Ça vient de sortir

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Le Barman du Ritz

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Par MAB

Comment Philippe Collin, historien et homme de radio, allait-il utiliser toutes les informations collectées autour du fameux Grand Hôtel du Ritz? Ferait-il un récit historique? Un documentaire audio? Ou bien un roman -son premier- en introduisant de l’intrigue, du suspense et même une histoire d’amour dans ce lieu très fréquenté du Paris de l’occupation? Va pour un roman et c’est le bon choix. D’autant que l’authentique personnage de Frank Meier se prête parfaitement au genre. Comme le titre l’indique, nous sommes, donc, en huis clos, à l’intérieur du palace de la Place Vendôme. Et même derrière son bar clinquant, ou depuis vingt ans, un as des cocktails, désaltère et enivre une clientèle de luxe. Quand s’ouvre le récit, en juin quarante, cet homme a 55 ans. Juif polonais ayant combattu pour la France en 14, il est le narrateur de sa propre histoire et avoue son inquiétude à l’entrée des allemands dans Paris. Mais alors que le couvre-feu est partout de rigueur, le Ritz, lui a le droit de servir les riches de toute provenance. Les nazis et les officiers de la Wehrmacht y viennent donc trinquer avec l’élite parisienne: Jean Cocteau, Gabrielle Chanel, Sacha Guitry, Arletty…Le lieu devient alors un modèle réduit de la France occupée. Un poste d’observation privilégié pour le barman qui tend l’oreille aux intrigues, secrets enfouis, amours impossibles, alliances et trahisons qui se diluent dans les bulles de champagne.D’abord spectateur muet, Frank deviendra par la force des choses, acteur de son destin et de celui de quelques autres.  Une atmosphère trouble de collaboration et délation flotte donc dans ces salons que hantent aussi quelques espions et résistants célèbres. La plume de Philippe Collin la restitue avec une grande précision historique. À travers le destin de cet homme, à qui il rend hommage, il nous plonge dans une époque où nombreux étaient ceux qui devaient lutter constamment entre la peur et le courage. C ‘est brillant.

The Palace

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Par Ph.D

Le pitch

Dans un grand hôtel, le soir du 31 décembre 1999, à l’aube du nouveau millénaire, le destin croisé de plusieurs clients et du personnel de cet établissement situé dans les Alpes suisses…

Ce qu’on en pense

Présenté à Venise le nouveau film de Roman Polanski aura épargné à Thierry Fremaux la peine de le refuser à Cannes. Il aurait pourtant eu de bonnes raisons de le faire, en dehors du fait que Polanski, toujours empétré dans des accusations d’abus sexuels, soit désormais persona non grata dans les grands raouts du cinéma français. Tourné à Gstaad, où le réalisateur nonagénaire  vit désormais à l’année quasi reclus, The Palace est une comédie gériatrique, servie tiède par un casting de vieux acteurs qui ne craignent pas la polémique, ni le cabotinage (Michey Rourke, John Cleese, la fidèle Fanny Ardant... ). L’élégance de la réalisation tranche avec la trivialité des gags et l’indigence du scénario (pourtant co-signé par Jerzy Skolimowski). On n’aura aucune peine à oublier le 24e film de Roman Polanski. C’est, sans doute,  le meilleur service à lui rendre.

Les Colons

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Par Ph.D

Le pitch

Terre de Feu, République du Chili, 1901. Un territoire immense, fertile, que l’aristocratie blanche cherche à « civiliser ». Trois cavaliers sont engagés par un riche propriétaire terrien, José Menendez, pour déposséder les populations autochtones de leurs terres et ouvrir une route vers l’Atlantique. Sous les ordres du lieutenant MacLennan (Mark Stanley), un soldat britannique, et d’un mercenaire américain (Benjamin Westfall) , le jeune métis chilien, Segundo (Camilo Arancibia), découvre le prix de la construction d’une jeune nation, celui du sang et du mensonge.

Ce qu’on en pense

Il était une fois dans les Andes !  Sélectionné à Cannes 2023, le premier film du chilien Felipe Gálvez Haberle est un choc total. Il raconte la colonisation de la Terre de Feu à travers l’équipée sauvage de trois mercenaires chargés, en 1901, par un gros propriétaire terrien d' »ouvrir une voie vers l’océan« . Ils le feront en massacrant tout sur leur passage.  Le film aurait dû s’appeler Chili Con Carnage ! Les soudards trouveront pourtant pire qu’eux sur leur chemin: un officier Anglais, ancêtre du colonel Kurtz, qui a levé une armée et n’aime pas trop, lui non plus, les autochtones…  Sergio Leone croise le Coppola d’Apocalypse Now et le Paul Thomas Anderson de There Will Be Blood dans ce western rugueux, filmé en format carré et photographié par un génie qui transforme les cieux de Patagonie en chefs d’oeuvre de Salvador Dali. La BO est stridente à souhait et les cartons de chapitrage sont fournis par JLG. En 1h37 chrono, Felipe Gálvez Haberle défouraille une fresque historique épique, violente et époustouflante. Preuve, si on l’avait oublié,  qu’un grand film n’a pas besoin de s’éterniser trois heures. Une vraie leçon de cinéma.  

Stars en guerre

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Par MAB

Est-il indécent de participer au cirque Cannois alors qu’ailleurs tout est chaos? C ‘est la question qui parcourt les réseaux sociaux à l’ouverture de cette nouvelle édition du festival du film. La réponse n’est pas si simple. Car tout n’est pas que futilité sur la Croisette. Loin de là. Exceptées les inévitables montées des marches qui enchantent les photographes, le monde nous saute même si douloureusement aux yeux  dans les témoignages et sur les écrans que les cérémonies en deviennent des tribunes  Celle de mardi soir le prouve.  Est-ce l’époque qui veut cela ? En a-t-il toujours été ainsi?  Comment, par exemple,  les comédiens des années trente ont ils traversé la seconde guerre mondiale ? Quelle a été leur attitude pendant l’occupation? Voici quelques réponses édifiantes données  par  l’historien de cinéma Philippe Durant, même si les noms qui vont suivre ne parleront plus à grand monde. En France, Bernard Blier est fait prisonnier mais s’évade de son Stalag. Jean Gabin, lui, rejoint la marine alors que Jean Marais intègre la 2e DB. En Italie, Lino Ventura fuit le fascisme et monte à Paris alors que l’inoubliable Pierre Dac rejoint de Gaulle et donne de la voix à radio Londres. Mais les femmes aussi agissent. Notamment Marlène Dietrich, qui fournit  de précieux renseignements aux services d’espionnage.. Bien entendu, tous les artistes ne sont pas aussi engagés:  Maurice Chevalier, Fernandel , Guitry, pour ne nommer qu’eux,  poursuivent leurs activités et mènent la grande vie . Danielle Darrieux monte dans « le train de la honte » pour Berlin. Et pendant qu’Arletty tombe amoureuse d’un officier nazi, l’allemand Horst Tappert- futur inspecteur Derrick – devient lui, soldat SS . Bref  la liste de qui à fait quoi pendant ces années de plomb est  longue. L’ouvrage  illustré de Philippe Durant est très documenté. Organisé en 33 chapitres d’une grande clarté, Il pourra captiver ceux qui s’intéressent  non seulement à la grande histoire, mais aussi  aux agissements des « célébrités « face aux tragédies du monde.

 

Edouard Louis : Monique s’évade

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Par MAB

Monique appelle Édouard Louis un soir, en larmes. La voilà de nouveau sous l’emprise d’un homme qui boit, l’insulte et lui mène la vie impossible. La liberté a un prix et elle n’a pas un sou. « Je sais ce que l’on va faire » lui répond son fils, désormais écrivain reconnu. « Tu vas prendre quelques vêtements dans un sac et tu vas partir immédiatement. Tu vas aller chez moi ». Mais Monique, pour récupérer ses papiers, veut attendre que l’homme qui continue de hurler, s’endorme. Elle partira demain. « Tu veux que je reste avec toi au téléphone ? Je peux rester en ligne toute la nuit si tu veux. » lui propose alors Edouard, en résidence d’écriture en Grèce. « S’il me voit parler avec toi, il va s’énerver encore plus » s’affole cette femme soumise à la misère et à la violence qu’elle engendre. Monique s’évade a la vitalité folle de son titre.  Ce n’est ni un roman. Ni une autobiographie. Juste la narration des actes et des mots qu’un fils offre à sa mère pour qu’elle reconstruise sa vie. Comme dans le jeu vidéo qu’il aimait enfant, ou il fallait créer un personnage, c’est à distance, avec son compte en banque alimenté par ses succès littéraires, son téléphone, son ordinateur et des commandes sur le net, qu’il organise le sauvetage. Dans une touchante et étonnante inversion des rôles, il remet sa mère au monde et lui permet de vivre pour la première fois sans dépendre d’un compagnon. Ce fils l’avait blessée avec son premier livre,  En finir  avec Eddy Bellegueule , c’est avec une grande simplicité, mais aussi avec une certaine solennité, qu’il lui construit un refuge réparateur et fait d’elle une héroïne littéraire. « Mesdames et messieurs, merci de faire un triomphe à la mère de l’auteur, Monique » clame le metteur en scène  à Hambourg où se joue le spectacle inspiré de Combats et métamorphoses d’une femme  un des ouvrages d’Edouard.

Paul Auster:  Baumgartner

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Par MAB

« Pour faire ce que tu fais, il te faut marcher…  Écrire commence dans le corps… Tu t’assieds à ton bureau pour noter les mots, mais dans ta tête tu es encore en train de marcher » Désormais, celui qui se parlait souvent à lui-même, ne marchera plus. Pire, il n’écrira plus. Lui dont «  La trilogie New-Yorkaise » est imprimée dans l’identité de toute une génération. Lui que certains auraient bien vu prix Nobel: Paul Auster, le plus francophile des écrivains américains s’est éteint mardi 30 avril à Brooklyn. Après deux dernières années ponctuées de drames (décès de sa petite fille,  puis de son fils Daniel), un cancer l’a emporté à 77 ans. « Sans moi l’avenir se débrouillera très bien » fait-il dire à Baumgartner, son double dans le dernier ouvrage traduit chez Actes Sud. L’avenir se débrouillera d’autant plus qu’Auster laisse une œuvre considérable: plus de trente romans, des scénarios, deux films. Et, en guise d’achèvement ce « Baumgartner ». Paru en 2023, ce roman n’est peut être pas son meilleur. Mais Auster, malade, savait que ce serait « le dernier ». Cela donne à cette bio-fiction, le ton crépusculaire d’un bilan de vie. D’autant que cet écrivain de la mémoire s’y montre plus que jamais hanté par la solitude, la douleur et le deuil. Lire ce long monologue d’un narrateur, cloitré dans sa maison de la banlieue de New-York et hanté par la disparition par noyade de la femme aimée, n’est donc pas toujours facile. L’écriture introspective et labyrinthique est celle d’une élégie qui tente de chasser les blessures de l’existence en convoquant les souvenirs heureux. Mais l’adieu plein de tendresse à la vie, la confiance en l’amour et en l’humanité en font, aujourd hui, un testament particulièrement émouvant. RIP.

Iris et les hommes

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Par J.V

Le pitch

Un mari formidable (Vincent Elbaz), deux filles parfaites, un cabinet dentaire florissant : tout va bien pour Iris (Laure Calamy). Mais depuis quand n’a-t-elle pas fait l’amour ? Peut-être est-il temps de prendre un amant. S’inscrivant sur une banale appli de rencontre, Iris ouvre la boite de Pandore. Les hommes vont tomber… Comme s’il en pleuvait !

Ce qu’on en pense

Après le succès surprise d’ Antoinette dans les Cévennes, Caroline Vignal retrouve Laure Calamy  pour une nouvelle comédie féminine, très urbaine cette fois, dans laquelle l’héroïne se lance dans une quête sexuelle, via les applis de rencontre. Libre et pétillant, le film est distrayant et ne décevra pas les fans d’Antoinette.  Laure Calamy y est trés à son avantage, au contraire de Vincent Elbaz, cantonné dans un rôle trop passif.

 

 

Flo

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Par J.V

Le pitch

Grande navigatrice, Florence Arthaud (Stéphane Caillard) se construit un palmarès unique dans un univers masculin. Au-delà de ses exploits, le film revient sur  l’incroyable destin d’une jeune femme farouchement libre qui décide de rejeter son milieu bourgeois et la vie qui lui avait été tracée, pour vivre pleinement ses rêves.

Ce qu’on en pense

Présenté en avant-première au festival de Cannes ce biopic de la « petite fiancée de l’Atlantique »  ne manque pas de qualités. Elle-même navigatrice et amie de Florence Arthaud, Géraldine Danon dresse le portrait d’une femme libre, amoureuse de la vie… et des hommes,  avec lesquels elle n’a pas fait que se battre sur les océans du globe. Les séquences de navigation, finalement peu nombreuses, sont spectaculaires et Stéphane Caillard est parfaite dans le rôle.  A voir.

Un Hiver à Yanji

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Par Ph.D

Le Pitch

C’est l’hiver à Yanji, une ville au nord de la Chine, à la frontière de la Corée. Venu de Shanghai pour un mariage, Haofeng (Liu Haoran) s’y sent un peu perdu. Par hasard, il rencontre Nana (Zhou Dongyu), une jeune guide touristique qui le fascine. Elle lui présente Xiao (Chuxiao Qu), un ami cuisinier. Les trois se lient rapidement après une première soirée festive. Cette rencontre intense se poursuit, et les confronte à leur histoire et à leurs secrets. Leurs désirs endormis dégèlent alors lentement, comme les paysages et forêts enneigées du Mont Changbai…

Ce qu’on en pense

Découvert au Certain Regard à Cannes  (où Anthony Chen avait reçu la Caméra d’or en 2013 pour son premier film  Ilo Ilo),  Un Hiver à Yanji  est une romance qui assume ses influences :  Jules & Jim de François Truffaut et le cinéma de Wong Kar Wai. On se laisse entrainer dans les paysages enneigés de la frontière sino-coréenne superbement photographiés et dans les jeux de l’amour et du hasard que pratiquent, sans avoir l’air d’y toucher,  les trois protagonistes. Leur marivaudage fonctionne comme une allégorie des  relations entre la Chine et la Corée.

Mes nuits sans Bardot 

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Par MAB

C’est souvent cruel d’être un monstre sacré. Il suffit de se pencher sur « Mes nuits sans Bardot », la biographie romancée que nous propose Simonetta Greggio pour s’en convaincre. La narratrice, en effet, s’est installée dans une maison de Saint-Tropez à côté de « La Madrague », ou la star déchue – 90 ans en septembre prochain – vit recluse entourée de ses chiens. Elle lui écrit chaque jour de longues lettres qu’elle dépose ensuite sous un caillou sans espoir de retour. Le procédé est simple. L’auteure, aidée par l’autobiographie de BB, peut tout se permettre. Et c’est, d’ailleurs, ce qu’elle fait. Imaginant les pensées mortifères de la désormais vieille dame et établissant des correspondances entre la célebrissime actrice des années soixante-dix et sa propre vie de femme libre versée dans « la dolce vita ». Et l’on entend d’ici les réticences des lecteurs. Que peut-on apprendre de plus de BB que l’on ne sache déjà? Cette époque est révolue. Tous ses amants ont disparu. Les nouvelles générations ne la connaissent pas. Rares sont ceux qui continuent à voir les films dans lesquels elle a tourné ( La Vérité, Vie Privée, Le Mépris,  Viva Maria...) Et puis, l’on sait les causes qu’elle a défendues ( Ridiculisée à l’époque, elle était pourtant à l’avant garde pour les bébés phoques !). Mais aussi ses partis pris extrémistes. Ce fils qu’elle n’a pas voulu élever. Les engagements politiques de son dernier mari dont d’ailleurs Simonetta ne parle pas… Oui, tout cela est vrai. Et pourtant revisiter la vie de cette étoile filante et replonger dans cette époque de folie créatrice est passionnant. Notre regard change sur cette rebelle, farouchement indépendante et autonome qui a payé souvent très cher sa beauté, sa célébrité et surtout sa stupéfiante modernité. Cette amoureuse au franc parler qui quittait dès qu’elle s’ennuyait. Celle qui après « Et Dieu créa la femme » fut autant insultée qu’idolâtrée. Qui dut vivre sa grossesse et son accouchement en enfer…Celle surtout qui, dégoutée par le milieu, quitta le cinéma à 38 ans. Bref,  on ne sait trop comment Simonetta s’y est prise,  mais elle a réussi à nous rendre cette insolente Brigitte aussi drôle et attachante pour ce qu’elle a été dans le passé, qu’inspirante pour les femmes d’aujourd hui.

Coup de chance

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Par J.V

Le Pitch

Fanny (Lou de Laâge) et Jean (Melvil Poupaud) ont tout du couple idéal : épanouis dans leur vie professionnelle, ils habitent un magnifique appartement dans les beaux quartiers de Paris et semblent amoureux comme au premier jour. Mais lorsque Fanny croise, par hasard, Alain (Niels Schneider), ancien camarade de lycée, elle est aussitôt chavirée. Ils se revoient très vite et se rapprochent de plus en plus…

Ce qu’on en pense

Troisième film français pour Woody Allen, désormais tricard à Hollywood, qui décline avec Coup de chance  le sempiternel triangle amoureux comme on s’acquitte d’une dette. L’oeuvre d’un cinéaste fatigué, en panne d’imagination et de punchlines, qui n’a fait qu’un passage discret par la Mostra de Venise et sort tout aussi discrètement dans les salles françaises.  Lou de Laâge et Valérie Lemercier parviennent tout de même à tirer leur épingle du jeu, contrairement à leurs partenaires masculins, Melvil Poupaud et Niels Schneider, empêtrés dans des rôles d’hommes forcément toxiques. Le film justifie son titre par sa brièveté. 

 

 

DogMan

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Par Ph.D

Le pitch

Elevé dans une cage avec des chiens par un père alcoolique et violent, Douglas (Caleb Landry Jones) a appris à leur parler et à s’en faire des alliés. Adulte, il se sert d’eux pour voler et le servir mais, déçu par les hommes, il sombre peu à peu dans une folie meurtrière…

Ce qu’on en pense

Même au fond du trou, ruiné et accusé d’agression sexuelle,  Luc Besson refuse de s’avouer vaincu et continue à croire qu’il peut se mesurer à n’importe quel réalisateur d’Hollywood. Une ambition louable mais qui, hélas, a trouvé ses limites avec les échecs de Valerian et de ses plus récentes productions. En ligne de mire, cette fois, Todd Phillips et son Joker, dont DogMan (titre emprunté à Matteo Garrone) pourrait être la version « dog friendly » suédée.  Primé à Cannes pour Nitram, Caleb Landry Jones livre une prestation habitée « à la Joaquin Phoenix », sans convaincre plus que son réalisateur. Il n’y a rien ici qu’on n’ait déjà vu en mieux ailleurs (notamment dans la série The Crowded Room à laquelle est emprunté le procédé qui consiste à raconter l’histoire en flashback à partir de l’ interrogatoire du héros par une psy de la police). bref,  on aurait aimé pouvoir écrire que DogMan avait du chien, mais non : c’est juste du cabotinage. 

Milady

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Par J.V

Le Pitch

Du Louvre au Palais de Buckingham, des bas-fonds de Paris au siège de La Rochelle… Dans un Royaume divisé par les guerres de religion et menacé d’invasion par l’Angleterre, une poignée d’hommes et de femmes vont croiser leurs épées et lier leur destin à celui de la France…

Ce qu’on en pense

Avec 3 millions de spectateurs, le premier volet des Trois mousquetaires version Martin Bourboulon, sorti au printemps,  a connu à peu près le succès escompté. Voici donc la suite, tournée dans la foulée et plus particulièrement consacrée au personnage de Milady. Comme dans le premier film,  hélas, le réalisateur a le plus grand mal à gérer la multiplicité des personnages et des péripéties. S’en suit un montage haché,  qui multiplie les elipses au détriment de la bonne compréhension de l’intrigue et des motivations des personnages. Un comble pour une saga de déjà quatre heures. Les combats et les chevauchées sont toujours spectaculaires,  mais l’émotion reste hors champs, même lors des retrouvailles attendues entre D’Artagnan et Constance lestées de force violons. En attendant un toujours hypothétique troisième épisode  et malgré un casting pléthorique, Eva Green en Milady reste la meilleure (voire l’unique) raison d’aller voir cette suite.

Bâtiment 5

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Par J.V

Le pitch

Haby (Anta Diaw), jeune femme très impliquée dans la vie de sa commune, découvre le nouveau plan de réaménagement du quartier dans lequel elle a grandi. Mené en catimini par Pierre Forges (Alexis Manenti), un jeune pédiatre propulsé maire, il prévoit la démolition de l’immeuble où Haby a grandi. Avec les siens, elle se lance dans un bras de fer contre la municipalité et ses grandes ambitions pour empêcher la destruction du bâtiment 5.

Ce qu’on en pense

Après le choc des Misérables (Grand Prix de Cannes 2019), Ladj Ly calme le jeu avec ce drame social au sujet et au traitement moins polémiques,  dans lequel les affrontements sont purement verbaux. Le film dénonce la spéculation immobilière et le mal logement dans les banlieues en faisant se confronter les points de vues de différents protagonistes,  parmi lesquels le nouveau maire de Montvilliers (double fictif de Montfermeil) joué par l’excellent Alexis Manenti et une fille de la cité devenue militante incarnée par Anta Diaw, découverte dans  Le Jeune Imam de Kim Chapiron. Intéressant mais sans plus, Bâtiment 5  souffre de quelques facilités scénaristiques,  mais surtout de la comparaison avec Les Promesses, de Thomas Kruithof,  où s’illustraient Isabelle Huppert et Rda Kateb sur un sujet trés similaire.

 

How To Have Sex

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Par Ph.D

Le pitch

Afin de célébrer la fin du lycée, Tara (Mia McKenna-Bruce), Skye (Lara Peake) et Em (Enva Lewis) s’offrent leurs premières vacances entre copines dans une station méditerranéenne festive. Le trio compte bien enchaîner les fêtes, cuites et nuits blanches, en compagnie de compatriotes anglais rencontrés à leur arrivée. Pour la jeune Tara, ce voyage de tous les excès a la saveur électrisante des premières fois… jusqu’au vertige. Face au tourbillon de l’euphorie collective, est-elle vraiment libre d’accepter ou de refuser chaque expérience qui se présentera à elle ?

Ce qu’on en pense

Le Consentement, version Springbreakers. Prix Un Certain Regard à Cannes, le film de Molly Manning Walker pose à son tour la question et y répond : certes,  un non n’est pas un oui,  mais un oui n’est pas forcément un vrai oui, non plus. Question d’âge, de circonstances, d’histoire personnelle, de timing, de personnalité… Surtout la première fois.  Tara (Mia McKenna Bruce, excellente )  l’apprendra à ses dépends,  au cours de vacances gâchées en Crête. Entamé comme un énième Very Bad Trip ado et féminin (hurlements suraigus, beuveries, musique de club à donf, confidences sexy…) , HTHS vire au drame intime et passe du holyday movie au film d’auteur sans qu’on l’ait vu venir. Tou(te)s les ados devraient le voir. Les amateurs de bon cinéma aussi, qui retiendront le nom de la réalisatrice anglaise.