Séries

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Staged

Séries|

Par Phil Inout

Le Pitch

Confinés en raison de la crise sanitaire alors qu’ils s’apprêtaient à monter sur scène, deux célèbres comédiens anglais (David Tennant et Michael Scheen dans leur propre rôle) sont contraints de rester chez eux. Leur metteur en scène, Simon (Simon Evans)  les convainc de reprendre les répétitions en visio sur Zoom. Pas une mince affaire pour ces deux artistes, habituées à brûler les planches et pas toujours techno-compatibles…

Ce qu’on en pense

La comédie de confinement aura presque eu le temps de devenir un genre à part entière. Et dans le genre, il sera  difficile de faire mieux que Staged. Remarquablement écrite, dialoguée, mise en scène et jouée, cette série anglaise coche toute les bonnes cases. On se régale à voir les deux comédiens vedettes David Tennant (Doctor Who, Good Omens, Inside Man , Broadchurch)  et Michael Sheen (The Queen, Good Omens, Doctor Who) jouer leurs propre rôles de comédiens désoeuvrés et se débattre avec leurs smartphones, tablettes et ordis pour répéter malgré tout la pièce qu’ils devraient jouer après le confinement. Amis dans la vraie vie depuis qu’ils ont joué ensemble dans Good Omens, les deux acteurs n’ont pas à surjouer la complicité à l’écran : elle est évidente. La manière trés british dont ils se charrient sur leurs origines , leur accent (un est écossais , l’autre gallois), leur célébrité et leurs dons réèls ou supposés pour la cuisine ou l’éducation des enfants,  fait partie du charme de la série qui excelle aussi à montrer comment le confinement modifie les comportements et les relations sociales ou amoureuses. Les personnages féminins (femme de l’un, compagne de l’autre) et les guests stars (Judi Dench, Samuel L Jackson…) de plus en plus nombreuses au fil des épisodes, évitent au show d’être trop répétitif ou  autocentré. Déjà deux saisons à binger d’urgence sur MyCanal.   

Moi, Christiane F.

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Par Phil Inout

Le Pitch

L’histoire de Christiane F. (Janna McKinnon) et de ses amis dysfonctionnels qui, adolescents, se retrouvent confrontés aux drogues, au sexe et à la violence sociale dans le Berlin Ouest des années 70

Ce qu’on en pense

Relecture moderne du fameux récit autobiographique de Christiane Pelscherinow (Moi, Christiane F. 13 ans, droguée, prostituée) adapté au cinéma par Uli Edel en 1981, cette série Allemande en 8 épisodes ressuscite le Berlin Ouest de la fin des années 80, où une bande d’adolescents va expérimenter, pour des raisons diverses,  la nuit,  la drogue et  la prostitution. La série se démarque du livre et de son adaptation au cinéma par la multiplication des personnages et par un traitement plus contemporain. Le résultat est un peu bancal, entre teen movie, film social, récit autobiographique et… fantastique ! Des scènes oniriques ou surréalistes viennent régulièrement alléger la noirceur du récit originel. Malgré tout, on peine quand même à s’intéresser aux différents personnages dont, à part l’héroïne interprétée par Janna McKinnon, aucun ne se détache vraiment. A voir pour la reconstitution d’époque  et la B.O dominée par  la musique de David Bowie, comme le film d’Uli Edel.

Snabba Cash

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Par Phil Inout

Le pitch

Leya (Evin Ahmad), jeune mère célibataire dont le mari a été abattu,  tente de percer dans les nouvelles technologies. Un milieu en pleine effervescence,  où la quête de gloire et d’argent est aussi violente que dans la pègre syrienne à laquelle appartenait son mari. Jusqu’où la jeune femme ira-t-elle pour réussir ? 

Ce qu’on en pense

Nouvelle réussite du polar nordique, Snabba Cash nous plonge dans le milieu des start-ups de Stockholm et dans celui de la pègre immigrée syrienne, avec une héroïne qui a un pied dans chacun des deux univers. Lorsque la série débute, Leya (Evin Ahmad) élève son jeune fils seule après la mort violente de son mari et essaie de lancer une société technologique. Mais son dernier investisseur est en train de la lâcher et sa société est au bord de la faillite. Contrainte de bosser dans un restaurant comme serveuse pour payer ses factures, elle réussit à convaincre un  business angel richissime d’investir dans sa boîte. Pour boucler le deal,  il lui faut racheter sa dette auprès du premier investisseur. N’ayant pas un sou devant elle, elle se résoud à accepter l’aide de l’ancien associé de son mari, un caïd de quartier, dont le trafic de drogues est en pleine expansion. La rencontre des deux univers, celui de la jet set des nouvelles technos et celui du crime organisé, va s’avérer explosive… Un polar urbain noir, violent et haletant, porté par une héroïne attachante, superbement interprétée par Evin Ahmad. On en redemande ! 

Hippocrate Saison 2

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Par Phil Inout

Le pitch

Un hôpital public en périphérie d’une grande ville. Suite à une inondation,  le service de médecine interne est transféré à l’étage des Urgences et fusionne temporairement avec celui du dr Brun (Bouli Lanners), le patron des Urgences. Chloé (Louis Bourgoin), Hugo (Zacharie Chasseriaud) et Alyson (Alice Belaïdi), les trois jeunes internes de médecine générale, vont devoir apprendre sur le tas la médecine de catastrophe

Ce qu’on en pense

Dans la saison 1, un virus décimait les chefs du service de médecine générale et obligeait trois jeunes internes débutants (Louise Bourgoin, Alice Bélaïdi et Zacharie Chasseriaud) à assurer l’intérim. Cette fois,  c’est dans le tournage de la saison 2 que le virus s’est invité, obligeant les scénaristes à revoir leur copie pour intégrer ce nouvel élément. Au départ, ils avaient seulement imaginé qu’une inondation oblige le service à déménager aux Urgences…  Lors des premiers épisodes , on retrouve nos jeunes héros aux prises avec la médecine d’urgence... voire de catastrophe ! Une fuite de gaz dans un hôtel oblige, en effet,  le service déjà débordé à accueillir une vingtaine d’intoxiqués. La saison 2 démarre  sur les chapeaux de roues, avec un rythme effréné et plutôt anxiogène. L’image que la série  donne de l’hôpital public est à la fois héroïque, avec des médecins, internes et infirmiers dévoués corps et âmes à leur mission, et effrayante, tant les conditions dans lesquelles ils travaillent sont difficiles. Et ce n’est pas une pandémie mondiale qui va arranger les choses ! Médecin de formation, Thomas Lilti (Hippocrate, Médecin de campagne, Première Année), sait de quoi il parle (il a repris du service pendant le Covid) et filme l’hôpital mieux que personne. Hippocrate est la série médicale la plus réaliste et la plus passionnante qu’on ait vu depuis belle lurette. La saison 2 tient toutes ses promesses  avec un casting toujours impeccable.  Mention spéciale à Bouli Lanners en chef du service des Urgences,  à  Anne Consigny en patronne de la réanimation et à Louise Bourgoin, dont le personnage de femme blessée domine encore cette deuxième saison.

Bron

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Par Phil Inout

Le Pitch

A la frontière entre la Suède et le Danemark, au beau milieu d’un pont, est retrouvé le corps d’une femme, vraisemblablement assassinée. Les polices suédoises et danoises sont alors dépêchées sur les lieux. Mais l’affaire prend une tournure particulièrement glauque et étonnante lorsque les enquêteurs découvrent qu’il ne s’agit pas d’un seul mais de deux cadavres, coupés en deux à la taille, qui ont été assemblés pour n’en faire qu’un…

Ce qu’on en pense

Bron (The Bridge) fait partie des grandes séries à rattraper pendant le #confinement3. Alors que Chérie 25 diffuse la saison 3Arte + a mis en ligne les deux premières. Classique du genre black nordique, cette série policière suédo-danoise lancée en 2011 se distingue par un scénario particulièrement alambiqué, avec un serial killer qui met en scène ses crimes pour alerter l’opinion sur des thèmes sociétaux et deux enquêteurs aux personnalités très différentes : Saga (Sofia Helin) une policière suédoise limite autiste qui roule en Porsche  et drague dans les bars et Martin Rohde (Kim Bodnia), un inspecteur Danois père de famille nombreuse au physique de nounours qui vient de subir une vasectomie. Écrite et réalisée majoritairement par des femmes, la série se révèle vite addictive,  à la manière de The Killing, autre géniale série nordique qui a occupé notre premier confinement et dont la version US est disponible sur Amazon Prime Vidéo.

Sky Rojo

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Par Phil Inout

Le pitch

Trois prostituées, Coral (Veronica Sanchez) , Wendy ( Lali Esposito) et Gina (Yany Prado) tentent de fuir le bordel où Romeo (Asier Etxeandia), leur proxénète, les retient prisonnières.  Elles sont poursuivies par ses hommes de main Moisés (Miguel Angel Sylvestre) et Christian (Ebric Auquer), qui n’ont pas inventé la poudre mais aiment la faire parler. Les voilà lancées dans une redoutable cavale,  dont le seul objectif  est : rester en vie cinq minutes de plus …

Ce qu’on en pense

Les créateurs de Casa de Papel frappent encore fort sur Netflix avec cette nouvelle série girlie qui dépote. Un « Thelma & Louise fois trois »  sur l’île de Tenérife,  où trois prostituées font tout et n’importe quoi pour échapper à leurs proxos. B.O rock, sexe,  violence, courses poursuites, humour noir : le cocktail est connu et bien dosé. Le spectateur est embarqué sur un roller coaster sans freins pour 8 épisodes torchés à fond la caisse. Les couleurs flashent, la musique bastonne, les dialogues écorchent les oreilles et on en prend plein les yeux avec trois actrices bombissimes. Pas réaliste pour un sou,  mais jouissif. 

Un Homme d’honneur

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Par Phil Inout

Le pitch

Richard Altman (Kad Merad), juge droit et respecté, voit sa vie basculer lorsque son fils Lucas (Rod Paradot) commet un délit de fuite en laissant un motard pour mort. Richard pousse son fils à se dénoncer, mais se rend compte que la victime n’est autre que le fils d’un puissant mafieux, Bruno Riva (Gérard Depardieu)  et que Lucas signerait son arrêt de mort en se livrant aux autorités. Prêt à tout pour sauver son fils, le juge va renier tous ses idéaux, mettre le doigt dans un engrenage infernal et entamer une réelle descente aux enfers…

Ce qu’on en pense

Après This Is Us (devenu Je te promets en VF), TF1 adapte une nouvelle série US, Your Honor, elle même déclinée d’une série israélienne. L’histoire d’une descente aux enfers qui, dans la version américaine, était portée par Bryan Cranston et louchait vers Breaking Bad. Avec Kad Merad dans le rôle principal, on s’éloigne du thriller nerveux et anxiogène pour une forme plus proche de la dramatique télévisuelle,  qui convient sans doute mieux au public cible du prime time de  TF1. Le casting français (Rod Paradot, Gérard Depardieu, Zabou Breitman, Nicolas Duvauchelle…) et quelques changements scénaristiques ne suffisent pas à donner très envie d’aller au bout des six épisodes pour qui a vu les versions précédentes. Kad Merad est moins bon que dans Baron Noir, Depardieu cachetonne, Rod Paradot grimace au lieu de jouer  et les modifications apportées au scénario original ne rendent pas l’histoire plus crédible, au contraire. Après sa diffusion sur TF1, à raison de trois fois deux épisodes le lundi, Un Homme d’honneur sera disponible en intégralité dès le  23 avril sur Disney+

6 X Confin.é.e.s

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Par Phil Inout

Le pitch

Que se passe-t-il à l’intérieur quand il ne se passe rien dehors ? Dans les appartements, dans les maisons, dans les têtes?  Qu’est-ce qui émerge lorsqu’on est coincé durant des semaines en coloc avec sa famille, des presque inconnus ou en couple sans échappatoire ?  6 histoires qui ont en commun de se dérouler durant le premier confinement et qui explorent dans des registres différents la façon dont le meilleur (parfois) et le pire (très souvent) s’expriment dans cette situation inédite.

Ce qu’on en pense

Après Connectés , le film de Romuald Boulanger sorti sur Prime Video pour le #confinement2 , voici 6 X Confin.é.e.s la série,  qui débarque sur MyCanal pile poil pour le #confinement3. Soient 6 courts métrages d’une vingtaine de minutes,  réalisés par des cinéastes débutants comme la photographe Alice Moitié ou  l’humoriste Marina Rollman,  et censés se passer entre mars et mai 2020, pendant le premier confinement. Le premier met en scène Vincent Cassel dans le rôle d’un DJ sur le retour qui héberge chez lui son jeune collaborateur faiseur de sons et sa copine styliste. Au menu : conflit de générations et dj mix en live,  avec un Vincent Cassel en très grande forme. Dans le suivant, William Lebghil et Laura Felpin jouent deux gamers marginaux qui squattent un grand appartement parisien et se prennent la tête aussi bien en présentiel qu’en virtuel.  Le troisième met en scène Gilbert Melki dans le rôle d’un marginal qui tombe en panne de voiture devant un château et décide de camper dans le parc, avec le consentement plus ou moins contraint des chatelains… Bien dirigés, drôles, décalés et percutants,  les six sketches réussissent à être originaux en abordant les thématiques dans l’air du temps. Comme le harcèlement sexuel dans le film le plus marquant, où Ludivine Sagnier, people parisienne, revient dans sa famille de province et apprend,  entre la poire et le fromage,  qu’elle a été victime d’attouchements dans son enfance. Ce qu’elle avait totalement oublié…  Malgré un petite baisse de régime sur la fin, 6 X Confiné.e.s est une nouvelle réussite à mettre au compte des productions Canal +.

Ginny & Georgia

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Par Phil Inout

Le pitch

Ginny Miller (Antonia Gentry) a quinze ans. Elle se sent parfois plus mature que sa mère, l’irrésistible et dynamique Georgia (Brianne Howey). Après de nombreuses années d’errance à travers le pays, cette dernière décide enfin de s’implanter dans une petite ville du Massachussets. Ginny va apprendre à quoi ressemble la vie d’une adolescente de bonne famille… Ou presque !
Ce qu’on en pense

Portée par un duo mère-fille épatant (Antonia Gentry et Brianne Howey, deux découvertes),  cette nouvelle série Netflix aux airs de teen-drama à l’eau de rose se démarque du genre grâce à ses thématiques sociales et à une intrigue de thriller qui en fait un mix réussi de Gilmore Girls et de Little Fires Everywhere. Le scénario met en parallèle la vie vie quotidienne de Ginny (Antonia Gentry), adolescente métisse douce et innocente, qui découvre l’amour dans son nouveau lycée et celle de sa mère, la tempétueuse et secrète Georgia (Biranne Howey), dont on découvre en flashes back le parcours de vie chaotique, marqué par une furieuse envie d’échapper, par tous les moyens, à sa condition sociale.  La série alterne ainsi humour (avec des dialogues très enlevés), romance et drame à un rythme soutenu. Une bonne surprise.

Caïd

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Par Phil Inout

Le pitch

Un réalisateur (Sébastien Houbani) et son caméraman (Julien Meurice) sont envoyés tourner le  clip de rap de Tony, un caïd de cité du sud de la France (Abdraman Diakité). Ils se retrouvent embarqués, malgré eux, dans une guerre des gangs… 

Ce qu’on en pense

Nicolas Lopez et Ange Basterga, un Martiguais et un Corse, avaient réalisé en 2017 Caïd,  un film de cité  autoproduit,  dans la lignée de La Haine et Un Prophète, dont l’originalité était d’être tourné en « found footage ». Primés à Cognac,  Netflix leur a proposé de l’adapter en série dans un format inédit  (10 épisodes de 10 minutes) qui semble fait pour les smartphones. Bonne pioche en tout cas  : Caïd est une réussite. Les dix épisodes s’avalent d’une traite et on en redemande. La mise en scène est immersive et hyper rythmée, les dialogues fusent, la direction d’acteurs est efficace (tous inconnus, ils sont tous très justes), tous les personnages existent malgré la brièveté des épisodes,  la tension ne baisse jamais et on compatit aux galères tragicomiques des deux innocents clippeurs  pris en otage dans une véritable guerre des gangs, sur fond de rap et de trafic de drogue.  Scotchant et drôle, Caïd est une des rares bonnes séries françaises de Netflix.

Allen V. Farrow

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Par Phil Inout

Un jour de cérémonie, Mick Jagger avait publiquement remercié Woody Allen d’avoir démontré que la vie privée des rock stars n’était, au fond, « pas si scandaleuse ». On trouve la saillie moins comique après avoir vu Allen V. Farrow. En quatre parties d’une heure chacune, la mini-série documentaire réalisée pour HBO par Kirby Dick et Amy Ziering dresse un réquisitoire qui laisse peu de doutes sur la véracité des accusations d’abus sexuels dont le réalisateur fait l’objet. Surtout, elle démonte la défense de Woody Allen,  qui a toujours plaidé qu’il faisait l’objet d’une vengeance hystérique de son ex-compagne, qui n’aurait pas supporté d’être quittée pour sa fille adoptive Soon Yi et aurait manipulé son autre fille, Dylan, pour quelle l’accuse.  Les deux femmes s’expriment longuement face caméra et leur témoignage est accablant car il a tous les accents de la vérité. En 1991, alors que Soon Yi est en première année de fac, Mia Farrow trouve dans l’appartement de Woody Allen des polaroids érotiques de sa fille adoptive. Questionné sur leur provenance,  le réalisateur avoue qu’il a pris les photos et qu’il entretient une relation avec la jeune fille depuis ses 18 ans (mais probablement avant). Au téléphone (Mia Farrow a enregistré leurs conversations),  il plaide le coup de folie et promet de s’amender. L’été suivant, alors qu’il vient rendre visite à sa famille dans leur maison du Connecticut, Allen échappe à l’attention des nounous et disparaît plusieurs dizaines de minutes avec sa fille Dylan, pour laquelle il a développé une véritable obsession depuis qu’elle est toute petite. Au point qu’ils sont tous les deux suivis par un psy à ce sujet et que les nounous ont pour consigne de ne pas les laisser seuls. La petite fille, alors âgée de 7 ans, racontera dans les jours qui suivent avoir été entraînée au grenier par son père et y avoir subi des attouchements. Ce n’était pas la première fois, assure-t-elle aujourd’hui. Mia Farrow,  qui filme la vie quotidienne de ses enfants avec son camescope, a enregistré les déclarations de la petite fille. En les diffusant pour la première fois et en racontant toute l’histoire dans les détails les plus intimes, photos et films de famille à l’appui,  la mini série place le spectateur dans une position de voyeur, parfois malaisante.  D’autant que, le clan Allen ayant refusé de participer au documentaire, sa défense n’est audible que par le biais d’extraits audio de la biographie du réalisateur sortie l’an dernier.  Mais le respect dû à la parole des victimes est sans doute à ce prix,  alors qu’elle a été mise en doute pendant des années et que Woody Allen a bénéficié durant tout ce temps de la sollicitude des médias et de la justice. On comprend mieux après avoir vu Allen V. Farrow l’ostracisme dont il fait aujourd’hui l’objet,  malgré son immense talent et sa géniale filmographie.

Mon Amie Adèle

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Par Phil Inout

Le pitch

A Londres, Louise (Simona Brown) jeune mère célibataire commence une liaison adultérine avec David (Tom Bateman), un homme marié qui se révélera être son nouveau patron. Dans le même temps, elle  se prend d’amitié pour l’épouse de David,  Adèle (Eve Hawson), rencontrée par hasard. Plus elle fréquente l’un et l’autre, plus Louise se demande quels terribles secrets ces deux-là peuvent cacher derrière l’apparence d’un mariage heureux et d’un train de vie fortuné ?

Ce qu’on en pense

Surfant sur la vague Little Big Lies/Little Fires Everywhere, voici la nouvelle série à suspense girlie de Netflix. Un scénario d’adultère classique qui flirte avec le fantastique avec une des deux héroïnes sortant d’un asile, une autre victime de crises de terreur nocturne,  un mari/patron/amant psychiatre qui ne lésine pas sur la prescription de pilules, un petit ami disparu, possiblement psychopathe et de drôles de hasards. Entamée comme une banale comédie romantique, dans le Londres ensoleillé des beaux quartiers, la série vire au thriller psychologique au fil des épisodes , pour finir dans le grand n’importe quoi. Si on ne regrette pas (trop) le temps passé à la regarder,  c’est surtout grâce aux deux jeunes actrices: la délicieuse Simona Brown (une découverte) et Eve Hawson,  que l’on avait découverte au cinéma dans This Must Be The Place de Paolo Sorrentino et qui n’est autre que la fille de Bono, le chanteur de U2. Elle donne à son personnage le mystère et l’ épaisseur qui manquent singulièrement au scénario. 

Enlightened

Séries|

Par Phil Inout

Le pitch

Auto-destructrice et colérique de nature, Amy (Laura Dern) fait un burn out au bureau et part à Hawaii suivre une thérapie de groupe. Elle en revient totalement illuminée (« enlighted »),  décidée à faire le bien autour d’elle et à trouver la paix dans une vie meilleure. Hélas, ses belles résolutions vont se heurter aux ambitions contraires de ses collègues de travail, à la défiance de sa mère (Diane Ladd) et à la force d’inertie débonnaire de son ex mari toxico (Luke Wilson)… 

Ce qu’on en pense

Annulée au bout de deux saisons, cette série HBO datée de 2011 trouve une seconde chance sur OCS grâce à la pandémie de Covid qui booste la demande de fictions sur les plateformes de streaming. Une aubaine pour les fans de Laura Dern (Big Little Lies, Jurassic Park...) puisque l’actrice a coécrit et produit la série et la porte totalement sur ses osseuses épaules. Elle y joue une grande bringue un peu fofolle, employée dans un grand groupe industriel,  qui part en quenouille sous la pression après son divorce, suit une thérapie de groupe qui la rend encore plus dingo aux yeux de ses collègues, dégringole de plusieurs échelons dans sa boite et finit par partir en guerre contre la société capitaliste,  à la manière d’une moderne Don Quichotte en jupons. Portrait tragicomique d’une serial loseuse, Enlighted est souvent plus dérangeant que drôle.  Mais la série mérite d’être vue en entier, pas seulement pour la performance de Laura Dern, qui est de tous les plans,  mais pour ce qu’elle dit du monde du travail et de la société d’aujourd’hui. Elle n’a pas pris une ride depuis 2011.

Rectify

Séries|

Par Philippe DUPUY

Le pitch

Après 19 années passées en prison pour viol et meurtre, Daniel Holden (Aden Young) est finalement disculpé grâce à des analyses ADN. De retour dans sa ville natale, cet homme, qui n’avait que 18 ans lorsqu’il avait été emprisonné et condamné à mort, tente de se reconstruire… 

Ce qu’on en pense

La fermeture des cinémas et le couvre feu à 18h00 (mini confinement qui ne dit pas son nom) laissent du temps pour découvrir des séries qui étaient passées sous notre radar en première diffusion. C’est le cas de Rectify, qui date de 2013 et dont MyCanal a la bonne idée de rediffuser actuellement les 4 saisons.  Une aubaine car,  non seulement la série n’a pas du tout vieilli,  mais elle est on ne peut plus d’actualité. Un personnage qui a passé 19 années dans une cellule de 6 M2 sans fenêtre, dans le couloir de la mort,  a forcément des choses à nous apprendre sur la notion de  confinement !La série explore en profondeur  les traumas liés à l’enfermement, à la honte et à la culpabilité. Jugé coupable du viol et du meurtre de sa petite amie alors qu’il avait 18 ans, Daniel Holden (Aden Young, idéalement lunaire) est libéré au bout de 19 ans ( et 5 sursis d’exécution ! ) grâce à de nouvelles expertises ADN. Il  retrouve sa famille dans la petite ville de Georgie d’où il est originaire, mais doit tout réapprendre de la vie en société et de la vie tout court. Il erre comme un fantôme dans un monde qu’il ne reconnaît pas. Celui d’une adolescence brisée net. En attente d’un nouveau procès,  échappera-t-il à une nouvelle condamnation alors que la police et la justice refusent d’envisager l’idée d’une erreur judiciaire ? Réussira-t-il à se réintégrer dans une société qui le considère encore comme un violeur meurtrier potentiel ? D’ailleurs, est-il réellement innocent et que s’est-il passé exactement il y a 19 ans ? La série prend tout son temps pour répondre à ces questions existentielles,  en s’intéressant plus aux traumas de Daniel et à ses rapports avec sa famille et avec le reste du monde,  qu’à l’intrigue judiciaire. Et c’est passionnant !  Grande série,  au propre comme au figuré (30 épisodes de 40 minutes) , Rectify méritait bien, comme son héros,  une nouvelle chance.  

Paris Police 1900

Séries|

Par Phil Inout

Le pitch

Paris 1899, la République est au bord de l’explosion, prise en étau entre les ligues nationalistes et antisémites et la menace anarchiste. Le cadavre d’une inconnue retrouvé dans la Seine va propulser un jeune inspecteur ambitieux (Jérémie Laheurte) au cœur d’une enquête criminelle qui révélera un lourd secret d’État. Il va croiser la route de Lépine (Marc Barbé), de retour à la tête d’une Préfecture vérolée par les luttes de pouvoir, de la première femme avocate et d’une courtisane reconvertie en espionne… Ces personnages que tout oppose vont s’unir pour affronter un coup d’état. La Belle Époque n’a de belle que le nom…

Ce qu’on en pense

Nouvelle fiction de prestige de Canal +, Paris Police 1900 marche sur les traces du Bazar de la charité et de Peaky Blinders , même si,  côté réalisation et reconstitution d’époque, on est plus près des Brigades du Tigre. La série de Fabien Nury, auquel on doit déjà l’oubliable Guyane, ambitionne d’explorer de manière assez crue les méandres d’une époque violente et profondément antisémite, par le biais d’un thriller mêlant crime et politique. Côté sexe et hémoglobine, on est gâté ! L’intrigue et les personnages, par contre, laissent à désirer. Et le portrait que dresse la série de la France de la « Belle époque » est si peu ragoûtant qu’on n’a pas forcément très envie d’y revenir. Ce qui peut s’avérer gênant pour une fiction en 8 épisodes…