The Good Lord Bird
Par Phil Inout
Le pitch
Henry, dit « Onion » (Joshua Johnson Lionel), un adolescent esclave, est enrôlé malgré lui dans l’armée de militants abolitionnistes menée par John Brown (Ethan Hawke) durant le « Bleeding Kansas« , une bataille sanglante qui a transformé cet Etat du Midwest en champ de bataille entre les défenseurs et les opposants à l’esclavage…
Ce qu’on en pense
Une géniale adaptation du roman de James McBride, L’oiseau du bon Dieu (The Good Lord Bird en VO) produite par Ethan Hawke qui s’est donné le bon rôle : celui de John Brown abolitionniste halluciné qui a conduit la bataille du Kansas en tranchant des têtes à coups de sabre pour faire entendre à leur propriétaire la bonne parole. Son épopée tragi comique est racontée par un adolescent noir enrôlé de force dans son « armée » de réprouvés après que son père ait été tué par la faute de Brown. Pris pour une fille et surnommé Onion, le gamin assiste effaré aux massacres perpétrés par les deux camps, au nom de l’idée qu’ils se faisaient de leur pays. C’est à la fois horrible et hilarant. Toute ressemblance avec l’Amérique d’aujourd’hui, divisée entre Trumpistes et anti Trumpistes, n’est sans doute pas tout à fait fortuite…
Alice in Borderland
Par Phil Inout
Le pitch
A Tokyo, trois copains fans de jeux vidéo se retrouvent propulsés dans une réalité alternative, où ils doivent participer à des jeux meurtriers pour tenter de rester en vie alors qu’à l’exception des autres joueurs, le reste de la population de la ville a mystérieusement disparu…
Ce qu’on en pense
Adaptée d’un manga à succès cette série japonaise de science fiction entraîne le spectateur dans un Tokyo vidé de ses habitants, où seuls quelques individus, apparemment choisis au hasard, doivent franchir une série d’épreuves pour survivre. A la manière d’un jeu vidéo, ils doivent franchir des plateaux de plus en plus difficiles, en ne pouvant compter que sur eux-mêmes et en se défiant des autres joueurs. Léchée mais ultra violente, la série vaut surtout pour les images de Tokyo déserte, qui renvoient évidemment à celles du confinement. De l’addiction aux jeux vidéo considérée comme un virus mortel…
Industry
Par Phil Inout
Le pitch
A Londres, un groupe de jeunes loups de la finance fraîchement diplômés intègrent la salle des marchés d’un grand opérateur en bourse. La moitié seulement décrochera un job à l’issue de la période d’essai. Dans une culture d’entreprise qui encourage l’individualisme, la compétition, le sexe, la drogue et la performance à tout prix, que sont-ils prêts à faire pour réussir ?
Ce qu’on en pense
Bienvenue chez Les loups de la City ! Empruntant au film de Martin Scorcese (Le Loup de Wall Street) son penchant pour les excès en tout genre, cette série anglo américaine écrite par deux anciens traders nous invite dans la salle des marchés d’un opérateur boursier et dans l’intimité de ses traders. Au programme : ambition, fric, sexe et cocaïne. Pas très engageant à priori, mais difficile de lâcher le programme sans savoir qui entrera dans le moule, qui en sortira et qui décrochera la timbale. Le choix de privilégier le parcours des deux filles de la promo (une bourge des grandes écoles et une black arrivée là au culot) est payant, car il permet d’introduire les problèmes d’égalité hommes/femmes et de harcèlement au travail. Sans compter que les deux interprètes (Marisa Abela et Myha’la Herrold) sont excellentes.
The Wilds
Par Phil Inout
Le pitch
Un groupe d’adolescentes, toutes très différentes, se retrouvent coincées sur une île déserte après un crash d’avion. Elles ignorent qu’elles font en réalité l’objet d’une expérimentation sociale très élaborée…
Ce qu’on en pense
Eniéme variation de Lost version ados (même pitch, même structure en flashback), The Wilds tire tout de même son épingle du jeu grâce à un casting de jeunes actrices épatantes et à une étude en profondeur des caractères et des comportements. L’intrigue est cousue de fil blanc et la réalisation banale, mais on s’attache rapidement aux héroïnes dont chacune cache évidemment, plus ou moins bien, un trauma et/ou un secret. Dix épisodes d’une heure c’est peut-être un peu beaucoup, mais les premiers épisodes sont accrocheurs et les derniers donnent très envie de voir la saison 2. On recommande donc cette série estampillée Amazon Prime.
Bir Baskadir
Par Phil Inout
Le pitch
Aide ménagère à Istambul, Meryem, une fille de la campagne, est victime d’évanouissements réguliers. Sans autre signe clinique, elle est orientée vers une psychiatre, la trés citadine et bourgeoise docteur Peri. D’abord rétive à se confier à cette femme d’une condition très supérieure à la sienne, la jeune femme va finir lui raconter sa vie… dans les moindres détails ! La patience de la praticienne est mise à rude épreuve par ses interminables digressions…
Ce qu’on en pense
Si quelque esprit facétieux avait eu l’idée de confier une série au réalisateur Turc chouchou de Cannes, Nuri Bilge Ceylan (palme d’or 2014 pour Winter Sleep), cela aurait pu donner quelque chose comme Bir Baskadir. Une série « Différente« , comme le suggère son titre. Elle met en scène une flopée de personnages, de conditions et de croyances très différentes, dont les destins vont se croiser et parfois s’opposer, alors qu’ils n’auraient jamais dû se rencontrer. D’un rythme très lent, avec de longs tunnels de dialogues erratiques, la série nécessite une certaine tolérance au cinéma d’auteur exotique pour s’apprécier pleinement. Mais la qualité de la mise en scène, la beauté de la photographie , le jeu des acteurs (tous excellents ), la critique sociale et l’humour sous jacent pourront retenir l’attention d’un public en quête de fictions originales. A preuve, l’étonnant succès de la série dans son pays d’origine, où la thématique et le traitement des différences socio culturelles ont alimenté des débats passionnés.
Une si belle famille
Par Phil Inout
Le pitch
Par un bel après-midi, Sunny et Meja célèbrent leur union dans la campagne suédoise, entourées de leurs proches. Mais on ne choisit pas sa famille… Et quand la situation leur échappe, tous se retrouvent confrontés au meilleur comme au pire.
Ce qu’on en pense
Entre Bergman et 4 mariages et un enterrement, cette mini série suédoise en 4 épisodes ne choisit pas… Et c’est tant mieux ! C’est l’été, deux jolies jeunes filles vont se marier dans la campagne suédoise, la météo, l’église et la maison des parents sont magnifiques. Apparemment, la seule chose qui pourrait assombrir la fête serait que le papa d’une des mariées arrive en retard à la cérémonie. Mais rien ne va se passer comme prévu, évidemment ! Sans cesse sur le fil entre comédie de mariage, comédie de moeurs et drame familial, la série séduit par le contraste entre une réalisation de soap et un contenu décalé : les mariées sont lesbiennes, la mère de l’une d’elles s’envoie en l’air dans les toilettes avec le père de l’autre, le curé est alcoolo et ne sait pas tenir sa langue, des bébés arrivent où on ne les attendait pas… L’héroïne (Helena Bergström, formidable) raconte son histoire face caméra avec un grand sérieux, mais en se mordant les lèvres pour ne pas rire. On est ravi d’avoir été témoin des noces du drame familial suédois et de la comédie anglaise !
La Chronique des Bridgerton
Par Phil Inout
Le pitch
À Londres, pendant la Régence, Daphne Bridgerton (Phoebe Dynevor), fille aînée d’une puissante dynastie, est en âge de se marier. Sa mère et son frère aîné se chargent de trier les prétendants. Mais aucun ne convient à la belle qui voudrait faire un mariage d’amour. Ses manœuvres maladroites pour échapper aux arrangements de sa famille font les délices de la bonne société londonienne, informée par la lettre quotidienne de la mystérieuse et impitoyable Lady Whistledown…
Ce qu’on en pense
Première production de Shonda Rhimes (Grey’s Anatomy) pour Netflix, Bridgerton (titre original de la série, inutilement alourdi en VF) est une comédie romantique en costumes, basée sur les huit tomes de la saga littéraire de Julia Quinn. Elle met en scène la bonne société londonienne du début du 19e siècle, à l’heure des mariages arrangés. On suit les efforts maladroits de la jeune héroïne, Daphné (campée avec beaucoup de fraîcheur par la délicieuse Phoebe Dyvenor ) pour échapper aux prétendants sélectionnés par sa famille et trouver le grand amour. Il se présentera sous la forme d’un marquis rebelle et débauché (Rege Jean-Page), hélas bien décidé à ne pas se faire passer la corde au cou. Dans l’esprit pop et coloré du Marie Antoinette de Sofia Coppola, Bridgerton ne brille pas par l’originalité de son scénario, ni par sa mise en scène tape à l’oeil, mais se révèle tout de même assez addictif, grâce à une galerie de personnages attachants et à un point de vue résolument moderne et féminin. Sexy et colorée (jusque dans une mixité raciale peu conforme à la réalité historique), la série se déguste comme une boite de macarons de Noël et laisse le même goût sucré. Une mignardise !
Chambre 2806 : L’affaire DSK
(Photo Joel Saget/AFP)
Par Philippe DUPUY
On ne saura probablement jamais ce qui s’est réellement passé le 14 mai 2011, dans la suite présidentielle 2806 du Sofitel de New York. Deux thèses s’affrontent toujours : celle de la victime, la femme de chambre guinéenne Nafissatou Dialo qui affirme avoir été violée par son occupant : un certain Dominique Strauss Kahn. Et celle de ce dernier, qui a toujours évoqué sans entrer dans les détails une « relation inappropriée » (entendre adultérine) mais consentie. Les quatre épisodes de 50 minutes du documentaire réalisé sur l’affaire par Jali Lespert pour Netflix ne suffiront pas à trancher la question, que la justice américaine s’est empressée d’enterrer sous un non lieu. Après que la police New Yorkaise ait tout fait pour humilier l’accusé, le cabinet du procureur a, en effet, estimé que la plaignante avait trop menti dans le passé (à propos de ses fréquentations et pour obtenir son statut de réfugiée, notamment) pour être crédible à la barre d’un tribunal. DSK a donc été élargi, sans même avoir eu à s’expliquer publiquement. L’affaire lui a juste coûté sa carrière politique (il était, à l’époque, favori à la présidentielle contre Sarkozy), son mariage avec Anne Sinclair et quelques millions de dollars de « frais du justice », dont 1,5 million pour acheter le silence de la victime. Silence relatif, puisqu’elle a beaucoup parlé depuis et qu’elle le fait encore longuement devant la caméra de Jalil Lespert. On y voit une femme plus attirante que sur les photos, mais brisée par l’affaire, qu’elle ne peut évoquer qu’en réprimant des sanglots. Bien construit, rigoureux, multipliant les témoignages et les sources d’archives sonores et vidéo, le documentaire n’apprendra pas grand chose à ceux qui ont suivi l’affaire en direct. Mais venant après l’affaire Weinstein et le mouvement #MeToo, le portrait qu’il dresse de l’ancien directeur du Fond Monétaire International est sans appel. Celui d’un baiseur compulsif qui ne s’embarrassait pas de scrupules ni de formes pour satisfaire ses besoins sexuels. Qu’il s’agisse d’une intervieweuse imprudente (Tristane Banon, piégée dans un appartement qui lui servait probablement de baisodrome), d’une prostituée du Carlton de Lille (où ses amis locaux organisaient pour lui des parties pas fines que ça), ou d’une femme de chambre new yorkaise, entreprise à la hussarde dans le couloir de la suite présidentielle. La parole de ses défenseurs de l’époque (avocats ou amis politiques), qui persistent à ne voir en lui qu’un incorrigible Don Juan, est aujourd’hui strictement inaudible. Même si le casier judiciaire de DSK est resté miraculeusement vierge après deux procédures infamantes (celle de New York et celle de Lille), l’époque l’a jugé et condamné.
Cheyenne et Lola
Le pitch
Libérée de prison, Cheyenne (Veerle Baetens) fait des ménages sur les ferries en rêvant de partir en Amazonie. Lola (Charlotte Le Bon) est une ravissante parisienne, égoïste et sans scrupules, qui vient de débarquer dans le Nord pour s’installer avec son amant. Quand Lola tue l’épouse de son amant, Cheyenne, témoin involontaire, sait qu’elle va être accusée du meurtre à cause de son casier. Elle est obligée de demander au caïd de la région de faire disparaître le corps. Une faveur qui va les entraîner dans un très dangereux jeu de dupes…
Ce qu’on en pense
Découverte à CanneSéries, cette nouvelle série française surfe sur la récente vague de succès remportés par les films sociaux, en mélangeant intrigue policière et peinture sociale. Bienvenue dans le Noooord, où la malheureuse Cheyenne (Veerle Baetens, crâne rasée et regard intense) , tout juste sortie de prison pour avoir refusé de dénoncer son mari braqueur, essaie de se réinsérer en faisant des ménages sur les ferries en partance pour l’Angleterre. Pas évident, quand ses anciennes fréquentations font tout pour la mouiller dans leurs trafics (de drogue et d’êtres humains) et qu’elle a le malheur de tomber sur une jeune écervelée (Charlotte Le Bon, excellente), qui la mêle à un meurtre et l’entraîne malgré elle dans une cavale des plus périlleuses. C’est Thelma et Louise sur les Quais de Ouistreham (référence au livre de Florence Aubenas qui a inspiré la partie sociale de la série). La lumière et les décors industriels des Hauts de France font beaucoup pour l’attrait d’une série qui a tendance à en faire un peu trop entre réalisation esthétisante et dialogues audiardesques, mais s’avère tout de même attachante, grâce à ses deux actrices vedettes et à un très bon casting de seconds rôles.
Derby Girl
Le pitch
Lola Bouvier (Chloé Jouannet), star déchue du patinage artistique à l’égo surdimensionné, décide de devenir la plus grande championne de Roller Derby de tous les temps en intégrant, malgré elle, l’une des plus mauvaises équipes de l’Hexagone : les Cannibal Licornes…
Ce qu’on en pense
Découverte à CanneSéries, cette série girlie est à découvrir gratuitement sur le site de France TV ou sur la nouvelle plateforme Salto si on est abonné. Elle met en scène la fille d’Alexandra Lamy, Chloé Jouannet qui n’a pas volé son hérédité (elle s’était déjà faite remarquer dans les séries Riviera et Infidèle, mais là c’est une révélation comique), aux côtés d’une bande de jeunes actrices également épatantes. Parodiant allègrement les séries américaines pour ados, Derby Girl envoie du bois dans l’humour trash et le mauvais goût assumé. On suit la résistible ascension de l’héroïne, sorte de Tanya Harding du roller derby, prête à tout pour devenir une championne de la discipline, après s’être faite exclure des championnats du monde de patinage artistique pour avoir coupé les doigts d’une de ses concurrentes avec ses lames de patins. C’est drôle, bien écrit, bien joué et bien réalisé : si on ne savait pas qu’elle est française, on jurerait une série anglaise ! Après l’excellent Parlement, il se confirme que les bonnes séries de France TV sont à voir en ligne plutôt que sur les chaines publiques…
Utopia
Par Phil Inout
Le Pitch
Depuis qu’un exemplaire original d‘un énigmatique comic book est tombé entre leurs mains, des fans réalisent que les théories de conspiration évoquées dans la bande-dessinée sont réelles. Dès lors traqués sans répit par une mystérieuse organisation, ces jeunes gens, qui ne connaissaient pas jusqu’alors, vont devoir se serrer les coudes pour survivre et utiliser à bon escient les données en leur possession… Pour sauver l’humanité ?
Ce qu’on en pense
Remake américain d’une série anglaise culte mais restée inachevée, Utopia a tout pour marquer les esprits en temps de pandémie. Il y est, en effet, question de virus mortels propagés par une mystérieuse organisation, de course au vaccin, de complotisme et de fake news. Toutes choses qui ont fait flores dans la vraie vie depuis l’apparition du Covid-19. Par rapport à la série originale, la version US diffusée en France par Amazon Prime ajoute un budget plus confortable (qui garantit on l’espère plusieurs saisons et une vraie fin), une héroïne issue du cinéma indé (Sasha Lane révélée par Andrea Arnold dans American Honey) et une star établie (John Cuzack dans le rôle du vilain docteur Christie). Côté méchants, on regrette la dégaine typiquement mancunienne du nervi de la série anglaise, ici remplacé par un tueur lunaire et amateur de désorbitation à la cuillère. Marquée par des accès de violence gore, la série n’est pas à mettre sous tous les yeux et on peine à s’attacher aux personnages, même positifs, tant le taux de mortalité est élevé. Mais le scénario est suffisamment intrigant pour soutenir l’intérêt au fil des 8 épisodes et espérer une saison 2.
Social Distance
Par Phil Inout
Le Pitch
Un homme célibataire depuis peu cherche des moyens créatifs de passer le temps tout en restant sobre et en gardant le contact avec son groupe de soutien. Une famille élargie aux relations compliquées fait de son mieux pour organiser à distance et en ligne un hommage à son patriarche décédé. Une mère célibataire à cran s’occupe d’une personne âgée au caractère bien trempé tout en surveillant à l’aide de caméras sa petite fille restée seule à la maison… Tous jonglent avec les nouvelles technologies de communication pour continuer à vivre normalement, même confinés…
Ce qu’on en pense
Il fallait s’y attendre: le confinement a déjà sa série. Elle ne s’appelle pas Confinés mais elle aurait pu (dû ?) . Produite par Jenji Kohan (Weeds, Orange is the New Black) pour Netflix, Social Distance croque, en une série de 8 épisodes d’une vingtaine de minutes, la vie pendant le confinement. Les protagonistes sont Américains, mais ils pourraient tout aussi bien être Anglais, Italiens ou Français, tant les situations décrites s’inspirent de la réalité vécue par toutes les populations confinées. C’est souvent drôle, parfois émouvant, excellemment joué et mis en scène. L’habileté des réalisateurs à filmer l’utilisation d’internet et des réseaux sociaux et à en faire du cinéma n’est plus à démontrer. Même les français s’en sortent très bien (voir le récent Connectés). Lorsque la crise sanitaire sera terminée, ces réalisations serviront de mémoire du confinement. Et aussi, c’est à craindre, de mode d’emploi pour les suivants !
La Révolution
Par Ph.D
Le Pitch
Royaume de France, 1787. Enquêtant sur une série de meurtres mystérieux, Joseph Guillotin (Amir El Kacem) – futur inventeur de la guillotine – découvre l’existence d’un nouveau virus : le sang bleu. La maladie se propage au sein de l’aristocratie et pousse la noblesse à attaquer le peuple. C’est le début d’une révolte …
Ce qu’on en pense
Une série d’épouvante située pendant la Révolution : quelle bonne idée ! Robespierre aurait approuvé. QAnon aussi. On nous aurait donc menti sur les origines de la révolution? Bon sang (bleu), mais c’est bien sûr : c’est un virus zombie qui l’a provoquée ! Heureusement, le docteur Guillotin (Amir El Kacem décoratif) a découvert le pot aux roses. Dans la foulée, Pasteur et Pfizer n’étant pas encore de ce monde, il a inventé la guillotine. Comme remède pour éliminer les nobles infectés par le sang bleu, ça vaut tous les vaccins chinois ou russes ! Heureusement, toute ressemblance avec l’épidémie de Covid-19 est fortuite… Par contre, la série louche sur Le Pacte des loups côté visuel. Ça en jette ! Et apparemment, c’est suffisant : La Révolution cartonne sur Netflix. Il faut pourtant être sacrément bien disposé pour se taper ces 8 heures de gloubiboulga historico-fantastico-révisionniste aux dialogues ridicules, noyés sous des hectolitres d’hémoglobine. Au début, on se dit que ça ira, ça ira : mais non, rien ne va. En fait de Terreur, on finit atterré.
The Head
Par Ph.D
Le Pitch
L’hiver arrive au Pôle Sud. Le soleil disparaîtra bientôt pour six mois. Une équipe réduite va rester dans la station de recherche Antarctique Polaris VI pour poursuivre leurs recherches innovantes et déterminantes dans la lutte contre le changement climatique, sous la supervision du biologiste réputé Arthur Wilde (John Lynch). Mais quand le commandant Johan Berg (Alexandre Willaume Jantzen) arrive à la station au printemps pour prendre la relève, les membres de l’équipe sont soit morts soit portés disparus. Un tueur est en cavale et Annika (Laura Bach), la femme de Johan, a disparu. S’il veut la retrouver vivante, il devra faire confiance à Maggie (Katharine O’Donnely), une jeune docteure profondément bouleversée et à priori la seule survivante du groupe…
Ce qu’on en pense
Les amateurs de thrillers polaires et de huis clos horrifiques seront à la fête avec cette série espagnole découverte l’an dernier au MipTV de Cannes et acquise par Canal Plus. Si l’intrigue a des airs de déjà vu, on se laisse volontiers entraîner dans la partie Cluedo géant qu’elle propose. Qui a décapité un scientifique (d’où le titre) et tué tous ses collègues de la station Antarctique où ils étaient censés passer l’hiver ? Pourquoi la jeune Maggie s’en est-elle sortie ? Dit elle la vérité lorsqu’elle prétend ne pas se souvenir de tout ce qui s’est passé? Est-ce que la projection de The Thing a déclenché le massacre ? 6 épisodes glaçants concoctés par les frères David et Alex Pastor, spécialistes espagnols de l’horreur (Infectés, Les Derniers jours, Renaissances) permettront sans doute de répondre à ces questions vitales. Mais l’ibère est long en Antarctique…
Le Jeu de la dame
Par Philippe DUPUY
Le Pitch
Au début des années 60, Elisabeth (Anya Taylor-Joy), jeune orpheline placée dans une institution après le décès de sa mère dans un accident de voiture, se découvre un don phénoménal pour les échecs. Adoptée par un couple, elle se lance dans les tournois à fortes récompenses pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa mère adoptive (Marielle Heller), bientôt larguée par son mari. Mais pour devenir la plus grande joueuse d’échecs au monde, elle devra lutter contre ses multiples addictions.
Ce qu’on en pense
Adapté d’un roman de Walter Tevis (L’Arnaqueur, La Couleur de l’argent) , Le jeu de la dame (The Queen’s Gambit en VO) était d’abord prévu pour le cinéma avant de devenir une mini série en 7 épisodes d’une heure, réalisée par le Scott Franck, scénariste,entre autres, de Minority Report, Le Petit homme et Malice. Cela se sent pour le meilleur dans une reconstitution d’époque digne des plus grands films hollywoodiens et, pour le moins bon, dans l’étirement du scénario jusqu’à ses extrêmes limites. Ce qui pouvait être dit en deux heures l’est en sept, mais ce n’est pas gênant tant les personnages sont attachants et tant on prend de plaisir à les retrouver d’un épisode à l’autre. A commencer par l’héroïne, Elisabeth Harmon, sorte de Lisbeth Salander des échecs, formidablement interprêtée par Anya Taylor Joy. Découverte chez Night Shyamalan (Split, Glass) , il n’est pas difficile de lui prédire un bel avenir dans le cinéma fantastique, avec son visage de siamoise et ses yeux si grands qu’ils paraissent n’avoir pas de paupière. Même quand elle dort, son personnage les garde grands ouverts pour se projeter des parties d’échec au plafond, bien aidée, il est vrai, par les doses de librium qu’elle s’envoie… On la découvre orpheline de neuf ans entrant dans l’institution où on régule les humeurs des demoiselles à coup d’anxiolitiques, on la suit à 13 se faisant adopter par un couple vite désuni, puis à 17 devenant une championne d’échecs quasi imbattable, mais accro à tout ce qui lui tombe entre les mains comme médicaments, stupéfiants ou alcools. Il faut dire que sa mère adoptive, despererate housewife comme seules les années 60 ont pu en produire, biberonnait sec elle aussi. Heureusement, elle avait d’autres qualités, bien mises en valeur par l’interprétation de Marielle Heller. Il y a aussi Benny Watts (Thomas Brodie Sangster) , un autre prodige des échecs bien barré au look de Crocodile Dundee, qui deviendra son mentor. Et pleins d’autres seconds rôles intéressants que Beth tient à distance avec une morgue réjouissante. Sous ses dehors d’oie blanche tombée du nid, c’ est une vraie tueuse : Villanelle (Killing Eve) pourrait être sa cousine. On plaint d’avance les malheureux grands maîtres russes des échecs qu’elle doit affronter dans les derniers épisodes…