisation de cette production grand public portée par Camille Cottin.  L’actrice est parfaite dans ce joli portrait de battante, qui se démène au quotidien pour éduquer cinq ados, tout en entamant une reconversion professionnelle tardive. Tourné à Grasse et Nice, le film est attachantmalgré des personnages d’ados un peu stéréotypés et un scénario sans grand enjeu dramatique. Le jeune réalisateur, que nous avions rencontré pour son premier film (lire ici) et que l’on a eu plaisir à revoir lors de son passage à Nice avec Camille Cottin,  indique s’être inspiré des films de Noah Baumbach, Richard Linklater et Hirokazu Kore-eda pour brosser le portrait de Toni, dont le prénom est un hommage à l’actrice Toni Colette. De belles références pour un film qui évite les clichés et devrait toucher un large public.