Kandahar
Par Ph.D
Le Pitch
Tom Harris (Gérard Butler) est un agent secret de la CIA infiltré au Moyen-Orient. Une fuite des renseignements révèle son identité alors qu’il est en mission. Coincés au cœur d’un territoire hostile, Harris et son interprète afghan Kahil (Ali Fazal), doivent se frayer un chemin hors du désert jusqu’à Kandahar, leur point d’exfiltration, tout en échappant aux forces spéciales d’élite qui les pourchassent. La course contre la montre commence.
Ce qu’on en pense
Le scénario ne brille pas par son originalité, mais la réalisation réaliste de Ric Roman Waugh et la qualité de l’interprétation rehaussent cette série B d’espionnage, qui dénonce le traitement des agents recrutés sur place par les forces spéciales et les gouvernements étrangers quand les choses tournent mal. Gérard Butler est toujours impeccable dans le rôle du bon gars costaud que ses problèmes familiaux n’empêchent pas de vouloir résoudre ceux des autres.
Rolling Stones : Angry
Par Philippe DUPUY
Après une campagne de teasing éclair sur le Net, les Rolling Stones avaient convoqué la presse le 6 septembre à Hackney au Nord de Londres, pour une conférence de presse qui s’est réduite à une parodie de late show, avec Jimmy Fallon en intervieweur unique et énamouré (il imite très bien Jagger) . Motif de la sauterie, retransmise en direct sur la chaîne Youtube du groupe, le lancement du single « Angry », premier extrait de l’album Hackney Diamonds à paraitre le 20 octobre. Leur premier disque de chansons originales depuis l’atroce Doom & Gloom, paru il y a près de 20 ans (2005). Produit par Andrew Watt (Iggy Pop, Post Malone, Ozzy Osbourne…), comme le reste de l’album apparemment, « Angry » est rock binaire, basé sur un riff antédiluvien et une syncope de batterie pachydermique, avec un gros son FM et un solo de guitare sur 3 notes. Rien de particulièrement remarquable, sinon que c’est sans doute leur meilleur single depuis « Start me Up » en … 1981! Sympa pour se donner la pêche le matin en partant travailler, la chanson vaut surtout par l’interprétation post #MeToo que l’on peut faire de ses paroles. On peut, en effet, y lire la complainte d’un boomer (« I’m in a desperate state« ), qui s’est mal comporté avec les femmes durant sa vie d’homme et fait face aux reproches (« Don’t be angry with me« ), traîne sa mauvaise réputation comme un boulet (« Voices keep echoing calling out my name « ) et craint l’assignation à comparaître (« The wolf’s at the door with the teeth and the claws »), mais qui ne s’excuse pas (« I Never Caused You No Pain », « Don’t have to be ashamed »), coupe les ponts (« Please just forget about me/Cancel out my name/Please never write to me« ) et se barre au Brésil avec une provision de Viagra (« I’m still taking the pills and I’m off to Brazil« ), en faisant mine de se demander pourquoi on lui en veut tellement (« Ah, why you angry with me? Why you angry?« ). Venant d’un groupe pour lequel le concept de « groupies » a été inventé et dont la discographie est pavée de chansons sexistes (« Under my thumb », « Brown Sugar », « Stray Cat Blues« …), cela ressemble, au mieux, à un aveu de mauvaise conscience, au pire (voir le clip ultra vulgos de la chanson) a de la provocation. Du pur Rolling Stones, en somme !
Eric Reinhardt : Sarah…
Par MAB
Voici résumée la formidable mise en abyme tricotée par Eric Reinhardt et annoncée dès le titre de son nouvel ouvrage : Sarah a confié l’histoire pathétique d’un moment de sa vie, à un écrivain qu’elle admire afin qu’il en fasse un roman. L’écrivain se met donc à l’œuvre sous nos yeux de lecteurs; prénomme son héroïne Suzanne, et interpelle régulièrement Sarah en quête de précisions, de contestations ou de modifications sur les pages qu’il est en train d’écrire. Le livre avance ainsi sur trois niveaux : le récit de Sarah, la narration de Reinhardt et ses digressions d’auteur et d’artiste cultivé. Le roman est puissant, porté par une écriture passant très aisément d’un registre à l’autre, pour un récit somme toute assez contemporain et qui une fois encore chez Reinhardt (« L’amour et les Forêts » porté à l’écran par Valérie Donzelli, c’etait lui ) se penche sur les femmes violentées par un mari pervers. En effet, Sarah dite Suzanne ne se sentant plus aimée comme autrefois par un mari qui la délaisse et l’escroque, payera trés cher sa décision de quitter un temps le domicile conjugal. Des pages denses et prenantes. Des épisodes complètement insolites voire délirants. Une héroïne parfois exaspérante de naïveté et de masochisme. Et, au bout du compte, un thriller psychologique d’une sensibilité et d’une intelligence bouleversantes. Le coup de coeur de cette rentrée.
The Dive
Par Ph.D
Le pitch
Plongeuses expérimentées, Drew (Sophie Lowe) et sa soeur May (Louisa Krause) se retrouvent après une longue séparation et partent plonger. Un éboulement rocheux piège May à 30 mètres de fond. Drew doit trouver un moyen de la sortir de là, sans pouvoir espérer le moindre secours extérieur…
Ce qu’on en pense
Remake allemand d’un film norvégien récent (Breaking Surface 2020, disponible sur Prime), The Dive réussit à immerger le spectateur dans un « 127 heures » sous-marin à (littéralement) couper le souffle. Réalisation efficace , dans l’eau et en dehors, excellent casting des deux soeurs (Sophie Lowe et Louisa Krause) dont on devine vite qu’au dela de leur passion pour la plongée (héritée de leur père) tout les sépare, bonne gestion des flashes back, joli travail sur le son (les adeptes de la plongée savent que le monde du silence est tout sauf silencieux)… Un bon survival des familles à voir en direct DVD.
Laurent Binet : Perspective(s)
Par MAB
Ride 5
Par Cédric Coppola
Les amateurs de deux roues seront ravis de chausser leur fidèle destrier mécanique sur Ride 5. Toujours développé par les italiens de Milestone – de véritables spécialistes du genre – ce nouvel opus reprend les bonnes bases de son prédécesseur sorti début 2021.On note donc une fluidité à toute épreuve, des graphismes à la hauteur et une volonté d’être accessible au plus grand nombre grâce à une flopée d’aides au pilotage, bien entendues facultatives pour les pros. L’intelligence Artificielle ANNA, qui permet dans les modes offlines de se frotter à des concurrents calqués sur des comportements humains, est toujours de la partie, mais demeure toujours imparfaite, avec quelques comportements étranges. Avec plus de 200 motos à essayer sur des circuits aux quatre coins du monde, le jeu est complet. Les modes de jeux sont eux aussi nombreux, mais la carrière où on gravit les échelons en enchaînant des courses aurait gagné à innover davantage. Au rayon des nouveautés, les développeurs se sont surtout concentrés sur des points essentiels : la météo dynamique, qui change pendant les courses et la physique des motos. L’ensemble gagne en réalisme. De quoi donc se laisser tenter pour peu que l’on apprécie le genre. (Jeu testé sur PS5, également disponible sur PC et XBox Series).
Comme une actrice
Par J.V
Le pitch
Anna (Julie Gayet), actrice proche de la cinquantaine, est quittée par son mari, Antoine (Benjamin Biolay), metteur en scène de théâtre. Prête à tout pour ne pas le perdre, elle va jusqu’à prendre l’apparence de la jeune femme (Agathe Bonitzer) avec laquelle il aimerait avoir une liaison. Mais ce double jeu pourrait se retourner contre elle…
Ce qu’on en pense
Il y avait longtemps que Julie Gayet n’avait pas eu le premier rôle dans un film. On retrouve avec plaisir l’actrice-productrice dans celui d’une femme délaissée qui cherche à reconquérir son homme (Benjamin Biolay) en se glissant dans la peau d’une autre (Agathe Bonitzer). Une fable fantastique et féministe signée Sébastien Bailly (Féminin plurielles) , qui aborde de manière originale la thématique du deuil amoureux et du vieillissement. Le dernier acte est particulièrement savoureux.
Ivan Jablonka : Goldman
Par MAB
Jeune, Ivan Jablonka écoutait plus volontiers Renaud ou Gainsbourg. Il dit même que Goldman était assez méprisé par l’élite intellectuelle de son époque. Mais il est historien. S’intéressant à la chanson de variété comme phénomène du collectif, il s’est donc tout naturellement tourné vers l’ascension régulière du chanteur de « Là-bas » « Elle a fait un bébé toute seule » et « Comme toi »… Le résultat est une somme de plus de 400 pages, avec tableaux comparatifs et notes de bas de pages qui commence ainsi : « Le 6 mars 1982 à Paris, un chanteur inconnu venu en scooter, franchit le seuil de l’Espace Cardin où est présenté en direct l’émission Champs-Élysées. C’est un jeune homme de trente ans à l’air emprunté, d’apparence assez quelconque, veste grise, jean,chemise blanche, cravate… ». Qui se serait douté, s’interroge Jablonka, que ce grand timide obligé de prendre des bêtabloquants pour monter sur scène allait rester longtemps – jusqu’en 2022 alors qu’il ne chantait plus depuis dix ans – la personnalité préférée des français ? Pourquoi tant d’amour pour un artiste modeste et humble qui s’est longtemps déclaré « vendeur de pompes » plutôt que musicien pour lui et les autres (notamment Céline Dion) ? Pourquoi un tel engouement pour un solitaire qui, en rupture avec le star system, vivait la notoriété comme une souffrance et finit par disparaître après avoir initié discrètement Les Enfoirés ? Sans doute parce que ce fils d’immigré juif, était associé à une certaine idée de la France, celle de la méritocratie et de la sociale démocratie. Que ses chansons parlent du quotidien et des aspirations de chacun – et surtout chacune- d’entre nous. Et que, au fond, quelles que soient les modes et les humeurs des temps, l’homme est resté farouchement authentique, tentant de « Changer la vie » sans se trahir . Lisez l’ouvrage de Jablonka, vous chantonnerez les mélodies , revisiterez les textes et vous souviendrez des généreuses et empathiques « années Goldman ».
Sorj Chalandon : L’Enragé
Par MAB
« En 1977, alors que je travaillais à Libération, j’ai lu que le Centre d’éducation surveillée de Belle-Île-en-Mer allait fermer» écrit Sorj Chalandon en préambule de L’Enragé. Il s’est donc renseigné sur ce lieu . A compulsé des archives et découvert que ce mot désignait en fait une colonie pénitentiaire pour mineurs. Qu’entre ses hauts murs, où avaient d’abord été détenus des Communards, ont été « rééduqués » à partir de 1880 les petits voyous des villes, les brigands des campagnes mais aussi des cancres turbulents, des gamins abandonnés et des orphelins. Les plus jeunes ayant à peine 12 ans. Des faits et méfaits authentiques qui deviendront, pour le journaliste-romancier, la matière d’un ouvrage mi documentaire, mi fiction. Un témoignage qui débute le soir du 27 août 1934, quand 56 gamins maltraités et exploités en des travaux forcés, se sont révoltés et ont fait le mur. Les pauvres fuyards furent alors cernés par la mer et traqués par des gendarmes offrant aux « braves gens » du coin une pièce de vingt francs pour chaque enfant capturé. Après une partie de chasse dans les villages, sur les plages et dans les grottes, tous les fugitifs furent récupérés. Tous sauf un : Jules, le héros de fiction de Chalandon, cet enragé, dont on va suivre la fugue, la volonté implacable et la métamorphose. « Un fauve né sans amour. – « gosse battu qui me ressemble » écrit l’auteur d’Enfant de salaud et Profession du père – obligé de desserrer les poings pour saisir les mains tendues qui, un matin, s’offrent enfin à lui…Le récit est bouleversant, écrit à la fois comme un roman d’aventure palpitant et comme un témoignage engagé sur l’enfance bafouée et les indignités d’Etat.Une preuve de plus que Sorj Chalandon– prix Goncourt des lycéens en 2013, pour Le quatrième mur– ne déçoit jamais qu’il parle de son enfance ou qu’il soit en empathie avec les autres gosses meurtris.
Belezi : Attaquer la terre et le soleil
Par MAB
L’être humain est un barbare. On le sait depuis la nuit des temps. Et s’il est une folie parmi bien d’autres – toujours d’actualité – c’est celle d’aller sous d’autres cieux que les siens s’approprier des terres par le sang et les larmes. Un abus de pouvoir que depuis près de quinze ans ne cesse de déplorer le révolté Mathieu Belezi.Lui, son cheval de bataille est la colonisation de l’Algérie. De roman en roman , il traite ce sujet toujours sensible avec de plus en plus de rage et d’intensité. Preuve en est son dernier ouvrage, Attaquer la terre et le soleil Prix du livre inter 2023, dans lequel il revient aux premiers temps de cet enfer oublié ou occulté dont le président algérien vient récemment de réclamer des comptes à la France. Son choix narratif est de nous faire entendre deux voix qui s’intercalent d’un chapitre à l’autre. Toutes deux décrivant les mécanismes et les violences quotidiennes de cette installation abusive. D’abord le lamento de Séraphine partie de France en 1840 , avec mari et enfants dans l’espoir de construire pour eux l’avenir meilleur promis par les autorités de son pays. Puis la hargne d’un soldat anonyme qui raconte comment sur ordres braillards de leur capitaine, son bataillon en haillons et la faim au ventre, met le feu aux villages égorge les hommes et les enfants, viole et éventre les femmes, s’empiffre du bétail et subit les mêmes représailles en retour… Le récit est brut et brutal. D’une violence parfois insoutenable. Et quand ce ne sont pas les armes qui déciment, c’est la canicule et le choléra qui achèvent les miséreuses familles. Mais Belezi l’humanise en optant pour une écriture sèche et très littéraire à la fois. Celle de la déploration et du questionnement tragique: mais pourquoi tout cela? « Nous ne sommes pas des anges » s’encourage le soldat. « Sainte et sainte mère de Dieu » supplie désespérément Seraphine. Poignant.
F1 2023
Par Cédric Coppola
Codemasters a beau avoir été racheté il y a quelques années par Electronic Arts, la série des F1 a su conserver son essence et retranscrit efficacement ce qu’on éprouve à bord d’une monoplace. Une formule qui, à l’image des licences de sports qui sortent à fréquence annuelle, a du mal à se renouveler, y compris sur un aspect technique. Graphiquement donc, cet opus 23 est similaire à son prédécesseur, c’est-à-dire propre… mais perfectible ! Dualsense en main, c’est une autre histoire puisque les développeurs écossais ont largement repensé la jouabilité au pad, pour améliorer les sensations. Un parti pris payant. Bien entendu, cette correction ne concerne pas les puristes qui prennent déjà leur pied avec un volant, mais cela corrige un des principaux reproches que l’on pouvait faire à F1 2022 et témoigne qu’aucun gamer n’est laissé au stand. Autre point fort : le retour d’un mode scénarisé avec la suite de l’histoire Point de rupture, qui raconte les exploits d’un pilote imaginaire aux dents longues. De quoi apporter un brin de fraîcheur entre une carrière toujours aussi chronophage – la fonction Recherche et développement occupera toujours les mécaniciens en herbe – et des parties en ligne très disputées. Plus anecdotique, l’interface a été légèrement remaniée et gagne en ergonomie. Avec l’ensemble des tracés de la saison en cours, les règles en vigueur et bien entendu les pilotes officiels, F1 2023 colle à la réalité mais sait aussi se montrer souple en permettant de modifier de nombreux paramètres, ce qui ne manquera pas de séduire les amateurs de courses plus arcade. Si l’on ajoute des défis à relever, une intelligence artificielle efficace et une impression de vitesse belle et bien présente, le jeu remplit son pari et saura occuper les afficionados sur le long terme.
Creed 3
Par J.V
Le Pitch
Idole de la boxe et entouré de sa famille, Adonis Creed (Michael B. Jordan) n’a plus rien à prouver. Jusqu’au jour où son ami d’enfance, Damian (Jonathan Majors), refait surface. A peine sorti de prison, celui-ci est prêt à tout pour monter sur le ring et reprendre ses droits. Adonis joue alors sa survie, face à un adversaire déterminé à l’anéantir…
Ce qu’on en pense
Acteur vedette de la saga Creed, Michael B. Jordan a pris les commandes pour réaliser ce troisième opus, qui se révèle aussi réussi que les deux premiers. Malgré l’absence de Sylvester Stallone, le scénario reste du pur Rocky et ne réserve guère de surprises. La réalisation, par contre, offre des morceaux de bravoure épatants avec des séquences de boxe virtuoses et un final grandiose. L’équilibre entre le drame et la boxe, qui a fait le succès de la franchise, est toujours bien préservé et le soin apporté aux personnages et à leur psychologie permet de tenir le spectateur en haleine jusqu’au bout. Creed ne faiblit pas.
Mon Crime
Par J.V
Le Pitch
Dans les années 30 à Paris, Madeleine Verdier (Nadia Tereszkiewicz), jeune et jolie actrice sans le sou et sans talent, est accusée du meurtre d’un célèbre producteur. Aidée de sa meilleure amie Pauline (Rebecca Marder), jeune avocate au chômage, elle est acquittée pour légitime défense. Commence alors une nouvelle vie, faite de gloire et de succès. Jusqu’à ce que la vérité éclate au grand jour…
Ce qu’on en pense
Dans la lignée de Huit femmes et Potiche, le François Ozon nouveau est un excellent cru. Adapté d’une pièce de théâtre des années 30, Mon Crime navigue avec grâce entre théâtre et cinéma, avec des dialogues brillants, une mise en scène enlevée et un casting épatant (Nadia Tereszkiewicz , Rebecca Marder, Isabelle Huppert, Fabrice Luchini, André Dussollier, Danny Boon…). L’esthétique rétro contraste plaisamment avec la modernité du propos sur la place des femmes et la condition d’actrice. Résultat : une comédie jubilatoire qu’on recommande sans réserve aux fans d’Ozon… Et aux autres !
La Syndicaliste
Par Ph.D
Le pitch
Un matin, Maureen Kearney (Isabelle Huppert) est violemment agressée chez elle. Déléguée syndicale chez Areva, elle travaillait sur un dossier sensible dans le secteur du nucléaire français et subissait de violentes pressions politiques. Les enquêteurs ne retrouvent aucune trace des agresseurs… est-elle victime ou coupable de dénonciation mensongère ?
Ce qu’on en pense
Sans doute à cause de sa complexité, du doute qui subsiste sur le rôle de sa principale protagoniste et peut-être aussi à cause des enjeux politique et industriels qu’elle soulève, l’affaire Maureen Kearney, syndicaliste d’Areva retrouvée ligotée chez elle, scarifiée sur le ventre, un couteau planté à l’envers dans le vagin pour la contraindre à renoncer à ses activités, n’a pas connu le retentissement qu’elle aurait dû avoir. Car c’est toute la filière du nucléaire français qu’elle mettait en cause, sur fond de concurrence avec EDF et de transfert de technologie à la Chine. Il aura fallu attendre le livre de la journaliste de l’Obs Caroline Michel-Aguirre et le nouveau film de Jean-Paul Salomé pour que le grand public la découvre enfin, dans toute sa complexité et son étendue. Il faut aussi louer le travail de la scénariste Fadette Drouard, qui a réussi à rendre l’affaire compréhensible et palpitante à l’écran, ce qui n’avait rien d’évident au départ. Isabelle Huppert incarne, avec toute l’ambiguïté nécessaire, cette passionnariat du syndicalisme dont le destin a été broyé par des enjeux et des luttes de pouvoir qui la dépassaient. Jean-Paul Salomé, lui, n’a pas craint de mettre les points sur les « I » en nommant les principaux protagonistes de l’affaire ( Henri Proglio, le ministre Arnaud Montebourg….) et en confiant leur rôle à Marina Foïs (en Anne Lauvergeon) et Yvan Attal (Luc Roussel, son successeur). Un courage qui fait d’autant plus regretter une réalisation purement illustrative, loin des classiques US du « film dossier » auxquels le film renvoie forcément.
The Son
Par J.V
Le pitch
À dix-sept ans, Nicholas (Zen McGrath) semble en pleine dérive, il n’est plus cet enfant lumineux qui souriait tout le temps. Que lui arrive-t-il ? Dépassée par la situation, sa mère (Laura Dern) accepte qu’il aille vivre chez son père, Peter (Hugh Jackman). Remarié depuis peu et père d’un nouveau-né, il va tenter de dépasser l’incompréhension, la colère et l’impuissance dans l’espoir de retrouver son fils…
Ce qu’on en pense
Entré avec fracas dans la cour des grands du cinéma international avec un premier film en anglais couronné par deux Oscars ( The Father), le dramaturge français Florian Zeller confirme les espoirs placés en lui avec The Son. Egalement adapté d’une de ses pièces à succès, le film se révèle hautement émotionnel avec des changements de décors qui permettent d’oublier l’origine théâtrale du scénario et les prestations de haut vol d’un casting doré sur tranche. Le jeune Zen McGrath est formidable en adolescent tourmenté et Hugh Jackman est très juste en père accaparé par sa nouvelle vie de famille et ses ambitions professionnelles. Les parents d’ados trouveront dans le film, comme dans la pièce, matière à réflexion sur leur propre rôle.