Avec une régularité de métronome, Robin Trower tombe un album tous les deux ans , ce qui amène le compteur à 23 depuis le début de sa carrière solo. Les dernières productions de l’ex-guitariste de Procol Harum, qui vient de fêter ses 74 ans, sont toutes d’excellente qualité: on ne sait donc pas pourquoi, au juste, ce nouvel opus nous fait autant d’effet. Comme à son habitude, Robin l’a enregistré tout seul dans son home studio, jouant de tous les instruments et assurant le chant. La veine est purement blues et le son toujours aussi Hendrixien. Les 12 chansons sont excellentes, impossible d’en extraire une plutôt qu’une autre: le disque s’écoute d’une traite. Difficile évidemment de ne pas penser, au détour d’une intro , d’un riff ou d’un solo, à « Crosstown Traffic« , « Red House » ou quelqu’ autre classique de Jimi Hendrix, mais Trower n’est jamais dans la copie servile, ni dans la démonstration de virtuosité. Il perpétue simplement le son d’Hendrix, avec ses propres chansons, un toucher magique et un très gros feeling. Espérons que la tournée qu’il vient d’entamer aux Etats-Unis pour défendre l’album le mènera jusqu’à nous, un de ces jours comme semble le promettre le titre (interprétation optimiste). On garde un souvenir ému de son concert à Monaco, au bon temps du Moods, où on avait eu l’insigne honneur de pouvoir l’interviewer.
Robin Trower
Coming Closer To The Day
(12 titres Master Provogue)
La chair des autres
ça vient de sortir|
Par MAB
La Frontière sauvage
ça vient de sortir|
Par MAB
Lost in Cannes
ça vient de sortir|
Par MAB
Alors que la sélection du 78e Festival de Cannes vient d’être annoncée, le réalisateur, scénariste et écrivain Santiago Amigorena raconte les moments contrastés passés, depuis 1985, dans ce lieu d’illusions. Paraphrasant Proust jusque dans son style travaillé, il a intitulé ce troisième volume autobiographique « Le Festival de Cannes ou le temps perdu ». Une façon pour lui de raconter sa vie par le prisme grossissant et déformant de cette foire aux vanités. Rien d’original dans ce qu’il relate. Mais pour le lecteur, le plaisir d’entrer, à la fois de l’autre coté du miroir et dans l’intimité d’un faux « privilégié » un brin narcissique et passablement amer. D’abord, pour le parfait inconnu qu’il fut, les attentes interminables pour obtenir le carton d’une projection. Les hôtels miteux et les stratagèmes pour s’incruster dans les fêtes. Puis pour le co-scénariste débutant du « Péril Jeune » de Cédric Klapisch, les contacts en hausse. Les dîners qui se proposent. Le smoking pour les marches. Ensuite, l’évocation, pour le coup, très impudiques et larmoyantes des actrices aimées, supportées et desaimées: deux enfants avec Julie Gayet et deux ans de relation glamour avec la présidente du jury de cette 78 eme édition, Juliette Binoche. Au fil des lignes, Cannes devient alors autre chose qu’un lieu de cinéma mais celui des féroces mondanités. Surtout de tout ce que l’on se construit soi-même pour s’élever, souffrir et se tromper de vie. « Lorsque l’on atteint son but, la triste réalité de ce que l’on convoitait, s’offre à nous dans tout son terne éclat » conclut Santiago. Seul l’âge et l’écriture, permettent alors de se rendre compte de son erreur. Plus intéressant au final que l’on ne pensait en ouvrant l’ouvrage.
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