L’auteur de ce roman palpitant, Michel Moutot, est reporter à l’Agence France Presse, lauréat du prix Albert Londres en 1999 et correspondant à New York en 2001, au moment des attentats du 11 septembre. L’Amérique, il connaît, même s’il a écrit cette épopée tragique bien avant d’imaginer et connaître les nouvelles souffrances que le pays vit aujourd’hui. Vous avez peut-être eu le bonheur de trouver L’America, paru début mars, dans les rayons des libraires avant que ces derniers ne soient forcés de fermer. Si ce n’est le cas, précipitez-vous sur la version numérique. Car cette aventure passionnante qui, de la Sicile à New-York puis de la Nouvelle-Orléans à la Californie, dit combien il était difficile de vivre et survivre au début du XX eme siècle en Italie comme aux Etats -Unis. Ce n’est pas forcément un réconfort. Mais cela peut permettre de prendre patience et relativiser. Notamment en découvrant, effaré, l’essor machiavélique de la Mafia Sicilienne à laquelle personne ne pouvait échapper et les conditions misérables des émigrants partis tenter leur chance dans cette fausse terre promise qu’était « L’America ». Le roman fait 450 pages. Rester chez soi avec lui permet de voyager dans le temps et l’espace et oublier un temps le présent
Michel Moutot
L'America
Date de sortie 5 mars 2020
(Seuil 432 pages, 21 euros)
Lost in Cannes
ça vient de sortir|
Par MAB
Alors que la sélection du 78e Festival de Cannes vient d’être annoncée, le réalisateur, scénariste et écrivain Santiago Amigorena raconte les moments contrastés passés, depuis 1985, dans ce lieu d’illusions. Paraphrasant Proust jusque dans son style travaillé, il a intitulé ce troisième volume autobiographique « Le Festival de Cannes ou le temps perdu ». Une façon pour lui de raconter sa vie par le prisme grossissant et déformant de cette foire aux vanités. Rien d’original dans ce qu’il relate. Mais pour le lecteur, le plaisir d’entrer, à la fois de l’autre coté du miroir et dans l’intimité d’un faux « privilégié » un brin narcissique et passablement amer. D’abord, pour le parfait inconnu qu’il fut, les attentes interminables pour obtenir le carton d’une projection. Les hôtels miteux et les stratagèmes pour s’incruster dans les fêtes. Puis pour le co-scénariste débutant du « Péril Jeune » de Cédric Klapisch, les contacts en hausse. Les dîners qui se proposent. Le smoking pour les marches. Ensuite, l’évocation, pour le coup, très impudiques et larmoyantes des actrices aimées, supportées et desaimées: deux enfants avec Julie Gayet et deux ans de relation glamour avec la présidente du jury de cette 78 eme édition, Juliette Binoche. Au fil des lignes, Cannes devient alors autre chose qu’un lieu de cinéma mais celui des féroces mondanités. Surtout de tout ce que l’on se construit soi-même pour s’élever, souffrir et se tromper de vie. « Lorsque l’on atteint son but, la triste réalité de ce que l’on convoitait, s’offre à nous dans tout son terne éclat » conclut Santiago. Seul l’âge et l’écriture, permettent alors de se rendre compte de son erreur. Plus intéressant au final que l’on ne pensait en ouvrant l’ouvrage.
The Zemblas
ça vient de sortir|
Par Ph.D
Leave A Comment