Séries

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Enlightened

Séries|

Par Phil Inout

Le pitch

Auto-destructrice et colérique de nature, Amy (Laura Dern) fait un burn out au bureau et part à Hawaii suivre une thérapie de groupe. Elle en revient totalement illuminée (« enlighted »),  décidée à faire le bien autour d’elle et à trouver la paix dans une vie meilleure. Hélas, ses belles résolutions vont se heurter aux ambitions contraires de ses collègues de travail, à la défiance de sa mère (Diane Ladd) et à la force d’inertie débonnaire de son ex mari toxico (Luke Wilson)… 

Ce qu’on en pense

Annulée au bout de deux saisons, cette série HBO datée de 2011 trouve une seconde chance sur OCS grâce à la pandémie de Covid qui booste la demande de fictions sur les plateformes de streaming. Une aubaine pour les fans de Laura Dern (Big Little Lies, Jurassic Park...) puisque l’actrice a coécrit et produit la série et la porte totalement sur ses osseuses épaules. Elle y joue une grande bringue un peu fofolle, employée dans un grand groupe industriel,  qui part en quenouille sous la pression après son divorce, suit une thérapie de groupe qui la rend encore plus dingo aux yeux de ses collègues, dégringole de plusieurs échelons dans sa boite et finit par partir en guerre contre la société capitaliste,  à la manière d’une moderne Don Quichotte en jupons. Portrait tragicomique d’une serial loseuse, Enlighted est souvent plus dérangeant que drôle.  Mais la série mérite d’être vue en entier, pas seulement pour la performance de Laura Dern, qui est de tous les plans,  mais pour ce qu’elle dit du monde du travail et de la société d’aujourd’hui. Elle n’a pas pris une ride depuis 2011.

Rectify

Séries|

Par Philippe DUPUY

Le pitch

Après 19 années passées en prison pour viol et meurtre, Daniel Holden (Aden Young) est finalement disculpé grâce à des analyses ADN. De retour dans sa ville natale, cet homme, qui n’avait que 18 ans lorsqu’il avait été emprisonné et condamné à mort, tente de se reconstruire… 

Ce qu’on en pense

La fermeture des cinémas et le couvre feu à 18h00 (mini confinement qui ne dit pas son nom) laissent du temps pour découvrir des séries qui étaient passées sous notre radar en première diffusion. C’est le cas de Rectify, qui date de 2013 et dont MyCanal a la bonne idée de rediffuser actuellement les 4 saisons.  Une aubaine car,  non seulement la série n’a pas du tout vieilli,  mais elle est on ne peut plus d’actualité. Un personnage qui a passé 19 années dans une cellule de 6 M2 sans fenêtre, dans le couloir de la mort,  a forcément des choses à nous apprendre sur la notion de  confinement !La série explore en profondeur  les traumas liés à l’enfermement, à la honte et à la culpabilité. Jugé coupable du viol et du meurtre de sa petite amie alors qu’il avait 18 ans, Daniel Holden (Aden Young, idéalement lunaire) est libéré au bout de 19 ans ( et 5 sursis d’exécution ! ) grâce à de nouvelles expertises ADN. Il  retrouve sa famille dans la petite ville de Georgie d’où il est originaire, mais doit tout réapprendre de la vie en société et de la vie tout court. Il erre comme un fantôme dans un monde qu’il ne reconnaît pas. Celui d’une adolescence brisée net. En attente d’un nouveau procès,  échappera-t-il à une nouvelle condamnation alors que la police et la justice refusent d’envisager l’idée d’une erreur judiciaire ? Réussira-t-il à se réintégrer dans une société qui le considère encore comme un violeur meurtrier potentiel ? D’ailleurs, est-il réellement innocent et que s’est-il passé exactement il y a 19 ans ? La série prend tout son temps pour répondre à ces questions existentielles,  en s’intéressant plus aux traumas de Daniel et à ses rapports avec sa famille et avec le reste du monde,  qu’à l’intrigue judiciaire. Et c’est passionnant !  Grande série,  au propre comme au figuré (30 épisodes de 40 minutes) , Rectify méritait bien, comme son héros,  une nouvelle chance.  

Paris Police 1900

Séries|

Par Phil Inout

Le pitch

Paris 1899, la République est au bord de l’explosion, prise en étau entre les ligues nationalistes et antisémites et la menace anarchiste. Le cadavre d’une inconnue retrouvé dans la Seine va propulser un jeune inspecteur ambitieux (Jérémie Laheurte) au cœur d’une enquête criminelle qui révélera un lourd secret d’État. Il va croiser la route de Lépine (Marc Barbé), de retour à la tête d’une Préfecture vérolée par les luttes de pouvoir, de la première femme avocate et d’une courtisane reconvertie en espionne… Ces personnages que tout oppose vont s’unir pour affronter un coup d’état. La Belle Époque n’a de belle que le nom…

Ce qu’on en pense

Nouvelle fiction de prestige de Canal +, Paris Police 1900 marche sur les traces du Bazar de la charité et de Peaky Blinders , même si,  côté réalisation et reconstitution d’époque, on est plus près des Brigades du Tigre. La série de Fabien Nury, auquel on doit déjà l’oubliable Guyane, ambitionne d’explorer de manière assez crue les méandres d’une époque violente et profondément antisémite, par le biais d’un thriller mêlant crime et politique. Côté sexe et hémoglobine, on est gâté ! L’intrigue et les personnages, par contre, laissent à désirer. Et le portrait que dresse la série de la France de la « Belle époque » est si peu ragoûtant qu’on n’a pas forcément très envie d’y revenir. Ce qui peut s’avérer gênant pour une fiction en 8 épisodes…

Losing Alice

Séries|

Par Phil Inout

Le pitch

Réalisatrice à succèsmariée à David (Gal Toren) un acteur célèbre et mère de 3 jeunes enfants, Alice (Ayelet Zurer), 47 ans,est en panne d’inspiration lorsqu’elle rencontre Sophie (Lihi Kornowski), une jeune et séduisante scénariste qui vient d’écrire le scénario d’un thriller érotique que tout le monde s’arrache, à commencer par David qui y voit le rôle de sa vie. Un autre réalisateur a déjà été choisi pour le mettre en scène, mais il a disparu. Alice se positionne et devient littéralement obsédée par l’idée de réaliser le film…  

Ce qu’on en pense

Sexe, rivalités féminines, affres de la création… Tels sont les ingrédients émoustillants de cette série israéliennedécouverte à CanneSéries et diffusée par Apple TV+. Une nouvelle réussite  de la production israélienne: après Our Boys, Fauda, Nehama, When Heroes Fly, Teheran, Hatufim, False Flag  et  Hostages (pour ne citer qu’elles), on n’en finit plus de louer le talent des réalisateurs et scénaristes de l’Etat hébreux. Sans parler des interprêtes ! La merveilleuse  Ayelet Zurer (vue dans Hostages, Munich et Man of Steel) et la débutante Lili Kornowski (False Flag) forment le duo de charme de ce thriller erotico psychologique largement féminin,  dont Apple TV+ distille, hélas, les épisodes au compte-gouttes. Une forme de torture mentale encore plus cruelle en temps de confinement.

3615 Monique

Séries|

Par Phil Inout

Le pitch

Dans la France du début des années 80, Simon (Arthur Mazet), Toni (Paul Scarfoglio) et Stéphanie (Noémie Schmidt) incarnent une nouvelle génération prête à tout pour s’approprier cette nouvelle décennie sans pour autant savoir concrètement ce qu’ils vont bien pouvoir faire de leur vie. Jusqu’à ce qu’ils découvrent les possibilités insoupçonnées du Minitel Rose…

Ce qu’on en pense

Ancêtre d’internet et des réseaux sociaux, le minitel a permis à une génération d’entrepreneurs de s’enrichir grâce aux messageries érotiques, accessibles par les fameux 3615. L’histoire de cette bascule vers les autoroutes de l’information et la start up nation méritait d’être racontée. Les concepteurs de 3615 Monique ont choisi de le faire sur le ton de la comédie. C’est réussi et les dix épisodes de 25 minutes se regardent avec plaisir,  grâce notamment à un excellent casting et à une reconstitution d’époque soignée et drôle. La critique des années fric aurait pu être plus féroce, mais il n’est pas exclu que la saison 2 soit plus acerbe. 

The Good Lord Bird

Séries|

Par Phil Inout

Le pitch

Henry, dit « Onion » (Joshua Johnson Lionel), un adolescent esclave, est enrôlé malgré lui dans l’armée de militants abolitionnistes menée par John Brown (Ethan Hawke) durant le « Bleeding Kansas« , une bataille sanglante qui a transformé cet Etat du Midwest en champ de bataille entre les défenseurs et les opposants à l’esclavage…

Ce qu’on en pense

Une géniale adaptation du roman de James McBrideL’oiseau du bon Dieu (The Good Lord Bird en VO) produite par Ethan Hawke qui s’est donné le bon rôle : celui de John Brown  abolitionniste halluciné qui a conduit la bataille du Kansas en tranchant des têtes à coups de sabre pour faire entendre à leur propriétaire la bonne parole. Son épopée tragi comique est racontée par un adolescent noir enrôlé de force dans son « armée » de réprouvés après que son père ait été tué par la faute de Brown. Pris pour une fille et surnommé Onion, le gamin assiste effaré aux massacres perpétrés par les deux camps,  au nom de l’idée qu’ils se faisaient de leur pays. C’est à la fois horrible et hilarant. Toute ressemblance avec l’Amérique d’aujourd’hui, divisée entre Trumpistes et anti Trumpistes, n’est sans doute pas tout à fait fortuite…

Alice in Borderland

Séries|

Par Phil Inout

Le pitch

A Tokyo, trois copains fans de jeux vidéo se retrouvent propulsés dans une réalité alternative, où ils doivent participer à des jeux meurtriers pour tenter de rester en vie alors qu’à l’exception des autres joueurs,  le reste de la population de la ville a mystérieusement disparu… 

Ce qu’on en pense

Adaptée d’un manga à succès cette série japonaise de science fiction entraîne le spectateur dans un Tokyo vidé de ses habitants, où seuls quelques individus, apparemment choisis au hasard, doivent franchir une série d’épreuves pour survivre. A la manière d’un jeu vidéo, ils doivent franchir des plateaux de plus en plus difficiles, en ne pouvant compter que sur eux-mêmes et en se défiant des autres joueurs. Léchée mais ultra violente, la série vaut surtout pour les images de Tokyo déserte,  qui renvoient évidemment à celles du confinement.  De l’addiction aux  jeux vidéo considérée comme un virus mortel…

Industry

Séries|

Par Phil Inout

Le pitch

A Londres, un groupe de jeunes loups de la finance fraîchement diplômés intègrent la salle des marchés d’un grand opérateur en bourse. La moitié seulement décrochera un job à l’issue de la période d’essai. Dans une culture d’entreprise qui encourage l’individualisme, la compétition, le sexe, la drogue et la performance à tout prix, que sont-ils prêts à faire pour réussir ?

Ce qu’on en pense

Bienvenue chez Les loups de la City ! Empruntant au film de Martin Scorcese (Le Loup de Wall Street) son penchant pour les excès en tout genre, cette série anglo américaine écrite par deux anciens traders nous invite dans la salle des marchés d’un opérateur boursier et dans l’intimité de ses traders. Au programme : ambition, fric, sexe et cocaïne. Pas très engageant à priori,  mais difficile de lâcher le programme sans savoir qui entrera dans le moule, qui en sortira et qui décrochera la timbale. Le choix de privilégier le parcours des deux filles de la promo (une bourge des grandes écoles et une black arrivée là au culot) est payant, car il permet d’introduire les problèmes d’égalité hommes/femmes et de harcèlement au travail. Sans compter que les deux interprètes (Marisa Abela et Myha’la Herrold) sont excellentes. 

The Wilds

Séries|

Par Phil Inout

Le pitch

Un groupe d’adolescentes, toutes très différentes, se retrouvent coincées sur une île déserte après un crash d’avion. Elles ignorent qu’elles font en réalité l’objet d’une expérimentation sociale très élaborée…

Ce qu’on en pense

Eniéme variation de Lost version ados (même pitch, même structure en flashback), The Wilds tire tout de même son épingle du jeu grâce à un casting de jeunes actrices épatantes et à une étude en profondeur des caractères et des comportements. L’intrigue est cousue de fil blanc et la réalisation banale,  mais on s’attache rapidement aux  héroïnes dont chacune cache évidemment, plus ou moins bien,  un trauma et/ou un secret. Dix épisodes d’une heure c’est peut-être un peu beaucoup,  mais les premiers épisodes sont accrocheurs et les derniers donnent très envie de voir la saison 2. On recommande donc cette série estampillée Amazon Prime. 

Bir Baskadir

Séries|

Par Phil Inout

Le pitch

Aide ménagère à Istambul, Meryem, une fille de la campagne,  est victime d’évanouissements réguliers. Sans autre signe clinique, elle est orientée vers une psychiatre, la trés citadine et bourgeoise docteur Peri. D’abord rétive à se confier à cette femme d’une condition très supérieure à la sienne, la jeune femme va finir lui raconter sa vie… dans les moindres détails ! La patience de la praticienne est mise à rude épreuve par ses interminables digressions…

Ce qu’on en pense

Si quelque esprit facétieux avait eu l’idée de confier une série au réalisateur Turc chouchou de Cannes,  Nuri Bilge Ceylan (palme d’or 2014 pour Winter Sleep), cela aurait pu donner quelque chose comme Bir Baskadir. Une série « Différente« , comme le suggère son titre.  Elle met en scène une flopée de personnages, de conditions et de croyances très différentes, dont les destins vont se croiser et parfois s’opposer, alors qu’ils n’auraient jamais dû se rencontrer. D’un rythme très lent,  avec de longs tunnels de dialogues erratiques, la série nécessite une certaine tolérance au cinéma d’auteur exotique pour s’apprécier pleinement. Mais la qualité de la mise en scène, la beauté de la photographie ,  le jeu des acteurs (tous excellents ), la critique sociale et l’humour sous jacent pourront retenir l’attention d’un public en quête de fictions originales. A preuve, l’étonnant succès de la série dans son pays d’origine, où la thématique et le traitement des différences socio culturelles ont alimenté des débats passionnés. 

Une si belle famille

Séries|

Par Phil Inout

Le pitch

Par un bel après-midi, Sunny et Meja célèbrent leur union dans la campagne suédoise, entourées de leurs proches. Mais on ne choisit pas sa famille… Et quand la situation leur échappe, tous se retrouvent confrontés au meilleur comme au pire.

Ce qu’on en pense

Entre Bergman et 4 mariages et un enterrement, cette mini série suédoise en 4 épisodes ne choisit pas… Et c’est tant mieux ! C’est l’été, deux jolies jeunes filles vont se marier dans la campagne suédoise, la météo, l’église et la maison des parents sont magnifiques. Apparemment,  la seule chose qui pourrait assombrir la fête serait que le papa d’une des mariées arrive en retard à la cérémonie. Mais rien ne va se passer comme prévu, évidemment ! Sans cesse sur le fil entre comédie de mariage, comédie de moeurs et drame familial, la série séduit par le contraste entre une réalisation de soap et un contenu décalé : les mariées sont lesbiennes, la mère de l’une d’elles s’envoie en l’air dans les toilettes avec le père de l’autre, le curé est alcoolo et ne sait pas tenir sa langue, des bébés arrivent où on ne les attendait pas… L’héroïne (Helena Bergström, formidable) raconte son histoire face caméra avec un grand sérieux,  mais en se mordant les lèvres pour ne pas rire. On est ravi d’avoir été témoin des noces du drame familial suédois et de la comédie anglaise ! 

La Chronique des Bridgerton

Séries|

Par Phil Inout

Le pitch

À Londres, pendant la Régence, Daphne Bridgerton (Phoebe Dynevor), fille aînée d’une puissante dynastie, est en âge de se marier. Sa mère et son frère aîné se chargent de trier les prétendants. Mais aucun ne convient à la belle qui voudrait faire un mariage d’amour. Ses manœuvres maladroites  pour échapper aux arrangements de sa famille font les délices de la bonne société londonienne,  informée par la lettre quotidienne de la mystérieuse et impitoyable Lady Whistledown…

Ce qu’on en pense

Première production de Shonda Rhimes (Grey’s Anatomy) pour Netflix, Bridgerton (titre original de la série, inutilement alourdi en VF) est une comédie romantique en costumes,  basée sur les huit tomes de la saga littéraire de Julia Quinn. Elle met en scène la bonne société londonienne du début du 19e siècle, à l’heure des mariages arrangés. On suit les efforts maladroits de la jeune héroïne, Daphné (campée avec beaucoup de fraîcheur par la délicieuse Phoebe Dyvenor )  pour échapper aux  prétendants sélectionnés par sa famille et trouver le grand amour. Il se présentera sous la forme d’un marquis rebelle et débauché (Rege Jean-Page), hélas bien décidé à ne pas se faire passer la corde au cou.  Dans l’esprit pop et coloré du Marie Antoinette de Sofia CoppolaBridgerton ne brille pas par l’originalité de son scénario,  ni par sa mise en scène tape à l’oeil, mais se révèle tout de même assez addictif, grâce à une  galerie de personnages attachants et à un point de vue résolument moderne et féminin. Sexy et colorée (jusque dans une mixité raciale peu conforme à la réalité historique), la série se déguste comme une boite de macarons de Noël et laisse le même goût sucré. Une mignardise ! 

Chambre 2806 : L’affaire DSK

Séries|

(Photo Joel Saget/AFP)                                                                                                                     

Par Philippe DUPUY

On ne saura probablement jamais ce qui s’est  réellement passé le 14 mai 2011, dans la suite présidentielle 2806 du Sofitel de New York. Deux thèses s’affrontent toujours : celle de la victime, la femme de chambre guinéenne  Nafissatou Dialo qui affirme avoir été violée par son occupant :  un certain Dominique Strauss Kahn. Et celle de ce dernier, qui a toujours évoqué sans entrer dans les détails une « relation inappropriée » (entendre adultérine) mais consentie. Les quatre épisodes de 50 minutes du documentaire réalisé sur l’affaire par Jali Lespert pour Netflix ne suffiront pas à trancher la question, que la justice américaine s’est empressée d’enterrer sous un non lieu.  Après que la police New Yorkaise ait tout fait pour humilier l’accusé,  le cabinet du procureur a, en effet, estimé que la plaignante avait trop menti dans le passé (à propos de ses fréquentations et pour obtenir son statut de réfugiée, notamment) pour être crédible à la barre d’un tribunal.  DSK a donc été élargi,  sans même avoir eu à s’expliquer publiquement. L’affaire lui a juste coûté sa carrière politique (il était, à l’époque, favori à la présidentielle contre Sarkozy), son mariage avec Anne Sinclair et quelques millions de dollars de « frais du justice », dont 1,5 million pour acheter le silence de la victime. Silence relatif, puisqu’elle a beaucoup parlé depuis et qu’elle le fait encore longuement devant la caméra de Jalil Lespert.  On y voit une femme plus attirante que sur les photos, mais brisée par l’affaire,  qu’elle ne peut évoquer qu’en réprimant des sanglots. Bien construit, rigoureux, multipliant les témoignages et les sources d’archives sonores et vidéo, le documentaire n’apprendra pas grand chose à ceux qui ont suivi l’affaire en direct. Mais venant après l’affaire Weinstein et le mouvement #MeToo, le portrait qu’il dresse de l’ancien directeur du Fond Monétaire International est sans appel. Celui d’un baiseur compulsif qui ne s’embarrassait pas de scrupules ni de formes pour satisfaire ses besoins sexuels. Qu’il s’agisse d’une intervieweuse imprudente (Tristane Banon, piégée dans un appartement qui lui servait probablement de baisodrome), d’une prostituée du Carlton de Lille (où ses amis locaux organisaient pour lui des parties pas fines que ça),  ou d’une femme de chambre new yorkaise, entreprise à la hussarde dans le couloir de la suite présidentielle. La parole de ses défenseurs de l’époque (avocats ou amis politiques), qui persistent à ne voir en lui qu’un incorrigible Don Juan,  est aujourd’hui strictement inaudible. Même si le casier judiciaire de DSK est resté miraculeusement vierge après deux procédures infamantes (celle de New York et celle de Lille), l’époque l’a jugé et condamné.

Cheyenne et Lola

Séries|

Le pitch
Libérée de prison, Cheyenne (Veerle Baetens) fait des ménages sur les ferries en rêvant de partir en Amazonie. Lola (Charlotte Le Bon) est une ravissante parisienne, égoïste et sans scrupules, qui vient de débarquer dans le Nord pour s’installer avec son amant. Quand Lola tue l’épouse de son amant, Cheyenne, témoin involontaire, sait qu’elle va être accusée du meurtre à cause de son casier. Elle est obligée de demander au caïd de la région de faire disparaître le corps. Une faveur qui va les entraîner dans un très dangereux jeu de dupes…

Ce qu’on en pense

Découverte à CanneSéries, cette nouvelle série française surfe sur la récente vague de succès remportés par les films sociaux, en mélangeant intrigue policière et peinture sociale. Bienvenue dans le Noooord, où la malheureuse Cheyenne (Veerle Baetens, crâne rasée et regard intense) , tout juste sortie de prison pour avoir refusé de dénoncer son mari braqueur, essaie de se réinsérer en faisant des ménages sur les ferries en partance pour l’Angleterre. Pas évident,  quand ses anciennes fréquentations font tout pour la mouiller dans leurs trafics  (de drogue et d’êtres humains) et qu’elle a le malheur de tomber sur une jeune écervelée (Charlotte Le Bon, excellente),  qui la mêle à un meurtre et l’entraîne malgré elle dans une cavale des plus périlleuses. C’est Thelma et Louise sur les Quais de Ouistreham (référence au livre de Florence Aubenas qui a inspiré la partie sociale de la série). La lumière et les décors industriels des Hauts de France font beaucoup pour l’attrait d’une série qui a tendance à en faire un peu trop entre réalisation esthétisante  et dialogues audiardesques, mais s’avère tout de même attachante,  grâce à ses deux actrices vedettes et à un très bon casting de seconds rôles.

Derby Girl

Séries|

Le pitch

Lola Bouvier (Chloé Jouannet), star déchue du patinage artistique à l’égo surdimensionné, décide de devenir  la plus grande championne de Roller Derby de tous les temps en intégrant, malgré elle, l’une des plus mauvaises équipes de l’Hexagone : les Cannibal Licornes…

Ce qu’on en pense

Découverte à CanneSéries, cette série girlie est à découvrir gratuitement sur le site de France TV ou sur la nouvelle plateforme Salto si on est abonné. Elle met en scène la fille d’Alexandra Lamy, Chloé Jouannet qui n’a pas volé son hérédité (elle s’était déjà faite remarquer dans les séries Riviera et Infidèle, mais là c’est une révélation comique),  aux côtés d’une bande de jeunes actrices également épatantes. Parodiant allègrement les séries américaines pour ados, Derby Girl envoie du bois dans l’humour trash et le mauvais goût assumé. On suit la résistible ascension de l’héroïne, sorte de Tanya Harding du roller derby, prête à tout pour devenir une championne de la discipline, après s’être faite exclure des championnats du monde de patinage artistique pour avoir coupé les doigts d’une de ses concurrentes avec ses lames de patins. C’est drôle, bien écrit, bien joué et bien réalisé : si on ne savait pas qu’elle est française, on jurerait une série anglaise !  Après l’excellent Parlement, il se confirme que les bonnes séries de France TV sont à voir en ligne plutôt que sur les chaines publiques…