Par Phil Inout
Le Pitch
En cette année 1977, sur la promenade des Anglais, une guerre oppose deux casinos : le vénérable palais de la Méditerranée, qui a fait les riches heures de la Riviera, et dont Renée Le Roux a hérité à la mort de son mari, et le Ruhl, nouvel établissement tapageur géré par un clan sulfureux, lié à la Mafia italienne, cherchant à s’assurer le monopole local du jeu. Avocat à la personnalité trouble, Maurice Agnelet convainc sa maîtresse Agnès, 29 ans, la troisième des quatre enfants Le Roux, de vendre pour 3 millions de francs ses parts aux propriétaires du Ruhl, scellant ainsi la défaite de sa mère. Quatre mois plus tard, le 27 octobre, la jeune femme disparaît sans laisser de traces. On ne retrouvera jamais son corps. Les soupçons s’accumulent sur Maurice Agnelet, qui a transféré depuis leur compte joint sur son compte personnel les millions reçus par Agnès…
Ce qu’on en pense
37 ans après, l’affaire Agnès Le Roux passionne toujours. Après le film d’André Téchiné (L’Homme qu’on aimait trop) et avant Tout pour Agnès, la mini-série de France 2 qui sera présentée en avant première au festival CinéRoman, Arte diffuse Tant qu’ils ne retrouvent pas le corps, un documentaire d’Arte en 3 volets tiré du livre de Pascale Robert-Diard, qui s’intéresse aux dégâts causés sur les familles d’Agnès Le Roux et de Maurice Agnelet, par une enquête et une procédure judiciaire qui a duré près de 40 ans. Un record judiciaire. Sans corps, ni aveux, la justice n’aura, en effet, jamais réussi à résoudre l’énigme de la disparition de l’héritière du Palais de la Méditerranée. Acquitté (en 1985), condamné en appel puis remis en liberté (sur appel de la cour européenne de justice) et rejugé en 2014, Maurice Agnelet a emporté son secret dans sa tombe. Seul le témoignage inattendu et accablant (mais soumis à caution) de son fils ainé, Guillaume, lors du dernier procès, a permis au jury de la cour d’assises de Rennes de condamner l’ancien avocat pour un meurtre, dont on ne saura sans doute jamais s’il l’a vraiment commis, si quelqu’un l’a fait pour lui ou s’il en était innocent. Tout l’intérêt de ce formidable documentaire de Remi Lainé (disponible en replay sur Arte et en streaming sur Arte +) est de ne pas chercher à appuyer une thèse plutôt qu’une autre, ni à raconter pour la énième fois la « guerre des casinos de Nice « , mais plutôt de montrer comment la machine judiciaire et le poids du secret ont pesé toutes ces années sur les enfants Le Roux (y compris Agnès, qui revit avec des images de famille inédites) et sur les deux frères Agnelet, l’un convaincu de la culpabilité de son père, l’autre de son innocence. Seul regret : le témoignage de leur mère manque. Au procès de Rennes, elle avait défendu son ex-mari avec beaucoup de conviction alors que, selon son fils Guillaume, Agnelet lui aurait avoué son crime !
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