Vaiana 2
Par J.V
Le pitch
Après avoir reçu une invitation inattendue de ses ancêtres, Vaiana entreprend un périple qui la conduira jusqu’aux eaux dangereuses situées aux confins des mers des îles du Pacifique…
Ce qu’on en pense
Huit ans après le succès de Vaina : la légende du bout du monde , Disney livre une suite colorée et gentillette. Les graphismes et l’animation sont toujours tops, mais le scénario ne réserve guère de surprises. Pas ou peu d’enjeux, des chansons vite oubliées et des personnages sous-exploités. Ce sera sans doute pour un probable 3e opus…
Leni Riefenstahl
Par J.V
Le pitch
Leni Rifenstahl a été actrice, monteuse, réalisatrice. Elle a créé des images iconiques. Elle a été proche du régime nazi. Qui était-elle ? Une opportuniste ? Une manipulatrice ? Une visionnaire ? Ses archives personnelles, accessibles pour la première fois, la révèlent enfin, dans toute sa complexité, son ambiguïté…
Ce qu’on en pense
Propagandiste du Troisième Reich, Leni Riefenstahl est essentiellement connue pour avoir mis en scènes les Jeux Olympiques de Berlin 1936 dans un film, Dieux du stade, qui participa de la fascination pour le régime nazi. Le documentariste allemand Andres Veiel a plongé dans ses archives personnelles, inexploitées, pour en extraire près de deux heures de documents (interviews, prises de paroles…) dans lesquels la réalisatrice parle de son travail et dévoile sa proximité avec la pensée hitlérienne. Son film laisse ainsi au spectateur le soin de juger s’il convient ou non de « séparer la femme, de l’œuvre« .
Animale
Par J.V
Le pitch
Nejma (Oulaya Amamra), s’entraine dur pour réaliser son rêve et remporter la prochaine course camarguaise, un concours où l’on défie les taureaux dans l’arène. Mais alors que la saison bat son plein, des disparitions suspectes inquiètent les habitants. Très vite, la rumeur se propage : une bête sauvage rôde…
Ce qu’on en pense
Présenté en clôture de la Semaine de la critique à Cannes 2024, le second long métrage d’Emma Benestan (Fragile) a marqué les esprits. Animale porte bien son tire : puissant, féministe et engagé, ce thriller naturaliste, abrupt et audacieux, emprunte au fantastique pour faire vivre au spectateur la souffrance intérieure de son héroïne (étonnante Oulaya Amamra) dont le corps se transforme. Après Le Règne animal, une nouvelle réussite du cinéma de genre à la française.
En Fanfare
Par Ph.D
Le pitch
Thibaut (Benjamin Lavernhe) est un chef d’orchestre de renommée internationale qui parcourt le monde. Lorsqu’il apprend qu’il a une leucémie, sa vie s’effondre… Mais l’espoir renaît lorsqu’on lui confie qu’il a été adopté et que son frère Jimmy (Pierre Lottin), qu’il n’a jamais vu, pourrait le sauver. Thibaut se rend alors dans le nord de la France rencontrer cet employé de cantine scolaire et joue du trombone dans une fanfare du nord de la France. En apparence, tout les sépare, sauf l’amour de la musique…
Ce qu’on en pense
Après Un triomphe, dans lequel Kad Merad animait un atelier de théâtre en prison, Emmanuel Courcol récidive dans la « dramédie » sociale avec ce nouveau film, qui mêle avec bonheur humour et émotion, comédie et fond social. Benjamin Lavernhe et Pierre Lottin sont formidables en orphelins élevés dans deux familles adoptives de niveau social très différent. Le scénario évite les trop faciles clichés sur l’opposition entre Paris et Province, bourgeoisie et monde ouvrier, musique classique et fanfare. Et la mise en scène trouve d’emblée le bon rythme pour une comédie sociale à l’anglaise, sans lourdeurs, ni niaiserie. C’est tellement rare dans le cinéma français qu’on lui souhaite de faire… un triomphe !
Grand Tour
Par J.V
Le pitch
Rangoon, Birmanie, 1918. Edward (Gonçalo Waddington), fonctionnaire de l’Empire britannique, s’enfuit le jour où il devait épouser sa fiancée, Molly (Crista Alfaiate). Déterminée à se marier, celle-ci part à la recherche d’Edward et suit les traces de son Grand Tour à travers l’Asie.
Ce qu’on en pense
Récompensé à Cannes 2024 d’un prestigieux prix de la mise en scène, le nouveau film du Portugais Miguel Gomes confirme sa place au panthéon des grands auteurs européens de cinéma. Grand Tour porte bien son titre: il emporte le spectateur dans un univers romantique échevelé et foisonnant, sans cesse dépaysant. Un voyage en noir et blanc au pays du grand cinéma.
Les Reines du drame
Par Ph.D
Le pitch
2055 : Steevyshady (Bilal Hassani) , youtubeur hyper botoxé raconte le destin incandescent de son idole, la diva pop Mimi Madamour (Louiza Aura) , du top de sa gloire en 2005 à sa descente aux enfers, précipitée par son histoire d’amour avec l’icône punk Billie Kohler (Gio Ventura). Pendant un demi-siècle, ces reines du drame ont chanté leur passion et leur rage sous le feu des projecteurs…
Ce qu’on en pense
Du cinéma queer dans toute sa splendeur : kitsch, outré, provoquant, ultra coloré, disco, jacassant, cru et sexy. Repéré en festivals pour ses courts métrages, Alexis Langlois signe un premier long qui fera date en s’emparant des codes de la télé réalité et en les pervertissant dans un spectacle de cabaret d’anticipation foldingue. Difficilement supportable pour le spectateur lambda à ce niveau de kitsch et de queerness (on a les yeux et les oreilles qui saignent !), le film a de bonnes chance de devenir culte pour le public ciblé. Etonnant qu’il n’ait pas été présenté à Cannes 2024 : la queer palm lui était assurée.
Je ne me laisserai plus faire
Par Ph.D
Le pitch
Anticipant, faute de moyens, une expulsion de son Ehpad après la mort de son fils et unique soutien, Émilie (Yolande Moreau) , septuagénaire rebelle à la vie cabossée, décide de se lancer dans une cavale vengeresse contre tous ceux qui lui ont fait du mal. Au cours de sa folle épopée, la justicière des bourgs périphériques, qui tranche dans le vif pour redresser les torts, est rejointe par Linda (Laure Calamy), douce femme de ménage avec qui elle a tissé des liens à la maison de retraite. Laquelle, n’ayant pas plus à perdre qu’Émilie, décide à son tour d’entrer en guerre contre ceux qui l’ont humiliée. Bientôt, le duo est mollement traqué par un binôme de flics, un homme (Raphaël Quenard) et une femme (Anna Mouglalis) à la dérive …
Ce qu’on en pense
Sans son compère Delépine et pour Arte, Gustave Kervern signe avec ce Thelma et Louise de banlieue sa première réalisation en solo. L’univers ne change pas, le ton punk et revanchard non plus. Le film embarque Yolande Moreau et Laure Calamy dans une équipée vengeresse post #MeToo : les patrons, banquiers et propriétaires abusifs, les violeurs et les harceleurs en prennent pour leur grade pendant que les flics (Raphaël Quenard et Anna Mouglalis), qui ont leurs propres plaies à cicatriser, enquêtent sans se presser, entre deux bitures. On croise Jonathan Cohen et Marie Gillain en couple, Alison Wheeler en directrice d’Ehpad, Olivier Saladin, Philippe Duquesne, Aurelia Petit et Corrine Masiero dans un micro rôle. C’est grinçant et décapant, toujours aussi désespéré, un peu cruel. C’est du Kervern et Delépine sans Delépine, mais ça ne se voit pas.
La plus précieuse des marchandises
Par Ph.D
Le Pitch
Il était une fois, dans un grand bois, un pauvre bûcheron et une pauvre bûcheronne. Le froid, la faim, la misère, et partout autour d’eux la guerre, leur rendaient la vie bien difficile. Un jour, la bûcheronne recueille un bébé, jeté d’un des nombreux trains qui traversent sans cesse leur bois. Protégée quoi qu’il en coûte, cette « petite marchandise » va bouleverser la vie de cette femme, de son mari , et de tous ceux qui vont croiser son destin, jusqu’à l’homme qui l’a jeté du train. Leur histoire va révéler le pire comme le meilleur du cœur des hommes.
Ce qu’on en pense
Pour son nouveau projet, l’audacieux Michel Hazanavicius (OSS 117, The Artist, Coupez !) a choisi d’adapter en dessin animé le conte éponyme de Jean-Claude Grumberg sur la Shoah. L’histoire d’un bébé jeté sur les rails par son père au cours du voyage vers les camps de la mort, recueilli par une famille de pauvres bucherons polonais. Dans le conte, la Shoah n’est jamais nommée. Dans le film, à la direction artistique très vintage (Hazanavicius a réalisé lui-même les dessins dans un style très Disney aux couleurs pastels), les camps sont bien montrés. L’option divise, mais le résultat est probant : l’émotion est au rendez-vous. Un trés beau film qui aurait mérité mieux que le Prix du cinéma positif à Cannes 2024, où il était présenté en compétition. On y entend pour la dernière fois la voix magnifique de Jean Louis Trintignant dans la rôle du narrateur.
Le Choix
Par J.V
Le pitch
Joseph Cross (Vincent Lindon) ressemble à son métier. Solide comme du béton. Marié, deux enfants, son existence est parfaitement organisée. Pourtant, cette nuit, seul au volant, il doit prendre une décision qui peut ruiner sa vie…
Ce qu’on en pense
Le Niçois Gilles Bourdos réalise ce remake de Locke sorti en 2013. Un « high concept » dans lequel le protagoniste principal, au volant de sa voiture, voit sa vie partir en bibrine. Dans le rôle tenu à l’époque par Tom Hardy, Vincent Lindon livre une nouvelle performance mémorable, faisant passer un million d’états d’âmes, sans lâcher le volant. Pendant qu’il conduit, sa femme (Emmanuelle Devos), sa maitresse enceinte (Pascale Arbillot) et ses relations professionneles (il est dans le bâtiment) se succèdent au téléphone pour lui pourrir la vie. Merci le kit mains libres ! Un thriller psychologique conduit pied au plancher.
Piece by Piece
Par J.V
Le Pitch
De son enfance à Virginia Beach à sa vie de star, Pharrell Williams raconte son parcours par le prisme d’une animation « Lego ».
Ce qu’on en pense
Le seul intérêt de ce documentaire tout à la gloire du chanteur et icone de mode Pharrell Williams , est d’avoir été réalisé sous la forme d’un film d’animation Lego. C’est un peu juste pour espérer attirer dans les salles autre chose que les fans purs et durs de la célébrité. Le box office dira s’ils sont assez nombreux pour justifier rétrospectivement une production qui a dû coûter bonbon…
Le Panache
Par Ph.D
Le pitch
Colin (Joachim Arseguel), 14 ans, fait son entrée dans un nouveau collège et il flippe : comment s’en sortir quand, comme lui, on est bègue ? Sa rencontre avec monsieur Devarseau (José Garcia), charismatique professeur de français, va le pousser à affronter ses peurs et à sortir de son isolement. Maintenant, Colin a une bande de copains et un projet : monter sur scène pour jouer Cyrano devant toute l’école…
Ce qu’on en pense
Après Sage homme, Jennifer Devoldere adapte une pièce de théâtre à succès, pour ce Panache qui en manque singulièrement. Le scénario, gentillet, louche sur le Cercle des poètes disparus, avec José Garcia en professeur charismatique qui enseigne en dehors des sentiers battus au grand dam de ses collègues et de sa hiérarchie. La réalisation, téléfilmesque, se contente d’illustrer pauvrement le parcours du jeune héros (Joachim Arseguel, excellent) qui, poussé par son professeur, parviendra à vaincre sa timidité et son bégaiement pour jouer Cyrano.
37: L’Ombre et la proie
Par J.V
Le pitch
Vincent (Guillaume Pottier), chauffeur-routier, prend en stop une jeune femme (Mélodie Simina) qui prétend s’appeler 37. Très vite, son comportement étrange éveille les soupçons du routier. Mais Vincent lui-même n’est peut-être pas aussi innocent qu’il y paraît. Entre le chauffeur et sa passagère s’engage alors un jeu diabolique qui va bientôt devenir totalement hors de contrôle…
Ce qu’on en pense
Un premier long-métrage signé Arthur Môlard pour un nouveau label, Parasomnia Productions, dont la vocation est de « promouvoir le cinéma de genre français à petit budget » (sic). De fait, 37 : L’ombre et la proie n’a coûté qu’un million d’euros… et on comprend pourquoi ! Le scénario est rachitique, la direction d’acteurs inexistante, les dialogues restent à écrire et la psychologie des personnages à inventer. Pour amateurs de « revenge movies« pas trop regardants sur le fond, ni sur la forme.
Prodigieuses
Par Ph.D
Le pitch
Claire (Camille Razat) et Jeanne (Mélanie Robert), jumelles pianistes virtuoses, sont admises dans une prestigieuse université de musique dirigée par l’intraitable professeur Klaus Lenhardt (August Wittgenstein). Elles portent ainsi l’ambition de leur père qui a tout sacrifié pour faire d’elles les meilleures. Mais, une maladie orpheline, fragilise peu à peu leurs mains, et compromet brusquement leur ascension. Refusant de renoncer à leur rêve, elles vont devoir se battre et se réinventer pour devenir, plus que jamais, prodigieuses.
Ce qu’on en pense
Pour leur premier long métrage, Frédéric et Valentin Potier, adaptent l’histoire vraie des jumelles Audrey et Diane Pleynet. Victimes d’une maladie orpheline qui affecte les nerfs de leurs mains, ces pianistes virtuoses ont développé une manière totalement originale de jouer en duo, qui permet de compenser leur handicap. Un destin hors du commun que Nils Tavernier avait déjà illustré dans son documentaire, Le Mystère des Jumeaux (2009). Prodigieuses est un biopic grand public qui joue à fond la carte émotionnelle, avec Isabelle Carré et Franck Dubosc dans le rôle des parents totalement investis dans la carrière de leurs filles. Les scènes musicales valent le détour, le reste est plus convenu.
Diamant Brut
Par Ph.D
Le pitch
Liane (Malou Khebizi) , 19 ans, téméraire et incandescente, vit avec sa mère et sa petite sœur sous le soleil poussiéreux de Fréjus. Obsédée par la beauté et le besoin de devenir quelqu’un, elle voit en la télé-réalité la possibilité d’être aimée et de sortir de sa condition. Le destin semble enfin lui sourire lorsqu’elle passe un casting pour « Miracle Island ».
Ce qu’on en pense
Présenté en compétition à Cannes 2024, ce premier long métrage signé Agathe Riedinger a souffert de la concurrence. La critique festivalière n’a pas été tendre pour ce film social sous influence Dardenne, vite qualifié de « Rosetta dja dja« . Le scénario et la réalisation méritent pourtant mieux que ce jugement à l’emporte-pièce. Tourné à Fréjus, le film révèle une jeune actrice prometteuse , Malou Khebizi, qui est rentrée dans son personnage de cagole de la télé réalité avec un talent précoce et une énergie qui rappellent effectivement la performance d’ Emilie Dequenne dans Rosetta. Le regard empathique porté par la réalisatrice sur les candidats à la célébrité télévisuelle fait le reste.
Une Part manquante
Par J.V
Le Pitch
Tous les jours, Jay (Romain Duris) parcourt Tokyo au volant de son taxi à la recherche de sa fille, Lily (Mei Cirne-Masuki). Séparé depuis neuf ans, il n’a jamais pu obtenir sa garde. Alors qu’il a cessé d’espérer la revoir et qu’il s’apprête à rentrer en France, Lily entre dans son taxi…
Ce qu’on en pense
Six ans après Nos batailles, Guillaume Senez retrouve Romain Duris et l’emmène au Japon pour pointer du doigt le problème des « gardes exclusives« , qui touche des milliers de parents chaque année dans ce pays. Plus de 150 000 enfants sont enlevés chaque année par l’un de leurs géniteurs et il devient très difficile, voire impossible, à l’autre de les revoir. Romain Duris incarne avec son talent habituel cet expatrié animé d’un amour paternel à toute épreuve, qui fait le taxi à Tokyo dans l’espoir de revoir un jour sa fille. Une nouvelle « bataille », mise en scène avec infiniment de tact et d’intelligence. Coup de coeur de la semaine pour ce drame sensible porté par l’interprétation d’un casting sans faille.