Ça vient de sortir

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Les Ames soeurs

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Par J.V

Le pitch

David (Benjamin Voisin), lieutenant des forces françaises engagées au Mali, est grièvement blessé dans une explosion.  Rapatrié en France, il souffre d’amnésie et commence une longue convalescence sous le regard dévoué de sa sœur Jeanne (Noémie Merlant).  Dans la maison familiale des Pyrénées, entre montagnes et lacs, Jeanne tente de raviver sa mémoire, mais David ne parait pas soucieux de se réconcilier avec celui qu’il était..

Ce qu’on en pense

Pas de festival de Cannes cette année pour André Téchiné  – pourtant un vieil habitué-,  dont le nouveau film sort à quelques heures du dévoilement de la sélection officielle.  Son cinéma, pourtant, n’a pas changé et reste toujours pertinent, malgré le poids des ans. L’auteur des Roseaux sauvages et des Egarés met, cette fois, en scène la relation quasi incestueuse entre un frère et une soeur, que vient raviver l’amnésie du garçon. Un sujet risqué, filmé avec énormément de tact et d’intelligence, qui offre à Benjamin Voisin et Noémie Merlant l’occasion d’un très touchant duo.

Infinity Strash : Dragon Quest

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Par Cédric Coppola

Véritable série culte du J-RPG (jeux de rôle japonais) Dragon Quest s’essaie souvent à des spin-off qui peuvent lorgner vers le Muso ou le jeu de construction. Le cas de Infinity Strash : Dragon Quest The Adventure of Dai est assez particulier puisqu’il s’agit d’un jeu inspiré d’un manga lui-même librement inspiré des jeux originaux ! Autant dire que la boucle est bouclée. Le point fort de cette variante est l’histoire épique de Dai (ou Fly pour les nostalgiques du Club Dorothée), jeune homme élevé par des gentils monstres avant d’être promis à un avenir hors du commun lorsque les forces maléfiques menacent de s’emparer du monde. Un récit essentiellement raconté par des images fixes issues de l’animé. Dommage… on aurait aimé davantage de séquences en mouvements… Tout le symbole d’un jeu trop statique et répétitif dans ses mécaniques pour convaincre…. Ainsi, on ne parcourt pas d’immenses contrées. Non, on se contente d’enchaîner les combats contre des créatures et des boss. Le gameplay manque aussi de profondeur, de combos et on a le sentiment de faire et refaire toujours les mêmes actions. Seule la présence du sanctuaire, où l’on descend dans des profondeurs façon rogue-lite pour gagner quelques capacités apporte un chouia de diversité à ce titre essentiellement conçu pour les fans de la franchise. (Disponible sur Nintendo Switch, PS4/ PS5, Xbox Series, PC)

 

 

Beau is afraid

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Par J.V

Le pitch

Paranoïaque sousmis à des bouffées délirantes, Beau (Joaquin Phoenix) doit aller à l’anniversaire de sa mère (Patti LuPone). Mais l’univers semble se liguer contre lui et des souvenirs enfouis émergent devant ses yeux comme autant d’hallucinations…

Ce qu’on en pense

Après Hérédité et Midsommar, deux films d’horreur très singuliers,  Ari Aster s’est lancé dans ce qui pourrait bien être son grand oeuvre : un OFNI (objet filmique non identifié) de trois heures à base d’humour noir et de psychanalyse (la mère juive en prend pour son grade), qui emprunte à tous les genres de cinéma. De l’horreur au thriller psychologique, en passant par l’animation !  Spécialiste des performances hallucinées, Joaquin Phoenix y fait une prestation qui a bonnes chances de rester dans le Top 3 de sa filmographie. Et les scènes dans lesquelles apparaît Denis Menochet valent leur pesant de saucisse… Indescriptible autrement,  Beau is afraid est le genre de « film-trip » qui vous retourne le cerveau dès les premières scènes et vous emmène sur un Grand-huit mental, dont on ne ressort pas indemne. Son statut de film culte est déjà acquis: il faudra l’avoir vu. Evidemment, ça dure trois plombes… Mais don’t be afraid : c’est Beau ! 

Rolling Stones : Angry

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Par Philippe DUPUY

Après une campagne de teasing éclair sur le Net, les Rolling Stones avaient convoqué la presse le 6 septembre  à Hackney au Nord de Londres, pour une conférence de presse qui s’est réduite à une parodie de late show,  avec Jimmy Fallon en intervieweur unique et énamouré (il imite très bien Jagger) . Motif de la sauterie, retransmise en direct sur la chaîne Youtube du groupe, le lancement du  single « Angry », premier extrait de l’album Hackney Diamonds à paraitre le 20 octobre. Leur premier disque de chansons originales depuis l’oubliable A Bigger Bang, paru il y a près de 20 ans.  Produit par Andrew Watt (Iggy Pop, Post Malone, Ozzy Osbourne…), comme le reste de l’album apparemment, « Angry » est rock binaire,  basé sur un riff antédiluvien et une syncope de batterie pachydermique,  avec un gros son FM et un solo de guitare sur 3 notes.  Rien de particulièrement remarquable, sinon que c’est sans doute leur meilleur single depuis « Start me Up »  en … 1981!  Sympa pour se donner la pêche le matin en partant travailler, la chanson vaut surtout par l’interprétation post #MeToo que l’on peut faire de ses paroles. On peut, en effet,  y lire la complainte d’un boomer  (« I’m in a desperate state« ),  qui s’est mal comporté avec les femmes durant sa vie d’homme et fait face aux reproches  (« Don’t be angry with me« ),  traîne sa mauvaise réputation comme un boulet  (« Voices keep echoing calling out my name « )  et craint l’assignation à comparaître  (« The wolf’s at the door with the teeth and the claws »),  mais qui ne s’excuse pas (« I Never Caused You No Pain », « Don’t have to be ashamed »), coupe les ponts  (« Please just forget about me/Cancel out my name/Please never write to me« ) et se barre au Brésil avec une provision de Viagra (« I’m still taking the pills and I’m off to Brazil« ),  en faisant mine de se demander pourquoi on lui en veut tellement (« Ah, why you angry with me? Why you angry?« ). Venant d’un groupe pour lequel le concept de « groupies » a été inventé et dont la discographie est pavée de chansons  sexistes  (« Under my thumb », « Brown Sugar », « Stray Cat Blues« , « Parachute Woman« , « Some Girls« …),  cela ressemble, au mieux,  à un aveu de mauvaise conscience,  au pire (voir le clip ultra vulgos de la chanson) a de la provocation.  Du pur Rolling Stones, en somme ! 

Eric Reinhardt : Sarah…

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Par MAB

Voici résumée la formidable mise en abyme tricotée par Eric Reinhardt et annoncée dès le titre de son nouvel ouvrage : Sarah a confié l’histoire pathétique d’un moment de sa vie, à un écrivain qu’elle admire afin qu’il en fasse un roman. L’écrivain se met donc à l’œuvre sous nos yeux de lecteurs; prénomme son héroïne Suzanne, et interpelle régulièrement Sarah en quête de précisions, de contestations ou de modifications sur les pages qu’il est en train d’écrire. Le livre avance ainsi sur trois niveaux : le récit de Sarah, la narration de Reinhardt et ses digressions d’auteur et d’artiste cultivé. Le roman est puissant, porté par une écriture passant très aisément d’un registre à l’autre, pour un récit somme toute assez contemporain et qui une fois encore chez Reinhardt  (« L’amour et les Forêts » porté à l’écran  par Valérie Donzelli, c’etait lui )  se penche sur les femmes violentées par un mari pervers. En effet, Sarah dite Suzanne ne se sentant  plus aimée comme autrefois par un mari qui la délaisse et l’escroque,  payera trés cher sa décision de quitter un temps le domicile conjugal. Des pages denses et prenantes. Des épisodes complètement insolites voire délirants. Une héroïne parfois exaspérante de naïveté et de masochisme. Et, au bout du compte,  un thriller psychologique d’une sensibilité et d’une intelligence  bouleversantes. Le coup de coeur de cette rentrée.

The Dive

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Par Ph.D

Le pitch

Plongeuses expérimentées, Drew (Sophie Lowe) et sa soeur May (Louisa Krause) se retrouvent après une longue séparation et partent plonger. Un éboulement rocheux piège May à 30 mètres de fond. Drew doit trouver un moyen de la sortir de là,  sans pouvoir espérer le moindre secours extérieur…

Ce qu’on en pense

Remake allemand d’un film norvégien récent (Breaking Surface 2020, disponible sur Prime), The Dive réussit à immerger le spectateur dans un « 127 heures » sous-marin à (littéralement) couper le souffle. Réalisation efficace , dans l’eau et en dehors, excellent casting des deux soeurs (Sophie Lowe et Louisa Krause) dont on devine vite qu’au dela de leur passion pour la plongée (héritée de leur père) tout les sépare, bonne gestion des flashes back,  joli travail sur le son (les adeptes de la plongée savent que le monde du silence est tout sauf silencieux)… Un bon survival des familles à voir en direct DVD.

Laurent Binet : Perspective(s)

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Par MAB

Nous sommes chez les Médicis, à Florence au XVI e siècle. Quelques hauts personnages d’Italie et de France échangent des lettres à propos d’une affaire qui les préoccupe beaucoup : la mort suspecte de Pontormo, un vieil artiste maniériste qui peignait depuis dix ans des fresques dans La Chapelle San Lorenzo. Son corps a été découvert, poignardé, auprès d’un tableau obscène pour l’époque, où la tête de Venus a été remplacée par celle de Maria de Médicis, la fille du duc et de la duchesse de Florence. Un fait divers artistique, politique et religieux qui va mettre à jour toutes les intrigues de ces années traversées par de nombreuses batailles, alliances et mésalliances entre royaumes, principautés et états pontificaux… Laurent Binet (Goncourt du premier roman pour   HHH ) démarre,  comme Laclos et ses Liaisons dangereuses,  par un recueil de lettres miraculeusement conservées et retrouvées dont l’auteur prétend n’être que le traducteur. Tout ce que l’époque connaît de notoriétés s’exprime dans ces missives: Les Médicis, Michel-Ange, Céllini, Vasari, Bronzino , des nostalgiques de Savonarole et même quelques agitateurs du peuple… (Binet a la bonne idée de nous dire qui est qui en préambule ). Papistes ou pas, bonnes sœurs ou laïcs, tous ont de bonnes raisons d’avoir trucidé le vieux peintre acariâtre. Un étonnant jeu de Cluedo historique dont la résolution va bien vous surprendre.

Ride 5

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Par Cédric Coppola

Les amateurs de deux roues seront ravis de chausser leur fidèle destrier mécanique sur Ride 5. Toujours développé par les italiens de Milestone – de véritables spécialistes du genre – ce nouvel opus reprend les bonnes bases de son prédécesseur sorti début 2021.On note donc une fluidité à toute épreuve, des graphismes à la hauteur et une volonté d’être accessible au plus grand nombre grâce à une flopée d’aides au pilotage, bien entendues facultatives pour les pros. L’intelligence Artificielle ANNA, qui permet dans les modes offlines de se frotter à des concurrents calqués sur des comportements humains, est toujours de la partie, mais demeure toujours imparfaite, avec quelques comportements étranges. Avec plus de 200 motos à essayer sur des circuits aux quatre coins du monde, le jeu est complet. Les modes de jeux sont eux aussi nombreux, mais la carrière où on gravit les échelons en enchaînant des courses aurait gagné à innover davantage. Au rayon des nouveautés,  les développeurs se sont surtout concentrés sur des points essentiels : la météo dynamique, qui change pendant les courses et la physique des motos. L’ensemble gagne en réalisme. De quoi donc se laisser tenter pour peu que l’on apprécie le genre. (Jeu testé sur PS5, également disponible sur PC et XBox Series). 

Les gardiennes de la planète

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Par Marie-Aimée Bonnefoy

Le pitch

Une baleine à bosse s’est échouée sur un rivage isolé. Alors qu’un groupe d’hommes et de femmes organise son sauvetage, nous découvrons l’histoire extraordinaire des cétacés, citoyens des océans du monde…

Ce qu’on en pense

Les gardiennes de la planète  est un film documentaire de Jean-Albert Lièvre qui choisit de raconter à la première personne, en immersion dans leurs pensées ( la voix off de Jean Dujardin ), l’épopée maritime de ces géantes des mers, commencée il y a 50 millions d’années. On apprend  que , grâce à leurs facultés cognitives et orales, ces cétacées ont pu dominer les eaux du globe de manière pacifique pendant des siècles et des siècles, jusqu’à ce que les hommes les pourchassent et les utilisent pour s’éclairer, se nourrir et se protéger. Les baleines sont alors passées à deux doigts de l’extinction,  avant qu’ en 1982, leur chasse ne soit interdite. Pas sauvées pour autant, puisque les tonnes de plastiques relâchées désormais dans l’océan rendent leurs repas toxiques…  Mais il est encore temps d’agir,  semblent-elles nous dire.  Le travail de Lievre est sérieux, motivé et instructif. Les images sont spectaculaires et la bande son, jazz et trip hop, entrainante. A voir en famille, puisque le commentaire s’adresse aux enfants.

Comme une actrice

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Par J.V

Le pitch

Anna (Julie Gayet), actrice proche de la cinquantaine, est quittée par son mari, Antoine (Benjamin Biolay), metteur en scène de théâtre. Prête à tout pour ne pas le perdre, elle va jusqu’à prendre l’apparence de la jeune femme (Agathe Bonitzer) avec laquelle il aimerait avoir une liaison. Mais ce double jeu pourrait se retourner contre elle…

Ce qu’on  en pense

Il y avait longtemps que Julie Gayet n’avait pas eu le premier rôle dans un film. On retrouve avec plaisir l’actrice-productrice dans celui d’une femme délaissée qui cherche à reconquérir son homme (Benjamin Biolay) en se glissant dans la peau d’une autre (Agathe Bonitzer). Une fable fantastique et féministe signée Sébastien Bailly (Féminin plurielles) , qui aborde de manière originale la thématique du deuil amoureux et du vieillissement.  Le dernier acte est particulièrement savoureux. 

Ivan Jablonka : Goldman

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Par MAB

Jeune, Ivan Jablonka écoutait plus volontiers Renaud ou Gainsbourg. Il dit même que Goldman était assez méprisé par l’élite intellectuelle de son époque. Mais il est historien. S’intéressant à la chanson de variété comme phénomène du collectif, il s’est donc tout naturellement tourné vers l’ascension régulière du chanteur de « Là-bas » « Elle a fait un bébé toute seule » et « Comme toi »… Le résultat est une somme de plus de 400 pages,  avec tableaux comparatifs et notes de bas de pages qui commence ainsi : « Le 6 mars 1982 à Paris, un chanteur inconnu venu en scooter, franchit le seuil de l’Espace Cardin où est présenté en direct l’émission Champs-Élysées. C’est un jeune homme de trente ans à l’air emprunté, d’apparence assez quelconque, veste grise, jean,chemise blanche, cravate… ». Qui se serait douté, s’interroge Jablonka, que ce grand timide obligé de prendre des bêtabloquants pour monter sur scène allait rester longtemps – jusqu’en 2022 alors qu’il ne chantait plus depuis dix ans – la personnalité préférée des français ? Pourquoi tant d’amour pour un artiste modeste et humble qui s’est longtemps déclaré « vendeur de pompes »  plutôt que musicien pour lui et les autres (notamment Céline Dion) ? Pourquoi un tel engouement pour un solitaire qui, en rupture avec le star system, vivait la notoriété comme une souffrance et finit par disparaître  après avoir initié discrètement Les Enfoirés ? Sans doute parce que ce fils d’immigré juif, était associé à une certaine idée de la France, celle de la méritocratie et de la sociale démocratie. Que ses chansons parlent du quotidien et des aspirations de chacun – et surtout chacune- d’entre nous. Et que, au fond, quelles que soient les modes et les humeurs des temps, l’homme est resté farouchement authentique, tentant de « Changer la vie » sans se trahir . Lisez l’ouvrage de Jablonka, vous chantonnerez les mélodies , revisiterez les textes et vous souviendrez des généreuses et empathiques « années Goldman ».

Sorj Chalandon : L’Enragé

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Par MAB

 «  En 1977, alors que je travaillais à Libération, j’ai lu que le Centre d’éducation surveillée de Belle-Île-en-Mer allait fermer» écrit Sorj  Chalandon en préambule de  L’Enragé. Il s’est donc renseigné sur ce lieu . A compulsé des archives et découvert que ce mot désignait en fait une colonie pénitentiaire pour mineurs. Qu’entre ses hauts murs, où avaient d’abord été détenus des Communards, ont été «  rééduqués  » à partir de 1880 les petits voyous des villes, les brigands des campagnes mais aussi des cancres turbulents, des gamins abandonnés et des orphelins. Les plus jeunes ayant à peine 12 ans.  Des faits  et méfaits authentiques qui deviendront, pour le journaliste-romancier, la matière d’un ouvrage mi documentaire, mi fiction. Un témoignage qui débute le soir du 27 août 1934, quand  56 gamins maltraités et exploités en des travaux forcés, se sont révoltés et ont fait le mur. Les pauvres fuyards furent alors cernés par la mer et traqués par des gendarmes offrant aux « braves gens » du coin  une pièce de vingt francs pour chaque enfant capturé. Après une partie de chasse dans les villages, sur les plages et dans les grottes, tous les fugitifs furent récupérés. Tous sauf un : Jules, le héros de fiction de Chalandon, cet enragé, dont on va suivre la fugue, la volonté implacable et la métamorphose. « Un fauve né sans amour. –  « gosse battu qui me ressemble » écrit l’auteur  d’Enfant  de salaud  et  Profession du père  –  obligé de desserrer les poings pour saisir les mains tendues qui, un matin, s’offrent enfin à lui…Le récit est bouleversant, écrit à la fois comme un roman d’aventure palpitant et comme un témoignage engagé sur l’enfance bafouée et les indignités d’Etat.Une preuve de plus que  Sorj Chalandon– prix Goncourt des lycéens en 2013, pour Le quatrième mur–  ne déçoit jamais qu’il parle de son enfance ou qu’il soit en empathie avec les autres gosses meurtris.

Belezi : Attaquer la terre et le soleil

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Par MAB

L’être humain est un barbare. On le sait depuis la nuit des temps. Et s’il est une folie parmi bien d’autres  – toujours d’actualité –  c’est celle d’aller sous d’autres cieux que les siens s’approprier des terres par le sang et les larmes. Un abus de pouvoir que depuis près de quinze ans ne cesse de déplorer le révolté Mathieu Belezi.Lui, son cheval de bataille est la colonisation de l’Algérie. De roman en roman , il traite ce sujet  toujours sensible avec de plus en plus de rage et d’intensité. Preuve en est son dernier ouvrage,   Attaquer la terre et le soleil Prix du livre inter 2023, dans lequel il revient aux premiers temps de cet enfer oublié ou occulté dont le président algérien vient récemment de réclamer  des comptes à la France.  Son choix narratif est de nous faire entendre deux voix qui s’intercalent d’un chapitre à l’autre. Toutes deux décrivant les mécanismes et les violences quotidiennes de cette installation abusive. D’abord le lamento de Séraphine partie de France en 1840 , avec mari et enfants dans l’espoir de construire pour eux l’avenir meilleur promis par les autorités de son pays. Puis la hargne d’un soldat anonyme qui raconte comment sur ordres braillards de leur capitaine, son bataillon en haillons et la faim au ventre, met le feu aux villages  égorge les hommes et les enfants, viole et éventre les femmes, s’empiffre du bétail et subit les mêmes représailles en retour… Le récit est brut et brutal. D’une violence parfois insoutenable. Et quand ce ne sont pas les armes qui déciment, c’est la canicule et le choléra qui achèvent les miséreuses familles. Mais Belezi l’humanise en optant pour une écriture sèche et très littéraire à la fois. Celle de la déploration et du questionnement tragique: mais pourquoi tout cela?  «  Nous ne sommes pas des anges » s’encourage le soldat. « Sainte et sainte mère de Dieu » supplie désespérément Seraphine. Poignant. 

F1 2023

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Par Cédric Coppola

Codemasters a beau avoir été racheté il y a quelques années par Electronic Arts, la série des F1 a su conserver son essence et retranscrit efficacement ce qu’on éprouve à bord d’une monoplace. Une formule qui, à l’image des licences de sports qui sortent à fréquence annuelle, a du mal à se renouveler, y compris sur un aspect technique. Graphiquement donc, cet opus 23 est similaire à son prédécesseur, c’est-à-dire propre… mais perfectible ! Dualsense en main, c’est une autre histoire puisque les développeurs écossais ont largement repensé la jouabilité au pad, pour améliorer les sensations. Un parti pris payant. Bien entendu, cette correction ne concerne pas les puristes qui prennent déjà leur pied avec un volant, mais cela corrige un des principaux reproches que l’on pouvait faire à F1 2022 et témoigne qu’aucun gamer n’est laissé au stand. Autre point fort : le retour d’un mode scénarisé avec la suite de l’histoire Point de rupture, qui raconte les exploits d’un pilote imaginaire aux dents longues. De quoi apporter un brin de fraîcheur entre une carrière toujours aussi chronophage – la fonction Recherche et développement occupera toujours les mécaniciens en herbe – et des parties en ligne très disputées. Plus anecdotique, l’interface a été légèrement remaniée et gagne en ergonomie. Avec l’ensemble des tracés de la saison en cours, les règles en vigueur et bien entendu les pilotes officiels, F1 2023 colle à la réalité mais sait aussi se montrer souple en permettant de modifier de nombreux paramètres, ce qui ne manquera pas de séduire les amateurs de courses plus arcade. Si l’on ajoute des défis à relever, une intelligence artificielle efficace et une impression de vitesse belle et bien présente, le jeu remplit son pari et saura occuper les afficionados sur le long terme.

 

 

Creed 3

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Par J.V

Le Pitch

Idole de la boxe et entouré de sa famille, Adonis Creed (Michael B. Jordan) n’a plus rien à prouver. Jusqu’au jour où son ami d’enfance, Damian (Jonathan Majors), refait surface. A peine sorti de prison, celui-ci est prêt à tout pour monter sur le ring et reprendre ses droits. Adonis joue alors sa survie, face à un adversaire déterminé à l’anéantir…

Ce qu’on en pense

Acteur vedette de la saga Creed, Michael B. Jordan a pris les commandes pour réaliser ce troisième opus,  qui se révèle aussi réussi que les deux premiers. Malgré l’absence de Sylvester Stallone,  le scénario reste du pur Rocky et ne réserve guère de surprises. La réalisation, par contre, offre des morceaux de bravoure épatants avec des séquences de boxe virtuoses et un final grandiose. L’équilibre entre le drame et la boxe, qui a fait le succès de la franchise,  est toujours bien préservé et le soin apporté aux personnages et à leur psychologie permet de tenir le spectateur en haleine jusqu’au bout. Creed ne faiblit pas.