Cinéma

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Banel et Adama

Cinéma|

Par J.V

Le pitch

Banel (Khady Mane) et Adama (Mamadou Diallo) s’aiment. Ils vivent dans un village éloigné au Nord du Sénégal. Du monde, ils ne connaissent que ça, en dehors, rien n’existe. Mais l’amour absolu qui les unit va se heurter aux conventions de la communauté. Car là où ils vivent, il n’y a pas de place pour les passions, et encore moins pour le chaos…

Ce qu’on en pense

Présenté en compétition à Cannes 2023, Banel et Adama est reparti bredouille,  mais a laissé sa trace dans le coeur des festivaliers.  Le Sénégalais Ramata-Toulaye Sy se sert de l’histoire d’amour entre les deux jeunes héros pour opposer traditionalisme et aspiration à plus de liberté et de modernité dans les relations. Khady Mane et Mamadou Diallo forment un très joli couple de cinéma dans ce mélo africain, tragique mais lumineux. 

Angoulême 2023 : Palmarès

Cinéma|

Par Marie Aimée Bonnefoy

Le 16e Festival du Film Francophone d’Angoulême (FFA) s’est tenu du 22 au 27 août et a constitué, comme chaque année, le temps fort de la rentrée cinématographique. Onze films de qualité y étaient en compétition et la plupart ont été primés. Tous dans l’humain et la tolérance. Des valeurs défendues par le cinéma francophone en général et par le FFA en particulier. Il n’est guère étonnant que ce soit Le temps d’aimer  qui ait remporté le Valois de Diamant: c’est un mélo assumé. Il fait revivre vingt ans d’après- guerre. Montre deux destins contrariés par cette époque de violence et de préjugés. Du cinéma grand public, ample et romanesque bouleversant en son entrée en matière et poignant en sa chute. Sortie en salles le 29 novembreRien à redire, non plus, sur le fait que Vincent Lacoste ait reçu pour ce rôle le Valois d’interprétation masculine. Il le mérite,  car il a gagné en maturité et le prouve dans un jeu tout en retenue. Mais le jury présidé par Laetitia Casta aurait pu donner cette récompense à un acteur moins consacré : William Lebghil, par exemple. Que ce dernier se console : le film dans lequel il donne toute sa mesure en fils de mère bipolaire – La vie de ma mère (sortie le 6 mars 2024– a reçu le très envié prix du public ! Celui qui compte le plus de votants de tous âges. En revanche , les étudiants, eux, ont été plus sensibles à Rien à perdre de Delphine Deloguet (sortie le 23/11). Sans doute parce que les démêlés d’une mère qui tente de récupérer son jeune fils placé en foyer, leur parle davantage. Quant à Rosalie (24 janvier 2024) , que l’on voyait sur le podium, il a reçu le Valois  de la musique et celui, très prévisible,  de l’interprétation féminine pour l’éclatante Nadia Tereszkiewicz dans une marquante composition de femme à barbe. Enfin, le prix de la mise en scène et celui du scénario sont allés à deux films à l’univers singulier: le premier est le très esthétique et tortueux film belge  Augure (15/11) de Baloji et le second – notre petit favori – l’enchanteur La fiancée du poète de Yolande Moreau. Sortie en salles le 11 octobre.

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Agent Stone

Cinéma|

Par Ph.D 

Le pitch

Une équipe du MI6 en mission en Italie rencontre de grandes difficultés pour capturer un marchand d’armes. Heureusement, l’agent Rachel Stone (Gal Gadot),  dont la spécialité est en principe le hacking,  montre qu’elle est aussi à l’aise avec ses poings qu’avec ses doigts sur le clavier d’un ordinateur…  

Ce qu’on en pense

Il se confirme que c’est sur la plateformes de streaming qu’il faut désormais chercher le blockbuster de l’été. Avec Agent Stone Netflix se taille, comme d’habitude,  la part du lion. Au départ, on croit à un sous-Mission Impossible et puis de rebondissements en rebondissements, on se trouve embarqué dans un James Bond féminin,  avec Gal Gadot (Wonder Woman) dans le rôle de l’agent spéciale- trés spéciale, des incursions en Italie, en Islande et au Sénégal, des poursuites et des bastons qui dépotent et des personnages (pour la plupart féminins) qu’on aura plaisir à retrouver dans d’autres aventures. Une réussite.

Hypnotic

Cinéma|

Par Ph.D

Le Pitch

Déterminé à retrouver sa fille, le détective Danny Rourke (Ben Affleck), enquête sur une série de braquages qui pourraient être liés à sa disparition. Mais les criminels qu’il poursuit sont bien plus machiavéliques qu’il ne l’imaginait : ils hypnotisent des innocents pour qu’ils commettent des crimes contre leur volonté. Personne ne semble à l’abri. Pour les déjouer, Rourke va devoir se méfier de tout le monde…

Ce qu’on en pense

Dévoilé en séance de minuit au dernier festival de Cannes, le nouveau film du prolifique Robert Rodriguez (Desperado, Une Nuit en enfer, Alita : Battle Angel…)  s’inspire d’ Inception et de quelques autres blockbusters US à base d’illusions, pour proposer un thriller supposément cérébral dans lequel Ben Affleck doit affronter un méchant aux superpouvoirs mentaux (William Fichtner). Rien de trés original dans cette pauvre série B, qui endort le spectateur sans besoin d’avoir recours aux services d’un quelconque hypnotiseur.   

La Guerre des Dieux

Cinéma|

Par J.V

Le pitch

Autrefois considéré comme un Dieu puissant, Yang Jian a été réduit à la condition d’un tueur à gages déchu. Sa vie bascule le jour où une femme énigmatique lui propose une mission qui le force à reprendre du service. Il doit à nouveau faire face à son passé pour combattre ses anciens démons. La lutte entre Yang Jian et les créatures mystiques sera sans merci, au risque de perturber l’équilibre de leurs mondes. Une course contre la montre pour sauver le destin de leurs univers.

Ce qu’on en pense

Un film d’animation Chinois,  qui fait la part belle aux arts-martiaux, dans l’esprit des grandes fresques épiques et historiques du cinéma de l’Empire du Milieu. Dommage que le moteur 3D date de la dynastie Ming !  Du coup, le temps parait long et le côté divin de l’affaire s’estompe. Mais on ne va pas chinoiser pour un dessin animé… 

Retribution

Cinéma|

Par J.V

Le Pitch

Un homme d’affaires (Liam Neeson) découvre qu’une bombe a été placée dans la voiture qu’il conduit par un assaillant inconnu. Ce dernier lui ordonne d’exécuter une série d’actions tout au long de la journée ou la bombe explosera… le tuant lui et sa famille.

Ce qu’on en pense

Cette fois, c’est lui-même que Liam Neeson (Taken) va devoir sauver dans ce faux remake de Speed molasson et sans surprise,  dont même le scénario a des ratées.  Un Liam Neeson movie sans intérêt de plus ! A quand la retraite ? 

 

Vera

Cinéma|

Par Ph.D

Le Pitch

Vera, actrice blond platine au chapeau de cowboy vissé sur la tête, mène difficilement sa carrière, dans l’ombre de son père, Giuliano Gemma, icône du cinéma italien des années 60. Elle vit au jour le jour dans le petit monde du showbiz, lassée de ses relations superficielles. A la suite d’un accident de la route dans un quartier populaire de Rome, Vera rencontre un jeune garçon de huit ans et son père. Elle tisse une relation intense avec eux, découvre alors la vraie vie…

Ce qu’on en pense

Les réalisateurs autrichiens Tizza Covi et Rainer Frimmel tournent des fictions à la manière de documentaires en s’inspirant de la « vraie vie ». Vera Gemma était l’héroïne idéale pour leur nouveau film. Fille d’un acteur italien célèbre des années 60 (Giuliano Gemma), Vera est tombée dans la marmite du cinéma quand elle était petite et n’en est jamais sortie depuis. Elle n’a certes pas connu la célébrité de son père, mais a toujours travaillé et a connu la vie des enfants de stars.  Refaite de partout, complètement perchée, attifée comme une cowgirl et maquillée comme un trans, elle a gardé une âme d’enfant et un coeur d’or. Ce qui lui a valu pas mal de déconvenues… Les auteurs n’ont eu aucun mal à lui faire rejouer des scènes de sa propre vie pour en faire un portrait empathique et illustrer le destin souvent compliqué des « fils et filles de ». La scène avec Asia Argento,  dans son propre rôle, sur la tombe du fils de Goethe en dit long sur le sujet. A voir. 

 

Les Fantômes d’Istanbul

Cinéma|

Par Ph.D

Le Pitch

Istanbul, dans un futur proche. Alors que la ville est en proie à des troubles politiques et sous la menace d’un black-out, Didem (Dilayda Güneş),  une jeune danseuse activiste, croise le destin d’une mère dont le fils est en prison, d’une artiste féministe et d’un trafiquant rusé au cœur d’un réseau d’arnaques immobilières.

Ce qu’on en pense

Grand Prix de la semaine de la critique à la Mostra de Venise 2020, ce premier film Turc signé d’une cinéaste de 40 ans,  entremèle les destins de plusieurs personnages pour faire, sous couvert de fiction futuriste, un portrait sans fard de la Turquie contemporaine. Filmé caméra à l’épaule, dans les rues d’un des quartiers les plus pauvres de la capitale, où grenouillent réfugiés syriens, militants sociaux, artistes underground et petits malfrats sous la surveillance constante des hélicoptères d’une police aux ordres,  Les Fantômes d’Istanbul déroule son intrigue sous une forme réaliste et nerveuse, en s’appuyant sur une troupe de comédiens inconnus mais épatants. Le cinéma Turc vient d’hériter d’une réalisatrice à suivre. Retenez son nom:  Azra Deniz Okyay.  

Le Dernier Voyage du Demeter

Cinéma|

Par J.V

Le pitch

Le récit terrifiant de la traversée du Demeter, un navire commercial à bord duquel est très discrètement embarquée, à destination de Londres depuis les Carpathes, une cargaison de caisses en bois non identifiée. À bord du navire maudit, d’étranges évènements ne tardent pas à frapper l’équipage qui va devoir tenter, durant cette funeste traversée, d’échapper à une étrange présence qui nuit après nuit va les traquer sans pitié…

Ce qu’on en pense

Que s’est-il passé sur le bateau qui ramenait Dracula des Carpathes à Londres? C’est à cette intéressante question que s’applique à répondre André Ovredal dans ce Dernier Voyage du Demeter : un slasher maritime a huis clos qui ne lésine pas sur l’horreur pure et dure, avec une créature qui rappelle le Nosferatu de Wilhelm Murnau. Les cinéphiles égarés apprécieront, mais c’est surtout aux amateurs d’épouvante que le film s’adresse. 

Anatomie d’une chute

Cinéma|

Par Philippe Dupuy

Le pitch

Ecrivains, Sandra (Sandra Hüller) et Samuel (Samuel Theis) vivent depuis un an loin de tout, à la montagne avec leur fils malvoyant de 11 ans, Daniel (Milo Machado Graner), Un jour, Samuel est retrouvé mort au pied de leur maison. Une enquête pour mort suspecte est ouverte. Sandra est bientôt inculpée malgré le doute : suicide ou homicide ? Un an plus tard, Daniel assiste au procès de sa mère…

Ce qu’on  en pense

Avec Anatomie d’une chute, Justine Triet  (La Bataille de SolferinoVictoria,  Sibyl ) a décroché une deuxième palme d’or française et féminine à Cannes, deux ans après Julia Ducournau pour Titane. On s’en réjouit, même si on aurait volontiers échangé sa place avec Zone of Interest de Jonathan Glazer (Grand Prix, sortie prévue le 31 janvier 2024),  qui nous semblait d’une autre portée et d’une plus grande ambition formelle (lire ici). Mais, à défaut d’être le chef d’oeuvre vanté avec une étonnante unanimité par la critique française, Anatomie d’une chute est un bon film, superbement réalisé, magnifiquement porté par Sandra Hüller dans le rôle principal (l’actrice de Toni Erdmann était aussi en compétition avec Zone of Interest, mais le jury de Ruben Ostlund est quand même passé à côté du prix d’interprétation qu’elle méritait pour les deux films, ce qui donne une idée de sa clairvoyance…) et qui donne à réfléchir sur les rapports de couple et la justice. Il est juste trop long (2h30), avec des scènes de procès maladroites (Antoine Reinartz dans le rôle du procureur tête à claque et Swann Arlaud dans celui de l’avocat dépassé par les évènements) et un final téléphoné. Programmée à l’orée de la rentrée, cette dissection à vif d’un couple d’intellos devrait connaître un beau succès en salles.

Seconde jeunesse

Cinéma|

Par J.V


Le pitch   

Astolfo (Gianni Di Gregorio), professeur à la retraite, doit quitter son appartement à Rome, expulsé par la propriétaire. Désargenté, il décide de retourner au village de ses ancêtres, pour habiter le palais familial en ruine, vestige d’un patrimoine que chacun tente d’accaparer. Il se lie d’amitié avec le marginal qui squatte depuis des années la demeure, mais aussi avec un cuisinier retraité et un jeune sans emploi. Mais surtout, il rencontre Stefania (Stefania Sandrelli), une femme de son âge, timide, douce et généreuse…

Ce qu’on en pense

Après Le déjeuner du 15 août, Gianni et les femmes et Citoyens du Monde,  l’acteur réalisateur Gianni Di Gregorio poursuit son effort pour rendre hommage à la comédie à l’italienne des années 50-70. Il y parvient encore assez bien avec ces nouvelles aventures tragi-comiques,  dont il est une fois de plus le héros pitoyable. On y retrouve avec émotion Stefania Sandrelli, dernière des égéries de l’âge d’or finissant du cinéma italien.  

Reality

Cinéma|

Par J.V

Le pitch

Le 3 juin 2017, Reality Winner (Sydney Sweeney), 25 ans, est interrogée par deux agents du FBI à son domicile. Cette conversation d’apparence banale, brosse le portrait complexe d’une milléniale américaine, vétérane de l’US Air Force, professeure de yoga, qui aime les animaux, les voyages et partager des photos sur les réseaux sociaux. Pourquoi le FBI s’intéresse-t-il à elle ? Qui est vraiment Reality ?

Ce qu’on en pense

Concept film à mi chemin du documentaire et de la fiction, Reality reconstitue mot pour mot  le véritable interrogatoire. d’une activiste américaine accusée d’espionnage par le FBI. Sydney Sweeney, l’autre révélation de la série Euphoriaest particulièrement en valeur dans le rôle de l’accusée, tour à tour fragile et manipulatrice. Pour amateurs de thrillers psychologiques. 

Strange way of life

Cinéma|

Par Ph.D

Le Pitch

Silva (Pedro Pascal) traverse le désert à cheval pour retrouver son ami shérif Jake (Ethan Hawke) qu’il a connu vingt-cinq ans plus tôt lorsqu’ils étaient tous deux tueurs à gages. Mais ces retrouvailles ne sont pas sa seule motivation…

Ce qu’on en pense

Alors que la plupart de ses confrères épuisent le spectateur avec des films si longs qu’il faut poser une RTT pour les voir, Almodovar prend le contre pied en tournant des courts métrages  de 30 minutes à peine. Après La Voix Humaine en 2021, libre adaptation de Cocteau avec Tilda Swinton, voici donc Strange Way of Life, un mini western queer à la  Brokeback Mountain,  produit comme un objet d’art par une marque de mode et présenté hors compétition à Cannes. Pedro Pascal et Ethan Hawke jouent impeccablement les cowboys homos et la réalisation du cinéaste Espagnol est toujours aussi inspirée. Mais alors que La Voix humaine (programmé en même temps pour ne pas que le spectateur se sente floué)  épouse idéalement le format court, Strange Way le fait plutôt regretter car l’histoire méritait un plus long développement.  A la sortie, on a l’impression d’avoir visionné une pub de mode et le pilote d’une série western. 

 

La Bête dans la jungle

Cinéma|

Par J.V

Le Pitch

Dans une immense boîte de nuit, un homme (Tom Mercier) et une femme (Anaïs Demoustier) attendent ensemble que quelque « chose » se produise. De 1979 à 2004, du disco à la techno, l’histoire d’un amour non consommé et d’une obsession...

Ce qu’on en pense

 A la frontière de l’art et essai, cette adaptation du roman éponyme d’Henry James précède de quelques semaines celle du Niçois Bertrand Bonello, qui doit être présentée à la Mostra de Venise…  Et donne trés envie de comparer les deux !  Patric Chiha met en scène Anaïs Demoustier et Tom Mercier en couple d’amoureux platoniques et oppose l’immobilisme de leur relation à la frénésie des danseurs et de l’Histoire ( Election de Mitterrand, Chute du mur de Berlin, Sida, 11 septembre…),  dans un décor de boîte de nuit qui ressemble à l’anti-chambre de la mort avec Beatrice Dalle en cerbère-narratrice omnisciente. On peut regretter le choix d’une musique originale plutôt que de tubes d’époque (peut-être imposé par des contraintes financières ? ) qui casse l’effet rétro, mais ce drame Durassien envoûte et ses images restent gravées dans la mémoire. 

 

Fermer les yeux

Cinéma|

Par J.V


Le pitch

Julio Arenas (José Coronado), un acteur célèbre, disparaît pendant le tournage d’un film. Son corps n’est jamais retrouvé, et la police conclut à un accident. Vingt-deux ans plus tard, une émission de télévision consacre une soirée à cette affaire mystérieuse, et sollicite le témoignage du meilleur ami de Julio et réalisateur du film, Miguel Garay (Manolo Solo). En se rendant à Madrid, Miguel va replonger dans son passé…

Ce qu’on en pense

Prix du Jury à Cannes en 1992 pour Le Songe de la lumière,  l’espagnol Victor Erice y était de retour cette année dans la Section Cannes Première, avec ce nouveau long métrage de près de trois heures, découpé en trois actes. Un choix de section curieux de la part du Festival,  pour un film  qui,  en plus d’être testamentaire,  apparaît comme une œuvre majeure sur le pouvoir du cinéma, la mémoire, l’âge et l’amitié. Un des plus beaux films de l’année, sinon le meilleur. Ne le manquez pas s’il est programmé près de chez vous.