Cinéma

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Rebel Ridge

Cinéma|

Par Ph.D

Le pitch

Arrêté sans raison alors qu’il traversait en vélo la ville petite d’Aurora en Floride, l’ex-marine Terry Richmond (Aaron Pierre), découvre que la police locale dirigée par le chef Sandy Burnne (Don Johnson) est corrompue jusqu’à la moelle. Dépouillé de l’argent qu’il devait remettre au tribunal pour faire libérer son cousin, il va devoir affronter seul tout le poste de police pour le récupérer. Heureusement, il recevra une aide inespérée…

Ce qu’on en pense

Le nouveau film de Jeremy Saulnier (Green Room, Blue Ruin…) débute comme une sorte de  Rambo en Floride mais évolue vers quelque chose de plus subtil,  avec un héros qui se bat sans armes, n’utilise la violence que pour se défendre et combat ses pulsions de vengeance. En résulte un thriller à l’action retenue,  dont la lenteur et le manque d’hémoglobine pourront impatienter les amateurs de « revenge movies » purs et durs. Servi par un excellent casting (AAron Pierre, Don Johnson, la découverte AnnaSophia Robb…) et joliment mis en scène, le film souffre, hélas, de quelques longueurs  (1h30 auraient largement suffi) et d’un scénario de corruption inutilement compliqué. A voir sur Netflix, faute de mieux.

Dahomey

Cinéma|

Par J.V

Le pitch

En novembre 2021, vingt-six trésors royaux du Dahomey s’apprêtent à quitter Paris pour être rapatriés vers leur terre d’origine, devenue le Bénin. Avec plusieurs milliers d’autres, ces œuvres furent pillées lors de l’invasion des troupes coloniales françaises en 1892. Mais comment vivre le retour de ces ancêtres dans un pays qui a dû se construire et composer avec leur absence ? Tandis que l’âme des œuvres se libère, le débat fait rage parmi les étudiants de l’université d’Abomey Calavi…

Ce qu’on en pense

Ce documentaire radical de Mati Diop (Atlantique) a reçu l’Ours d’or à la dernière Berlinale. Une récompense méritée pour un film original dans la forme (la première partie est filmée du point de vue d’une statue) et pertinent sur le fond (interroger la l’histoire de la colonisation par l’art). Ce Dahomey n’est pas bénin ! 

Beetlejuice Beetlejuice

Cinéma|

Par Ph.D

Le pitch

Après une terrible tragédie, la famille Deetz revient à Winter River. Toujours hantée par le souvenir de Beetlejuice (Michael Keaton), Lydia (Winona Ryder) voit sa vie bouleversée lorsque sa fille Astrid (Jenna Ortega), adolescente rebelle, ouvre accidentellement un portail vers l’Au-delà. Alors que le chaos plane sur les deux mondes, ce n’est qu’une question de temps avant que quelqu’un ne prononce le nom de Beetlejuice trois fois et que ce démon farceur ne revienne semer la pagaille…

Ce qu’on en pense

35 ans après sa sortie, Beetlejuice fait partie de ces films cultes qui se transmettent d’une génération à l’autre et qu’on revoit avec une pointe de nostalgie. A la demande générale, Tim Burton en livre une suite, moins bricolée mais plus banale. On retrouve avec plaisir Michael Keaton et Winona Ryder dans les rôles de Lydia et de Beetlejuice et on attend avec curiosité de voir ce que le scénario leur réserve. On est prêt à aimer aussi les nouveaux personnages (dont la fille de Lydia, jouée par Jenna Ortega dans un rôle proche de celui de Mercredi  ) et  à se laisser emporter par la fantaisie débridée du maître d’oeuvre, au rythme de la BO endiablée de Danny Elfman.  Mais la magie s’est envolée. On aura beau l’invoquer par trois fois, l’âme de Beetlejuice ne reviendra pas. Comme le laisse présager son titre, Beetlejuice Beetlejuice n’est qu’une aimable redite.  Une simple comédie horrifique,  qui joue sur la nostalgie et les références au premier film sans en créer de nouvelles. L’univers poetico-morbide de Tim Burton n’a pas changé, il a juste un peu vieilli.  Comme les spectateurs de Beetlejuice 1, il a perdu son innocence.

A son image

Cinéma|

Par J.V

Le pitch

Fragments de la vie d’Antonia (Clara Maria Laredo), jeune photographe de Corse-Matin à Ajaccio. Son engagement, ses amis, ses amours se mélangent aux grands événements de l’histoire politique de l’île, des années 1980 à l’aube du XXIe siècle. C’est la fresque d’une génération.

Ce qu’on en pense

Adapté du roman éponyme de Jérémy Ferrari,  À son image marque le retour en Corse de l’Ajaccien Thierry de Peretti,  qui y a déjà tourné Les Apaches  et  Une vie violente . Après Enquête sur un scandale d’état, l’adaptation lui permet d’évoquer à nouveau les rapports des médias, du pouvoir et de la politique, dans le contexte Corse. Le film suit , sur une quinzaine d’années,  le parcours d’une photographe du quotidien local de Corse Matin,  incarnée par Clara-Maria Laredo, dont les débuts devant la caméra impressionnent. Comme l’héroïne de Borgo, le film de Stéphane Demoustiers également tourné en Corse, elle se perdra dans les méandres de l’indépendantisme insulaire.   L’approche formelle, réaliste et sans effets de style, s’inscrit dans la lignée des autres films de Thierry de Peretti, avec une justesse encore plus flagrante.  

Tatami 

Cinéma|

Par Ph.D

Le pitch

La judokate iranienne Leila (Arienne Mandi) et son entraîneuse Maryam (Zar Amir Ebrahimi) se rendent aux Championnats du monde de judo avec l’intention de ramener sa première médaille d’or à l’Iran. Mais au cours de la compétition, elles reçoivent un ultimatum de la République islamique ordonnant à Leila de simuler une blessure et d’abandonner pour éviter une possible confrontation avec l’athlète israélienne. Sa liberté et celle de sa famille étant en jeu, Leila se retrouve face à un choix impossible : se plier au régime iranien, comme l’implore son entraîneuse, ou se battre pour réaliser son rêve…

Ce qu’on en pense

Co-réalisé par une Iranienne (Zar Amir Ebrahimi) un Israélien (Guy Nattiv), ce drame sur tatami cueille d’emblée le spectateur par son filmage en noir et blanc (« à la Raging Bull« ) et sa réalisation tendue. Les scènes de compétition sont renversantes et la tension ne faiblit jamais en coulisse. Le sport et politique s’y livrent un combat sans merci. Vous avez aimé le judo aux Jeux Olympiques ? Tatami va vous mettre au tapis !

FFA : Vingt-dieux quel festival !

Cinéma|

Par MAB

Le 17e Festival du Film Francophone d’Angoulême (FFA) s’est tenu du 27 août au 1er septembre et a constitué, comme chaque année, le temps fort de la rentrée cinématographique avec une fréquentation toujours  plus importante. Le jury présidé par Kristin Scott-Thomas entourée de François Busnel, Cédric Kahn, Alix Poisson, Sébastien Ricard, Makita Samba, Anne-Dominique Toussaint et Maryam Touzani a décerné le Valois de diamant à Vingt dieux de Louise Courvoisier (sortie prévue le 11 décembre). Un premier film « paysan » maîtrisé, sincère, sans pittoresque et plein d’amour qui a conquis tous les festivaliers, puisque le jury étudiants lui a également décerné son Valois d’or. Vingt dieux  avait déjà fait forte impression à Cannes 2024,  où il était présenté en sélection officielle dans la section Un Certain Regard.  Le Valois du public et celui de la mise en scène sont allés à A Bicyclette ! de Mathieu Mlekuz (date de sortie non communiquée).

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La Prisonnière de Bordeaux 

Cinéma|

Par J.V

Le pitch

Alma (Isabelle Huppert), seule dans sa grande maison en ville, et Mina (Hafsia Herzi), jeune mère dans une lointaine banlieue, ont organisé leur vie autour de l’absence de leurs deux maris détenus au même endroit… À l’occasion d’un parloir, les deux femmes se rencontrent et s’engagent dans une amitié aussi improbable que tumultueuse…

Ce qu’on en pense

La prisonnière du titre est double puisque le nouveau film de  Patricia Mazuy ( Bowling Saturne,  Paul Sanchez a disparu)  s’attache à l’amitié qui naît, au hasard des parloirs d’une prison,  entre  une bourgeoise esseulée (Isabelle Huppert)  et une ouvrière de banlieue (Hafsia Herzi). Alors que la prison les affranchit des barrières sociales, les murs de la  maison dans laquelle l’une héberge l’autre,  semblent autant d’obstacles à leur « libération ». Un conte social sensible, porté par l’interprétation complice des deux actrices principales.

La nuit se traîne

Cinéma|

Par Ph.D

Le pitch

Ce soir-là, Mady (Jonathan Feltre) , étudiant le jour et serrurier la nuit, voit sa vie basculer quand il ouvre la mauvaise porte et devient accidentellement complice d’une affaire de grand banditisme. Au cœur d’une ville en pleine ébullition, Mady n’a qu’une nuit pour se tirer d’affaires et retrouver la trace de Claire (Natacha Krief), celle qui a trahi sa confiance. Le compte à rebours est lancé…

Ce qu’on en pense

Pour son premier long métrage, le Belge Michiel Blanchart signe un thriller impressionnant de maitrise technique, sur un scénario solide. Le casting, conduit par la révélation Jonathan Feltre dans le rôle principal,  est excellent,  au point que la présence de Romain Duris en méchant mafieux est presque superfétatoire. Les scènes de poursuites et de manifestations (l’action se passe pendant une manif de Black Lives Matter), tournées de nuit dans Bruxelles,  sont dignes d’un blockbuster US et l’intrigue tient en haleine jusqu’à une fin ouverte qui laisse le spectateur un peu sur sa faim. A l’arrivée: un polar urbain nocturne de trés bonne facture, doté de personnages attachants car jamais totalement bons, ni mauvais. Le titre (tiré d’une chanson de Petula Clark) est trompeur, car la réalisation ne laisse aucun temps mort.

Nice Girls

Cinéma|

Par Ph.D

Le Pitch

L’intrépide Léo (Alice Taglioni) , auto-proclamée « meilleure flic de la Riviera », apprend que son collègue et frère de cœur Ludo a été tué à Hambourg. Alors qu’elle veut découvrir la vérité, elle est contrainte par sa supérieure (Noemie Lvosky) de laisser faire un superflic allemand. Hors de question de laisser un « tocard en costume » enquêter, surtout lorsqu’elle découvre qu’il s’agit en fait de la séduisante et surentrainée Mélanie (Stefi Cela). Obligées de faire équipe, ces deux femmes aux caractères aussi explosifs qu’opposés ne se doutent pas que Nice fait face à une menace imminente et qu’elles sont plus liées qu’elles ne l’imaginent…

Ce qu’on en pense

Après l’abominable Cannes Confidential (rebaptisé Cannes Police Criminelle et arrêté après une saison sur TF1),   voici Nice Girls qui reprend le même dispositif (un duo de policières que tout oppose doivent mener une enquête sur la Riviera),  mais à Nice et sur un mode volontairement comique cette fois (ou du moins qui essaie de l’être). A la manoeuvre, la réalisatrice de la série Plan Coeur, Noémie Saglio dont on retrouve un peu la verve dans les dialogues, Alice Taglioni et Stefi Celma en fliquettes de choc,  un chouette cast de seconds rôles (Noémie Lvosky, Antoine Dulery, Baptiste Lecaplain) et la Côte d’Azur filmée en technicolor comme décor. Le chargé des repérages pour les extérieurs ne s’est pas foulé : la Prom, la corniche et le vieux Nice sont filmés comme dans un spot de l’office du tourisme. L’intrigue est minimaliste, mais on y parle d’écologie, avec un salon international de greenwashing  sur la colline du château qui préfigure, peut-être, le futur sommet de la mer (Espérons que non).   Allez savoir pourquoi, Alice Taglioni s’est fait le look de Johnny Depp dans Las Vegas Parano, mais c’est à un mix de Capitaine Marleau et d’Audrey Fleurot dans HPI que son personnage fait plutôt penser. C’est d’ailleurs le seul a être un tant soit peu développé.  Les effets spéciaux et les scènes d’action font pitié. Une daube française de plus au catalogue Netflix.

 

Zénithal

Cinéma|

Par J.V

Le pitch

Ensemble depuis 10 ans, Francis (Franc Bruneau) et Sonia (Vanessa Guide) ne se comprennent plus. Alors qu’ils essayent de sauver leur couple, Francis se retrouve accusé du meurtre de son ancien rival Ti-Kong (Thévada Dek). Fuyant la police, il tombe entre les griffes d’un chirurgien (Xavier Lacaille) en roue libre, prêt à tout pour défendre la domination masculine. Sonia passe ainsi à l’action pour secourir Francis, son couple, et rétablir la paix entre les sexes. Après l’ère du génital… l’heure du zénithal a sonné !

Ce qu’on en pense

Le film français le plus déjanté de l’année. Un cocktail d’humour dévastateur sur la question du couple imaginé par Jean-Baptiste Saurel, qui s’était signalé par un court métrage déjà bien barré  (La Bifle)  présenté à la Semaine de la critique à Cannes. L’humour, plutôt osé, du film risque de rebuter, mais ceux qui accrocheront vont se taper des barres de rire et trouveront ça « Zénial » . Côté casting, mention spéciale à Xavier Lacaille, découverte de la série Parlement, en chirurgien psychopathe.

Emilia Perez

Cinéma|

Par  Ph.D

Le pitch

Surqualifiée et surexploitée, Rita (Zoe Saldaña) use de ses talents d’avocate au service d’un gros cabinet plus enclin à blanchir des criminels qu’à servir la justice. Mais une porte de sortie inespérée s’ouvre à elle, aider le chef de cartel Manitas (Karla Sofía Gascón) à se retirer des affaires et réaliser le plan qu’il peaufine en secret depuis des années : devenir enfin la femme qu’il a toujours rêvé d’être !

Ce qu’on en pense 

Sujet original (un narcotrafiquant qui veut changer de sexe),  traitement qui ne l’est pas moins (sous forme de comédie musicale avec des passages chantés et chorégraphies), casting sensationnel (Zoe Saldana et la révélation Karla Sofia Gascon en narco transgenre), mise en scène inventive (drame, polar, télénovela, action, comédie musicale, tous les genres sont fusionnés en un mash-up génial ) superbe BO  (Camille reviens, tout est pardonné !)…   Jacques Audiard aurait dû rafler une deuxième Palme d’or en mai dernier à Cannes. Le Jury présidé par Greta Gerwig en a décidé autrement. Emilia Perez sort auréolé d’un prix du Jury et d’un autre pour l’ensemble de la distribution féminine. C’était le moins que l’on puisse faire !  Le film aurait mérité tous les autres prix. Les spectateurs qui vont le découvrir en cette fin de mois d’août ont bien de la chance : ils vont halluciner.

 

 

 

The Instigators

Cinéma|

Par Ph.D

Le pitch

En thérapie pour troubles post traumatiques, un ancien soldat (Matt Damon) se voit proposer de voler l’argent sale du maire de Boston (Ron Pearlman). Il accepte pour payer une dette et se retrouve associé avec un autre loser comme lui, mais nettement plus cool (Casey Affleck). Evidemment, rien ne se passe comme prévu et le casse tourne au fiasco spectaculaire…

Ce qu’on en pense

Après un remake rigolo de Road House avec Jake Gyllenhaal , le véteran Doug Liman signe, pour la plateforme d’Apple, ce buddy movie d’action construit par et pour le duo Matt Damon-Casey Affleck. L’intrigue est totalement invraissemblable, mais le duo vedette tient ses promesses : Ben Affleck en gentil demeuré et Casey Affleck en ex-taulard à la coule. Les dialogues sont drôles et la mise en scène assure. On s’amuse plutôt bien pour peu qu’on veuille bien oublier l’inanité du scénario.

Knox

Cinéma|

Par Ph.D

Le pitch

John Knox (Michael Keaton), un tueur à gages vieillissant, apprend qu’il est atteint d’une forme de démence à évolution rapide. Il décide de consacrer  ses derniers jours de lucidité à se racheter vis à vis de ses proches en les mettant à l’abri du besoin. C’est à ce moment que son fils, (James Marsden) qu’il m’a pas vu depuis des années,  vient le supplier de le tirer d’un très mauvais pas.. En aura-t-il le temps ?

Ce qu’on en pense

Le polar de l’été est à voir sur Prime avec Michael Keaton devant et derrière la caméra. L’acteur-réalisateur endosse le rôle d’un tueur à gages malade et en quête de rédemption. La relation père-fils fournit le liant émotionnel à une intrigue retorse autour de plusieurs meurtres dont sont tour tour accusés le père le fils. Et la maladie du héros, qui commence à tout oublier,  ne va pas lui faciliter la tâche. Keaton est, comme toujours, impeccable, mais ce sont les seconds rôles  qui donnent au film toute sa saveur  : Joanna Kulig en call girl amatrice de littérature, Al Pacino en vieil escroc rangé des voitures, et surtout Suzy Nakamura dans le rôle de l’enquêtrice à qui on ne la fait pas…

Axel F

Cinéma|

Par Ph.D

Le pitch

Lorsque la vie de sa fille Jane (Taylour Page) est  menacée par des trafiquants de drogue, l’inspecteur Axel Foley (Eddie Murphy) accourt, fait équipe avec un nouveau partenaire (Joseph Gordon-Levitt) et retrouve ses vieux potes Billy Rosewood (Judge Reinhold) et John Taggart (John Ashton). La température va monter d’un cran à Beverly Hills…

Ce qu’on  en pense

Trente ans après ses derniers exploits dans le rôle, Eddie Murphy réendosse le bombers d’Axel Foley pour une quatrième aventure du Flic de Beverly Hills. Le film de Marc Molloy rend hommage à la franchise avec ce qu’il faut d’action, de poursuites, de vannes et de clins d’oeil aux trois épisodes précédents. Même épaissi de qulques dizaines de kilos, Eddie Murphy est encore capable de dynamiter le rôle et le voir retrouver ses anciens acolytes est un pur plaisir de mangeur de pop-corns. Les nouveaux venus (Kevin Bacon en méchant, Joseph Gordon-Levitt en comparse et Taylour Page dans le rôle de la fille rebelle)  s’intègrent parfaitement à l’équipe originale et les deux heures de film défilent sans temps mort. Bien sûr, si l’on ne fait plus ce genre de comédies d’action estampillées 80’s, c’est qu’il y a de bonnes raisons (c’est vieillot et lourdingue), mais un petit shoot de nostalgie de temps en temps ne fait de mal à personne. Blockbuster de l’été sur Netflix ! 

Je suis : Céline Dion

Cinéma|

Par Philippe Dupuy

Alors que la rumeur l’annonce chantant  Piaf pour  l’ouverture des Jeux Olympiques de Paris, Céline Dion apparaît dans un documentaire qui laisse penser qu’elle en sera bien incapable. Centré sur sa maladie – le syndrome de la personne raide, affection rare qui touche un personne sur un million-, Je suis : Celine Dion d’ Irene Taylor, montre la star, chez elle, entourée de ses jumeaux, de son personnel et de son chien, vivant quasi recluse et souffrant par dessus tout de ne plus pouvoir chanter.  Car contrairement à ce qu’on avait cru comprendre , la maladie ne touche pas seulement les muscles de la chanteuse canadienne :  elle attaque aussi ses cordes vocales. Plusieurs séquences du film – difficiles à regarder-,  la voient essayer vainement de chanter et fondre en larmes. Rarement (voire jamais) une star de cette envergure se sera livrée aussi crûment devant une caméra. Céline Dion ne cache rien de ses traits vieillis, de ses cheveux grisonnants, de sa silhouette empâtée ni de sa détresse face à la maladie. Elle laisse la caméra filmer au quotidien sa routine de maman attentionnée et de patiente courageuse des divers praticiens qui tentent de soulager ses douleurs. Une visite dans les hangars où elle a entreposé les costumes, les archives et le matériel de scène de sa fabuleuse carrière, permet de quitter un moment ce triste tableau,  pour évoquer ses multiples tournées  mondiales, ses dizaines de millions de disques vendus et ses multiples récompenses internationales. Le retour à son quotidien n’en est que plus déchirant. Sans emphase, auto apitoiement, ni mièvrerie, Je suis : Celine Dion montre la vie d’une malade qui se bat de toutes ses forces pour tenter de retrouver le don du ciel qui a guidé toute sa vie. Le film lui permet déjà de faire entendre sa voix de femme. Pour réentendre celle qui a valu à la chanteuse une si éblouissante carrière, on ne peut que prier avec elle.