Ça vient de sortir

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Douleur et gloire

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Le pitch

La gloire de  Salvador Mallo (Antonio Banderas) appartient au passé. La douleur, en revanche, est son présent : c’est simple,  le réalisateur a mal partout ! Perclus de douleurs, Mallo  s’est coupé du monde. Réfugié dans un appartement musée/mausolée, où n’entrent plus que sa bonne mexicaine et Mercedes, son agent/infirmière dévouée (Nora Navas). La projection à la Cinémathèque de Madrid d’une version restaurée de son chef-d’œuvre va pourtant le tirer de sa retraite. Et fournir l’occasion de retrouvailles inattendues : avec Alberto (Asier Etxeandia) l’acteur-vedette du film, avec lequel il est fâché depuis 30 ans, avec Federico (Leonardo Sbaraglia) ancien amant adoré, avec son enfance (Asier Flores dans le rôle du petit Mallo), avec sa mère (Penélope Cruz et Julietta Serano), avec son passé et, peut-être, aussi avec son avenir…

Ce qu’on en pense

Un homme entre deux âges, qui flotte entre deux eaux… Dès son premier plan , le nouveau film d’Almodóvar annonce le programme.  Avec ce film-confession, intime et magnifique, Almodóvar signe une de ses plus belles réalisations.Peut-être son chef-d’œuvre. Souvent drôle, toujours émouvant, personnel mais jamais narcissique, d’une fluidité totale dans ses allers-retours temporels, d’une beauté époustouflante, écrit au cordeau et joué à la perfection, épuré de toute grandiloquence baroque, c’est l’œuvre d’un grand maître en pleine possession de son art. En ne parlant que de lui (le film aurait pu s’appeler Tout sur moi-même), Almodóvar parle à tous les hommes, à tous les fils et à toutes les mères. La sienne est si importante dans sa vie qu’il lui faut pas moins de deux actrices pour la jouer. Penélope Cruz l’incarne jeune (et elle est merveilleuse), Julietta Serano la joue à la fin de sa vie. La scène où ils se disent adieu est une des plus déchirantes qu’on ait vues au cinéma. Antonio Banderas, rarement aussi bien servi en rôle et en dialogues, est une révélation.

Stephan Eicher: Homeless Songs

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En procès avec son ancienne maison de disque, Stephan Eicher n’avait plus sorti d’albums de chansons originales depuis des années. Son cas enfin réglé, il s’est empressé de publier celles qu’il avait continué d’écrire avec (ou sans ) son complice habituel, l’écrivain Philippe Djian. Résultat, ce disque de «chansons sdf»,  sur lesquelles l’helvète underground s’est permis des expérimentations qu’il n’aurait peut-être pas osées dans l’optique d’un nouvel album. Certaines pourront dérouter,  mais l’ensemble donne un disque inspiré et d’une grande richesse musicale. On mesure en l’écoutant combien il nous avait manqué et on a hâte de les écouter en live lors de la prochaine tournée qui s’arrêtera en novembre au théâtre Anthéa à Antibes

Interview : Nolwenn Leroy

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Au naturel, Nolwenn ressemble tellement à un mélange d’Isabelle Adjani et de Sophie Marceau qu’on se demande comment le cinéma ou la télévision ne l’ont pas encore détournée des salles de concert. Mais on s’en réjouit en écoutant son  album Folk, charmante collection de reprises millésimées 70’s, qu’elle vient chanter à Monaco et au Cannet. Pour l’ occasion, Nolwenn nous a raconté le makin of de ce disque boisé et chaleureux, qui sent bon le patchouli et le « Sacré Géranium » cher à Dick Annegarn…

Pourquoi un disque «folk»?
La folk me semblait une évidence, comme une extension de Bretonne. Je n’avais pas envie de faire un Bretonne 2.Travailler sur ce répertoire de chansons romantiques et engagées m’a fait un bien fou. La folk est une musique plus associée aux États-Unis, évidemment, qu’à la France.Pourtant, il y a eu un vrai mouvement en France avec Alan Stivell, Nino Ferrer, Dick Annegarn, Malicorne.Même Cabrel ou Yves Simon… Il y a sur l’album des chansons peu connues mais qu’on a gardées quelque part en tête. J’avais envie de les faire découvrir à une nouvelle génération.

Qu’est-ce que le terme de «folk» recouvre pour vous?
Pour moi, ça veut dire populaire. C’est un mot que j’aime beaucoup, qui a du sens et qui représente quelque chose d’important dans ma vie en tant qu’artiste. «Folklore», dans mon esprit, ça n’a pas le sens péjoratif qu’il peut revêtir dans un milieu parisien. Le folklore, c’est beau. Ce sont des chansons qui réveillent des émotions enfouies, qui rassemblent et réconfortent les jours de pluie.Ce sont des chansons amies comme dans «That’s all folks».Des sons de guitare chaleureux, des mélodies enveloppantes, qui font du bien. L’album que j’emmènerais sur une île déserte, il serait forcément folk:Fleetwood Mac, Neil Young, CS & N ou Dylan…

Il n’y a pas de reprises en anglais pourquoi?
Je voulais rester sur le concept de «folk française».Les reprises en anglais ce sera pour un second volume si celui-là plaît.

Comment s’est fait l’enregistrement?
On a tout enregistré en «live dans le studio» à Paris.Moi au micro et les musiciens autour. Trois ou quatre prises pour chaque chanson. Pas de coupes, pas de bidouillages: on garde la meilleure prise, avec les imperfections que ça peut comporter. C’est là que l’émotion arrive. Dick Annegarn m’a dit que cet album devait sentir le géranium, pas la rose. Pas dans la minauderie, juste un truc terrien. On en revient à l’émotion brute à l’instantanéité. Ca m’a fait du bien de travailler comme cela, car je suis souvent dans la recherche de perfection, à cause de ma formation au conservatoire. Là, on joue ensemble, on respire ensemble, on fait de la musique ensemble.C’est l’essence même du métier.Pour la tournée ce sera la même chose. Je vais me mettre à la guitare, en plus du violon et du piano. Tant pis pour les maladresses! J’espère qu’on fera les grands festivals cet été. Cette musique est faite pour ça. J’ai vécu des moments tellement extraordinaires avec Bretonne. Je voudrais bien retrouver ce feeling.

Comment conciliez-vous la vie de famille et les tournées depuis que vous êtes maman?
Comme toutes les mamans qui travaillent: je fais de mon mieux! Mon fils me suit partout.On reste en famille.Je ne l’ai pas lâché une seule journée depuis qu’il est né. C’est une vie de nomades, mais qu’est-ce qui peut être mieux pour un bébé que d’être toujours avec sa mère? Je ne connais pas d’enfants traumatisés parce qu’on s’en est trop occupés! (rires). Cela demande beaucoup d’organisation, mais ça fait du bien aussi dans ce métier égocentrique.Ca remet bien les pieds sur terre de pouponner, ça permet de prendre du recul sur le reste.

Premier et dernier disques achetés?
Le premier acheté, c’était le 45 tours de «Dangerous» de Michael Jackson.J’adorais la pochette.J’ai passé des heures à la regarder en écoutant le disque.On pouvait rentrer dans l’univers du chanteur par la pochette à l’époque. J’essaie de soigner ce côté-là pour mes propres albums, même si je sais que ce n’est plus pareil avec les CD et le streaming. Michael Jackson est resté mon chanteur de référence. Le dernier disque que j’ai acheté, c’est l’album de Cat Power, The Wanderer, qui me plaît beaucoup avec la photo de son fils et de sa guitare sur la pochette. J’aime sa voix et sa mélancolie. Ses chansons sont magnifiques.


BB Brunes : Visage

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 C’est sur la plage qu’on les a rencontrés, mais leur album est celui de la rentrée. Venus en juin le présenter au Midem à Cannes, les BB Brunes Adrien Gallo, Félix Hemmen et Bérald Crambes, nous ont raconté la genèse de Visage, leur cinquième albumUn disque de 11 titres enjoués qui chantent l’adolescence et l’amour, comme s’ils étaient encore au lycée et que les années 80 ne s’étaient jamais terminées.L’album a la fraîcheur et l’innocence des premiers Téléphone ou Indochine. Avec le son des années 80: une production pleine de synthés vintage et de guitares guillerettes qui tranche avec leurs disques précédents. C’est Samy Osta, le producteur de Feu, Chatterton ! (entre autres) qui les a aidés à accoucher des onze chansons de Visage : «  Son idée était de nous faire jouer en live, en cinq ou six prises, et de garder la meilleure, explique Bérald, le bassiste du groupe. Ça nous allait bien car ces chansons sont nées pendant la dernière tournée et on avait commencé à les jouer en concert. C’était comme un retour aux sources« . « C’est un album qu’on a fait très vite, poursuit Adrien, le chanteur des BB. Pas parce qu’on était pressés, mais parce que ça coulait de source, naturellement. On l’a bouclé en à peine un mois« .C’est sans doute ce qui lui donne sa fraîcheur juvénile et son urgence. Adrien évoque à son propos « un mélange de T Rex et de Nino Ferrer ».

A l’écoute, on pense plutôt à Bijou– que les BBB affirment mal connaître- pour les morceaux les plus rock et à plein de références new wave pour les autres. La production Low Fi de Samy Osta donne un côté brut et rock à ces chansons qui flirtent parfois avec la bluette : « J’ai commencé à écrire les textes dans une période de convalescence amoureuse, puis j’ai retrouvé mon premier amour , confie Adrien.C’étaient des sentiments forts, ça m’a donné des ailes et je me suis lâché ». Au Midem, le groupe s’est prêté à une vraie-fausse session d’enregistrement dans le studio mobile de Dynaudio qui, installé devant le Palais des festivals dans une zone ouverte au public, était une des nouvelles attractions du salon. Les BBB ont ensuite donné un set acoustique dans le Palais, à l’invitation de l’application Songkick. L’occasion de vérifier que les premiers titres sortis en single « Visage », « Habibi », « La Plus belle de toutes les filles » fonctionnaient parfaitement en live. « En fait, on a commencé à les jouer en concerts avant de les enregistrer et on a été surpris de voir qu’au bout de quelques concerts, les fans connaissaient déjà les paroles par cœur.C’était plutôt bon signe » remarque AdrienPour revoir les BB Brunes en concert dans la région, où ils se sont produits à maintes reprises depuis dix ans, il faudra attendre l’année prochaine : «  On devrait démarrer une tournée des clubs en janvier après la sortie de l’album, confient-ils. Il nous tarde de retrouver l’ambiance des concerts.  ».Et nous de retrouver leur nouveau Visage en live.

Iggy Pop : Free

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Les figures tutélaires de David Bowie et de Lou Reed hantent le nouvel album (on n’ose pas écrire le dernier) d’Iggy Pop, intitulé Free , probablement en référence aux éclairs jazz qui le traversent de part en part. Le trompettiste texan Leron Thomas et la guitariste Sarah Lipstate (alias Noveller) sont les invités vedettes de ce disque,  qui tranche avec la production passée ou récente de l’Iguane, notamment l’antepénultième album, Post Pop Depression , produit et joué par Josh Homme des Queen of the Stone Age. La trompette jazz remplace la guitare fuzz sur la plupart des titres qui sonnent plus trip hop que rock. Les compos de la première partie de l’album (plages 1 à 6) sont superbes et la voix d’Iggy y fait merveille. Ça se gâte un peu par la suite,  avec un final qui alterne instrumentaux jazz et  spoken word à la manière des derniers Bowie (Dark Star) et Lou Reed. Iggy récite d’ailleurs un poème oublié du Lou (« We Are The People« ) pendant que Leron Thomas agonise à la trompette en fond sonore. La noirceur sépulcrale du dernier titre (ironiquement intitulé « The Dawn », l’aube) donne à l’ensemble un côté testamentaire de mauvais augure. Mais tout dans tout, Free est, sans conteste,  l’un des meilleurs albums de la carrière d’Iggy en solo.

Lana Del Rey : NFR

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Teasé depuis des mois sur internet et les réseaux sociaux, le nouvel album de Lana Del Rey, Norman Fucking Rockwell, est enfin disponible. Pas de surprise à la première écoute:  l’ensemble est conforme à ce que donnaient à entendre les 6 titres que la chanteuse a distillé en ligne au fil des mois : un album languide, pour ne pas dire molasson, dans lequel Lana chante le plus souvent en piano-voix, creusant  un peu plus la veine laid back/Laurel Canyon ouverte avec les albums  précédents. Il y a de bonnes chansons (presque toutes en fait),  mais l’ensemble est beaucoup trop monocorde pour soutenir l’intérêt jusqu’au quatorzième titre. Cet album-là, il faudra faire des efforts pour l’aimer. Et le visuel moche de la pochette ne va pas nous y aider !

 

James Lee Burke : Robicheaux

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« You know my name » dit la jacquette américaine du bouquin. Effectivement : depuis qu’on a fait connaissance avec Dave Robicheaux au mitan des années 80 dans  The Neon Rain (Légitime Defense en VF) , on suit avec délice les aventures du flic poissard de New Iberia  (Louisiane). Robicheaux est sa vingt et unième et le titre laisse penser qu’elle pourrait résumer toutes les autres.  En attrapant le bouquin,  on a d’ailleurs cru, vue l’épaisseur, qu’il pourrait s’agir d’une sorte de best of ou d’un recueil de nouvelles inédites. Mais non. On retrouve Dave meurtri par la mort de sa femme Molly, victime d’un chauffard, tout près de replonger dans ses vieux démons : l’alcool et la violence.  Sa fille Alafair (qui porte le même nom que celle de l’auteur et exerce le même métier : écrivain) accourt pour le soutenir. Trop tard:  le responsable de l’accident de Molly est retrouvé battu à mort et tout accuse Robicheaux  qui,  le soir du crime,  s’est justement payé  une cuite royale et a fait un black-out. Comme si cela ne suffisait pas, son vieux pote Clete (un tas d’emmerdes sur pattes, mais aussi un cœur généreux) est menacé de mort par les types auxquels il a emprunté de l’argent qu’il ne peut (et ne veut) évidemment pas rembourser… On fait aussi la connaissance de deux femmes flics dures à cuire, d’un futur sénateur au passé trouble, d’un riche héritier qui veut devenir producteur de cinéma, d’un écrivain célèbre et de sa femme à moitié folle et d’un tueur psychopathe qui sourit aux enfants et se fait appeler Smiley,  mais s’avère être l’exécuteur des basses œuvres d’on ne sait quel commanditaire… Le tout sur fond de bayou hanté par des fantômes de soldats confédérés en butternut. Ah, la Louisiane !  Un Etat qui , sous la plume volontiers lyrique de Burke, ressemble  à  « un asile psychiatrique en plein air dans lequel des millions de gens sont bourrés la plupart du temps » et où « La cirrhose est un héritage familial.”…  Disons-le tout net : Robicheaux est le meilleur JL Burke ( donc le meilleur polar) qu’on ait lu  depuis des lustres.  Le chef d’oeuvre testamentaire d’un écrivain de 82 ans, dont la saga a déjà inspiré un de ses meilleurs films à Bertrand Tavernier (Dans la brume électrique) et qui n’attend plus que la consécration d’Hollywood.

Interview : Little Steven

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Au téléphone, il a la voix caverneuse des personnages de gangsters qu’il a joué dans les Sopranos ou dans la série norvégienne Lillyhammer. Mais c’est bien avec le patron des Disciples of Soul qu’on parle. Steve Van Zandt, alias Little Steven, alias Miami Steve,  est en Europe pour la tournée du formidable nouvel album des Disciples, le bien nommé Summer of Sorcery. Un disque qui célèbre comme jamais le « Jersey Shore sound » dont il est l’un des pères fondateurs avec Southside Johnny et Bruce Springsteen. Avant de de donner un formidable concert à l’opéra Garnier de Monaco le 31 août, pour la dernière date du Sporting Summer Festival, le guitariste  historique et bras droit du Boss nous a parlé du disque, de la tournée et de la reformation annoncée du E Street Band en 2020…

C’est la première fois que vous jouez à Monaco ?

Oui, mais j’y suis déjà venu. Lillyhammer a été plusieurs fois nommé au festival de télévision. Et on avait lancé la série au MIPTV à Cannes. J’adore la Côte d’Azur, je me réjouis d’y venir jouer. Dites à tout le monde qu’on va casser la baraque !

Pourquoi avoir attendu si longtemps pour former ce groupe ?

C’est vrai que cela fait plus de 20 ans que je n’avais pas tourné avec un autre groupe que celui de Bruce Springsteen. Cela s’est fait par hasard. Un ami voulait que je vienne jouer dans un festival à Londres. Le E Street Band était en sommeil pour permettre à Bruce de faire son show en solo à Broadway. J’ai donc formé ce groupe pour le concert de Londres et ça a été magique. Dans la foulée, on a enregistré Soulfire, un album de chansons que j’avais écrites pour d’autres. Puis, on a fait une première tournée,  qui s’est super bien passée. J’ai écrit de nouvelles chansons (mes premières en 20 ans !), on les a enregistrées et on est repartis sur la route. C’est tellement l’éclate que je me demande encore pourquoi je ne me suis pas décidé plus tôt…  

Vous regrettez parfois d’avoir sacrifié votre carrière solo au E Street Band ?

Je n’ai jamais réfléchi en termes de carrière. Pour moi,  tout ça était avant tout une aventure artistique et humaine. J’avais besoin d’apprendre des choses sur moi et sur le monde et j’étais obsédé par la politique. J’ai fait ce que je pensais être bien pour moi. Mais avec le recul, bien sûr que j’aurais dû me préoccuper plus de ma carrière de musicien … 

C’est très différent de tourner avec votre propre groupe qu’avec le E Street Band ?

Et comment ! Et pas seulement à cause de la taille des salles dans lesquelles on joue (rires)… Avec Bruce, à côté, ce sont des vacances. Là, il faut décider de tout. C’est moi le boss ! Un boulot à plein temps… 

Sur les vidéos, le show ressemble à une grande revue de rock’n’roll…

C’est un peu ça. Mais le son est plus soul que rock. On a tous ces cuivres, c’est super puissant. On tourne sans interruption depuis plus de deux ans maintenant, je peux vous dire qu’on est au point et que ça déménage ! 

Le nouvel album semble uniquement fait pour la fête.Vous avez mis de côté votre engagement politique ?

Dans les années 80, tout était plus caché. Les gens ne savaient pas forcement ce qui se passait en Afrique du sud, par exemple. En tant qu’artistes, on pouvait être utiles en dénonçant l’apartheid. Maintenant c’est l’inverse:  avec Internet et les chaines d’info en continu, on baigne dans la politique et les affaires,  24 heures sur 24. Les nationalismes, le fascisme, l’individualisme, le racisme dominent la planète… J’ai l’impression que notre mission n’est plus tellement de dénoncer, comme je l’ai fait à l’époque de l’apartheid avec la chanson « Sun City », mais d’inciter les gens à s’unir plutôt qu’à se diviser. Je vois nos concerts comme un sanctuaire, où les spectacteurs peuvent se réunir pour oublier les misères du monde et leurs propres problèmes pendant deux heures. En ces temps sombres, c’est important d’offrir un peu de gaieté, de lumière et d’optimisme au public.  C’est pour ça que l’album est exempt de discours. J’ai écrit les chansons comme des mini films de trois minutes. De la pure fiction,  pour danser et s’éclater. 

Vous ne croyez plus au pouvoir du rock pour changer le monde? 

« Sun City » , ça ne marcherait plus aujourd’hui.  On est trop enfoncés dans la dépression. Le système ne fonctionne plus, les gens se sentent lésés et cherchent à qui faire payer leur déception. C’est comme ça que les extrémismes triomphent.  C’est difficile de se mobiliser sur des causes humanitaires quand on crève la dalle. Aujourd’hui,  il y a des gens qui ont du travail,  mais qui ne peuvent même pas se payer un loyer avec et qui sont SDF. C’est de la folie ! Je pense qu’un mouvement mondial va se déclencher pour la protection de l’environnement. C’est la seule cause qui peut rassembler tout le monde, le seul combat qu’on ait tous en commun, quelle que soit notre condition. Je ne sais pas quand, ni comment ça partira,  mais ça viendra. Peut-être qu’une bonne chanson sonnera le signal ? Le rock n’est pas mort, si vous voulez mon avis. Il bouge encore !

Dans son spectacle de Broadway, Bruce dit qu’il a inventé le son du « Jersey Shore ». Vous êtes d’accord ?

Cela existait sans doute avant, mais personne ne le savait ! (rires). Il a lancé le mouvement et aujourd’hui on est quelques-uns, avec Southside Johnny, à entretenir la flamme. Bruce est le Boss du Jersey shore… Et moi j’en suis le sous-Boss ! (rires)

Au fait, la réunion du E Steet Band est confirmée pour 2020?

Pas tout à fait. Je dois voir Bruce en rentrant pour en parler. Ma tournée s’arrête le 6 novembre et j’ai prévu d’être totalement disponible pour Bruce après ça, car je voudrais qu’on prenne le temps d’enregistrer un nouvel album  avant de repartir en tournée mondiale.

On vous reverra au cinéma ou dans une série ?

J’aimerais bien. J’ai adoré jouer dans les Sopranos et  Lillyhammer. On a  raflé plein de prix avec cette série, j’étais triste qu’elle s’arrête. On l’a oublié,  mais c’était la première qu’ait produit Netflix. Je referai bien l’acteur, mais ça va être difficile de trouver le temps si on relance le E Street Band. Peut-être en 2023 ou 2024 ?

Question fashion pour finir: pourquoi cet éternel bandana sur la tête ? 

(Rires)  J’ai eu un accident de voiture dans les années 70. Je suis passé à travers le pare-brise et mes cheveux n’ont jamais repoussé correctement. A l’époque,  ça m’arrivait de temps en temps de mettre un bandana sur la tête pour me faire le look de biker.  Après l’accident, comme je ne me voyais pas porter une perruque, ni un chapeau , j’ai opté pour le bandana. Ça a fini par faire partie intégrante de mon image. Mais je ne cherchais pas à lancer une mode, je vous l’assure ! (rires)

 

Santana : Africa Speaks

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   Depuis le carton planétaire de Supernatural en 1999 (30 millions de copies écoulées) , Carlos Santana est de retour en grâce et ses concerts affichent à nouveau complet. On s’en réjouit, mais côté enregistrements studio,  sa production laissait largement à désirer. On avait même touché le fond artistiquement en 2010 avec Guitar Heaven, abominable compilation de reprises de classiques rock à la sauce Devadip. La reformation du Santana original (celui de Woodstock), en 2016, marquait un net mieux,  mais rien qui laisse présager un tel retour de flamme. Avec Africa Speaks, le guitariste de 72 ans revient à son meilleur niveau: celui de ses glorieux débuts. Côté guitares, on n’avait pas été à pareille fête depuis… Abraxas !   Le plaisir de jouer (et de jouer fort !) s’entend dans tous les titres de cet album aux sonorité flamenco-africaines, où brille aussi la voix de la chanteuse flamenca Buika.  Ecoutez-les donc s’écharper sur « Oye Este Mi canto » !  On ne s’étonnera pas d’apprendre que c’est l’indispensable Rick Rubin,  qui a accouché cet album miraculeux qui s’inscrit d’emblée dans le haut de la discographie du guitariste chicano. 

Beyoncé : The Gift

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Par Luigi Villano

Disney ne s’arrête plus. Avec la sortie du Roi Lion  en version photoréaliste, l’objectif visé par le studio ne change pas : rentabiliser au maximum chacune des pièces de son catalogue. Et quitte à multiplier les formats, pourquoi ne pas sortir un album ? Et pourquoi ne pas en confier la production à Beyoncé, qui double  la voix d’un des personnages dans le film ? On se méfie toujours des jeux vidéos tirés des films,   dont le seul but est d’appuyer la promotion d’une sortie en salle. Idem pour les albums qui sont souvent de médiocre qualité. On se ferait donc un plaisir de démolir tout bonnement ces prétextes marketing s’il  n’en ressortait parfois  une régurgitation miraculeuse, comme c’est le cas avec « The Lion King : The Gift ». Si ce n’est pas un véritable album de Queen B, il confirme que la diva frappe désormais plus fort à l’occasion de collaborations qu’en solo. Des collaborations, l’album en est rempli, et constitue pour sa productrice, une «lettre d’amour à l’Afrique ». Beyoncé s’est entourée de talents surs :  Childish Gambino, Jay-Z, Kendrick Lamar, Syd (The Internet), et sa propre fille. Mais les morceaux les plus convaincants sont définitivement les productions Afrofusion de l’album : Entourés par la nouvelle vague de la musique nigérienne et camerounaise  (Tekno, Yemi Alade, Mr Eazi, Burna Boy, Tiwa Savage et d’autres), Beyoncé reproduit la recette magique proposée par Kendrick Lamar pour l’album Black Panther : un pont musical entre les talents du continent africain et les pontes de l’industrie américaine. « Find Your Way Back », « Don’t Jealous Me », « Mood 4Eva » et « Keys to the Kingdom » figurent parmi les meilleurs titres de l’album, des petits bijoux émouvants et mélodieux, à écouter sur le dancefloor ou allongé sous les étoiles. Les liens de parenté qui unissent cet album et celui de Black Panther sont évidents, mais le plus beau dans cette histoire, c’est la supériorité artistique de l’album inspiré du film sur le film lui même. Dommage que le single « SPIRIT » soit -comme pour Black Panther encore une fois- un des titres les plus fades de cette compilation rugissante !  En dehors de ce petit détail, le disque est à écouter d’urgence.

 

 

Magma : Zëss

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Magma a 50 ans. Fondé en 1969 (la même année que Led Zeppelin !), c’est, de loin, le plus ancien des groupes français. Bien qu’une centaine de musiciens se soient succédés en son sein, sa ligne musicale n’a jamais changé. Et le noyau dur formé par Christian et Stella Vander est toujours là pour y veiller. Le couple possède un Home studio sur les hauteurs de Nice, à Aspremont, où il vient régulièrement travailler sur ses nouveaux projets. C’est là qu’a été finalisé le nouvel album de Magma, Zëss, sorti le 28 juin.  Christian Vander nous en a parlé avant le trés attendu concert de Magma  à Jazz à Juan, le 16 juillet.

 « Zëss est une pièce musicale que j’ai composée dans les années 70 sur un piano de studio qui avait un son extraordinaire, raconte Christian Vander. Elle est restée inachevée jusqu’à aujourd’hui, bien qu’on en ait souvent joué des extraits en concert. Stella me pressait de l’enregistrer,  mais j’ai toujours refusé à cause de sa signification. Son sous-titre c’est « Le jour du néant ».Je me disais que le jour où on l’enregistrerait ce serait la fin de Magma. Qu’est-ce qu’on fait quand on a passé le jour du néant ?(rires). Bref, Stella insistait et j’étais bien embêté. J’ai trouvé la solution en me persuadant que « ce jour du néant » était en fait le songe du narrateur, pas la réalité. Et j’ai dit OK ».  À partir de là, c’est semble-t-il Stella qui a pris les choses en main et a recruté les musiciens pour donner à Zëss sa forme définitive. Pour la première fois Magma a ainsi fait appel à un orchestre philharmonique de 50 musiciens pour accompagner la transe originelle du morceau. Le résultat est superbe. Contemporain de 1001° Centigrades, Mekanïk Destruktïw Kommandöh et Köhntarkösz, Zëss renvoie à la période musicale la plus prolifique pour les fans de Magma. Mais avec un son et une orientation plus moderne. Christian Vander avoue avoir été bluffé lui-même en écoutant la version définitive de 38 minutes qui a été gravée sur disque : « J’étais très ému.L’arrangement de cordes qu’a réalisé Remi Dumoulin est magnifique. Le tempo est plus lent que sur le titre originel et cette version est plus mélodique.On sort de la simple transe à la Mekanïk Destruktïw Kommandöh pour entrer dans quelque chose de différent.C’est exactement ce que je souhaitais ».  Zëss prouve, en tout cas, que la musique de Magma est toujours bien vivante, 50 ans après ses premiers enregistrements. Une formidable manière de marquer cet anniversaire. Après un concert à la Philharmonique de Paris et celui de Jazz à Juan, le groupe partira en tournée mondiale avec les États-Unis et le Japon en ligne de mire pour 2020. « Dommage qu’on ne puisse pas emmener l’orchestre philharmonique, regrette seulement Christian Vander. Pour le reste, il faut quand même remercier les dieux de nous avoir accordé cette longévité.Et prier pour qu’ils continuent à nous inspirer.Le programme est toujours le même depuis le premier jour : « A la vie, à la mort… et après ».Je ne sais pas ce que sera l’après Zëss, mais ce qui est sûr c’est qu’on ira jusque-là ».

Interview : Naomi Kawase

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Habituée du Festival de Cannes, où on l’a découverte en 1997, avec Suzaku son premier long métrage qui lui a valu la Caméra d’or , Naomi Kawase y a présenté depuis tous ses films. Sauf le dernier, Voyage à Yoshino, dont elle a, en quelque sorte, réservé la primeur au public de la Cinémathèque de Nice, où elle était invitée à donner  une «Leçon de cinéma»,  avant de faire de même à Beaubourg (voir vidéo). Un événement qui avait attiré la foule des grands soirs. C’est à guichets fermés que l’on a pu découvrir cette fable écologique dans laquelle Geneviève Binoche joue une française à la recherche d’une plante médicinale aux vertus quasi magiques… La réalisatrice japonaise a accepté de nous parler du film qui vient de sortir en dvd

La forêt de Yoshino, que vous filmez magnifiquement, existe-t-elle vraiment ? 
Oui bien sûr et depuis mille ans.C’est un lieu sacré qui fait partie de la culture japonaise.

Votre cinéma a toujours été tourné vers la nature. Mais cette fois, on sent une urgence particulière…
Pour nous Japonais, les préoccupations écologiques se doublent d’un aspect religieux.La mort de la nature, c’est aussi la mort des divinités qui l’habitent. Cela génère beaucoup d’angoisse.C’est de cela que je voulais parler dans ce film, à travers le regard d’une étrangère dont les préoccupations rejoignent celles des habitants de la forêt…

Comment concevez-vous vos films ? 
Tout est important : l’image, l’histoire, le texte. Dans ce dernier film en particulier le langage était paradoxalement important,  avec un personnage qui ne parle pas japonais et  qui n’est pas toujours comprise. Cela m’intéressait de voir comment on peut dépasser la non communication linguistique dans les contacts humains. Mais tout part de ma frustration devant le désastre écologique qui se profile avec le changement climatique. La seule chose que je puisse faire c’est des films qui alertent sur les atteintes à la nature. Cette question était centrale pour le Voyage à Yoshino.

Le ton du film est plus fantastique ou mystique que dans les précédents, pourquoi ? 
Pour les japonais, la nature et les dieux sont intimement liés. Porter atteinte à la nature, c’est risquer de tuer le divin. Cela génère une angoisse supplémentaire que j’ai cherché à illustrer de cette manière.

Comment faites vous pour filmer la nature de cette manière? 

Le secret c’est de ne pas chercher le contrôle absolu des choses. Il faut se faire accepter par l’environnement,  se laisser aller et attendre, avec une grande patience,  le moment idéal pour filmer.

C’est la première fois que vous travaillez avec un actrice occidentale. Pourquoi Juliette Binoche?
Je l’ai rencontrée l’année dernière à Cannes et nous nous sommes entendues immédiatement. Nous autres Japonais croyons en la valeur des rencontres fortuites. Juliette connaissait mes films et avait envie de travailler au Japon.J’ai saisi l’occasion qui se présentait et trois mois après nous démarrions le tournage.

Comment se fait-il que vous soyez aussi francophile? 
J’ai découvert le cinéma français avec la Nouvelle Vague, Godard et Truffaut, à l’école et cela m’a marquée. Ensuite, il y a eu Cannes, à qui je dois ma notoriété et ma carrière internationale. La France, c’est un peu ma deuxième famille. Je travaille avec beaucoup de français sur mes films: pour la production, le montage, le son…

Bientôt un film en France, alors ? 
Qui sait de quoi l’avenir sera fait ? Mon ami Hirokazu Kore-eda, qui a eu la Palme d’or l’an dernier à Cannes avec Une Affaire de famille, a tourné son nouveau film en France . Je vais attendre de voir ce qu’il en dit ! (rires)

Interview: Nathan Ambrosioni

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A 19 ans, le Grassois Nathan Ambrosioni a réalisé son premier long-métrage :  Les Drapeaux de papier. Un drame familial intimiste à la réalisation sensorielle qui a conquis les spectateurs  des festivals où il a été présenté (2 prix du public) et emballé la critique, qui parle déjà de Nathan comme du « Xavier Dolan français » ! A l’occasion de sa sortie en dvd, le jeune prodige a répondu à nos questions… 

Pouvez-vous vous présenter ? 

Je m’appelle Nathan Ambrosioni, j’ai 19 ans, je suis né à Grasse et j’ai grandi à Peymenade. Mon père est ingénieur et ma mère commerçante. Rien à voir avec le milieu du cinéma…

Comment est née votre vocation de cinéaste ? 

J’aimais les films d’horreur et à 12 ans j’ai été marqué par le film Esther de Jaume Collet-Serra (2009) que j’ai vu en vidéo.  Il m’a terrifié mais j’ai pris conscience qu’on pouvait ressentir et provoquer des émotions très fortes avec le cinéma. Quelques temps plus tard j’ai revendu des  jouets et ma console de jeu pour m’acheter un camescope. J’ai commencé à écrire des scénarios de films d’horreur et à mettre en scène mes copains  le week end en faisant le montage sur l’ordi de la maison. J’ai ainsi réalisé deux  films d’horreur amateur que je me suis débrouillé pour montrer au marché du film à Cannes. Et puis j’ai vu Mommy de Xavier Dolan et j’ai été bouleversé. Ca m’a donné envie de voir d’autres genres de films et quand j’ai su qu’il avait commencé très jeune je me suis dit que c’était donc possible.

A part Xavier Dolan, quels autres cinéastes vous ont influencé ? 

Gus Van Zant, Jacques Audiard, Felix Van Groeningen et surtout Terrence Malick dont je peux regarder les films en boucle

Comment êtes-vous parvenu à faire produire  Les Drapeaux de papier ? 

J’ai écrit le scénario l’année de ma terminale L en m’inspirant du témoignage  d’un jeune délinquant tout juste sorti de prison que j’avais lu dans Libé.  J’ai envoyé le scénario par mail à une boite de production dont j’avais repéré le nom sur le générique de quelques films que j’avais bien aimés. J’ai harcelé la productrice Stephanie Douet au téléphone pour qu’elle le lise et elle a fini par le faire. Elle m’a rappelé pour me rencontrer et on a monté le dossier pour l’avance sur recettes que j’ai été le plus jeune réalisateur français à obtenir à l’âge de 17 ans. J’ai eu mon Bac et comme Parcoursup n’avait retenu aucun de mes choix d’orientation, j’étais libre pour commencer le tournage fin janvier 2018 entre Draguignan, Grasse, Peymenade, Nice et Juan les pins.

Comment avez-vous convaincu Guillaume Gouix et  Noémie Merlant à faire le film? 

J’étais allé porter le scénario à Noémie à Aix où elle avait une avant première. Elle l’a lu et a accepté de jouer dans le film. Comme elle a le même agent que Guillaume, c’est lui qui s’est chargé de le convaincre. Je n’en revenais pas qu’ils aient accepté tous les deux.

Pourquoi ce titre Les drapeaux de papier ?  

Cela fait référence à la scène où le personnage de Guillaume fouille dans les affaires de sa sœur et retrouve les drapeaux de prière tibetains que leur mère leur avait envoyés de voyage. Cela leur rappelle leur enfance et le choc qu’a été la mort de leur mère. On peut imaginer que c’est à partir de là que sa vie a dérapé…

Prochaine étape ? 

J’écris un nouveau scénario que j’espère pouvoir tourner dans la région. Je sais que j’ai encore beaucoup à apprendre mais je veux  continuer à faire ce métier qui me passionne.

Les Drapeaux de papier

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Le pitch

Charlie (Noémie Merlant), bientôt 24 ans, mène une vie sans excès : elle se rêve artiste et peine à joindre les deux bouts. Quand son frère Vincent (Guillaume Gouix) vient la retrouver après douze ans d’absence, tout se bouscule. Il a 30 ans et sort tout juste de prison où il a purgé une longue peine….

Ce qu’on en pense

Retenez ce nom : Nathan Ambrosini. A 19 ans, le jeune homme, natif des Alpes-Maritimes,  a déjà trois longs métrages à son actif,  qu’il a scénarisés, tournés et montés lui-même. Xavier Dolan s’est trouvé un cousin français !  Dans Les drapeaux de papiers,  il filme la difficile réinsertion d’un jeune homme (Guillaume Gouix, toujours juste) que ses accès de violence irrépressible ont conduit à passer plusieurs années en prison. Ses relations avec sa soeur  (Noémie Merlant, formidable) et les retrouvailles manquées avec son père (Jérôme Kircher),  forment l’essentiel de la narration, tenue sur un fil, ponctuée de longues plages de silence et de notes electro (superbe BO minimaliste,  signée Matthew Otto). La  réalisation, sensorielle, évoque à la fois Dolan, Terrence Mallick et Gaspar Noé (pour les scènes de discothèque filmées au plus près des corps et des visages). Ancré dans la réalité d’une Côte d’Azur hivernale et prolo, jamais naïf, ni bêtement illustratif, ce petit film étonnant consacre la naissance d’un nouveau talent azuréen, dans la lignée des Bonello et autres Kechiche.

Madonna : Madame X

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On n’attendait pa vraiment de la sexagénaire Madonna qu’elle accouche du disque de l’été 2019. Madame X, son nouvel opus, y ressemble pourtant bigrement : pop, trap, reggaeton, disco, hispano, rap, opérette… Il y en a pour tout le monde ! Pourtant l’album garde une certaine unité et on se surprend à l’écouter en entier et en boucle, ce qui ne nous était plus arrivé avec la Ciccone depuis… longtemps ! De bon  augure pour les concerts parisiens du Grand Rex en février-mars. Pour tenir jusque-là, on peut opter pour la version digipack Deluxe qui offre, sur un CD bonus, trois bonnes chansons supplémentaires.