Paris Paradis
Par J.V
Le pitch
Ex-star de l’opéra, Giovanna (Monica Bellucci) fulmine : alors qu’elle a été déclarée morte par erreur, les hommages de la presse tardent à venir. Mike (Ben Aldridge), cascadeur anglais, peut-il décemment trembler devant la mort alors qu’il la défie tous les jours ? Fumer tue, mais Dolorès (Rossy de Palma) s’en fout : le jour des 15 ans de sa petite-fille, elle passe unilatéralement un pacte avec Dieu. Alors qu’elle essaie de se suicider, Marie-Cerise (Charline Balu-Emane), ado harcelée, humiliée et déprimée, est kidnappée et va tout naturellement faire de son ravisseur son psy. Edouard (André Dussollier), bien qu’il présente depuis des années une célèbre émission criminelle à la télé, accuse le coup quand sa mortalité se rappelle à lui…
Ce qu’on en pense
Révélée à Cannes en 2007 avec Persépolis, dans lequel elle adaptait son propre roman graphique sur sa jeunesse en Iran, Marjane Satrapi revient avec une déclaration d’amour à Paris, en forme de film choral. Contrairement à la plupart des films du genre, les destins de ses personnages ne sont pas forcément entremêlés. Leur point commun est d’être parisiens et confrontés à la mort. Cela pourrait être lugubre, mais la réalisatrice d’origine iranienne à trop de fantaisie pour sombrer dans la noirceur. Le film est inégal (les segments avec Moncia Belucci et Ben Aldridge sortent clairement du lot ) mais le charme opère grace, notamment, à un casting impeccable.
L’Esprit Coubertin
Par J.V
Le pitch
Après dix jours de compétition, les Jeux Olympiques sont un fiasco pour la délégation française qui ne parvient pas à gagner de médaille d’or. Tous les espoirs de titre reposent désormais sur Paul (Benjamin Voisin), champion du monde de tir, mais athlète immature et pas très malin. Alors que la compétition approche, il est contraint de partager sa chambre avec Jacob (Rivaldo Pawawi), un nageur qui semble plus préoccupé par les tentations extras sportives du village que par sa course…
Ce qu’on en pense
Quel timing ! Le premier film sur les JO de Paris est sorti sur les écrans, le jour même où la flamme olympique débarquait à Marseille. Avec L’Esprit Coubertin, Jérémie Sein signe une comédie au mauvais esprit salutaire, qui n’hésite pas à désacraliser l’évènement en pointant les enjeux politico financiers et les coucheries entre athlètes, avec le rappel des fameux 200 000 préservatifs distribués au village olympique… Le film est également l’occasion d’apprécier les talents comiques de Benjamin Voisin associé à une Emmanuelle Bercot, très drôle en coach sportive. Avec des dialogues qui claquent et un rythme de sprinter (1h18 chrono) , ce premier film mérite une médaille.
Jusqu’au bout du monde
Par J.V
Le pitch
L’Ouest américain, dans les années 1860. Vivienne Le Coudy (Vicky Krieps) rencontre Holger Olsen (Viggo Mortensen), un immigré d’origine danoise et accepte d’aller vivre avec lui dans le Nevada. Mais lorsque la guerre de Sécession éclate, Olsen décide de s’engager et Vivienne se retrouve seule. Elle doit désormais affronter Rudolph Schiller (Danny Huston), le maire corrompu de la ville, et Alfred Jeffries (Garret Dillahunt), important propriétaire terrien. Il lui faut surtout résister aux avances plus qu’insistantes de Weston (Solly McLeod), le fils brutal et imprévisible d’Alfred…
Ce qu’on en pense
Pour sa troisième réalisation Viggo Mortensen (alias Aragorn dans le Seigneur des anneaux de Peter Jackson) signe un western de facture trés classique, si ce n’est que l’héroïne est une femme, incarnée par la délicieuse Vicky Krieps. Construit en flashbacks, le film est, comme il se doit, dramatique et violent mais souffre de longueurs et d’intentions un peu trop appuyées. N’est pas Clint Eastwood qui veut.
Zeniter : Frapper l’épopée
Par MAB
La Planète des singes 4
Par J.V
Le pitch
Plusieurs générations après le règne de César, les singes ont définitivement pris le pouvoir. Les humains, quant à eux, ont régressé à l’état sauvage et vivent en retrait. Alors qu’un nouveau chef tyrannique construit peu à peu son empire, un jeune singe entreprend un périlleux voyage qui l’amènera à questionner tout ce qu’il sait du passé et à faire des choix qui définiront l’avenir des singes et des humains…
Ce qu’on en pense
Wes Ball (Labyrinthe) prend la succession de Matt Reeves après deux excellents volets de la Planète des singes. Moins rythmée, la mise en scène prend son temps pour installer une « nouvelle » intrigue avec deux personnages principaux (le singe Noa et l’humaine Mae) qui forment un duo efficace et qu’on aura plaisir à retrouver dans un prochain volet. Le méchant de service, Proximus Caesar, est également réussi et le film trouve, avec lui, des résonances politiques très actuelles. Dans son Nouveau Royaume, la franchise PDS ne déçoit pas.
Manu Chao : Viva Tu
Par Ph.D
17 ans: c’est le temps qu’il aura fallu à Manu Chao pour accoucher d’un successeur à La Radiolina, son album précédent, dont on ne garde pas un souvenir marquant. Aucune nécessité particulière (financière, créative ou autre), ne semble avoir présidé à l’élaboration de ces 13 nouvelles chansons condensées en 38 minutes chrono. On retrouve Manu où on l’avait laissé, chantant ses petites contines dans un mélange d’anglais de français et d’espagnol, en s’accompagnant d’instruments acoustiques, avec des bruits de fréquences radio et des bouts de dialogues en espagnol collés par-ci par-là. C’est agréable à écouter, mais pas bouleversant. Rien de nouveau sous la soleil de Chao. On retient surtout les deux duos : une chouette chanson country avec le vétéran Willie Nelson (« Heaven’s Bad Day« ) et, tout de suite derrière, « Tu Te Vas » avec la rappeuse Laeti. La chanson ferait un bien meilleur single que « Viva Tu« , qui donne son titre à l’album et qu’on dirait écrite pour les Gipsy Kings. Pour finir, l’ex-chanteur de la Mano Negra plaque les accords de « Knoking On Heaven’s Door » , version reggae, sur le texte de « Tanta Tierras« . Tout le symbole d’un album qui ne refuse pas la facilité.
Roqya
Par J.V
Le pitch
Nour (Golshifteh Farahani) vit de contrebande d’animaux exotiques pour des guérisseurs. Lorsqu’une consultation dérape, elle est accusée de sorcellerie. Pourchassée par les habitants du quartier et séparée de son fils, elle se lance alors dans une course effrénée pour le sauver. La traque commence…
Ce qu’on en pense
A mi-chemin entre le drame social teinté de surnaturel et le thriller, le premier film de Saïd Bektibia met en scène Golshifteh Farahani dans le rôle d’une mère intrépide, prête à tout pour son enfant, alors qu’elle est victime d’une véritable « chasse aux sorcières ». Adepte des sciences occultes, Nour est la cible d’une persécution attisée par les réseaux sociaux. Dans le rôle de son ancien compagnon, l‘humoriste Jérémy Ferrari fait des débuts étonnants au cinéma.
Dors ton sommeil de brute
Par MAB
Aprés Le coeur cousu aux seize prix littéraires, aprés Du domaine des murmures prix Goncourt des lycéens en 2011, Dors ton sommeil de brute est le cinquième roman de la très atypique Carole Martinez. Son titre énigmatique est emprunté au Goût du néant de Charles Baudelaire. Véritable indice de la sourde angoisse métaphysique qui baignera un récit qui fuit régulièrement vers le rêve éveillé et le cauchemar collectif. Donner quelques informations sur le contenu est d’ailleurs difficile. Le réel côtoie l’onirique, le poétique et le surnaturel. Disons que nous sommes dans un futur proche où tous les enfants situés sur une même ligne traversant le monde ont les mêmes terreurs nocturnes au même moment et ne se souviennent de rien au petit matin. Au cœur de ce bouleversement pré apocalyptique , une narratrice, Eva qui a fui un mari brutal et s’est réfugiée dans les marais de Camargue avec sa fille de huit ans . Elle ne veut plus rien savoir des bruits du monde. Mais les actualités dramatiques la rattrapent avec Serge, un géant solitaire au passé obscur qui ne lache jamais sa petite radio portative. Le roman est dense, envoûtant et déroutant. Il baigne dans une atmosphère de récit biblique de dystopie et de messages prophétiques . Il est exigeant mais d’une grande force. Il est dans la première liste du Goncourt.
Un p’tit truc en plus
Par J.V
Le Pitch
Pour échapper à la police, un fils (Artus) et son père (Clovis Cornillac) en cavale sont contraints de trouver refuge dans une colonie de vacances pour jeunes adultes en situation de handicap, se faisant passer pour un pensionnaire et son éducateur spécialisé…
Ce qu’on en pense
Passé avec succès d’ On ne demande qu’à en rire, à la scène puis à l’écran, Artus poursuit son ascension en réalisant son premier film. Une comédie poussive, dans laquelle il multiplie les pitreries, mais qui se rachète par quelques scènes touchantes avec de vrais handicapés assorties d’un joli message de tolérance. Le « p’tit truc en plus » qui compense celui qui manque : un véritable talent pour la réalisation.
Le Mal n’existe pas
Par J.V
Le pitch
Takumi (Hitoshi Omika) et sa fille Hana (Ryo Nishikawa) vivent dans le village de Mizubiki, près de Tokyo. Comme leurs aînés avant eux, ils mènent une vie modeste en harmonie avec leur environnement. Le projet de construction d’un « camping glamour » dans le parc naturel voisin, offrant aux citadins une échappatoire tout confort vers la nature, va mettre en danger l’équilibre écologique du site et affecter profondément la vie de Takumi et des villageois…
Ce qu’on en pense
Primé à Cannes et Oscar du meilleur film étranger en 2021 pour Drive my car, Ryusuke Hamaguchi avait choisi la Mostra de Venise pour présenter son nouveau film. Il y a reçu le Lion d’argent et un prix du jury. Le Mal n’existe pas est une fable écologique aux personnages tourmentés, qui tissent des relations basées sur le mensonge ou le non-dit. A l’image d’une société tiraillée entre le désir de préserver la nature et la recherche constante du profit. Fascinant et déroutant à la fois, le film s’incruste dans l’esprit du spectateur et continue son ouvrage après la projection.
Quelques jours pas plus
Par Ph.D
Le pitch
Arthur Berthier (Benjamin Biolay), critique rock relégué aux informations générales après avoir saccagé une chambre d’hôtel, découvre que le journalisme est un sport de combat. Envoyé à l’hôpital par un CRS en couvrant l’évacuation d’un camp de migrants, il tombe sous le charme de Mathilde (Camille Cottin), la responsable de l’association Solidarité Exilés et accepte, pour quelques jours, croit-il, d’héberger Daoud (Amrullah Safi), un jeune Afghan…
Ce qu’on en pense
Directrice de casting réputée, Julie Navarro affirme avoir eu beaucoup de mal à trouver « son » Arthur Berthier. Benjamin Biolay pouvait pourtant sembler un choix évident pour incarner ce rock-critique à la coule, contraint à faire du journalisme social. Pour son premier vrai premier rôle, le chanteur de La Superbe est parfait face à l’expérimentée Camille Cottin en passionaria de l’humanitaire. Leur duo est l’atout principal de ce premier film prometteur, qui navigue avec aisance entre social, sentiments et humour. Sur à peu près le même canevas, on l’a préféré à Une année difficile de Nakache et Toledano.
Vivants
Par J.V
Le pitch
Gabrielle (Alice Isaaz), 30 ans, intègre une prestigieuse émission de reportages. Elle doit très vite trouver sa place au sein d’une équipe de grands reporters. Malgré l’engagement de Vincent (Roschdy Zem), leur rédacteur en chef, ils sont confrontés au quotidien d’un métier qui change, avec des moyens toujours plus réduits, face aux nouveaux canaux de l’information. Habités par leur passion pour la recherche de la vérité, leur sens de l’humour et de la solidarité, ils vont tout tenter pour retrouver la foi de leurs débuts et se réinventer…
Ce qu’on en pense
Venue du documentaire, Alix Delaporte (Angèle et Tony) livre un film assez réaliste sur le journalisme d’investigation confronté au bouleversement de l’univers des média et à la crise du journalisme traditionnel confronté aux chaines du web et aux réseaux sociaux. Le charme du film tient en grande partie à son casting dans lequel se retrouvent Roschdy Zem, Alice Isaaz, Vincent Elbaz, Pascale Arbillot, Pierre Lottin, Jean-Charles Clichet et Grégoire Leprince-Ringuet. La partie romance n’est pas terrible, mais on en sort vivants.
Le Tableau volé
Par J.V
Le pitch
André Masson (Alex Lutz), commissaire-priseur dans la célèbre maison de ventes Scottie’s, reçoit un jour un courrier selon lequel une toile d’Egon Schiele aurait été découverte à Mulhouse chez un jeune ouvrier. Très sceptique, il se rend sur place et doit se rendre à l’évidence : le tableau est authentique, un chef-d’œuvre disparu depuis 1939, spolié par les nazis. André voit dans cet événement le sommet de sa carrière, mais c’est aussi le début d’un combat qui pourrait la mettre en péril. Heureusement, il va être aidé par son ex-épouse et collègue Bertina (Léa Drucker), et par sa fantasque stagiaire Aurore (Louise Chevillotte)…
Ce qu’on en pense
Comme certaines toiles de maître, le nouveau film de Pascal Bonitzer (Rien sur Robert, Cherchez Hortense, Les Envoutés…) est fait de plusieurs couches, mais le vernis a du mal à prendre. Profiter de l’enquête artistique autour d’un tableau volé par la nazis pour évoquer la Shoah et le trauma qui continue de hanter les nouvelles générations était, à priori, une bonne idée de « dramédie ». Sauf que, comme son personnage principal, joué par Alex Lutz, le film se montre hésitant, essaie d’être transgressif, puis se ravise et vire à la comédie romantique. D’où une impression mitigée à l’arrivée, malgré un bon casting et des dialogues savoureux.
Back to Black
Par J.V
Le pitch
Début des années 2000, passionnée de jazz, la jeune Amy Winehouse (Marisa Abela) fait ses débuts sur scène dans le nord de Londres. Rapidement et alors qu’elle vit une histoire passionnée et tourmentée avec Blake Fielder-Civil (Jack O’Connell), le succès la rattrape. Une relation qui lui servira d’inspiration pour son second album, Back to black …
Ce qu’on en pense
Amy Winehouse par le réalisateur de Cinquante nuances de Grey : il fallait y penser ! Certes, il y avait sans doute quelques chose de masochiste dans le processus d’autodestruction qui a conduit la chanteuse du sommet des hit parades à l’enfer de la drogue et à la mort. Mais tel n’est pas le sujet de ce biopic ultra lisse, qui fait bien pale figure comparé au formidable documentaire d’Asif Kapadia (Amy). Reste la prestation sans faute de Marisa Abela dans le rôle de la diva destroy. Une découverte qui mérite, à elle seule, de voir le film.
Sidonie au Japon
Par J.V
Le pitch
Sidonie Perceval (Isabelle Huppert) se rend au Japon à l’occasion de la ressortie de son best-seller. Malgré le dévouement de Kenzo Mizoguchi (Tsuyoshi Ihara) son éditeur japonais avec qui elle découvre les traditions du pays, elle perd peu à peu ses repères… Surtout lorsqu’elle se retrouve nez à nez avec Antoine (August Diehl), son mari, disparu depuis plusieurs années !
Ce qu’on en pense
Coécrit par la regrettée Sophie Fillières, le nouveau film d’ Elise Girard (Belleville-Tokyo , Drôles d’oiseaux ) met en scène Isabelle Huppert dans un rôle qu’on lui a déjà vu jouer chez Hong Sang-Soo: celui de l’occidentale en goguette en Asie. L’actrice s’empare néanmoins avec gourmandise du rôle de cette femme qui reprend peu à peu goût à la vie et à l’amour. De son côté, la réalisatrice confirme un talent sûr pour implanter des univers décalés. Le film joue avec finesse sur les différences de codes et de cultures entre la France et le Japon, s’attache à la psychologie de ses trois personnages principaux et magnifie le pays par des plans de toute beauté. On a beaucoup de plaisir à accompagner Sidonie dans son voyage au Japon.