Everything, Everywhere….
Par Ph.D
Le pitch
Gérante d’une blanchisserie à New York, Evelyn Wang (Michelle Yeoh) est au bout du rouleau : elle n’aime plus son mari, ni son travail, ne supporte plus son ado de fille, ni son père aux idées rétrogrades et elle croule sous les taxes… Alors qu’elle est, une fois de plus, convoquée par son inspectrice des impôts (Jamie Lee Curtis), elle se retrouve soudain plongée dans le multivers,. Il va lui falloir explorer toutes les vies qu’elle aurait pu mener dans ces univers parallèles, pour sauver le monde de forces obscures et préserver son bien la plus précieux : sa famille…
Ce qu’on en pense
Produit par les frères Russo (Avengers) , Everything everywhere all at once est un vrai-faux film indépendant déguisé en film de super héros (ou l’inverse ?). Enorme succès aux USA, avec plus de 100 millions de dollars de recettes, le film explore à sa manière, totalement déjantée, la théorie des univers parallèles chère à Marvel pour parler… du couple, de la famille et des rapports mère-fille ! Appuyée sur un scénario jubilatoire, dans lequel le spectateur va de surprises en surprises ballotté comme dans un train fantôme, la réalisation des Daniels (Scheinert et Kwan), est un véritable feu d’artifice d’inventivité. Michele Yeoh (Tigre et Dragon, James Bond…) est aussi à l’aise en mère de famille au bord du burn-out qu’en action-woman déchaînée du metavers. Ses duels avec Jamie Lee Curtis, dans le rôle de la méchante, ou avec sa propre fille transformée en mega boss de jeu vidéo, comptent parmi les meilleurs moments du film. Malgré un humour un peu bourrin et un jeu d’acteurs trop démonstratif (à la Jackie Chan), On s’amuse bien. Il faudra plusieurs visionnages (ou une concentration maximale) pour repérer toutes les références cinématographiques. Quelle dinguerie ! Grand vainqueur des Oscars 2023 (meilleur film, meilleure réalisation, meilleur scénario, meilleurs acteurs…), le film a fait l’objet d’une re-sortie en salles le 8 mars.
The Whale
Par J.V
Le pitch
Charlie (Brendan Fraser), professeur d’anglais obèse et homosexuel qui vit reclus chez lui, tente de renouer avec sa fille adolescente pour une ultime chance de rédemption…
Ce qu’on en pense
Difficile de retrouver la patte de l’auteur de Requiem For a Dream, The Wrestler ou Black Swan dans ce huis clos mélodramatique où toutes les intentions et le références sont lourdement soulignées et où les personnages secondaires sont inexistants. Capable du meilleur comme du pire, Darren Aronofsky retombe dans ses pires travers (pompiérisme, métaphores alambiquées, pseudo spiritualité…) pour finalement à peine aborder son sujet (l’obésité morbide). Reste la prestation de Brendan Fraser, lourdement appareillé et maquillé, pour incarner un homosexuel de 250 kilos. Très loin de ses personnages habituels (George de la Jungle, La Momie)…
Christophe… Définitivement
Par Ph.D
Le pitch
Mars 2002, Christophe est de retour sur scène, à l’Olympia. La caméra, amoureuse, capte, fixe des mots, des sons, des couleurs, des instants. Christophe… définitivement est un film en suspension construit comme un concert idéal. Il défait la chronologie et nous transporte des scènes de l’Olympia à Versailles, des coulisses à l’appartement home-studio de Christophe, où se mêlaient ses passions, ses fétiches, ses trésors accumulés au fil du temps et où naissaient ses chansons…
Ce qu’on en pense
Découvert à Cannes 2022, Christophe… Définitivement n’est pas un documentaire musical classique. Aucune intention biographique ou musicologique ici. C’est plutôt une évocation qu’un portrait, par deux vidéastes (Dominique Gonzalez-Foerster et Ange Leccia) versés dans le cinéma expérimental et l’art contemporain. Leur caméra suit l’artiste dans les répétitions de son spectacle à l’Olympia (le premier en près de 30 ans) à son appartement-studio-musée (où il recevait la nuit tel un vampire), sans commentaire, interview, ni voix off. On y découvre le chanteur populaire disparu en 2020, entre fébrilité, absences et attention maniaque aux détails. Un film hors normes pour une personnalité qui l’était tout autant.
Women Talking
Par J.V
Le pitch
Des femmes d’une communauté religieuse isolée, victimes de la violence masculine, luttent pour réconcilier leur foi et leur réalité quotidienne…
Ce qu’on en pense
En lice pour l’Oscar du meilleur film et de la meilleure adaptation, Women Talking porte bien son titre puisque constitué d’une longue suite de conversations de femmes sur leur condition et leur foi en Dieu. La belle idée de l’ex-actrice Sarah Polley, désormais réalisatrice à temps plein, est de les filmer sans référence d’époque, de sorte qu’on pourrait penser que ces conversations datent du 19e siècle, alors que ce sont des femmes de notre temps,victimes de violences sexuelles pour la plupart, qui les tiennent. Manière de montrer que la société patriarcale n’a pas beaucoup évolué en deux siècles. Le spectateur est pleinement impliqué dans la réflexion, grâce à la mise en scène et au jeu des actrices, parmi lesquelles Rooney Mara et Claire Foy brillent particulièrement.
Comme une actrice
Par J.V
Le pitch
Anna (Julie Gayet), actrice proche de la cinquantaine, est quittée par son mari, Antoine (Benjamin Biolay), metteur en scène de théâtre. Prête à tout pour ne pas le perdre, elle va jusqu’à prendre l’apparence de la jeune femme (Agathe Bonitzer) avec laquelle il aimerait avoir une liaison. Mais ce double jeu pourrait se retourner contre elle…
Ce qu’on en pense
Il y avait longtemps que Julie Gayet n’avait pas eu le premier rôle dans un film. On retrouve avec plaisir l’actrice-productrice dans celui d’une femme délaissée qui cherche à reconquérir son homme (Benjamin Biolay) en se glissant dans la peau d’une autre (Agathe Bonitzer). Une fable fantastique et féministe signée Sébastien Bailly (Féminin plurielles) , qui aborde de manière originale la thématique du deuil amoureux et du vieillissement. Le dernier acte est particulièrement savoureux.
En plein feu
Par J.V
Le Pitch
Un feu géant ravage la forêt des Landes. A la suite d’une alerte évacuation, Simon (Alex Lutz) et son père Joseph (André Dussollier) quittent leur domicile mais se retrouvent rapidement prisonniers de leur véhicule au milieu de ce cauchemar climatique. Le brasier se rapproche. Que faire ? Attendre les secours…? Ou n’est-ce pas en s’enfonçant plus loin encore dans l’immensité terrifiante de la forêt brûlante qu’ils trouveront le moyen de s’en sortir… ?
Ce qu’on en pense
Après Paris Willouby et Cinquième set, Quentin Reynaud retrouve pour la troisième fois Alex Lutz pour ce drame familial qui vire à mi parcours au survival. Resserrée sur moins de 90 minutes (quelle bonne idée!), l’action ne laisse que peu de répit au spectateur qui passe par toutes les phases de l’angoisse à la terreur en même temps que les deux protagonistes. Le scénario n’oublie pourtant pas de creuser la relation père-fils et le trauma du deuil pour donner de l’épaisseur à ce thriller brûlant.
Mon Crime
Par J.V
Le Pitch
Dans les années 30 à Paris, Madeleine Verdier (Nadia Tereszkiewicz), jeune et jolie actrice sans le sou et sans talent, est accusée du meurtre d’un célèbre producteur. Aidée de sa meilleure amie Pauline (Rebecca Marder), jeune avocate au chômage, elle est acquittée pour légitime défense. Commence alors une nouvelle vie, faite de gloire et de succès. Jusqu’à ce que la vérité éclate au grand jour…
Ce qu’on en pense
Dans la lignée de Huit femmes et Potiche, le François Ozon nouveau est un excellent cru. Adapté d’une pièce de théâtre des années 30, Mon Crime navigue avec grâce entre théâtre et cinéma, avec des dialogues brillants, une mise en scène enlevée et un casting épatant (Nadia Tereszkiewicz , Rebecca Marder, Isabelle Huppert, Fabrice Luchini, André Dussollier, Danny Boon…). L’esthétique rétro contraste plaisamment avec la modernité du propos sur la place des femmes et la condition d’actrice. Résultat : une comédie jubilatoire qu’on recommande sans réserve aux fans d’Ozon… Et aux autres !
Scream VI
Par J.V
Le pitch
Après avoir frappé à trois reprises à Woodsboro, après avoir terrorisé le campus de Windsor et les studios d’Hollywood, Ghostface a décidé de sévir dans Big Apple, mais dans une ville aussi grande ville que New-York personne ne vous entendra crier…
Ce qu’on en pense
Il fallait s’y attendre : à force de prequel, de sequel et même de requel, la franchise Scream finit par lasser même ses fans les plus fervents. Aux manettes depuis l’épisode précédent, Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett jouent la surenchère dans ce sixième volet, en multipliant les crimes et en essayant de développer une intrigue imprévisible. Sauf que les fans auront tôt fait de deviner l’identité de Ghostface, ce qui gâche un peu le plaisir. L’utilisation du décor urbain de New York déçoit, les personnages n’ont aucune profondeur et, à force de multiplier les références aux épisodes précédents, le film ne trouve jamais sa propre identité. On ne criera pas à l’accident industriel (ça reste une honnête film d’horreur) mais si la franchise s’arrête là, on ne sera pas fâché.
Tengo Suenos Electricos
Par Philippe DUPUY
Le pitch
Alors que ses parents se séparent, Eva (Daniela Marin Navarro), 16 ans, décide de vivre avec son père Martin (Renaldo Amien Guittierez) , un artiste bohème.Débute alors la recherche d’un appartement dans la ville de San Jose. Mais l’adolescente va devoir affronter la souffrance de son père et la violence qui le traverse.
Ce qu’on en pense
Retenez ce nom : Valentina Maurel. Native du Costa Rica, Tengo Suenos Electricos (Je fais des rêves életriques) est son premier long-métrage. Présenté en compétition à Locarno, il a reçu trois prix : meilleure réalisation, meilleure actrice, meilleur acteur. Le film cumule depuis une trentaine de prix en festival. Barry Jenkins décrit le travail de la réalisatrice comme « incroyablement sensoriel » et Nadav Lapid voit en elle « l’avenir du cinéma« . On n’est pas loin de partager leur avis. Tengo Suenos Electricos (un titre digne de Philip K Dick) s’attache aux pas d’Eva (Daniela Marin Navarro, une débutante recrutée sur casting, révélation du film), une adolescente de 16 ans dont les parents divorcent. La mère n’en peut plus des accès de violence du père, un poète aux pulsions incontrolables et part s’installer avec ses deux filles dans la maison que lui a léguée une tante. Eva préfèrerait vivre avec Martin, qui la laisse fumer et avec lequel partage le goût pour la musique et les paroles du poète Jamaïcain Linton Kwesi Johnson au point d’avoir baptisé son chat Kwesi). En plus, il vit en coloc avec un pote auquel Eva, qui découvre sa sensualité, n’est pas insensible. Valentina Maurel les filme à bonne distance, à travers les fenêtres ou dans un coin de porte, comme des animaux farouches. Ils le sont : « Une horde d’animaux sauvages qui rêvent d’humanité » comme l’écrit Martin dans un de ses poèmes. Les acteurs sont tous très bons, y compris les enfants. Sous couvert de souvenirs d’adolescence, le film parle des rapports filiaux, de sororité et de la violence endémique à l’Amérique du Sud dont les femmes sont les premières victimes. Dans cette jungle urbaine (Le Costa Rica ne ressemble à aucun cliché touristique. San José, où se situe l’action, est une banlieue de béton ensoleillée typique des villes pauvres du Sud), Eva va devoir apprendre à louvoyer pour éviter les mauvais coups. Tout en gardant foi en l’humanité et en ses deux parents. La scène finale est formidable. Le film aussi. Une merveille.
Les Petites Victoires
Par J.V
Le pitch
Entre ses obligations de maire et son rôle d’institutrice au sein du petit village de Kerguen, les journées d’Alice (Julia Piaton) sont déjà bien remplies. L’arrivée dans sa classe d’Emile (Michel Blanc), un sexagénaire au caractère explosif, enfin décidé à apprendre à lire et à écrire, va rendre son quotidien ingérable…
Ce qu’on en pense
Le pitch fait craindre une grosse farce qui tâche, mais c’est tout le contraire que réussit Mélanie Auffret (Roxane) avec cette comédie drôle et solaire. Porté par Julia Platon et Michel Blanc, très justes dans leurs rôles respectifs, Les Petites Victoires évoque la désertification des campagnes, le monde en mouvement et la réalité de l »illétrisme avec sincérité, intelligence et drôlerie. Scénario inspiré et réalisation pleine de bonnes idées font de ce petit film une grande victoire. La bonne surprise de la semaine.
Goutte d’or
Par J.V
Le pitch
Ramsès (Karim Leklou), trente-cinq ans, tient un cabinet de voyance à la Goutte d’or à Paris. Habile manipulateur et un peu poète sur les bords, il a mis sur pied un solide commerce de la consolation. L’arrivée d’enfants venus des rues de Tanger, aussi dangereux qu’insaisissables, vient perturber l’équilibre de son commerce et de tout le quartier. Jusqu’au jour où Ramsès va avoir une réelle vision…
Ce qu’on en pense
On avait découvert les talents de cinéaste de Clément Cogitore en 2015, avec son premier film Ni le ciel, ni la terre dans lequel Jérémie Rénier incarnait un militaire en mission en Afghanistan. Un film de guerre à la lisière du fantastique, dans lequel l’artiste contemporain, connu pour ses expositions, développait déjà un univers singulier . Il récidive avec Goutte d’or, présenté à la Semaine de la Critique à Cannes 2022, dont l’action se situe dans un des quartiers les plus pauvres de la Capitale. Cette fois, c’est le polar qui a des allures de conte fantastique, avec Karim Leklou en anti héros taciturne et habité. Un de ses meilleurs rôles à ce jour.
Creed 3
LPar J.V
Le Pitch
Idole de la boxe et entouré de sa famille, Adonis Creed (Michael B. Jordan) n’a plus rien à prouver. Jusqu’au jour où son ami d’enfance, Damian (Jonathan Majors), refait surface. A peine sorti de prison, celui-ci est prêt à tout pour monter sur le ring et reprendre ses droits. Adonis joue alors sa survie, face à un adversaire déterminé à l’anéantir…
Ce qu’on en pense
Acteur vedette de la saga Creed, Michael B. Jordan a pris les commandes pour réaliser ce troisième opus, qui se révèle aussi réussi que les deux premiers. Malgré l’absence de Sylvester Stallone, le scénario reste du pur Rocky et ne réserve guère de surprises. La réalisation, par contre, offre des morceaux de bravoure épatants avec des séquences de boxe virtuoses et un final grandiose. L’équilibre entre le drame et la boxe, qui a fait le succès de la franchise, est toujours bien préservé et le soin apporté aux personnages et à leur psychologie permet de tenir le spectateur en haleine jusqu’au bout. Creed ne faiblit pas.
The Son
Par J.V
Le pitch
À dix-sept ans, Nicholas (Zen McGrath) semble en pleine dérive, il n’est plus cet enfant lumineux qui souriait tout le temps. Que lui arrive-t-il ? Dépassée par la situation, sa mère (Laura Dern) accepte qu’il aille vivre chez son père, Peter (Hugh Jackman). Remarié depuis peu et père d’un nouveau-né, il va tenter de dépasser l’incompréhension, la colère et l’impuissance dans l’espoir de retrouver son fils…
Ce qu’on en pense
Entré avec fracas dans la cour des grands du cinéma international avec un premier film en anglais couronné par deux Oscars ( The Father), le dramaturge français Florian Zeller confirme les espoirs placés en lui avec The Son. Egalement adapté d’une de ses pièces à succès, le film se révèle hautement émotionnel avec des changements de décors qui permettent d’oublier l’origine théâtrale du scénario et les prestations de haut vol d’un casting doré sur tranche. Le jeune Zen McGrath est formidable en adolescent tourmenté et Hugh Jackman est très juste en père accaparé par sa nouvelle vie de famille et ses ambitions professionnelles. Les parents d’ados trouveront dans le film, comme dans la pièce, matière à réflexion sur leur propre rôle.
Empire of Light
Par J.V
Le Pitch
Hilary (Olivia Colman) travaille dans un cinéma d’une ville balnéaire anglaise et tente de préserver sa santé mentale fragile. Stephen (Micheal Ward) est un nouvel employé qui n’aspire qu’à quitter cette petite ville de province où chaque jour peut vite se transformer en épreuve. En se rapprochant l’un de l’autre, ils vont apprendre à soigner leurs blessures grâce à la musique, au cinéma et au sentiment d’appartenance à un groupe…
Ce qu’on en pense
Après Tarantino (Il était une fois… à Hollywood), James Gray (Armaggedon Time) et Steven Spielberg (The Fabelmanns), Sam Mendes rend à son tour hommage aux salles obscures et au cinéma de sa jeunesse, avec ce film très éloigné de ses précédentes réalisations (Skyfall, 1917). Une romance intimiste, située dans les années 1980, dans laquelle une femme dépressive (Olivia Colman) tombe amoureuse d’un jeune black (Micheal Ward). Un duo d’acteurs impeccable pour un film qui touche par sa justesse et sa simplicité autant que par ses résonnances très actuelles. Colin Firth, dans le rôle du patron abusif, y trouve un rôle plus sombre que de coutume.
La Syndicaliste
Par Ph.D
Le pitch
Un matin, Maureen Kearney (Isabelle Huppert) est violemment agressée chez elle. Déléguée syndicale chez Areva, elle travaillait sur un dossier sensible dans le secteur du nucléaire français et subissait de violentes pressions politiques. Les enquêteurs ne retrouvent aucune trace des agresseurs… est-elle victime ou coupable de dénonciation mensongère ?
Ce qu’on en pense
Sans doute à cause de sa complexité, du doute qui subsiste sur le rôle de sa principale protagoniste et peut-être aussi à cause des enjeux politique et industriels qu’elle soulève, l’affaire Maureen Kearney, syndicaliste d’Areva retrouvée ligotée chez elle, scarifiée sur le ventre, un couteau planté à l’envers dans le vagin pour la contraindre à renoncer à ses activités, n’a pas connu le retentissement qu’elle aurait dû avoir. Car c’est toute la filière du nucléaire français qu’elle mettait en cause, sur fond de concurrence avec EDF et de transfert de technologie à la Chine. Il aura fallu attendre le livre de la journaliste de l’Obs Caroline Michel-Aguirre et le nouveau film de Jean-Paul Salomé pour que le grand public la découvre enfin, dans toute sa complexité et son étendue. Il faut aussi louer le travail de la scénariste Fadette Drouard, qui a réussi à rendre l’affaire compréhensible et palpitante à l’écran, ce qui n’avait rien d’évident au départ. Isabelle Huppert incarne, avec toute l’ambiguïté nécessaire, cette passionnariat du syndicalisme dont le destin a été broyé par des enjeux et des luttes de pouvoir qui la dépassaient. Jean-Paul Salomé, lui, n’a pas craint de mettre les points sur les « I » en nommant les principaux protagonistes de l’affaire ( Henri Proglio, le ministre Arnaud Montebourg….) et en confiant leur rôle à Marina Foïs (en Anne Lauvergeon) et Yvan Attal (Luc Roussel, son successeur). Un courage qui fait d’autant plus regretter une réalisation purement illustrative, loin des classiques US du « film dossier » auxquels le film renvoie forcément.