Gladiator II
Par J.V
Le pitch
Des années après avoir assisté à la mort du héros vénéré Maximus, Lucius (Paul Mescal) est forcé d’entrer dans le Colisée lorsque son pays est conquis par les empereurs tyranniques qui gouvernent désormais Rome d’une main de fer. La rage au cœur et l’avenir de l’Empire en jeu, Lucius doit se tourner vers son passé pour trouver la force et l’honneur de rendre la gloire de Rome à son peuple.
Ce qu’on en pense
Histoire de faire oublier son épouvantable Napoleon, Riddley Scott enchaine avec une suite à son chef-d’oeuvre de 2000, Gladiator. On entre dans l’arène avec la peur au ventre mais, finalement, ça ne se passe pas si mal. Plus politique que son prédecesseur, Gladiator II n’oublie pas pour autant d’être spectaculaire, avec un Denzel Washington toujours aussi charismatique. Certes Maximus/Russel Crowe n’est pas vraiment remplacé et le film n’a pas la noirceur du premier, mais il fait honnêtement son office de peplum stéroïdé. Des pains (dans la gueule) et des jeux !
La Vallée des fous
Par J.V
Le pitch
Passionné de voile, Jean-Paul (Jean Paul Rouve) traverse une passe difficile. Il accumule les dettes et s’éloigne des siens. Bien décidé à reprendre sa vie en main, il s’inscrit à Virtual Regatta la course virtuelle du Vendée Globe. Il se met dans les conditions d’un vrai skipper en s’isolant pendant 3 mois sur son bateau dans son jardin… Ce voyage pas comme les autres, lui permettra de renouer avec sa famille mais surtout avec lui-même.
Ce qu’on en pense
Passionné de voile et joueur de Virtual Regata lui-même, Xavier Beauvois a imaginé cette histoire pendant le confinement. Jean-Paul Rouve était l’acteur idéal pour ce rôle de doux dingue qui affronte ses démons comme on affronte l’océan pour reprendre sa vie en mains et renouer avec sa famille. Très investi dans le rôle, l’acteur fait passer énormément d’émotion avec peu d’effets. La mise en scène du réalisateur de Des hommes et des dieux effectue le même travail.
Le Royaume
Par Ph.D
Le pitch
Corse, 1995. Lesia (Ghjuvanna Benedetti) vit son premier été d’adolescente. Un jour, elle est conduite à moto dans une villa isolée où elle retrouve son père (Saveriu Santucci) , en planque, entouré de ses hommes. Une guerre éclate dans le milieu et l’étau se resserre autour du clan. La mort frappe. Commence alors une cavale au cours de laquelle père et fille vont apprendre à se regarder, à se comprendre et à s’aimer.
Ce qu’on en pense
Présenté à Cannes 2024 en section Un Certain Regard, alors qu’il aurait mérité la compétition, le premier film de Julien Colonna impose d’entrée le réalisateur Corse parmi les talents les plus prometteurs du cinéma français. Sa mise en scène réussit l’exploit d’être à la fois naturaliste et épique, sur un scénario de tragédie antique. Fils du parrain Corse Jean-Jérome Colonna, le jeune réalisateur évite l’écueil purement autobiographique et touche à l’universel dans le traitement des relations père-fille. Le choix d’acteurs locaux donne au film une authenticité et un réalisme qui font défaut à nombre de films tournés en Corse et la direction des acteurs, pour la plupart non professionnels, épate. Dans les rôles principaux Ghjuvanna Benedetti (élève infirmière) et Saveriu Santucci (guide de montagne) crêvent l’écran. Rendez-vous aux César où Le Royaume concourra certainement pour le meilleur premier film français de l’année, voire pour le meilleur film tout court.
Here
Par Ph.D
Le pitch
L’histoire des occupants d’une maison, dont les peines, les joies et les moments de doutes se font écho à travers les générations…
Ce qu’on en pense
Le dispositif du nouveau Robert Zemeckis rappelle celui d’A Ghost Story, merveilleux film de David Lowery, qui raconte l’histoire d’un deuil (et celle des Etats-Unis) à travers le point de vue d’un fantôme bloqué entre les murs de la maison qu’il habitait de son vivant, avec sa jeune épouse. Ici, point de fantôme, mais une caméra fixée face à ce qui deviendra la fenêtre de la pièce principale d’une maison de banlieue, quelque part en Amérique du Nord. Après un prologue au temps des dinosaures (en clin d’oeil à The Tree of Life ?) et l’union de deux jeunes indiens sur une pierre fondatrice, on assiste à la construction de la maison d’en face (où vivra un fils batard de Benjamin Franklin), puis à celle de la villa, d’abord occupée par un couple du début du XXe siècle suivi d’une série de familles anonymes jusqu’à nos jours. Passant en mode aléatoire d’une époque à l’autre sans jamais quitter la pièce (par le biais d’inserts d’écrans dans l’écran assez moches), le film déroule des scènes de vie domestique sans grand intérêt. Jusqu’à ce qu’apparaissent soudain Tom Hanks et Robin Wright, rajeunis à la palette numérique car supposément étudiants et amoureux. Bien qu’occupant l’essentiel du scénario, leur histoire n’est guère plus passionnante que celle des autres couples et se termine en eau de boudin. A aucun moment le film ne parvient à faire véritablement écho aux époques qu’il traverse, ni à tisser un lien quelconque entre les différents habitants de la maison, ni même à nous les rendre attachants (façon This Is Us) . On quitte la salle avec le sentiment d’avoir bien perdu son temps.
Trois amies
Par J.V
Le pitch
Joan (India Hair) n’est plus amoureuse de Victor (Vincent Macaigne) et souffre de se sentir malhonnête avec lui. Alice (Camille Cottin), sa meilleure amie, la rassure : elle-même n’éprouve aucune passion pour Eric (Grégoire Ludig) et pourtant leur couple se porte à merveille ! Elle ignore qu’il a une liaison avec Rebecca (Sara Forestier), leur amie commune… Quand Joan décide finalement de quitter Victor et que celui-ci disparaît, la vie des trois femmes et leurs histoires s’en trouvent bouleversées…
Ce qu’on en pense
Le nouveau film d’Emmanuel Mouret surprend par sa (relative) noirceur. Certes, on est toujours dans le marivaudage sous influence Woody Allen / Eric Rohmer, mais, cette fois, la mort s’invite à l’improviste dans la fable du réalisateur marseillais. Camille Cottin , India Hair, la revenante Sara Forestier, Vincent Macaigne, Damien Bonnard, Grégoire Ludig et Eric Caravaca sont à leur affaire dans ce film intemporel, à la frontière des genres.
Louise Violet
Par Ph.D
Le pitch
1889. Envoyée dans un village de la campagne française, l’institutrice Louise Violet (Alexandra Lamy) doit y imposer l’école de la République (gratuite, obligatoire et laïque). Une mission qui ne la rend populaire ni auprès des enfants, ni surtout auprès de leurs parents, auxquels les enfants fournissent une main d’oeuvre gratuite pour les travaux des champs…
Ce qu’on en pense
Un beau film « Qualité France » sur l’école républicaine, avec Alexandra Lamy dans le rôle titre et Grégory Gadebois dans celui du maire du village qui accueille (d’abord froidement) sa première institutrice. Les deux acteurs ont déjà tourné dans les deux derniers films d’ Eric Besnard (Les Choses simples et Délicieux) et leur complicité est évidente. La première confirme qu’elle peut tout jouer (y compris, pour la première fois, en costume), le second qu’il est un des meilleurs seconds rôles du cinéma français. La réalisation est sans surprise, mais le film porte haut les valeurs de l’école laïque et rappelle les évènements de La Commune (l’héroïne cache un secret qui y est lié) . A ce titre, il est particulièrement recommandé au public scolaire.
The Substance
Par Ph.D
Le pitch
Ancienne star du cinéma et de la télévision, Elisabeth Sparkle (Demi Moore) est mise sur la touche par son patron (Dennis Quaid) qui cherche à rajeunir l’audience de sa chaîne. C’est alors qu’un inconnu l’invite à participer au programme « The Substance », consistant à s’injecter un liquide censé créer un double parfait et rajeuni d’elle-même. Ainsi naît Sue (Margaret Qualley), une jeune femme à la plastique parfaite. Seule ombre au tableau : Elisabeth et Sue sont toujours la même personne et doivent vivre en alternance, en permutant tous les 7 jours…
Ce qu’on en pense
Après Titane (Palme d’or 2021), un nouveau « film de genre » français et féminin était en compétition à Cannes 2024. The Substance y a reçu – à la surprise générale-, le prix du scénario : étonnant pour un film de pure mise en scène dont l’histoire semble tirée d’une BD de série Z. Sous influence Cronenberg, Coralie Fargeat (Revenge) pousse à fond les curseurs du gore et de l’artificiel dans ce thriller horrifique censé se passer à Hollywood, mais qui a été en réalité tourné sur la Côte d’Azur. Le plus fort c’est qu’on ne voit pas la différence ! Demi Moore y campe un avatar d’elle-même, qui teste un programme secret lui permettant de retrouver temporairement la plastique de sa jeunesse, mais une semaine sur deux seulement. La semaine suivante, elle retrouve son enveloppe corporelle habituelle. A condition, toutefois, de respecter scrupuleusement le protocole, car chaque jour de plus passé dans sa nouvelle identité (en Margaret Qualley) se paie de 10 ou 20 ans de plus dans l’ancienne… Facile de deviner ce qui va se passer dans ce Portrait de Dorian Gray 2.0 à l’esthétique publicitaire, qui utilise toutes les ficelles du body horror pour un résultat choc et toc. On a trouvé les grimaces forcenées du revenant Dennis Quaid encore plus atroces que les mutations corporelles de l’héroïne. Dénonciation grossière du jeunisme et du culte de l’apparence, The Substance en manque trop (de substance) pour être pris au sérieux.
Flow
Par J.V
Le pitch
Un chat se réveille dans un univers envahi par l’eau où toute vie humaine semble avoir disparu. Il trouve refuge sur un bateau avec un groupe d’autres animaux. Mais s’entendre avec eux s’avère un défi encore plus grand que de surmonter sa peur de l’eau ! Tous devront désormais apprendre à surmonter leurs différences et à s’adapter au nouveau monde qui s’impose à eux…
Ce qu’on en pense
Le cinéma d’animation nous offre ces derniers temps des films magnifiques. Après Sauvages, Le Robot sauvage et avant La plus précieuse des marchandises de Michel Hazanavicius, voici Flow de Gints Zilbalodis. Découvert à Cannes 2024, dans la section Un Certain Regard, cette aventure post apocalyptique teintée de fantastique a été un de nos plus gros coups de coeur de l’édition. Sans aucun dialogue (mais avec une foultitudes de sons naturels) et avec des graphismes superbes, le film parvient à émouvoir et à amuser, sans oublier de faire passer un joli messsage sur le « vivre ensemble ». Un film à mettre sous tous les regards, c’est certain !
Juré N°2
Par J.V
Le pitch
Alors qu’un homme (Nicolas Hoult) se retrouve juré d’un procès pour meurtre, il découvre qu’il est à l’origine de cet acte criminel. Il se retrouve face à un dilemme moral entre se protéger ou se livrer…
Ce qu’on en pense
Après le dispensable Cry Macho, qui nous fit craindre le « film de trop« , le vétéran Clint Eastwood (94 ans) se rachète avec un film de procès dans la grande tradition. Malgré quelques raccourcis audacieux et une multiplication d’heureux « hasards scénaristiques » dans l’intrigue, Juré N°2 radiographie le système judiciaire US et pose un joli cas de conscience à son héros. Celui-ci est incarné par Nicholas Hoult , dont la stature et le regard bleu azur ne sont pas sans rappeler un certain… Clint Eastwood.
Anora
Par Ph.D
Le pitch
Anora (Mikey Madison), jeune strip-teaseuse de Brooklyn, se transforme en Cendrillon des temps modernes lorsqu’elle rencontre Ivan (Mark Eydelshteyn), le fils d’un oligarque russe. Sans réfléchir, elle épouse avec enthousiasme son prince charmant. Mais lorsque la nouvelle parvient en Russie, le conte de fées est vite menacé : les parents du jeune homme partent pour New York avec la ferme intention de faire annuler le mariage…
Ce qu’on en pense
Palme d’or surprise de Cannes 2024, Anora est une sorte de Pretty Woman punk, revisité par Tarantino et Martin Scorsese. Un roller coaster jubilatoire qui a séduit le jury de Greta Gerwig et enchanté la Croisette, avec ses changements de tons et ses virages à 180° au frein à main. Après Florida Project et Red Rocket, Sean Baker entre dans la cour des grands avec cette vraie fausse comédie romantique sous amphétamine, dans laquelle Mikey Madison crève littéralement l’écran. La scène où elle se fritte avec les sbires envoyés par sa belle famille pour lui faire renoncer à son mariage restera dans la annales.
Venom: The Last Dance
Par J.V
Le pitch
Eddie (Tom Hardy) et Venom sont en cavale. Chacun est traqué par ses semblables et alors que l’étau se resserre, le duo doit prendre une décision dévastatrice qui annonce la conclusion de leur aventure…
Ce qu’on en pense
Le succès de la franchise Venom a sans doute relancé la carrière de Tom Hardy, mais il l’a probablement privé du rôle qui lui était promis : celui de James Bond. On le regrette d’autant plus lorsqu’au détour d’une scène de ce nouvel opus, Hardy enfile un smocking et entre dans un casino… C’est à peu près tout ce qu’on retiendra de Venom 3 , dont on espère que le titre (The Last Dance) ne ment pas. Il est temps, en effet, que cela se termine ! Le film déroule une intrigue au rabais, avec des effets speciaux médiocres et une réalisation poussive. Seuls quelques traits d’humour allègent ce pudding indigeste.
Canary Black
Par Ph.D
Le pitch
Avery Graves (Kate Beckinsale), un agent de haut niveau de la CIA, est victime de chantage de la part de terroristes qui l’obligent à trahir son propre pays pour sauver son mari kidnappé. Coupée de son équipe, elle se tourne vers ses contacts dans la pègre pour survivre et aider à localiser les renseignements convoités par les kidnappeurs. Trahie à chaque tournant, elle doit compter sur sa formation de pointe et ses compétences de combat dans une course mortelle pour livrer aux ravisseurs un mystérieux document qui pourrait déclencher une crise mondiale…
Ce qu’on en pense
Ex-directeur de la photo de Luc Besson (Taxi 2, Le Transporteur), reconverti avec succès dans la réalisation de films d’action (Taken, From Paris with Love, Gunman) Pierre Morel recycle son savoir-faire dans cette série B d’espionnage et d’action au féminin où Kate Beckinsale joue les Jane Bond adepte du combat au couteau. Rien de trés original dans la scénario- sur fond de chantage à la cyber guerre -, mais la réalisation tient la route et on ne s’ennuie pas. Le genre de film qui pourra vous sauver un dimanche après-midi pluvieux.
The Killer
Par J.V
Le Pitch
Lors de l’exécution d’un contrat, une tueuse à gage (Nathalie Emanuel) épargne une jeune chanteuse atteinte de cessité (Diana Silvers), provoquant la foudre de ses employeurs…
Ce qu’on en pense
Toujours à la recherche d’un nouveau souffle, le pape du cinéma d’action hong-kongais John Woo a eu l’étrange idée de remaker son hit culte The Killer, daté de 1989 en situant l’action à Paris avec une femme (Nathalie Emmanuel, révélée dans Game of Thrones et récemment à l’affiche de Megalopolis de Francis Ford Coppola) dans le rôle du tueur à gages et quelques acteurs français en vue dans les seconds rôles (Omar Sy en flic , Eric Cantona en méchant). Le résultat ne fait que faire regretter l’original et souligne combien le cinéma de Woo a vieilli, comparé aux normes actuelles, imposées par la saga John Wick de Chad Stahelski .
Carla et moi
Par J.V
Le Pitch
Ben (Jason Schwartzman) a perdu sa foi et sa voix suite à la disparition de sa femme, ennuyeux pour un chanteur de synagogue. Sa vie est désormais rythmée par la préparation des enfants à leurs bar-mitzvah et les rendez-vous galants organisés par sa mère. Un soir, il retrouve l’excentrique Carla (Carol Kane) – son ancienne professeure de musique – qui le sollicite pour l’aider à préparer sa communion tardive. Petit à petit, Ben et Carla vont se rapprocher pour, enfin, trouver leurs voies…
Ce qu’on en pense
Cela faisait un bout de temps que le cinéma indé US ne nous avait pas régalé d’une bonne comédie juive faussement romantique et vraiment névrosée. Tourné en pellicule 16 mm, avec le grain d’image qu’il faut pour paraitre vintage, Carla et moi est une réussite digne d’A Serious Man des frères Coen. Jason Schwartzman et Carol Kane y forment un couple de cinéma irrésistible. Merci à Nathan Silver de les avoir réunis.
Monsieur Aznavour
Par Ph.D
Le Pitch
Fils de réfugiés, petit, pauvre, à la voix voilée, on disait de lui qu’il n’avait rien pour réussir. À force de travail, de persévérance et d’une volonté hors norme, Charles Aznavour est devenu un monument de la chanson, et un symbole de la culture française. Avec près de 1200 titres interprétés dans le monde entier et dans toutes les langues, il a inspiré des générations entières. Le parcours exceptionnel et intemporel de Monsieur Aznavour…
Ce qu’on en pense
Après un film sur l’hôpital (Patients) et un sur l’école (La Vie scolaire), le duo Grand Corps Malade/ Mehdi Idir s’attaque au biopic avec Monsieur Aznavour qui retrace les débuts de carrière difficiles du chanteur, avec une déférence annoncée par le titre. Une biographie autorisée, purement illustrative et presque totalement hagiographique (seule critique : ce fut un père absent), qui offre surtout à Tahar Rahim l’occasion d’une performance transformiste dans le rôle-titre… et de grandes chances pour le César ! Duement postiché, l’acteur est même allé jusqu’à imiter la voix de son modèle dans les scènes de concert… Dans le genre, Marie Julie Baup en fait aussi des caisses en Edith Piaf. La partie la plus intéressante est, sans doute, celle consacrée au duo – aujourd’hui oublié-, qu’ Aznavour formait avec Pierre Roche (joué par Bastien Bouillon) et à leur amitié sacrifiée sur l’autel de sa carrière solo. Mais, comme le reste, cette thématique est seulement survolée. Restent les chansons, que le film clippe assez joliment…