Méfions-nous de la tentation de brûler ce que l’on a adoré. Avec son nouveau look camionneur, son nom de scène raccourci (Chris), ses déclarations à l’emporte pièce sur sa sexualité et ses origines sociales, ses imitations de Michael Jackson et sa propension à utiliser Logic Pro pour trouver des mélodies sans se fatiguer, Christine Queens a tendu quelques bâtons pour se faire battre. On s’attend à ce qu’elle essuie une volée de bois vert, façon Christine Angot, avec ce deuxième album maousse costaud (23 titres !), annoncé comme la 8e merveille du monde de la musique et peut-être trop longtemps attendu. En 2014, Héloïse Letessier avait pourtant chamboulé la scène pop française avec son premier album, Chaleur Humaine, et ses chansons electro minimalistes, bricolées sur ordi, aux textes gentiment barrés. Quatre ans, plusieurs victoires de la musique et une reconnaissance internationale plus tard, l’effet de surprise/séduction est passé et on s’étonne de ne plus écouter Christine Queens avec le même plaisir. L’a-t-on trop entendue? La formule serait-elle déjà usée? Il y a pourtant de bonnes chansons dans ce deuxième album, comme « La marcheuse » , » Machin-chose« , « Bruce est dans le brouillard » ou les singles « Damn, dis moi » et « 5 Dollars« … Mais la production clinquante les fait sonner comme du Christine & the Queens sous stéroïdes. Rien qu’on ait vraiment envie d’écouter en boucle, ni qu’on ait spécialement hâte de découvrir en live. Trop synthétique, Chris manque de ce qui faisait le charme de son prédécesseur : la « chaleur humaine« .
Christine and the Queens
Chris
(Because)
Hannelore Cayre : Les doigts coupés
ça vient de sortir|
Par MAB
Schlesser : Les Yeux de Mona
ça vient de sortir|
Par MAB
Au début tout est roman. Tout est écrit d’une façon très sentimentale: Mona, 10 ans, est atteinte d’une maladie qui risque de lui faire perdre la vue. Avant que cela n’arrive, son grand-père, veuf inconsolable, lui prodigue une thérapie plutôt singulière : il l’emmène tous les mercredi, dans les trois grands musées parisiens – d’abord le Louvre, puis Orsay et enfin Beaubourg – pour qu’elle observe longuement de ses propres yeux 52 chefs- d’œuvre, peinture, sculpture et photographie , depuis le 16 eme siècle jusqu’à aujourd’hui. Les dialogues, entre eux, sont un peu artificiels. Le ton de l’aïeul est très didactique. Mais petit à petit, le récit initiatique choisi par l’historien d’art Thomas Schlesser, fonctionne. On regarde les œuvres avec la fillette (elles sont d’ailleurs en couleurs à l’intérieur d’une jaquette qui se déplie ), on observe chaque détail à travers son regard et l’on écoute les commentaires éclairés qu’en fait son érudit et pédagogue de grand-père. Trois grandes parties, donc. Et autant de chapitres que d œuvres scrutées. Boticelli en ouverture et Soulages en final. :« Je souhaitais qu’il y ait une bonne alternance entre des artistes très iconiques comme Léonard de Vinci, Le Carravage, Courbet, Frida Kahlo ou Jean-Michel Basquiat et d’autres beaucoup moins connus comme Julia Margaret Cameron,extraordinaire photographe du 19 eme siècle ou la plasticienne Hannah Hoch » précise Schlesser. Le résultat est franchement épatant. Comme un conte esthétique et philosophique qui fait du bien . Donnant avec simplicité et humilité une leçon de savoir voir les beautés du monde et donc de savoir vivre. À mettre entre toutes les mains et à lire et relire dans l’ordre et le désordre avant d’aller redécouvrir toutes ces œuvres.
Little Girl Blue
ça vient de sortir|
Par Ph.D
Le pitch
À la mort de sa mère, Mona Achache découvre des milliers de photos, de lettres et d’enregistrements, mais ces secrets enfouis résistent à l’énigme de sa disparition. Alors par la puissance du cinéma et la grâce de l’incarnation, elle décide de la ressusciter par le cinéma en rejouant sa vie…
Ce qu’on en pense
Comme Kaouther Ben Hania dans Les Filles d’Olfa, Mona Achache mélange fiction et documentaire dans ce film également présenté à Cannes. Ainsi Marion Cotillard, prend-t-elle devant la caméra, les traits et l’apparence de la mère de Mona, photographe et écrivaine à la vie tourmentée, dont le suicide est resté pour ses proches un mystère. En remontant le fil de sa vie et en reconstituant une époque, pourtant pas si lointaine, où les femmes n’avaient pas la voix au chapitre, sa fille – qui apparait également à l’écran-, cherche à comprendre son geste, mais n’oublie pas de s’interroger, en abime, sur le pouvoir du cinéma et sur le mêtier d’acteur. Le résultat est encore plus vertigineux que dans Les Filles d’Olfa, avec une Marion Cotillard au sommet de son art transformiste.
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