Le Gang des bois du temple
Par Ph.D
Le pitch
Un militaire à la retraite (Régis Laroche) vit dans le quartier populaire des Bois du Temple. Au moment où il enterre sa mère, son voisin Bébé (Philippe Petit), qui appartient à un groupe de gangsters de la cité, s’apprête à braquer le convoi d’un richissime prince arabe…
Ce qu’on en pense
20 ans après Wesh, wesh qu’est-ce qui se passe ?, Rabah Ameur-Zaïmeche revient en cité pour suivre le destin pitoyable d’un groupe de braqueurs à la petite semaine, qui réussissent le coup de leur vie (braquer le convoi d’un prince saoudien en goguette) avant de tout perdre. Pour raconter cette histoire tirée d’un fait divers, RAZ refuse les codes du polar ou du drame social pour tendre vers un cinéma naturaliste à base de longs plans fixes, de lents déplacement de caméra, de scènes en clair obscur et de dialogues improvisés sur le vif par des acteurs amateurs et professionnels mélangés. Résultat : les scènes les plus prosaïques, comme les réunions de potes au bistrot ou devant les courses de chevaux, sonnent faux, alors que celles qui empruntent à une grammaire cinématographique plus classique, comme le braquage ou un concert de raï, sont plus réussies. Le film dure près de deux heures et c’est beaucoup pour (re)dire que les perdants le restent généralement.
Visions
Par J.V
Le pitch
Pilote de ligne confirmée, Estelle (Diane Kruger) mène, entre deux vols long-courriers, une vie parfaite avec Guillaume (Mathieu Kassovitz), son mari aimant et protecteur. Un jour, par hasard, dans un couloir d’aéroport, elle recroise la route d’Ana (Marta Nieto), photographe avec qui elle a eu une aventure passionnée vingt ans plus tôt. Estelle est alors loin d’imaginer que ces retrouvailles vont l’entraîner dans une spirale cauchemardesque et faire basculer sa vie dans l’irrationnel…
Ce qu’on en pense
Spécialiste du thriller à la française, Yann Gozlan (Captifs, Boite Noire), récidive avec ce polar en partie tourné à Martigues. Diane Kruger y incarne avec conviction une femme d’apparence forte que ses sentiments envers une ancienne liaison (incarnée par Marta Nieto, la découverte de Madre) vont faire dérailler au point de perdre tous ses repères. Co-écrit avec Audrey Diwan (L’Enlèvement), le scénario ménage le suspense et la réalisation lêchée lorgne vers Verhoeven. Le côté sulfureux en moins.
Le Château solitaire dans le miroir
Par J.V
Le pitch
Un beau jour, le miroir dans la chambre de Kokoro se met à scintiller. À peine la jeune fille l’a-t-elle effleuré qu’elle se retrouve dans un formidable château digne d’un conte de fées. Là, une mystérieuse fillette affublée d’un masque de loup lui soumet un défi. Elle a un an pour l’accomplir et ainsi réaliser un souhait. Seulement Kokoro n’est pas seule : six autres adolescents ont le même objectif qu’elle.
Ce qu’on en pense
Présenté au festival d’animation d’Annecy, ce manga joue la carte du fantastique pour aborder les thèmes habituels (adolescence , amitié, difficulté du passage à l’age adulte…), avec toutefois un soin particulier accordé à la psychologie des protagonistes. Dommage que le traitement reste trop sage et qu’il faille attendre les dernières séquences pour que surgisse enfin l’émotion.
Un Automne à Great Yarmouth
Par Ph.D
Le pitch
Octobre 2019, en Grande-Bretagne, trois mois avant le Brexit. Tânia (Beatriz Batarda) organise le travail, transport et logement des travailleurs immigrés portugais de l’usine de volailles de Great Yarmouth, dans le Norfolk. Flottant dans un monde où les bâtiments sont délabrés et les conditions de travail des ouvriers à l’abattoir particulièrement dures, Tânia apprend l’anglais et rêve d’ouvrir un jour un hôtel pour y accueillir les touristes du troisième âge…
Ce qu’on en pense
Cela commence comme un polar, avec un cadavre dans un marais et un conteur en voix off, ça continue comme un documentaire social sur la dure condition des travailleurs immigrés portugais en Angleterre et ça se termine en drame amoureux… Le nouveau film du portugais Marco Martins forme un sorte de dyptique avec son précédent, Saint Georges, qui traitait également des méfaits du capitalisme sauvage. Le trait est aussi sombre que l’image (l’éclairagiste devait être en grêve). Pour amateurs de drames misérabilistes nyctalopes .
Toni en famille
Par Ph.D
Le pitch
Antonia (Camille Cottin), dite Toni, élève seule ses cinq enfants. Un job à plein temps. Elle chante aussi le soir, dans des bars, car il faut bien nourrir sa famille. Toni a du talent. A 20 ans, elle a fait la Star Academy et enregistré un single qui a cartonné. Aujourd’hui ses deux aînés s’apprêtent à rejoindre l’université. Alors, Toni s’interroge : que fera-t-elle quand toute sa progéniture aura quitté le foyer ?
Ce qu’on en pense
Natif de Grasse, Nathan Ambrosioni avait tourné en 2018, à l’âge de 19 ans, son premier long métrage: Les Drapeaux de papier avec Noémie Merlant et Guillaume Gouix. Un premier film salué par la critique, qui lui avait valu le surnom de « Xavier Dolan français« . Après un projet avorté avec Audrey Diwan, on le retrouve à la réalisation de cette production grand public portée par Camille Cottin. L’actrice est parfaite dans ce joli portrait de battante, qui se démène au quotidien pour éduquer cinq ados, tout en entamant une reconversion professionnelle tardive. Tourné à Grasse et Nice, le film est attachant, malgré des personnages d’ados un peu stéréotypés et un scénario sans grand enjeu dramatique. Le jeune réalisateur, que nous avions rencontré pour son premier film (lire ici) et que l’on a eu plaisir à revoir lors de son passage à Nice avec Camille Cottin, indique s’être inspiré des films de Noah Baumbach, Richard Linklater et Hirokazu Kore-eda pour brosser le portrait de Toni, dont le prénom est un hommage à l’actrice Toni Colette. De belles références pour un film qui évite les clichés et devrait toucher un large public.
Anti-Squat
Par J.V
Le pitch
Inès (Louise Bourgoin) est menacée de se faire expulser de chez elle avec Adam (Samy Belkessa), son fils de 14 ans. A la recherche d’un emploi, elle est prise à l’essai chez Anti-Squat, une société qui loge des personnes dans des bureaux inoccupés pour les protéger contre les squatteurs. Son rôle : recruter les résidents et faire respecter un règlement très strict. Inès est prête à tout pour se faire embaucher et s’en sortir avec Adam…
Ce qu’on en pense
Après Corporate en 2017, Nicolas Silhol dénonce une nouvelle fois les dérives du néolibéralisme dans ce nouveau film pétri de bonnes intentions mais plombé par des situations caricaturales et une direction d’acteurs approximative. Louise Bourgoin reste néanmoins convaincante dans son rôle de jeune femme aux abois, partagée entre nécessité et morale. Le décor glacial fait le reste.
Le Ciel Rouge
Par J.V
Le Pitch
Une petite maison de vacances au bord de la mer Baltique. Les journées sont chaudes et il n’a pas plu depuis des semaines. Quatre jeunes gens se réunissent, des amis anciens et nouveaux. Les forêts desséchées qui les entourent commencent à s’enflammer, tout comme leurs émotions. Le bonheur, la luxure et l’amour, mais aussi les jalousies, les rancœurs et les tensions. Pendant ce temps, les forêts brûlent. Et très vite, les flammes sont là…
Ce qu’on en pense
Après Transit et Ondine, Christian Petzold a remporté le Grand Prix du Jury du festival de Berlin avec ce film de fin d’été au spleen et à la poésie toute Baudelairienne. Le réalisateur allemand excelle toujours à créer une atmosphère hors du temps et à faire jaillir l’émotion là où on ne l’attend pas forcément. Le choix cinéphile de la semaine.
Rencontre: Camille Cottin
Par Ph.D
Dans Toni en famille, le nouveau film du Grassois Nathan Ambrosioni, Camille Cottin incarne la mère de cinq ados qui se pose des questions sur son avenir. Ancienne candidate de la Star Ac’ , elle n’a pas spécialement aimé la célébrité que lui a valu son unique tube et a préféré se consacrer pleinement à l’éducation de ses enfants . A 40 ans passés, elle voudrait enseigner, mais rien n’est simple pour une mère de famille nombreuse qui élève seule ses enfants… Un très joli rôle pour l’actrice de Dix pour cent, qui nous a confié avoir pris beaucoup de plaisir à tourner sur la Côte d’Azur lors de l’avant-première du film à Nice.
Qu’est-ce qui vous a décidé à accepter ce rôle ?
J’étais très curieuse car il y avait toute une légende autour de Nathan qui a réalisé son premier film à 19 ans. J’ai lu son scénario qui m’a fait pleurer et quand je l’ai rencontré j’ai été conquise. J’ai trouvé que le traitement était très original. En tout cas différent de ce à quoi on pouvait s’attendre pour un portrait de mère de famille en reconversion professionnelle. Avec pleins de petits détails originaux, comme le fait qu’elle soit passée par la Star Ac’…
Vous avez aimé interprêter la chanson du film ?
J’ai adoré ça ! Les cours de chant, les séances d’enregistrement… C’était super. J’adorerais faire une comédie musicale, chanter et danser en même temps…
Vous auriez voulu être chanteuse ?
Oui, mais mon entourage m’a vite calmée. Disons qu’assez vite, je me suis rendue compte que ce n’était peut-être pas indispensable (rires)
Vous aviez un modèle pour Toni ?
« Toutes les femmes de ma vie » ! (elle fredonne la chanson des L5). Ma mère a eu plusieurs enfants et j’étais l’ainée : côté famille, je connaissais. Toni est à ce moment charnière de la quarantaine où on peut se poser la question de ce qu’on veut faire du reste de sa vie. On est encore jeune, on a tous ses moyens, tout est encore possible. En plus, elle est confrontée aux choix de ses enfants : une qui veut faire une carrière artistique, l’autre qui part faire des études qu’elle aurait peut-être aimé faire… Forcément, ça l’interpelle. Elle incarne bien ce moment de remise en question et de quête de sens.
Où en est le projet de film tiré de la série 10 pour cent ?
Le scénario est en écriture, j’ai rien encore rien lu et je ne sais pas qui réalisera, mais ça va se faire.
Paradise
Par Ph.D
Le pitch
Ce qu’on en pense
Même si on a un peu de mal à croire au concept d’échange de temps de temps de vie, sur lequel se base le scénario, ce film de SF allemand signé Boris Kunz remplit très bien son office en abordant les implications philosophiques et psychologiques qui en découlent, sur un rythme de thriller. Une réflexion intéressante sur le vieillissement, la quête de la jeunesse éternelle, la morale et l’argent, enrobée sous des atours de science-fiction réaliste. A voir sur Netflix.
Le Rêve de Daisy
Par J.V
Le pitch
La Cité du sanctuaire s’apprête à accueillir « La Coupe du Monde de la Peur » durant laquelle les animaux les plus féroces vont s’affronter dans l’arène. Daisy, une petite quokka incroyablement attachante, veut réaliser son rêve le plus cher : gagner ces jeux ! Avec l’aide d’un ancien champion du monde banni de la Cité, elle tentera tout pour surmonter les obstacles et prouver que même l’animal le plus mignon de la Cité peut se révéler effrayant…
Ce qu’on en pense
Après, L’Arbre à vœux sorti au mois de mai, Ricard Cusso enchaîne avec un autre conte de la saga « La Cité du sanctuaire » et une nouvelle héroïne, qui va devoir faire face à des adversaires plus imposants dans l’arène et utiliser toutes les ressources de son intelligence pour les défaire. Dommage que la réalisation reste si peu originale et l’animation aussi basique.
Alam
Par J.V
Le pitch
Tamer (Mahmood Bakri) est palestinien et vit en Israël. Il mène avec ses amis la vie d’un lycéen insouciant jusqu’à l’arrivée de la belle Maysaa (Sereen Khass). Pour lui plaire Tamer accepte de prendre part à une mystérieuse « opération drapeau », à la veille de la fête d’Indépendance israélienne. Un jour de deuil pour les Palestiniens…
Ce qu’on en pense
Amours adolescentes et engagement politique font bon ménage dans ce film Palestinien signé Firas Khoury, qui dresse le portrait d’ une jeunesse engagée sur fond de conflit israëlo-palestinien. Avec naïveté certes, mais une belle énergie.
Equalizer 3
Par J.V
Le pitch
Depuis qu’il a renoncé à sa vie d’assassin au service du gouvernement, Robert McCall (Denzel Washington) peine à faire la paix avec ses démons du passé et trouve un étrange réconfort en défendant les opprimés. Alors qu’il croit avoir trouvé son havre de paix dans le sud de l’Italie, il découvre que ses amis sont sous le contrôle de la mafia locale. Quand les événements prennent une tournure mortelle, McCall sait ce qu’il doit faire : protéger ses amis en s’attaquant à la mafia.
Ce qu’on en pense
Dernier volet de la trilogie consacrée à Robert McCall, le nouveau film d’Antoine Fuqua (Training Day, Shooter, La Rage au ventre…) trouve son héros, toujours incarné par Denzel Washington, à l’heure de la retraite Macron (68 ans). Notre homme a laissé derrière lui ses manières explosives et privilégie désormais la stratégie sur l’action brutale. Du coup, le film avance à un train de retraité vers la liquidation des méchants. Cela laisse le temps d’apprécier les charmes de l’Italie du sud, très joliment filmée, mais on n’est pas certain que ce soit ce qu’attendaient les fans de la saga…
La Beauté du geste
Par J.V
Le pitch
Keiko (Yukino Kishii) vit dans les faubourgs de Tokyo où elle s’entraîne avec acharnement à la boxe. Sourde, c’est avec son corps qu’elle s’exprime. Mais au moment où sa carrière prend son envol, elle décide de tout arrêter…
Ce qu’on en pense
Dans le dernier volet de la saga Creed, la fille malentendante du boxeur incarné par Michael B. Jordan, s’apprêtait à prendre la relêve. L’héroïne de ce film japonais, signé Sho Miyake, atteinte du même handicap pratique elle aussi le noble art. La ressemblance entre les deux films s’arrête là, puisque La beauté du geste s’inscrit dans le registre de l’art et essai, plutôt que dans celui du blockbuster. Ce qui n’empêche pas quelques belles scènes de boxe, chorégraphiées comme de la danse, qui justifient le titre. Le scénario oppose deux générations perdues, en bute à une société traditionaliste, où la différence est rarement perçue comme un atout.
Antigang : La Relève
Par Ph.D
Le pitch
Ancienne légende de la brigade Antigang connue pour ses méthodes musclées et peu conventionnelles, Niels Cartier (Alban Lenoir), a quitté la police à la suite d’une intervention qui a mal tourné et conduit au décès de sa femme. Quand le gang de braqueurs responsable de sa mort réapparait huit ans plus tard, Niels ne laisse personne se mettre en travers de son chemin pour obtenir vengeance. Quitte à devoir former malgré lui un duo explosif avec sa fille de 14 ans (Cassiopée Mayance) , au tempérament bien trempé…
Ce qu’on en pense
Après Netflix (AKA, Balle perdue…), Disney + succombe à son tour à la vogue des « Alban Lenoir movies » : des films d’action portés par l’acteur en passe de devenir le Vin Diesel du cinéma français. Au menu : bastons, poursuites en voiture et humour beauf. Comme son titre l’indique, Antigang : La Relève est une suite du film de Benjamin Rocher sorti en 2015 et porté par Jean Reno. Alban Lenoir y incarnait un personnage secondaire. Il passe cette fois au statut de héros, tandis que Jean Reno est relégué au second rang. Disney oblige, le scénario appuie sur la touche « humour » plutôt que « règlements de comptes sanglants » et ajoute un personnage enfantin pour plaire aux ados et pré-ados abonnés à la plateforme par leurs parents. Le résultat est affligeant : ni drôle, ni palpitant, le film se traine lamentablement.
Ama Gloria
Par J.V
Le pitch
Cléo (Louise Mauroy-Panzani) a tout juste six ans. Elle aime follement Gloria (Ilça Moreno Zego), sa nounou qui l’élève depuis sa naissance. Mais Gloria doit retourner d’urgence au Cap-Vert, auprès de ses enfants. Avant son départ, Cléo lui demande de tenir une promesse: la revoir au plus vite. Gloria l’invite à venir dans sa famille et sur son île, passer un dernier été ensemble…
Ce qu’on en pense
Co-réalisatrice de Party Girl (caméra d’Or à Cannes 2014), Marie Amachoukeli revient en solo avec ce récit en partie autobiographique, qui fait la part belle à l’enfance et nous entraine au Cap Vert. La réalisatrice filme avec énormément de pudeur et de sensibilité la relation d’une enfant et de sa nounou, à l’heure de l’inévitable séparation. A hauteur d’enfant, la réalisation est en phase avec le sujet et fait jaillir l’émotion dans un final attendu mais bouleversant.