Stephan Eicher : Ode
Par Ph.D
« Je me demandais si l’on pouvait, avec mes musiciennes et musiciens, faire un disque qui vous prenne musicalement dans les bras« . C’est ainsi que Stephan Eicher présente son nouvel album Ode, qui compile les deux EP parus au printemps et 5 titres inédits. Composées pendant la pandémie, ces 12 chansons de toute beauté alternent les ambiances et les sentiments. Elles forment le premier véritable album de Stephan Eicher depuis longtemps. Philippe Djian en est toujours le parolier principal et en les écoutant pour la première fois, on se dit qu’on n’en épuisera pas le charme en quelques écoutes. Effectivement, le disque infuse lentement, jusqu’à devenir tout à fait précieux. Un nouvel opus majeur de l’helvête underground : c’est tout ce dont on avait besoin pour finir l’année en beauté.
Dropkick Murphys : This Machine…
Par Ph.D
Le titre (« This Machine Still Kills Fascists« ) dit bien l’intention : rendre hommage à Woody Guthrie dans un album engagé. Pour ce faire, les Dropkick Murphys ont, paradoxalement, choisi de déposer les armes. Ici, pas de guitares incendiaires, ni de batteries gonflées aux hormones : Ken Casey et sa bande se la jouent acoustique, fidèles en cela au folk de Woody. Les fans de punk celtique ne devraient pourtant pas être déçus. Même privé d’électricité, le groupe de Boston n’a pas son pareil pour balancer des chansons à boire. Tous les refrains pourraient être braillés en choeur dans un stade de foot. Cet album sent la bière, la sueur et les backstages. C’est ce qu’on a fait de mieux dans le genre depuis le premier Pogues. Tout simplement !
Francis Veber : le bouc-quin
Par Ph.D
Journaliste et historien du cinéma, Philippe Durant publie un nouveau livre qui lui ressemble : volubile, drôle, érudit, original. Le sujet n’est pourtant pas facile : contrairement à ses films, Francis Veber n’est guère drôle, ni aimable au naturel. Sa bio pourrait être rébarbative. C’est tout le contraire avec « Le livre qui rend chèvre« . On y apprend mille choses sur l’auteur du Dîner de cons et de La Chèvre sans s’ennuyer une seconde. Sa filmographie est l’occasion de multiplier les anecdotes et les souvenirs. Un « bouc-quin » à offrir et à s’offrir!
Lionel Duroy : Disparaître
Par MAB
Le sujet principal des romans de Duroy est Lionel lui-même. Or l’ auteur en a publié presque une douzaine (Le chagrin est sans doute son œuvre la plus puissante). Ses lecteurs- il a des fidèles – le connaissent donc parfaitement. Ils savent son enfance calamiteuse auprès de parents hobereaux fauchés, encombrés de dix enfants et devenus peu à peu hors la loi. Ils n’ignorent pas non plus que tout à sa quête de lucidité pour dire, écrire au scalpel et publier la vérité, l’écrivain s’est fâché avec ses frères, avec son fils aussi, un temps, et avec les deux femmes de sa vie. Que cet homme est tourmenté, narcissique, toujours dans l’introspection et aujourd’hui, bien bousculé par son état de septuagénaire. Un âge qu’il supporte si mal qu’il a décidé de « Disparaître ». Pas mourir brutalement, non. Mais enfourcher son vélo, s’éloigner de tout et de tous et pédaler vers ces lieux chargés d’histoire et de littérature qui l’ont toujours fasciné : la Roumanie, la Moldavie, la Transnistrie et peut-être Stalingrad, son but final dont il ne reviendra pas. Est-ce un roman, ce nouvel ouvrage ? Une autofiction ? Quelle est la part de vrai dans tout cela si ce n’est son état civil? Le premier tiers est consacré à un règlement de comptes avec ses enfants le temps d’un repas parisien. C’est brillant, fluide, vif, vachard et paradoxalement débordant d’amour vrai. Les deux autres tiers eux déroulent la route jusqu’à la frontière russe. Leroy décrit les paysages, relate ses rencontres, évoque le passé historique de ces territoires, rend hommage à leurs écrivains et se met en scène en train d’écrire le livre dont il est question ici. Une parfaite mise en abyme qui réunit, lui et les autres, ici et ailleurs, passé présent et avenir Une façon de disparaître en laissant encore une trace. La dernière ?
God Of War : Ragnarok
Par Cédric Coppola
« L’équilibre avant tout ». Le nom donné au mode de difficulté standard des nouvelles aventures de Kratos résume parfaitement l’esprit du AAA développé par Santa Monica Studio… Parfait sous toutes ses coutures, ce second volet consacré à la mythologie nordique nous donne l’occasion de retrouver le Dieu de la guerre quelques années après les évènements de l’opus sorti en 2018… Et bien entendu, il n’arrive pas seul puisque son fils Atreus / Loki reprend, lui aussi, du service et s’impose même comme le personnage principal de cette histoire de filiation, où vengeance et trahison ne sont jamais bien loin. Tout le long du périple qui nous fait traverser les neuf royaumes, le duo s’en donne à cœur joie. Comme on pouvait s’y attendre, le célèbre guerrier barbu a toujours à sa disposition sa hache de Leviathan glacée et ses flammes du chaos, à savoir des chaînes chaudes comme la braise. Deux armes démoniaques aux multiples capacités que l’on améliore au fil du temps en fonction de l’expérience glanée, en tuant un bestiaire très varié ou en ouvrant les fameux coffres planqués le long du chemin. D’une beauté stupéfiante avec des décors qui dépaysent constamment le gamer, ce GOW 2022 est une vitrine technique de choix… Mieux si l’on dispose d’une PS5 et d’une TV équipée d’une prise HDMI 2.1, on peut soit privilégier la performance, avec un rendu à 60 fps, soit la résolution, avec du 4K à 40 fps. Dans les deux cas, c’est stable et le jeu ne ralentit jamais.
Moins axé beat’em all que la trilogie initiale, le jeu précédent était un véritable jeu d’action / aventure. Cette suite repousse encore les limites et on sent une inspiration Zelda dans la construction des donjons, où on alterne combats et phases de puzzles. Celles-ci ont le mérite d’être bien conçues, pour nécessiter un petit temps de recherche sans frustrer le joueur. Il n’est par exemple jamais question d’aller chercher un objet à l’autre bout de la map pour avancer dans l’intrigue principale. Un bon point. Parti pris inattendu et assez déstabilisant, on est souvent amené à diriger Atreus sans son papa. L’adolescent, archer expert, prend de l’assurance et s’entoure de ses propres amis en tant que soutien. Des passages plus psychologiques, initiatiques, qui contrebalancent la fureur de Kratos, qui de son côté ne se prive pas de multiplier les exécutions barbares. La mise en scène visuelle – on a toujours droit au plan séquence intégral – et la conception sonore, avec un travail sur le mixage qui force le respect font le reste. Avec son gameplay nerveux, ses nombreux mini-boss et ses boss spectaculaires, même si on en aurait aimé davantage -,God Of War : Ragnarok achève de convaincre les gamers et s’impose comme une exclusivité PS4 / PS5 incontournable. L’intrigue est véritablement palpitante et prend de plus en plus d’ampleur au fil des heures, avec un conflit sur fond de destinée et de fin du monde qui résonne par les temps actuels… Qui plus est, les habitués retrouveront les personnages connus comme Freya la sorcière, l’imposant Thor et le terrible Odin, antagoniste de choix de ce titre mémorable qui marque cette année vidéoludique de son empreinte. Seule petite ombre au tableau : Elden ring est sorti cette année… enlevant du coup à cette superproduction le titre de GOTY qui lui aurait été décerné en temps « normal »… (Jeu testé sur PS5)
Elvis
Par J.V
Le pitch
La vie et l’œuvre d’Elvis Presley (Austin Butler) à travers le prisme de ses rapports complexes avec son mystérieux manager, le colonel Tom Parker (Tom Hanks) . Une relation étalée sur une vingtaine d’années, de l’ascension du jeune chanteur à la gloire planétaire, sur fond de bouleversements culturels et de la découverte par l’Amérique de la fin de l’innocence…
Ce qu’on en pense
Qui mieux que Baz Luhrmann, cinéaste de l’outrance et de la démesure, pour s’attaquer au biopic d’Elvis Presley ? Dévoilé en avant première mondiale à Cannes, le film remplit parfaitement son office, avec un Austin Butler magistral dans le rôle titre et une nouvelle performance oscarisable de Tom Hanks dans le rôle du manager-pygmalion, manipulateur et cupide, le tristement célèbre colonel Parker qui, jusqu’au bout, a exploité son poulain comme un phénomène de foire. En plus de conter l’histoire du King et de rendre hommage à son talent d’interprête et de showman, Elvis retrace tout un pan de l’Histoire des Etats-Unis, les années 50-70 marquées par la ségrégation, la lutte pour les droits civiques et l’avènement d’une jeunesse avide de liberté et d’expériences nouvelles. Un divertissement haut de gamme servi par une mise en scène virevoltante et une bande originale tonitruante. On n’en attendait pas moins du biopic du King !
Junk Head
Par Ph.D
Le pitch
Dans un futur lointain, et à force de manipulations génétiques, l’humanité a réussi à atteindre une quasi immortalité. Cependant, elle a perdu la possibilité de se reproduire et court à l’extinction. Afin d’enquêter sur les secrets de la procréation, un homme est envoyé au plus profond de la terre, là où vivent des clones mutants prêts à se rebeller contre leurs créateurs…
Ce qu’on en pense
L’OFNI (Objet Filmique Non Identifié) de l’année ! Un projet fou réalisé en Stop Motion par le japonais Takahide Hori qui a tout fait, à commencer par l’animation image par image des figurines qu’il a créées. Sept ans de travail acharné pour quelque 140 000 prises de vues qui nous plongent dans un monde post-apocalyptique aux teintes sépia et à l’esthétique inédite, où s’agitent robots et créatures qui ne s’expriment que par borborigmes (dont le réalisateur a également fait le doublage ! ). A l’arrivée : une fable SF écolo et transhumaniste qu’on n’est pas près d’oublier.
Coupez !
Par Ph.D
Le pitch
Un tournage de film de zombies dans un bâtiment désaffecté. Entre techniciens blasés et acteurs pas vraiment concernés, seul le réalisateur semble investi de l’énergie nécessaire pour donner vie à un énième film d’horreur à petit budget…
Ce qu’on en pense
La veine parodique réussit, on le sait, à Michel Hazanavicius, réalisateur du Grand détournement, d’ OSS 117, de The Artist et du Redoutable, qui revisite cette fois la série B zombiesque. Le film s’ouvre sur le plan séquence d’une trentaine de minutes d’un film de zombies fauché dans lequel une équipe de film qui tournait un film de zombie sur les lieux d’une expérience scientifique sur les morts vivants est à son tour contaminée et zombifiée. Flash back quelques semaines plus tot sur les coulisses et le makin of du film. On y voit un réalisateur raté (Romain Duris atomique) accepter de tourner un film de zombie en plan séquence et en direct puis s’acharner à mener à bien son entreprise avec un acteur principal (Finnegan Oldfield ) particulièrement capricieux, deux acteurs secondaires manquants à l’appel, une actrice remplaçante (Bérénice Bejo, toujours parfaite) qui a une fâcheuse tendance à trop s’investir dans ses rôles surtout quand il s’agit de cogner, un figurant (Gregory Gadebois) complètement ivre, un autre atteint de diarhée irrépressible et un million de trucs qui vont de travers pendant que la caméra tourne et qu’il est impossible de couper. Une mise en abime hilarante du monde du cinéma, avec son côté joyeux et artisanal, qui a fourni à Cannes 2022 une excellente ouverture. N’y coupez pas !
Tinykin
Par Cédric Coppola
La nouvelle petite pépite indé se nomme Tinykin ! Et cocorico elle est française. Présenté comme un clone de Pikmin, le jeu développé par les montpelliérains de Splashteam trouve rapidement sa propre personnalité et brille par sa cohérence et l’intelligence de l’aventure qu’il propose. A plus d’un titre, les aventures de Milo méritent donc le détour. Explorateur hors pair, le héros se retrouve sur une autre planète que la sienne. Seul hic, il est très petit comparé à tout ce qui l’entoure. Autre problème, les pièces de la machine qui lui permettrait de rentrer chez lui sont éparpillées. La mission consiste donc à les retrouver au fil de niveaux peuplés d’insectes géants et de petites énigmes. Heureusement, dans sa quête, Milo fait équipe avec les fameux Tinykins. Ces petits êtres disposent de qualités différentes selon leur couleur et bien utilisées, permettent de se frayer en chemin dans les niveaux colorés et variés. A ce côté stratégique, calqué donc sur Pikmin, s’ajoute une partie plateforme très plaisante. Il est même possible de transformer une planche à savon en skateboard ! Et comme la narration n’est pas délaissée avec des personnages secondaires savoureux et que chaque décor possède un véritable cachet, la proposition frise le sans-faute. (Jeu testé sur Nintendo Switch)
Fifa 23
Par Cédric Coppola
Dernière de cordée pour FIFA ! Avant de changer de nom et (peut-être) de forme avec un moteur flambant neuf, la simulation de sport d’EA Sports a , cette année, la lourde tâche de célébrer comme il se doit la coupe du monde. Un pari relevé avec succès tant le best-seller, à défaut d’être parfait relève le niveau comparé à l’année passée. Attention toutefois : il ne faut pas s’attendre avec le mode Ultimate team, axé sur la collection de cartes et le online a un gameplay purement arcade. Les goals se trouent de façon étrange selon les matchs et les scores de tennis affluent. Le milieu de terrain est aussi souvent sacrifié aux dépens des contre-attaques et l’enchaînement de gestes techniques tue le réalisme au profit du spectacle. On conseillera donc cette variante – la plus jouée par la communauté – à ceux qui souhaitent un jeu compétitif, quitte à ce qu’il s’éloigne du vrai football. Une option « évènements« avec des défis à remplir a bien été ajouté pour les amateurs de solo, mais les récompenses, comme en clash équipes, sont très faibles.
On se tourne donc vers la carrière qui, à défaut d’avoir été entièrement repensée, offre des sensations plaisantes grâce à un rythme nettement plus posé. On peut toujours simuler des matchs, des entrainements, tout gérer de A à Z… De véritables managers ont été ajoutés… et même un héros de fiction en la présence de Ted Lasso. L’entraineur US incarné par Jason Sudeikis arrive même avec ses protégés de l’US Richmond. Une idée bigrement sympathique. Bien entendu, il est toujours possible de suivre la progression d’un seul joueur, y compris dans le Volta, qui célèbre le foot de rue et l’habillage fait authentique avec des présentations classieuses. Le changement le plus notable se nomme Hypermotion 2. Une technologie qui, à défaut d’améliorer les contacts, donne un peu plus de lourdeur aux millionnaires en shorts et détaille mieux les animations. Probant, tout comme le changement de commentateurs. Hervé Mathoux laissant sa place au duo Benjamin Da Silva / Omar Da Fonseca. Un bon vent de fraicheur. On notera aussi l’introduction d’une super frappe dévastatrice mais dure à placer (attention toutefois aux abus) et la présence des cinq changements. Chose qui, à elle seule, modifie les approches stratégiques. De quoi en somme, ravir les fans de ballons ronds qui seront heureux d’apprendre le futur ajout d’une mise à jour gratuite permettant de jouer la si controversée coupe du monde au Qatar. (Jeu testé sur PS5)
Jojo’s Bizarre Adventure
Par Cédric Coppola
Dans un monde fantasmé, où le Club Dorothée existerait encore, il ne fait aucun doute que Jojo atteindrait des sommets d’audience le mercredi matin. La réalité est toute autre. Relativement méconnu en France par le grand public, le manga est culte au pays du soleil levant… depuis plus de trente-cinq ans ! En toute logique, sous l’impulsion de Bandaï Namco, l’œuvre d’Hirohiko Araki, connaît plusieurs déclinaisons vidéoludiques. Il faut avouer que les arcs narratifs, qui ne s’intéressent pas à un seul héros mais à toute une descendance, autorisent des croisements improbables… Un esprit que l’on retrouve dans All Star Battle R, transposition efficace d’un volet paru à l’origine en 2013 sur PS3. Une relecture efficace puisque les consoles de nouvelles générations permettent de retranscrire toute l’atmosphère cartoonesque et décalée du manga. En découle un jeu de combat en un contre un, qui sans être aussi technique que les mastodontes du genre comme Guilty Gear voire Dragon Ball FighterZ est aussi fun que spectaculaire. La présence de 50 combattants issus de l’ensemble de la saga est également un plus, tout comme les doublages assurés par les doubleurs japonais de l’anime. Qui plus est, les variantes de jeux sont efficaces avec l’incontournable online et pour les joueurs solo, le fameux mode « Battle » où on doit remplir différents défis en alternant les personnages. Et en cas de blocage, pas de panique, puisqu’on peut utiliser l’argent virtuel (pas de microtransaction) pour obtenir différents bonus bien utiles, enlevant, par exemple, une grande partie de la barre de vie de son adversaire. Efficace. (Jeu testé sur PS5)
Lou Reed Unplugged
Par Ph.D
Pour le neuvième anniversaire de la mort de Lou Reed (27 octobre 2013), trois albums de démos acoustiques inédites font surface qui raviront les fans. Le premier (RCA 1971) avait fait l’objet d’une sortie en édition limitée pour le Disquaire Day. Il regroupe les chansons que Lou Reed avait enregistées en s’accompagnant à la guitare acoustique pour son premier album solo. On y trouve des versions à l’os de « Lisa Says », « Going Down », « Berlin », « Ocean » « I Love You » et « Ride into the sun » que la production de l’album Lou Reed avait un peu trop enjolivées, mais aussi des titres qui n’apparaîtront que bien plus tard, sur Transformer ou Sally Can’t Dance. Le son est excellent et la voix de Lou est particulièrement en valeur. On ne peut pas en dire autant du deuxième album (Words & Music, May 1965) qui s’adresse plutôt aux fans du Velvet Underground, habitués à des productions plus rugueuses. Il dévoile les versions primales de chansons comme « Waiting for the Man » , « Heroin » ou « Pale Blue Eyes » qu’on retrouvera sur le premier album du groupe et d’autres restées inédites ou qui ont servi de brouillon pour d’autres titres (« Buzz Buzz Buzz » semble être une ébauche de « White Light/White Heat ») . Lou s’accompagne d’un harmonica, ce qui fait sonner ses chansons comme du Dylan de l’époque. A l’écoute, on se dit que, sans sa rencontre avec John Cale, le premier album du Velvet aurait probablement eu cette tonalité country folk, qui tranche avec les textes noirs et urbains de Lou. L’EP 6 titres Gee Whiz (1958-1964), inclus dans la version Deluxe du précédent, plonge encore plus profond dans les archives, avec des home démos de compos bluesy inédites et une ébauche de reprise de Dylan qu’on aurait bien aimé avoir en entier (« Don’t Think Twice, It’s Allright« ).
Teenage Mutant Ninja Turtles
Par Cédric Coppola
Revenues en grande forme via le beat’em all Shredder’s revenge, qui a su allier le moderne et le rétro, les Tortues ninjas remettent le couvert avec une compilation de leurs anciens hits. De l’incontournable trilogie jeu de plateforme / action sur NES au mythique Turtles in time où Donatello et ses amis voyageaient d’époque en époque pour bastonner des méchants en Arcade ou SNES en passant par Tournament Fighters qui misait sur des affrontements à un contre un, façon Street Fighter, la sélection fait mouche. On y note en tout, en comptant les jeux Game boy, 13 titres, publiés entre 1989 et 1993. Sympathique surtout que l’on peut pratiquer certains opus à plusieurs et que des aides ont été rajoutées pour plus de confort. Les filtres visuels et la fonction rewind sont aussi de la partie. La Cowabunga collection fera également craquer plus d’un fan grâce à ses bonus. On peut ainsi consulter en ligne les dossiers de presse originaux, avoir un récap’ des différentes séries animées ou voir les modes d’emploi qui accompagnaient les cartouches. Des guides stratégiques et des documents de conception jusqu’alors inédits sont aussi intégrés ! Tout le symbole du soin apporté par Konami à ces chers mangeurs de pizzas. Une réussite. (Jeu testé sur PS5)
NBA 2K23
Par Cédric Coppola
Fidèle au rendez-vous de la rentrée, 2K dévoile sa nouvelle simulation de Basket. En situation de monopole depuis l’arrêt de la série NBA Live de Electronic Arts, la franchise s’efforce de s’améliorer années après année, s pour séduire les fans de ballons orange. C’est donc (presque) sans surprise que ce volet 2K23 surclasse son prédécesseur, même si les satanés VC (monnaie virtuelle à acheter avec de l’argent réel) viennent une nouvelle fois, ternir le tableau. Commençons donc par ce qui fâche. Proposer des micro transactions dans un jeu de sport est, hélas, devenu monnaie courante… Et dans ce registre NBA 2K fait fort puisqu’elles sont présentes dans les principaux modes de jeu ! Que ce soit dans le mode Myteam, remanié avec des matchs « Clutch » sur 5 min enfin jouables offline, ou dans l’incontournable Carrière, où la progression est extrêmement lente si on ne passe pas à la caisse, le système trouve ses limites tant il se crée un déséquilibre entre ceux qui y succombent et les réfractaires qui désirent simplement jouer à l’ancienne. Plus que jamais, le sentiment de Pay-to-win frustre le gamer… A l’exception de ce gros point noir, NBA 2K23 est une véritable pépite. Les graphismes et les animations font, certes, du surplace, mais la jouabilité a été grandement améliorée. Les développeurs ont, en effet, revu les contres – beaucoup trop faciles et donc nombreux l’an dernier – ainsi que les paniers à trois points, désormais plus délicats à enchaîner. L’IA est efficace et sur le parquet, on prend du plaisir. Comme d’habitude l’aspect tactique n’est pas négligé, ni les caractéristiques des stars de la discipline, fidèles à leurs performances réelles. NBA 2K23 frappe aussi fort dans ses modes de jeu. On note ainsi une plus grande présence de la WNBA – le Basket féminin – et surtout l’ajout du « Jordan Challenge », déjà mis à l’honneur par 2K il y a plus de dix ans ! Il s’agit alors de revivre des moments forts de l’ancienne star des Bulls. Des séquences vidéo et même des matchs au rendu pixellisé (« comme à l’époque ») renforcent l’immersion. Quant à la « Carrière » et au « Myteam » suscités, ils y vont aussi de leurs ajouts. Dans le premier cas, notre joueur créé de toute pièce évolue dans une ville encore agrandie alors que le côté collection de cartes est plus lisible et que la coop en 3vs3 est de la partie ! De quoi en somme, y consacrer un temps fou. ( Jeu testé sur PS5)
Benjamin Biolay : Saint Clair
Par Ph.D
Il fallait bien que cela arrive un jour : un disque de Benjamin Biolay qu’on n’aime pas. Depuis La Superbe (2009) , le Lyonnais a aligné une série d’albums parfaits qui ont fait de lui le nouveau boss de la chanson française. Et voilà Saint Clair, qu’il a enregistré dans la foulée de la triomphale tournée Grand Prix, quasiment live en studio avec son groupe de scène. On s’attend à un son plus rock, mais à quelques exceptions près (comme les trés Strokiens « Les Joues roses » et « Forever » ), ce n’est pas le cas. La production est toujours aussi étoffée: trop pour des chansons vite écrites et vite jouées, qui n’en méritaient sans doute pas tant. On renacle devant ces tempos trop rapides, ce son de batterie disco, ce duo opportuniste avec Clara Luciani (« Santa Clara « , du Stone et Charden 2.0 ), ces mélodies faciles, ces textes sans inspiration aux rimes étonnamment pauvres.. Même les arrangements de cordes, qui sont pourtant le fort de Biolay, tombent comme des cheveux sur la soupe. Bref, rien ne nous va. Ce n’est pas grave : peut-être que les amateurs de variétés françaises aimeront ce disque et en feront son plus grand succès ? Nous, on attendra plutôt le prochain, en continuant à écouter Grand Prix, dont on ne s’est toujours pas lassé.