Cinéma

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Black Flies 

Cinéma|

Par Ph.D

Le Pitch

Ollie Cross (Tye Sheridan), jeune ambulancier de New York, fait équipe avec Gene Rutkovsky, (Sean Penn) un urgentiste expérimenté. Confronté à la violente réalité de leurs quotidiens, il découvre les risques d’un métier qui chaque jour ébranle ses certitudes et ne lui laisse aucun répit.

Ce qu’on en pense

Palme de plomb de Cannes 2023, où il avait les honneurs de la compétition,  le nouveau  film de Jean-Stéphane Sauvaire, cinéaste français installé à New-York découvert  en 2007 avec Johnny Mad Dog est  une plongée en apnée dans la misère sociale la plus glauque, en compagnie de deux ambulanciers new-yorkais joués par Tye Sheridan et Sean Penn. Montage hystérique, bande son vacarmesque,  propos inexistant…  On ne sait ce qui est le plus insupportable dans ce film : le voyeurisme gore de la réalisation (bonjour la scène d’accouchement !) ou le surjeu forcené de Sean Penn.  Pourquoi s’infliger un truc pareil ?

 

Le Salaire de la peur

Cinéma|

Par Ph.D

Le pitch

Une équipe de choc a moins de 24 heures pour convoyer deux camions bourrés d’explosifs à travers une région hostile et empêcher une terrible catastrophe.

Ce qu’on  en pense

La « terrible catastrophe » annoncée dans le pitch a, hélas, bien lieu avec ce remake faussement stéroïdé du film de Henri-Georges Clouzot daté de 1952. Déjà, il faut presqu’une heure à Franck Gastambide et Alban Lenoir, les deux gros bras du Netflix francophone,  pour monter dans le camion.  Et, une fois en route,  le suspens est si faiblard qu’on ne craint qu’une chose : s’endormir avant de savoir à quoi sert le personnage d’Ana Girardot (réponse : à rien !).  Si le film s’était appelé Boum-boum à Khartoum, on aurait peut-être été plus enclin à l’indulgence. Mais là, c’est la mémoire de Clouzot, Charles Vanel et Yves Montand qu’on dynamite.

Road House

Cinéma|

Par Ph.D

Le pitch

Dalton (Jake Gyllenhaal), un ancien combattant de l’UFC tente d’échapper à son sombre passé et à son penchant pour la violence. Frankie (Jessica Williams), propriétaire d’un relais routier dans les Keys de Floride l’engage comme nouveau videur,  dans l’espoir d’empêcher un gang violent, travaillant pour le patron du crime Brandt, de détruire son bar bien-aimé. ..

Ce qu’on en pense

Remake, 34 ans après, du film éponyme avec Patrick Swayze (également dispo sur Prime), Road House ne déçoit pas. C’est de la série B d’action et de bastons au deuxième degré comme on l’aime. L’action a été relocalisée en Floride et sérieusement féminisée avec trois rôles très sympas confiés à Jessica Williams (la tenancière de bar), Daniela Melchior (l’infirmière)  et BK Cannon (la libraire). De son  côté,  Jake Gyllenhaal apporte au héros jadis incarné par Patrick Swayze un supplément d’âme et de noirceur. A la réalisation Doug Liman (Barry Seal, Edge of Tomorrow) y va franco et s’éclate dans la castagne en vue sujective (façon jeu vidéo de MMA) et dans les poursuites en bateau. En guests, le rappeur Post Malone et (surtout) la star du MMA Connor McGregor font le job. Le soleil , les keys et la BO (des émules de ZZ Top à la place de Jeff Healey)  font le reste : ça sent bon le film d’été !

Los Delincuentes

Cinéma|

Par Ph.D

Le pitch

Román et Morán, deux modestes employés de banque de Buenos Aires, sont piégés par la routine. Morán met en oeuvre un projet fou : voler au coffre une somme équivalente à leurs vies de salaires. Désormais délinquants, leurs destins sont liés. Au gré de leur cavale et des rencontres, chacun à sa manière emprunte une voie nouvelle vers la liberté.

Ce qu’on en pense

Un drôle de film argentin,  qui démarre comme une comédie policière , vire au film de prison puis s’évade dans une double romance bucolique, sans perdre le fil de son récit aux accents anarchiques et libertaires. Un employé de banque détourne 600 000 dollars en liquide. Deux vies de salaire ! Le soir même, il confie le pactole à un de ses collègues en lui mettant en main le marché suivant : soit tu me dénonces à la police et tu rends l’argent à la banque. Soit tu ne dis rien, tu gardes l’argent, je me dénonce, je purge ma peine et dans quatre ans on fait moitié-moitié. Dilemme ! Complice malgré lui, l’autre décide de ne rien dire. Mais quelle angoisse ! Jusqu’à ce qu’un évènement imprévu vienne adoucir ses scrupules… D’habitude, dans ce genre d’histoire, rien ne se passe comme prévu pour les protagonistes. Ici, c’est le spectateur qui est mystifié. On s’attend à tout,  sauf à ce qui arrive tant le film prend de chemins buissonniers. Un régal. 

Pas de vagues

Cinéma|

Par J.V

Le pitch

Julien (François Civil) est professeur au collège. Jeune et volontaire, il essaie de créer du lien avec sa classe en prenant sous son aile quelques élèves, dont la timide Leslie (Toscane Duquesne). Ce traitement de faveur est mal perçu par certains camarades qui prêtent au professeur d’autres intentions. Julien est accusé de harcèlement…

Ce qu’on en pense

Teddy Lussi-Modeste (Le Prix du succès, Jimmy Rivière) s’inspire de sa propre expérience de professeur de français pour ce thriller scolaire dans lequel François Civil endosse le rôle du prof accusé de harcèlement.  Un sujet dans l’air du temps,  qui permet au réalisateur de montrer comment l’institution et les proches réagissent à ce type d’accusations. Le film manque, hélas, un peu de vigueur dans la démonstration et la fin ouverte laisse le spectateur à ses propres doutes et jugements.

Le Jeu de la Reine

Cinéma|

Par Ph.D

Le pitch

Catherine Parr (Alicia Vikander) est la sixième femme du roi Henri VIII (Jude Law), dont les précédentes épouses, à l’exception d’une seule, rongée par la maladie, ont été soit répudié, soit décapitées. Avec l’aide de ses dames de compagnie, elle tente de déjouer les pièges que lui tendent l’évêque, la cour et le roi…

Ce qu’on en pense

En compétition à Cannes l’an dernier,  après y avoir remporté le Prix Un Certain Regard en 2019 avec La Vie invisible d’Euridice Gusmao, le Brésilien Karim Aïnouz a un peu déçu avec ce thriller médieval empesé sur la relation entre Henri VIII et sa dernière épouse. Le film vaut surtout pour le face à face attendu entre Alicia Vikander et Jude Law, quasi méconnaissable dans le rôle du roi monstrueux. La reconstitution d’époque est splendide et l’ambiance est aussi tendue que les tapisseries,  mais il manque quelque chose pour justifier la durée du film (2h00 ressenties 3).

Hors saison

Cinéma|

Par J.V

Le Pitch

Mathieu (Guillaume Canet) habite Paris, Alice (Alba Rohrwacher) vit dans une petite cité balnéaire dans l’ouest de la France. Il caresse la cinquantaine, c’est un acteur connu. Elle a dépassé la quarantaine, elle est professeure de piano. Ils se sont aimés il y a une quinzaine d’années. Puis séparés. Depuis, le temps est passé, chacun a suivi sa route et les plaies se sont refermées peu à peu. Quand Mathieu vient diluer sa mélancolie dans les bains à remous d’une thalasso, il retrouve Alice par hasard…

Ce qu’on en pense

Stéphane Brizé délaisse le « Lindon movie »  social (La Loi du marché, En guerre...) pour une romance « Lelouchienne »,  avec Guillaume Canet dans le rôle d’un acteur en crise et la merveilleuse Alba Rohrwacher dans celui d’une de ses anciennes conquêtes. Leurs retrouvailles, dans une station balnéaire hors saison,  sont pleines de mélancolie et de tendresse. Le film, lui, ne manque ni de délicatesse, ni d’humour. Il donne envie de partir en thalasso !

Une Famille

Cinéma|

Par J.V 

Le pitch

L’écrivaine Christine Angot est invitée pour des raisons professionnelles à Strasbourg, où son père a vécu jusqu’à sa mort en 1999. C’est la ville où elle l’a rencontré pour la première fois à treize ans, et où il a commencé à la violer. Sa femme et ses enfants y vivent toujours.  Angot prend une caméra, et frappe aux portes de la famille…

Ce qu’on en pense

Christine Angot poursuit son auto-analyse avec ce documentaire particulièrement frontal, dans lequel elle confronte la famille de son père incestueux à sa présence, à ses questions et à sa caméra. Du cinéma-vérité dans toute sa rudesse sur un sujet qui ne supporterait sans doute pas les effets de style.

 

 

 

 

Sirènes

Cinéma|

Par Ph.D

Le pitch

Alison Flesh (Alice Pol), capitaine de police rebelle et incontrôlable est forcée par son supérieur le commissaire Djiba (Ramzy Bedia)  à travailler en binôme avec Leïla Balani (Shirine Boutella), experte en criminologie mais nulle sur le terrain. Sur la piste d’un serial killer à Nice, Flesh et Balani vont devoir faire équipe quitte à retourner toute la Riviera.

Ce qu’on en pense

On pensait que ce genre de film-télé était réservé à TF1. Pas de jaloux,  les abonnés de Prime y ont droit aussi ! Comme c’est tourné à Nice, on s’est forcé à regarder : franchement,  ça fait pitié. On dirait un mix fauché de Taxi 15 et de HPI,  avec Alice Pol à la place d’Audrey Fleurot. Tous les clichés de la Côte d’Azur y passent,  avec un festival d’accents pourris,  de dialogues écrits avec les pieds, de poursuites en 205 Peugeot et de fringues de cagoles. L’intrigue est ridicule (comme le reste) et la réalisation purement télévisuelle. Fuyez !   

Heureux gagnants

Cinéma|

Par J.V

Le pitch

1 chance sur 19 millions. Plus de probabilité d’être frappé par une météorite que de gagner au loto. Pour nos heureux gagnants, le rêve va rapidement se transformer en cauchemar…

Ce qu’on en pense

Un film à sketches dans la veine noire et décapatante des Nouveaux sauvages sur le thème de la bonne fortune qui se transforme en cauchemar. Des djihadistes appprennent qu’ils ont gagné au loto au moment où il s’apprêtent à se faire sauter dans le métro. Audrey Lamy et Fabrice Eboué se lancent dans une course impossible à travers Marseille pour toucher le ticket gagnant qui arrive à expiration dans quelques minutes…   Maxime Govare et Romain Choay s’en donne à coeur joie pour filmer les malheurs de ces Heureux gagnants. Une réussite.  Pour une fois,  c’est le spectateur qui a le ticket gagnant !  

Blanche Houellebecq

Cinéma|

Par J.V

Le pitch

En Guadeloupe, Blanche Gardin préside un concours de sosie consacré à Michel Houellebecq. Michel s’y rend, mais des événements imprévus vont plonger notre duo au cœur d’une intrigue rocambolesque…

Ce qu’on  en pense

Après L’Enlèvement de Michel Houellebecq  et Thalasso (où l’écrivain prenait les eaux avec Gérard Depardieu), l’imprévisible Guillaume Nicloux livre le dernier (?) volet de sa trilogie consacrée à la figure du plus grand écrivain français vivant, transformé en comique troupier. C’est Blanche Gardin qui joue, cette fois, les faire valoir. Elle forme avec Houelllebecq un duo burlesque particulièrement dérangé, sinon dérangeant. On croise aussi Gaspar Noé et Jean Pascal Zadi dans cette réalisation volontairement foutraque, dont aucun des protagonistes ne sort indemne. Le spectateur non plus.

Ferrari

Cinéma|

Par Ph.D

Le pitch 

C’est l’été 1957. Derrière le spectacle de la Formule 1, l’ancien coureur Enzo Ferrari (Adam Driver) est en crise. La faillite menace l’usine que lui et sa femme, Laura (Penelope Cruz), ont construite à partir de rien dix ans plus tôt. Leur mariage instable a été ébranlé par la perte de leur fils, Dino, un an plus tôt. Ferrari mène une double vie avec Lina Lardi (Shailene Woodley) dont il a eu un autre fils. Pendant ce temps, la passion de ses pilotes pour la victoire les pousse à la limite alors qu’ils se lancent dans la périlleuse course de 1 000 miles à travers l’Italie, la Mille Miglia.

Ce qu’on en pense 

Après Ali, Ferrari. Du Commandatore,  Michael Mann ne retient que la double vie : brisé par la mort de son fils Dino, Enzo trouve le réconfort auprès de sa maitresse et de leur jeune fils, Piero. Mais il vit toujours avec sa femme Laura, qui détient 50% de Ferrari et peut à tout moment le mettre en faillite, alors que la course automobile grève considérablement les finances de l’usine.  Curieux choix pour faire le portrait d’une des personnalités les plus importantes de l’Italie contemporaine .  Et que dire du casting ? Adam Driver en Enzo Ferrari, malgré une vague ressemblance,  il fallait y penser. Penelope Cruz joue sa femme (en forçant le côté hystérique ) et Shailene Woodley sa maîtresse. Aucun des trois ne parle italien. Pas grave : tous les dialogues sont en anglais ! On voit peu de voitures (la plus présente à l’écran est la 403 Peugeot que conduit Enzo) et les scènes de course n’occupent que très peu des 2h10 que dure le film. Dommage, car  elles sont vraiment spectaculaires.  A part le rachat par Fiat,  tout le côté économique,  historique et sociétal est laissé de côté. Le film se regarde sans déplaisir, mais on est (très) loin du « Parrain de la F1″ annoncé.

 

 

Comme un fils

Cinéma|

Par J.V

Le pitch

Jacques Romand (Vincent Lindon) est un professeur qui a perdu sa vocation. Témoin d’une agression dans une épicerie de quartier, il permet l’arrestation de l’un des voleurs : Victor, 14 ans (Stefan Virgil Stoica). Mais en découvrant le sort de ce gamin déscolarisé que l’on force à voler pour survivre, Jacques va tout mettre en œuvre pour venir en aide à ce jeune parti sur de si mauvais rails. Quitte à affronter ceux qui l’exploitent. En luttant contre les réticences mêmes de Victor pour tenter de lui offrir un meilleur avenir, Jacques va changer son propre destin…

Ce qu’on  en pense

Un film social de plus à ajouter au palmarès de Vincent Lindon. Comme un fils vient à la suite de La Loi du marché (Stéphane Brizé)  et de Welcome (Philippe Lioret)  et pourrait former avec eux une sorte de tryptique du « Lindon movie engagé » . Ni le scénario, ni la réalisation ne sont, hélas, à la hauteur des deux films précités. L’émotion peine à poindre malgré  l’interprétation de Vincent Lindon, toujours impeccable dans ce genre de rôle.

La Vie de ma mère

Cinéma|

Par J.V

Le pitch

Pierre (William Lebghil), 33 ans, fleuriste à succès, voit sa vie basculer lorsque sa mère, Judith (Agnès Jaoui), fantasque et excessive, débarque dans sa vie après deux ans sans se voir. Pierre n’a qu’une idée, développer sa boutique, mais rien ne se passe comme prévu. Leurs retrouvailles, aussi inattendues qu’explosives, vont transformer Pierre et Judith à jamais…

Ce qu’on  en pense

Sur un scénario de Mommy inversé  (ici c’est la mère qui est bipolaire et doit être re-internée), le film de défaut de Julien Carpentier offre de beaux rôles à  William Lebghil presque à contre emploi en fils responsable et à Agnès Jaoui qui méritera décidément un César de la meilleure mère à l’écran après sa prestation dans Le dernier des juifs. Conventionnelle dans sa partie road movie,  la réalisation prend toute sa puissance émotionnelle et touche au coeur dans le dernier acte.

César 2024 : Le Palmarès

Cinéma|

Par Ph.D

Un grand vainqueur annoncé (et, à notre avis, surcôté) : Anatomie d’une chute . Des prix de consolation pour le meilleur film français de l’année (Le Règne Animal). Une seule statuette pour le film le plus émouvant : Je Verrai toujours vos visages. La naissance d’une star : Raphaël Quenard, prix de la révélation (et du meilleur discours de réception). Un prix masculin volé à Raphaël Quenard (Arieh Worhalter pour Le Procès Goldman). Un Meilleur film étranger francophone (Simple comme Sylvain).  Un prix féminin mille fois mérité : Sandra Huller. Un invité d’honneur snobé : Christopher Nolan (reparti sans la statuette du meilleur film étranger qui lui était promise pour Oppenheimer). Un César d’honneur mérité pour Agnès Jaoui, (qu’on reverra sans doute l’année prochaine pour Le Dernier des juifs). La vengeance de Judith Godrèche (voir vidéo).  La revanche des femmes réalisatrices… Même Rachida Dati a passé une bonne soirée (et c’est rare pour une ministre de la culture aux César) : autant dire que la cérémonie des César 2024 a été un bon cru.