Cinéma

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Cannes 2024: Part 5

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Par Philippe Dupuy

Quel beau film d’ouverture (ou de cloture) aurait pu faire Marcello mio , le nouveau film de Christophe HonoréPour la compétition par contre, c’est un peu léger. La fin, surtout (lire la critique ici) . Pour rester dans l’ambiance ritale,  rien de tel qu’un petit tour sur la côte Amalfienne avec Parthenope , la divine héroïne du nouveau Paolo Sorrentino. La beauté de son interprête (Celeste Dalla Porta) n’a d’égale que celle de la baie de Naples, ville natale du réalisateur qui lui rend un hommage énamouré et quasi publicitaire. L’office du tourisme local va devoir embaucher pour faire face à l’afflux de réservations… Eviter, par contre, le Motel Destino de Karim Ainouz : les voisins de chambre font décidément trop de bruit ! C’est comme ça qu’on baise au Brésil ? Sinon,  rien de nouveau sous le soleil du nordeste : que ce vague polar, même pas moite, se retrouve en compétition en dit long sur la faiblesse de la sélection 2024. Les derniers films défilent et la palme dort toujours avec Emilia Perez. Il ne reste plus beaucoup de prétendants pour la réveiller. Sean Baker peut-être ? Anora est, en tout cas, le film qu’on aura le plus envie de revoir en salles. L’histoire d’une go-go danseuse futée (Mikey Madison, nouvelle candidate au prix féminin) qui se marie à Las Vegas avec le fils fêtard d’un richissime oligarque Russe. Bingo !  Mais quand la famille débarque de Moscou avec ses gros bras pour exiger le divorce, ça chauffe pour la donzelle…  Rien de particulièrement transcendant dans ce Pretty Woman Tarantinesque, mais un bon film tout simple de temps en temps, ça fait du bien.

 

Cannes 2024: Part 4

Cinéma|

Par Philippe Dupuy

Avec The Substance, film en anglais de la réalisatrice française Coralie Fargeat (Revenge), les sélectionneurs Cannois ont trouvé de quoi assouvir leur nouvelle lubie pour le « film de genre ». Jadis,  ils assommaient les festivaliers avec de grands films historiques russes ou chinois,  dont la critique disait qu’ils étaient « beaux mais chiants« . Désormais,  place aux « films concepts«  de pure mise en scène, si possible futuristes et sanguinolants. Après Titane (Palme d’or 2021),  The Substance pousse les curseurs à fond. Difficile de faire plus superficiel et sanglant. L’histoire d’une star de télé vieillissante (Demi Moore) qui découvre un programme secret lui permettant de retrouver sa jeunesse… Mais une semaine sur deux seulement ! La semaine suivante,  elle retrouve son enveloppe corporelle habituelle. A condition de respecter le protocole : chaque jour de plus passé dans sa nouvelle identité (en Margaret Qualley) se paie de 10 ou 20 ans de plus dans l’ancienne. Facile de deviner ce qui va se passer dans ce Portrait de Dorian Gray 2.0 à l’esthétique publicitaire qui utilise toutes les ficelles du body horror pour un résultat encore plus navrant que Titane. Tous les espoirs sont donc permis au palmarès !  Censé se passer à Hollywood, le film a été en grande partie tourné sur la Côte d’Azur. C’est peut-être là que se niche son génie: impossible de faire la différence !

Après ça, Les Linceuls, nouveau film de David Cronenberg, auquel Coralie Fargeat a presque tout piqué, fait évidemment pale figure en matière de film concept. Vincent Cassel y joue l’inventeur d’un système de « sépulture connectée ». Une caméra embarquée dans le linceul retransmet en direct sur l’écran digital de la tombe la décomposition du cadavre ! Riche idée, à partir de laquelle Cronenberg brode, avec son talent habituel, un thriller horrifique sur les dangers de l’utra connectivité et de l’intelligence artificielle. Ca pourrait être bien (mieux que son précédent en tout cas),  si ce n’était pas aussi long et bavard.  On ne peut pas en dire autant de Caught by the Tide, le nouveau Jia Zhangke  dont les protagonistes n’ont que quelques lignes de dialogue. Le réalisateur Chinois a utilisé des chutes de ses films précédents ( Les Eternels et Still Life notamment) pour raconter une histoire d’amour ratée sur 40 ans de modernisation de la Chine à marche forcée. On y retrouve ses deux acteurs fétiches (Zhao Tao et Zubin Li) que l’on voit vieillir sans le moindre recours aux effets spéciaux. Ca fait du bien !  Bien que banni des grands festivals occidentaux, le cinéma Russe est présent à Cannes avec le nouveau film du dissident Kirill Serebrennikov sur Edouard Limonov, poète, écrivain et activiste d’extrême droite,  qui soutint l’annexion de la Crimée, envoya ses militants combattre pour la Russie dans le Dombass et mourut avant de pouvoir soutenir la guerre en Ukraine, dont il était originaire. Serebrennikov en fait une sorte d’Amadeus Russe,  dans une reconstitution épatante du New York des années 70-80,  sur fond de reprises de Lou Reed et du Velvet Underground. Brillant sur la forme mais louche sur le fond, Limonov, la ballade offre à Ben Whishaw  (le Q des derniers James Bond) un rôle qui pourrait lui valoir un prix d’interprétation…  Si on n’était pas à Cannes, où ils échoient généralement à des inconnus dont l’Histoire oublie aussitôt les noms .

 

Cannes 2024: Part 3

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Par Philippe Dupuy

Et si, à mi-Festival, Jacques Audiard avait déjà plié le game ? Emilia Perez , son nouveau film,  coche toutes les cases d’une belle deuxième Palme d’or : sujet original (un narcotrafiquant qui veut changer de sexe),  traitement qui ne l’est pas moins (avec des passages chantés !), casting sensationnel (Zoe Saldana première candidate au prix d’interprétation et la révélation Karla Sofia Gascon en narco transgenre),  superbe mise en scène, BO géniale (Camille reviens, tout est pardonné)  et ventes à l’international assurées. Il va falloir se lever tôt pour faire mieux.  D’autant que la concurrence n’est pas trés affutée cette année. Lanthimos et Paul Schrader ont déçu avec Kinds of Kindness et Oh, Canada. Le premier est un film à sketches en trois parties et ne brille que par sa cruauté et son casting (Emma Stone, Jesse Plemons, Willem Dafoe, Margaret Qualey). Le second est une adaptation de Russel Banks qui sent le sapin, avec Richard Gere en cinéaste culte en fin de vie,  qui avoue face caméra toutes ses lâchetés à d’anciens étudiants venus le filmer pour un documentaire sur sa vie. Brouillon, dépassé et finalement assez ennuyeux. Sinon, on a bien ri à Un Certain Regard devant Rumours. Une satyre politique saignante du G7 avec Cate Blanchett en chancelière allemande tracassée du radada et Denis Menochet en président français pompeux. Quelque chose entre Ruben Oslund, la série Parlement et le film de zombies !

 

Cannes 2024: Part 2

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Par Philippe Dupuy

Il y a, cette année au Festival, un espace réservé aux films en réalité virtuelle, qui feront l’objet d’un palmares séparé. L’expérience, entre jeu vidéo et trip aux champignons hallucinogènes mexicains,  est assez étonnante et légèrement perturbante. Au point qu’on a cru s’être trompé de porte en assistant à la projection de Megalopolis, le nouveau film de Francis Ford Coppola, de retour en compétition  un demi siècle après Apocalypse Now et Conversation secrète. Comme son titre le laisse présager, Megalopolis est un  peplum retro futruriste totalement barré. On n’y a rien compris,  à part l’intention de départ : tracer un parallèle entre l’état de l’Amérique contemporaine et la chute de l’Empire romain. C’est long (2h18), verbeux (plus de citations que dans un film de JL Godard) , totalement dépourvu d’humour, d’une ambition démesurée et d’une naiveté confondante. Côté direction artitique, ça hésite entre Batman, Les Ailes du désir, Le Mécano de la Générale, Babylon et la pub Dior j’adore. Côté box office,  ce sera surement une catastrophe industrielle.  Mais c’est probablement le dernier geste fou d’un artiste qui a fait tapis (100 millions de budget autoproduit)  pour donner corps à une vision qu’il porte depuis plus de 40 ans. Cela mérite bien que l’on s’y ennuie un peu…

On n’en dira pas autant de Furiosa le nouveau Mad Max de George Miller  qui reproduit consciencieusement la recette du précédent. Tout le monde avait adoré Fury Road… Sauf nous ! Malgré plusieurs tentatives, on n’est jamais arrivé au bout.  Même motif, même punition pour Furiosa qui sera, n’en doutons pas, le blockbuster de l’été.  Dans le genre vociférant, on a largement préféré  City of Darkness, un film de baston (mais pas que) Hong Kongais de Soi Cheang,  présenté en séance de minuit. Là encore,  on a cru s’être trompé de porte avec le festival immersif : bienvenue dans les bas fonds de Kowloon,  où on trace sa route à la faucille et au marteau. Et bonjour la symbolique,  puisque l’action se passe au moment  de la rétrocession à la Chine… Les décors et les scènes de combats sont hallucinants. A côté de tout ça, évidemment, Diamant Brut, le premier film français en compétition fait figure de cousin de province génant.  Ou plutôt de cousine, puisqu’on y suit les efforts désespérés d’une cagole de Fréjus ( Malou Khebizi très convainquante dans le rôle) pour se faire enroler dans le prochain casting de l’Ile de la tentation ou d’une télé réalité du même acabit. Une sorte de « Rosetta djadja« ,  pathétique et totalement inintéressant (sauf d’un point de vue anthropologique), avec un festival de mauvais accents marseillais et de scènes mal jouées. Au Certain Regard,  Les Damnés, film italien de Roberto Minervini, nous refait le coup du Désert des tartares, transposé pendant la guerre de sécession, avec des soldats bleus qui marchent interminablement derrière un charriot,  dans les plaines désolées du far west,  en attendant de rencontrer l’Ennemi. A la fin, c’est le festivalier qui a l’impression d’être damné. 

 

Cannes 2024: Part 1

Cinéma|

Par Philippe Dupuy

Le 77e festival de Cannes s’est ouvert par la plus belle cérémonie qu’il nous ait été donné de voir depuis des lustres au grand auditorium Lumière, avec une Camille Cottin, très classe en maîtresse de cérémonie, un hommage parfait à la présidente du jury Greta Gerwig par Zaho de Sagazan ( reprenant la fameuse scène de Frances Ha dans laquelle elle danse sur Modern Love de David Bowie) et une palme d’or d’honneur remise à Meryl Streep par Juliette Binoche, encore plus émue que la récipiendaire. 35 ans après son prix d’interprétation, l’actriçe américaine qui n’était pas revenue a Cannes depuis Un Cri dans la nuit,  a apprécié sa standing ovation et noté plaisamment que « La vie est courte… Plus que mes discours qui sont toujours trop longs ! ». Ce n’est pas du tout l’avis des festivaliers,  ressortis totalement charmés de sa « Conversation » du lendemain à Debussy.

Deuxième acte, le nouveau film du serial director Quentin Dupieux a parfaitement fait son office d’ouverture en balayant tous les sujets sensibles du moment d’un grand éclat de rire surréaliste (lire la critique). En ouverture de la Semaine de la critique, on a découvert le travail de Jonathan Millet,  qui signe avec Les Fantomes un thriller très réaliste sur la traque de bourreaux syriens par leurs victimes à travers l’Europe. Un talent prometteur ! Pas comme Magnus Van Horn, en compétition avec  La Fille à l’aiguille.  Le Suédois nous a saoulés d’entrée avec ce gros pudding bien misérabiliste sur une serial tueuse de nourrissons au 19e siècle. Ce n’est pas parce qu’on a vu les films de Dreyer ou de Todd Browning et qu’on tourne en noir et blanc que cela produit forcément un chef-d’oeuvre. On passe de la Suède du 19e à l’Islande du 21e siècle pour l’ouverture d’Un Certain Regard avec Ljosbrot (When the Light Breaks), un très joli film de Junar Junarsson sur la jeunesse, le deuil et les caprices du destin,  avec une actrice épatante (Elin Hall) et quelques-uns des plus beaux plans de ce début de Festival.  

 

Cannes 2024: Le programme

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Par Philippe Dupuy

Malgré la présence bienvenue de nouveaux venus Chinois, Indiens, Arabes et Africains, Hollywood et le cinéma français devraient se tailler la part du lion, cette année encore, à Cannes. La sélection officielle, dévoilée le 11 avril par Thierry Frémaux, leur fait la part belle. Cinq films français seront en compétition, dont ceux trés attendus de Jacques Audiard (Emilia Perez avec Zoe Saldana et Selena Gomez) ), Christophe Honoré (Marcello Mio avec Catherine Deneuve et Chiara Mastroianni) et Gilles Lellouche (L’Amour ouf avec Adèle Exarchopoulos et François Civil). Coralie Fargeat, qui a tourné sur la Côte d’Azur une partie de The Substance, un film gore avec Demi Moore,  aura également les honneurs de la compétition. On lui souhaite le même succès que Julia Ducournau avec Titane.  Hors compétition, Quentin Dupieux fera l’ouverture du festival avec Le Deuxième acte qui réunit Lea Seydoux, Vincent Lindon, Louis Garrel et Raphael Quenard. Six autres productions françaises trustent la section Cannes Première dont les nouveaux films de Leos Carax, des frères Larrieu et d’Alain Guiraudie.  Claire Simon (Apprendre) et Daniel Auteuil (Le Fil) seront en séances spéciales et Noemie Merlant (Les Femmes au balcon) en  séance de minuit. Excusez du peu !

La France sera également bien représentée dans la compétition immersive, une nouvelle section incluant des installations de réalité virtuelle collectives, des expériences de réalité mixte, ainsi que des œuvres de vidéo mapping et holographiques… Côté Hollywood, l’évènement est constitué par le retour en compétition de Francis Ford Coppola qui présentera son Megalopolis,  50 ans après sa première Palme d’or. Il y sera en concurrence avec David Cronenberg pour The Shrouds. Kevin Costner (Horizon 1) et George Miller (Furiosa) présenteront leurs films hors compétition. Nicolas Cage sera à l’affiche de The Surfer en séance de minuit et Richard Gere en compétition avec Oh Canada de Paul Schrader. Meryll Streep et  George Lucas recevront, pour leur part, une Palme d’or d’honneur.  Le jury, composé de la scénariste et photographe turque Ebru Ceylan, de l’actrice américaine Lily Gladstone, de l’actrice française Eva Green, de la réalisatrice et scénariste libanaise Nadine Labaki, du réalisateur, producteur et scénariste espagnol Juan Antonio Bayona, de l’acteur italien Pierfrancesco Favino, du réalisateur japonais Kore-eda Hirokazu et de l’acteur et producteur français Omar Sy, sera présidé par  Greta Gerwig (Frances HaBarbie) et siégera sur la Croisette du 14 au 25 mai pour décerner son palmarès. Xavier Dolan présidera le jury du Certain Regard et c’est Camille Cottin qui animera les soirées d’ouverture et de cloture retransmises en direct sur France 2.

 

Ferrari

Cinéma|

Par Ph.D

Le pitch 

C’est l’été 1957. Derrière le spectacle de la Formule 1, l’ancien coureur Enzo Ferrari (Adam Driver) est en crise. La faillite menace l’usine que lui et sa femme, Laura (Penelope Cruz), ont construite à partir de rien dix ans plus tôt. Leur mariage instable a été ébranlé par la perte de leur fils, Dino, un an plus tôt. Ferrari mène une double vie avec Lina Lardi (Shailene Woodley) dont il a eu un autre fils. Pendant ce temps, la passion de ses pilotes pour la victoire les pousse à la limite alors qu’ils se lancent dans la périlleuse course de 1 000 miles à travers l’Italie, la Mille Miglia.

Ce qu’on en pense 

Après Ali, Ferrari. Du Commandatore,  Michael Mann ne retient que la double vie : brisé par la mort de son fils Dino, Enzo trouve le réconfort auprès de sa maitresse et de leur jeune fils, Piero. Mais il vit toujours avec sa femme Laura, qui détient 50% de Ferrari et peut à tout moment le mettre en faillite, alors que la course automobile grève considérablement les finances de l’usine.  Curieux choix pour faire le portrait d’une des personnalités les plus importantes de l’Italie contemporaine .  Et que dire du casting ? Adam Driver en Enzo Ferrari, malgré une vague ressemblance,  il fallait y penser. Penelope Cruz joue sa femme (en forçant le côté hystérique ) et Shailene Woodley sa maîtresse. Aucun des trois ne parle italien. Pas grave : tous les dialogues sont en anglais ! On voit peu de voitures (la plus présente à l’écran est la 403 Peugeot que conduit Enzo) et les scènes de course n’occupent que très peu des 2h10 que dure le film. Dommage, car  elles sont vraiment spectaculaires.  A part le rachat par Fiat,  tout le côté économique,  historique et sociétal est laissé de côté. Le film se regarde sans déplaisir, mais on est (très) loin du « Parrain de la F1″ annoncé.

 

 

César 2024 : Le Palmarès

Cinéma|

Par Ph.D

Un grand vainqueur annoncé (et, à notre avis, surcôté) : Anatomie d’une chute . Des prix de consolation pour le meilleur film français de l’année (Le Règne Animal). Une seule statuette pour le film le plus émouvant : Je Verrai toujours vos visages. La naissance d’une star : Raphaël Quenard, prix de la révélation (et du meilleur discours de réception). Un prix masculin volé à Raphaël Quenard (Arieh Worhalter pour Le Procès Goldman). Un Meilleur film étranger francophone (Simple comme Sylvain).  Un prix féminin mille fois mérité : Sandra Huller. Un invité d’honneur snobé : Christopher Nolan (reparti sans la statuette du meilleur film étranger qui lui était promise pour Oppenheimer). Un César d’honneur mérité pour Agnès Jaoui, (qu’on reverra sans doute l’année prochaine pour Le Dernier des juifs). La vengeance de Judith Godrèche (voir vidéo).  La revanche des femmes réalisatrices… Même Rachida Dati a passé une bonne soirée (et c’est rare pour une ministre de la culture aux César) : autant dire que la cérémonie des César 2024 a été un bon cru. 

 

Le Cercle des neiges

Cinéma|

Par Ph.D

Le Pitch

En 1972, un avion uruguayen transportant une équipe de rugby et ses accompagnateurs s‘écrase en plein cœur des Andes. Les survivants ne peuvent compter que les uns sur les autres pour réchapper au crash et survivre dans les glaces…

Ce qu’on en pense

Auteur d’un des bons films sur le tsunami de décembre 2004 (The Impossible avec Naomi Watts et Ewan McGregor) Juan Antonio Bayona signe pour Netflix la réalisation de ce drame qui raconte l’histoire des survivants du vol 571 qui s’est écrasé dans la Cordillère des Andes en 1972. L’avion transportait les joueurs d’une équipe de rugby et leurs accompagnateurs. Les survivants sont restés plusieurs semaines, sans équipements ni nourriture, dans le froid glacial des hauts sommets Andins, attendant des secours qui ne sont jamais venus. On l’a su bien après,  mais pour ne pas mourir de faim, ils avaient dû se résoudre à manger la chair de leurs compagnons de voyage décédés. Une décision collective qui est au centre du film de JA Bayona, survival mystique et humaniste superbement écrit et réalisé. Sans voyeurisme, ni  recherche du spectaculaire, Le Cercle des neiges montre comment rester humain dans des conditions  inhumaines. Une leçon de cinéma et de (sur)vie. 

Saltburn

Cinéma|

Par Ph.D

Le pitch

L’étudiant Oliver Quick (Barry Keoghan) , qui peine à trouver sa place à l’université d’Oxford, se retrouve entraîné dans le monde du charmant et aristocratique Felix Catton (Jacob Elordi), qui l’invite à Saltburn, le vaste domaine de sa famille excentrique, pour un été qu’il n’oubliera pas de sitôt… 

Ce qu’on en pense

Talent multicarte du cinéma américain où elle officie comme actrice, scénariste et réalisatrice entre deux romans, Emerald Fennell s’est illustrée en 2020 avec Promising Young Woman, l’histoire d’une serial-vengeuse féministe avec Alison Brie et Carey Mulligan qui a décroché l’Oscar du meilleur scénario et épaté la galerie par ses qualités de réalisation. Après une saison à diriger la série Killing Eve, on retrouve la réalisatrice anglaise sur Prime pour un film noir dont le scénario mixe Le Talentueux Mr Ripley (Anthony Minghella) et Theoreme (Pasolini) pour un résultat mitigé. Esthétiquement, la proposition est assez convaincante, le gros budget mis à sa disposition a été bien employé. Le casting est top avec le sexy boy du moment Jacob Elordi (Elvis dans Priscilla) dans le rôle du beau gosse friqué, Barry Keoghan (Mise à mort du cerf sacré, Dunkerque) dans celui du psychopathe en devenir, Richard E. Grant et Rosemund Pike en aristo déglinguée. Le scénario, par contre, sent le réchauffé et la réalisation traîne inutilement en longueur, avec plusieurs scènes faussement provocatrices et vraiment malaisantes dont Barry Keoghan et nous nous serions bien passé. Bref, le film ne manque pas de sel mais n’est pas le brulot sur la lutte des classes qu’il voudrait être.

 

Silent Night

Cinéma|

Par Ph.D

Le pitch

Victime collatérale d’une fusillade entre gangs dans son quartier à la veille de Noël, Brian Godlock (Joel Kinnaman) a perdu son fils et l’usage de sa voix. Sorti de soins intensifs, il décide de  se venger…

Ce qu’on en pense

19 ans après Paycheck, un oubliable thriller futuriste avec Ben Affleck, John Woo sort de sa retraite pour un « revenge movie de noël » (!) produit par Amazon. On l’a peut-être oublié, mais John Woo a été un des cadors du film d’action dans les années 80-90,  imposant à Hollywood le style survolté des productions  hong kongaises de l’époque avec des films comme Broken Arrow, Volte Face, A Toute épreuve ou The Killer.  C’est donc avec curiosité que l’on s’apprête à regarder l’ histoire d’un père de famille  qui décide de se venger du gang responsable de la mort de son gamin. Hélas, passée la scène d’ouverture haletante au cours de laquelle le héros est blessé et son fils tué, il devient évident que le film ne tiendra que sur la mise en scène périmée de John Woo et sur son concept « sans dialogues ». Blessé à la gorge le héros est devenu muet : du coup, les autres protagonistes n’ont pas, non plus, voix au chapitre (une autre explication pourrait être que la grève des scénaristes a privé le film de dialogues). Ceci dit, on s’en passe trés bien,  dans la mesure où Silent Night n’a strictement rien à dire.  Le pire,  c’est que le héros, incarné par l’abominable Joel Kinnaman, non content d’être moche et grimaçant, s’avère être aussi un piètre « vengeur ». Il parviendra, certes, à ses fins,  mais avec toutes les peines du monde et en salopant le boulot. D’où frustration intense du spectateur qui aurait bien aimé que les méchants soient, au moins, proprement zigouillés !

 

Maestro

Cinéma|

Par Ph.D

Le pitch

Le récit de l’amour aussi grandiose que téméraire qui unira toute leur vie le chef d’orchestre et compositeur Leonard Bernstein (Bradley Cooper) et Felicia Montealegre Cohn Bernstein (Carey Mulligan).

Ce qu’on en pense

Le biopic de prestige de Noël est servi sur Netflix. Leonard –West Side Story– Bernstein  par Bradley- A Star is Born– Cooper produit par Spielberg et Scorsese. Ca en jette ! Le début est en noir et blanc pour faire film d’auteur, puis on passe à la couleur, sans raison particulière. Bien que la BO soit entièrement composée des musiques de Lenny B, celle-ci n’intéresse pas particulièrement le réalisateur. West Side Story est à peine cité. L’histoire qu’il a choisi de raconter est celle de l’amour contrarié du maestro avec son épouse Felicia, incarnée par Carey Mulligan. D’abord admise, la bisexualité frénétique de Bernstein finira par la rendre jalouse et malheureuse. Elle mourra d’un cancer dans ses bras, ce qui ne l’empêchera pas de continuer à fumer dans la chambre. Avertissement  : Maestro est le film le plus tabagique que vous verrez en 2023-2024. Pas un plan sans clope !  Bradley Cooper parle du nez,  pas à cause de la fumée mais plutôt de sa prothèse nasale. Il tenait à vraiment ressembler au chef d’orchestre. Peine perdue,  on ne voit que Bradley Cooper surmaquillé jouant le rôle de …  Carey Mulligan, par contre, est géniale. Elle sauve le film sur la fin. Si on n’a pas décroché dans la première heure (quel ennui!), il y a un morceau de bravoure (la reconstitution d’un fameux concert du maître en plan séquence avec une performance oscarisable de BC en chef d’orchestre habité) et Carey Mulligan.  Plutôt que Maestro, le film aurait dû s’intituler Magistral.

The Killer

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Par Ph.D

Le pitch

A Paris, un tueur à gages (Michael Fassbinder) attend patiemment d’éxécuter son contrat. L’échec de sa mission l’obligera à traquer les commanditaires à travers le monde avant qu’eux-mêmes ne le retrouvent…

Ce qu’on en pense

Pour clore son contrat de 5 ans avec Netflix, David Fincher adapte une BD française d’Alexis Nolent et Luc Jacamon. L’histoire d’un tueur à gages solitaire, dont Michael Fassbinder endosse la cape d’invisibilité  (la tenue d’un touriste Allemand que personne ne calcule) et le mantra (« Tiens-toi au plan, n’improvise pas,  ne fais confiance à personne... »). Mise en scène chirurgicale,  voix off censée mettre le spectateur dans la tête du tueur, lenteur assumée,  éclairs de violence, sauts géographiques Jamesbondiens ,  cameo réjouissant de Tilda Swinton, The Smiths dans les écouteurs du tueur… Le film n’a pas fait de vagues à La Mostra de Venise où Netflix espérait peut-être rééditer le coup de Roma, mais il se regarde avec plaisir en streaming. Le scénario en rappelle mille autres (à commencer par celui du Samouraï de Melville) et tient sur une ligne (voir pitch). D’un autre réalisateur que David Fincher, on ne chercherait pas plus loin. Mais s’agissant de l’auteur de Seven, Fight Club Zodiack, Mank et Mindhunter (les deux derniers pour Netflix),  on se demande si, par hasard, ce Killer ne serait pas une incarnation de l’auteur, réduit aux basses oeuvres (tourner une série B pour Netflix), après avoir raté sa cible principale (Mank) ?  Une perspective qui donne presqu’envie de le revoir.

 

Killers of The Flower Moon

Cinéma|

Par Ph.D

Le Pitch

Au début du XXème siècle, le pétrole a apporté la fortune au peuple Osage qui, du jour au lendemain, est devenu l’un des plus riches du monde. La richesse de ces Amérindiens attire aussitôt la convoitise de Blancs peu recommandables qui intriguent, soutirent et volent autant d’argent Osage que possible, avant de recourir au meurtre…

Ce qu’on en pense

Présenté en avant-première  à Cannes 2023 (hors compétition pour ne pas tuer le game), le nouveau chef d’oeuvre de Martin Scorsese arrive enfin sur les grands écrans. Et c’est bien là qu’il faut le voir, toutes affaires cessantes malgré sa durée un tantinet redhibitoire  (3h26 au compteur),  car c’est le plus grand film de l’année. Dans la lignée de The Will Be Blood , le chef d’oeuvre de de Paul Thomas Anderson auquel on ne peut s’empêcher de penser.  Pour sa dixième collaboration avec Scorsese, Robert de Niro y retrouve enfin un rôle à sa (dé)mesure : celui de William « King » Hale , un homme sans pitié qui entraîne son neveu Ernest (Leonardo DiCaprio), à la fois complice et victime, dans un plan machiavélique pour accaparer les richesses des indiens. Un drame historique, épique et sanglant,  réalisé de main de maître par un Scorsese au sommet de son art. 

 

En même temps

Cinéma|

Par Ph.D

Le pitch

A la veille d’un vote pour entériner la construction d’un parc de loisirs à la place d’une forêt primaire, un maire de droite (Jonathan Cohen) essaye de corrompre son confrère écologiste (Vincent Macaigne). Mais ils se font piéger par un groupe de jeunes activistes féministes qui réussit à les coller ensemble. Une folle nuit commence alors pour les deux hommes, unis contre leur gré…

Ce qu’on en pense

Tourné et monté dans l’urgence pour sortir avant les élections, le nouveau film du duo Grolandais Kervern et DelépineI Feel Good,  Effacer l’historique…)  n’est pas la critique du macronisme annoncée par le titre. Tout le monde politique en prend pour son grade dans cette farce anarcho-écolo-féministe à la JP Mocky (si Mocky avait été écolo et féministe) qui met en avant le duo comique formé par Jonathan Cohen et Vincent Macaigne, impayables en maires corrompus piégés des émules provinciales des Femen (les bien nommées Colle-Girls). Trés corrosif et drôle dans sa première partie, avec des dialogues écrits à la sulfateuse, le film faiblit un peu sur la fin (un problème récurrent chez K&D), mais il laisse un souvenir nettement plus réjouissant que la campagne électorale. Votez Kervern et Delépine !