Goat’s Head Soup: Super Deluxe Edition

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Goat’s Head Soup: Super Deluxe Edition

Par Philippe DUPUY

Onzième album des Rolling Stones, sorti le 31 août 1973, Goat’s Head Soup fait l’objet comme ses deux prédecesseurs (Sticky Fingers et Exile on Main Street) d’une réédition « super deluxe » avec nouveau mixage, remasterisation et nombreux bonus (mixes alternatifs, versions instrumentales, 3 inédits, 1 album live,  épais livret, posters…). Décrié à sa sortie, malgré le gros succès commercial d’ « Angie » et jamais vraiment réhabilité,  l’album fait pourtant partie des chefs d’oeuvre du groupe. Ce que cette luxueuse réédition devrait permettre de confirmer car…

L’album original est un chef-d’oeuvre

Porté par la ballade lacrymale « Angie » (le plus grand tube des Stones depuis « Satisfaction« ), Goat’s Head Soup regorge de chansons devenues des classiques ( « Dancing with Mr D », »Starfucker », « Silver Train », « Heartbreaker ») et d’autres qui auraient mérité de le devenir (« 100 Years Ago », « Comin Down Again », « Hide Your Love »). Les parties de guitare de Mick Taylor (qui venait visiblement de découvrir la pédale wha-wha) sont fabuleuses et c’est le dernier album du groupe produit par Jimmy Miller,  qui travaillait avec eux depuis Beggar’s BanquetBeggar’s,  Let it Bleed, Sticky Fingers, ExileQue des chefs d’oeuvre !  Goat’s Head Soup ne fait pas exception.

Le nouveau mix sonne plus propre

Jagger a souvent dit qu’il regrettait le mixage de Goat’s Head Soup (En même temps, il a dit ça de la plupart des albums classiques des Stones…) . Le nouveau mix a, semble-t-il,  essentiellement consisté à mettre le chant en avant, sans trop écraser le reste. Alors que l’album original paraissait baigner dans une brume opiacée (à laquelle renvoie d’ailleurs la magnifique pochette de David Bailey), le nouveau mixage a éliminé ce léger voile entre les pistes, pour mieux les séparer. Ça sonne plus propre (on comprend même les paroles et la basse de Bill Wyman est ressuscitée), mais on préfère quand même le mix crade original de Jimmy Miller.

Keith en studio en 1973 (Photo Jim Marshall) 

Les inédits sont sympas

Trois chansons extraites des séances d’enregistrement et jamais publiées officiellement font partie des bonus de cette réédition. « Criss Cross » est la plus aboutie et aurait très bien pu trouver place sur l’album original. Un bon riff de Keith, suivi d’une progression d’accords qui rappelle celle de « Brown Sugar«  (un peu trop peut-être ?) et la voix de Jagger au sommet de sa « sexitude ». « Scarlet » ressemble plus à une jam de studio avec Jimmy Page, le guitariste de Led Zeppelin, qui a peut-être apporté le gros riff zeppelinien. La chanson fait l’objet de deux remixes étonnants signés War on Drugs et The Killers+ Jacques LU. « All The Rage » annonce un peu le format futur des chansons des Stones: une ligne de guitare sautillante, la voix de Jagger très en avant, solo de Keith et Mick Taylor aux abonnés absents. Loin de la musicalité extrême de Goat’s Head Soup, qui reste le dernier grand disque mélodique des Stones.

Les bonus sont intéressants

Mix alternatif (« Hide Your Love« ), instrumentaux (« Heartbreaker », « Dancing with Mr D »), les bonus méritent d’être écoutés. Mais si on remet le disque bonus sur la platine, c’est surtout pour la version piano-voix de « 100 Years Ago« . Grande chanson, superbe version.

Le live est top

Qui ne connaît pas le live Brussel’s AffairCet enregistrement pirate du concert des Stones au Forest National de Bruxelles,  qui a fait déjà l’objet d’une édition « From the vault » il y a quelques années, fait partie des « must have » de tout fan qui se respecte. Interdit de séjour en France depuis les frasques de Keith à Nellcote, le groupe jouait pour ses fans français (acheminés en train par une radio périphérique parisienne) et avait visiblement mangé du lion ce soir-là. Keith est totalement survolté et même Mick Taylor a du mal à suivre le tempo. Jagger est obligé de terminer de chanter seul « Happy » car Keith a tout donné. Le final sur « Street Fighting Man » (dis)sonne comme du Velvet Underground,  mais la version de « Gimme Shelter » est une des meilleures jamais enregistrées par les Stones en live. C’est le meilleur témoignage officiel des mythiques tournées 1972-1973 et sans aucun doute le meilleur live des Stones avec Get Yer Ya Ya’s Out.  

Le coffret vinyles s’impose

La pochette originale est une oeuvre d’art (signée David Bailey) qu’on a envie d’exposer ou en tout cas de manipuler pendant l’écoute. On choisira donc le coffret vinyles 4 LP  plutôt que le 3CD +1 Blu Ray. A moins de vouloir absolument avoir les vidéos  (Dancing With Mr D / Silver Train / Angie) du Blu Ray,  qu’on peut trouver, en moindre qualité certes,  sur Youtube

 

By |septembre 4th, 2020|Categories: ça vient de sortir|0 Comments

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