Un monde violent
Par J.V
Le pitch
Une nuit, en pleine campagne, deux frères braquent un camion de smartphones destinés à l’entrepôt où ils travaillent comme magasiniers. Sam (Kacey Motter Klein), le cadet, y voit l’occasion d’échapper à une vie déjà écrite, de partir vite et loin. Paul (Félix Maritaud), son aîné, est moins sûr de vouloir tout plaquer depuis qu’il a noué des sentiments pour Suzanne (Olivia Côte), leur complice. Au matin, le routier est retrouvé mort. Cet événement va chambouler leurs plans et les plonger dans une spirale de violence.
Ce qu’on en pense
Encore un polar français inspiré des premiers James Gray, avec une fratrie qui verse dans la délinquance et la violence dans un bled perdu. Un premier long métrage prometteur pour Maxime Caperan, qui met en scène Kacey Mottet Klein, Félix Maritaud et Olivia Côte dans des rôles bien écrits. Malgré un ventre mou, le film justifie son titre par une fin musclée.
Sing Sing
Par J.V
Le pitch
Incarcéré à la prison de Sing Sing pour un crime qu’il n’a pas commis, Divine G (Colman Domingo) se consacre corps et âme à l’atelier théâtre réservé aux détenus. À la surprise générale, l’un des caïds du pénitencier, Divine Eye (Clarence Maclin) se présente aux auditions…
Ce qu’on en pense
A la différence d’ Un Triomphe, dans lequel Kad Merad animait un atelier de théâtre en prison comme intervenant extérieur, Sing Sing ne sort pas de l’enceinte pénitentiaire et ne s’intéresse qu’aux prisonniers. Leurs portraits, d’une grande justesse, forment la matière essentielle du film. La plupart sont d’ailleurs de vrais taulards. Face à eux, Colman Domingo épate dans le rôle principal avec une prestation à la Morgan Freeman qui lui fait d’être nommé aux Oscars. La mise en scène, caméra à l’épaule, renforce le sentiment d’immersion, comme il se doit pour un film de prison.
Un Parfait inconnu
Par Ph.D
Le pitch
New York, 1961. Alors que la scène musicale est en pleine effervescence et que la société est en proie à des bouleversements culturels, Bob Dylan (Timothée Chalamet) un énigmatique jeune homme de 19 ans débarque du Minnesota avec sa guitare et son talent hors normes qui changeront à jamais le cours de la musique américaine. Durant son ascension fulgurante, il noue d’intimes relations avec des musiciens légendaires de Greenwich Village, avec en point d’orgue une performance révolutionnaire et controversée qui créera une onde de choc dans le monde entier…
Ce qu’on en pense
Avec Walk The Line, en 2005, James Mangold a ouvert la voie aux biographies filmées de stars sur grand écran. Peu, hélas, ont été au niveau de son biopic de Johnny Cash. Aussi formait-on des prières pour qu’il fasse aussi bien avec celui de Bob Dylan. Le résultat est, effectivement, digne d’éloges, avec un Timothée Chalamet transfiguré dans le rôle du jeune Bob Zimmerman, une reconstitution d’époque aux petits oignons et des scènes musicales qui donnent le frisson. Le film s’intéresse essentiellement aux quatre premières années de son ascension fulgurante (61-65) et au moment où, considéré comme la nouvelle star de la musique folk et de la chanson protestataire, Dylan électrifie son jeu et passe au rock, au risque de se couper de sa fanbase la plus intégriste. Un Parfait inconnu (référence aux paroles de « Like a Rolling Stone » et au mystère entretenu par l’intéressé autour de sa propre personnalité) dresse le portrait d’un artiste décidé à bousculer toutes les conventions, y compris celles de son propre art. La marque du génie.
La Pie voleuse
Par J.V
Le pitch
Maria (Ariane Ascaride) n’est plus toute jeune et aide des personnes plus âgées qu’elle. Tirant le diable par la queue, elle ne se résout pas à sa précaire condition et, par-ci par-là, vole quelques euros à tous ces braves gens dont elle s’occupe avec une dévotion extrême… et qui, pour cela, l’adorent. Pourtant, une plainte pour abus de faiblesse conduira Maria en garde à vue…
Ce qu’on en pense
Retour à l’Estaque pour le marseillais Robert Guédiguian avec ce nouveau film qui rassemble la troupe fidèle de Marius et Jeannette et une nouvelle venue, la narbonnaise Marilou Aussilloux, qui, face à une toujours lumineuse Ariane Ascaride, est la révélation du film. Plus légère qu’attendue dans son traitement, cette Pie voleuse, chaleureuse et humaniste, remet en lumière la notion de « prendre soin », née avec le Covid et un peu trop vite oubliée avec la fin de l’épidémie.
Vol à haut risque
Par J.V
Le pitch
L’US Marshal Madelyn Harris (Michelle Dockery) est chargée d’escorter Winston (Topher Grace), criminel et informateur, qui va témoigner contre un parrain de la mafia. Pendant leur voyage en avion, elle se méfie rapidement du pilote, Daryl Booth (Mark Wahlberg), qui ne semble pas être l’homme qu’il prétend…
Notre avis
Mel Gibson signe avec ce Vol à haut risque une série B sans intérêt, qui aurait tout aussi bien pu sortir en direct dvd ou vod, n’était la présence au casting de Mark Wahlberg (curieusement grimé en Jack Nicholson), en plus de celle de Gibson à la réalisation. On a beau essayer de prendre la chose avec détachement, on s’ennuie ferme dans ce huis clos minimaliste dont le scénario ne vole pas haut.
Château rouge
Par J.V
Le pitch
Quartier de la Goutte d’Or à Paris, métro Château Rouge, collège Georges Clemenceau. Chargés de leur insouciance et de leurs blessures, les adolescents doivent grandir. Ils construisent leurs personnalités, se perdent, se cherchent. Les adultes tentent de les guider malgré la violence du système…
Ce qu’on en pense
Situé dans l’un des quartiers les plus défavorisés de la capitale, le collège Clemenceau accueille des adolescents dont l’avenir est conditionné par leur milieu social. Le documentaire d’Hélène Milano leur donne la parole ainsi qu’aux enseignants et au personnel d’encadrement et dresse, sans surprise, le portrait d’une jeunesse et d’un système d’éducation en grande difficulté . La réalisation est plus digne d’un reportage pour la télévision que d’un documentaire de cinéma.
Jane Austen a gâché ma vie
Par MAB
Le pitch
Agathe (Camille Rutherford) a autant de charme que de contradictions. Elle est célibataire, mais rêve d’une histoire d’amour digne des romans de Jane Austen. Elle est libraire, mais rêve d’être écrivain. Elle a une imagination débordante, mais une sexualité inexistante. La vie n’est jamais à la hauteur de ce que lui a promis la littérature. Invitée en résidence d’auteurs en Angleterre, Agathe devra affronter ses peurs et ses doutes pour enfin réaliser son rêve d’écriture… et tomber amoureuse.
Ce qu’on en pense
Premier essai réussi pour Laura Piani. Non seulement, elle s’est inspirée de ses lectures et de son expérience à la librairie parisienne Shakespeare § Co où elle fut un temps employée. Mais elle a réussi à faire de son héroïne, un personnage d’une comédie romantique pleine d’esprit que n’aurait pas renié l’auteure d’ « Orgueil et préjugés ». C’est à la fois classique et moderne. Drôle et tendre. On en sort ravi et léger. Dans le rôle d’une gracieuse coincée, Camille Rutherford est parfaite.
Better Man
Par J.V
Le pitch
Devenu une star avec le boys band Take That, dans les années 1990, Robbie Williams a peu à peu plongé dans les paradis artificiels avant de retrouver le succès en solo en 1997 avec la chanson « Angels »…
Ce qu’on en pense
Notre avis
Un biopic de Robbie Williams, joué par un singe ? Idée saugrenue… mais qui fonctionne. Pour le spectateur pas spécialement fan du chanteur, une grande partie de la réussite du film de Michael Gracey tient à ce procédé, qui lui donne un aspect fictionnel attrayant en même temps qu’une bonne part d’autodérision. Le final pourra même lui faire verser une petite larme… de crocodile !
La Voyageuse
Par J.V
Le pitch
Iris (Isabelle Huppert) a récemment débarqué à Séoul. Pour faire face à ses difficultés financières, cette femme, qui semble venir de nulle part, enseigne le français à deux Sud-coréennes avec une méthode bien à elle…
Ce qu’on en pense
Après In Another Country et La Caméra de Claire, Hong Sang Soo retrouve Isabelle Huppert (et vice versa) pour la troisième fois, avec une nouvelle variation sur le thème du choc des cultures. On a l’impression d’avoir déjà vu le film (longs plans fixes, discussions alcoolisées…), mais le charme fonctionne toujours.
Jouer avec le feu
Par J.V
Le Pitch
Pierre (Vincent Lindon) élève seul ses deux fils. Louis (Stefan Crépon), le cadet, réussit ses études et avance facilement dans la vie. Fus (Benjamin Voisin), l’aîné, part à la dérive. Fasciné par la violence et les rapports de force, il se rapproche de groupes d’extrême-droite, à l’opposé des valeurs de son père. Pierre assiste à l’emprise de ces fréquentations sur son fils. Peu à peu, l’amour cède place à l’incompréhension…
Ce qu’on en pense
Une nouvelle performance de Vincent Lindon (récompensée cette fois de la coupe Volpi à la Mostra de Venise) dans un film familial et social comme il les affectionne. Face à lui, Benjamin Voisin ( Été 85 , Illusions perdues , Les âmes sœurs ) fait à nouveau parler un talent qui lui vaut de figurer parmi les meilleurs espoirs du cinéma français. Côté réalisation, rien à redire : les sœurs Coulin signent un film sensible et maitrisé.
Brûle le sang
Par Ph.D
Le Pitch
Dans les quartiers populaires de Nice, un pilier de la communauté géorgienne locale se fait assassiner. Son fils Tristan (Florent Hill), qui aspire à devenir prêtre orthodoxe, se retrouve seul avec sa mère en deuil. C’est alors que réapparaît Gabriel (Nicolas Duvauchelle), le grand frère au passé sulfureux, qui revient d’un long exil dans le but de se racheter en lavant l’honneur de sa famille.
Ce qu’on en pense
Arrivé à Nice à l’âge de 13 ans, Akaki Popkhadze s’est largement inspiré de son environnement social et familial pour sa première réalisation : un polar entièrement tourné à Nice, en immersion dans la communauté géorgienne sur une BO électro envoutante (Guillaume Ferran) enregistrée à Miraval. Produit localement par Sébastien Aubert (Adastra) et inspiré des premiers James Gray, ce « Little Odessa niçois » bénéficie d’un casting de choix avec Nicolas Duvauchelle, Finnegan Oldfield et Denis Lavant. Mais ce sont surtout les acteurs locaux qui impressionnent, ainsi que la manière dont sont filmés les quartiers populaires de la capitale azuréenne. Malgré quelques maladresses, le film constitue un premier essai particulièrement prometteur.
Ad Vitam
Par Ph.D
Le pitch
Après avoir échappé à une tentative de meurtre, Franck Lazarev (Guillaume Canet) doit retrouver sa femme Leo (Stephane Caillard) kidnappée par un mystérieux groupe d’hommes armés. Il est rattrapé par son passé et plongé dans une affaire d’Etat qui le dépasse.
Ce qu’on en pense
Ecrit et produit par Guillaume Canet, mais réalisé par un sous fifre , ce thriller le met en scène dans un rôle à la Jason Bourne. Ancien du GIGN, viré après une opération qui a mal tourné, le héros doit sauver sa femme enceinte des griffes de ceux qui ont provoqué son renvoi. Un scénario peu crédible, pour une réalisation de série B d’action qui culmine avec une poursuite dans les airs assez ridicule. Canet, qui n’a plus l’âge du rôle, est le maillon faible d’un casting par ailleurs plutôt bon. Le meilleur atout du film est sa durée : 1h30, c’est vite vu (et vite oublié).
Je suis toujours là
Par MAB
Le pitch
Rio, 1971, sous la dictature militaire. La grande maison des Paiva, près de la plage, est un havre de vie, de paroles partagées, de jeux, de rencontres. Jusqu’au jour où des hommes du régime viennent arrêter Rubens (Selton Mello), le père de famille, qui disparait sans laisser de traces. Sa femme Eunice (Fernanda Torres) et ses cinq enfants mèneront alors un combat acharné pour la recherche de la vérité…
Ce qu’on en pense
Depuis Terre lointaine et Central do Brasil (1995-1998), chaque livraison du Brésilien Walter Salles est attendue comme une promesse de bonheur cinématographique. Drame poignant sur la dictature, Je suis toujours là ne fait pas exception. La famille du film, Walter Salles l’a bien connue. Enfant, il allait jouer ans la grande maison des Paiva, près de la plage d’Ipanema, le quartier chic de Rio. C’est une histoire vraie que le réalisateur de Carnets de voyage relate dans une réalisation précise, documentée, chronologique, adaptée de l’œuvre de Marcelo, l’un des enfants du disparu. En suivant uniquement l’épouse, enfermée dans l’attente et le mépris des militaires, le film laisse le spectateur dans la même ignorance stupéfaite. C’est un peu long (2h17), parfois inutilement détaillé, pas assez à charge peut être… Mais Je suis toujours là a le grand mérite de réactiver toutes les mémoires sur toutes les dictatures. Celle du Brésil a duré 15 ans… Ovationné à Venise, le film a reçu un Golden Globe pour la prestation de l’actrice principale, Fernanda Torres.
Spectateurs !
Par J.V
Présenté à Cannes 2024, le nouveau film d’Arnaud Desplechin est un curieux objet qui, comme son titre l’indique, témoigne de l’expérience qu’est le cinéma pour les spectateurs que nous sommes. Entre film de montage, documentaire et fiction (dans laquelle Desplechin met en scène son double favori Paul Dédalus, ici incarné par plusieurs acteurs), Spectateurs ! est une formidable déclaration d’amour au cinéma. Dans une démarche proche de celle de Jean-Luc Godard dans Histoire(s) du Cinéma, le réalisateur nordiste cherche à percer le mystère de la puissance des images et à expliquer pourquoi certaines nous bouleversent. Mais, contrairement à Godard, son propos reste toujours accessible et les scènes de fiction, qui entrecoupent les extraits et les interviewes, sont de purs moments de cinéma.
Maldoror
Par J.V
Le pitch
Belgique, 1995. La disparition inquiétante de deux jeunes filles bouleverse la population et déclenche une frénésie médiatique sans précédent. Paul Chartier (Anthony Bajon), jeune gendarme idéaliste, rejoint l’opération « Maldoror » dédiée à la surveillance d’un suspect récidiviste (Sergi Lopez). Confronté aux dysfonctionnements du système policier, il se lance seul dans une chasse à l’homme qui le fera sombrer dans l’obsession…
Ce qu’on en pense
Le Belge Fabrice du Welz avait 20 ans lorsque l’affaire Dutroux a éclatée. Il était sans doute le mieux indiqué pour en tirer une oeuvre puissante. De fait, ce Dossier Maldoror est probablement sa réalisation la plus aboutie. Un polar tendu, réaliste et parfaitement documenté, qui dénonce sans détour les failles des systèmes policiers et judiciaires belges et s’offre des échappées purement cinématographiques. Comme celle du mariage du jeune enquêteur obsédé par la traque du criminel, auquel l’épatant Anthony Bajon, prête son physique juvénile. Sergi Lopez, de son côté, campe un Dutroux plus inquiétant que nature.