Les Amandiers
Par Ph.D
Le pitch
Fin des années 80, Stella (Nadia Tereskiewicz) Etienne (Siofiane Bennacer), Adèle (Clara Bretheau) et toute la troupe ont vingt ans. Ils passent le concours d’entrée de la célèbre école créée par Patrice Chéreau (Louis Garrel) et Pierre Romans (Micha Lescau) au théâtre des Amandiers de Nanterre. Lancés à pleine vitesse dans la vie, la passion, le jeu… Ils vont vivre ensemble le tournant de leur vie, mais aussi leurs premières grandes tragédies…
Ce qu’on en pense
Avec Les Amandiers , Valeria Bruni-Tedeschi revient sur ses années de formation au théâtre du même nom, dirigé par le charismatique Patrice Chereau. La réalisation est brillante et le casting de jeunes comédiens est top. Louis Garrel joue un Patrice Chereau habité et dictatorial. Nadia Tereszkiewicz est le double séduisant de l’auteure dans ses vingt ans. Tout le monde couche avec tout le monde, les filles envoient valser leurs chaussures et leur culotte à la moindre occasion, les gars fument et se cament avec l’air sombre et fievreux. On improvise des scènes hystériques. Le Sida rode… A Cannes 2022, où le film était en compétition, on aurait voulu se laisser emporter par la passion qui anime tout ce joli petit monde, mais on est resté totalement extérieur à l’affaire. Ces théâtreux donnent envie de les laisser théâtrer entre eux.
Armageddon Time
Par Ph.D
Le pitch
Dans les années 80, Paul Graff (Banks Repeta), jeune garçon sensible et attiré par les arts, grandit dans le Queens en pleine gentryfication, au sein d’une famille juive qui croit encore au rêve américain et voudrait qu’il intègre une école privée dirigée par la famille Trump…
Ce qu’on en pense
Gros coup de coeur pour le nouveau James Gray (Little Odessa, Two Lovers, La Nuit nous appartient, Ad Astra…), qui raconte son enfance dans le Queens à New York au début des années 80. Banks Repeta, le jeune acteur qui joue son rôle, est tout simplement formidable, la délicieuse Anne Hathaway incarne sa mère et Anthony Hopkins son grand-père, dans une reconstitution des 80’s aux petits oignons, superbement photographiée par Darius Kondjy. Le titre « Armageddon Time » est emprunté à Clash, mais on entend surtout Grand Master Flash dans la BO. Sous couvert de portrait de famille auto-fictionnel, le film parle de la montée du libéralisme sauvage, du racisme et du sentiment anti-immigrés, dans une Amérique qui s’est pourtant construite grâce à eux. Un James Gray tout en nuances, qui touche au coeur et frappe la raison. Trop grand public et réussi sans doute pour le jury du Festival de Cannes qui l’a totalement snobé.
Rencontre: Snoe
Par Ph.D
Son EP instrumental « Dreamland » (disponible sur toutes les plateformes) est notre coup de coeur de ce début d’année. Guitariste virtuose et mélodiste élégant, Noe Sebban, alias Snoe, nous parle de sa formation à Nice, de ses influences et de ses projets. En bonus, il nous a même offert un playthrough de Dreamland, à voir en vidéo sous l’interview…
Comment as-tu commencé la musique ?
Je suis un peu tombé dedans quand j’étais petit. Mon père jouait de la guitare et mon oncle avait un groupe parodique Les Squatteurs qui se produisait dans la région de Nice. Vers 10 ans, je suis monté sur scène avec eux au Théâtre de Verdure devant 2000 personnes. Ca a scellé ma vocation, je pense.
Quelle a été ta formation musicale ?
J’ai commencé la guitare en autodidacte puis pris des cours à Music 3000 avec Cyro Torres qui m’a fait découvrir la fusion, le metal, Satriani et Steve Vaï. Vers 13 ans, j’ai intégré la classe de musiques actuelles et de jazz du conservatoire de Nice. Jy suis resté jusqu’au bac et j’ai commencé la fac de droit pour faire plaisir à mes parents. Mais au bout d’un mois et demi, j’ai décroché pour revenir à la musique. Mes parents étaient d’accord, à condition que je fasse ça sérieusement. Jai postulé pour l’American School of Music à Paris et j’ai été pris. Le niveau était trés élevé et j’ai bossé comme un dingue pour progresser. En même temps, l’été je jouais sur les plages et dans les restos pour faire un peu de thunes et j’ai même fini par donner des cours de guitare à l’école.
Comment est né le projet Snoe ?
Au départ, c’est mon projet d’études de 3e année à L’American School of Music. On a fait les maquettes avec deux autres élèves de l’école. Après ça, je devais partir au Berklee College of Music de Boston, où j’avais postulé et où j’étais admis. Mais le Covid et le confinement ont un peu chamboulé l’agenda. Faute de pouvoir partir, j’ai pris les maquettes et je suis rentré en studio pour en faire un EP. C’est comme ça que Dreamland est né. Ma copine m’a envoyé cette photo d’un manège dans la forêt à Belgrade et ça a matché tout de suite pour le visuel.
Sur quel matériel joues-tu?
Une Music Man John Petrucci 7 cordes et un pédalier numérique Kemper.
Comment qualifierais-tu ta musique ?
Pour moi, c’est un mélange de metal progressif et de fusion jazz, avec une touche pop. Mon modèle absolu, c’est Steve Lukather de Toto.
Tes projets ?
Faire du live pour montrer qu’on est fiables et signer sur un label. On a 4 titres finalisés sur l’EP et 7 nouveaux instrus dans l’ordi. Ca commence à faire une bonne base pour les concerts. On se produira en formation basse-guitare-batterie-synthés. Ca devait le faire.
Barbara Carlotti: L’art et la manière
Par MAB
Barbara Carlotti a l’art et la manière : elle est autrice-compositrice-interprète ( écoutez son album de 2012 « L’amour, l’argent, le vent » ) . Elle est aussi cinéaste à ses heures. Et comme elle ose tout, elle publie aujourd hui son premier livre de littérature . Un recueil de treize nouvelles érotiques qui font entendre la voix de treize femmes différentes de tous horizons et de tous âges . Des personnages féminins installés dans la vie contemporaine qui cherchent juste à comprendre un temps soit peu leurs relations à autrui lors des élans amoureux et sexuels. Les récits qu’elles déroulent sont brefs et vifs. Sensuels ou pas. Poétiques et crus parfois. Souvent frontaux et effrontés. Osés, certes, mais jamais scabreux pour dire ce qui se joue dans le désir et son incarnation. D’ailleurs, de monologue en monologue, la connivence avec les lectrices et lecteurs s’élargit puisque les pensées de ces femmes se nourrissent de références notoires au cinéma, à la chanson populaire et à la littérature.« Dans la baise, il y a l’art et la manière, les bonnes manières et les mauvais coups . La relation sexuelle, dans ses gouffres charnels, est un langage secret qui dévoile le fond de nos êtres » déclare la première héroïne de Carlotti. Les autres vont la suivre et révéler au fil des mots toutes les heureuses surprises, les déconvenues et parfois même. les extrêmes solitudes et amertumes de leurs aventures. Une preuve parmi une multitude d’autres ouvrages que partout , dans la vraie vie et la fiction, dans la rue et dans les foyers, la parole de la femme s’est libérée. Surtout quand à l’instar de Barbara Carlotti, elle a l’art et la manière de balayer les tabous sans agressivité ni amertume.
Empire of Light
Par J.V
Le Pitch
Hilary (Olivia Colman) travaille dans un cinéma d’une ville balnéaire anglaise et tente de préserver sa santé mentale fragile. Stephen (Micheal Ward) est un nouvel employé qui n’aspire qu’à quitter cette petite ville de province où chaque jour peut vite se transformer en épreuve. En se rapprochant l’un de l’autre, ils vont apprendre à soigner leurs blessures grâce à la musique, au cinéma et au sentiment d’appartenance à un groupe…
Ce qu’on en pense
Après Tarantino (Il était une fois… à Hollywood), James Gray (Armaggedon Time) et Steven Spielberg (The Fabelmanns), Sam Mendes rend à son tour hommage aux salles obscures et au cinéma de sa jeunesse, avec ce film très éloigné de ses précédentes réalisations (Skyfall, 1917). Une romance intimiste, située dans les années 1980, dans laquelle une femme dépressive (Olivia Colman) tombe amoureuse d’un jeune black (Micheal Ward). Un duo d’acteurs impeccable pour un film qui touche par sa justesse et sa simplicité autant que par ses résonnances très actuelles. Colin Firth, dans le rôle du patron abusif, y trouve un rôle plus sombre que de coutume.
Everything, Everywhere….
Par Ph.D
Le pitch
Gérante d’une blanchisserie à New York, Evelyn Wang (Michelle Yeoh) est au bout du rouleau : elle n’aime plus son mari, ni son travail, ne supporte plus son ado de fille, ni son père aux idées rétrogrades et elle croule sous les taxes… Alors qu’elle est, une fois de plus, convoquée par son inspectrice des impôts (Jamie Lee Curtis), elle se retrouve soudain plongée dans le multivers,. Il va lui falloir explorer toutes les vies qu’elle aurait pu mener dans ces univers parallèles, pour sauver le monde de forces obscures et préserver son bien la plus précieux : sa famille…
Ce qu’on en pense
Produit par les frères Russo (Avengers) , Everything everywhere all at once est un vrai-faux film indépendant déguisé en film de super héros (ou l’inverse ?). Enorme succès aux USA, avec plus de 100 millions de dollars de recettes, le film explore à sa manière, totalement déjantée, la théorie des univers parallèles chère à Marvel pour parler… du couple, de la famille et des rapports mère-fille ! Appuyée sur un scénario jubilatoire, dans lequel le spectateur va de surprises en surprises ballotté comme dans un train fantôme, la réalisation des Daniels (Scheinert et Kwan), est un véritable feu d’artifice d’inventivité. Michele Yeoh (Tigre et Dragon, James Bond…) est aussi à l’aise en mère de famille au bord du burn-out qu’en action-woman déchaînée du metavers. Ses duels avec Jamie Lee Curtis, dans le rôle de la méchante, ou avec sa propre fille transformée en mega boss de jeu vidéo, comptent parmi les meilleurs moments du film. Malgré un humour un peu bourrin et un jeu d’acteurs trop démonstratif (à la Jackie Chan), On s’amuse bien. Il faudra plusieurs visionnages (ou une concentration maximale) pour repérer toutes les références cinématographiques. Quelle dinguerie ! Grand vainqueur des Oscars 2023 (meilleur film, meilleure réalisation, meilleur scénario, meilleurs acteurs…), le film a fait l’objet d’une re-sortie en salles.
Un Beau matin
Par J.V
Le pitch
Sandra (Léa Seydoux), jeune mère qui élève seule sa fille, rend souvent visite à son père malade, Georg (Pacal Greggory). Alors qu’elle s’engage avec sa famille dans un parcours du combattant pour le faire soigner, Sandra fait la rencontre de Clément (Melvil Poupaud), un ami perdu de vue depuis longtemps…
Ce qu’on en pense
Avec sa délicatesse habituelle, Mia Hansen-Løve (Bergman Island, Maya, L’Avenir, Un Amur de jeunesse, Eden...) brosse un beau portrait de femme et offre à Lea Seydoux un de ses plus beaux rôles. Les personnnages masculins ne sont pas sacrifiés pour autant : quelle belle idée d’avoir confié le rôle du père à Pascal Greggory ! Les deux acteurs au regard bleu semblent effectivement liés par un lien de parenté. Entre les deux Melvil Poupaud parvient à se faire une place, nouant une relation également complexe avec l’héroïne. Lumineux, touchant jamais plombant, Un Beau matin pourra embellir aussi bien l’après-midi que la soirée.
Lemaitre: Le silence et la colère
Par MAB
Nul n’est censé ignorer Pierre Lemaitre: ses succès de librairie, son prix Goncourt pour « Au revoir là-haut » , les adaptations de ses œuvres vers le cinéma grand public (« Au revoir là-haut » et « Les couleurs de l’incendie » ) . Nombre de lecteurs savent donc que « Le Silence et la Colère » est le deuxième tome de sa saga familiale dite « naturaliste », entamée il y a un an avec « Le Grand Monde » (320 000 exemplaires vendus) et qu’il a pour ambition de suivre une famille durant « Les trente glorieuses ». Cette suite est comme le premier volet, construite en chapitres courts parfaitement calibrés, qui se terminent par un suspense renvoyant au chapitre suivant. Un travail fait tout aussi habilement que le précédent pour plaire, distraire et émouvoir en empilant consciencieusement – Lemaitre a pour maître Zola – tous les sujets qu’il faut traiter en bon historien, sociologue et moraliste. Faisons court pour résumer ce puissant récit . Nous sommes en 1952. Les parents Pelletier vivent à Beyrouth et se passionnent pour les combats de boxe de Lulu, un des ouvriers de leur savonnerie. A Paris, Jean, leur fils aîné, toujours animé de pulsions meurtrières, s’apprête à ouvrir par une gestion douteuse, un grand magasin de prêt à porter. Sa femme, la tyrannique Geneviève, est enceinte de leur deuxième enfant. François, le cadet, amoureux de la mystérieuse Nine, se voit confier la direction des faits divers au « Journal du soir », quotidien dans lequel, Hélène, sa jeune sœur, entre comme photographe et devra assurer un reportage sur l’hygiène des femmes et l’immersion d’un village entier pour la construction d’un barrage… Au gré des tribulations de chacun des membres de cette famille haute en couleurs, plusieurs intrigues d’un genre différent – romance , thriller, tribune sociale – s’entremêlent. Il y est question de destins personnels mais aussi des heurs et malheurs d’une France qui entre laborieusement dans la modernité et peine à entendre les combats silencieux de femmes qui sont encore loin d’imaginer la loi Veil! C’est palpitant.
Vengeful Guardian : Moonrider
Par Cédric Coppola
Les auteurs de Blazing Chrome reviennent avec un nouveau titre qui à n’en pas douter fera le bonheur des gamers nostalgiques de l’ère 16 bits, où la narration n’était qu’un prétexte pour livrer des jeux nerveux, au plaisir immédiat et plutôt difficile à boucler. Sans être trop corsé, ce Vengeful Guardian : Moonrider demande de sacrés réflexes pour venir à bout des huit niveaux traversés par notre soldat robotique. Dans un concept qui rappelle Shinobi voire Strider, on se retrouve face à un jeu de plateforme action en 2D peuplé d’ennemis et de boss. Heureusement, notre héros dispose d’un armement à la hauteur, peut tirer dans toutes les directions et améliorer sa puissance en récoltant des puces. Moins labyrinthique que Metroid et principalement axé sur l’action, ce titre indé à la direction artistique impeccable, bien qu’un peu court, est un véritable défouloir. A essayer ! (Jeu testé sur PS5)
Jack Mimoun
Par J.V
Le pitch
Deux ans après avoir survécu seul sur l’île hostile de Val Verde, Jack Mimoun (Malik Bentalha) est devenu une star de l’aventure. Le livre racontant son expérience est un best-seller et son émission de télévision bat des records d’audience. Il est alors approché par la mystérieuse Aurélie Diaz (Joséphine Japy) qui va ramener Jack Mimoun sur Val Verde pour l’entraîner à la recherche de la légendaire Épée du pirate La Buse. Accompagnés de Bruno Quézac (Jérôme Commandeur) , l’ambitieux mais peu téméraire manager de Jack, et de Jean-Marc Bastos (François Damiens), un mercenaire aussi perturbé qu’imprévisible, nos aventuriers vont se lancer dans une incroyable chasse au trésor à travers la jungle…
Ce qu’on en pense
Excellente surprise que cette comédie d’aventures exotiques signée Malik Bentalha. L’acteur- réalisateur y rend hommage aux films d’aventures iconiques des années 1980 (Indiana Jones et A la poursuite du diamant vert entre autres) qui ont bercé son adolescence et réalise un rêve de gosse en se coulant dans le costume du héros Jack Mimoun. Le film respecte tous les codes du genre, en les assortissant de touches d’humour, mais sans tomber dans le pastiche. Il y a quand même des scènes hilarantes entre Jérôme Commandeur et François Damiens et Benoît Magimel campe le vilain de service avec délectation. Un divertissement familial réussi.
Simone
Par Ph.D
Le pitch
Le destin de Simone Veil, son enfance, ses combats politiques, ses tragédies. Le portrait épique et intime d’une femme au parcours hors du commun qui a bousculé son époque en défendant un message humaniste…
Ce qu’on en pense
Spécialiste du gros biopic à la française ( La Môme, Grace ), Olivier Dahan était un choix tout désigné pour réaliser celui de Simone Veil. Il s’y est attelé avec d’autant plus de détermination que sa famille a connu les camps et qu’il est, comme Elsa Zylberstein qui a porté le projet, trés attaché au « devoir de mémoire ». Bien meilleur que celui de Grace Kelly, ce portrait de la ministre qui a défendu le droit à l’IVG, la dignité des femmes en prison, les malades du Sida et le Parlement Européen (dont elle fut la première présidente) est trés réussi. Il embrasse, dans un ordre non chronologique, toute la vie de Simone Veil, de son enfance niçoise à ses derniers combats politiques, pour former le « voyage du siècle » annoncé par le sous-titre. Le final, sur le retour à Auschwitz, est particulièrement poignant et montre bien où la femme politique a puisé sa détermination à défendre les plus faibles. Rebecca Marder l’incarne avec fougue la jeune Simone et Elsa Zylberstein dans la deuxième partie de sa vie, avec force postiches, maquillage et mimétisme. Ce n’est pas ce qu’on préfère dans le film, mais on peut difficilement lui reprocher d’avoir voulu, à toute force, rendre hommage à cette femme admirable que fut Simone Veil.
L’Innocent
Par Ph.D
Le pitch
Quand Abel (Louis Garrel) apprend que sa mère Sylvie (Anouk Grimberg), la soixantaine, est sur le point de se marier avec un homme en prison, il panique. Épaulé par Clémence (Noémie Merlant), sa meilleure amie, il va tout faire pour essayer de la protéger. Mais la rencontre avec Michel (Roschdy Zem), son nouveau beau-père, pourrait bien offrir à Abel de nouvelles perspectives…
Ce qu’on en pense
Présenté hors compétition à Cannes 2022, le quatrième film de Louis Garrel est sans doute le plus abouti. Une comédie qui flirte avec plusieurs genres (romance, burlesque, polar, familial) pour trouver sa propre voie, originale et séduisante. Tous les personnages sont attachants, à commencer par celui du fils, pour lequel Louis Garrel a puisé dans sa propre expérience (sa mère s’est mariée avec un prisonnier). Roschdy Zem est parfait en voyou à l’ancienne et on retrouve avec plaisir la trop rare Anouk Grimberg dans le rôle de la mère baba cool. Noémie Merlant apporte sa fantaisie au personnage de la meilleure amie-amoureuse et on suit avec amusement les efforts des deux jeunes gens pour « protéger » les plus âgés de leurs travers. C’est intelligent, pétillant, drôle, émouvant et poétique: une réussite.
X
Par Ph.D
Le pitch
Fin des années 70, une équipe de tournage investit une maison isolée du fin fond du Texas pour y réaliser un film X. À la tombée de la nuit, les propriétaires des lieux surprennent les cinéastes amateurs en plein acte. Le tournage vire brutalement au cauchemar…
Ce qu’on en pense
Présenté au festival du cinéma américain de Deauville, X est le premier film de Ti West à sortir en salles. Jusque-là, le réalisateur de Cabin Fever 2, The House of the Devil, The Innkeepers et des séries tirées de L’Exorciste ou de Scream, avait dû se contenter de la VoD ou du streaming. Un grand pas en avant, confirmé par la présentation à Venise de Pearl, tourné dans la foulée de X et qui en est le prequel, alors qu’une suite est déjà en production… De quoi attirer l’attention des amateurs sur cette relecture rétro-moderniste et jouissive du film d’épouvante, façon Massacre à la tronçonneuse. Ti West : retenez ce nom, vous n’avez pas fini d’en entendre parler.
Novembre
Par Ph.D
Le pitch
Au lendemain des attentats du 13 novembre 2015 à Paris, Fred (Jean Dujardin) dirige la cellule anti-terroriste chargée de traquer les terroristes en fuite…
Ce qu’on en pense
Après l’effarant Bac Nord, Cédric Jimenez est de retour avec un film sur les attentats du 13 novembre. Enfin, plutôt sur les suites des attentats, puisque ceux-ci sont laissés rigoureusement hors champ au profit de la traque des terroristes survivants dans les jours qui ont suivi. Jean Dujardin mène l’enquête. Pas forcément la meilleure idée de casting… Sandrine Kiberlain joue sa supérieure mais n’a pas grand chose à défendre. Finalement, c’est Anaïs Demoustier qui tire son épingle du jeu en enquêtrice gaffeuse. Et surtout Lyna Khoudry, la révélation de Papicha, dans le rôle de la jeune beur qui a dénoncé les terroristes. Car, Jimenez a beau empiler les clichés du film d’espionnage et faire de la cellule que dirige Dujardin l’annexe de la CIA dans Jason Bourne, le film ne parvient pas à occulter le fait que, sans ce renseignement miraculeux, les tueurs auraient sans doute réussi à passer entre les mailles du filet. On se demande donc pourquoi le réalisateur a choisi d’héroïser les flics plutôt que la jeune femme ? D’autant que le film nous apprend qu’elle a dû se battre pour obtenir la couverture qui lui avait été promise et sans laquelle elle n’aurait certainement pas survécu à la vengeance des jihadistes. Il y avait là matière à un film autrement plus intéressant. Mais sans doute pas avec, aux manettes, un réalisateur qui a cru bon de l’affubler d’un voile, alors qu’elle a toujours refusé de le porter ! Du fin fond de son exil forcé, la jeune femme a fort courageusement et très légitimement obligé la production à le signaler aux spectateurs.
Season : une lettre pour l’avenir
Par Cédric Coppola
Un mystérieux changement de saison pousse Estelle à quitter son village natal pour vivre une aventure dépaysante. Mais que l’on ne s’y trompe pas, si le point de départ de Season : une lettre pour l’avenir laisse planer le mystère, l’heure n’est pas au combat, mais à la relaxation et à la contemplation. Assurément poétique, le voyage invite à explorer l’environnement. Entre deux promenades à vélo Estelle prend des photos et récolte des témoignages sur ce monde qui se transforme autour d’elle. Les développeurs de Scavengers Studios laissent une grande liberté d’approche en ne rendant pas les missions forcément obligatoires. En découle un jeu à l’écart de toute mode, qui à coup sûr ne laissera personne indifférent. (Scavengers Studios, jeu testé sur PS5)