Heads of State
Par Ph.D
Le pitch
Le Premier ministre britannique Sam Clarke (Idris Elba) et le président américain Will Derringer (John Cena) entretiennent une rivalité très publique et peu amicale qui met en péril la « relation spéciale » de leurs pays. Mais lorsqu’ils deviennent la cible d’un ennemi étranger puissant et impitoyable, qui s’avère plus redoutable que les forces de sécurité des deux dirigeants, ils sont contraints de s’en remettre aux deux seules personnes en qui ils peuvent avoir confiance : l’un et l’autre. Finalement alliés à la brillante agente du MI6 Noel Bisset (Priyanka Chopra Jonas), ils doivent s’enfuir et trouver un moyen de travailler ensemble suffisamment longtemps pour déjouer une conspiration mondiale qui menace le monde libre tout entier.
Ce qu’on en pense
Cette année encore, le blockbuster de l’été se visionne en streaming ( sur Prime Vidéo en l’occurence). Signée Ilya Naishuller, Heads of State est une comédie d’action comme on en faisait dans les années 80 avec cascades, explosions, poursuites, gunfights , humour et casting étoilé. La bonne idée du scénario est d’avoir fait des proies habituelles du vilain (les chefs d’état), les héros du film. Idris Elba joue un premier ministre anglais très James Bondien et John Cena campe un ex-acteur de films d’action à la Schwarzenegger/Stallone devenu président des Etats-Unis. L’opposition des deux cultures, anglaise et américaine, alimente une bonne partie des scènes de comédie et la réalisation, hyper rythmée, fait le reste. On passe un excellent moment en compagnie de ces Heads of State qui ne se prennent pas au sérieux.
Dracula
Par Ph.D
Le pitch
Au XVe siècle, le Prince Vladimir (Caleb Landry Jones) renie Dieu après la mort cruelle de son épouse (Zoe Bleu). Il hérite alors d’une malédiction – la vie éternelle- et devient un vampire, condamné à errer à travers les continents et les siècles pour retrouver la réincarnation de son amour perdu. Dans le Paris du 19e siècle, un prêtre (Christoph Walz), un médecin (Guillaume de Tonquedec) et un jeune notaire (Ewens Abid) vont unir leurs forces pour l’empêcher d’envouter la fiancée de ce dernier (Zoé Bleu), dans laquelle Dracula a cru reconnaître son amour défunte…
Ce qu’on en pense
Quelques mois après le Nosferatu de Robert Eggers, Luc Besson adapte à son tour le roman originel de Bram Stoker. Il le fait en se concentrant sur l’histoire d’amour entre Dracula et Mina Murray, qui n’était qu’esquissée dans le roman. Excellente idée, assortie d’un casting idéal : le couple de cinéma formé par Caleb Landry Jones et Zoe Bleu (fille de Rosanna Arquette) est l’atout majeur du film, qui, pour le reste, recycle allègrement le roman, le Dracula de FF Coppola (pour l’esthétique gothique) et le Bal des vampires de Polanski (pour le second degré et les chasseurs de vampires), avec un zeste d’Adèle Blanc-Sec (pour le Paris du 19e siècle et les effets spéciaux) et de Jeanne d’Arc (pour les scènes de batailles) pour faire bonne mesure. Un étonnant mélange de comédie, de film de vampire et de romance, qui commence par dérouter mais finit par séduire, grâce à son romantisme échevelé. Distrayant sinon mémorable.
Eternal
Par J.V
Le pitch
Elias (Simon Sears) et Anita (Nanna Øland Fabricius) sont jeunes et amoureux. Elias a un jour l’opportunité de réaliser son rêve en devenant scientifique, mais il doit partir et quitter Anita. Des années plus tard, il rejoint une mission périlleuse autour d’une fracture sous-marine. À son contact, d’étranges visions le bouleversent et lui révèlent une autre réalité. Quelle aurait été sa vie s’il avait fait des choix différents ?
Ce qu’on en pense
Un Interstellar danois qui souffre d’un manque de budget pour les effets spéciaux et surtout de la comparaison avec le chef d’oeuvre de Christopher Nolan. La difficulté du héros à affronter sa paternité et à assumer ses choix est bien traitée mais l’aspect fantastique peine à convaincre. Idem pour les personnages, dont les portraits auraient mérité plus de profondeur. Encore un film dont la place serait plus sur une plateforme de streaming qu’en salles.
Gangs of Taiwan
Par J.V
Le pitch
À Taïwan, Zhong-Han (Wai Chen Liu), un jeune homme mutique d’une vingtaine d’années, mène une double vie. Employé dans un restaurant familial le jour, il rackette en bande la nuit pour le compte de parrains locaux. Mais le rachat du restaurant par un homme d’affaires véreux met en danger ses proches, et oblige Zhong-Han à affronter son propre gang…
Ce qu’on en pense
Découvert à la Semaine de la Critique de Cannes 2024, ce thriller américano-taïwanais signé Keff a mis plus d’un an à trouver le chemin ses salles. On se demande bien pourquoi, tant la proposition est convaincante et le film puissant, dans un style que ne renierait pas un certain Johnnie To. Film de triade autant que portrait d’une jeunesse livrée à elle-même et d’une ville-état, Gangs of Taïwan évite les clichés du genre et se révèle très recommandable.
Substitution
Le pitch
Un frère (Andy) et une sœur (Sora Wong) découvrent un rituel terrifiant dans la maison isolée de leur nouvelle famille d’accueil…
Ce qu’on en pense
Un film d’horreur comme on les aime : flippant, tendu et gore (âmes sensibles s’abstenir), avec une méchante (Sally Hawkins) atroce et deux jeunes héros innocents à souhait. Les australiens Michael et Danny Philippou (La Main) frappent fort, avec une mise en scène sensorielle à vous filer des sueurs froides. Retenez leur nom : ils sont promis à un bel avenir dans le genre.
Transamazonia
Le pitch
Rebecca (Helena Zengel), la fille du missionnaire Lawrence Byrne (Jeremy Wido), a été déclarée « miraculée » après avoir survécu à un accident d’avion alors qu’elle était enfant, au fin fond de la forêt amazonienne. Des années plus tard, elle est devenue une guérisseuse célèbre dans la région. Bientôt, son père rentre en conflit avec des bûcherons qui envahissent les terres appartenant au peuple indigène qu’il évangélise…
Ce qu’on en pense
Bienvenue en Amazonie, où l’atmosphère est suffocante, les esprits portés sur le mysticisme et où tout le monde manipule tout le monde pour tirer son épingle du jeu ou seulement survivre. Un film -leuve (normal en Amazonie) original et déroutant , à la photographie soignée et au scénario labyrinthique comme un trip sous hallucinogènes. A vous de voir si l’expérience vous tente.
Sam fait plus rire
Par J.V
Le pitch
Sam (Rachel Sennott), une jeune comédienne et jeune fille au pair souffrant de stress post-traumatique, se demande si elle doit ou non participer aux recherches de Brooke (Olga Petsa), une fillette disparue dont elle était la nounou…
Ce qu’on en pense
Sortant une semaine après le remarquable Sorry, Baby, d’ Eva Victor, sur un sujet proche (le trauma du viol et comment s’en sortir-ou pas- par l’humour) Sam fait plus rire va forcément souffrir de la comparaison. Pas mal écrit et plutôt bien joué (grâce notamment à la prestation impeccable de Rachel Sennott), mais trop platement réalisé, le film de la Canadienne Ally Pankiw justifie, hélas, son titre.
Perla
Par Ph.D
Le pitch
Vienne, au début des années 1980. Artiste indépendante et mère célibataire, Perla (Rebeka Poláková) s’est construit une nouvelle vie avec Josef (Simon Schwarz), son mari autrichien, et Júlia, sa fille. Mais le jour où Andrej (Noël Czuczor), le père de Júlia, sort de prison et tente de reprendre contact, le passé ressurgit. Poussée à retourner en Tchécoslovaquie communiste qu’elle avait quittée, Perla entreprend un dangereux voyage, quitte à mettre en péril son avenir et celui de sa fille.
Ce qu’on en pense
Superbement réalisé ce drame possiblement autobiographique signé Alexandra Makarová (un nom à retenir) vient rappeler qu’il n’y a pas si longtemps la frontière avec la Russie soviétique était encore plus proche qu’aujourd’hui et qu’une guerre n’a pas eu lieu en Tchécoslovaquie envahie par les chars russes. Au lieu de cela, un état totalitaire s’est installé et la seule solution pour y échapper était l’exil. C’est le choix (mais en était-ce vraiment un ?) qu’a fait l’héroïne du film, Perla (Rebeka Poláková, émouvante et superbe), rattrapée dix ans plus tard par les traumas du passé. Un beau film politique, qui aurait eu toute sa place dans une sélection cannoise.
The Things You Kill
Par Ph.D
Le pitch
Après plusieurs années d’exil aux Etats-Unis, Ali (Ekin Koç) est retourné enseigner en Turquie avec sa femme qui exerce comme vétérinaire. Dans sa ville natale, il retrouve sa famille qui vit sous le joug d’un père autoritaire. Lorsque sa mère impotente décède dans des circonstances suspectes, Ali soupçonne rapidement son père de l’avoir frappée. Ce que réfutent ses deux soeurs. Aidé par un mystérieux rôdeur (Erkan Kolçak Köstendil) qu’il engage comme jardinier, le jeune homme va se lancer dans une quête vengeresse qui va le confronter à ses propres tourments…
Ce qu’on en pense
Deux fois récompensé à Reims Polar, le troisième film de l’Iranien Alireza Khatami, remarqué à Cannes avec ses Chroniques de Téhéran (2023), risque de dérouter les spectateurs habitués à des narrations linéaires. La quête de vérité de son héros subit, en effet, dans sa deuxième partie, une inversion de rôles à la Mulholland Drive que rien ne laissait présager et que chacun pourra interpréter à sa guise. Il s’agit, sans doute, pour le réalisateur de brouiller les cartes car son récit est en grande partie autobiographique. L’idée qui le sous-tend est que le patriarcat pèse aussi bien sur les hommes que sur les femmes et que les traumas en découlent peuvent ressurgir à tout moment. Le conflit du héros avec son père est, ainsi, ravivé par le fait qu’Ali est en âge d’être père à son tour et qu’il en est empêché. Entre drame familial, polar Lynchéèn et thriller psychologique, troublant et mystérieux, le film agit avec effet retard et donne à réfléchir longtemps après la projection.
Dangerous Animals
Par J.V
Le pitch
Zephyr (Hassie Harrison), une surfeuse intrépide au tempérament libre est kidnappée par un tueur en série obsédé par les requins. Séquestrée sur son bateau et confrontée à la folie de son ravisseur, elle va devoir se battre pour survivre face à tous les prédateurs…
Ce qu’on en pense
50 ans après Les Dents de la mer, Dangerous Animals renouvelle le genre du « film de requins », en associant au monstre marin, la figure inattendue d’ un psychopathe qui kidnappe ses victimes pour les filmer en train de se faire dévorer. L’Australien Sean Byrne injecte au scénario un humour noir décapant qui associé à des rebondissements inattendus, font de Dangerous Animals un plaisir coupable bien de saison. A déguster saignant entre deux bains de mer.
Sorry Baby
Par Ph.D
Le pitch
Brillante étudiante, Agnès (Eva Victor) est piégée par son professeur de littérature. Son amitié avec Lydie (Naomie Ackie) lui offre un refuge précieux contre la honte de s’être laissée avoir et le trauma du viol. Entre rires et silences, leur lien indéfectible lui permet d’entrevoir une vie presque normale…
Remarqué au festival de Sundance et à la Quinzaine des réalisateurs, Sorry, Baby est la première réalisation de l’actrice Eva Victor. Une révélation ! Elle y aborde les violences faites aux femmes sur un ton original et avec un humour frontal qui évoquent un heureux mélange de Greta Gerwig et de Kelly Reichardt. L’amitié féminine et la résilience ont rarement été aussi bien filmées. Une cinéaste est née !
Vittoria
Par Ph.D
Le pitch
Jasmine est coiffeuse à Naples où elle vit avec son mari et ses trois fils. Depuis le décès de son père, elle est hantée par un rêve récurrent qui accroit son désir d’avoir une fille. Malgré l’incompréhension de sa famille et au risque de tout bouleverser, elle décide d’entamer les démarches pour adopter.
Sélectionné à la Mostra de Venise et produit par Nanni Moretti, le deuxième long métrage de fiction d’ Alessandro Cassigoli et Casey Kaufman retrace le parcours d’adoption d’une famille italienne dont la mère désespérait d’avoir une fille après avoir élevé trois garçons. Le film est interprété par les véritables protagonistes de l’histoire, qui jouent leurs propres rôles. Entre fiction et documentaire, il dresse le portrait brut, authentique et émouvant d’une femme et de son désir viscéral de maternité, mais aussi celui d’un milieu social issu de l’ancienne classe ouvrière dans l’Italie contemporaine. Inattendu, sans pathos, Vittoria est un film qui fait chaud au coeur.
Les 4 Fantastiques
Par J.V
Le Pitch
Reed Richards/M. Fantastique (Pedro Pascal), Sue Storm/La Femme Invisible (Vanessa Kirby), Johnny Storm/La Torche Humaine (Joseph Quinn) et Ben Grimm/La Chose (Ebon Moss-Bachrach) sont envoyés dans l’espace pour affronter le terrible Galactus… La grossesse de Sue et la présence de la mystérieuse surfeuse d’argent compliquent leur mission.
Ce qu’on en pense
Pour ce deuxième film des 4 Fantastiques, Matt Sharkman retourne aux racines des Comics pour signer un « Marvel de l’été » sans multiverse, ni prise de tête, qui fera le bonheur des plus vieux fans de comics, avec son esthétique rétro futuriste inspirée des années 50-60. L’action pure et les effets spéciaux laissent place à la comédie et aux relations entre les personnages. De quoi se réconcilier avec les films de super héros.
Aux jours qui viennent
Par Ph.D
Le pitch
Nice, de nos jours. Laura (Zita Hanrot), la trentaine, essaie de se reconstruire après une relation tumultueuse avec Joachim (Bastien Bouillon). Elle mène une vie en apparence tranquille, en élevant seule sa petite fille. Mais l’accident de Shirine (Alexia Chardard), la nouvelle compagne de Joachim, va faire ressurgir son passé. Les deux femmes, en proie à la violence du même homme, vont peu à peu se soutenir…
Ce qu’on en pense
Désir
Par Ph.D
Le Pitch
Un ramoneur, heureux père de famille, en couple avec son épouse depuis des années, a une aventure inattendue avec un client … Il ne la considère ni comme l’expression d’une homosexualité latente, ni comme une infidélité, juste comme une expérience enrichissante. Il s’en ouvre à son épouse, qui le prend mal, puis à son patron, marié comme lui, qui lui avoue faire toutes les nuits des rêves dans lesquels il est une femme, objet du désir de David Bowie…
Ce qu’on en pense
Voilà, c’est fini ! Nos vacances à Oslo se terminent avec le troisième volet de la trilogie amoureuse de Dag Johan Haugerud. Depuis début juillet, on arpente la capitale norvégienne sur les pas de quelques-uns de ses habitants : une lycéenne imaginative (Rêves), une bande de trentenaires avides de rencontres (Amour) et pour finir, un ramoneur et son patron tracassés dans leur masculinité. Le titre original promettait du sexe, la VF est plus honnête : il n’est ici question que de désir… et encore ! De sexe, on ne fait que parler. Coucher est-ce forcément tromper ? Le sexe peut-il se réduire au seul acte ? Est-on un homosexuel refoulé si on rêve chaque nuit que David Bowie vous parle comme à une femme ? Des images de la ville en été et une BO jazz orchestrale entrecoupent des scènes de dialogues homériques (bonjour les sous-titres !). On ne sait jamais où la caméra de DJH va nous conduire (sur un toit, dans le cabinet d’une toubib pas très à cheval sur le secret médical, sur des périphériques urbains, dans des rues sans charme particulier…), ni sur quoi vont déboucher les considérations philosophiques des personnages (la lecture d’Anna Arendt ou une cuisine à ranger). L’air de rien, les trois films prônent l’écoute de l’autre, l’empathie et la gentillesse plutôt que l’ironie facile (un ramoneur homosexuel? Quelle rigolade ! Sauf que non, justement) ou le jugement. On a mis le conseil dans la valise, avec une bouteille d’Aquavit pour en faire profiter les amis.