Cannes 2022: Part 1
Par Philippe Dupuy
Même motif , même punition : la billetterie électronique du Festival, inaugurée l’an dernier pour soit disant faciliter l’accès aux séances, a rendu hystériques les accrédités deux jours avant la cérémonie d’ouverture. Pannes, bugs, plantages, soupçons de cyber attaque Russe… Dans l’impossibilité de réserver la moindre séance, un bon nombre de critiques sont arrivés à Cannes sans être certains de pouvoir voir un seul film. Stressant ! Il a fallu se lever à l’aube et s’armer de patience pour parvenir enfin à obtenir les précieux sésames des deux premiers jours. Mais pour les suivants rien n’est sûr. Il va probablement encore falloir batailler ferme sur le site de réservation pour pouvoir faire son travail. Quelle drôle d’idée aussi de vouloir voir des films à Cannes…
La cérémonie d’ouverture était retransmise pour la première fois en direct par France 2, qui a mis les grands plats dans les trés grands pour remplacer Canal + et assurer la couverture du Festival. Après quelques cafouillages sur la montée des marches (on a quand même raté l’arrivée du jury), ça s’est arrangé pour la cérémonie proprement dite qui a été présentée, avec une louable sobriété, par Virginie Efira. Vincent Delerm a même réussi à faire chanter « Que je t’aime » à l’unisson par la salle. Un joyeux moment après le discours-fleuve du président du jury Vincent Lindon, la palme d’or d’honneur décernée à Forest Whitaker et l’intervention surprise, en direct de Kiev, du président ukrainien Volodymyr Zelinsky, qui a réussi à citer Chaplin et Apocalypse Now. Historique !
Place ensuite au film d’ouverture, Coupez ! de Michel Hazanavicius qui s’intitulait à l’origine Z comme Z, mais a changé de titre pour qu’on n’y voit pas de référence au sigle de l’armée d’invasion Russe en Ukraine. Un vrai-faux film de zombies hilarant qui est aussi un hommage au cinéma de genre que le Festival cherche à réhabiliter depuis quelques années. Parfait pour détendre l’atmosphère et lancer la quinzaine.
Premier film en compétition, La Femme de Tchaïkovski, du Russe (dissident) Kirill Sebrennikov est l’histoire d’un amour fou mais à sens unique. Apparemment, le compositeur préférait les garçons… Après le foutraque La Fièvre de Petrov, Serebrennikov change totalement de manière et signe grand film Russe à la mise en scène impressionnante et à la photo magnifique, mais guetté par la boursouflure (2h23 au compteur). Heureusement, il y a une actrice formidable Alyona Mikhailova. Retenez ce nom, on en reparlera sans doute pour le Prix d’interprétation. Sinon, il paraît que Tom Cruise était là pour un petit film d’avion mais on ne l’a pas vu.
Cannes 2022: 75 e édition
Par Philippe Dupuy
Etaient-ce le départ prochain de Pierre Lescure, celui de Canal + (remplacée par France TV , Brut et Tik Tok), les incertitudes liées à la crise sanitaire, la conjoncture internationale, l’entre deux tours, la perspective d’une tutelle FN ? Toujours est-il que Thierry Frémaux avait la tête des mauvais jours, ce 14 avril pour présenter la sélection officielle du 75e Festival de Cannes. Une conférence de presse réduite à sa plus simple expression (pas de questions), sans cérémonial, ni grandes annonces, tenue devant un auditoire dispersé dans l’immense salle du Normandie, désertée par les journalistes qui préfèrent désormais la suivre en ligne. Même le 75e anniversaire du Festival a été expédié comme une formalité : il sera fêté le 24 mai avec « de nombreux cinéastes », a annoncé en substance le délégué général. Okay ! Quid de la sélection ? Elle a été « difficile à établir« avoue Frémaux. 2200 films ont pourtant été présentés aux sélectionneurs, qui n’en ont retenu qu’une petite cinquantaine (contre 80 l’an dernier). En compétition, on verra les nouveaux Bruni-Tedeschi, Cronenberg, Dardenne, Claire Denis, Desplechin, James Gray, Kore-eda, Cristian Mungiu, Ruben Oslund, Park Chan-wook, Kelly Richard, Kyrill Sebrennikov et Jerzy Skolimowski. Hors compétition, Coupez ! de Michel Hazanavicius, un vrai faux film de zombies avec Romain Duris, fera l’ouverture. Top Gun 2 permettra à Tom Cruise de recevoir une Palme d’honneur. Nicolas Bedos présentera son film tourné à Nice (Mascarade) et Cédric Jimenez (Bac Nord) celui sur les attentats du 13 novembre. On verra aussi le nouveau George Miller (3000 ans à t’attendre) et Elvis de Baz Luhrmann fera rocker le building. En séance spéciale, David Bowie et Jerry Lee Lewis lui donneront la réplique dans un film de montage pour l’un et un biopic signé Ethan Coen pour l’autre. Côté géopolitique et diplomatie, il y aura un Russe dissident (Kirill Serebrennikov) en compétition et un Ukrainien (Serguei Loznitsa) en Séance Spéciale. C’est Vincent Lindon qui présidera le jury et Virginie Efira qui fera la maîtresse de cérémonie. Ouverture le 17 mai, sans protocole sanitaire particulier puisque les dernières restrictions ont été levées. Les stars du monde entier seront de retour sur le tapis rouge après une édition annulée et une décalée au mois de juillet.
Loin du périph
Par Ph.D
Le Pitch
Dix ans après avoir fait équipe, Ousmane (Omar Sy) et François (Laurent Lafitte), deux flics que tout oppose, reforment à contrecœur leur tandem de choc. Pas franchement ravis de se retrouver, ils mettent le cap sur une petite ville des Alpes pour enquêter sur un meurtre particulièrement sordide. Mais, alors qu’ils pensent avoir élucidé l’affaire, Ousmane et François découvrent une réalité bien plus terrifiante encore ! De surprises en rebondissements, leur escapade loin du périph les pousserait même à s’apprécier …
Ce qu’on en pense
On n’avait pas gardé un mauvais souvenir de De l’autre côté du périph, tentative de buddy movie à la française signé David Charhon, dans lequel Omar Sy et Laurent Lafitte faisaient équipe pour jouer à good cop/bad cop. Dix ans plus tard, ils retrouvent leur personnage devant la caméra du tâcheron Louis Letellier (Le Transporteur, Danny the Dog…), auquel le succès de la série Lupin a visiblement donné du galon chez Netflix. Le premier film jouait sur l’opposition Paris/Banlieue avec un flic issu de la capitale (Lafitte) et l’autre des cités (Omar Sy). Cette fois, les deux sont envoyés enquêter en province, mais le film joue plutôt sur les clichés racistes que sur l’opposition Paris/Province. Gags lourdingues et répétitifs, scènes de baston inutiles, dialogues surécrits, intrigue sans intérêt… Loin du périph pas de salut pour cette comédie policière ultra formatée dans laquelle Omar Sy, Laurent Lafitte et Izia Higelin cachetonnent sans forcer leur talent.
Appolo 10 1/2
Par Ph.D
Le Pitch
Inspiré de la vie du cinéaste oscarisé Richard Linklater, Apollo 10 1/2 : Les fusées de mon enfance dresse un portrait de la vie aux États-Unis dans les années 60, entre passage à l’âge adulte, regard sur la société et aventure d’un autre monde.
Ce qu’on en pense
Prolifique et éclectique, Richard Linklater (Before Sunrise, A Sacnnaer Darkly, Bernie, Boyhood…) n’en finit pas de surprendre. Pour mettre en scène ses souvenirs d’une enfance américaine dans les années 60, il utilise cette fois le procédé d’animation rotoscopique qui consiste à transformer en dessin animé des séquences filmées de manière traditionnelle. Cela donne au film un côté à la fois naïf et hyper réaliste qui lui sied à merveille. Vexé de s’être endormi devant la retransmission en direct de l’alunissage d’Appolo 11, le jeune Linklater, natif d’Houston, s’imagine que la NASA était venu le recruter pour effectuer une mission d’essai préalable baptisée Appolo 10 1/5. Un programme ultra secret pour lequel il avait dû raconter à ses parents qu’il partait en camps de vacances pour l’été, alors qu’il se formait comme cosmonaute à la Nasa, puis effectuait un aller-retour express Terre Lune en laissant, avant Armstrong et consorts l’empreinte de ses pas dans la poussière lunaire. Mais plus que l’évocation de cette mission spatiale imaginaire, le film raconte le quotidien d’ une famille nombreuse (6 enfants) de la classe moyenne aux Etats-Unis dans les années 60. Un petit bijou de nostalgie amusée qui rappellera des souvenirs aux baby boomers des deux côtés de l’Atlantique et devrait épater leurs enfants et petits enfants tant l’éducation des enfants a changé en un peu plus d’un demi-siècle. Un film à voir en miroir avec My Favorite War sur Netflix, dans lequel la réalisatrice Lettone Ilze Burkovska Jakobsen se souvient de son enfance sous le rideau de fer à la même époque.
Metal Lords
Par Ph.D
Le pitch
Kevin (Jaeden Martell) et Hunter (Adrian Greensmith), deux ados pas vraiment populaires dans leur lycée, se jettent à fond dans le métal afin de remporter la Battle of the Bands, d’accéder à la gloire… Et d’être vénérés comme des dieux ! Ils vont pour cela avoir besoin de l’aide d’Emily (Isis Hainsworth), une camarade de classe bipolaire mais musicale douée…
Ce qu’on en pense
Un petit collège movie musical, qui tient beaucoup sur le charme des trois acteurs principaux (Jaeden Martell, Adrian Greensmith, Isis Hainsworth) et sur la tendresse du regard que porte le réalisateur Peter Sollett (Free Love, Vinyl) sur ses personnages d’ados complexés mais prêts à tout pour se faire mousser aux yeux de leurs camarades. Mention spéciale à celui d’Isis, anglaise expatriée dans ce bled yankee, dont les mauvaises manières, les coups de colère et le langage ordurier sont un vrai bonheur. Le film est co-produit par Tom Morello, le guitariste de Rage Against The Machine qui fait un caméo avec son pote de Metallica Kirk Hammett et quelques autres stars du metal rock, qui jouent plaisamment avec leur image et celle de leur musique tonitruante. Sympa !
En même temps
Par Ph.D
Le pitch
A la veille d’un vote pour entériner la construction d’un parc de loisirs à la place d’une forêt primaire, un maire de droite (Jonathan Cohen) essaye de corrompre son confrère écologiste (Vincent Macaigne). Mais ils se font piéger par un groupe de jeunes activistes féministes qui réussit à les coller ensemble. Une folle nuit commence alors pour les deux hommes, unis contre leur gré…
Ce qu’on en pense
Tourné et monté dans l’urgence pour sortir avant les élections, le nouveau film du duo Grolandais Kervern et Delépine ( I Feel Good, Effacer l’historique…) n’est pas la critique du macronisme annoncée par le titre. Tout le monde politique en prend pour son grade dans cette farce anarcho-écolo-féministe à la JP Mocky (si Mocky avait été écolo et féministe) qui met en avant le duo comique formé par Jonathan Cohen et Vincent Macaigne, impayables en maires corrompus piégés des émules provinciales des Femen (les bien nommées Colle-Girls). Trés corrosif et drôle dans sa première partie, avec des dialogues écrits à la sulfateuse, le film faiblit un peu sur la fin (un problème récurrent chez K&D), mais il laisse un souvenir nettement plus réjouissant que la campagne électorale. Votez Kervern et Delépine !
En Corps
Par J.V
Le pitch
Elise (Marion Barbeau), 26 ans est une grande danseuse classique. Elle se blesse pendant un spectacle et apprend qu’elle ne pourra plus danser. Dès lors sa vie va être bouleversée. Entre Paris et la Bretagne, au gré des rencontres et des expériences, des déceptions et des espoirs, Elise va se rapprocher d’une compagnie de danse contemporaine. Cette nouvelle façon de danser va lui permettre de retrouver un nouvel élan et aussi une nouvelle façon de vivre…
Ce qu’on en pense
Un film de danse signé Cédric Klapisch : on prend ! Après une séquence d’introduction virtuose, la réalisation alterne chorégraphies et de scène de comédie dans lesquelles interviennent de beaux seconds rôles ( Muriel Robin, Pio Marmaï , François Civil…). L’intérêt faiblit un peu à mi-parcours et on regrette que le cinéaste ne prenne pas plus de risques dans le traitement visuel. Mais dans l’ensemble la proposition séduit et on passe un bon moment.
Black Crab
Par Ph.D
Le Pitch
Dans un futur apocalyptique, la Suède est en guerre. Une escouade est chargée de transporter une arme bactériologique jusqu’à une base secrête située à l’autre bout d’une immensité gelée qui ne peut être traversée qu’à pied. Parmi les soldats recrutés pour cette mission-suicide, Caroline Edh (Noomi Rapace) a l’espoir de retrouver sa fille qui aurait pu trouver refuge dans cette base…
Ce qu’on en pense
Un pays nordique en guerre, un virus mortel … On pourrait rêver mieux, pour se changer les idées que ce film Netflix, dont Noomi Rapace (l’inoubliable Lisbeth Salander des premiers Millenium) est la vedette. D’autant que le pitch est légèrement tiré par les cheveux. Pourquoi envoyer des hommes traverser un lac gelé en patins à glace alors qu’il existe des hélicoptères? Et s’il s’agissait de répandre un virus au risque de tuer tout le monde , pourquoi diable aller le faire au fin fond du pays et pas sur la ligne de front? Avec ce pauvre scénario, le réalisateur Adam Berg ne s’en tire pas si mal. Les séquences de traversées d’étendues glacées sont trés belles, l’action est soutenue et les personnages sont intéressants, à commencer par celui de mère-courage incarné par Noomi Rapace. Le suspense sur la réussite de la mission et son objectif réel est assez bien tenu, avec en filigrane cette question qui doit se poser à tous les soldats de toutes les guerres : comment être sûr d’appartenir au bon camp ? A l’arrivée, même si le scénario patine encore plus que les protagonistes, cela donne une petite série B d’anticipation guerrière tout à fait regardable.
Eaux profondes
Par Ph.D
Le pitch
Vic et Melinda Van Allen (Ben Affleck, Ana de Armas) forment un couple aisé de la Nouvelle-Orléans, dont le mariage s’écroule sous le poids de la rancœur, de la jalousie et du doute. Alors que leurs provocations et manipulations mutuelles s’intensifient, les choses se transforment rapidement en un jeu du chat et de la souris mortel lorsque les amants de Melinda commencent à disparaître les uns après les autres…
Ce qu’on en pense
Pale remake du film éponyme de Michel Deville avec Isabelle Huppert et Jean-Louis Trintignant (lui même adapté du roman de Patricia Highsmith) , cette production Amazon confiée au vétéran du thrieller érotique Adrian Lyne (9 semaines et demi, Liaison fatale, Infidèle…) faisait plutôt envie avec, au casting, Ben Affleck et l’héroïne surprise du dernier James Bond, la pétulante Ana de Armas. Hélas, après un début plutôt prometteur lui aussi, le scénario et la réalisation patinent dans la semoule jusqu’à un final totalement raté. Ni érotique, ni captivant, ni effrayant, ni profond (justement), le film s’étire interminablement. Seule la photo et la présence des deux acteurs justifient qu’on y jette un oeil, si on n’a rien de mieux à faire…
Oscars 2022 : Le contre-Palmarès
Par la rédaction
La 94e cérémonie des Oscars s’est tenue le 27 mars à Hollywood. La soirée a été marquée par la gifle publique de Will Smith à l’animateur Chris Rock qui avait fait une blague de mauvais goût sur le crane rasé de Jada Pinkett Smith atteinte d’Alopecie (voir vidéo). Une première dans l’histoire trés policée des Oscars ! Le palmarès a confirmé le poids des plateformes de streaming dont les productions dominaient les nominations dans toutes les catégories. C’est ainsi un film Apple TV+, CODA qui remporte l’Oscar du meilleur film. Plutôt inattendu pour un remake franco-américain de La Famille Bêlier… The Power of the Dog de Jane Campion qui partait favori avec 12 nominations, permet à la réalisatrice de décrocher l’Oscar mérité de la meilleure réalisation et Dune de Denis Villeneuve, seul blockbuster en lice, raffle assez de récompenses techniques (6) pour ne pas que les studios se sentent totalement humiliés. Chez les acteurs/actrices, Will Smith (repentant et pleurnichant) l’emporte pour le trés médiocre La Méthode Williams et Jessica Chastain pour l’abominable Dans les yeux de Tammy Faye. Le film étranger (que de rares membres d el’Académie ont du voir en entier) va évidemment à Drive My Car , primé à Cannes. Bref, un palmarès bien pourri, à l’image d’une année placée entre pandémie et guerre en Ukraine. Voici donc notre contre palmarès
Meilleur film : The Power of the Dog
Meilleur acteur : Andrew Garfield (Tick, Tick…Boom !)
Meilleur acteur second rôle : Kodi Smit-McPhee (The Power of the Dog)
Meilleure actrice: Kristen Stewart (Spencer)
Meilleure actrice second rôle :Jessie Buckley (The Lost Daughter)
Meilleur réalisateur : Paul Thomas Anderson (Licorice Pizza)
Meilleur film étranger : Julie (en 12 chapitres)
Dans les yeux de Tammy Faye
Par Ph.D
Le Pitch
Partis de rien, Tammy Faye (Jessica Chastain) et son mari Jim Bakker (Andrew Garfield) parviennent – dans les années 1970 et 1980 – à créer la plus grande chaîne de télévision évangélique au monde, ainsi qu’un parc à thème d’inspiration religieuse. On les adule alors pour leur message d’amour, de tolérance et de prospérité. Tammy Faye devient une icône avec ses faux cils permanents, ses talents très singuliers de chanteuse et son irrépressible envie de tendre la main à tous ceux qui croisent sa route. Mais sous ce vernis, les malversations financières, les manigances de rivaux et les scandales vont bientôt provoquer la chute de cet empire si minutieusement bâti…
Ce qu’on en pense
Privé de sortie en salles par le Covid, ce biopic tiré d’un documentaire dont Jessica Chastain avait acquis les droits après l’avoir vu, débarque sur Disney + pile poil avant les Oscars où l’actrice est nommée pour son rôle de télévangéliste vedette impliquée dans un scandale financier. Volontairement kitsch pour coller au sujet, le film fait mal aux yeux de ce côté ci de l’Atlantique, peu familier de l’univers pailleté et outrancier de l’évangélisme télévisuel. Si le destin contrarié du couple Tammy Faye /Jim Bakker, incarné avec gourmandise par Jessica Chastain et Andrew Garfield, ne passionne guère, la prestation des deux acteurs ne laisse pas indifférent. Surtout celle de Jessica Chastain, méconnaissable sous des kilos de rimel, de faux cils et de faux ongles mais qui parvient quand même à rendre son personnage humain et émouvant.
I Love America
Par Ph.D
Le pitch
Réalisatrice en quête d’inspiration, Lisa (Sophie Marceau) décide de changer de vie en quittant Paris pour Los Angeles. Ses enfants ont quitté le nid familial et sa célèbre mère (Sophie Verbeek), absente durant toute sa vie, vient juste de mourir : Lisa a donc besoin d’un nouveau départ ! Elle y retrouve son meilleur ami Luka (Djanis Bouzyani) qui a réussi aux Etats-Unis en montant un célèbre bar de drag queens. Luka se donne pour mission d’aider Lisa à relancer sa vie sentimentale éteinte depuis trop longtemps en lui créant un profil sur un site de rencontres. Entre des rendez-vous gênants et une histoire inattendue avec John (Colin Woodell) , Lisa comprend que la véritable rencontre est avec elle-même, si elle arrive à pardonner à celle qui fut son premier amour… sa mère.
Ce qu’on en pense
Comme on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même, Lisa Azuelos (Lol, Mon bébé) a décidé de réaliser son propre biopic. Et qui mieux que Sophie Marceau pour l’incarner ? L’actrice a déjà plus ou moins joué le rôle dans Lol et Mon Bébé, largement inspirés de l’expérience de mère de la réalisatrice. Ici, c’est plutôt de sa vie sexuelle qu’il s’agit, puisqu’arrivée aux Etats-Unis et sur les conseils de son meilleur ami (forcément gay et forcément riche), Lisa décide de se lancer dans les rencontres Tinder. S’en suit une série d’expériences désolantes jusqu’à la rencontre d’un beau gosse bien sous tous rapports (y compris sexuels), avec lequel elle entamera une véritable histoire d’amour. Entre pub pour l’Office du Tourisme de Los Angelès et spot promo pour Tinder, le film permet à Sophie Marceau d’exposer sa plastique de Milf et à Lisa Azuelos de régler ses comptes avec sa défunte, célèbre et abandonniste maman, Marie Laforêt, jouée par une autre Sophie (Verbeek). Ce faisant elle réussit un joli doublé : des vacances aux States et une psychanalyse aux frais de la princesse. Le spectateur n’aura, fort heureusement, rien à débourser lui non plus, pour voir cette niaiserie, puisque le film est diffusé directement sur la plateforme de streaming d’Amazon.
A plein temps
Par J.V
Le Pitch
Julie (Laure Calamy) se démène seule pour élever ses deux enfants à la campagne et garder son travail dans un palace parisien. Quand elle obtient enfin un entretien pour un poste correspondant à ses aspirations, une grève générale éclate, paralysant les transports. C’est tout le fragile équilibre de Julie qui vacille. Elle va alors se lancer dans une course effrénée, au risque de sombrer….
Ce qu’on en pense
Laure Calamy crève (une fois de plus) l’écran dans ce « thriller du quotidien » mené pied au plancher par Eric Gravel (Crash Test Aglaé). Un exercice de style virtuose, rythmé par la BO électro d’ Irène Drésel. Mais à trop vouloir tenir le spectateur en haleine, le suspens finit par devenir artificiel et nuit au réalisme recherché par le scénario dans ce protrait de femme combattante.
Alerte Rouge
Par Ph.D
Le pitch
Meilin Lee, une jeune adolescente de 13 ans, pleine d’assurance, est tiraillée entre son image de petite fille modèle aux yeux de sa mère hyper protectrice et le chaos de l’adolescence. Et comme si tous les changements qui s’opèrent en elle ne suffisaient pas, chaque fois qu’elle est débordée par ses émotions – ce qui, pour une ado, arrive quasiment tout le temps – elle se transforme en panda roux géant !
Ce qu’on en pense
Après Soul et Luca, Alerte Rouge est le troisème film Pixar à sortir directement sur Disney + sans passer par la case des salles de cinéma. Pas trop grave en l’occurence : cette comédie, qui lorgne visiblement sur le marché Chinois (bien que l’action se situe à Toronto la jeune héroïne et ses parents ont des origines asiatiques) et sur celui des pré-ados, est assez éloignée des standards de production Pixar pour le cinéma, en termes de graphismes et de mise en scène, comme de scénario. La seule originalité tient dans la symbolique assez audacieuse du Panda Roux, qui représente à la fois les règles (le titre Alerte Rouge, est plus direct), l’éveil de la sexualité et les bouffées d’émotions difficiles à contrôler de la puberté et de l’adolescence. Pour la jeune héroïne, l’enjeu sera d’apprendre à « maitriser son Panda » plutôt que de l’intérioriser par un rituel magique comme sa mère et sa grand-mère avant elle. Bref, de s’accepter pleinement en tant que femme...
CODA
Par Ph.D
Le pitch
Dans une ville de pêcheurs du Massachusetts. Ruby (Emilia Jones), dix-sept ans, est l’unique membre de sa famille à ne pas être atteint de surdité – également désignée comme CODA, acronyme de l’anglais pour « child of deaf adults ». Sa vie se résume à servir d’interprète pour ses parents et, chaque jour, à aider son père et son frère sur le bateau de pêche familial avant de se rendre à l’école. Lorsque Ruby s’inscrit à la chorale du lycée, elle se découvre un don pour le chant et s’éprend de son partenaire Miles (Ferdia Walsh-Peelo). Encouragée par son professeur (Eugenio Derbez) aussi enthousiaste qu’exigeant à postuler dans une prestigieuse école de musique, Ruby se retrouve vite écartelée entre les obligations qu’elle croit devoir à sa famillle et la poursuite de ses rêves.
Ce qu’on en pense
Remake américain de La Famille Bélier, confié à la réalisatrice de séries Siân Heder (Orange is The New Black, Little America, Glow), CODA a créé la surprise à Sundance en remportant 4 prix majeurs (grand prix du jury, prix du public, prix de la meilleure mise en scène et prix d’interprétation collectif pour l’ensemble du casting). Il se retrouve nommé aux Oscars avec de bonnes chances de gagner encore une statuette ou deux. Pas si fréquent pour un remake qu’Apple TV+ a eu la bonne idée d’acheter et de diffuser en France avant la cérémonie. On y retrouve le mélange d’histoire d’amour adolescente, de mélo familial, de film social et de musical qui a fait le succès du film original, adapté au public américain. L’histoire est située sur la Côte Est des Etats Unis, les parents sourds sont pêcheurs (et toujours chauds lapins) et les chansons de Michel Sardou sont avantageusement remplacées par du Joni Mitchell, de la Soul ou du Clash. C’est l’actrice anglaise Emilia Jones (vue dans Ghostland) qui remplace Louane dans le rôle principal, avec un physique assez similaire et une aussi belle voix. Cela reste quand même du gros mélo sentimental et on s’étonne de retrouver un tel film aussi bien placé dans la course aux Oscars.