Le Grand déplacement
Par J.V
Le pitch
Dans le plus grand des secrets, se prépare à décoller la première mission spatiale africaine ! L’équipage, issu du continent et de sa diaspora, doit explorer la planète « NARDAL », afin d’évaluer la possibilité d’y ramener tous les Africains, si jamais la Terre devenait inhabitable. Le problème c’est que le voyage sera long. Très long. Et que la plus grande inconnue des missions interstellaires demeure l’entente entre les astronautes…
Ce qu’on en pense
Formidable ambition que celle de ce blockbuster comique de l’espace signé Jean-Pascal Zadi (Tout simplement noir). L’image et les décors sont particulièrement soignés et évitent tout effet cheap. Le casting (Reda Kateb, Fary, Fadily Camara…) est très sympa et on embarque avec plaisir avec eux à bord du premier starship africain. Mais comme le dit le pitch, le voyage est long : l’effet de (bonne) surprise passé, l’intrigue peine à se renouveler et on s’ennuie un peu. Quelques vannes bien senties aident toutefois à passer le temps…
Maya 2
Par J.V
Le Pitch
Maya et son papa, Michel Gondry, vivent dans deux pays différents. Pour maintenir le lien avec sa fille et continuer à lui raconter des histoires, il lui demande chaque mois « Maya, donne-moi un titre ». À partir de celui-ci, il lui fabrique un dessin animé dont elle est l’héroïne…
Ce qu’on en pense
Maya ou le cinéma de Michel Gondry expliqué aux enfants. Cette suite de Maya, donne-moi un titre , film d’animation littéralement « bricolé » avec des bouts de papiers, est aussi réjouissante que le premier film, sorti en octobre dernier, et aussi abordable pour tous les publics. On parie que même les enfants de trois ans ne s’ennuieront pas en le regardant. Pour la voix off, Pierre Niney a laissé la place à Blanche Gardin, qui réussit très bien à faire passer l’humour , la poésie et les émotions de ces nouvelles aventures de Maya.
Avignon
Par J.V
Le pitch
Comédien en perte de vitesse, Stéphane (Baptiste Lecaplain) débarque avec sa troupe au Festival d’Avignon pour jouer une pièce de boulevard. Il y recroise Fanny (Elisa Erka), une comédienne de renom, et tombe sous son charme. Profitant d’un quiproquo pour se rapprocher d’elle, Stéphane s’enfonce dans un mensonge qu’il va devoir faire durer le temps du festival…mais qui va très vite le dépasser !
Ce qu’on en pense
Quoi servent les courts métrages ? A faire des longs pardi ! Après Partir un jour d’Amélie Bonnin, voici Avignon que Johann Dionnet a lui aussi adapté de son court intitulé Je joue Rodrigue. Baptiste Lecaplain, Elisa Erka et Alison Wheeler y jouent un triangle amoureux en plein le festival d’Avignon. Couronné d’un Grand Prix au festival de l’Alpe d’Huez, le film ne se contente pas d’être une plaisante comédie romantique : il croque avec justesse l’ambiance du festival, le monde du théâtre et celui des intermittents du spectacle. Une réussite.
Enzo
Par J.V
Le Pitch
Enzo (Eloy Pohu), 16 ans, est apprenti maçon à La Ciotat. Pressé par son père (Pierfracescoi Favino) qui le voyait faire des études supérieures, le jeune homme cherche à échapper au cadre confortable mais étouffant de la villa familiale. C’est sur les chantiers, au contact de Vlad (Maksym Slivinskyi), un collègue ukrainien, qu’Enzo va entrevoir un nouvel horizon…
Ce qu’on en pense
L’histoire autour du processus de création de « Enzo » est aussi belle que dramatique. En effet, Robin Campillo a tourné ce film coécrit avec Laurent Cantet peu de temps après le décès de ce dernier, qui devait assurer les prises de vues. D’un bout à l’autre, on sent, dans cette œuvre sensible, leur univers respectif. À savoir la façon de capter la complexité humaine de l’auteur palmé pour « Entre les murs » (2008) et le traitement des corps et de la sensualité de celui de « 120 battements par minute », qui reçut le Grand Prix du Jury en 2017. Leur alchimie transparaît et de manière subtile, le film capte le tiraillement entre le confort et la nécessité de se battre pour des valeurs qui nous sont chères, en interrogeant quel serait le bon choix. Si tant est qu’il y en ait un… L’atmosphère du Sud insuffle à ce drame – qui n’est pas une tragédie – une saveur inattendue, loin des poncifs, ce qui permet de ne pas se limiter à une simple réflexion sur l’âge ingrat et les attirances qui lui sont liées. Il s’agit davantage de faire l’état des lieux d’une jeunesse en manque de repères, car lucide de vivre dans un monde marqué par la violence et les guerres. Celle en Ukraine étant au cœur des préoccupations de Vlad, dont le personnage principal va tomber sous le charme.
28 ans plus tard
Par J.V
Le pitch
Cela fait près de trente ans que le Virus de la Fureur s’est échappé d’un laboratoire d’armement biologique. Alors qu’un confinement très strict a été mis en place, certains ont trouvé le moyen de survivre parmi les personnes infectées. C’est ainsi qu’une communauté de rescapés s’est réfugiée sur une petite île seulement reliée au continent par une route, placée sous haute protection. Pour initier son fils Spike (Alfie Williams), pré adolescent et au combat des infectés, Jamie (Aaron Taylor Johnson) décide de l’emmener faire une petite virée à l’extérieur. Et ce malgré les réticences de son épouse Isla, atteinte d’un cancer en phase terminale…
Ce qu’on en pense
Sorti en 2003, 28 jours plus tard a (re)lancé la mode des films de zombies. Après 28 semaines plus tard (2007), voici donc 28 ans plus tard, qui ne clôt pas vraiment la trilogie puisqu’il en ouvre une autre. D’où l’absence du héros originel, Jim, incarné par Cillian Murphy, dont Danny Boyle promet qu’il réapparaîtra à la fin du prochain épisode. On reste quand même en terrain connu et la maestria du duo Danny Boyle (réalisateur) Alex Garland (scénariste ) est intacte : pas une seconde d’ennui. Le film se révèle pourtant plus noir et profond qu’attendu.
The Life of Chuck
Par J.V
Le pitch
La vie extraordinaire d’un homme ordinaire, Charles Krantz dit Chuck (Tom Hiddleston / Jacob Tremblay), de sa mort à 39 ans des suites d’une tumeur au cerveau jusqu’à sa jeunesse, dans une maison soi-disant hantée…
Ce qu’on en pense
Déjà remarqué pour ses adaptations de romans de Stephen King (Jessie, Doctor Sleep) et show runner de la série tirée de La Tour sombre, Mike Flanagan signe avec The Life of Chuck une nouvelle adaptation impressionnante du maître du roman fantastique. Raconté en trois parties et à rebours, ce drame existentiel brouille les temporalités et les frontières entre la vie et la mort. On y retrouve avec plaisir Mark -Skywalker- Hamill dans un rôle trés éloigné de la saga Star Wars. Complexe et surprenant, le film reste en tête longtemps après le mot fin.
Indomptables
Par J.V
Le pitch
À Yaoundé, le commissaire Billong (Thomas Ngijol) enquête sur le meurtre d’un officier de police. Dans la rue comme au sein de sa famille, il peine à maintenir l’ordre. Homme de principe et de tradition, il approche du point de rupture….
Ce qu’on en pense
Belle surprise que ce premier long métrage signé de l’humoriste Thomas Ngijol, qui délaisse la comédie le temps d’ un polar naturaliste dans la veine sombre de Bad Lieutenant ou Le Caire confidentiel. Le néo réalisateur, qui tient aussi le premier rôle, parvient à trouver la bonne distance pour dépeindre la société camerounaise, sans tomber dans les clichés, le moralisme, ni la caricature. A voir !
09Balle perdue 1,2,3
Par Ph. D
Le Pitch
Petit génie de la mécanique, Lino (Alban Lenoir) est réputé pour ses voitures-bélier. Jusqu’au jour où il se fait arrêter pour un braquage qui tourne mal. Repéré par le chef d’une unité de flics de choc, il se voit proposer un marché pour éviter la prison. 9 mois plus tard, Lino a largement fait ses preuves. Mais soudain accusé à tort de meurtre, il n’a d’autre choix que de retrouver l’unique preuve de son innocence : la balle du crime, coincée dans une voiture disparue…
Ce qu’on en pense
Fast & Furious frenchie, Balle perdue connaît un succès international depuis son lancement en 2020 sur Netflix. Le premier film permettait de faire connaissance avec Lino, l’as du volant et de la castagne incarné par Alban Lenoir (loin des Crevettes Pailletées) et d’assister à son intégration dans une brigade d’intervention motorisée de la police, avant qu’il soit accusé du meurtre de son mentor. Pour la suite, on prend les mêmes et on recommence : Pascale Arbillot et Stefi Celma (échappée du standard de Dix pour cent) voient leur rôle s’étoffer, idem pour Gérard Lanvin en Boss final, tandis que Nicolas Duvauchelle, méchant du premier film, ne fait qu’une courte apparition (en attendant son grand retour dans le numéro 3). Rescapé du premier opus, Lino-Lenoir apprend qu’on lui a caché des choses et se fâche tout rouge. S’en suivent une série de bastons et de courses poursuites toujours aussi spectaculaires sur les routes de l’Hérault, jusqu’à la frontière espagnole. Balle perdue 3 offre un final en feu d’artifice, avec tous les protagonistes encore vivants à nouveau réunis. La guerre des polices qui justifie cette vendetta n’est pas crédible pour un rond, mais c’est tellement fun et bien filmé (bravo Guillaume Pierret !) qu’on s’en fiche. Pour les amateurs de baston et de poursuites, cette trilogie c’est vraiment de la balle !
Bono: Stories of…
Par Ph.D
Suivant l’exemple de Bruce Springsteen, le chanteur de U2 a fait suivre la publication de son autobiographie (Surrender 2022) d’une série de représentations intimistes au Beacon Theatre de New York (Stories of Surrender : An Evening of Words, Music and Some Mischief), dans lesquelles il récitait des passages du livre et reprenait des chansons de U2 accompagné d’une violoncelliste, d’une harpiste-clavieriste et d’un percussionniste. Le réalisateur américain Andrew Dominik (Mindhunter, Blonde) a filmé le spectacle , scénographié comme une pièce de théâtre, et en livre un montage en noir et blanc lyrique et immersif qui a eu les honneurs du Festival de Cannes. Bono s’y confie, avec sincérité et passion sur sa famille, sa carrière, sa foi et ses engagements, entrecoupant les scènes de prestations chantées de titres de U2 réarrangés, dans lesquels sa voix est particulièrement bien mise en valeur. Disponible en streaming sur AppleTV+, le film ravira les fans de U2… et continuera probablement d’énerver les détracteurs du chanteur qui lui reprochent son égocentrisme forcené (Ce à quoi il répond en substance : qu’importe les raisons pour lesquelles on fait les choses si la cause est bonne). Formellement, en tout cas, le film est superbe et mérite d’être vu au delà du cercle de fans de U2.
Cloud
Par J.V
Le pitch
Ryosuke (Masaki Suda) plaque tout pour vivre de la revente en ligne. Mais bientôt, certains clients menaçants resserrent l’étau autour de lui sans qu’il en comprenne les raisons. Son rêve d’indépendance vole en éclats. Dans un Japon hyperconnecté, fuir est impossible. Surtout quand on ignore les règles du jeu…
Ce qu’on en pense
Le prolifique Kiyoshi Kurosawa (Lion d’or à Venise pour son film précédent Les Amants sacrifiés) est de retour après une courte éclipse de sorties. Des trois films tournés dans l’intervalle (dont un en français avec Damien Bonnard et Mathieu Amalric), Cloud se présente comme un mélange de film social et de thriller, avec un héros qui se lance dans la vente spéculative en ligne et doit faire face à la vengeance de clients s’estimant lésés. Très ancré dans la culture nippone, Cloud risque de dérouter le public francophone, avec des personnages à la psychologie sommaire et des enjeux qui nous échappent parfois. La fin ouverte suggère pourtant qu’il pourrait y avoir une suite à ce nébuleux « nuage ».
Parcours sentimental
Par Ph.D
Le pitch
Depuis ses 16 ans, entre Paris et Rome, Chloé a filmé ses amours au caméscope. Coup de cœur adolescent, relation à distance, passion charnelle… alors qu’elle vivait une histoire, elle en fabriquait déjà le souvenir. Mais de quoi se souviennent ses ex ? Quelle est leur version des faits ? Douze d’entre eux se livrent pour reconstituer son parcours sentimental …
Ce qu’on en pense
Pari audacieux que celui de Chloé Barreau avec ces « Fragments d’un parcours amoureux« : retrouver ses « ex » et le faire se souvenir de votre relation amoureuse… Quitte à s’exposer à prendre une volée de bois vert ! Surtout quand les ex se nomment Rebecca Zlotowski ou Anna Mouglalis et qu’elles sont aussi des partenaires de cinéma… L’occasion aussi de parler des amours adolescentes, d’homosexualité féminine et de l’émergence du désir pour d’autres femmes, sous la forme d’interviews joliment filmées. La démarche est intéressante, le résultat aussi, plus universel et pudique qu’on pourrait le croire. Un vrai coup de coeur!
Freud
Par J.V
Le pitch
À la veille de la Seconde Guerre mondiale, Sigmund Freud (Anthony Hopkins) s’est réfugié à Londres, en compagnie de sa fille Anna (Liv Lisa Fries). Sous l’effet de l’âge et de la maladie, la star mondiale de la psychanalyse s’est changée en un vieillard aigri et capricieux. Mais la curiosité du professeur est piquée au vif lorsqu’un certain C.S Lewis (Matthew Goode), romancier et chrétien revendiqué, le mentionne dans l’une de ses publications. Leur rencontre autour de la question de Dieu va tourner au duel…
Ce qu’on en pense
Adaptée d’une pièce de théâtre, la rencontre (fictive) entre Freud et C.S Lewis tient ses promesses grâce aux deux acteurs principaux (Anthony Hopkins et Matthew Goode, transfuge de la série Downton Abbey ), sans que la mise en scène parvienne toutefois à masquer ses origines théâtrales. Après avoir incarné Picasso, Benoît XVI ou Nixon, Hopkins livre une nouvelle performance impressionnante et le film propose une réflexion pertinente sur le rapport entre science et foi. Paradoxalement, c’est lorsqu’il aborde la relation fusionnelle de Freud avec sa fille Anna (Liv Lisa Fries) que le scénario montre ses limites, en hésitant à plonger plus profond dans l’esprit tourmenté du père de la psychanalyse.
Ballerina
Par J.V
Le pitch
La vengeance implacable d’Eve Macarro (Ana De Armas), la nouvelle tueuse de l’organisation Ruska Roma…
Ce qu’on en pense
Après quatre films et une série, la trés masculine (voire masculiniste) saga John Wick , portée par Keanu Reeves, s’enrichit d’un spin-off consacré à une figure féminine. L’indispensable Ana de Armas, révélation du dernier James Bond, endosse la tenue de la nouvelle tueuse de l’organisation avec beaucoup de peps. Dommage que la réalisation de Len Wiseman ne soit pas aussi sexy et efficace. Le film a surtout le mérite de lancer un nouveau personnage d’action hero féminine dont les prochaines aventures seront probablement plus palpitantes.
Le Répondeur
Par J.V
Le pitch
Pierre (Denis Podalydès), écrivain débordé par sa notoriété, engage Baptiste (Salif Cissé) pour répondre à ses appels téléphoniques à sa place. Ce dernier, avec sa spontanéité, se retrouve mêlé à l’intimité de Pierre : sa maîtresse, sa fille, son entourage. Les quiproquos s’enchaînent, et Malik, en tombant amoureux de la fille de Pierre, bouleverse peu à peu la vie de chacun…
Ce qu’on en pense
Couronnée du prix du Public au festival de l’Alpe d’Huez, cette comédie signée Fabienne Godet, vaut surtout pour le duo comique formé par l’indispensable Denis Podalydès en écrivain célèbre et Salif Cissé jeune issu d’un autre milieu social qui débarque avec ses gros sabot dans la vie de son employeur. Un procédé qui a donné des réussites comme Intouchables et Docteur? avec Michel Blanc et Hakim Jemili. La réalisatrice de Nos vies formidables en tire une comédie attachante et divertissante, bien dans l’air du temps.
The Phoenician Scheme
Par Ph.D
Le pitch
1950. Anatole « Zsa-zsa » Korda (Benicio Del Toro), industriel énigmatique parmi les hommes les plus riches d’Europe, survit à une nouvelle tentative d’assassinat. Ses activités commerciales aux multiples ramifications, complexes à l’extrême et d’une redoutable brutalité, ont fait de lui la cible non seulement de ses concurrents, mais aussi de gouvernements de toutes tendances idéologiques à travers le monde. Korda est aujourd’hui engagé dans la phase ultime d’un projet aussi ambitieux que déterminant pour sa carrière, mais au risque financier personnel vertigineux. Pour faire face aux menaces constantes, il décide de former sa successeure : Liesl (Mia Threapleton), sa fille de vingt ans devenue nonne qu’il avait perdue de vue…
Ce qu’on en pense
Reparti une nouvelle fois bredouille de Cannes, où tous ses films sont présentés en compétition depuis des années, Wes Anderson persiste et signe avec ce nouvel opus, tout aussi réussi esthétiquement que les précédents (La Famille Tenenbaum, La Vie aquatique , À bord du Darjeeling Limited, The Grand Budapest Hotel …) mais aussi bavard et finalement ennuyeux que son prédécesseur, The French Dispatch. Dommage, car le casting est cette fois encore formidable avec (entre autres) Benicio Del Toro, Mia Threapleton, Michael Cera , Scarlett Johansson, Mathieu Amalric, Tom Hanks, Bryan Cranston et Benedict Cumberbatch ! On passe quand même un bon moment grâce à eux, en formant des voeux pour que le réalisateur revienne à un peu moins de formalisme et plus de sensibilité.
















