La Chronique des Bridgerton
Par Phil Inout
Le pitch
À Londres, pendant la Régence, Daphne Bridgerton (Phoebe Dynevor), fille aînée d’une puissante dynastie, est en âge de se marier. Sa mère et son frère aîné se chargent de trier les prétendants. Mais aucun ne convient à la belle qui voudrait faire un mariage d’amour. Ses manœuvres maladroites pour échapper aux arrangements de sa famille font les délices de la bonne société londonienne, informée par la lettre quotidienne de la mystérieuse et impitoyable Lady Whistledown…
Ce qu’on en pense
Première production de Shonda Rhimes (Grey’s Anatomy) pour Netflix, Bridgerton (titre original de la série, inutilement alourdi en VF) est une comédie romantique en costumes, basée sur les huit tomes de la saga littéraire de Julia Quinn. Elle met en scène la bonne société londonienne du début du 19e siècle, à l’heure des mariages arrangés. On suit les efforts maladroits de la jeune héroïne, Daphné (campée avec beaucoup de fraîcheur par la délicieuse Phoebe Dyvenor ) pour échapper aux prétendants sélectionnés par sa famille et trouver le grand amour. Il se présentera sous la forme d’un marquis rebelle et débauché (Rege Jean-Page), hélas bien décidé à ne pas se faire passer la corde au cou. Dans l’esprit pop et coloré du Marie Antoinette de Sofia Coppola, Bridgerton ne brille pas par l’originalité de son scénario, ni par sa mise en scène tape à l’oeil, mais se révèle tout de même assez addictif, grâce à une galerie de personnages attachants et à un point de vue résolument moderne et féminin. Sexy et colorée (jusque dans une mixité raciale peu conforme à la réalité historique), la série se déguste comme une boite de macarons de Noël et laisse le même goût sucré. Une mignardise !
Chambre 2806 : L’affaire DSK
(Photo Joel Saget/AFP)
Par Philippe DUPUY
On ne saura probablement jamais ce qui s’est réellement passé le 14 mai 2011, dans la suite présidentielle 2806 du Sofitel de New York. Deux thèses s’affrontent toujours : celle de la victime, la femme de chambre guinéenne Nafissatou Dialo qui affirme avoir été violée par son occupant : un certain Dominique Strauss Kahn. Et celle de ce dernier, qui a toujours évoqué sans entrer dans les détails une « relation inappropriée » (entendre adultérine) mais consentie. Les quatre épisodes de 50 minutes du documentaire réalisé sur l’affaire par Jali Lespert pour Netflix ne suffiront pas à trancher la question, que la justice américaine s’est empressée d’enterrer sous un non lieu. Après que la police New Yorkaise ait tout fait pour humilier l’accusé, le cabinet du procureur a, en effet, estimé que la plaignante avait trop menti dans le passé (à propos de ses fréquentations et pour obtenir son statut de réfugiée, notamment) pour être crédible à la barre d’un tribunal. DSK a donc été élargi, sans même avoir eu à s’expliquer publiquement. L’affaire lui a juste coûté sa carrière politique (il était, à l’époque, favori à la présidentielle contre Sarkozy), son mariage avec Anne Sinclair et quelques millions de dollars de « frais du justice », dont 1,5 million pour acheter le silence de la victime. Silence relatif, puisqu’elle a beaucoup parlé depuis et qu’elle le fait encore longuement devant la caméra de Jalil Lespert. On y voit une femme plus attirante que sur les photos, mais brisée par l’affaire, qu’elle ne peut évoquer qu’en réprimant des sanglots. Bien construit, rigoureux, multipliant les témoignages et les sources d’archives sonores et vidéo, le documentaire n’apprendra pas grand chose à ceux qui ont suivi l’affaire en direct. Mais venant après l’affaire Weinstein et le mouvement #MeToo, le portrait qu’il dresse de l’ancien directeur du Fond Monétaire International est sans appel. Celui d’un baiseur compulsif qui ne s’embarrassait pas de scrupules ni de formes pour satisfaire ses besoins sexuels. Qu’il s’agisse d’une intervieweuse imprudente (Tristane Banon, piégée dans un appartement qui lui servait probablement de baisodrome), d’une prostituée du Carlton de Lille (où ses amis locaux organisaient pour lui des parties pas fines que ça), ou d’une femme de chambre new yorkaise, entreprise à la hussarde dans le couloir de la suite présidentielle. La parole de ses défenseurs de l’époque (avocats ou amis politiques), qui persistent à ne voir en lui qu’un incorrigible Don Juan, est aujourd’hui strictement inaudible. Même si le casier judiciaire de DSK est resté miraculeusement vierge après deux procédures infamantes (celle de New York et celle de Lille), l’époque l’a jugé et condamné.
Cheyenne et Lola
Le pitch
Libérée de prison, Cheyenne (Veerle Baetens) fait des ménages sur les ferries en rêvant de partir en Amazonie. Lola (Charlotte Le Bon) est une ravissante parisienne, égoïste et sans scrupules, qui vient de débarquer dans le Nord pour s’installer avec son amant. Quand Lola tue l’épouse de son amant, Cheyenne, témoin involontaire, sait qu’elle va être accusée du meurtre à cause de son casier. Elle est obligée de demander au caïd de la région de faire disparaître le corps. Une faveur qui va les entraîner dans un très dangereux jeu de dupes…
Ce qu’on en pense
Découverte à CanneSéries, cette nouvelle série française surfe sur la récente vague de succès remportés par les films sociaux, en mélangeant intrigue policière et peinture sociale. Bienvenue dans le Noooord, où la malheureuse Cheyenne (Veerle Baetens, crâne rasée et regard intense) , tout juste sortie de prison pour avoir refusé de dénoncer son mari braqueur, essaie de se réinsérer en faisant des ménages sur les ferries en partance pour l’Angleterre. Pas évident, quand ses anciennes fréquentations font tout pour la mouiller dans leurs trafics (de drogue et d’êtres humains) et qu’elle a le malheur de tomber sur une jeune écervelée (Charlotte Le Bon, excellente), qui la mêle à un meurtre et l’entraîne malgré elle dans une cavale des plus périlleuses. C’est Thelma et Louise sur les Quais de Ouistreham (référence au livre de Florence Aubenas qui a inspiré la partie sociale de la série). La lumière et les décors industriels des Hauts de France font beaucoup pour l’attrait d’une série qui a tendance à en faire un peu trop entre réalisation esthétisante et dialogues audiardesques, mais s’avère tout de même attachante, grâce à ses deux actrices vedettes et à un très bon casting de seconds rôles.
Derby Girl
Le pitch
Lola Bouvier (Chloé Jouannet), star déchue du patinage artistique à l’égo surdimensionné, décide de devenir la plus grande championne de Roller Derby de tous les temps en intégrant, malgré elle, l’une des plus mauvaises équipes de l’Hexagone : les Cannibal Licornes…
Ce qu’on en pense
Découverte à CanneSéries, cette série girlie est à découvrir gratuitement sur le site de France TV ou sur la nouvelle plateforme Salto si on est abonné. Elle met en scène la fille d’Alexandra Lamy, Chloé Jouannet qui n’a pas volé son hérédité (elle s’était déjà faite remarquer dans les séries Riviera et Infidèle, mais là c’est une révélation comique), aux côtés d’une bande de jeunes actrices également épatantes. Parodiant allègrement les séries américaines pour ados, Derby Girl envoie du bois dans l’humour trash et le mauvais goût assumé. On suit la résistible ascension de l’héroïne, sorte de Tanya Harding du roller derby, prête à tout pour devenir une championne de la discipline, après s’être faite exclure des championnats du monde de patinage artistique pour avoir coupé les doigts d’une de ses concurrentes avec ses lames de patins. C’est drôle, bien écrit, bien joué et bien réalisé : si on ne savait pas qu’elle est française, on jurerait une série anglaise ! Après l’excellent Parlement, il se confirme que les bonnes séries de France TV sont à voir en ligne plutôt que sur les chaines publiques…
Utopia
Par Phil Inout
Le Pitch
Depuis qu’un exemplaire original d‘un énigmatique comic book est tombé entre leurs mains, des fans réalisent que les théories de conspiration évoquées dans la bande-dessinée sont réelles. Dès lors traqués sans répit par une mystérieuse organisation, ces jeunes gens, qui ne connaissaient pas jusqu’alors, vont devoir se serrer les coudes pour survivre et utiliser à bon escient les données en leur possession… Pour sauver l’humanité ?
Ce qu’on en pense
Remake américain d’une série anglaise culte mais restée inachevée, Utopia a tout pour marquer les esprits en temps de pandémie. Il y est, en effet, question de virus mortels propagés par une mystérieuse organisation, de course au vaccin, de complotisme et de fake news. Toutes choses qui ont fait flores dans la vraie vie depuis l’apparition du Covid-19. Par rapport à la série originale, la version US diffusée en France par Amazon Prime ajoute un budget plus confortable (qui garantit on l’espère plusieurs saisons et une vraie fin), une héroïne issue du cinéma indé (Sasha Lane révélée par Andrea Arnold dans American Honey) et une star établie (John Cuzack dans le rôle du vilain docteur Christie). Côté méchants, on regrette la dégaine typiquement mancunienne du nervi de la série anglaise, ici remplacé par un tueur lunaire et amateur de désorbitation à la cuillère. Marquée par des accès de violence gore, la série n’est pas à mettre sous tous les yeux et on peine à s’attacher aux personnages, même positifs, tant le taux de mortalité est élevé. Mais le scénario est suffisamment intrigant pour soutenir l’intérêt au fil des 8 épisodes et espérer une saison 2.
Social Distance
Par Phil Inout
Le Pitch
Un homme célibataire depuis peu cherche des moyens créatifs de passer le temps tout en restant sobre et en gardant le contact avec son groupe de soutien. Une famille élargie aux relations compliquées fait de son mieux pour organiser à distance et en ligne un hommage à son patriarche décédé. Une mère célibataire à cran s’occupe d’une personne âgée au caractère bien trempé tout en surveillant à l’aide de caméras sa petite fille restée seule à la maison… Tous jonglent avec les nouvelles technologies de communication pour continuer à vivre normalement, même confinés…
Ce qu’on en pense
Il fallait s’y attendre: le confinement a déjà sa série. Elle ne s’appelle pas Confinés mais elle aurait pu (dû ?) . Produite par Jenji Kohan (Weeds, Orange is the New Black) pour Netflix, Social Distance croque, en une série de 8 épisodes d’une vingtaine de minutes, la vie pendant le confinement. Les protagonistes sont Américains, mais ils pourraient tout aussi bien être Anglais, Italiens ou Français, tant les situations décrites s’inspirent de la réalité vécue par toutes les populations confinées. C’est souvent drôle, parfois émouvant, excellemment joué et mis en scène. L’habileté des réalisateurs à filmer l’utilisation d’internet et des réseaux sociaux et à en faire du cinéma n’est plus à démontrer. Même les français s’en sortent très bien (voir le récent Connectés). Lorsque la crise sanitaire sera terminée, ces réalisations serviront de mémoire du confinement. Et aussi, c’est à craindre, de mode d’emploi pour les suivants !
La Révolution
Par Ph.D
Le Pitch
Royaume de France, 1787. Enquêtant sur une série de meurtres mystérieux, Joseph Guillotin (Amir El Kacem) – futur inventeur de la guillotine – découvre l’existence d’un nouveau virus : le sang bleu. La maladie se propage au sein de l’aristocratie et pousse la noblesse à attaquer le peuple. C’est le début d’une révolte …
Ce qu’on en pense
Une série d’épouvante située pendant la Révolution : quelle bonne idée ! Robespierre aurait approuvé. QAnon aussi. On nous aurait donc menti sur les origines de la révolution? Bon sang (bleu), mais c’est bien sûr : c’est un virus zombie qui l’a provoquée ! Heureusement, le docteur Guillotin (Amir El Kacem décoratif) a découvert le pot aux roses. Dans la foulée, Pasteur et Pfizer n’étant pas encore de ce monde, il a inventé la guillotine. Comme remède pour éliminer les nobles infectés par le sang bleu, ça vaut tous les vaccins chinois ou russes ! Heureusement, toute ressemblance avec l’épidémie de Covid-19 est fortuite… Par contre, la série louche sur Le Pacte des loups côté visuel. Ça en jette ! Et apparemment, c’est suffisant : La Révolution cartonne sur Netflix. Il faut pourtant être sacrément bien disposé pour se taper ces 8 heures de gloubiboulga historico-fantastico-révisionniste aux dialogues ridicules, noyés sous des hectolitres d’hémoglobine. Au début, on se dit que ça ira, ça ira : mais non, rien ne va. En fait de Terreur, on finit atterré.
The Head
Par Ph.D
Le Pitch
L’hiver arrive au Pôle Sud. Le soleil disparaîtra bientôt pour six mois. Une équipe réduite va rester dans la station de recherche Antarctique Polaris VI pour poursuivre leurs recherches innovantes et déterminantes dans la lutte contre le changement climatique, sous la supervision du biologiste réputé Arthur Wilde (John Lynch). Mais quand le commandant Johan Berg (Alexandre Willaume Jantzen) arrive à la station au printemps pour prendre la relève, les membres de l’équipe sont soit morts soit portés disparus. Un tueur est en cavale et Annika (Laura Bach), la femme de Johan, a disparu. S’il veut la retrouver vivante, il devra faire confiance à Maggie (Katharine O’Donnely), une jeune docteure profondément bouleversée et à priori la seule survivante du groupe…
Ce qu’on en pense
Les amateurs de thrillers polaires et de huis clos horrifiques seront à la fête avec cette série espagnole découverte l’an dernier au MipTV de Cannes et acquise par Canal Plus. Si l’intrigue a des airs de déjà vu, on se laisse volontiers entraîner dans la partie Cluedo géant qu’elle propose. Qui a décapité un scientifique (d’où le titre) et tué tous ses collègues de la station Antarctique où ils étaient censés passer l’hiver ? Pourquoi la jeune Maggie s’en est-elle sortie ? Dit elle la vérité lorsqu’elle prétend ne pas se souvenir de tout ce qui s’est passé? Est-ce que la projection de The Thing a déclenché le massacre ? 6 épisodes glaçants concoctés par les frères David et Alex Pastor, spécialistes espagnols de l’horreur (Infectés, Les Derniers jours, Renaissances) permettront sans doute de répondre à ces questions vitales. Mais l’ibère est long en Antarctique…
Le Jeu de la dame
Par Philippe DUPUY
Le Pitch
Au début des années 60, Elisabeth (Anya Taylor-Joy), jeune orpheline placée dans une institution après le décès de sa mère dans un accident de voiture, se découvre un don phénoménal pour les échecs. Adoptée par un couple, elle se lance dans les tournois à fortes récompenses pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa mère adoptive (Marielle Heller), bientôt larguée par son mari. Mais pour devenir la plus grande joueuse d’échecs au monde, elle devra lutter contre ses multiples addictions.
Ce qu’on en pense
Adapté d’un roman de Walter Tevis (L’Arnaqueur, La Couleur de l’argent) , Le jeu de la dame (The Queen’s Gambit en VO) était d’abord prévu pour le cinéma avant de devenir une mini série en 7 épisodes d’une heure, réalisée par le Scott Franck, scénariste,entre autres, de Minority Report, Le Petit homme et Malice. Cela se sent pour le meilleur dans une reconstitution d’époque digne des plus grands films hollywoodiens et, pour le moins bon, dans l’étirement du scénario jusqu’à ses extrêmes limites. Ce qui pouvait être dit en deux heures l’est en sept, mais ce n’est pas gênant tant les personnages sont attachants et tant on prend de plaisir à les retrouver d’un épisode à l’autre. A commencer par l’héroïne, Elisabeth Harmon, sorte de Lisbeth Salander des échecs, formidablement interprêtée par Anya Taylor Joy. Découverte chez Night Shyamalan (Split, Glass) , il n’est pas difficile de lui prédire un bel avenir dans le cinéma fantastique, avec son visage de siamoise et ses yeux si grands qu’ils paraissent n’avoir pas de paupière. Même quand elle dort, son personnage les garde grands ouverts pour se projeter des parties d’échec au plafond, bien aidée, il est vrai, par les doses de librium qu’elle s’envoie… On la découvre orpheline de neuf ans entrant dans l’institution où on régule les humeurs des demoiselles à coup d’anxiolitiques, on la suit à 13 se faisant adopter par un couple vite désuni, puis à 17 devenant une championne d’échecs quasi imbattable, mais accro à tout ce qui lui tombe entre les mains comme médicaments, stupéfiants ou alcools. Il faut dire que sa mère adoptive, despererate housewife comme seules les années 60 ont pu en produire, biberonnait sec elle aussi. Heureusement, elle avait d’autres qualités, bien mises en valeur par l’interprétation de Marielle Heller. Il y a aussi Benny Watts (Thomas Brodie Sangster) , un autre prodige des échecs bien barré au look de Crocodile Dundee, qui deviendra son mentor. Et pleins d’autres seconds rôles intéressants que Beth tient à distance avec une morgue réjouissante. Sous ses dehors d’oie blanche tombée du nid, c’ est une vraie tueuse : Villanelle (Killing Eve) pourrait être sa cousine. On plaint d’avance les malheureux grands maîtres russes des échecs qu’elle doit affronter dans les derniers épisodes…
The Comey Rule
Le Pitch
En 2013, sous la présidence de Barack Obama, James B. Comey, personnalité républicaine, est nommé comme directeur du Federal Bureau of Investigation (FBI). A partir de 2016, sous sa direction, le FBI enquête sur les mails de la candidate démocrate favorite pour les prochaines élections américaines, Hillary Clinton. L’investigation affaiblit la candidature démocrate à l’élection présidentielle et aboutit à l’élection de Donald Trump. Confirmé à son poste par le nouveau président, Comey lance l’enquête sur l’ingérance Russe dans l’élection, qui met en cause des proches de Trump. En mai 2017, James Comey est licencié par le Président Donald Trump…
Ce qu’on en pense
Étonnant destin que celui de James Comey: nommé à la tête du FBI par un président démocrate alors qu’il est républicain, il décide, à quelques jours de l’élection de 2016, de relancer une enquête qui met en cause la candidate démocrate Hillary Clinton. Il est alors désigné, par le camp démocrate, comme celui qui a fait élire Donald Trump…. Avant de devenir, pour les Républicains, celui qui cherche à nuire au nouveau président en défendant l’enquête sur ses liens avec la Russie ! Basée sur les mémoires de l’ancien directeur du FBI, The Comey Rule, mini série en 4 épisodes diffusée par Canal +, retrace ces moments clés de la campagne de 2016 et du début de la présidence Trump . Elle montre comment une institution aussi puissante que le FBI peut-être attaquée par un pouvoir autocratique et immerge le spectateur dans les premiers mois de la présidence la plus folle qu’aient connus les Etats-Unis. Dans le contexte d’une nouvelle élection, c’est évidemment passionnant. Surtout dans la deuxième partie, portée par la formidable interprétation de Brendan Gleeson en Donald Trump, face à un excellent Jeff Daniels dans le rôle de James Comey.
Possessions
Le Pitch
Natalie (Nadia Tereszkiewicz), jeune française expatriée en Israël, est accusée d’avoir égorgé son mari le soir de ses noces. Karim (Reda Kateb), un diplomate français chargé d’apporter sur place son aide à des ressortissants en difficulté, essaie de comprendre ce qui s’est passé et tombe peu à peu sous le charme de Natalie…
Ce qu’on en pense
Commande de Canal +, Possessions est une nouvelle preuve du savoir faire israélien en matière de séries. Le titre pourrait laisser penser à une série d’épouvante, mais il n’en est rien. Même si l’intrigue a une connotation fantastique, il s’agit plus d’une série policière, dont l’originalité tient surtout à la personnalité des deux enquêteurs, peu qualifiés pour le job : Esti (Noa Koler, excellente), inspectrice chargée des affaires familiales, se retrouve avec un crime sur les bras car c’est la seule du commissariat à parler français. Karim (Reda Kateb, parfait), fonctionnaire au consulat de France, n’est en principe là que pour conseiller la famille de l’accusée, française récemment expatriée en Israël. Mais il se passionne pour l’enquête et n’est pas insensible au charme de la jeune mariée devenue veuve le soir de ses noces… Dans le rôle de la veuve noire, Nadia Tereszkiewicz (sacrée découverte !) rappellera aux fans de Tarantino la mariée sanglante de Kill Bill : sa ressemblance avec Uma Thurman est étonnante et très certainement intentionnelle. En plus du mystère, qui plane jusqu’au bout sur la nature du crime (pourtant perpétré devant une foule d’invités au moment de couper le gâteau des noces), la réalisation entretient le suspense sur les rapports entre les différents membres des deux familles : celle de l’accusée, d’origine tunisienne et fraîchement expatriée de France et celle du mari, composée de juifs profondément religieux. Un cocktail passionnant de fantastique, de religion et de domination, qui tient en haleine au long des six épisodes et offre aux seconds rôles français (Tcheky Karyo, Dominique Valadié, Judith Chemla, Ariane Ascaride, Aloïse Sauvage) des partitions de choix. Après le formidable Our Boys, une nouvelle réussite franco-israélienne.
Lovecraft Country
Par Phil Inout
Le Pitch
Dans l’Amérique raciste des années 1950, Atticus Black (Jonathan Majors), un jeune homme de 25 ans, embarque avec son amie Letitia (Jurnee Smolett-Bell) et son oncle George (Courtney B Vance) dans un road trip à la recherche de son père disparu. Sur la route, ils rencontrent des monstres fantastiques, ainsi que des monstres bien réels…
Ce qu’on en pense
Entre Green Book, Us et Get Out, cette nouvelle série d’OCS produite par Jordan Peele (Get Out) et JJ Abrams (Lost), mélange road movie, horreur, polar, commentaire politique et fond social, dans une reconstitution soignée de l’Amérique raciste et ségrégationniste des années 50. Adaptée du roman éponyme de Matt Ruff, publié en 2016, elle utilise la référence à Lovecraft pour assimiler les comportement racistes à l’oeuvre du démon. Gonflé dans le contexte actuel ! L’intrigue tire un peu à la ligne (10 épisodes d’une heure, c’est beaucoup) , mais la série réussit à captiver grâce à un casting de premier ordre et à une réalisation haut de gamme, à l’image du pilote signé par le français Yann Demange.
Le Mensonge
Par Phil Inout
Le Pitch
Claude Arbonel (Daniel Auteuil) a tout réussi dans sa vie : son mariage, sa carrière… Maire de sa ville, Castel sur Mer, il se destine à devenir sénateur. Pour Lucas, son petit-fils adoré, la vie est bien moins souriante : à Melun où il vit, ses parents divorcent. Tout le monde se dispute sa garde. Mal dans sa peau, il accuse un jour son grand-père de viol…
Ce qu’on en pense
Les habitants de la Côte d’Azur seront certainement devant leur poste de télévision les 5 et 12 octobre, pour voir cette mini-série de France 2. Et pas seulement parce que Daniel Auteuil y fait ses grands débuts dans une série télé, ni parce qu’elle a été tournée dans la région (Nice et Villefranche sur mer). L’affaire Iacono, dont elle s’inspire, a, en effet, défrayé la chronique locale durant des années, sans qu’on en comprenne toujours le tenants et les aboutissants. En 2000, alors qu’il s’apprêtait à briguer un poste de sénateur, le maire de Vence, Christian Iacono fut interpellé et placé en garde à vue pour le viol de son petit fils. Condamné aux assises puis en appel à 9 années de prison, il a toujours clamé son innocence. Jusqu’à ce qu’en 2011, son petit fils qui l’accusait d’attouchements sans en démordre se rétracte et avoue qu’il avait menti depuis tout ce temps… Daniel Auteuil, campe avec le talent qu’on lui connaît ce notable déchu, qui trouvera pourtant la force de pardonner à son petit-fils ces années de purgatoire. Et c’est Vincent Garenq, auteur de Présumé Coupable sur l’affaire d’Outreau, qui met en scène cette mini série en 4 épisodes. Les noms et les lieux ont été changés, mais les faits tels qu’ils ont été établis par la justice sont respectés. La mécanique du mensonge puis du déni de mensonge est parfaitement expliquée dès le premier épisode et les trois autres décrivent en détail le calvaire judiciaire et familial qu’a dû subir l’ancien maire de Vence. Une réalisation solide qui évite les clichés sudistes et les trémolos, pose les bonnes questions et y apporte des réponses. Le casting autour de Daniel Auteuil est excellent et tout sonne juste. Du beau boulot.
The Outsider
Le pitch
Le corps atrocement mutilé d’un garçon de onze ans est retrouvé dans une petite ville de l’Oklahoma. Les empreintes digitales et l’ADN présents sur les lieux du crime désignent aussitôt le coupable : Terry Maitland (Jason Bateman), l’un des habitants les plus respectés de la ville, entraîneur de l’équipe locale de baseball. L’affaire semble évidente à un détail près : Terry Maitland a un alibi en béton armé. Il était en effet à plusieurs centaines de kilomètres au moment où le meurtre a été commis. Le détective Ralph Anderson (Ben Mendelsohn) , proche de Maitland, est chargé de faire la lumière sur cette affaire pour le moins étrange. Et son explication pourrait bien dépasser l’entendement…
Ce qu’on en pense
Après un passage réussi au cinéma (Love Stinks, Juno, Hancock) , Jason Bateman qui a débuté sa carrière sur le petit écran (La Petite maison dans la prairie, Arrested Development) fait un retour gagnant dans l’univers des séries en produisant deux des fictions phares du moment, dans lesquelles il joue également: Ozark (l’histoire d’un comptable contraint de blanchir les centaines de millions de dollars d’un cartel mexicain) et The Outsider qui vient de débarquer en France sur OCS. Adapté d’un roman de Stephen King par Richard Price (The Wire, The Deuce) et Dennis Lehane, The Outsider débute comme une classique série policière par une enquête à la True Detective dans un bled rural de l’Oklahoma. Un jeune garçon a été violé et assassiné dans des conditions atroces et tout accuse Terry Maitland (Jason Bateman), un père de famille bien sous tous rapports, coach bénévole de baseball pour les enfants du patelin. Plusieurs témoins l’ont vu revenir de la forêt couvert de sang le jour du crime, les vidéos de surveillance prouvent leurs dires, ses empreintes et son ADN sont partout sur les lieux. Le détective Ralph Anderson (Ben Mendelsohn, excellent) décide donc de l’interpeller sans même l’interroger, pendant un match de l’équipe junior auquel assistent tous les parents. Mais l’avocat de Maitland aura tôt fait de prouver qu’à l’heure du meurtre son client assistait à une conférence publique à 100 kms de là. Après une série de réactions en chaîne dramatiques , qui vont endeuiller et traumatiser la communauté locale, l’enquête prendra un tour surnaturel avec l’intervention d’un enquêtrice privée, férue d’esprits maléfiques et de doppelgangers, dans la pure tradition des romans de Stephen King. Une superbe adaptation qui réussit le tour de force de marier les univers du thriller et du fantastique, dans une ambiance poisseuse et angoissante à souhait. Bien qu’étirée sur dix épisodes d’une heure, l’histoire tient en haleine jusqu’à la révélation finale, en jouant avec les nerfs du spectateur. Une des meilleures séries du moment.
Big Little Lies
Par Phil Inout
Le Pitch
Quand Madeline (Reese Witherspoon) , Jane (Shailene Woodley) et Celeste (Nicole Kidman) se lient d’amitié par l’intermédiaire de leurs enfants, elles ne se doutent pas qu’elles vont se retrouver, des mois plus tard, au centre d’un tragique accident, survenu à la fête de l’école. Qui est mort ? Qui est responsable ? Et pour quelle raison ? Secrets, rumeurs et mensonges ne faisant pas bon ménage, tout l’univers de la petite ville de Monterey va être secoué de violents soubresauts.
Ce qu’on en pense
Après avoir fait le bonheur des abonnés OCS, Big Little Lies débarque sur TF1 à compter du 25 août. Les télespectateurs de la TNT vont donc enfin pouvoir faire connaissance avec ces nouvelles » ménagères désespérées », incarnées par Reese Witherspoon, Shailene Woodley, Nicole Kidman, Laura Dern et Zoe Kravitz (rejointes dans la deuxième saison par l’épatante Meryl Streep). Outre son casting étoilé et ses personnages hauts en couleur, la série se distingue par une intrigue criminelle, qui réussit l’exploit de tenir en haleine sans qu’on sache pendant très longtemps qui est mort, ni pourquoi. Remarquablement écrite, réalisée et interprêtée, Big Little Lies est la meilleure série féminine depuis Desperate Housewives.
















