Riposte
Par Ph.D
Le pitch
Une membre des forces spéciales (Jessica Alba) revient dans sa ville natale du sud des Etats-Unis à la mort de son père et découvre qu’il a été tué par des trafiquants d’armes…
Ce qu’on en pense
Jessica Alba est la seule raison de s’intéresser à cette série B de vengeance au scénario rachitique et à la mise en scène paresseuse. Elle manie très bien le couteau ! A part ça, inutile de perdre son temps : l’intrigue est ridicule et la réalisation digne d’un téléfilm des années 80.
Sous la Seine
Par Ph.D
Le pitch
Été 2024, Paris accueille pour la première fois les championnats du monde de triathlon sur la Seine. Sophia (Bérénice Bejo), brillante scientifique, est alertée par Mika (Léa Léviant), une jeune activiste dévouée à l’écologie, de la présence d’un grand requin dans les profondeurs du fleuve. Elles n’ont d’autre choix que de faire équipe avec Adil (Nassim Lyes), commandant de la police fluviale pour éviter un bain de sang au cœur de la ville.
Ce qu’on en pense
Après un détour vers la comédie avec Budapest, Xavier Gens revient à ses premières amours (l’épouvante) pour ce film Netflix qui jouit d’une exposition maximale avec la polémique sur la dépollution de la Seine à l’approche des JO. Il y est fait directement référence dans le film, censé se passer durant un triathlon organisé dans la Seine en guise de tes grandeur nature avant les épreuves de natation des Jeux Olympiques, avec une maire de Paris (Anne Marivin) prête à tout pour que les épreuves aient bien lieu. Elles seront un tantinet perturbées par la présence d’un puis de plusieurs dizaines de requins mangeurs d’hommes dans le fleuve. Bien sûr , on n’y croit pas du tout, mais on s’amuse bien à voir approcher le carnage à grande échelle. Le final va même au delà de toutes les attentes en la matière ! La réalisation et les effets spéciaux sont à la hauteur de ce qu’on peut attendre d’un blockbuster d’horreur contemporain et le casting (Bérénice Béjo, Léa Léviant, Nassim Lyes…) parvient à donner de la crédibilité à tous les personnages. En dehors de celui de la maire de Paris, volontairement caricatural pour donner à l’ensemble une touche d’humour bienvenue.
Cannes 2024: Le Palmarès
Par Ph.D
Francis Ford Coppola remettant sa palme d’or d’honneur à George Lucas, c’est l’image que l’on retiendra de la cérémonie de cloture de Cannes 2024. Deux géants du cinéma américain réunis pour une édition où le cinéma américain a particulièrement brillé. En témoigne la palme d’or décernée à Sean Baker pour Anora, une comédie noire qu’auraient pu signer les frères Coen ou les frères Safdie (lire ici). C’était un de nos films préférés de la sélection, avec une actrice épatante, Mikey Madison, qui aurait pu décrocher le prix d’interprétation féminine si la palme n’était pas exclusive de toute autre récompense. On est ravi qu’il ait été attribué au cast féminin d’Emilia Perez, avec lequel Jacques Audiard rafle aussi le prix du Jury. Il y avait peu de rôles masculins marquants dans cette édition aussi ne s’offusque-t-on pas de Jesse Plemons, découverte de la série Fargo, l’emporte pour le film de Yorgos Lanthimos, Kinds of Kindness. Favori de dernière minute pour la Palme avec Les graines du figuier sauvage, l’iranien Mohammad Rasoulof doit se contenter d’un Prix spécial, comme si le palmarès avait été établi avant la projection de son film. On regrette aussi l’absence de FF Coppola et de Christophe Honoré dont le Marcello Mio nous a charmé. On lui aurait bien volontiers décerné le prix du scénario qui aurait été plus mérité que celui accordé à l’atroce The Substance, un film d’horreur de pure mise en scène à l’histoire idiote. Côté réalisation, le jury de Greta Gerwig lui a pourtant préféré le Grand Tour de Miguel Gomes. On ne saurait lui donner tort. Quel bon goût !
Cannes 2024: Part 6
Par Philippe Dupuy
Il a fallu attendre le dernier jour pour que la compétition prenne un peu de « substance », avec l’entrée en lice de Michel Hazanavicius (La plus précieuse des marchandises) et, surtout, de l’iranien Mohammad Rasoulov avec La Graine du figuier sacré. Le premier est une adaptation animée du conte éponyme de Jean-Claude Grumberg sur la Shoah. L’histoire d’un bébé laissé sur les rails par son père au moment de monter dans le train de déportation et recueilli par une famille de bucherons. Dans le conte, la Shoah n’est jamais nommée. Dans le film, à la direction artistique très vintage, les camps sont montrés. L’option divise, mais le résultat est probant. L’émotion, si souvent absente des films en compétition, est au rendez-vous. Arrivé d’Iran quasiment à pied (il s’est enfui après avoir été condamné à 8 ans de prison et à la flagellation), Mohammed Rasoulov a frappé un grand coup avec La Graine du figuier sacré , qui mélange documentaire et fiction autour du mouvement Femmes Vie Liberté. Le film met en scène la famille d’un juge dont les filles défendent le mouvement alors qu’il est lui -même commis à condamner ses partisans. Avec ce drame familial poignant et d’une actualité brulante, le réalisateur d’Un Homme intègre et de Le Diable n’existe pas s’impose, au finish, comme le meilleur prétendant à la Palme d’or.
Avant cela, on aurait plutôt parié sur la réalisatrice indienne Payal Kapadia dont le premier film, All We Imagine As Light , est une petite merveille de sensibilité. L’histoire de trois femmes de trois générations différentes qui travaillent dans le même hôpital de Bombay et doivent composer avec la pauvreté, le mal logement et la dureté de la condition féminine en Inde. Un pays que la réalisatrice filme admirablement. L’actrice principale, Kani Kusruti, mériterait un prix d’interprétation mais les candidates sont nombreuses. Dans cette sélection décidément très francophile, Gilles Lellouche avait réuni le casting le plus avantageux. A part Pierre Niney (qui avait un blockbuster « Qualité France » à tourner avec Le Comte de Monte Cristo), tout ce qui compte dans le jeune cinéma français est à l’affiche de L’Amour Ouf. A commencer par Adèle Exarchopoulos et François Civil qui forment le couple maudit de cette vaste fresque amoureuse de 2h20, surchargée comme une mini série de TF1. Succès public prévisible en salles, mais sélection risquée en compétition : le film obtient la plus basse note au palmarès de la presse internationale. N’est pas Jacques Audiard qui veut. Heureusement, la master class de George Lucas a mobilisé la critique festivalière et l’a empéchée de s’acharner sur le film. Le père de Star Wars recevra une palme d’honneur lors de la cérémonie de cloture, où Emilia Perez reste notre favori.
Cannes 2024: Part 5
Par Philippe Dupuy
Quel beau film d’ouverture (ou de cloture) aurait pu faire Marcello mio , le nouveau film de Christophe Honoré. Pour la compétition par contre, c’est un peu léger. La fin, surtout (lire la critique ici) . Pour rester dans l’ambiance ritale, rien de tel qu’un petit tour sur la côte Amalfienne avec Parthenope , la divine héroïne du nouveau Paolo Sorrentino. La beauté de son interprête (Celeste Dalla Porta) n’a d’égale que celle de la baie de Naples, ville natale du réalisateur qui lui rend un hommage énamouré et quasi publicitaire. L’office du tourisme local va devoir embaucher pour faire face à l’afflux de réservations… Eviter, par contre, le Motel Destino de Karim Ainouz : les voisins de chambre font décidément trop de bruit ! C’est comme ça qu’on baise au Brésil ? Sinon, rien de nouveau sous le soleil du nordeste : que ce vague polar, même pas moite, se retrouve en compétition en dit long sur la faiblesse de la sélection 2024. Les derniers films défilent et la palme dort toujours avec Emilia Perez. Il ne reste plus beaucoup de prétendants pour la réveiller. Sean Baker peut-être ? Anora est, en tout cas, le film qu’on aura le plus envie de revoir en salles. L’histoire d’une go-go danseuse futée (Mikey Madison, nouvelle candidate au prix féminin) qui se marie à Las Vegas avec le fils fêtard d’un richissime oligarque Russe. Bingo ! Mais quand la famille débarque de Moscou avec ses gros bras pour exiger le divorce, ça chauffe pour la donzelle… Rien de particulièrement transcendant dans ce Pretty Woman Tarantinesque, mais un bon film tout simple de temps en temps, ça fait du bien.
Cannes 2024: Part 4
Par Philippe Dupuy
Avec The Substance, film en anglais de la réalisatrice française Coralie Fargeat (Revenge), les sélectionneurs Cannois ont trouvé de quoi assouvir leur nouvelle lubie pour le « film de genre ». Jadis, ils assommaient les festivaliers avec de grands films historiques russes ou chinois, dont la critique disait qu’ils étaient « beaux mais chiants« . Désormais, place aux « films concepts« de pure mise en scène, si possible futuristes et sanguinolants. Après Titane (Palme d’or 2021), The Substance pousse les curseurs à fond. Difficile de faire plus superficiel et sanglant. L’histoire d’une star de télé vieillissante (Demi Moore) qui découvre un programme secret lui permettant de retrouver sa jeunesse… Mais une semaine sur deux seulement ! La semaine suivante, elle retrouve son enveloppe corporelle habituelle. A condition de respecter le protocole : chaque jour de plus passé dans sa nouvelle identité (en Margaret Qualley) se paie de 10 ou 20 ans de plus dans l’ancienne. Facile de deviner ce qui va se passer dans ce Portrait de Dorian Gray 2.0 à l’esthétique publicitaire qui utilise toutes les ficelles du body horror pour un résultat encore plus navrant que Titane. Tous les espoirs sont donc permis au palmarès ! Censé se passer à Hollywood, le film a été en grande partie tourné sur la Côte d’Azur. C’est peut-être là que se niche son génie: impossible de faire la différence !
Après ça, Les Linceuls, nouveau film de David Cronenberg, auquel Coralie Fargeat a presque tout piqué, fait évidemment pale figure en matière de film concept. Vincent Cassel y joue l’inventeur d’un système de « sépulture connectée ». Une caméra embarquée dans le linceul retransmet en direct sur l’écran digital de la tombe la décomposition du cadavre ! Riche idée, à partir de laquelle Cronenberg brode, avec son talent habituel, un thriller horrifique sur les dangers de l’utra connectivité et de l’intelligence artificielle. Ca pourrait être bien (mieux que son précédent en tout cas), si ce n’était pas aussi long et bavard. On ne peut pas en dire autant de Caught by the Tide, le nouveau Jia Zhangke dont les protagonistes n’ont que quelques lignes de dialogue. Le réalisateur Chinois a utilisé des chutes de ses films précédents ( Les Eternels et Still Life notamment) pour raconter une histoire d’amour ratée sur 40 ans de modernisation de la Chine à marche forcée. On y retrouve ses deux acteurs fétiches (Zhao Tao et Zubin Li) que l’on voit vieillir sans le moindre recours aux effets spéciaux. Ca fait du bien ! Bien que banni des grands festivals occidentaux, le cinéma Russe est présent à Cannes avec le nouveau film du dissident Kirill Serebrennikov sur Edouard Limonov, poète, écrivain et activiste d’extrême droite, qui soutint l’annexion de la Crimée, envoya ses militants combattre pour la Russie dans le Dombass et mourut avant de pouvoir soutenir la guerre en Ukraine, dont il était originaire. Serebrennikov en fait une sorte d’Amadeus Russe, dans une reconstitution épatante du New York des années 70-80, sur fond de reprises de Lou Reed et du Velvet Underground. Brillant sur la forme mais louche sur le fond, Limonov, la ballade offre à Ben Whishaw (le Q des derniers James Bond) un rôle qui pourrait lui valoir un prix d’interprétation… Si on n’était pas à Cannes, où ils échoient généralement à des inconnus dont l’Histoire oublie aussitôt les noms .
Cannes 2024: Part 3
Par Philippe Dupuy
Et si, à mi-Festival, Jacques Audiard avait déjà plié le game ? Emilia Perez , son nouveau film, coche toutes les cases d’une belle deuxième Palme d’or : sujet original (un narcotrafiquant qui veut changer de sexe), traitement qui ne l’est pas moins (avec des passages chantés !), casting sensationnel (Zoe Saldana première candidate au prix d’interprétation et la révélation Karla Sofia Gascon en narco transgenre), superbe mise en scène, BO géniale (Camille reviens, tout est pardonné) et ventes à l’international assurées. Il va falloir se lever tôt pour faire mieux. D’autant que la concurrence n’est pas trés affutée cette année. Lanthimos et Paul Schrader ont déçu avec Kinds of Kindness et Oh, Canada. Le premier est un film à sketches en trois parties et ne brille que par sa cruauté et son casting (Emma Stone, Jesse Plemons, Willem Dafoe, Margaret Qualey). Le second est une adaptation de Russel Banks qui sent le sapin, avec Richard Gere en cinéaste culte en fin de vie, qui avoue face caméra toutes ses lâchetés à d’anciens étudiants venus le filmer pour un documentaire sur sa vie. Brouillon, dépassé et finalement assez ennuyeux. Sinon, on a bien ri à Un Certain Regard devant Rumours. Une satyre politique saignante du G7 avec Cate Blanchett en chancelière allemande tracassée du radada et Denis Menochet en président français pompeux. Quelque chose entre Ruben Oslund, la série Parlement et le film de zombies !
Cannes 2024: Part 2
Par Philippe Dupuy
Il y a, cette année au Festival, un espace réservé aux films en réalité virtuelle, qui feront l’objet d’un palmares séparé. L’expérience, entre jeu vidéo et trip aux champignons hallucinogènes mexicains, est assez étonnante et légèrement perturbante. Au point qu’on a cru s’être trompé de porte en assistant à la projection de Megalopolis, le nouveau film de Francis Ford Coppola, de retour en compétition un demi siècle après Apocalypse Now et Conversation secrète. Comme son titre le laisse présager, Megalopolis est un peplum retro futruriste totalement barré. On n’y a rien compris, à part l’intention de départ : tracer un parallèle entre l’état de l’Amérique contemporaine et la chute de l’Empire romain. C’est long (2h18), verbeux (plus de citations que dans un film de JL Godard) , totalement dépourvu d’humour, d’une ambition démesurée et d’une naiveté confondante. Côté direction artitique, ça hésite entre Batman, Les Ailes du désir, Le Mécano de la Générale, Babylon et la pub Dior j’adore. Côté box office, ce sera surement une catastrophe industrielle. Mais c’est probablement le dernier geste fou d’un artiste qui a fait tapis (100 millions de budget autoproduit) pour donner corps à une vision qu’il porte depuis plus de 40 ans. Cela mérite bien que l’on s’y ennuie un peu…
On n’en dira pas autant de Furiosa, le nouveau Mad Max de George Miller qui reproduit consciencieusement la recette du précédent. Tout le monde avait adoré Fury Road… Sauf nous ! Malgré plusieurs tentatives, on n’est jamais arrivé au bout. Même motif, même punition pour Furiosa qui sera, n’en doutons pas, le blockbuster de l’été. Dans le genre vociférant, on a largement préféré City of Darkness, un film de baston (mais pas que) Hong Kongais de Soi Cheang, présenté en séance de minuit. Là encore, on a cru s’être trompé de porte avec le festival immersif : bienvenue dans les bas fonds de Kowloon, où on trace sa route à la faucille et au marteau. Et bonjour la symbolique, puisque l’action se passe au moment de la rétrocession à la Chine… Les décors et les scènes de combats sont hallucinants. A côté de tout ça, évidemment, Diamant Brut, le premier film français en compétition fait figure de cousin de province génant. Ou plutôt de cousine, puisqu’on y suit les efforts désespérés d’une cagole de Fréjus ( Malou Khebizi très convainquante dans le rôle) pour se faire enroler dans le prochain casting de l’Ile de la tentation ou d’une télé réalité du même acabit. Une sorte de « Rosetta djadja« , pathétique et totalement inintéressant (sauf d’un point de vue anthropologique), avec un festival de mauvais accents marseillais et de scènes mal jouées. Au Certain Regard, Les Damnés, film italien de Roberto Minervini, nous refait le coup du Désert des tartares, transposé pendant la guerre de sécession, avec des soldats bleus qui marchent interminablement derrière un charriot, dans les plaines désolées du far west, en attendant de rencontrer l’Ennemi. A la fin, c’est le festivalier qui a l’impression d’être damné.
Cannes 2024: cinéma de la plage
Par la rédaction
«Gratuit et ouvert à tous, sans invitation ni accréditation, le cinéma de la plage est le lien idéal entre ce qui se passe dans le Palais, les Cannois et les visiteurs », a coutume de dire Thierry Frémaux. Et il a bien raison : le Cinéma de la plage c’est «the place to be», le soir à Cannes quand on n’est pas accrédité… et parfois même quand on l’est ! Au programme de cette édition :
Mardi 14 mai : Trainspotting de Danny Boyle
Mercredi 15 mai : Moi Aussi de Judith Godreche et Silex and the City de Jul
Jeudi 16 mai : My Way de Lisa Azuelos et Thierry Teston
Vendredi 17 mai : After Hours de Martin Scorsese
Samedi 18 mai : Transmititzvah de Daniel Burman
Dimanche 19 mai : Indigènes de Rachid Bouchareb
Lundi 20 mai : Les contes de Terremer de Goro Miyazaki et Porco Rosso de Hayaao Miyazaki
Mardi 21 mai : Exils de Tony Gatlif
Mercredi 22 mai : Slocum et moi de Jean-François Laguionie
Jeudi 23 mai : Opération Condor de Jackie Chan
Vendredi 24 mai : Nueve Reinas de Fabian Bielinsky
Samedi 25 mai : Phantom of Paradise de Brian de Palma
Cannes 2024: Part 1
Par Philippe Dupuy
Le 77e festival de Cannes s’est ouvert par la plus belle cérémonie qu’il nous ait été donné de voir depuis des lustres au grand auditorium Lumière, avec une Camille Cottin, très classe en maîtresse de cérémonie, un hommage parfait à la présidente du jury Greta Gerwig par Zaho de Sagazan ( reprenant la fameuse scène de Frances Ha dans laquelle elle danse sur Modern Love de David Bowie) et une palme d’or d’honneur remise à Meryl Streep par Juliette Binoche, encore plus émue que la récipiendaire. 35 ans après son prix d’interprétation, l’actriçe américaine qui n’était pas revenue a Cannes depuis Un Cri dans la nuit, a apprécié sa standing ovation et noté plaisamment que « La vie est courte… Plus que mes discours qui sont toujours trop longs ! ». Ce n’est pas du tout l’avis des festivaliers, ressortis totalement charmés de sa « Conversation » du lendemain à Debussy.
Deuxième acte, le nouveau film du serial director Quentin Dupieux a parfaitement fait son office d’ouverture en balayant tous les sujets sensibles du moment d’un grand éclat de rire surréaliste (lire la critique). En ouverture de la Semaine de la critique, on a découvert le travail de Jonathan Millet, qui signe avec Les Fantomes un thriller très réaliste sur la traque de bourreaux syriens par leurs victimes à travers l’Europe. Un talent prometteur ! Pas comme Magnus Van Horn, en compétition avec La Fille à l’aiguille. Le Suédois nous a saoulés d’entrée avec ce gros pudding bien misérabiliste sur une serial tueuse de nourrissons au 19e siècle. Ce n’est pas parce qu’on a vu les films de Dreyer ou de Todd Browning et qu’on tourne en noir et blanc que cela produit forcément un chef-d’oeuvre. On passe de la Suède du 19e à l’Islande du 21e siècle pour l’ouverture d’Un Certain Regard avec Ljosbrot (When the Light Breaks), un très joli film de Junar Junarsson sur la jeunesse, le deuil et les caprices du destin, avec une actrice épatante (Elin Hall) et quelques-uns des plus beaux plans de ce début de Festival.
Cannes 2024: Le programme
Par Philippe Dupuy
Malgré la présence bienvenue de nouveaux venus Chinois, Indiens, Arabes et Africains, Hollywood et le cinéma français devraient se tailler la part du lion, cette année encore, à Cannes. La sélection officielle, dévoilée le 11 avril par Thierry Frémaux, leur fait la part belle. Cinq films français seront en compétition, dont ceux trés attendus de Jacques Audiard (Emilia Perez avec Zoe Saldana et Selena Gomez) ), Christophe Honoré (Marcello Mio avec Catherine Deneuve et Chiara Mastroianni) et Gilles Lellouche (L’Amour ouf avec Adèle Exarchopoulos et François Civil). Coralie Fargeat, qui a tourné sur la Côte d’Azur une partie de The Substance, un film gore avec Demi Moore, aura également les honneurs de la compétition. On lui souhaite le même succès que Julia Ducournau avec Titane. Hors compétition, Quentin Dupieux fera l’ouverture du festival avec Le Deuxième acte qui réunit Lea Seydoux, Vincent Lindon, Louis Garrel et Raphael Quenard. Six autres productions françaises trustent la section Cannes Première dont les nouveaux films de Leos Carax, des frères Larrieu et d’Alain Guiraudie. Claire Simon (Apprendre) et Daniel Auteuil (Le Fil) seront en séances spéciales et Noemie Merlant (Les Femmes au balcon) en séance de minuit. Excusez du peu !
La France sera également bien représentée dans la compétition immersive, une nouvelle section incluant des installations de réalité virtuelle collectives, des expériences de réalité mixte, ainsi que des œuvres de vidéo mapping et holographiques… Côté Hollywood, l’évènement est constitué par le retour en compétition de Francis Ford Coppola qui présentera son Megalopolis, 50 ans après sa première Palme d’or. Il y sera en concurrence avec David Cronenberg pour The Shrouds. Kevin Costner (Horizon 1) et George Miller (Furiosa) présenteront leurs films hors compétition. Nicolas Cage sera à l’affiche de The Surfer en séance de minuit et Richard Gere en compétition avec Oh Canada de Paul Schrader. Meryll Streep et George Lucas recevront, pour leur part, une Palme d’or d’honneur. Le jury, composé de la scénariste et photographe turque Ebru Ceylan, de l’actrice américaine Lily Gladstone, de l’actrice française Eva Green, de la réalisatrice et scénariste libanaise Nadine Labaki, du réalisateur, producteur et scénariste espagnol Juan Antonio Bayona, de l’acteur italien Pierfrancesco Favino, du réalisateur japonais Kore-eda Hirokazu et de l’acteur et producteur français Omar Sy, sera présidé par Greta Gerwig (Frances Ha, Barbie) et siégera sur la Croisette du 14 au 25 mai pour décerner son palmarès. Xavier Dolan présidera le jury du Certain Regard et c’est Camille Cottin qui animera les soirées d’ouverture et de cloture retransmises en direct sur France 2.
Stöld
Par Ph.D
Le pitch
En Suède, Elsa (Elin Kristina Oskal) une jeune Sami, dont les parents élèvent des rennes selon les traditions séculaires de son peuple, se révolte contre la façon dont sont traités les autochtones, alors que les disparitions se multiplient et que la police ne fait rien…
Ce qu’on en pense
Succès surprise du mois sur Netflix, ce film suédois adapté d’un roman de d’Ann-Helén Laestadius, lui-même basé sur une histoire vraie, vaut surtout pour l’immersion qu’il offre dans une communauté rurale du nord de la Suède et pour les paysages enneigés de Laponie, que les personnages traversent sur leur moto-neige. L’intrigue policière permet de soulever la question du racisme et des discriminations dont souffre le peuple Sami. L’interprétation est très convaincante, on regrette juste que le scénario ne soit pas un peu plus étoffé.
Rebel Moon
Par J.V
Le Pitch
Une paisible colonie sur une lune lointaine est soudain menacée par les armées d’un tyran et place tous ses espoirs de survie entre les mains d’une mystérieuse inconnue (Sofia Boutella)...
Ce qu’on en pense
Le nouveau film de Zack Snyder (300, Wattchmen, Justice League) sort sur Netflix et c’est une bonne nouvelle pour les abonnés de la plateforme qui pourront se régaler de cette nouvelle saga spatiale prévue en trois volets, sans sortir de chez eux. Vaguement inspirée des 7 Samourais, l’intrigue conduit à la formation d’une troupe de mercenaires de l’espace pour sauver un village de paysans d’une armée d’occupation. Le casting, mené par Sofia Boutella en amazone intersidérale, est très sympa. Les décors et costumes sont soignés et les effets spéciaux ne font pas cheap. Côté réalisation, Snyder y va mollo sur les filtres et les effets visuels, ce qui est reposant pour les yeux. Au final, une plutôt bonne surprise.
Nice: Festival In & Out
Par la rédaction
In&Out Nice revient pour sa 16e édition du 18 au 29 avril. Le « festival de cinéma queer pas comme les autres » proposera cette année une trentaine de séances, de nombreux invités, un panorama d’une dizaine de films inédits, une nuit du « queer métrage » et deux grands axes thématiques qui structurent le reste de sa programmation. D’une part, la place de la radicalité dans les luttes LGBTQIA+ avec, notamment, le philosophe Geoffroy de Lagasnerie et le cinéaste Léolo Victor-Pujebet qui viendront présenter Le Corps du délit, film documentaire posant des questions aussi essentielles que nécessaires sur l’articulation difficile entre l’art et la politique, l’expression et l’action, la justice et la violence. D’autre part, l’histoire des communautés militantes, intellectuelles et artistiques LGBTQIA+ californiennes, dans le cadre d’une grande exposition « Queer California » qui se tiendra au 109. Le Panorama propose de nombreux films en avant-première avec en séance d’ouverture Les Tortues du Bruxellois David Lambert, en présence du cinéaste et Langue étrangère que viendra présenter Claire Burger.
Scoop
Par Ph.D
Le pitch
En 2019, le Prince Andrew d’Angleterre, est mis en cause dans le scandale sexuel de l’affaire Epstein. Une journaliste de la BBC parvient à décrocher une interview-confession qui aboutira à sa mise à l’écart de la famille royale…
Ce qu’on en pense
Dans les coulisses de l’interview-choc du prince Andrew, à propos de ses relations avec le maniaque sexuel Jeffrey Epstein… Peu après le suicide du prévenu en prison, les noms des invités célèbres de ses orgies avec des mineures ont été rendus publics, dont ceux de Bill Clinton et du frère du futur roi d’Angleterre, deuxième dans l’ordre de succession au trône, le Prince Andrew d’York (Rufus Sewell). On imagine l’émoi causé à Londres par ces révélations et l’embarras de Buckingham pour y répondre. Le prince finira par se laisser convaincre d’accorder une interview à l’émission phare de la BBC Highlights et à sa présentatrice vedette Emily Maitliss (formidable Gillian Anderson). Pour un résultat au final désastreux pour la monarchie, mais plutôt glorieux pour la BBC. Scoop raconte l’histoire de cette interview et des tractations qui y ont conduit. Et c’est passionnant ! On pourrait croire à un épisode inédit de The Crown. Casting parfait, réalisation nerveuse, scénario et dialogues bien écrits …. Du très bon cinéma anglais, à voir sur Netflix.