Une Vie heureuse
Par MAB
Ginette Kolinka n’est pas partie à la retraite à 62 ans. Encore moins à 64. A 98 ans, elle travaille encore. Son job ? « Passeuse de mémoire ». Comment ? En parcourant la France, depuis plus de vingt ans, à la rencontre de collégiens et lycéens pour livrer jusqu’au bout, son témoignage en tant qu’une des dernières survivantes de l’holocauste nazi. Pourtant, elle a très longtemps gardé le silence : « je n’avais rien raconté à mon mari, ni à mon fils (Le batteur de Téléphone, Richard Kolinka) ». Or désormais elle parle, elle dit, elle relate et voit même ses entretiens avec Marion Ruggieri publiés chez Grasset : « Retour a Birkenau » et « Une vie heureuse » . Elle y rapporte toute sa vie avant et après Auschwitz- Birkenau, le camp où sont morts son père et son jeune frère Gilbert et où elle croisa Simone Veil. « Attention, précise l’infatigable Ginette : « Une vie heureuse » c’est depuis le retour. On ne peut pas oublier. On n’efface pas. Mais l’on n’est pas obligé de vivre avec. » Pas de chronologie dans cette nouvelle conversation sans tabou, mais des souvenirs égrenés depuis l’appartement, au cœur de Paris, où elle vit depuis l’âge de 10 ans à l’exception de trois ans de 1942 à 1945. Il y a les portraits de ceux qui ne sont pas revenus. Les disques d’or de Richard. Les photos de ses cinq sœurs et même les meubles qu’ont laissé les « collabos ». Point fixe, d’où Ginette, dans son fauteuil, traverse une fois encore les années : Évoquant à nouveau, pour le lecteur, l’atelier de confection du père, l’horreur de la déportation, le retour à l’état de « quasi cadavre », son mariage avec un homme adoré et « rigolard », et les marchés faits ensemble jusqu’à un âge avancé. Travail qui selon elle, l’a sauvé.. « J’ai tout pour être heureuse » est sa conclusion. Si vous voulez une leçon de « résilience » écoutez la !
Mickey 3D : Nous étions…
Par Ph.D
Sept ans se sont écoulés depuis Sebolavy, le dernier Mickey 3D. Entre temps, Mickaël Furnon a fait deux enfants mais pas beaucoup de musique. Il revient pourtant à son meilleur avec Nous étions humains, nouvel album de 12 titres, entre nostalgie de l’enfance (« Je me souviens », « Lettre à Louison », « Emilie dansait » ) et critique de la société (« N’achetez pas mon disque », « La danse des éléphants », « Mon pays est tombé », « Les réseaux social », « Nous étions des humains » ). Des sujets abordés avec, toujours, ce mélange de fausse naïveté et d’humour noir qui sont la marque de l’auteur. Musicalement, la formule est inchangée, avec une partie de titres acoustiques en forme de contines folk faussement naïves et d’autres plus pop, enrichis de sonorités électro et d’un contrechant féminin. Par deux fois (« Je me souviens », « Lettre à Louison »), Mickaël évoque les vacances dans le golfe de Saint-Tropez, qui ont marqué son enfance. On espère que ça lui donnera envie de revenir les chanter dans la région !
Iggy: Every Loser
Par Ph.D
Iggy Pop a désormais trois types de répertoires à sa disposition : celui du punk rocker sauvage des années 70, celui de la pop-rock star des années 80-90 et celui du neo-crooner des années 2000. Sur scène, il mélange les trois sans problème, comme on l’a vu encore l’an dernier à Monaco et à Nice. C’est le jeu : chaque spectateur a droit à un peu de l’Iggy qu’il préfère. Sur disque, c’est moins judicieux, voire imprudent, comme le prouve ce nouvel album, tout sauf homogène enregistré avec un groupe composé de vieilles connaissances reconvertis en requins de studio. Trois titres punk à fond la caisse (l’excellent « Frenzy » qui ouvre l’album, « Modern Day Ripoff » avec son riff emprunté à « TV Eye » et la rythmique d « I Wanna Be Your Dog« , l’ironique « Neo Punk« ), 4 titres pop bien torchés (« Stung Out Johnny« , « Comments« , « The Regency« , « All the Way Down« ), une poignée de ballades jazzy dispensables (« The News for Andy », « Morning Show« , « Atlantis« …), ça ne fait pas un disque mémorable. Celui-ci n’apportera rien à la discographie de l’Iguane. Dommage, car la voix d’Iggy est au top et, prises séparément, les chansons sont plutôt bonnes. Les meilleures sonnent trés « années 80 », avec gros son de batterie et synthés. Elles auraient pu former un chouette EP 4 titres pour les nostagiques de l’époque Zombies Birdhouse/Blah Blah Blah/Brick by Brick.
Moonage Daydream
Par Ph.D
Avec Kurt Cobain: montage of heck, l’Américain Brett Morgen a inauguré en 2015 la vogue des biopics de rockstars faits à partir de montage d’images d’archives. Il récidive avec Moonage Daydream, consacré à David Bowie mais avec, cette fois, l’ambition d’en faire un spectacle total pour les salles Imax. Plus de deux heures de son et lumières, où s’entrechoquent des images souvent inédites provenant de sources trés différentes (concerts, clips, theatre, films, actualités, interviews…) et les chansons de Bowie remixées pour le cinéma. Les images sont mélangées sans souci de chronologie, ni de provenance et le film s’organise autour de thématiques propres à l’oeuvre Bowienne (La science fiction, la bisexualité, les travestissements, le star system, Berlin, l’art contemporain…) avec pour seule voix off celle de Bowie en interview. La B.O respecte, par contre, une certaine logique pour remonter la carrière du Thin White Duke, de Ziggy Stardust à son dernier album Black Star. On en sort avec le tournis et les oreilles en feu, mais aussi une furieuse envie de réécouter tout Bowie.
Sifu
Paru en début d’année sur PS5, Sifu déboule sur Switch. Fondé en 2015 par des anciens membres d’Ubisoft, le studio Sloclap s’était illustré avec Asbolver, un jeu de combat original. Cette fois, les artistes parisiens changent d’atmosphère et rendent hommage au Kung-Fu dans un jeu hardcore où la maîtrise de soi est indispensable pour espérer voir défiler le générique de fin. Sous l’apparence d’un beat’em all en 3D très référencé aux films d’action made in Hong Kong, notre disciple, bien décidé à venger son maître mort sous ses yeux, fait parler sa technique face à des hordes d’ennemis au cours de cinq niveaux variés, comme un repère de dealers ou un musée. Le gameplay, articulé sur un système d’esquives et de contres ne laisse aucune place à l’erreur et les échecs à répétition font partie intégrante de l’expérience. Chose peu banale, chaque mort fait vieillir le personnage et lorsqu’il dépasse les 70 balais, retour à la case départ. Seule une partie de la progression est conservée comme les indices, certains coups spéciaux et les raccourcis débloqués. Venir à bout d’un niveau est gratifiant… Seul hic, l’âge acquis est conservé, ce qui pousse à recommencer une partie pour ne pas partir avec un malus lors de la suite des évènements. Par cette approche radicale, qui n’est pas sans rappeler les productions From Software, Sloclap ne laissera donc personne indifférent… Y compris dans sa direction artistique assez picturale. Une très bonne pioche donc, même si cette version Switch accuse plusieurs problèmes techniques (graphismes et fluidité) comparée à son homologue PS5 (Jeu testé sur Nintendo Switch)
The Sadness
Par J.V
Le Pitch
Après un an de lutte contre une pandémie aux symptômes relativement bénins, une nation frustrée finit par baisser sa garde. C’est alors que le virus mute spontanément, donnant naissance à un fléau qui altère l’esprit. Les rues se déchaînent dans la violence et la dépravation, les personnes infectées étant poussées à commettre les actes les plus cruels et les plus horribles qu’elles n’auraient jamais pu imaginer…
Notre avis
Au secours ! Heureusement interdit aux moins de 16 ans avec avertissement, The Sadness est le film le plus gore qu’on ait vu depuis… On ne se souvient pas de l’équivalent, en fait. Sur un scénario de pandémie totalement opportuniste, le Taiwannais Robert Jabbaz signe un film de zombies dans lequel l’hémoglobine coule à flot continu et où les massacres se déchainent dans des scènes de pure boucherie. S’il y avait un questionnement quelconque des limites de ce que l’on peut montrer à l’écran, ça passerait peut-être, mais ici la violence est totalement gratuite… Beurk !
Rifkin’s festival
Par Ph.D
Le pitch
Un couple d’Américains se rend au Festival du Film de San-Sebastian et tombe sous le charme de l’événement, de l’Espagne et de la magie qui émane des films. L’épouse (Gina Gershon) a une liaison avec un brillant réalisateur français (Louis Garrel) tandis que son mari (Wallace Shawn) tombe amoureux d’une belle Espagnole (Elena Anaya) au mari volage (Sergi Lopez)
Ce qu’on en pense
Il aura fallu attendre presque deux ans après sa présentation au festival de San Sebastian (où il a été tourné), pour voir enfin arriver – quasi en catimini- le nouveau film de Woody Allen sur les écrans français. Plutôt étonnant pour un auteur dont le long métrage annuel constituait toujours, dans notre pays, un temps fort de l’année cinématographique… #MeToo et des accusations d’attouchements sont passés par là. Banni d’Hollywood et contraint de tourner à l’étranger, le vieux maitre New Yorkais (86 ans) s’est installé au pays basque espagnol pour tourner ce nouveau « film de vacances » (forcées), peut-être testamentaire. Convoquant à son chevet Truffaut, Godard, Welles, Bergman et même Claude Lelouch, Allen rend hommage aux grands auteurs européens qui ont formé son goût du cinéma, dans des séquences oniriques qui font tout le sel de ce nouvel opus, ponctué de punchlines bien senties et d’images touristiques qui donnent envie d’aller passer ses vacances à San Sebastian. Lookée Sophia Loren, Gina Gershon est épatante en épouse volage, Louis Garrel est parfait en réalisateur français intello-dandy à la mode et le couple Elena Anaya/Sergi Lopez remplace avantageusement Penelope Cruz/Javier Bardem, pas disponibles ou trop chers. Seul bémol : Wallace Shawn, habituel second rôle des films de Woody Allen (Mélinda et Mélinda, Le Sortilège du Scorpion de Jade, Radio Days, Ombres et brouillard). se glisse difficilement dans la peau du double cinématographique du cinéaste New Yorkais et gâche un peu le plaisir de ce 49e film vaudevillesque et jazz, léger comme un solo de clarinette.
Top Albums 2022
Par Ph.D
Beaucoup (trop?) d’anciens et de revenants pour cette cuvée 2022 sans grand éclat. Zéro découverte et une confirmation : celle de Fontaines DC comme meilleur groupe de rock (anglais) de la décennie… Voici notre Top 10 des albums de l’année (cliquez sur le titre de l’album pour lire la critique).
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- Fontaines DC Skinty Fia
- Dropkick Murphys This Machine Still Kills Fascists
- Stephan Eicher Ode
- Arcade Fire WE
- Elvis Costello The Boy Named If
- John Mellencamp Strictly A One Eyed Jack
- Eels Extreme Witchcraft
- Spoon Lucifer on the Sofa
- Bruce Springsteen Only The Strong Survive
- Pete Doherty The Fantasy Life of Poetry and Crime
Sonic Frontiers
Par Cédric Coppola
Frileux vis-à-vis de leurs actionnaires, les éditeurs hésitent souvent à remettre les choses à plat pour proposer des expériences inédites. Cela est d’autant plus véridique lorsque cela concerne une franchise connue de tous, à l’image du Hérisson Sonic. Revenue sur le devant de la scène grâce à ses sorties cinématographiques, la mascotte de Sega déboule sur PS5 dans un titre qui fait parfois penser dans sa conception au mythique Zelda : Breath of the wild. A défaut d’évoluer dans un véritable open world, le gamer se déplace à grande vitesse dans de grandes zones ouvertes et doit donc se fier à son instinct pour débloquer des points d’intérêts et sauver ses amis. L’occasion de résoudre différentes énigmes, de s’amuser à divers mini jeux ou de se plonger dans des niveaux plus classiques en scrolling 2D ou en vue de dos. Dans son exploration, Sonic est régulièrement amené à combattre différents vilains… Affrontements parfois confus qui sont l’un des points faibles du jeu. L’autre bémol venant de la direction artistique, un poil trop austère. Pas de quoi toutefois entacher le plaisir de la découverte de ce volet Frontiers qui sort des sentiers battus et respecte l’âme de la série. (Sega, jeu testé sur PS5)
Sylvain Tesson : Blanc
Par MAB
Parce que « La traversée blanche » est pour lui, la définition du « voyage absolu », Sylvain Tesson décide de faire un raid à ski dans les Alpes. « Dans le Blanc tout s’annule – espoirs et regrets » dit-il en préambule de cette nouvelle aventure après sa quête de « La panthère des neiges ». Avec son ami guide de montagne, Daniel du Lac , il est donc parti, un matin de printemps 2018 de Menton pour rejoindre Trieste par les sommets de l’arc Alpin : un trajet de quatre ans, à raison d’un mois hivernal par an, pour traverser cinq pays. Regardez sur une carte, si vous voulez suivre leur trajet: ils sont allés, peaux de phoque sous leurs skis, de la France à la Suisse puis à l’Italie, l’Autriche et même la Slovénie. Éprouvant ainsi «l’excitation de passer des frontières », et de « relier des lieux inaccessibles par des endroits infranchissables ». Quant à la logistique : « Nous dormirions dans les refuges et les abris. Ce serait une chevauchée, mais à ski. » avaient-ils décidé. Toute la neige et rien que la neige! On aura compris que « Blanc » est un livre de nature, de grand air et de totale indépendance. Revigorant en ces temps de frimas. Tesson y prend d’autant plus de hauteur que, lors de son périple de mars 2020, il est le seul avec Daniel à vivre à l’air libre alors que toute la planète se confine ! D’où ce souffle de liberté absolue à travers les lignes de cette épopée. Outre son sens de l’effort, Tesson y partage son exaltation devant des paysages d’une sublime pureté. Exprime sa peur des avalanches et sa souffrance physique. Puis, nous convie aux bonheurs simples d’un feu de bois et d’une soupe chaude après des heures dans le brouillard et la tempête. Avant d’émailler son essai de réflexions philosophiques et littéraires et de prouver une nouvelle fois, auprès de son guide, son sens de l’amitié et de la solidarité. Impeccable !
Bruce Springsteen : Only the Strong
Par Ph.D
Alors ok, on ne va pas vous dire qu’on aurait pas préféré un album avec le E Street Band, histoire d’avoir de nouvelles chansons à découvrir en live pendant la tournée qui passera par la France en mai 2023. Mais d’un autre côté, on ne crache pas sur un album de Noël du boss. Car c’est bien de cela qu’il s’agit ici : un disque-cadeau pour se mettre dans l’ambiance des fêtes de fin d’année. Quinze reprises soul rutilantes, pleines de violons, de choeurs féminins et de doo-waps. Des classiques (« Night Shift » , « Do I Love You », « My Girl » , « Don’t Play that Song ») à des choses plus obscures (« Hey, Western Union Man « ), interprêtées avec amour, dans le respect des arrangements originaux. N’ayant à se préoccuper que de son chant, Springsteen donne tout ce qu’il a et sa voix n’a jamais été autant mise en valeur. L’ensemble est superbe et s’inscrit mieux dans la discographie « Jersey sound » du boss qu’un véritable album de Noël. Bref, on recommande chaudement.
Stephan Eicher : Ode
Par Ph.D
« Je me demandais si l’on pouvait, avec mes musiciennes et musiciens, faire un disque qui vous prenne musicalement dans les bras« . C’est ainsi que Stephan Eicher présente son nouvel album Ode, qui compile les deux EP parus au printemps et 5 titres inédits. Composées pendant la pandémie, ces 12 chansons de toute beauté alternent les ambiances et les sentiments. Elles forment le premier véritable album de Stephan Eicher depuis longtemps. Philippe Djian en est toujours le parolier principal et en les écoutant pour la première fois, on se dit qu’on n’en épuisera pas le charme en quelques écoutes. Effectivement, le disque infuse lentement, jusqu’à devenir tout à fait précieux. Un nouvel opus majeur de l’helvête underground : c’est tout ce dont on avait besoin pour finir l’année en beauté.
Dropkick Murphys : This Machine…
Par Ph.D
Le titre (« This Machine Still Kills Fascists« ) dit bien l’intention : rendre hommage à Woody Guthrie dans un album engagé. Pour ce faire, les Dropkick Murphys ont, paradoxalement, choisi de déposer les armes. Ici, pas de guitares incendiaires, ni de batteries gonflées aux hormones : Ken Casey et sa bande se la jouent acoustique, fidèles en cela au folk de Woody. Les fans de punk celtique ne devraient pourtant pas être déçus. Même privé d’électricité, le groupe de Boston n’a pas son pareil pour balancer des chansons à boire. Tous les refrains pourraient être braillés en choeur dans un stade de foot. Cet album sent la bière, la sueur et les backstages. C’est ce qu’on a fait de mieux dans le genre depuis le premier Pogues. Tout simplement !
God Of War : Ragnarok
Par Cédric Coppola
« L’équilibre avant tout ». Le nom donné au mode de difficulté standard des nouvelles aventures de Kratos résume parfaitement l’esprit du AAA développé par Santa Monica Studio… Parfait sous toutes ses coutures, ce second volet consacré à la mythologie nordique nous donne l’occasion de retrouver le Dieu de la guerre quelques années après les évènements de l’opus sorti en 2018… Et bien entendu, il n’arrive pas seul puisque son fils Atreus / Loki reprend, lui aussi, du service et s’impose même comme le personnage principal de cette histoire de filiation, où vengeance et trahison ne sont jamais bien loin. Tout le long du périple qui nous fait traverser les neuf royaumes, le duo s’en donne à cœur joie. Comme on pouvait s’y attendre, le célèbre guerrier barbu a toujours à sa disposition sa hache de Leviathan glacée et ses flammes du chaos, à savoir des chaînes chaudes comme la braise. Deux armes démoniaques aux multiples capacités que l’on améliore au fil du temps en fonction de l’expérience glanée, en tuant un bestiaire très varié ou en ouvrant les fameux coffres planqués le long du chemin. D’une beauté stupéfiante avec des décors qui dépaysent constamment le gamer, ce GOW 2022 est une vitrine technique de choix… Mieux si l’on dispose d’une PS5 et d’une TV équipée d’une prise HDMI 2.1, on peut soit privilégier la performance, avec un rendu à 60 fps, soit la résolution, avec du 4K à 40 fps. Dans les deux cas, c’est stable et le jeu ne ralentit jamais.
Moins axé beat’em all que la trilogie initiale, le jeu précédent était un véritable jeu d’action / aventure. Cette suite repousse encore les limites et on sent une inspiration Zelda dans la construction des donjons, où on alterne combats et phases de puzzles. Celles-ci ont le mérite d’être bien conçues, pour nécessiter un petit temps de recherche sans frustrer le joueur. Il n’est par exemple jamais question d’aller chercher un objet à l’autre bout de la map pour avancer dans l’intrigue principale. Un bon point. Parti pris inattendu et assez déstabilisant, on est souvent amené à diriger Atreus sans son papa. L’adolescent, archer expert, prend de l’assurance et s’entoure de ses propres amis en tant que soutien. Des passages plus psychologiques, initiatiques, qui contrebalancent la fureur de Kratos, qui de son côté ne se prive pas de multiplier les exécutions barbares. La mise en scène visuelle – on a toujours droit au plan séquence intégral – et la conception sonore, avec un travail sur le mixage qui force le respect font le reste. Avec son gameplay nerveux, ses nombreux mini-boss et ses boss spectaculaires, même si on en aurait aimé davantage -,God Of War : Ragnarok achève de convaincre les gamers et s’impose comme une exclusivité PS4 / PS5 incontournable. L’intrigue est véritablement palpitante et prend de plus en plus d’ampleur au fil des heures, avec un conflit sur fond de destinée et de fin du monde qui résonne par les temps actuels… Qui plus est, les habitués retrouveront les personnages connus comme Freya la sorcière, l’imposant Thor et le terrible Odin, antagoniste de choix de ce titre mémorable qui marque cette année vidéoludique de son empreinte. Seule petite ombre au tableau : Elden ring est sorti cette année… enlevant du coup à cette superproduction le titre de GOTY qui lui aurait été décerné en temps « normal »… (Jeu testé sur PS5)
Elvis
Par J.V
Le pitch
La vie et l’œuvre d’Elvis Presley (Austin Butler) à travers le prisme de ses rapports complexes avec son mystérieux manager, le colonel Tom Parker (Tom Hanks) . Une relation étalée sur une vingtaine d’années, de l’ascension du jeune chanteur à la gloire planétaire, sur fond de bouleversements culturels et de la découverte par l’Amérique de la fin de l’innocence…
Ce qu’on en pense
Qui mieux que Baz Luhrmann, cinéaste de l’outrance et de la démesure, pour s’attaquer au biopic d’Elvis Presley ? Dévoilé en avant première mondiale à Cannes, le film remplit parfaitement son office, avec un Austin Butler magistral dans le rôle titre et une nouvelle performance oscarisable de Tom Hanks dans le rôle du manager-pygmalion, manipulateur et cupide, le tristement célèbre colonel Parker qui, jusqu’au bout, a exploité son poulain comme un phénomène de foire. En plus de conter l’histoire du King et de rendre hommage à son talent d’interprête et de showman, Elvis retrace tout un pan de l’Histoire des Etats-Unis, les années 50-70 marquées par la ségrégation, la lutte pour les droits civiques et l’avènement d’une jeunesse avide de liberté et d’expériences nouvelles. Un divertissement haut de gamme servi par une mise en scène virevoltante et une bande originale tonitruante. On n’en attendait pas moins du biopic du King !