Ça vient de sortir

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Schlesser : Les Yeux de Mona

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Par MAB

Au début tout est roman. Tout est écrit d’une façon très sentimentale: Mona, 10 ans, est atteinte d’une maladie qui risque de lui faire perdre la vue. Avant que cela n’arrive, son grand-père, veuf inconsolable,  lui prodigue une thérapie plutôt singulière : il l’emmène tous les mercredi, dans les trois grands musées parisiens – d’abord le Louvre, puis Orsay et enfin Beaubourg – pour qu’elle observe longuement de ses propres yeux 52 chefs- d’œuvre, peinture, sculpture et photographie , depuis le 16 eme siècle jusqu’à aujourd’hui. Les dialogues, entre eux, sont un peu artificiels. Le ton de l’aïeul est très didactique.  Mais petit à petit, le récit initiatique choisi par l’historien d’art Thomas Schlesser, fonctionne.  On regarde les œuvres avec la fillette (elles sont d’ailleurs en couleurs à l’intérieur d’une  jaquette qui se déplie  ), on observe chaque détail à travers son regard et l’on écoute les commentaires éclairés qu’en fait son érudit et pédagogue de  grand-père. Trois grandes parties, donc. Et autant de chapitres que d œuvres scrutées. Boticelli en ouverture et Soulages en final.  :« Je souhaitais qu’il y ait une bonne alternance entre des artistes très iconiques comme Léonard de Vinci, Le Carravage, Courbet, Frida Kahlo ou Jean-Michel Basquiat et d’autres beaucoup moins connus comme Julia Margaret Cameron,extraordinaire photographe du 19 eme siècle ou la plasticienne Hannah Hoch »  précise Schlesser. Le résultat est franchement épatant. Comme un conte esthétique et philosophique  qui fait du bien . Donnant avec simplicité et humilité une leçon de savoir voir les beautés du monde et donc de savoir vivre. À mettre entre toutes les mains et à lire et relire dans l’ordre et le désordre avant d’aller redécouvrir toutes ces œuvres.

Little Girl Blue

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Par Ph.D

Le pitch

À la mort de sa mère, Mona Achache découvre des milliers de photos, de lettres et d’enregistrements, mais ces secrets enfouis résistent à l’énigme de sa disparition. Alors par la puissance du cinéma et la grâce de l’incarnation, elle décide de la ressusciter par le cinéma en rejouant sa vie…

Ce qu’on en pense

Comme Kaouther Ben Hania dans Les Filles d’Olfa, Mona Achache mélange fiction et documentaire dans ce film également présenté à Cannes. Ainsi Marion Cotillard, prend-t-elle devant la caméra, les traits et l’apparence de la mère de Mona, photographe et écrivaine à la vie tourmentée, dont le suicide est resté pour ses proches un mystère. En remontant le fil de sa vie et en reconstituant une époque, pourtant pas si lointaine,  où les femmes n’avaient pas la voix au chapitre, sa fille – qui apparait également à l’écran-,  cherche à comprendre son  geste,  mais n’oublie pas de s’interroger, en abime, sur le pouvoir du cinéma et sur le mêtier d’acteur.  Le résultat est encore plus vertigineux que dans Les Filles d’Olfa, avec une Marion Cotillard au sommet de son art transformiste. 

La Passion de Dodin Bouffant

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Par Ph.D

Le pitch

Eugénie (Juliette Binoche), cuisinière hors pair, est depuis 20 ans au service du célèbre gastronome Dodin (Benoit Magimel). Au fil du temps, de la pratique de la gastronomie et de l’admiration réciproque est née une relation amoureuse. De cette union naissent des plats tous plus savoureux et délicats les uns que les autres qui vont jusqu’à émerveiller les plus grands de ce monde. Pourtant, Eugénie, avide de liberté, n’a jamais voulu se marier avec Dodin. Ce dernier décide alors de faire quelque chose qu’il n’a encore jamais fait : cuisiner pour elle…

Ce qu’on en pense

Repartie du Festival de Cannes avec le prix de la mise en scène et sélectionnée pour représenter la France à l’Oscar du film étranger, cette somptueuse adaptation du roman de Marcel Rouff, La Passion de Dodin Bouffant, se déguste comme un repas dans un restaurant étoilé.  N’y allez pas le ventre vide : il n’est question que de manger  ! Et beaucoup d’aimer aussi. Jadis en couple,  Benoît Magimel et Juliette Binoche s’y retrouvent pour camper  des passionnés de cuisine dont toute la vie tourne autour de la préparation de repas pantagruéliques. Tran Anh Hung  (L’Odeur de la papaye verte) filme ces festins avec une telle gourmandise qu’on en salive sur son siège. Le jeu des acteurs a beau être trés théâtral, Magimel a une telle présence qu’il fait oublier les lourdeurs et l’esthétique un brin publicitaire de la réalisation. Le film brille par l’émotion qu’il procure et son approche formelle, lente mais ô combien appétissante.

Simple comme Sylvain

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Par Ph.D

Le pitch

Sophia (Magalie Lépine Blondeau) est professeure de philosophie à Montréal et vit en couple avec Xavier (Francis William Rheaume)  depuis 10 ans. Sylvain  (Pierre Yves Cardinal) est charpentier dans les Laurentides et doit rénover leur maison de campagne. Quand Sophia rencontre Sylvain pour la première fois, c’est le coup de foudre. Les opposés s’attirent, mais cela peut-il durer ?.

Ce qu’on en pense

A Cannes, où le nouveau film de Monia Chokri (Babysitter, La Femme de mon frère) était présenté en sélection officielle, on s’est demandé ce qu’il faisait là ?  A part le côté  « Woody Allen de la Belle province« ,  on n’a pas trouvé grand chose de consistant dans cette énième comédie sentimentale sur l’attirance des contraires. Comme le suggère le titre, Simple comme Sylvain doit sans doute se prendre au premier degré : comme une aimable romance au pays des caribous. 

The Old Oak

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Par Ph.D

Le pitch

TJ Ballantyne (Dave Turner) est le propriétaire du Old Oak, un pub situé dans une petite bourgade du nord de l’Angleterre. Il y sert quotidiennement les mêmes habitués désœuvrés pour qui l’endroit est devenu le dernier lieu où se retrouver. L’arrivée de réfugiés syriens va créer des tensions dans le village. TJ va cependant se lier d’amitié avec Yara (Ebla Mari), une jeune migrante passionnée par la photographie. Ensemble, ils vont tenter de redonner vie à la communauté locale en développant une cantine pour les plus démunis, quelles que soient leurs origines…

Ce qu’on en pense

Il n’existe,  à notre connaissance,  qu’une raison de se consoler de la misère dans laquelle l’Humanité continue de baigner après 3000 ans (et quelques) de  « civilisation » : tant qu’il en aura la force,  Ken Loach continuera à faire des films pour la dénoncer. A 87 ans, le doyen du cinéma anglais, qui avait pourtant annoncé sa retraite, revient avec une nouvelle charge féroce contre le capitalisme et ses corrolaires :   le racisme et la xénophobie. C’est, en effet,  à l’accueil des immigrés qu’il s’attaque cette fois. Il le fait avec la même frontalité que dans ses deux films précédents (Sorry, We Missed You sur l’Uberisation de la société et Moi, Daniel Blake sur les ravages du néo libéralisme). Pas de palme d’or cette années à Cannes, où The Old Oak était pourtant en compétition, mais une bonne claque de rappel aux festivaliers : même si certaines batailles semblent appartenir au passé et si une injustice sociale en remplace vite une autre, le combat pour la justice et la dignité doit continuer à être mené. Et tant pis si les personnages sont toujours aussi manichéens  et si la claque est moins cinglante que dans le passé :  le coeur y est !  

Second Tour

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Par Ph.D

Le pitch

Journaliste politique en disgrâce placée à la rubrique football, Mademoiselle Pove (Cécile de France) est sollicitée pour suivre l’entre-deux tours de la campagne présidentielle. Le favori est Pierre-Henry Mercier (Albert Dupontel), héritier d’une puissante famille française et novice en politique. Troublée par ce candidat qu’elle a connu moins lisse, Mlle Pove se lance dans une enquête étonnante…

Ce qu’on en pense

Même en léger retrait par rapport à ses dernières livraisons (les excellents  Adieu les cons !  et 9 mois ferme),  le nouveau film d’Albert Dupontel plane très au dessus du commun de la comédie française. On ne lui reprochera pas son  scénario biscornu, puisqu’il contribue à garder le spectateur en alerte et à le faire réfléchir à ce qu’il est en train de regarder. Par contre, on se lasse un peu des effets de mise en scène qui ne suffisent pas à masquer un comique répétitif. Dans les rôles du clown et de l’Auguste, Nicolas Marié et Cécile de France en font un peu beaucoup. Mais le début du film est trés drôle et comme on la dit plus haut, c’est du caviar comparé à la concurrence…

L’Enlèvement

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Par Ph.D

Le pitch

En 1858, dans le quartier juif de Bologne, les soldats du Pape PI IX font irruption chez une famille juive, les Mortara. Sur ordre du cardinal, ils sont venus prendre Edgardo, leur fils de sept ans. L’enfant aurait été baptisé en secret par sa nourrice étant bébé et la loi pontificale est indiscutable : il doit recevoir une éducation catholique. Les parents d’Edgardo, bouleversés, vont tout faire pour récupérer leur fils. Soutenus par l’opinion publique de l’Italie libérale et la communauté juive internationale, le combat des Mortara prend vite une dimension politique…

Ce qu’on  en pense

A 84 ans, la vitalité et la créativité de Marco Bellocchio n’en finissent pas d’étonner. Après y avoir présenté Le Traitre en 2019 et Esterno Notte, sa série politique sur Aldo Moro en 2022, le réalisateur italien était de retour cette année à Cannes, toujours en compétition , avec un grand film historique : Rapito (L’Enlèvement),  l’histoire véridique et édifiante d’un enfant juif de Bologne, arraché à ses parents par l’église catholique, au prétexte qu’il avait été baptisé en secret par sa nourrice et qu’il devait donc recevoir une éducation catholique. Pris sous son aile par le Pape Pie IX en personne, le garçon ne sera jamais récupéré par sa famille, mais son cas contribuera à faire tomber le régime religieux. Bellocchio en tire une fresque historique d’une grande ambition formelle, mais tout de même un peu pesante. Certaines séquences auraient mérité d’être plus…  « enlevées »!

L’Abbé Pierre

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Par Ph.D

Le pitch

Né dans une famille aisée, Henri Grouès (Benjamin Lavernhe) a été à la fois résistant, député, défenseur des sans-abris, révolutionnaire et iconoclaste. Des bancs de l’Assemblée Nationale aux bidonvilles de la banlieue parisienne, son engagement auprès des plus faibles lui a valu une renommée internationale sous le nom de l’Abbé Pierre. La création d’Emmaüs et le raz de marée de son inoubliable appel de l’hiver 54 ont fait de lui une icône…

Ce qu’on en pense

Après Goliath, sur le scandale du glyphosate, Frédéric Tellier signe ce biopic « qualité France » de l’Abbé Pierre, porté par un Benjamin Lavernhe habité (César en vue! ). Comme Simone, et en lui souhaitant le même succès public, L’Abbé Pierre est un film avant tout « utile ». Il rappelle aux jeunes générations qu’il ne faut pas se résigner et qu’un seul homme (ou une seule femme) peut faire beaucoup pour le bien commun. En l’occurence, tout l’intérêt de cette « vie de combats »  est de montrer que l’Abbé Pierre n’était pas tout à fait seul. La création et la réussite d’Emmaüs doit beaucoup à son assistante,  Lucie Coutaz (incarnée par Emmanuelle Bercot), dont on avoue avec honte avoir totalement ignoré l’existence et la contribution. Frédéric Tellier fait donc oeuvre doublement utile en rehabilitant sa mémoire. Du coup, on lui pardonne les longueurs et le côté encyclopédique de sa réalisation.

Les Herbes sèches 

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Par Ph.D

Le pitch

Samet (Deniz Celiloğlu), est un jeune enseignant dans un village reculé d’Anatolie. Alors qu’il attend depuis plusieurs années sa mutation à Istanbul, une série d’événements lui fait perdre tout espoir. Jusqu’au jour où il rencontre Nuray (Merve Dizdar), jeune professeure comme lui…

Ce qu’on  en pense

On n’aurait pas parié lourd sur notre capacité à aller au bout d’un nouveau Nuri Bilge Ceylan de 3h17 lors de sa présentation en compétition au dernier festival de Cannes. Allez savoir pourquoi, alors que sa Palme d’or (Winter Sleep) et la plupart de ses autres films nous ont plongé dans des abîmes d’ennui, celui-ci est passé crème. Rien n’a changé pourtant dans le cinéma du réalisateur Turc toujours aussi lent et bavard, aux héros aussi revêches que les paysages d’Anatolie où il se complaît. Pourtant , on a aimé ces Herbes sèchesil ne se passe pas grand chose non plus sinon, vers la fin la possibilité d’une love story qui a valu à l’actrice Merve Dizdar de repartir de Cannes lestée d’un prix d’interprétation féminine surprise. Il y a aussi ce plan sidérant dans lequel le cinéaste brise le quatrième mur de manière tout à fait étonnante… Et signifiante ! Bref, que vous aimiez ou détestiez le cinéma de Nuri Bilge Ceylan, allez voir Les Herbes sèches :  vous pourriez bien trouver que c’est l’un de ses meilleurs films. Sans compter que par ces chaleurs, 3h14 d’hiver Anatolien ça rafraîchit…

Et la fête continue !

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Par Ph.D

Le pitch

A Marseille, Rosa (Ariane Ascaride), 60 ans a consacré sa vie à sa famille et à la politique avec le même sens du sacrifice. Tous pensent qu’elle est inébranlable d’autant que Rosa est la seule qui pourrait sceller l’union de la gauche à la veille d’une échéance électorale décisive. Elle s’accommode finalement bien de tout ça, jusqu’au jour où elle tombe amoureuse d’Henri (Jean-Pierre Darroussin). Pour la première fois, Rosa a peur de s’engager. Entre la pression de sa famille politique et son envie de lâcher prise, le dilemme est lourd à porter.

Ce qu’on en pense

Avec cette comédie dramatique qui réunit sa troupe habituelle (Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Robinson Stévenin…), l’indispensable Robert Guédiguian évoque la tragédie de la rue d’Aubagne où deux immeubles vétustes se sont écroulés  causant la mort de 8 personnes en novembre 2018,  l’élection de la socialiste Michèle Rubirola à la mairie de Marseille qui s’en est suivie après des décennies de municipalité de droite, mais aussi son retrait surprise pour céder la place à Benoît Payan. Placé sous le regard (aveugle !)  d’Homère, dont le buste trône à l’entrée du quartier endeuillé, le film convoque le théâtre antique et le rêve pour appeler au sursaut citoyen, avec une légereté et un optimisme inhabituels chez le cinéaste Marseillais. Le problème étant qu’avec un tel sujet et un tel titre on s’attendait à quelque chose de plus virulent et consistant qu’une aimable romance sexagénaire sur fond de corniche ensoleillée.

Vincent doit mourir

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Par Ph.D

Le pitch

Du jour au lendemain, Vincent (Karim Leklou) est agressé à plusieurs reprises et sans raison par des gens qui tentent de le tuer. Son existence d’homme sans histoires en est bouleversée et, quand le phénomène s’amplifie, il n’a d’autre choix que de fuir et de changer son mode de vie… 

Ce qu’on  en pense

Le film de genre sauvera-t-il le cinéma français ? Découvert à La Semaine de la critique à Cannes, le premier film de Stephan Castang est un choc presque comparable à celui ressenti devant Le Règne Animal. Plus que lui encore, Vincent doit mourir mélange les genres : thriller, drame social, fantastique, zombies, survival, comédie romantique... Tout passe au shaker d’une réalisation épatante, maitrisée et libre à la fois. Karim Leklou est impeccable dans le rôle de l’homme traqué qui ne comprend rien à ce qui lui arrive et Vimala Pons vient donner une dernière touche sexy et romantique à l’affaire. Sous ses atours de série B en roue libre, Vincent doit mourir traite avec originalité de la violence et la paranoia contemporaines. Les scènes de baston dans la fosse septique et de carnage sur l’autoroute resteront dans les annales du genre.

Je me souviens des J.O

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Par MAB

Les JO de Paris ! La ville, la France et le monde prennent leurs marques. Profitant de l’ évènement, Benoît Heimermann a pris un coup d’avance. Ex-grand reporter de L’Équipe, il a eu la bonne idée littéraire de solliciter  vingt-sept écrivains et de demander à chacun d’écrire un chapitre entamé  par le  « Je me souviens » de Georges Perec. Le recueil sera collectif. Chacun relatera un moment choc, une image inoubliable, une édition particulièrement marquante des Jeux de son enfance. « Je me souviens du 18 juillet 1976 » commence alors Maylis de Kerangal . « Les gymnastes étaient des filles de l’Est… On les entraînait durement. Et si elles ne gagnaient pas, elles etaient sanctionnées ». Mais arrive Nadia Comaneci. Le monde entier, médusé devant tant de courage et de grâce, oublie ce qu’elle a enduré pour en arriver là !  Formidable  Nadia ! Philippe Claudel avait le même âge qu’elle en cet été caniculaire de 76. Et dans les tourments de ses 14 ans, s’en déclarait amoureux…  Pourtant c’est la foulée du vainqueur du 110 mètres haies  et « ses jambes dans tous les sens » qui le marqueront à tout jamais. « Guy Drut, c’était nous, c’était moi » affirme t- il. Au tour de Colombe Schneck. Elle, c’est la nage. D’où le souvenir de l’américain Mark Spitz. Un juif athlétique dont la musculature était « à l’opposé des profils avachis des intellectuels de ma famille » dit-elle. Le 3 septembre 1972, à Munich, il gagne sa septième médaille d’or. Deux jours plus tard, le 5 septembre, il est évacué en cachette pour échapper aux terroristes . « Son corps doré ne l’immunisait pas d’être juif »….  On pourrait en choisir encore beaucoup d’autres: Maria Larrea et les jeux de Barcelone de 92 depuis lesquels elle «  regarde toujours les cuisses des hommes ». Jérôme Garcin qui se souvient de Séoul 1988, ou Pierre Durand remporta la médaille d’or avec son cheval Jappeloup. Et terminer, bien sûr, par le texte de Fottorino et  la  si triste défection de Marie-Jo Perec à Sydney en 2000… Ainsi ressurgissent dans une langue souvent savoureuse, tous ces moments héroïques joyeux, comiques ou tragiques et toujours historiques d’Olympiades passées qui rendent impatients d’assister à celles à venir.

Mon oncle d’Australie

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Par MAB

« Que serait une famille sans secret de famille ? »  Fort de cette évidence que chacun d’entre nous ressent d’ailleurs confusément, François Garde a mené une formidable enquête sur son « Oncle d’Australie ». Entre fiction et réalité, il a inventé, imaginé et retrouvé , lui le petit neveu, l’histoire de ce Marcel Garde , 18 ans en l’an 1900. D’après les dits et non dits murmurés à voix basse de génération en génération, le jeune homme fut arraché à sa scolarité et sa Provence natale par son intraitable père pour être embarqué de force sur un paquebot en partance pour l’Australie. Il dut promettre de ne jamais en revenir, ni donner de nouvelles ! Le premier volet s’interroge sur les raisons de cet exil définitif, relate les adieux glacials au père, la longue traversée en troisième classe, l’arrivée d’un jeune immigrant sans le sou  baragouinant un mauvais anglais , la quête désespérée d’un travail dans un pays neuf. Le récit est prenant. Le personnage, devenu romanesque sous la plume de Garde, est attachant. Mais est-ce bien la vérité ? Vient alors la deuxième partie. Garde fouille, interroge, se penche sur des archives. Utilise internet. Constate le trou noir dans lequel a été plongé Marcel: pas de lettre, pas de photo, pas son nom sur le tombeau familial !  Au passage, il découvre et redécouvre les us et coutumes de ses ancêtres, petits industriels de province, corsetés dans leurs croyances et préjugés. Malheureux derrière leur intransigeance. Or, il y aura un épilogue: « Les cadavres reviennent toujours à la surface »,  écrit Garde qui en une troisième partie mettra, enfin, la réalité à jour. Il a réussi, a force de persévérance et de talent, à retrouver les traces du paria. C’est un choc ! L’écrivain édifie alors à l’infortuné Marcel un bouleversant tombeau qui va nous rester longtemps en mémoire. Familles, malgré ce que vous taisez , on vous aime !

Une Année difficile

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Par Ph.D

Le Pitch

Albert (Pio Marmaï) et Bruno (Jonathan Cohen) sont surendettés et en bout de course, c’est dans le chemin associatif qu’ils empruntent ensemble qu’ils croisent des jeunes militants écolos. Plus attirés par la bière et les chips gratuites que par leurs arguments, ils vont peu à peu intégrer le mouvement sans conviction…

Ce qu’on en pense

Il fallait bien que cela arrive : le tandem à succès d’Intouchables, d’Hors Normes, du Sens de la fête et de Samba signe, avec Une année difficile,  son film le moins réussi. On retrouve pourtant la patte d’Eric Toledano et d’Olivier Nakache au début du film, qui intrigue avec une succession d’images des voeux télévisisés des différents présidents de la Ve République,  promettant invariablement à leurs concitoyens une année meilleure que la précédente « qui fut difficile« ,  mises en parallèle avec les combines d’Albert, le personnage d’agent d’aéroport surendetté joué par Pio Marmaï, pour revendre les marchandises oubliées par les passagers. Mais dès sa rencontre avec Bruno, son alter ego dans la dèche ( Jonathan Cohen) et leur plan d’incruste dans une association de militant(e)s écolos,  le film commence à hésiter entre comédie sociale et comédie romantique (Albert tombe immédiatement amoureux de Cactus, militante écolo pure et dure jouée par Noémie Merlant) et finit par nous perdre. Les trois acteurs, rejoints par Mathieu Amalric (impeccable en banquier empathique), ont beau être excellents,  la réalisation s’enlise dans une critique lourdeaude de l’hyperconsommation et de l’écologie punitive et se traine, de manifs en happenings,  vers un final élégiaque, où l’émotion finit par percer enfin.

Nicolas Mathieu : Le Ciel ouvert

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Par MAB

C’est un livre court. Très plaisant à avoir sous les yeux et à tenir entre les mains . Le papier est épais. C’est celui des éditions Actes Sud .Et les textes sont décorés  des dessins multicolores et flamboyants de l’illustratrice Aline Zalko. Un beau recueil dont l’auteur n’est autre que Nicolas Mathieu, prix Goncourt 2018 pour « Leurs enfants après eux« . Il s’intitule  « Le Ciel ouvert » . Ce n’est ni un roman, ni tout à fait une autobiographie. Mais des morceaux choisis, poétiques, sociologiques et politiques dont l’originalité, la pertinence et la colère parfois, se savourent mot à mot. A l’origine de cet ouvrage, il y eut des « blocs de phrases » postés sur les reseaux sociaux pendant quelques années pour s’adresser à une femme aimée, mariée et mère de famille. Un amour clandestin, aussi fou que passager, dont l’écrivain décrivait à la fois l’incandescence et la banalité et qu’il livra jour après jour, à ses 110 000 followers. « C’était une manière de surmonter  la clandestinité, de se donner à soi-même mais devant les autres, le spectacle d’une relation enviable » écrit-il dans l’introduction. Et puis le temps passant et l’idée que   « Nous ne ferons rien de cette histoire, nous ne ferons pas d’emprunts, pas de repas de famille, pas d’albums photos… »  Mathieu  décida d’éditer ces  mots d’amour et de faire de « ce déchirement dans la toile uniforme des jours »  de magnifiques poèmes en prose trempés dans le réel et le quotidienIls parleront à tout un chacun car, au-delà de leur singularité et de leur égotisme  affichés , voire de leur arrogance, ils disent également dans les morceaux choisis suivants toutes les formes d´amour. Celui d’un père pour son fils, cet enfant qui des sa naissance « fait désapprendre la légèreté« . Celui d’un fils pour son père et sa mère. Mais aussi celui d un homme d’aujourd’hui pour tous ses contemporains. Ils  verbalisent enfin l’angoisse du temps qui passe. L’émerveillement et les désillusions de cette vie et de toutes les vies qu’il faut malgré tout saisir à tout prix. Quelle sensibilité et quel talent pour le prouver !