R.I.P Charles Aznavour (1924-2018)

//R.I.P Charles Aznavour (1924-2018)

R.I.P Charles Aznavour (1924-2018)

Charles Aznavour s’est éteint à l’âge de 94 ans. Véritable monument de la chanson française, il était acclamé comme tel dans le monde entier, où il continuait de se produire. Nous avons eu la chance de le rencontrer à plusieurs reprises, la dernière fois en 2016, chez lui  dans sa propriété des Alpilles,  à Mouriès,  où il est décédé. On avait une fois encore été épaté par sa jeunesse, sa vitalité et sa vivacité d’esprit. Voici l’interview qu’il nous avait accordée…  Salut l’artiste ! 

C’est une grande maison, presqu’une hacienda, remplie de trophées et de souvenirs.On y accède par une allée majestueuse qui traverse un parc à la française, impeccablement tenu. La fraîcheur et la pénombre intérieures contrastent avec la fournaise du dehors.Après avoir traversé le hall et la salle de billard, on retrouve le maître de maison dans une vaste pièce qui sert à la fois de bureau de salle de télévision et de bar, grâce à un comptoir en zinc récupéré d’un vieux bistrot. Partout au mur, des photos, des disques d’or et, sur les étagères, une imposante collection de dvd. Charles Aznavour, 92 printemps, finit de regarder un vieux film de Burt Lancaster sur le grand écran TV, sa chienne Fifi couchée sur les genoux. Il se lève et nous accueille avec la même cordialité que jadis (les années 80), lorsqu’on allait le visiter, chaque été, dans sa maison de Saint-Tropez…

Pourquoi avoir abandonné le Var pour les alpilles?

J’en avais marre de St Tropez.Non pas du village, ni de ses habitants, que j’aime beaucoup.J’y ai gardé beaucoup d’amis… Mais c’est devenu une foire d’empoigne.Du tourisme people de bas étage. Plus moyen de se balader tranquille sur le port… C’est un ami journaliste Jacques Bessis qui m’a amené ici, il y a 20 ans, en me disant qu’il y avait une maison à vendre, à côté de la sienne. L’endroit m’a tellement plu qu’on est allé directement chez le notaire. Pourtant il n’y avait presque rien : une vielle bâtisse à démolir et 4000 m 2 de terrain que j’ai agrandis petit à petit en rachetant des lots mitoyens.Ca m’a permis de planter des oliviers et plein d’autres choses.Aujourd’hui on a de tout, de l’eau, des légumes, des fruits… On peut vivre en autarcie, les quatre mois où j’y suis…

C’est comme ça que vous être devenu producteur d’huile d’olive?
Oui, j’ai planté deux hectares d’oliviers.Ca m’a coûté un bras! Je commence juste à amortir cette année une partie de ce que j’ai investi. On fait de l’huile Aznavour.Elle est très demandée. Les meilleures huiles d’olive du monde viennent d’ici et je peux vous dire que j’en ai goûté! La preuve, c’est que l’Élysée a été un de nos premiers clients et il l’est toujours.

Comment sont vos relations avec le pouvoir?
Elles sont très bonnes. On sait où me trouver quand on a besoin de moi pour représenter la France à l’étranger.Je l’ai encore fait au Brésil et au Japon.Je m’entends bien avec François Hollande même si je n’ai pas voté pour lui et que je lui ai dit (il m’a répondu en riant : « Je m’en doutais un peu »). J’aime bien Valls aussi.J’apprécie les gens qui savent taper du poing sur la table quand il le faut.Malgré nos différents fiscaux, j’ai toujours eu de bonnes relations avec les socialistes.J’ai versé une larme à la mort de Michel Rocard, que j’aimais beaucoup.

Vous savez déjà pour qui vous voterez l’an prochain?
Oui, mais ne comptez pas sur moi pour vous le dire. D’abord parce que je ne voudrais pas que la communauté arménienne se croie obligée de faire pareil.ensuite parce que j’ai horreur de perdre… (rires).Vous n’aurez pas de confidences politico-aznavouriennes!

Parlons boulot alors.Vous êtes demandé partout : comment choisissez-vous vos galas?
Au plus offrant! (rires) Je privilégie l’étranger, Pas seulement pour des raisons fiscales, mais parce qu’on n’est plus beaucoup à y aller, Je croise encore un peu Nana Mouskouri, mais plus grand monde d’autre.Patricia Kaas marche moins qu’avant j’ai l’impression.Heureusement, il y a Zaz qui cartonne.Je vois ses affiches partout où je vais.Elle a tout ce qui faut pour faire une très belle carrière, si elle gère bien.

Vous ne vous êtes jamais lassé des tournées?

Non, jamais.Je fais moins de concerts mais je continue à aller partout où on me demande. Il n’y aura qu’en Turquie que je n’aurais pas chanté.Je le regrette, car c’est le pays de ma mère.Mais tant qu’ ils ne feront aucun effort vers la reconnaissance du génocide arménien, je n’irai pas.

On ne vous voit plus au cinéma, par contre et c’est bien dommage…

J’ai arrêté parce que ça devenait trop difficile de mémoriser les textes. Sur scène, ce n’est pas pareil, j’ai un prompteur…Et je ne suis pas le seul! (rires) Mais au cinéma, je ne me vois pas coller des bouts de papiers partout sur le plateau ou utiliser une oreillette comme le font certains.

Lequel de vos films préférez-vous?
Celui qui m’a le plus servi c’est Tirez sur le pianiste (Truffaut 1960 N.D.L.R).Il m’a ouvert les portes de l’Amérique. La première fois que j’ai fait le Carnegie Hall, il y avait plein de musiciens de jazz dans la salle.Tout le monde s’attendait à ce que je joue du piano! (rires)

À quoi occupez-vous vos journées lorsque vous ne chantez pas?

J’écris tout le temps. J’ai toujours trois chansons en route, comme ça quand je bloque sur une je finis l’autre. J’ai déjà la matière pour faire deux albums : un normal, l’autre de chansons inédites comme celle que j’ai écrit pour la comédie musicale Cléopâtre et qu’ils n’ont pas retenu. Je fais pas mal de classement aussi : 83 ans de carrière, ça fait pas mal de trucs à ranger! (rires).Je lis beaucoup aussi.J’ai tous les livres religieux mais je ne suis toujours pas croyant.Comme je n’ai rien fait de mal dans ma vie, si Dieu existe, il ne m’en voudra pas.Et s’il n’existe pas, je ne lui en voudrai pas non plus ! (rires).Sinon, regarde des films et quand je suis ici je m’occupe de ma propriété.Il y a de quoi faire ! (Ce disant, il se lève nous raccompagne à la porte et grimpe dans une voiturette de golf avec son régisseur pour faire le tour du propriétaire)

By |octobre 1st, 2018|Categories: Événement|0 Comments

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