Rolling Stones : Blue & Lonesome

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Rolling Stones : Blue & Lonesome

Par Philippe DUPUY

L’objet (Logo-langue bleu électrique dégoulinant) est d’une grande laideur, mais ça ne concerne que ceux qui achètent encore des disques. Ceux qui l’écouteront sous forme de fichiers numériques s’en fichent. De toute façon, le contenu est mieux que le contenant et c’est bien ce qui compte. Vingt -cinquième album studio des Rolling Stones (qui n’avaient plus enregistré depuis 11 ans et l’oubliable A Bigger Bang), Blue & Lonesome est un disque de reprises dans le style Chicago Blues que le groupe affectionnait particulièrement à ses débuts dans les années 60. Soit 12 chansons signées Buddy Johnson, Howlin Wolf, Memphis Slim, Magic Sam, Little Walter, Eddie Taylor, Willie Dixon, Jimmy Reed, Otis Hicks et Miles Grayson. La plupart rigoureusement inconnues du grand public, à l’exception  d’I Can’t Quit You Babe, dont Led Zeppelin donna une version mémorable sur son premier album. La production met en avant la voix de Mick Jagger et son jeu d’harmonica, qui est toujours aussi bon. Les guitares sont plus fondues dans la masse, y compris celle d‘ Eric Clapton,  venu faire un petit solo sur deux chansons (dont la précitée en clôture du disque). Le groupe affirme avoir tout enregistré en trois jours et dans les conditions du live, ce qu’on croit volontiers. En 50 ans de carrière, les Stones ne se sont que rarement éloignés d’un axiome autour duquel ils se sont formés (leur nom est un hommage à Muddy Waters, curieusement absent de la sélection) et qu’ils maîtrisent parfaitement. Blue & Lonesome n’a ainsi aucun mal à surpasser leurs dernières productions: Mick Jagger et Keith Richards n’ont pas écrit une seule vraie bonne chanson depuis «Start Me Up» en… 1981!  Malgré l’uniformité du son (une ou deux chansons acoustiques auraient été bienvenues pour rompre la monotonie) et un manque d’âme patent,  c’est leur meilleur disque depuis Some Girls (1978). Les Stones ont encore le blues et c’est tant mieux. Mais les fans peuvent l’avoir aussi. L’existence même de ce disque confirme, en effet, l’incapacité du «meilleur groupe de rock du monde» à composer de nouvelles chansons intéressantes. Pire: il semble vouloir «boucler la boucle». Le genre de «retour aux racines» qui sent plus le pissenlit que la régénération…

By |décembre 8th, 2016|Categories: ça vient de sortir|0 Comments

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