Etienne Daho : Blitz
Encore sous le charme des Chansons de l’innocence retrouvée, il nous a fallu un bout de temps pour apprécier à sa juste valeur Blitz, le nouvel album d’Etienne Daho. Une pochette un peu trop queer, pas de tube évident, pas de mélodies accrocheuses, une voix noyée dans le mix, des guitares dissonantes, des textes abscons, des envolées orientalistes… Ces 12 chansons ne se laissent pas facilement apprivoiser. Mais, au fil des écoutes, le charme finit par opèrer. Comme si le voile qui les recouvrait, glissait au fur et à mesure pour révéler leur splendeur. Au bout du compte, peut-être même qu’on l’écoutera plus longtemps que les autres ce disque aventureux, placé sous le double signe de Syd Barrett, le fondateur barré des Pink Floyd, et du Gainsbourg de Melody Nelson. Vous avez dit « psykadélique » ?
Gimme Danger
Le pitch
Apparu pour la première fois à Ann Arbor (Michigan) en pleine révolution contre-culturelle, le style de rock’n’roll puissant et agressif des Stooges a fait l’effet d’une bombe dans le paysage musical de la fin des années 60. Soufflant le public avec un mélange de rock, de blues, de R&B et de free jazz, le groupe – au sein duquel débute Iggy Pop – posa les fondations de ce que l’on appellera plus tard le punk et le rock alternatif. GIMME DANGER retrace l’épopée des Stooges et présente le contexte dans lequel l’un des plus grands groupes de rock de tous les temps a émergé musicalement, culturellement, politiquement et historiquement. Jim Jarmusch retrace leurs aventures et leurs mésaventures en montrant leurs inspirations et les motivations de leurs premiers défis commerciaux, jusqu’à leur arrivée au Panthéon du rock.
Alors qu’il présentait Paterson en compétition pour la Palme d’or, Jim Jarmusch est venu à Cannes 2017, accompagné d’Iggy Pop, montrer son documentaire sur les Stooges en séance de minuit. Grand moment ! «Gimme Danger est davantage un essai qu’un documentaire. C’est notre lettre d’amour adressée au groupe qui restera sans doute l’un des plus importants de l’histoire du rock» , explique le réalisateur. Le film s’adresse en priorité aux fans d’Iggy, mais tous les amateurs de rock et de cinéma pourront apprécier la démarche, la mise en scène toujours inventive et le ton volontiers humoristique avec lequel Jarmusch raconte l’épopée des Stooges, très loin des bêtes hagiographies habituelles.
Orelsan : La fête est finie
On l’a tellement attendu (presque 6 ans en fait) le nouvel album d’Orelsan, qu’on pouvait légitimement craindre d’être déçu. Saurait-il se renouveler? Avait-il encore quelque chose à dire? Avait -il encore seulement ENVIE, alors que la télé et le cinéma lui réussissent aussi bien ? Des craintes que balaient d’emblée ce nouvel album au titre évocateur : La fête est finie. Le Bataclan et tellement de choses se sont passées depuis Le chant des sirènes… Orel n’en dit que quelques mots (« Y a rien à faire pour se préparer au pire« ), mais l’ambiance générale de l’album reflète la nouvelle donne. Jusqu’à l’ironique « Tout va bien » dans lequel le narrateur embellit la réalité pour son jeune fils, façon « La vie est belle« . « Quand est-ce que ça s’arrête? » se demande-t-il dans un autre titre. Dans les autres morceaux, Orelsan décline ses thèmes favoris (le succès, la famille, la société, les meufs, grandir, les racines…), avec ce sens de la rime qui fait qu’il reste le roi de la punchline. Entre deux titres plus légers, « San » , « Basique » et surtout « Défaite de famille », exercice de démolition féroce à la Festen, retrouvent la veine rageuse de « Suicide Social » et prouvent que le succès médiatique n’a pas ramolli le rappeur de Caen. Musicalement, on note une ouverture à de nouvelles sonorités avec de jolis feats de Stromae (« La pluie ») et Ibeyi (« Notes pour trop tard »). Mais c’est celui avec Nekfeu (et Dizzee Rascal) qui retient l’attention, tant ces deux-là dominent le rap game français: « Zone » est un des sommets de l’album qui , à peine sorti, est déjà numéro un.
Interview : Ben Mazué
(Photo Martin Lagardère)
Lentement mais sûrement, Ben Mazué s’impose comme l’une des valeurs sûres de la nouvelle scène française. Prix Sacem des découvertes avec son premier album en 2006, le Niçois a beaucoup tourné, écrit pour Axelle Red, Patricia Kaas, les Frero Delavega et Grand Corps Malade, sorti un deuxième disque en forme de bilan (33), retourné encore. Il vient de publier l’un des meilleurs albums francophones de l’année (La Femme idéale chez Sony/Columbia). Il devrait lui permettre de toucher le grand public qui ne le connaît pas encore, avec des chansons douces mais accrocheuses, sur lesquelles Ben pose sa voix douce et sucrée, gorgée du soleil du sud où il a grandi. Nous l’avons rencontré, à l’occasion de son concert au Mas des Escaravatiers où il avait invité Gand Corps Malade…
Un disque tous les trois ans, c’est ton rythme?
On dirait bien oui. Sauf que là j’ai un peu traîné.Il a fallu retarder la sortie et j’ai commencé à jouer les nouvelles chansons en concert avant de les enregistrer.
Qu’est ce qui t’a retardé?
Rien de particulier, c’est juste que je suis toujours un peu lent. Les concerts m’ont beaucoup accaparé, la tournée a duré plus longtemps que prévu.C’était génial parce que c’est monté progressivement: on a commencé dans des petites salles et on a fini aux Francofolies et au Printemps de Bourges…
On t’a même vu au festival d’Avignon…
Oui, la formule du spectacle s’y prêtait.Ca ressemble plus à un seul en scène qu’à un concert classique.Je communique beaucoup avec le public.Du coup, ça permet de ne pas jouer que les chansons qu’il attend.
Tu vas continuer sur ce format, même si le nouveau disque cartonne?
Oui, pour le moment on ne change rien.Je me sens vraiment bien avec cette formule et le public a l’air d’aimer ça aussi. On n’est que deux en scène avec le pianiste, mais ça ne fait pas cheap.Il se passe plein de choses…
Les arrangements des nouvelles chansons s’y prêtent. C’est assez dépouillé, ça va à l’essentiel…
Oui, je trouve aussi. Le fait d’avoir rodé les titres sur scène avant de les enregistrer a sans doute joué. On a fait le disque à trois, avec Guillaume Poncelet qui est un pianiste, un trompettiste et un arrangeur génial et Marlon qui a posé le cadre avec ses machines.Notre trio a bien fonctionné.Je suis très fier du résultat et très impatient de le présenter au public.
La thématique féminine du disque est venue comment?
Par hasard. J’aime bien les portraits et là je me suis retrouvé avec pas mal de portraits de femmes… Du coup, c’est devenu le concept! (rires)
IAM: Rêvolution
Pour son retour annoncé, après 4 ans d’absence , IAM aurait pu se contenter de célébrer , comme c’était prévu, les 20 ans de son opus majeur, L’Ecole Du Micro d’Argent, avec un concert parisien et une tournée française. Mais contrairement à d’autres (suivez notre regard), les Marseillais ont encore des choses à dire et pas seulement en live. Ils le prouvent avec les 19 titres de Rêvolution (avec accent circonflexe indiquant la contraction entre rêve et révolution), leur huitième album. Bien que d’une totale orthodoxie musicale (le quintet reste fidèle au son East Coast qui a fait son succès) , Rêvolution est aussi d’une grande modernité, avec des instrus abrasifs dignes des meilleures productions US et des textes branchés sur l’actu, qui parlent à tous, jeunes et moins jeunes. Si l’on peut parler de maturité en rap, ce disque en est l’exemple. Il prouve que, comme le rock, le rap a réussi son passage à l’âge adulte. Et qu’il vieillit bien ! Rêvolution est sans doute le meilleur album d’IAM depuis L’Ecole du Micro d’Argent. On a hâte d’écouter les meilleurs titres ( « Monnaie de singe » , « Bad Karma », « Grands rêves grandes boites », « Depuis Longtemps », « Ils ne savent pas »… liste provisoire et non exhaustive) avec ceux de L’Ecole, en live le 14 novembre à Nikaia Nice.
Rolling Stones : Sticky Fingers Live
Alors que les Rolling Stones viennent d’achever en France leur dernière tournée avec trois concerts à la U Arena de Nanterre, paraît opportunément un nouveau volume de la collection «From the Vault», qui regroupe leurs shows «historiques». Ce DVD/CD/Triple vinyle (au choix) documente le show d’ouverture du «Zip Code Tour» en mai 2015 au Fonda Theater de Los Angeles. Le groupe célébrait ce jour-là la réédition de l’album Sticky Fingers en interprétant pour la première fois toutes les chansons sur scène. Ce qui nous vaut de belles versions de titres rarement joués comme «Sister Morphine», «You Gotta Move», «I Got the Blues» ou «Moonlight Mile», avec un Ron Wood qui a rarement été aussi incisif à la guitare. Les solos de «Sister Morphine» et de «Can’t You Hear Me Knocking» déchirent presqu’autant que les originaux de Mick Taylor. La captation vidéo est bonne et le son extra. Du coup, si on ne devait garder qu’un live des Stones des quinze dernières années (en plus de celui filmé par Martin Scorsese en 2008), ce serait certainement celui- là.
Neil Young : Hitchhiker
En août 1976, Neil Young, au sommet de son inspiration s’enferme aux Indigo Studios de Malibu pour enregistrer dix nouvelles chansons en solo acoustique. Il assure aujourd’hui avoir eu l’intention à l’époque de les sortir telles quelles. Sa maison de disques aurait refusé au motif que cela sonnait trop comme une démo. Des dix chansons enregistrées cette nuit, huit seront reprises, ré-orchestrées et ré-arrangées, sur les albums suivants du Loner: « The Old Country Waltz » sur American Stars’n’Bars, « Human Highway » sur Comes a Time, « Powderfinger », « Ride My Llamas » et « Pocahontas » sur Rust Never Sleeps, « Captain Kennedy » sur Hawks and Doves… Deux étaient restées inédites : « Hawaï » et « Give Me Strengh ». Elles sont pourtant magnifiques. Toujours est-il que 41 ans plus tard, Neil Young, qui revisite régulièrement ses archives entre deux nouveaux albums a décidé de sortir son « disque refusé » sous le titre Hitchhiker (auto stoppeur). On retrouve avec émotion le Neil Young trentenaire à la voix haut perchée qui empilait alors chef d’oeuvre sur chef d’oeuvre. Difficile de dire ce qu’on aurait pensé de l’album s’il était sorti en 1976, entre Zuma et American Stars n’ Bars. Il sonne plus comme une compilation d’inédits, enregistrés lors d’un des nombreux et fantastiques concerts acoustiques que donnait Young à l’époque, que comme un véritable album studio. Avec le recul, on se dit même que la maison de disques a eu raison de le pousser à « finir » ses chansons. Peut-être parce qu’on les connaît par cœur et qu’elles évoquent des souvenirs de jeunesse, on les préfère dans leurs versions finales. Mais les réécouter aujourd’hui dans leur forme primitive est un tel bonheur et une si merveilleuse surprise qu’on remercie doublement Warner et Young du cadeau qu’ils nous font. Achat obligatoire. En vinyle de préférence…
The National : Sleep Well Beast
En six albums et presque 20 ans de carrière, The National s’est imposé comme le plus grand des groupes confidentiels : le secret le mieux gardé du rock US. Après quatre années passées sur des projets solos, les 5 musiciens de Cincinnati (Bryce Dessner, Aaron Dessner, Matt Berninger, Bryan Devendorf, Scott Devendorf) livrent 12 nouvelles chansons mélancoliques, d’une beauté assez inouïe. Enregistré entre New York, Los Angeles et Berlin, Sleep Well Beast, album d’une densité et d’une profondeur rares, est une nouvelle pierre angulaire portée à l’édifice d’une discographie sans tâche. Si les foules US n’en veulent toujours pas, on vote pour la nationalisation de The National !
Les Insus : L?ve
(Photo François Vignola/Nice Matin)
Voilà, c’est fini ! Après une centaine de concerts dans toute la France et deux soirées au Stade de France, les Insus ont raccroché. Restent de beaux souvenirs de concerts à Toulon, Nice et Monaco et un coffret live qui vient de sortir. En attendant le DVD du stade de France qui ne devrait pas tarder à être annoncé… Paru début septembre, le coffret Insus L?ve contient 2 CD du concert de Bercy (AccorHotels Arena, octobre 2016) , mixé par Bob Clearmountain et un autre du show surprise du Trabendo, le 3 novembre 2016, mixé par Louis Bertignac. Plus, dans la version collector, un triple vinyle et un CD bonus de 6 titres live. Les deux premiers disques reflètent parfaitement les concerts de la tournée, avec un gros son et une setlist de tubes imparables. Ce n’est pas pour faire les malins, mais on a dû voir une dizaine de concerts de Téléphone, au temps où ils étaient en activité. Et on peut dire que Les Insus… C’était mieux ! Musicalement, en tout cas. Question énergie et envie de jouer, Aubert, Kolinka et Bertignac ont aussi fait honneur durant toute la tournée au souvenir qu’on gardait d’eux en jeunes rockers. Rien à redire donc : ce live remplacera avantageusement ceux de Téléphone, dont le son paraît riquiqui en comparaison. Celui du Trabendo y ressemble d’ailleurs un peu. Bertignac a tenu à ce qu’il n’y ait aucun bidouillage, du coup ça sonne comme un pirate, avec les bruits de la salle devant et la batterie derrière. L’intérêt réside surtout dans la setlist, composée de titres peu ou pas joués durant la tournée, comme « Anna », « J’suis parti de chez mes parents », « Un peu de ton amour », « Seul » ou « Ploum Ploum ». Et là, autant dire qu’ on reprend un gros tour de nostalgie. De quoi rêver d’une tournée de petites salles avec ce répertoire… Et Corine à la basse, tant qu’on y est !
LCD Soundsystem: American Dream
2017 restera décidément l’année des come back réussis: après Ride, Peter Perrett et The Jesus & Mary Chain, James Murphy réactive LCD Soundsystem, avec ce qui est certainement le meilleur album de la formation new yorkaise. Entre Bowie (un peu), Arcade Fire (beaucoup) et Talking Heads (passionnément) : 10 nouveaux titres electro rock rageurs, qu’on n’a pas fini d’écouter en boucle. Nos préférés pour commencer : « Other Voices » ( plage 2) , « I used to » (plage 3) et « Call the Police » (plage 7). Attention, chef d’oeuvre.
Peter Perrett : How The West Was Won
Ah, ce phrasé Lou Reedien, ces guitares Velvetiennes, ces chansons à la mélancolie délicate… Les Only Ones sont de retour ? Non, mais c’est tout comme. A 65 ans, leur chanteur Peter Perrett, enfin débarrassé de son addiction à l’héroïne, a remis le couvert avec un nouvel album à faire fondre les cœurs les plus solidement accrochés. La chanson-titre sonne comme du Only Ones millésimé en ouverture. Ce sont pourtant les fils de Peter Perrett qui l’accompagnent et non le groupe. Le reste est du même acabit, avec, en milieu d’album, une longue envolée velvetienne (« Living in my head« ) qui file des frissons. Mais plus que tout c’est le bonheur de retrouver la voix de Peter Perrett que l’on retient. Une des grandes voix du rock résonne à nouveau, inchangée depuis « Another Girl, Another Planet » et « The Whole of the Law« . Joie !
Arcade Fire : Everything Now
Pour leur cinquième album, les Montréalais d’Arcade Fire ont fait appel à une team composée de Thomas Bangalter (Daft Punk), Geoff Barrow (Portishead) et Steve Mackey (Pulp) pour superviser les séances d’enregistrement et , si possible, apporter un sang nouveau. Ça s’entend (un peu) dans l’orientation plus « dance » de certains titres, comme le single « Everything Now« , avec son refrain tournant qu’on croirait samplé sur un vieil album d’Abba. Une orientation qui contraste singulièrement avec des textes nettement moins enclins à la légèreté et à la joie de vivre. Pour le reste, la musique d’Arcade Fire est toujours aussi cosmopolite et originale, le punk voisinant avec l’easy listening dans un titre double (« Infinite Content/Infinite_Content ») et le reggae (« Chemistry ») avec le funk Princier (« Electric Blue ») ou la new wave (« Good God Damn », notre titre préféré pour l’instant). Encore un excellent disque : l’été 2017 aura décidément été prodigue de ce côté-là.
Interview : Phoenix
Une bulle de fraicheur pop et de joie, dans un océan de tristesse et de peur. C’est l’impression que l’on a à l’écoute de Ti amo ! , le nouvel album de Phœnix . C’est le disque de l’été 2017 .On l’écoute en boucle depuis sa sortie , le 9 juin, et on l’aime un peu plus à chaque passage. Cerise sur le proverbial gâteau: le quatuor Versaillais était la tête d’affiche du festival Lunallena, le 5 août à Bandol avec Vitalic, Two Door Cinema Club, Cocoon et The Kitchies. A cette occasion, Thomas Mars, Deck D’Arcy , Branco et Christian Mazzalai nous ont parlé de l’album et de la tournée…
On a peine à croire que cet album, si léger et joyeux, a été enregistré à Paris pendant les tragiques évènements de 2015. Comment avez vous fait pour ne pas vous faire contaminer par l’atmosphère mortifère qui y régnait alors?
Thomas : Un peu égoïstement , on s’est enfermés dans notre bulle de la Gaieté Lyrique, où nous étions installés pour l’enregistrement.
Deck : On était lancés dans une direction, on n’en a pas changé
C’était une volonté délibérée ?
Thomas : On ne s’est pas dit ça sur le moment.Mais c’est ce qui s’est passé
Deck : On ne rentre plus en studio avec un concept d’album.C’est ce qu’on faisait avant, mais ça ne marchait jamais .on finissait toujours par faire autre chose ! (rires)
Christian : maintenant, on attend que le concept vienne à nous.L’idée, c’est surtout de ne pas refaire le même disque que le précédent. Bankrupt ! était alambiqué et cynique.Celui là devait être simple et candide.
D’où est venue l’influence italienne ?
Christian: mon frère et moi sommes à moitié italien.On y a passé beaucoup de temps lorsqu’on était enfants
Deck: lors de la dernière tournée on écoutait beaucoup de chanteurs italiens comme Lucio Battisti. On regardait aussi des films des années 60-70 .Ça évoquait un paradis perdu.C’était ce qu’on cherchait à retrouver sans le savoir…
C’est votre sixième album et la formation du groupe remonte à 20 ans déjà.Comment jugez vous votre parcours?
Deck: quand on a commencé, notre groupe favori, les Pixies, venait de publier son 4e album.Nous, on espérait juste en faire un. Quand je pense qu’on a déjà fait 50% de chemin de plus qu’eux à l’époque !
Comment expliquez-vous que vous avez presque plus de succès à l’étranger qu’en France?
Deck : On ne cherche pas trop à savoir.On préfère que ça reste un peu mystérieux.C’est peut -être un malentendu ? (rires)
Christian : aux Etats Unis ou en Amérique du sud, on est un peu des animaux exotiques.Il faut dire qu’on a beaucoup tourné là-bas avant de percer.On a dû y donner 300 ou 400 concerts.C’est ça le secret, si vous voulez mon avis.
Comment envisagez-vous la tournée ?
Deck: on vient de faire les premiers concerts en Californie.La nouvelle scène est géniale
Christian : on a un miroir incliné à 45 degrés au dessus de la scène sur lequel on fait des projections. Ça donne des effets d’optique extras.
Deck : le seul problème, c’est le vent.On ne peut pas le monter si ça souffle trop. J’espère que ce ne sera pas le cas à Bandol. Mais on a un plan B, ne vous inquiétez pas.
Thomas: on va faire plus de festivals que d’habitude et on espère bien revenir cet hiver faire les zéniths si l’album marche. On aimerait bien tourner plus en France…
Christian : Les gens connaissent déjà les paroles des nouvelles chansons, c’est bon signe !
Thomas, vous serez un peu le régional de l’étape, non ?
Le régional tardif, mais oui. Ça fait 20 ans que mes parents sont installés dans le Var et ils viendront au concert. J’habite New York maintenant, mais je viens encore au moins trois fois par an. J’adore la région. Avant, je venais tout le temps. Toutes les occasions étaient bonnes. Avec Christian, on venait au Nice Jazz festival. Mais on n’y a jamais joué. J’aimerais bien pourtant…
Lana Del Rey: Lust for Life
Lust For Life, le quatrième album de la princesse Prozac, est enfin là. D’une incroyable richesse ( 16 titres !), il faudra du temps pour en faire le tour, bien que cinq chansons (« Love », « Lust For Life », « Summer Bummer », « Groupie Love » et « Coachella » ) aient déjà été mises en ligne en teaser ces dernières semaines et sont déjà familières aux fans. Parmi les nouveaux titres, quelques-uns se détachent immédiatement du lot comme « God Bless America » , « Beautiful People » (formidable duo avec Stevie Nicks de Fleetwood Mac) , « Tomorrow Never Came » (avec Sean Lennon) et « 13 Beaches« . L’ensemble sonne comme un mash up des trois premiers disques, avec autant de ballades dépressives que de chansons folk-rock californiennes, que d’échappées hip hop. Les featurings abondent (The Weeknd, A$AP Rocky, Sean Lennon, Stevie Nicks), mais ne nuisent pas à l’équilibre général de l’album, qui sonne très exactement comme du… Lana Del Rey. Un disque qui confirme, s’il en était besoin, la longévité créative de celle que beaucoup croyaient n’être qu’un « one hit wonder » à l’époque, déjà lointaine, de Born to Die.
The Lost City of Z
Par Ph.D
Le pitch
L’histoire vraie de Percival Harrison Fawcett, un des plus grands explorateurs du XXe siècle. Percy Fawcett (Charlie Hunnam) est un colonel britannique reconnu et un mari aimant. En 1906, alors qu’il s’apprête à devenir père, la Société géographique royale d’Angleterre lui propose de partir en Amazonie afin de cartographier les frontières entre le Brésil et la Bolivie. Sur place, l’homme se prend de passion pour l’exploration et découvre des traces de ce qu’il pense être une cité perdue très ancienne. De retour en Angleterre, Fawcett n’a de cesse de penser à cette mystérieuse civilisation, tiraillé entre son amour pour sa famille et sa soif d’exploration et de gloire…
Notre avis
Délaissant le New York scorsesien de ses polars (The Yards, La Nuit nous appartient) et de ses drames (Two Lovers, The Immigrant), James Gray nous entraîne en Amazonie pour cette fresque historique qui déroule ses charmes à la manière d’un grand roman d’aventures. Dans le rôle de l’explorateur Percy Fawcett, Charlie Hunman confirme le talent que seuls jusqu’ici les fans de la série Sons of Anarchy lui connaissaient. Avec un sens de l’ellipse rare, Gray passe de l’Amazonie aux tranchées de la première Guerre Mondiale et à l’Irlande corsetée du début du XXe siècle, sans jamais perdre le spectateur qui se laisse emporter avec bonheur par le souffle épique de ce film, digne d’un John Boorman ou d’un Michael Cimino.