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Bob Dylan : Shadow Kingdom

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Par Ph.D

Enregistré en juillet 2021, Shadow Kingdom est la captation d’un concert filmé de Bob Dylan pour un livestream de confinement.  Si, comme nous, vous aviez vu passer l’invitation à vous connecter et avez renoncé à investir quelques dizaines d’euros dans la chose, vous pouvez vous en mordre les doigts  jusqu’au coude.  Dylan qui, quand il ne massacre pas ses chansons les plus emblématiques, semble absent de ses propres concerts depuis des lustres,  était bien présent et sacrément bien accompagné ce soir-là. Il a même donné son meilleur live du siècle,  avec une setlist presqu’entièrement composé de classiques  (« Forever Young », « It’s All Over Now, Baby Blue », »Queen Jane Approximately » « Pledging My Time », « The Wicked Messenger », « Tombstone Blues« …),  chantés avec amour et de sa meilleure voix. La dernière fois qu’il s’était autant appliqué à faire joli,  c’était pour le Live at Budokan en… 1979 ! C’est ainsi qu’à 82 ans, et à la surprise générale,  le barde du Minnesota livre un des meilleurs albums live de sa carrière. L’écouter donne évidemment trés envie de réserver pour son concert du 27 juin à Aix en Provence. Même si la prudence, encore une fois, conseillerait de garder ses sous pour la sortie du DVD de Shadow Kingdom…

Un Petit frère

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Par Ph.D

Le pitch

Quand Rose (Annabelle Lengronne) arrive en France, elle emménage en banlieue parisienne avec ses deux fils, Jean et Ernest. Construction et déconstruction d’une famille, de la fin des années 80 jusqu’à nos jours.

Ce qu’on en pense

Cinq ans après sa Caméra d’or pour l’ébouriffant Jeune femme,  qui avait révélé Laetitia Dosch,  Léonor Serraille était de retour sur la Croisette en mai dernier pour présenter en compétition officielle cette fois son deuxième long métrage. On se demande encore comment le jury a pu rester insensible à ce film et surtout à son interprête principale , la formidable Annabelle Lengronne à laquelle le prix d’içnterprétation féminine semblait promis. S’inspirant de l’histoire de sa belle famille, la réalisatrice tisse avec Un Petit frère une touchante saga familiale sur fond d’immigration africaine. Divisé en trois parties,  correspondant à un moment clé de la vie de ses trois personnages principaux (Rose, Jean , Ernest), le film suit les périgrinations sociales et amoureuses de l’héroïne principale, une mère immigrée qui élève seule ses deux fils, entre Paris (où elle s’installe chez des cousins) et Rouen où l’amènera une de ses rencontres amoureuses. Mère de quatre enfants, dont les deux ainés sont restés au pays et femme de ménage pour survivre, Rose n’a renoncé ni à sa liberté, ni à sa vie de femme. Elle place tous ses espoirs dans Jean, brillant élève qui, en l’absence de père et de ses grands frères, assume bravement le rôle d’ainé et d’homme de la famille. Son petit frère Ernest a un tempérament plus doux et effacé. Leonor Serraille les filme avec la même attention et la même pudeur que sa Jeune Femme, semblant leur inventer un destin au fil des scènes,  comme si rien n’était écrit d’avance. « Ce n’est pas rien un petit frère » est-il dit dans une dernière scène où Ahmed Sylla va vous tirer des larmes. On pourrait en dire autant du film, n’en déplaise au jury cannois.

Knock at the Cabin

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Par J.V

Le pitch

Alors qu’ils passent leurs vacances dans un chalet isolé en pleine nature, une jeune fille et ses parents sont pris en otage par quatre étrangers armés qui exigent d’eux un choix impossible afin d’éviter l’imminence de l’apocalypse. Alors qu’ils n’ont pratiquement aucun moyen de communication avec le reste du monde, ils vont devoir prendre et assumer une terrible décision…

Ce qu’on en pense

M. Night Shyamalan est de retour avec un nouveau thriller au suspense haletant qui ne déparera pas sa brillante filmographie. Un huis clos construit comme une tragédie classique ( unité de temps et de lieu),  qui déjoue tous les codes de l’horror survival,  avec des preneurs d’otages bienveillants et une famille homoparentale placée dans une situation kafkaïenne.  Loin d’être des arguments de pure bienpensance, le couple gay et sa fille adoptée, d’origine asiatique, sont là pour interroger les notions de famille, d’amour et de sacrifice, transmettant un message fort au sein d’un film tendu à la réalisation millimétrée. Du grand Night Shyamalan !

Astérix : L’Empire du milieu

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Par Philippe DUPUY

Le pitch

En 50 avant J.C. L’Impératrice de Chine est emprisonnée suite à un coup d’état fomenté par Deng Tsin Quin (Bun-Hay Mean) , un prince félon.  Aidée par Graindemaïs (Jonathan Cohen), le marchand phénicien, et par sa fidèle guerrière Tat Han (Leanna Chea), la princesse Fu Yi (Julie Chen), fille unique de l’impératrice, s’enfuit en Gaule pour demander de l’aide aux deux valeureux guerriers Astérix (Guillaume Canet) et Obélix (Gilles Lellouche), dotés d’une force surhumaine grâce à leur potion magique. Mais César (Vincent Cassel) et sa puissante armée, toujours en soif de conquêtes, prennent eux aussi la direction de l’Empire du Milieu…

Ce qu’on en pense

Difficile challenge pour Guillaume Canet que de se confronter au 14 millions d’entrées et (surtout) à l’unanimité critique de l’Astérix : Mission Cléopatre d’Alain Chabat.  Pour y parvenir, l’acteur-réalisateur a tout misé sur une histoire originale qui, pour la première fois,  n’est pas une adaptation des aventures du célèbre gaulois,  et sur un casting aux petits oignons. Si,  côté scénario et gags on reste sur sa faim, côté casting, par contre, c’est la fête :  le couple Panoramix/Bonnemine trouve des interprêtes parfaits en Jérôme Commandeur et Audrey Lamy, Vincent Cassel fait un César formidable, Marion Cotillard n’a que deux scène en Cléopatre mais on s’en souviendra (comme de son dernier message à César : « Tu n’es pas près de revoir ma petite pyramide » !), Angèle fait une Falbala trés ressemblante, Pierre Richard un Panoramix tout trouvé et Philippe Katerine un Assurancetourix idéal. Ramzy Bedia et Jonathan Cohen sont très drôles en marchands orientaux et Gilles Lellouche, en Obélix, succède sans faillir à Gérard Depardieu, ce qui n’avait rien d’évident. On est moins fan de Canet en Astérix et de sa propension à faire de leur duo un couple de grands enfants attardés. Côté réalisation, malgré le budget pharaonique de la production,  l’image est assez moche et les inévitables scènes hommage aux films de sabre,  sont très mal filmées. Résultat des courses,  cet Astérix en Chine, moins catastrophique que celui de Thomas Langmann (Astérix aux Jeux Olympiques– 2008)  est plus proche de l’honnête film de Laurent Tirard (Au service de sa majesté–  2012) que de celui, décidément indéboulonnable, d’Alain Chabat.

 

 

Babylon

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Par Ph.D

Le pitch

Dans le Hollywood des années 20, Jack Conrad (Brad Pitt) est une star du cinéma muet, Nellie LaRoy (Margot Robbie) une actrice débutante et Manny Torres (Diego Calva), un jeune garçon qui rêve de travailler dans le milieu du cinéma. Leurs destins vont se croiser et exploser dans un maelstrom de tournages et de fêtes orgiaques…

Ce qu’on en pense

Un mélange d’Il était une fois… à Hollywood et de The Artist, filmé par le Baz Luhrmann de Gatsby le Magnifique : trois heures d’orgie visuelle,  dont on ressort rincé mais heureux. Un film comme on n’en fait plus : avec un amour démesuré du cinéma,  des stars, du glamour,  des centaines de figurants et même un éléphant ! Inspiré du fameux livre à scandales de Kenneth Anger (Hollywood Babylon), Babylon raconte les dessous peu reluisants d’Hollywood,  de la grande époque du cinéma muet,  au parlant et à l’arrivée de la couleur. Trois décennies de pure folie où les films et les stars se fabriquaient à la chaine, dans une débauche de dollars, de sexe, d’alcool et de drogue. Le surdoué Damien Chazelle (La La Land, Whiplash) s’est fait plaisir : Babylon est filmé sans compter, à fond les ballons,  au son d’une BO Jazz tonitruante. Brad Pitt et Margot Robbie, échappés du dernier Tarantino,  sont atomiques. La reconstitution des scènes de tournage dans le désert est digne de Cecil B de Mille. La descente finale aux enfers, guidée par un Tobey Maguire méconnaissable en caïd de la mafia, ressemble à du Gaspar Noe. Et le final kaleidoscopique balaye toute l’histoire du cinéma en images d’archives. Bref,  Babylone, c’est Byzance ! 

John Butler : Live in Paris

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Par Ph.D

Quatre ans et une pandémie après la publication de Home, l’un de ses meilleurs albums en trio, John Butler était au Trianon à Paris, les 26 et 27 mai  2022 pour deux mémorables concerts en solo. Alternant guitare sèche et électrique et jonglant avec ses machines pour créer des boucles et des beats électroniques sur ses chansons, l’Australien avait régalé son auditoire en réarrangeant en live les titres folk- rock de ses derniers albums. Alors qu’il revient en France cet été pour une nouvelle tournée en solo (avec un concert à ne pas manquer au Théâtre de verdure de Nice le 28 juin), la captation de ses shows parisiens sort en numérique et en physique. Un double CD/triple vinyle gorgé de musique (15 titres) dans lequel John Butler joue, chante et se raconte comme jamais entre les morceaux. L’écoute donne une furieuse envie de réserver pour les concerts.

Daho : Tirer la nuit…

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Par Ph.D 

Six ans après l’aventureux et un rien rugueux Blitz , Etienne Daho est de retour avec un album plus apaisé. 12 titres sans tube évident (malgré un duo avec Vanessa Paradis sur la chanson titre) qui demandent plusieurs écoutes pour s’apprécier. Il faut quand même arriver à la plage 4  (Les derniers jours de pluie) pour trouver une mélodie vraiment accrocheuse. A partir de là, l’album démarre pour de bon et s’écoute avec plus de plaisir immédiat. Dans les interviews qu’il a accordées pour la sortie, Daho confie l’avoir écrit facilement. Ce qui explique, peut-être, certaines facilités dans l’écriture. Par contre, la production est toujours aussi chiadée. Ceci compense cela.

Successions

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Par MAB

Approcher les grands patrons de l’hexagone n’a pas été aisé pour Raphaëlle Bacqué et Vanessa Schneider. Les Bolloré, Bouygues, Pinault, Arnault, Lagardère et autres sont très discrets. Traditionnellement entourés d’avocats et de conseillers en communication, ils ne s’exposent pas. Les deux journalistes du Monde ont donc mené une longue enquête pour entrer dans leurs univers familiaux et ouvrir les dossiers de leurs successions le plus souvent douloureuses. Sous-titré « L’argent, le sang et les larmes », leur ouvrage montre que la réalité des enjeux économiques , affectifs et narcissiques de ces entreprises de l’ entre-soi, va parfois au-delà des fictions développées dans les romans de Balzac ou les séries télé à succès. Même si elle manque de mordant, d’engagement politique voire d’analyse psychanalytique pertinente, leur enquête donne des faits qui rappellent si nécessaire que l’argent et le pouvoir sont de bien embarrassantes obsessions et névroses. « Choisir parmi les siens, celui qui vous remplacera à la tête de l’entreprise, ce joyau que vous avez créé et que vous connaissez mieux que vos propres enfants tant il a dévoré vos nuits et votre énergie, c’est admettre que l’on est remplaçable donc mortel » écrivent-elles en préambule. Prenons le patriarche Vincent Bolloré. Tout lui est permis: il quitte sa femme pour sa belle sœur. Voit ses enfants s’éloigner de lui . Les fait revenir dans le giron de l’entreprise,  mais ne cède rien pour autant. Alors que pendant ce temps, Bernard Arnault élève les siens comme des chevaux de course. Ils seront polytechniciens comme lui ou rien (les fils bien sur, pas les filles… ) et que Jérôme Seydoux, ne jugeant personne à sa hauteur,  fait ce qu il veut de sa propre vie et de celle des autres (qui savait que sa première épouse s’est immolée par le feu lorsqu’il est parti pour une autre ? ). Et puis il y aura aussi Arnaud Lagardère, le trublion qui méticuleusement s’acharnera à détruire l’héritage de son père alors que Liliane Bettencourt sera assignée en justice par sa fille… Bref,  les journalistes les passent tous et toutes en revue ajoutant combien les successions des Pinault, Decaux, Peugeot , Hermès, Mulliez, Gallimard, racontent les privilèges, haines et trahisons qui empoisonnent les liens du sang et comment ces grandes familles gardent jalousement le pouvoir en France.

Ryan Adams : Cover Boy

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Par Ph.D

En pleine remontée de sève créative depuis le Covid et les accusations de harcèlement dont il a fait l’objet, Ryan Adams bombarde ses fans d’enregistrements divers et variés. En plus d’un live et d’un nouvel album studio, il vient de publier pas moins de trois albums de reprises qui méritent qu’on s’y arrête. A notre connaissance,  c’est la première fois qu’un chanteur reconnu comme lui reprend, en studio, des albums entiers d’autres artistes. En l’occurence Springsteen (Nebraska), Dylan (Blood on the Tracks)  et…  Oasis (Morning Glory) !  Trois chefs d’oeuvres, dont l’Américain livre des versions à la fois proches et totalement personnelles.  Nebraska est, peut être, le plus proche de l’original, c’est aussi celui qu’on préfère. Mais ses reprises de Blood on the Tracks sont tout aussi inspirées. Quant-à Morning Glory, c’est la surprise du chef ! On attendait plutôt Ryan Adams sur du Neil Young ou du Leonard Cohen (ça viendra peut-être, pourquoi s’arrêter-là?), Oasis est plus éloigné, à priori,  de sa sphère d’inspiration. Du coup, c’est le plus personnel des trois. Ecoutez sa version transfigurée de « Wonderwall » : méconnaissable ! En attendant une hypthétique sortie physique, les trois albums sont disponibles en streaming sur les plateformes. Nebraska est même en téléchargement gratuit sur le site personnel de Ryan Adams. Une aubaine pour les fans !

Garance Meillon : La langue de l’ennemi

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Par MAB

Accaparé par un travail stressant, Romain utilise en permanence des « éléments de langage » qui commencent à opérer un lent glissement dans sa vie personnelle. Le soir ou il se tourne de son coté du lit en murmurant tout bêtement « belle nuit » au lieu de « bonne nuit », sa femme prend peur. Elle est romancière et son rapport particulièrement sensible aux mots que l’on choisit, exacerbe le sentiment de perdre peu à peu l’homme qu’elle aime. D’autant que Romain passe de plus en plus de temps au bureau, sur son smartphone et le week-end, en « brunch » avec ses collègues. Il est si absent même quand il est présent que leur fillette de trois ans ne s’exprime toujours pas.. Que se passe-t-il quand l’intime se transforme en communication ? Quand on est « surbooké« , que l’on doit « gérer » un conflit amical, « maximiser »  ses vacances, vivre « healthy »  et « profiter » ? Avec, La langue de l’ennemi, Garance Meillon aborde par l’angle inédit de la fiction, la question de l’effondrement insidieux du langage. A travers ses personnages qui pourraient être pris chez n’importe quel « consultant » ou «communicant» de trente ans et plus, elle dresse le portrait d’une génération aux prises avec un discours normatif sans précédent. Le délitement de la langue devient alors le reflet d’une société ultra codifiée ou le prêt à penser et à formuler régit toutes les relations sociales et affectives. En installant suspense, interrogation et trouble à travers le regard de sa narratrice, la romancière prouve alors, avec talent, que l’amour meurt quand la langue se dégrade. Non seulement l’amour, mais la pensée et l’âme, donc l’individu tout entier ! Bel ouvrage de résistance. 

Leila et ses frères

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Par Ph.D

Le pitch

Leila (Taranee Alisdousti) a dédié toute sa vie à ses parents et ses quatre frères. Très touchée par une crise économique sans précédent, la famille croule sous les dettes et se déchire au fur et à mesure de leurs désillusions personnelles. Afin de les sortir de cette situation, Leila élabore un plan : acheter une boutique pour lancer une affaire avec ses frères. Chacun y met toutes ses économies, mais il leur manque un dernier soutien financier…

Ce qu’on en pense

Après le thriller policier et judiciaire (La Loi de Téhéran),  l’Iranien Saeed Roustaee s’attaque au film social et familial,  avec Leila et ses frères, un des favoris de Cannes 2022 pour la Palme d’or, hélas reparti bredouille. L’histoire d’une famille iranienne qui tente de se sortir de sa misérable condition. Le moteur de cette tentative est la seule fille de la famille, Leila (formidable Taranee Alisdousti) qui est, aussi, la seule à travailler. Elle pousse ses frères à lancer leur propre business en achetant une boutique. Mais pour cela,  il leur faut convaincre leur père d’investir dans l’affaire les pièces d’or qu’il réservait au mariage du fils d’un cousin éloigné. Entre la possibilité de se faire mousser et celle d’aider ses enfants à se sortir du pétrin, le patriarche ne fera, évidemment, pas le bon choix…  Malgré une durée un tantinet rédhibitoire (2h45), on ne s’ennuie pas une seconde dans cette tragicomédie superbement mise en scène et interprêtée qui brosse un beau portrait de femme battante. 

 

 

Close

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Par J.V

Le pitch

Léo et Rémi, 13 ans, sont amis depuis toujours. Jusqu’à ce qu’un événement impensable les sépare. Léo se rapproche alors de Sophie, la mère de Rémi, pour essayer de comprendre…

Ce qu’on en pense

Trés attendu depuis la révélation Girl (Caméra dOr à Cannes), le nouveau film du belge Lukas Dhont a décroché le Grand Prix cette année sur la Croisette. Récit intimiste déchirant sur le mal être adolescent, porté par l’interprétation d’Eden Dambrine (Leo), le film, tout en sensibilité, ne peut laisser indifférent. Du cinéma à fleur de peau, qui fait parfois songer à celui de Xavier Dolan. En plus mature.

Pacifiction

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Par Ph.D

Le pitch

Sur l’île de Tahiti, en Polynésie française, le Haut-Commissaire de la République De Roller (Benoît Magimel), représentant de l’État Français, est un homme de calcul aux manières parfaites. Dans les réceptions officielles comme les établissements interlopes, il prend constamment le pouls d’une population locale d’où la colère peut émerger à tout moment.

Ce qu’on en pense

Geste cinématographique génial ou nanar de l’année ? La question a divisé la Croisette,  où le film était présenté au mois de mai en fin de compétition. Malgré les dithyrambes d’une critique française en pâmoison et la sympathie que nous inpire Albert Serra,  on pencherait plutôt pour la seconde hypothèse. Pendant près de trois longues heures,  Benoît Magimel promène son ennui et son air mi-ahuri mi-dégoûté sur une île du Pacifique,  ânonnant des dialogues improvisés ou dictés à l’oreillette dans des scènes filmées façon télénovella. Toute l’intrigue tient dans une rumeur : celle d’une éventuelle reprise des essais nucléaires qui pourrait provoquer une explosion sociale. On se demande pourquoi le réalisateur espagnol s’est limité à 2h45 de durée alors qu’il disposait, paraît-il, de 500 heures de rushes ?  Un film de 6 ou 8 heures aurait été un vrai défi. Là, ça joue petit bras.

Mascarade

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Par Ph.D

Le pitch

Lorsqu’un jeune gigolo (Pierre Neney) tombe sous le charme d’une sublime arnaqueuse (Marine Vacth) , c’est le début d’un plan machiavélique sous le soleil brûlant de la Côte d’Azur. Les deux amoureux sont-ils prêts à tout pour s’offrir une vie de rêve, quitte à sacrifier celle d’une ancienne gloire du cinéma (Isabelle Adjani) et d’un riche agent immobilier (François Cluzet)?

Ce qu’on en pense

Terminé juste à temps pour faire la clôture du Festival de Cannes 2022, le quatrième film de Nicolas Bedos a été entièrement tourné sur la Côte d’Azur,  dont il exploite sans vergogne le côté « sunny place for shady people » (Somerset Maugham). Entre comédie noire et mélo flamboyant, Mascarade recycle du déjà-vu côté scénario et ne donne pas une image trés ragoûtante de la région et de ses habitants,  mais est si brillamment écrit,  joué et réalisé qu’on aurait tort de bouder son plaisir. Ne serait-ce que pour Isabelle Adjani dans un grand rôle de diva amoureuse ou Marine Vacth en belle arnaqueuse. Superbement photographié, le film offre un vrai plaisir de cinéma et mérite d’être vu en salles. C’est assez rare dans le cinéma français mainstream pour être soutenu.

Armageddon Time

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Par Ph.D

Le pitch

Dans les années 80Paul Graff (Banks Repeta), jeune garçon sensible et attiré par les arts,  grandit dans le Queens en pleine gentryfication,  au sein d’une famille juive qui croit encore au rêve américain et voudrait qu’il intègre une école privée dirigée par la famille Trump…

Ce qu’on en pense

Gros coup de coeur pour le nouveau James Gray (Little Odessa, Two Lovers, La Nuit nous appartient, Ad Astra…), qui raconte son enfance dans le Queens à New York au début des années 80. Banks Repeta, le  jeune acteur qui joue son rôle,  est tout simplement formidable,  la délicieuse Anne Hathaway incarne sa mère et Anthony Hopkins son grand-père, dans une reconstitution des 80’s aux petits oignons, superbement photographiée par Darius Kondjy. Le titre « Armageddon Time » est emprunté à Clash,  mais on entend surtout Grand Master Flash dans la BO. Sous couvert de portrait de famille auto-fictionnel, le film parle de la montée du libéralisme sauvage,  du racisme et du sentiment anti-immigrés,  dans une Amérique qui s’est pourtant construite grâce à eux. Un James Gray tout en nuances,  qui touche au coeur et frappe la raison. Trop grand public et réussi sans doute pour le jury du Festival de Cannes qui l’a totalement snobé.