Sept ans après Lightning Bolt, Pearl Jam sort enfin du silence avec un album dont le titre, Gigaton, annonce du lourd. Promesse en partie tenue avec une demi douzaine de titres bien rock, des guitares particulièrement tranchantes et des solis quasi Van Haleniens. Mike McCready est à son affaire : le héros de cet album, c’est lui. Mais Eddie Vedder est bien là aussi, voix au top et textes soignés, avec quelques punchlines anti-Trump bien senties. Dommage que ces bonnes dispositions ne tiennent pas la distance. L’album affiche une bonne moitié de titres de remplissage et un trop plein de ballades molles du genou. Au final, on se dit que Gigaton aurait fait un EP du tonnerre. Espérons que le groupe choisira de jouer les bonnes chansons en tournée et nous épargnera les soporifiques.
Pearl Jam
Gigaton
Date de sortie
27 mars 2020
( Republic Records)
Schlesser : Les Yeux de Mona
ça vient de sortir|
Par MAB
Au début tout est roman. Tout est écrit d’une façon très sentimentale: Mona, 10 ans, est atteinte d’une maladie qui risque de lui faire perdre la vue. Avant que cela n’arrive, son grand-père, veuf inconsolable, lui prodigue une thérapie plutôt singulière : il l’emmène tous les mercredi, dans les trois grands musées parisiens – d’abord le Louvre, puis Orsay et enfin Beaubourg – pour qu’elle observe longuement de ses propres yeux 52 chefs- d’œuvre, peinture, sculpture et photographie , depuis le 16 eme siècle jusqu’à aujourd’hui. Les dialogues, entre eux, sont un peu artificiels. Le ton de l’aïeul est très didactique. Mais petit à petit, le récit initiatique choisi par l’historien d’art Thomas Schlesser, fonctionne. On regarde les œuvres avec la fillette (elles sont d’ailleurs en couleurs à l’intérieur d’une jaquette qui se déplie ), on observe chaque détail à travers son regard et l’on écoute les commentaires éclairés qu’en fait son érudit et pédagogue de grand-père. Trois grandes parties, donc. Et autant de chapitres que d œuvres scrutées. Boticelli en ouverture et Soulages en final. :« Je souhaitais qu’il y ait une bonne alternance entre des artistes très iconiques comme Léonard de Vinci, Le Carravage, Courbet, Frida Kahlo ou Jean-Michel Basquiat et d’autres beaucoup moins connus comme Julia Margaret Cameron,extraordinaire photographe du 19 eme siècle ou la plasticienne Hannah Hoch » précise Schlesser. Le résultat est franchement épatant. Comme un conte esthétique et philosophique qui fait du bien . Donnant avec simplicité et humilité une leçon de savoir voir les beautés du monde et donc de savoir vivre. À mettre entre toutes les mains et à lire et relire dans l’ordre et le désordre avant d’aller redécouvrir toutes ces œuvres.
Little Girl Blue
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Par Ph.D
Le pitch
À la mort de sa mère, Mona Achache découvre des milliers de photos, de lettres et d’enregistrements, mais ces secrets enfouis résistent à l’énigme de sa disparition. Alors par la puissance du cinéma et la grâce de l’incarnation, elle décide de la ressusciter par le cinéma en rejouant sa vie…
Ce qu’on en pense
Comme Kaouther Ben Hania dans Les Filles d’Olfa, Mona Achache mélange fiction et documentaire dans ce film également présenté à Cannes. Ainsi Marion Cotillard, prend-t-elle devant la caméra, les traits et l’apparence de la mère de Mona, photographe et écrivaine à la vie tourmentée, dont le suicide est resté pour ses proches un mystère. En remontant le fil de sa vie et en reconstituant une époque, pourtant pas si lointaine, où les femmes n’avaient pas la voix au chapitre, sa fille – qui apparait également à l’écran-, cherche à comprendre son geste, mais n’oublie pas de s’interroger, en abime, sur le pouvoir du cinéma et sur le mêtier d’acteur. Le résultat est encore plus vertigineux que dans Les Filles d’Olfa, avec une Marion Cotillard au sommet de son art transformiste.
La Passion de Dodin Bouffant
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Par Ph.D
Le pitch
Eugénie (Juliette Binoche), cuisinière hors pair, est depuis 20 ans au service du célèbre gastronome Dodin (Benoit Magimel). Au fil du temps, de la pratique de la gastronomie et de l’admiration réciproque est née une relation amoureuse. De cette union naissent des plats tous plus savoureux et délicats les uns que les autres qui vont jusqu’à émerveiller les plus grands de ce monde. Pourtant, Eugénie, avide de liberté, n’a jamais voulu se marier avec Dodin. Ce dernier décide alors de faire quelque chose qu’il n’a encore jamais fait : cuisiner pour elle…
Ce qu’on en pense
Repartie du Festival de Cannes avec le prix de la mise en scène et sélectionnée pour représenter la France à l’Oscar du film étranger, cette somptueuse adaptation du roman de Marcel Rouff, La Passion de Dodin Bouffant, se déguste comme un repas dans un restaurant étoilé. N’y allez pas le ventre vide : il n’est question que de manger ! Et beaucoup d’aimer aussi. Jadis en couple, Benoît Magimel et Juliette Binoche s’y retrouvent pour camper des passionnés de cuisine dont toute la vie tourne autour de la préparation de repas pantagruéliques. Tran Anh Hung (L’Odeur de la papaye verte) filme ces festins avec une telle gourmandise qu’on en salive sur son siège. Le jeu des acteurs a beau être trés théâtral, Magimel a une telle présence qu’il fait oublier les lourdeurs et l’esthétique un brin publicitaire de la réalisation. Le film brille par l’émotion qu’il procure et son approche formelle, lente mais ô combien appétissante.
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