Manu Chao : Viva Tu
Par Ph.D
17 ans: c’est le temps qu’il aura fallu à Manu Chao pour accoucher d’un successeur à La Radiolina, son album précédent, dont on ne garde pas un souvenir marquant. Aucune nécessité particulière (financière, créative ou autre), ne semble avoir présidé à l’élaboration de ces 13 nouvelles chansons condensées en 38 minutes chrono. On retrouve Manu où on l’avait laissé, chantant ses petites contines dans un mélange d’anglais de français et d’espagnol, en s’accompagnant d’instruments acoustiques, avec des bruits de fréquences radio et des bouts de dialogues en espagnol collés par-ci par-là. C’est agréable à écouter, mais pas bouleversant. Rien de nouveau sous la soleil de Chao. On retient surtout les deux duos : une chouette chanson country avec le vétéran Willie Nelson (« Heaven’s Bad Day« ) et, tout de suite derrière, « Tu Te Vas » avec la rappeuse Laeti. La chanson ferait un bien meilleur single que « Viva Tu« , qui donne son titre à l’album et qu’on dirait écrite pour les Gipsy Kings. Pour finir, l’ex-chanteur de la Mano Negra plaque les accords de « Knoking On Heaven’s Door » , version reggae, sur le texte de « Tanta Tierras« . Tout le symbole d’un album qui ne refuse pas la facilité.
Roqya
Par J.V
Le pitch
Nour (Golshifteh Farahani) vit de contrebande d’animaux exotiques pour des guérisseurs. Lorsqu’une consultation dérape, elle est accusée de sorcellerie. Pourchassée par les habitants du quartier et séparée de son fils, elle se lance alors dans une course effrénée pour le sauver. La traque commence…
Ce qu’on en pense
A mi-chemin entre le drame social teinté de surnaturel et le thriller, le premier film de Saïd Bektibia met en scène Golshifteh Farahani dans le rôle d’une mère intrépide, prête à tout pour son enfant, alors qu’elle est victime d’une véritable « chasse aux sorcières ». Adepte des sciences occultes, Nour est la cible d’une persécution attisée par les réseaux sociaux. Dans le rôle de son ancien compagnon, l‘humoriste Jérémy Ferrari fait des débuts étonnants au cinéma.
Dors ton sommeil de brute
Par MAB
Aprés Le coeur cousu aux seize prix littéraires, aprés Du domaine des murmures prix Goncourt des lycéens en 2011, Dors ton sommeil de brute est le cinquième roman de la très atypique Carole Martinez. Son titre énigmatique est emprunté au Goût du néant de Charles Baudelaire. Véritable indice de la sourde angoisse métaphysique qui baignera un récit qui fuit régulièrement vers le rêve éveillé et le cauchemar collectif. Donner quelques informations sur le contenu est d’ailleurs difficile. Le réel côtoie l’onirique, le poétique et le surnaturel. Disons que nous sommes dans un futur proche où tous les enfants situés sur une même ligne traversant le monde ont les mêmes terreurs nocturnes au même moment et ne se souviennent de rien au petit matin. Au cœur de ce bouleversement pré apocalyptique , une narratrice, Eva qui a fui un mari brutal et s’est réfugiée dans les marais de Camargue avec sa fille de huit ans . Elle ne veut plus rien savoir des bruits du monde. Mais les actualités dramatiques la rattrapent avec Serge, un géant solitaire au passé obscur qui ne lache jamais sa petite radio portative. Le roman est dense, envoûtant et déroutant. Il baigne dans une atmosphère de récit biblique de dystopie et de messages prophétiques . Il est exigeant mais d’une grande force. Il est dans la première liste du Goncourt.
Un p’tit truc en plus
Par J.V
Le Pitch
Pour échapper à la police, un fils (Artus) et son père (Clovis Cornillac) en cavale sont contraints de trouver refuge dans une colonie de vacances pour jeunes adultes en situation de handicap, se faisant passer pour un pensionnaire et son éducateur spécialisé…
Ce qu’on en pense
Passé avec succès d’ On ne demande qu’à en rire, à la scène puis à l’écran, Artus poursuit son ascension en réalisant son premier film. Une comédie poussive, dans laquelle il multiplie les pitreries, mais qui se rachète par quelques scènes touchantes avec de vrais handicapés assorties d’un joli message de tolérance. Le « p’tit truc en plus » qui compense celui qui manque : un véritable talent pour la réalisation.
Le Mal n’existe pas
Par J.V
Le pitch
Takumi (Hitoshi Omika) et sa fille Hana (Ryo Nishikawa) vivent dans le village de Mizubiki, près de Tokyo. Comme leurs aînés avant eux, ils mènent une vie modeste en harmonie avec leur environnement. Le projet de construction d’un « camping glamour » dans le parc naturel voisin, offrant aux citadins une échappatoire tout confort vers la nature, va mettre en danger l’équilibre écologique du site et affecter profondément la vie de Takumi et des villageois…
Ce qu’on en pense
Primé à Cannes et Oscar du meilleur film étranger en 2021 pour Drive my car, Ryusuke Hamaguchi avait choisi la Mostra de Venise pour présenter son nouveau film. Il y a reçu le Lion d’argent et un prix du jury. Le Mal n’existe pas est une fable écologique aux personnages tourmentés, qui tissent des relations basées sur le mensonge ou le non-dit. A l’image d’une société tiraillée entre le désir de préserver la nature et la recherche constante du profit. Fascinant et déroutant à la fois, le film s’incruste dans l’esprit du spectateur et continue son ouvrage après la projection.
Quelques jours pas plus
Par Ph.D
Le pitch
Arthur Berthier (Benjamin Biolay), critique rock relégué aux informations générales après avoir saccagé une chambre d’hôtel, découvre que le journalisme est un sport de combat. Envoyé à l’hôpital par un CRS en couvrant l’évacuation d’un camp de migrants, il tombe sous le charme de Mathilde (Camille Cottin), la responsable de l’association Solidarité Exilés et accepte, pour quelques jours, croit-il, d’héberger Daoud (Amrullah Safi), un jeune Afghan…
Ce qu’on en pense
Directrice de casting réputée, Julie Navarro affirme avoir eu beaucoup de mal à trouver « son » Arthur Berthier. Benjamin Biolay pouvait pourtant sembler un choix évident pour incarner ce rock-critique à la coule, contraint à faire du journalisme social. Pour son premier vrai premier rôle, le chanteur de La Superbe est parfait face à l’expérimentée Camille Cottin en passionaria de l’humanitaire. Leur duo est l’atout principal de ce premier film prometteur, qui navigue avec aisance entre social, sentiments et humour. Sur à peu près le même canevas, on l’a préféré à Une année difficile de Nakache et Toledano.
Vivants
Par J.V
Le pitch
Gabrielle (Alice Isaaz), 30 ans, intègre une prestigieuse émission de reportages. Elle doit très vite trouver sa place au sein d’une équipe de grands reporters. Malgré l’engagement de Vincent (Roschdy Zem), leur rédacteur en chef, ils sont confrontés au quotidien d’un métier qui change, avec des moyens toujours plus réduits, face aux nouveaux canaux de l’information. Habités par leur passion pour la recherche de la vérité, leur sens de l’humour et de la solidarité, ils vont tout tenter pour retrouver la foi de leurs débuts et se réinventer…
Ce qu’on en pense
Venue du documentaire, Alix Delaporte (Angèle et Tony) livre un film assez réaliste sur le journalisme d’investigation confronté au bouleversement de l’univers des média et à la crise du journalisme traditionnel confronté aux chaines du web et aux réseaux sociaux. Le charme du film tient en grande partie à son casting dans lequel se retrouvent Roschdy Zem, Alice Isaaz, Vincent Elbaz, Pascale Arbillot, Pierre Lottin, Jean-Charles Clichet et Grégoire Leprince-Ringuet. La partie romance n’est pas terrible, mais on en sort vivants.
Le Tableau volé
Par J.V
Le pitch
André Masson (Alex Lutz), commissaire-priseur dans la célèbre maison de ventes Scottie’s, reçoit un jour un courrier selon lequel une toile d’Egon Schiele aurait été découverte à Mulhouse chez un jeune ouvrier. Très sceptique, il se rend sur place et doit se rendre à l’évidence : le tableau est authentique, un chef-d’œuvre disparu depuis 1939, spolié par les nazis. André voit dans cet événement le sommet de sa carrière, mais c’est aussi le début d’un combat qui pourrait la mettre en péril. Heureusement, il va être aidé par son ex-épouse et collègue Bertina (Léa Drucker), et par sa fantasque stagiaire Aurore (Louise Chevillotte)…
Ce qu’on en pense
Comme certaines toiles de maître, le nouveau film de Pascal Bonitzer (Rien sur Robert, Cherchez Hortense, Les Envoutés…) est fait de plusieurs couches, mais le vernis a du mal à prendre. Profiter de l’enquête artistique autour d’un tableau volé par la nazis pour évoquer la Shoah et le trauma qui continue de hanter les nouvelles générations était, à priori, une bonne idée de « dramédie ». Sauf que, comme son personnage principal, joué par Alex Lutz, le film se montre hésitant, essaie d’être transgressif, puis se ravise et vire à la comédie romantique. D’où une impression mitigée à l’arrivée, malgré un bon casting et des dialogues savoureux.
Back to Black
Par J.V
Le pitch
Début des années 2000, passionnée de jazz, la jeune Amy Winehouse (Marisa Abela) fait ses débuts sur scène dans le nord de Londres. Rapidement et alors qu’elle vit une histoire passionnée et tourmentée avec Blake Fielder-Civil (Jack O’Connell), le succès la rattrape. Une relation qui lui servira d’inspiration pour son second album, Back to black …
Ce qu’on en pense
Amy Winehouse par le réalisateur de Cinquante nuances de Grey : il fallait y penser ! Certes, il y avait sans doute quelques chose de masochiste dans le processus d’autodestruction qui a conduit la chanteuse du sommet des hit parades à l’enfer de la drogue et à la mort. Mais tel n’est pas le sujet de ce biopic ultra lisse, qui fait bien pale figure comparé au formidable documentaire d’Asif Kapadia (Amy). Reste la prestation sans faute de Marisa Abela dans le rôle de la diva destroy. Une découverte qui mérite, à elle seule, de voir le film.
Sidonie au Japon
Par J.V
Le pitch
Sidonie Perceval (Isabelle Huppert) se rend au Japon à l’occasion de la ressortie de son best-seller. Malgré le dévouement de Kenzo Mizoguchi (Tsuyoshi Ihara) son éditeur japonais avec qui elle découvre les traditions du pays, elle perd peu à peu ses repères… Surtout lorsqu’elle se retrouve nez à nez avec Antoine (August Diehl), son mari, disparu depuis plusieurs années !
Ce qu’on en pense
Coécrit par la regrettée Sophie Fillières, le nouveau film d’ Elise Girard (Belleville-Tokyo , Drôles d’oiseaux ) met en scène Isabelle Huppert dans un rôle qu’on lui a déjà vu jouer chez Hong Sang-Soo: celui de l’occidentale en goguette en Asie. L’actrice s’empare néanmoins avec gourmandise du rôle de cette femme qui reprend peu à peu goût à la vie et à l’amour. De son côté, la réalisatrice confirme un talent sûr pour implanter des univers décalés. Le film joue avec finesse sur les différences de codes et de cultures entre la France et le Japon, s’attache à la psychologie de ses trois personnages principaux et magnifie le pays par des plans de toute beauté. On a beaucoup de plaisir à accompagner Sidonie dans son voyage au Japon.
LaRoy
Par J.V
Le pitch
Quand Ray (John Magaro) découvre que sa femme (Megan Stevenson) le trompe, il décide de mettre fin à ses jours. Il se gare sur le parking d’un motel. Mais au moment de passer à l’acte, un inconnu fait irruption dans sa voiture, pensant avoir affaire au tueur qu’il a engagé…
Grand Prix du Jury, prix du public, prix de la critique… LaRoy a tout raflé au dernier festival du film Américain de Deauville. Une unanimité plutôt rare, pour un film qui en rappelle un autre : Blood Simple avec lequel les frères Coen avaient fait des débuts fracassants. Le réalisateur Sean Atkinson s’en est, semble-t-il, largement inspiré pour ce polar matiné de comédie noire, servi par un excellent casting et aux dialogues percutants. On lui souhaite la même carrière qu’à ses ainés.
Civil War
Par J.V
Le pitch
Dans une Amérique livrée à la guerre civile, un petit groupe de journalistes tente de rejoindre Washington…
Ce qu’on en pense
Bienvenue dans l’Amérique du deuxième mandat de Donald Trump… Ou d’un de ses successeurs. Ancien scénariste de Danny Boyle, Alex Garland ( Ex Machina , Annihilation , Men) filme un pays en guerre… contre lui même. Avec un réalisme cru qui fait peur. Les scènes d’affrontements armés sont spectaculaires et glaçantes. Témoins du carnage Kristen Dunst et Cailee Spaeny (Priscilla) tracent la route sous les tirs des ennemis de la liberté d’expression. Anticipation ou dystopie ? On prie pour que ce ne soit qu’un simple cauchemar.
Borgo
Par J.V
Le pitch
Melissa (Hafsia Herzi), 32 ans, surveillante pénitentiaire expérimentée, s’installe en Corse avec ses deux jeunes enfants et son mari (Moussa Mansaly). L’occasion d’un nouveau départ. Elle intègre les équipes d’un centre pénitentiaire pas tout à fait comme les autres. Ici, on dit que ce sont les prisonniers qui surveillent les gardiens. L’intégration de Melissa est facilitée par Saveriu (Louis Memmi), un jeune détenu qui semble influent et la place sous sa protection. Mais une fois libéré, Saveriu reprend contact avec Melissa. Il a un service à lui demander. Une mécanique pernicieuse se met en marche…
Ce qu’on en pense
Comme dans La Fille au bracelet, Stéphane Demoustier joue sur l’ambivalence de son personnage et sur la complexité des situations pour pousser le spectateur à la réflexion. Hafsia Herzi, dans un de ses meilleurs rôles, incarne à merveille cette jeune surveillante de prison, manipulée mais consciente de l’être, prise malgré elle dans une mécanique dangereuse. Le film tient en haleine en évitant les clichés sur la Corse et les poncifs du genre. Une réussite.
Drive Away Dolls
Par J.V
Le pitch
Jamie (Margaret Qualley), une jeune femme libre d’esprit essuyant une énième rupture amoureuse, et Marian (Géraldine Viswanathan), son amie pudique et réservée qui souffre de frustration généralisée, sont en quête d’une bouffée d’air frais. Elles se lancent dans un road trip en direction de Tallahassee, mais leur périple va vite se compliquer quand elles croisent la route d’une bande de truands…
Ce qu’on en pense
Associé, non plus a son frère Joël, mais à sa compagne Tricia Cooke, Ethan Coen livre un road movie déjanté dans lequel on reconnait, évidemment, la manière des « frères Coen« . Tourné dans le style des films de sexploitation à la Russ Meyer, Drive-Away Dolls assume son côté série Z, mais n’oublie pas de faire un portrait au vitriol de l’Amérique profonde, avec une Margaret Quailey (Il était une fois… à Hollywood, Stars at Noon) au top et une malette mystérieuse dont les cinéphiles vont adorer deviner le contenu.
Wonka
Par J.V
Le Pitch
Le jeune Willy Wonka (Timothée Chalamet) débarque dans une grande ville pour vendre ses chocolats magiques et donner du bonheur autour de lui. Il lui faudra faire face à un cartel de vendeurs prêts à tout pour conserver leur monopole…
Ce qu’on en pense
18 ans après Tim Burton avec Charlie et la chocolaterie, Paul King réalisateur des Paddington adapte à son tour Roald Dahl avec ce prequel dans lequel Timothée Chalamet reprend le rôle créé par Johnny Depp. Une réussite, tant sur le plan de la réalisation – qui s’inscrit dans la grande tradition des comédies fantatisques anglo saxonnes-, que sur celui de l’interprétation, avec un Thimothée Chalamet très à son aise (et à son avantage) ppur danser et pousser la chansonnette. Certes, l’intrigue est moins marquante que celle de Charlie et l’esthétique est plus classique, mais Wonka constitue un parfait « film de noël » dont on aurait tort de se priver.