Ça vient de sortir

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Rolling Stones : Angry

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Par Philippe DUPUY

Après une campagne de teasing éclair sur le Net, les Rolling Stones avaient convoqué la presse le 6 septembre  à Hackney au Nord de Londres, pour une conférence de presse qui s’est réduite à une parodie de late show,  avec Jimmy Fallon en intervieweur unique et énamouré (il imite très bien Jagger) . Motif de la sauterie, retransmise en direct sur la chaîne Youtube du groupe, le lancement du  single « Angry », premier extrait de l’album Hackney Diamonds à paraitre le 20 octobre. Leur premier disque de chansons originales depuis l’oubliable A Bigger Bang, paru il y a près de 20 ans.  Produit par Andrew Watt (Iggy Pop, Post Malone, Ozzy Osbourne…), comme le reste de l’album apparemment, « Angry » est rock binaire,  basé sur un riff antédiluvien et une syncope de batterie pachydermique,  avec un gros son FM et un solo de guitare sur 3 notes.  Rien de particulièrement remarquable, sinon que c’est sans doute leur meilleur single depuis « Start me Up »  en … 1981!  Sympa pour se donner la pêche le matin en partant travailler, la chanson vaut surtout par l’interprétation post #MeToo que l’on peut faire de ses paroles. On peut, en effet,  y lire la complainte d’un boomer  (« I’m in a desperate state« ),  qui s’est mal comporté avec les femmes durant sa vie d’homme et fait face aux reproches  (« Don’t be angry with me« ),  traîne sa mauvaise réputation comme un boulet  (« Voices keep echoing calling out my name « )  et craint l’assignation à comparaître  (« The wolf’s at the door with the teeth and the claws »),  mais qui ne s’excuse pas (« I Never Caused You No Pain », « Don’t have to be ashamed »), coupe les ponts  (« Please just forget about me/Cancel out my name/Please never write to me« ) et se barre au Brésil avec une provision de Viagra (« I’m still taking the pills and I’m off to Brazil« ),  en faisant mine de se demander pourquoi on lui en veut tellement (« Ah, why you angry with me? Why you angry?« ). Venant d’un groupe pour lequel le concept de « groupies » a été inventé et dont la discographie est pavée de chansons  sexistes  (« Under my thumb », « Brown Sugar », « Stray Cat Blues« , « Parachute Woman« , « Some Girls« …),  cela ressemble, au mieux,  à un aveu de mauvaise conscience,  au pire (voir le clip ultra vulgos de la chanson) a de la provocation.  Du pur Rolling Stones, en somme ! 

Eric Reinhardt : Sarah…

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Par MAB

Voici résumée la formidable mise en abyme tricotée par Eric Reinhardt et annoncée dès le titre de son nouvel ouvrage : Sarah a confié l’histoire pathétique d’un moment de sa vie, à un écrivain qu’elle admire afin qu’il en fasse un roman. L’écrivain se met donc à l’œuvre sous nos yeux de lecteurs; prénomme son héroïne Suzanne, et interpelle régulièrement Sarah en quête de précisions, de contestations ou de modifications sur les pages qu’il est en train d’écrire. Le livre avance ainsi sur trois niveaux : le récit de Sarah, la narration de Reinhardt et ses digressions d’auteur et d’artiste cultivé. Le roman est puissant, porté par une écriture passant très aisément d’un registre à l’autre, pour un récit somme toute assez contemporain et qui une fois encore chez Reinhardt  (« L’amour et les Forêts » porté à l’écran  par Valérie Donzelli, c’etait lui )  se penche sur les femmes violentées par un mari pervers. En effet, Sarah dite Suzanne ne se sentant  plus aimée comme autrefois par un mari qui la délaisse et l’escroque,  payera trés cher sa décision de quitter un temps le domicile conjugal. Des pages denses et prenantes. Des épisodes complètement insolites voire délirants. Une héroïne parfois exaspérante de naïveté et de masochisme. Et, au bout du compte,  un thriller psychologique d’une sensibilité et d’une intelligence  bouleversantes. Le coup de coeur de cette rentrée.

Laurent Binet : Perspective(s)

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Par MAB

Nous sommes chez les Médicis, à Florence au XVI e siècle. Quelques hauts personnages d’Italie et de France échangent des lettres à propos d’une affaire qui les préoccupe beaucoup : la mort suspecte de Pontormo, un vieil artiste maniériste qui peignait depuis dix ans des fresques dans La Chapelle San Lorenzo. Son corps a été découvert, poignardé, auprès d’un tableau obscène pour l’époque, où la tête de Venus a été remplacée par celle de Maria de Médicis, la fille du duc et de la duchesse de Florence. Un fait divers artistique, politique et religieux qui va mettre à jour toutes les intrigues de ces années traversées par de nombreuses batailles, alliances et mésalliances entre royaumes, principautés et états pontificaux… Laurent Binet (Goncourt du premier roman pour   HHH ) démarre,  comme Laclos et ses Liaisons dangereuses,  par un recueil de lettres miraculeusement conservées et retrouvées dont l’auteur prétend n’être que le traducteur. Tout ce que l’époque connaît de notoriétés s’exprime dans ces missives: Les Médicis, Michel-Ange, Céllini, Vasari, Bronzino , des nostalgiques de Savonarole et même quelques agitateurs du peuple… (Binet a la bonne idée de nous dire qui est qui en préambule ). Papistes ou pas, bonnes sœurs ou laïcs, tous ont de bonnes raisons d’avoir trucidé le vieux peintre acariâtre. Un étonnant jeu de Cluedo historique dont la résolution va bien vous surprendre.

Ride 5

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Par Cédric Coppola

Les amateurs de deux roues seront ravis de chausser leur fidèle destrier mécanique sur Ride 5. Toujours développé par les italiens de Milestone – de véritables spécialistes du genre – ce nouvel opus reprend les bonnes bases de son prédécesseur sorti début 2021.On note donc une fluidité à toute épreuve, des graphismes à la hauteur et une volonté d’être accessible au plus grand nombre grâce à une flopée d’aides au pilotage, bien entendues facultatives pour les pros. L’intelligence Artificielle ANNA, qui permet dans les modes offlines de se frotter à des concurrents calqués sur des comportements humains, est toujours de la partie, mais demeure toujours imparfaite, avec quelques comportements étranges. Avec plus de 200 motos à essayer sur des circuits aux quatre coins du monde, le jeu est complet. Les modes de jeux sont eux aussi nombreux, mais la carrière où on gravit les échelons en enchaînant des courses aurait gagné à innover davantage. Au rayon des nouveautés,  les développeurs se sont surtout concentrés sur des points essentiels : la météo dynamique, qui change pendant les courses et la physique des motos. L’ensemble gagne en réalisme. De quoi donc se laisser tenter pour peu que l’on apprécie le genre. (Jeu testé sur PS5, également disponible sur PC et XBox Series). 

Ivan Jablonka : Goldman

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Par MAB

Jeune, Ivan Jablonka écoutait plus volontiers Renaud ou Gainsbourg. Il dit même que Goldman était assez méprisé par l’élite intellectuelle de son époque. Mais il est historien. S’intéressant à la chanson de variété comme phénomène du collectif, il s’est donc tout naturellement tourné vers l’ascension régulière du chanteur de « Là-bas » « Elle a fait un bébé toute seule » et « Comme toi »… Le résultat est une somme de plus de 400 pages,  avec tableaux comparatifs et notes de bas de pages qui commence ainsi : « Le 6 mars 1982 à Paris, un chanteur inconnu venu en scooter, franchit le seuil de l’Espace Cardin où est présenté en direct l’émission Champs-Élysées. C’est un jeune homme de trente ans à l’air emprunté, d’apparence assez quelconque, veste grise, jean,chemise blanche, cravate… ». Qui se serait douté, s’interroge Jablonka, que ce grand timide obligé de prendre des bêtabloquants pour monter sur scène allait rester longtemps – jusqu’en 2022 alors qu’il ne chantait plus depuis dix ans – la personnalité préférée des français ? Pourquoi tant d’amour pour un artiste modeste et humble qui s’est longtemps déclaré « vendeur de pompes »  plutôt que musicien pour lui et les autres (notamment Céline Dion) ? Pourquoi un tel engouement pour un solitaire qui, en rupture avec le star system, vivait la notoriété comme une souffrance et finit par disparaître  après avoir initié discrètement Les Enfoirés ? Sans doute parce que ce fils d’immigré juif, était associé à une certaine idée de la France, celle de la méritocratie et de la sociale démocratie. Que ses chansons parlent du quotidien et des aspirations de chacun – et surtout chacune- d’entre nous. Et que, au fond, quelles que soient les modes et les humeurs des temps, l’homme est resté farouchement authentique, tentant de « Changer la vie » sans se trahir . Lisez l’ouvrage de Jablonka, vous chantonnerez les mélodies , revisiterez les textes et vous souviendrez des généreuses et empathiques « années Goldman ».

Sorj Chalandon : L’Enragé

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Par MAB

 «  En 1977, alors que je travaillais à Libération, j’ai lu que le Centre d’éducation surveillée de Belle-Île-en-Mer allait fermer» écrit Sorj  Chalandon en préambule de  L’Enragé. Il s’est donc renseigné sur ce lieu . A compulsé des archives et découvert que ce mot désignait en fait une colonie pénitentiaire pour mineurs. Qu’entre ses hauts murs, où avaient d’abord été détenus des Communards, ont été «  rééduqués  » à partir de 1880 les petits voyous des villes, les brigands des campagnes mais aussi des cancres turbulents, des gamins abandonnés et des orphelins. Les plus jeunes ayant à peine 12 ans.  Des faits  et méfaits authentiques qui deviendront, pour le journaliste-romancier, la matière d’un ouvrage mi documentaire, mi fiction. Un témoignage qui débute le soir du 27 août 1934, quand  56 gamins maltraités et exploités en des travaux forcés, se sont révoltés et ont fait le mur. Les pauvres fuyards furent alors cernés par la mer et traqués par des gendarmes offrant aux « braves gens » du coin  une pièce de vingt francs pour chaque enfant capturé. Après une partie de chasse dans les villages, sur les plages et dans les grottes, tous les fugitifs furent récupérés. Tous sauf un : Jules, le héros de fiction de Chalandon, cet enragé, dont on va suivre la fugue, la volonté implacable et la métamorphose. « Un fauve né sans amour. –  « gosse battu qui me ressemble » écrit l’auteur  d’Enfant  de salaud  et  Profession du père  –  obligé de desserrer les poings pour saisir les mains tendues qui, un matin, s’offrent enfin à lui…Le récit est bouleversant, écrit à la fois comme un roman d’aventure palpitant et comme un témoignage engagé sur l’enfance bafouée et les indignités d’Etat.Une preuve de plus que  Sorj Chalandon– prix Goncourt des lycéens en 2013, pour Le quatrième mur–  ne déçoit jamais qu’il parle de son enfance ou qu’il soit en empathie avec les autres gosses meurtris.

Les 3 mousquetaires

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Par Ph.D

Le pitch

Du Louvre au Palais de Buckingham, des bas-fonds de Paris au siège de La Rochelle… dans un Royaume divisé par les guerres de religion et menacé d’invasion par l’Angleterre, une poignée d’hommes et de femmes vont croiser leurs épées et lier leur destin à celui de la France…

Ce qu’on  en pense

Eniéme adaptation du roman d’Alexandre Dumas, le nouveau film de Martin Bourboulon (Papa ou Maman 1 & 2, Eiffel) fait le choix du western médiéval à grand spectacle et gros casting (Vincent Cassel, Pio Marmaï, Romain Duris, François Civil, Lyna Khoudri, Louis Garrel, Vicky Krieps,  Eva Green…). François Civil campe un D’Artagnan fougueux à souhait,  face aux trois autres  (Romain Duris en Aramis, Pio Marmaï en Porthos et Vincent Cassel en Athos) qui semblent s’être entendus comme larrons en foire (ou mousquetaires en goguette). Le choix de Lyna Khoudri en Constance Bonacieux peut étonner,  mais ceux de Vicky Krieps en Reine amoureuse et d’Eva Green en Milady sont indiscutables. La bonne surprise vient de Louis Garrel, qui campe un Louis XIII farfelu et vient donner une touche d’humour bienvenue à un film guetté sinon par l’esprit de sérieux… et de longueur ! Deux heures sont nécessaires pour venir à bout de l’affaire des ferrets et la suite, de durée égale on s’en doute, sera en salles  le 13 décembre. L’amateur de films de capes et d’épées en a pour son argent (72 millions de budget) côté cavalcades et duels,  passés au brou de noix d’un filtre Instagram vintage.

Belezi : Attaquer la terre et le soleil

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Par MAB

L’être humain est un barbare. On le sait depuis la nuit des temps. Et s’il est une folie parmi bien d’autres  – toujours d’actualité –  c’est celle d’aller sous d’autres cieux que les siens s’approprier des terres par le sang et les larmes. Un abus de pouvoir que depuis près de quinze ans ne cesse de déplorer le révolté Mathieu Belezi.Lui, son cheval de bataille est la colonisation de l’Algérie. De roman en roman , il traite ce sujet  toujours sensible avec de plus en plus de rage et d’intensité. Preuve en est son dernier ouvrage,   Attaquer la terre et le soleil Prix du livre inter 2023, dans lequel il revient aux premiers temps de cet enfer oublié ou occulté dont le président algérien vient récemment de réclamer  des comptes à la France.  Son choix narratif est de nous faire entendre deux voix qui s’intercalent d’un chapitre à l’autre. Toutes deux décrivant les mécanismes et les violences quotidiennes de cette installation abusive. D’abord le lamento de Séraphine partie de France en 1840 , avec mari et enfants dans l’espoir de construire pour eux l’avenir meilleur promis par les autorités de son pays. Puis la hargne d’un soldat anonyme qui raconte comment sur ordres braillards de leur capitaine, son bataillon en haillons et la faim au ventre, met le feu aux villages  égorge les hommes et les enfants, viole et éventre les femmes, s’empiffre du bétail et subit les mêmes représailles en retour… Le récit est brut et brutal. D’une violence parfois insoutenable. Et quand ce ne sont pas les armes qui déciment, c’est la canicule et le choléra qui achèvent les miséreuses familles. Mais Belezi l’humanise en optant pour une écriture sèche et très littéraire à la fois. Celle de la déploration et du questionnement tragique: mais pourquoi tout cela?  «  Nous ne sommes pas des anges » s’encourage le soldat. « Sainte et sainte mère de Dieu » supplie désespérément Seraphine. Poignant. 

F1 2023

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Par Cédric Coppola

Codemasters a beau avoir été racheté il y a quelques années par Electronic Arts, la série des F1 a su conserver son essence et retranscrit efficacement ce qu’on éprouve à bord d’une monoplace. Une formule qui, à l’image des licences de sports qui sortent à fréquence annuelle, a du mal à se renouveler, y compris sur un aspect technique. Graphiquement donc, cet opus 23 est similaire à son prédécesseur, c’est-à-dire propre… mais perfectible ! Dualsense en main, c’est une autre histoire puisque les développeurs écossais ont largement repensé la jouabilité au pad, pour améliorer les sensations. Un parti pris payant. Bien entendu, cette correction ne concerne pas les puristes qui prennent déjà leur pied avec un volant, mais cela corrige un des principaux reproches que l’on pouvait faire à F1 2022 et témoigne qu’aucun gamer n’est laissé au stand. Autre point fort : le retour d’un mode scénarisé avec la suite de l’histoire Point de rupture, qui raconte les exploits d’un pilote imaginaire aux dents longues. De quoi apporter un brin de fraîcheur entre une carrière toujours aussi chronophage – la fonction Recherche et développement occupera toujours les mécaniciens en herbe – et des parties en ligne très disputées. Plus anecdotique, l’interface a été légèrement remaniée et gagne en ergonomie. Avec l’ensemble des tracés de la saison en cours, les règles en vigueur et bien entendu les pilotes officiels, F1 2023 colle à la réalité mais sait aussi se montrer souple en permettant de modifier de nombreux paramètres, ce qui ne manquera pas de séduire les amateurs de courses plus arcade. Si l’on ajoute des défis à relever, une intelligence artificielle efficace et une impression de vitesse belle et bien présente, le jeu remplit son pari et saura occuper les afficionados sur le long terme.

 

 

The Fabelmans

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Par Ph.D

Le Pitch

Passionné de cinéma, le jeune Sammy Fabelman ( Gabriel LaBelle) passe son temps à filmer sa famille. S’il est encouragé dans cette voie par sa mère Mitzi (Michelle Williams) , dotée d’un tempérament artistique, son père Burt (Paul Dano), scientifique accompli, considère que sa passion est surtout un passe-temps. Au fil des années, Il réalise même de petits films amateurs de plus en plus sophistiqués… Mais lorsque ses parents décident de déménager dans l’ouest du pays, il découvre une réalité bouleversante qui fait basculer son avenir et celui de ses proches.

Ce qu’on en pense 

Vous avez aimé Armageddon Time de James Gray ? Sur le même thême (l’enfance et la jeunesse d’un futur cinéaste) The Fabelmans risque de vous décevoir cruellement. Multinominé aux Oscars, le nouveau film de Steven Spielberg est un autobiopic d’une rare complaisance, y compris dans sa durée (2h30 au compteur). Spielberg y révèle un secret de famille (sa mère aimait deux hommes) en faisant mine de s’interroger sur le pouvoir des images et l’origine de sa vocation. La réflexion ne va pas bien loin.  On baille à s’en décrocher la machoire jusqu’à la seule scène qui mérite de tenir jusqu’à la fin : la rencontre drôlatique du jeune Steven avec son idole John Ford, joué avec malice par un David Lynch borgne et méconnaissable.

 

F1 Manager

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Par Cédric Coppola

Fort de sa précédente Mouture, Frontier Developments revient avec un jeu de gestion extrêmement complet, qui corrige les erreurs de son aîné pour proposer une expérience immersive. Mais attention…. comme le titre le suggère, le jeu s’adresse aux fans de management … Et uniquement à eux. L’idée est de faire entrer le gamer dans la peau d’un directeur d’écurie de Formule 1 et de lui faire gérer l’ensemble des paramètres liés à ce job, ô combien prestigieux. Problèmes budgétaires, caractères des pilotes, importance du staff, temps accordé au scouting, développement de nouvelles pièces et bien entendu préparation de chaque course sont à l’ordre du jour. Entretenir une bonne communication avec ses sportifs est également indispensable et mieux vaut donner les bonnes directives et savoir gérer les risques pour espérer monter sur le podium. Complet, avec l’ensemble des licences et des objectifs différents selon l’équipe que l’on prend en main, F1 Manager 2023 vaut autant par sa carrière que par ses scénarios à résoudre, inspirés de vraies situations. Un temps d’adaptation est, par contre, nécessaire pour maitriser toutes les subtilités de cette production parfois austère dans sa forme (mais cela vaut aussi pour Football Manager), qui ravira tous les Jean Todt virtuels !

Marlowe

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Par J.V

Le pitch

En 1939, à Bay City en Californie, alors que la carrière du détective privé Philip Marlowe (Liam Neeson) bat de l’aile, Clare Cavendish (Diane Kruger) vient lui demander son aide pour retrouver son ancien amant, Nico Peterson (François Arnaud), mystérieusement disparu. L’enquête de Marlowe va le mener au Club Corbata, repaire des habitants les plus influents et fortunés de Los Angeles. Mais rapidement, il se heurte à ses anciens collègues de la police alors qu’il fouine dans les coulisses de l’industrie hollywoodienne et dans les affaires de l’une des familles les plus puissantes de la cité des anges…

Ce qu’on en pense

Quel plaisir inattendu que de retrouver au cinéma le personnage emblématique des romans de Raymond Chandler ! Et pour l’incarner, qui mieux que Liam Neeson, son flegme et son talent pour se couler dans les rôles de personnages cabossés et cabosseurs ?  Marlowe est un vrai polar à l’ancienne, tellement respectueux du style Chandler qu’on croirait lire un de ses romans.  Neil Jordan (Entretien avec un vampire,  The Crying gameMichael Collins ) a encore une fois fait du bon boulot. Les fans de Philip Marlowe vont se précipiter pour découvrir sa nouvelle incarnation. Et ils auront raison !

Park Beyond

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Par Cédric Coppola

Ah… Theme Park La simple évocation de ce mot rappelle de doux souvenirs aux gamers nostalgiques qui avaient posé les mains sur ce hit de 1994, qui leur permettait de créer un parc d’attraction de toutes pièces. 30 ans se sont écoulés, mais les rêves de construire des montagnes russes hautement spectaculaires animent toujours les développeurs puisque Limbic Entertainment met à la disposition des gamers Park Beyond qui tente à son tour d’allier fun, stratégie et gestion. Passé un certain temps d’adaptation pour dompter quelques règles et ne pas faire chevaucher les rails, il est possible de créer à peu près les manèges de son choix en les agrémentant de quelques variations loufoques… Mais encore faut-il garder une certaine cohérence sur le placement de ses loopings pour satisfaire les visiteurs…. C’est amusant même si on note une certaine redondance au fil de la campagne, en raison d’un contenu assez limité. A contrario, en mode bac à sable, on s’amuse sans avoir de contraintes particulières, ce qui enlève forcément du challenge mais laisse une plus grande liberté. En découle un titre imparfait mais qui parvient raviver, dans ses meilleurs moments, nos âmes d’enfants.

Naomi Krupitsky : La famille

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Par MAB

Début des années trente, à Brooklin. Un quartier déshérité de New-York, où se sont réfugiées de nombreuses familles italiennes. C’est là que sont nées Sofia et Antonia, voisines de palier et amies inséparables. Elles ont 5 ans au début de cette histoire palpitante  puis auront 10 ans, quinze ans dans leurs années de lycée et deviendront adultes au début de la guerre. L’une est volcanique, désordre, rebelle. L’autre est discrète, appliquée et disciplinée. Mais elles sont d’autant plus proches que leurs pères font le même métier et que  chaque dimanche, après la messe, leurs deux tribus s’entassent dans une seule voiture, pour traverser le pont de Brooklyn et aller déjeuner chez « Oncle Tommy » le grand et gros patron. Leur job? « De l’import-export » et basta prétendent les hommes qui au mot Mafia, préfèrent celui de « Famille ».  Les femmes, elles, cuisinent les cannelloni. Attendent un mari qui en rentrant chantera une berceuse sicilienne à leur fille. Savent mais ne disent rien.  Jusqu’à la nuit où Carlo, le père d’Antonia, meurt mystérieusement pour avoir voulu  échapper à l’emprise du clan maléfique ! A la fois roman d’apprentissage et passionnante fiction naturaliste, ce premier ouvrage de l’américaine Naomi Krupitsky, est curieusement sorti trop discrètement en France alors qu’il a été encensé aux Etats-Unis. Bien écrit et bien traduit, riche de personnages attachants et de moments historiques mémorables, il décrit sur plus de vingt ans un monde opaque et terrifiant vu uniquement à travers le regard des femmes. D’où cette délicatesse et cette finesse dans l’analyse des liens qui entravent et unissent tous ces êtres. Passionnant !  Un conseil : mettez cette « famille » dans le sac de plage.

Douglas Kennedy: Et c’est ainsi…

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Par MAB

2045: Les Etats-Unis n’existent plus. Une nouvelle guerre de Sécession commencée vingt ans plus tôt, juste après Trump et Biden, les a séparés en deux entités distinctes. Sur les côtes Est et Ouest, une république dominée par les démocrates donc à priori libérale même si la surveillance  de chacun est constante. Dans les Etats du centre et du vieux sud, une confédération « républicaine » dite des douze apôtres ou les valeurs chrétiennes font loi et ou liaison hors mariage, divorce, avortement , changement de sexe sont interdits. Ou les hérétiques sont même conduits au bûcher comme dans les temps les plus obscures de l’humanité !  Entre les deux camps c’est la guerre froide  et une lutte haineuse entre les services secrets respectifs… Le titre à l’indicatif  – «Et c’est ainsi que nous vivrons » – exprime nettement et sombrement la vision d’un futur proche que Douglas Kennedy détaille avec une grande minutie. Quel camp choisir entre un état théocratique gouverné par des fous de Dieu ou un régime totalitaire déguisé en démocratie qui implante une puce électronique couplée à une montre connectée dans la tempe et au poignet de chaque citoyen? Question réthorique dont la réponse va de soi au fur et à mesure de la lecture . Pas de solution, juste l’effroi ! Les deux camps transpirant l’endoctrinement, l’anxiété et de solitude. Lui demander aussi s’il fait allusion à Elon Musk pour cet avenir ultra connecté côté République? Pour incarner sa théorie radicale, Kennedy a choisi une narratrice, agente secrète de la partie République qui doit infiltrer le camp adverse via la zone neutre. La cible à abattre réveille en elle un affect douloureux. Preuve qu’un peu d’humanité palpite encore dans les coeurs…  La diatribe visionnaire, argumentée historiquement et terriblement réaliste se transforme alors en un thriller addictif, palpitant et effrayant.