Je le jure
Par J.V
Le pitch
À quarante ans, Fabio (Julien Ernwein) se laisse porter par le courant. Un peu largué, il trouve du réconfort dans l’alcool. Et un peu auprès de Marie (Marie Masala), de vingt ans son aînée, avec qui il entretient une relation secrète. Un jour, il reçoit une convocation pour être juré d’assises, il va devoir juger un jeune pyromane accusé d’homicide involontaire…
Ce qu’on en pense
Co-réalisé avec Marie Amachoukeli et Claire Burger, Party Girl mettait en scène sa propre mère. Pour Je le jure, son nouveau film, Samuel Theis s’est inspiré de son frère, au caractère taiseux et en couple avec une compagne plus âgée que lui, pour cette histoire de procès d’appel auquel participe le personnage principal. De la même manière, le casting mélange acteurs professionnels (Louise Bourgoin, Micha Lescot, Marina Foïs… ) et non-professionnels. Le résultat est criant de vérité et pose des questions justes sur la justice et la façon dont elle est rendue dans notre pays. Une réussite.
Novocaïne
Par J.V
Le pitch
Lorsque la fille de ses rêves est kidnappée, Nate (Jack Quaid), un homme ordinaire, transforme son incapacité à ressentir la douleur en une force inattendue dans son combat pour la retrouver.
Ce qu’on en pense
A un détail près, le héros de ce film d’action « à la John Wick » (incarné par le fils de Dennis Quaid et de Meg Ryan, découvert dans la série The Boys) est un homme parfaitement ordinaire, voire fragile et introverti. Sa particularité : une maladie neurologique le rend insensible à la douleur physique. Embarqué dans une quête pour libérer sa belle de méchants kidnappeurs, il en fera un atout redoutable. Prétexte pour les réalisateurs à multiplier des scènes de baston dans lesquelles tout le monde en prend plein la gueule. C’est amusant un moment, mais pas très consistant sur la durée. D’autant que la réalisation manque de punch. Un comble pour ce genre de film…
Le Joueur de Go
Par J.V
Le pitch
Ancien samouraï, Yanagida (Tsuyoshi Kusanagi) mène une vie modeste avec sa fille (Kaya Kiyohara) à Edo et dédie ses journées au jeu de go avec une dignité qui force le respect. Quand son honneur est bafoué par des accusations calomnieuses, il décide d’utiliser ses talents de stratège pour mener combat et obtenir réparation…
Ce qu’on en pense
Elève appliqué d’Akira Kurosawa, Kazuya Shiraishi joue avec les codes du film de samouraïs qu’il transpose dans l’univers du jeu de Go avant de revenir au sabre. Exigeant, voire pointu sur la stratégie de jeu (difficilement accessible au néophyte), Le Joueur de Go ravira les amateurs de cinéma japonais classique avec sa mise en scène théâtrale et ses décors choisis, en hommage aux maîtres du genre.
Belladone
Par J.V
Le pitch
Sur une île coupée du monde, Gaëlle (Nadia Tereszkiewicz), 30 ans, prend soin d’un petit groupe de personnes âgées. L’arrivée d’un voilier fait revenir joie et vie sur l’île. Pourtant, Gaëlle doute des intentions des voyageurs, car les anciens se mettent à mourir les uns après les autres…
Ce qu’on en pense
Casting étoilé (Nadia Tereszkiewicz , Patrick Chesnais, Miou-Miou, Jean-Claude Drouot, Daphné Patakia, Dali Benssalah… ) pour ce film d’anticipation plutôt obscur signé Alante Kavaité. Le monde dystopique dans lequel la réalisatrice situe sa fable sur la surpopulation et la fin de vie peine à prendre vie à l’écran, avec une intrigue inutilement tarabiscotée et des enjeux flous. Mauvaise (bella) donne.
Lire Lolita à Téhéran
Par J.V
Le pitch
Azar Nafisi (Golshifteh Farahani), professeure à l’université de Téhéran, réunit secrètement sept de ses étudiantes pour lire des classiques de la littérature occidentale interdits par le régime. Alors que les fondamentalistes sont au pouvoir, ces femmes se retrouvent, retirent leur voile et discutent de leurs espoirs, de leurs amours et de leur place dans une société de plus en plus oppressive. Pour elles, lire Lolita à Téhéran, c’est célébrer le pouvoir libérateur de la littérature…
Ce qu’on en pense
La merveilleuse Golshifteh Farahani est, avec Zar Amir Ebrahimi, la vedette de cette adaptation assez scolaire du best-seller de Nazar Nafisi , paru en 2003. Le jeu des deux actrices à fort tempérament fait tout le sel de cette histoire vraie sur la condition des femmes en Iran. Un thème qui ne pouvait que séduire Golshifteh Farahani, très engagée dans le mouvement Femmes vie liberté. Lolita, le chef d’oeuvre sulfureux de Nabokov, n’est là que pour valoriser le combat de l’héroïne, déterminée à transmettre son savoir et ses idées. Mais cela fait un bon titre de film.
Le Garçon
Par J.V
Le pitch
Tout débute avec les photos d’une famille. Une famille inconnue, qu’on a l’impression pourtant de connaître. Au centre : ce garçon. Qui est-il ? Quelle est son histoire ? Et si chaque individu était aussi le héros involontaire d’un conte ?
Ce qu’on en pense
Dans ce projet original, Zabou Breitman et Florent Vassault sont partis d’un jeu de photos acheté sur une brocante. Pendant que le Vassault enquête sur la famille qui apparaît sur les photos, Zabou Breitman reconstitue les scènes photographiées avec des acteurs (Isabelle Nanty, François Berleand, Florence Muller… ), en essayant d’imaginer ce qui précède et ce qui suit la photo. Le film entrecroise les deux sources, en mettant également en scène les deux réalisateurs qui confrontent leurs travaux. En résulte un double « biopic d’inconnus » qui aborde les notions de souvenir, de ce qu’on laisse (ou non) derrière soi et de temps qui passe.
Printemps du cinéma
Par Ph.D
On ne le répétera jamais assez: le cinéma c’est mieux au cinéma. Lâchez vos portables et profitez du Printemps du cinéma. Du 23 au 25 mars toutes les séances sont à 5 euros : l’occasion de faire le plein de nouveautés à moindre coût. Voici notre sélection de films à voir en priorité (cliquez sur le titre pour lire la critique et voir la bande annonce)
Grand Prix du Certain Regard à Cannes 2024, ce drame puissant signé du Chinois Ju Guan force le respect avec des airs de western post apocalyptique.
La beauté de son interprête (Celeste Dalla Porta) n’a d’égale que celle de la baie de Naples, ville natale de Paolo Sorrentino, qui lui rend un hommage énamouré et quasi publicitaire avec ce double portrait d’une femme et d’une ville également désirables et libres
Après l’horrifique et expérimental Présence, le prolifique Steven Soderbergh enchaîne avec un film d’espionnage plus grand public, dans l’esprit de la saga Ocean’s 11, 12, 13.
De(ux) Niro pour le prix d’un ! L’acteur de Taxi Driver et de Raging Bull se dédouble devant la caméra de Barry Levinson pour un nouveau (dernier ?) film de mafia qui convoque toute la mythologie Scorsesienne.
Un drame rural italien d’une grande justesse, sublimé par des partis pris de mise en scène forts, qui a reçu le Grand Prix à la Mostra de Venise.
The Alto Knights
Par Ph.D
Le Pitch
Deux des plus redoutables figures de la mafia new-yorkaise, Frank Costello (Robert de Niro) et Vito Genovese (Robert de Niro) , luttent pour le contrôle de la ville. Autrefois meilleurs amis, la jalousie et les trahisons les mènent inévitablement à l’affrontement…
Ce qu’on en sait
Deux Niro pour le prix d’un ! L’acteur se dédouble devant la caméra de Barry Levinson pour un nouveau (dernier ?) film de mafia qui convoque toute la mythologie Scorsesienne afin de raconter l’histoire vraie des parrains Franck Costello et Vito Genovese. Joe Pesci n’étant peut être pas disponible, Robert De Niro joue les deux rôles, parfois dans le même plan, par la grâce des effets spéciaux et du maquillage. Passée la surprise première, on se régale à le voir endosser les deux costumes à rayures : celui du capo dei capi pondéré (Costello, qui inspira à Mario Puzzo son fameux Parrain) et celui de son ami d’enfance devenu rival enragé (Genovese), dans une double composition quasi testamentaire. La reconstitution d’époque (les années 40) est soignée, les seconds rôles aussi (y compris féminins, ce qui est rare pour un film de mafia). Dommage que le film souffre de faiblesses côté scénario (un comble pour une histoire qui a inspiré tant d’autres films) et aussi côté réalisation (ça se traîne). On passe quand même un bon moment.
Blanche Neige
Par J.V
Le Pitch
Victime de la jalousie de sa belle mère, la méchante reine (Gal Gadot), Blanche Neige (Rachel Zegler) doit fuir dans la forêt. Elle fait y la connaissance de 7 petits hommes qui vont l’aider à retrouver son royaume…
Ce qu’on en sait
Conçue par Disney pour moderniser l’image de sa toute première princesse, la nouvelle version de Blanche Neige en images réelles vire à la catastrophe industrielle. Le choix d’une actrice métissée pour l’incarner (au mépris même du titre du film) s’est attiré les foudres au pays de Donald (Trump) et les déclarations de l’actrice sur la guerre à Gaza n’ont rien arrangé. Mais le pire, c’est que le film est mauvais : le wokisme a l’oeuvre dans sa conception a déteint sur la réalisation, incapable de susciter la moindre émotion chez le spectateur. Tout paraît forcé, faux, inepte et insipide. A commencer par les nouvelles chansons, totalement oubliables, ce qui est plutôt rédhibitoire pour une comédie musicale.
Lumière 2
Par Ph.D
Il y a tout juste 130 ans, les frères Lumière inventaient le cinéma. Tout était déjà là, les plans, les travellings, le drame, la comédie, le jeu des acteurs… Grâce à la restauration de plus de 120 vues Lumière inédites, le nouveau film de montage de Thierry Frémaux offre le spectacle intact du monde au début du siècle et un voyage stimulant aux origines d’un cinéma qui ne connait pas de fin. Le délégué général du Festival de Cannes, qui avait déjà compilé en 2017 les courts métrages réalisés par les frères Lumière, décrypte et analyse l’art des frères avec la volonté de s’adresser aussi bien aux néophytes qu’aux cinéphiles avertis. A voir.
Magma
Par J.V
Le Pitch
Katia Reiter (Marina Fois) dirige l’Observatoire Volcanologique de Guadeloupe depuis une dizaine d’années. Elle forme un duo de choc avec Aimé (Théo Christine), jeune Guadeloupéen auquel elle transmet sa passion du métier. Alors qu’elle se prépare pour une nouvelle mission à l’autre bout du monde, la menace d’une éruption majeure de la Soufrière se profile. L’ile est aux abois et Katia va devoir assurer la sécurité de la population…
Ce qu’on en sait
Pour son troisième long métrage, Cyprien Vial opte pour une approche minimaliste qui tranche (agréablement) avec les films catastrophes habituellement inspirés par les éruptions volcaniques. De la même manière, le film se concentre sur les enjeux sociaux et politiques, plutôt que sur le survivalisme, les explosions et les coulées de lave mortelles. Dans les rôles principaux, Marina Fois et Theo Christine emportent l’adhésion. Trop rarement représentée au cinéma, la Guadeloupe est le troisième personnage du film.
Vermiglio
Par J.V
Le pitch
Au cœur de l’hiver 1944. Dans un petit village de montagne du Trentin, au nord de l’Italie, la guerre est à la fois lointaine et omniprésente. Lorsque Pietro, (Giuseppe De Domenico) un jeune soldat, arrive, cherchant refuge, la dynamique de la famille de Cesare (Tommaso Ragno), l’instituteur local, est changée à jamais. Pietro et Lucia (Martina Scrinzi) ; la fille aînée tombent amoureux, ce qui mène au mariage et à un destin inattendu…
Ce qu’on en pense
Après Maternal, l’italienne Maura Delpero filme à nouveau un destin de femme confrontée au patriarcat le plus archaïque. Autour de la figure paternelle, incarnée avec autorité par l’excellent Tommaso Ragno, des femmes de plusieurs générations essaient d’exister. S’en détache le personnage de Lucia (Martina Scrinzi, impressionnante) fille-mère qui, outre les foudres paternelles, aura à affronter le jugement du village. Un drame rural d’une grande justesse, sublimé par des partis pris de mise en scène forts, qui a reçu le Grand Prix à la Mostra de Venise.
Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan
Par J.V
Le Pitch
En 1963, Esther (Leila Bekhti) met au monde Roland (Naïm Naji / Jonathan Cohen), petit dernier d’une famille nombreuse. Roland naît avec un pied-bot qui l’empêche de se tenir debout. Contre l’avis de tous, elle promet à son fils qu’il marchera comme les autres et qu’il aura une vie fabuleuse. Dès lors, Esther n’aura de cesse de tout mettre en œuvre pour tenir cette promesse…
Ce qu’on en pense
Drôle d’idée que de faire jouer à Leïla Bekhti (41 ans) le rôle de la mère de Jonathan Cohen (44 ans). Et difficile pour le spectateur d’accepter cette convention, au prix d’un maquillage excessif et d’un surjeu de l’actrice, qui nous a habitué à des prestations plus en délicatesse. Pour le reste, le film de Ken Scott rempli son office de divertissement « inspiré d’une histoire vraie » . Sans emballer outre mesure, mais sans déplaire non plus.
La Cache
Par J.V
Le pitch
Christophe, 9 ans, vit les événements de Mai 68, planqué chez ses grands-parents, dans l’appartement familial à Paris, entouré de ses oncles et de son arrière-grand-mère. Tous bivouaquent autour d’une mystérieuse cache, qui révèlera peu à peu ses secrets…
Ce qu’on en pense
Pour l’un de ses tout derniers rôles, Michel Blanc fait une prestation impeccable dans cette adaptation du roman éponyme de Christophe Boltanski. Mais la présence au générique de l’acteur disparu n’est pas la seule bonne raison d’aller voir le film de Lionel Baier qui, avec une intelligence constante flirte avec le biopic historique tout en s’autorisant beaucoup de fantaisie.
Prosper
Par J.V
Le pitch
Prosper (Jean-Pascal Zadi), chauffeur Uber à côté de ses pompes, prend comme passager un homme mourant qui vient de se faire tirer dessus. Paniqué, il se débarrasse du cadavre tout en lui volant sa paire de bottines en croco. En les portant, Prosper se retrouve habité par l’esprit de King, un gangster respecté et craint…
Ce qu’on en pense
Une comédie au charme rétro, dont le personnage principal n’est pas sans rappeler ceux incarnés, à sa grande époque, par un certain Pierre Richard. Jean Pascal Zadi n’est ni grand , ni blond, il porte des bottines en croco à la place d’une chaussure noire, mais il se glisse avec un entrain communicatif dans le costume de « sapeur » de Prosper. Dommage que la réalisation ne soit pas aussi dynamique.