Sept ans après Lightning Bolt, Pearl Jam sort enfin du silence avec un album dont le titre, Gigaton, annonce du lourd. Promesse en partie tenue avec une demi douzaine de titres bien rock, des guitares particulièrement tranchantes et des solis quasi Van Haleniens. Mike McCready est à son affaire : le héros de cet album, c’est lui. Mais Eddie Vedder est bien là aussi, voix au top et textes soignés, avec quelques punchlines anti-Trump bien senties. Dommage que ces bonnes dispositions ne tiennent pas la distance. L’album affiche une bonne moitié de titres de remplissage et un trop plein de ballades molles du genou. Au final, on se dit que Gigaton aurait fait un EP du tonnerre. Espérons que le groupe choisira de jouer les bonnes chansons en tournée et nous épargnera les soporifiques.
Pearl Jam
Gigaton
Date de sortie
27 mars 2020
( Republic Records)
OVNI(s)
ça vient de sortir|
Par Phil Inout
Le pitch
1978. Didier Mathure (Melvil Poupaud), brillant ingénieur spatial, voit son rêve partir en fumée lorsque sa fusée explose au décollage. Alors qu’il pensait avoir touché le fond, il est muté à la tête d’un bureau d’enquête spécialisé sur les ovnis géré par une équipe qui donne effectivement l’impression de vivre sur une autre planète. Sa mission : trouver des explications scientifiques aux apparitions de soucoupes volantes qui défraient la chronique. Un véritable enfer pour ce cartésien invétéré qui n’a plus qu’une idée en tête : se tirer de là au plus vite. Mais un événement extraordinaire va bouleverser ses certitudes, et lui ouvrir les portes d’un monde où plus rien n’est impossible.
Ce qu’on en pense
Après le Minitel rose (3615 Monique), le GEPAN (Groupe d’étude des phénomènes aérospatiaux non identifiés) : c’est dans les parodies d’époque (OSS 117, Au service de la France) que la fiction française comique réussit le mieux. OVNI(s) en est une nouvelle preuve. Melvil Poupaud, tout en moustache et costumes cintrés, y fait la chasse aux soucoupes volantes avec une joyeuse bande d’allumés du CNES (dont le génial Michel Vuillermoz) dans une reconstitution d’époque pleine de couleurs pétantes et de drames capillaires. C’est fin, drôle, enlevé, bien réalisé (par Antony Cordier dont on avait beaucoup aimé le premier film, Gaspard va au mariage), bien joué, plein de références cinématographiques et télévisuelles (Les Envahisseurs, E.T, Rencontres du 3e Type…) et, pour une fois, le scénario tient la route. Les 12 épisodes s’avalent d’un trait. On en redemande !
Jablonka : Un Garçon comme vous et moi
ça vient de sortir|
Par MAB
C’est un autoportrait comme tant d’autres. Un récit d’enfance. Un de plus. Sauf qu’il est aussi un passionnant livre d’histoire contemporaine et une étude subtile, légère et vraie de ce qu’était l’éducation d’un garçon de la bourgeoisie avant #Metoo. Il commence à la naissance d’Ivan Jablonka en 1973, à Paris, d’un père ingénieur et d’une mère professeure de lettres. On suit le petit garçon que ses parents- hantés par la Shoah – élèvent à la fois comme un prince et un survivant, depuis la maternelle jusqu’ à Normale Sup, en passant par une année de CP effectuée en Californie. On redécouvre avec lui, les bandes dessinées et les premiers jeux vidéo, les chansons de Renaud, puis celles de Goldman, les premiers émois amoureux de CE2, ceux-là même dont on se souvient à vie. On le suit de collège en lycée et lors de ses vacances en famille sur les plages naturistes du côté de Cassis: « le cul nu et les bedaines faisant obstacle à la phallocratie » (voir « En Camping-car » un de ses précédents ouvrages). Muni de lettres conservées, de photos personnelles, de journaux de l’époque, de témoignages de ses proches…Jablonka refait le parcours de ses débuts à sa « réussite de vie ». Souligne comment, né dans la moyenne bourgeoisie d’origine juive, il dut intégrer l’angoisse familiale et le désir de revanche paternel, en étant brillant scolairement. Et surtout, interroge avec habileté la question du genre, lui qui, physiquement et psychiquement vulnérable, a toujours été mal à l’aise avec les jeux et les plaisanteries de « mecs », les films X, la séduction offensive et la domination sur les femmes. Un garçon comme vous et moi se lit d’une traite. Beaucoup de lecteurs -hommes ou femmes – de cette génération, se reconnaîtront dans ce tableau sociologique et intime dressé avec sincérité et autodérision. Même si, tout de même, derrière la modestie affichée et la vraie volonté de charmer, se dessine le parcours d’une réussite dont les clefs n’ont pas été données à tout le monde.
Lupin
ça vient de sortir|
Par Phil Inout
Le pitch
Il y a 25 ans, la vie du jeune Assane Diop (Omar Sy) bascule lorsque son père meurt après avoir été accusé d’un crime qu’il n’a pas commis. Aujourd’hui, Assane va s’inspirer de son héros, Arsène Lupin, pour le venger…
Ce qu’on en pense
Annoncé comme une réinvention moderne du héros de Maurice Leblanc, avec Omar Sy dans le rôle titre, Lupin fait de la peine : mise en scène clippesque (du tâcheron Louis Leterrier pour les premiers épisodes), personnages caricaturaux, interprétation en dessous du niveau de la mer, dialogues ineptes, scènes d’action ridicules, intrigue capilotractée, scénario bâclé… On est dans le pire de la série française pour Netflix . A côté, Marseille et La Révolution font figure de chefs d’oeuvre. Seuls les quotas de production française semblent justifier la présence d’un tel ratage aux côtés des merveilles dont regorge la plateforme. Par sympathie pour Omar Sy, on se dépêchera d’oublier cette fadaise tout juste digne de TF1 et on ira revoir la série originale avec Georges Descrières sur le site de l’INA ou sur Salto.
Leave A Comment