Innocent
Par Phil Inout
Le pitch
Madrid : une soirée en boîte de huit dégénère en bagarre générale et Matéo (Mario Casas) tue accidentellement un garçon de son âge. Condamné et emprisonné, il ressort au bout de 4 ans et refait sa vie. Alors qu’Olivia, sa femme, (Aura Garrido) vient de lui annoncer qu’elle est enceinte, elle disparaît mystérieusement. Mateo se trouve alors au centre d’intrigues dont il ne contrôle plus rien…
Ce qu’on en pense
L’adaptation du mois d’un roman d’Arlan Corben est espagnole et plutôt soignée du point de vue de la réalisation et de la photo. Le problème, c’est qu’on ne comprend pas grand chose à l’intrigue et (pire) qu’on s’en fout un peu. Le scénario est hyper formaté, les personnages sont stéréotypés, les acteurs sans charisme et on a l’impression d’avoir déjà vu tout ça cent fois. Et ce n’est pas qu’une impression: toutes les adaptation d ‘Arlan Corben finissent par se ressembler. Pas sûr qu’on tienne jusqu’au bout de la licence avec Netflix…
Toujours là pour toi
Par Phil Inout
Le pitch
A Seattle, Kate (Sarah Shalke) et Tully (Katherine Heigl) sont, depuis l’adolescence, les meilleures amies du monde. Elles se soutiennent dans les bons comme les mauvais moments. Un jour, une trahison impensable est commise, leur belle amitié vole en éclats. Pourront-elles se réconcilier ?
Ce qu’on en pense
Sous ses airs de soap à la guimauve sur l’amitié féminine, Toujours là pour toi (Firefly Lane en V.O) se révèle étonnament addictif. Au point qu’on a avalé les dix heures de la saison 1 presque d’une traite ! La réalisation est pourtant d’un kitsch à toute épreuve. Surtout pour la décennie 80, car la série surfe sur trois temporalités correspondant à l’adolescence, au débuts dans la vie puis au quotidien des deux héroïnes dans les années 2000. Inspiré de This Is Us, et utilisé de manière encore plus pointue, ce procédé est le premier atout de TLPT . A tout moment l’action bascule des années 70 aux années 80 ou 2000 et on ne s’en aperçoit qu’aux coiffures ou aux tenues des personnages. La deuxième force de la série, ce sont eux évidemment ( les personnages). Outre les deux héroïnes (Tully, tornade sexy à qui rien ne résiste et la douce Kate qui doit batailler dur pour se faire une place dans la vie) , Firefly Lane ( quartier résidentiel de Seattle où vivent les deux familles) accueille toute une galerie de personnages hauts en couleurs, comme la mère hippie de Tully (Beau Garrett) dont chaque apparition peut faire basculer le scénario du burlesque au drame. TLPT navigue entre les genres et les époques avec une aisance confondante, sans oublier d’interroger sur l’amitié, la réussite sociale, la célébrité, la jalousie… . Vivement la saison 2 !
Shadows and Bone
Par Phil Inout
Le pitch
Le royaume de la Ravka est maudit depuis des millénaires. Son destin repose désormais sur les épaules d’une orpheline. Alina (Jessie Mei Li) a été recrutée par l’Armée pour accompagner les Grisha, de puissants magiciens qui luttent contre le brouillard maléfique qui déchire le pays. Quand son ami d’enfance Mal (Archie Renaux) frôle la mort lors de ce raid, Alina doit affronter ses peurs et sa destinée…
Ce qu’on en pense
Adapté de la saga littéraire à succès Grisha de Leigh Bardugo, Shadows and Bone est une série fantastique pour ados (et plus si affinités), qui propose un univers original, à la manière d’ Harry Potter, de Hunger Games, de Dune ou du Seigneur des Anneaux. L’action se déroule dans un pays qui ressemble à la Russie, à une époque qui pourrait être le 19e siècle. Un univers steampunk, où des armées au look napoléonien combattent les forces du mal tapies dans un no man’s land protégé par un épais brouillard noir. Pour s’opposer aux monstres qui peuplent cette contrée inhospitalière, les hommes peuvent compter sur les super pouvoirs de mutants baptisés Grishas. Mais, en dehors des zones de combat, ceux ci sont ostracisés car leurs pouvoirs inquiètent. Aussi certains cachent leurs dons particuliers, comme Alina, une jeune fille qui s’est enrôlée dans l’armée comme cartographe pour suivre son ami d’enfance Mal et dont la série suit la destinée héroïque. Lorgnant clairement sur la succession de Game of Thrones, Shadows and Bone est une production de grande envergure, aux décors et à la réalisation soignés, portée par de jeunes acteurs attachants (à commencer par Jessie Mei Li qui incarne la jeune héroïne). Si on aime le fantastique et la romance adolescente, la série peut se révéler trés addictive.
Le Serpent
Par Phil Inout
Le pitch
Se faisant passer pour négociants en pierres précieuses, Charles Sobhraj (Tahar Rahim) et sa compagne Marie-Andrée Leclerc (Jenna Coleman) voyagent à travers la Thaïlande, le Népal et l’Inde entre 1975 et 1976, commettant sur leur passage une série de crimes sur le « Hippie Trail» asiatique. Un jeune diplomate néerlandais Herman Knippenberg (Billy Howle) finit par soupçonner leur implication dans la disparition de plusieurs jeunes touristes et se lance à leurs trousses…
Ce qu’on en pense
Après The Eddy, Tahar Rahim est à nouveau en tête d’affiche d’une série Netflix. L’histoire véridique de Charles Sobhraj, alias Le Serpent, un serial killer franco indien qui a sévi en Thaïlande dans les années 70, dépouillant les jeunes hippies et se débarrassant de leurs cadavres sans jamais être inquiété par la police locale. Avec un maquillage qui le fait étrangement ressembler au David Carradine de la série Kung Fu, Tahar Rahim incarne un Serpent particulièrement venimeux, bien secondé par Jenna Coleman (Captain America First Avenger, Docteur Who) qui joue sa complice. La reconstitution d’époque est si parfaite qu’on a l’impression de regarder une série des années 70. Dommage que l’intrigue soit aussi ténue et répétitive, avec d’incessants sauts temporels qui n’apportent pas grand chose et des accents chelous dans la version française. Tout étant exposé dans le premier épisode, on peine à aller au bout des sept suivants.
Staged
Par Phil Inout
Le Pitch
Confinés en raison de la crise sanitaire alors qu’ils s’apprêtaient à monter sur scène, deux célèbres comédiens anglais (David Tennant et Michael Scheen dans leur propre rôle) sont contraints de rester chez eux. Leur metteur en scène, Simon (Simon Evans) les convainc de reprendre les répétitions en visio sur Zoom. Pas une mince affaire pour ces deux artistes, habituées à brûler les planches et pas toujours techno-compatibles…
Ce qu’on en pense
La comédie de confinement aura presque eu le temps de devenir un genre à part entière. Et dans le genre, il sera difficile de faire mieux que Staged. Remarquablement écrite, dialoguée, mise en scène et jouée, cette série anglaise coche toute les bonnes cases. On se régale à voir les deux comédiens vedettes David Tennant (Doctor Who, Good Omens, Inside Man , Broadchurch) et Michael Sheen (The Queen, Good Omens, Doctor Who) jouer leurs propre rôles de comédiens désoeuvrés et se débattre avec leurs smartphones, tablettes et ordis pour répéter malgré tout la pièce qu’ils devraient jouer après le confinement. Amis dans la vraie vie depuis qu’ils ont joué ensemble dans Good Omens, les deux acteurs n’ont pas à surjouer la complicité à l’écran : elle est évidente. La manière trés british dont ils se charrient sur leurs origines , leur accent (un est écossais , l’autre gallois), leur célébrité et leurs dons réèls ou supposés pour la cuisine ou l’éducation des enfants, fait partie du charme de la série qui excelle aussi à montrer comment le confinement modifie les comportements et les relations sociales ou amoureuses. Les personnages féminins (femme de l’un, compagne de l’autre) et les guests stars (Judi Dench, Samuel L Jackson…) de plus en plus nombreuses au fil des épisodes, évitent au show d’être trop répétitif ou autocentré. Déjà deux saisons à binger d’urgence sur MyCanal.
Moi, Christiane F.
Par Phil Inout
Le Pitch
L’histoire de Christiane F. (Janna McKinnon) et de ses amis dysfonctionnels qui, adolescents, se retrouvent confrontés aux drogues, au sexe et à la violence sociale dans le Berlin Ouest des années 70…
Ce qu’on en pense
Relecture moderne du fameux récit autobiographique de Christiane Pelscherinow (Moi, Christiane F. 13 ans, droguée, prostituée) adapté au cinéma par Uli Edel en 1981, cette série Allemande en 8 épisodes ressuscite le Berlin Ouest de la fin des années 80, où une bande d’adolescents va expérimenter, pour des raisons diverses, la nuit, la drogue et la prostitution. La série se démarque du livre et de son adaptation au cinéma par la multiplication des personnages et par un traitement plus contemporain. Le résultat est un peu bancal, entre teen movie, film social, récit autobiographique et… fantastique ! Des scènes oniriques ou surréalistes viennent régulièrement alléger la noirceur du récit originel. Malgré tout, on peine quand même à s’intéresser aux différents personnages dont, à part l’héroïne interprétée par Janna McKinnon, aucun ne se détache vraiment. A voir pour la reconstitution d’époque et la B.O dominée par la musique de David Bowie, comme le film d’Uli Edel.
Snabba Cash
Par Phil Inout
Le pitch
Leya (Evin Ahmad), jeune mère célibataire dont le mari a été abattu, tente de percer dans les nouvelles technologies. Un milieu en pleine effervescence, où la quête de gloire et d’argent est aussi violente que dans la pègre syrienne à laquelle appartenait son mari. Jusqu’où la jeune femme ira-t-elle pour réussir ?
Ce qu’on en pense
Nouvelle réussite du polar nordique, Snabba Cash nous plonge dans le milieu des start-ups de Stockholm et dans celui de la pègre immigrée syrienne, avec une héroïne qui a un pied dans chacun des deux univers. Lorsque la série débute, Leya (Evin Ahmad) élève son jeune fils seule après la mort violente de son mari et essaie de lancer une société technologique. Mais son dernier investisseur est en train de la lâcher et sa société est au bord de la faillite. Contrainte de bosser dans un restaurant comme serveuse pour payer ses factures, elle réussit à convaincre un business angel richissime d’investir dans sa boîte. Pour boucler le deal, il lui faut racheter sa dette auprès du premier investisseur. N’ayant pas un sou devant elle, elle se résoud à accepter l’aide de l’ancien associé de son mari, un caïd de quartier, dont le trafic de drogues est en pleine expansion. La rencontre des deux univers, celui de la jet set des nouvelles technos et celui du crime organisé, va s’avérer explosive… Un polar urbain noir, violent et haletant, porté par une héroïne attachante, superbement interprétée par Evin Ahmad. On en redemande !
Bron
Par Phil Inout
Le Pitch
A la frontière entre la Suède et le Danemark, au beau milieu d’un pont, est retrouvé le corps d’une femme, vraisemblablement assassinée. Les polices suédoises et danoises sont alors dépêchées sur les lieux. Mais l’affaire prend une tournure particulièrement glauque et étonnante lorsque les enquêteurs découvrent qu’il ne s’agit pas d’un seul mais de deux cadavres, coupés en deux à la taille, qui ont été assemblés pour n’en faire qu’un…
Ce qu’on en pense
Bron (The Bridge) fait partie des grandes séries à rattraper pendant le #confinement3. Alors que Chérie 25 diffuse la saison 3, Arte + a mis en ligne les deux premières. Classique du genre black nordique, cette série policière suédo-danoise lancée en 2011 se distingue par un scénario particulièrement alambiqué, avec un serial killer qui met en scène ses crimes pour alerter l’opinion sur des thèmes sociétaux et deux enquêteurs aux personnalités très différentes : Saga (Sofia Helin) une policière suédoise limite autiste qui roule en Porsche et drague dans les bars et Martin Rohde (Kim Bodnia), un inspecteur Danois père de famille nombreuse au physique de nounours qui vient de subir une vasectomie. Écrite et réalisée majoritairement par des femmes, la série se révèle vite addictive, à la manière de The Killing, autre géniale série nordique qui a occupé notre premier confinement et dont la version US est disponible sur Amazon Prime Vidéo.
Sky Rojo
Par Phil Inout
Le pitch
Ce qu’on en pense
Les créateurs de Casa de Papel frappent encore fort sur Netflix avec cette nouvelle série girlie qui dépote. Un « Thelma & Louise fois trois » sur l’île de Tenérife, où trois prostituées font tout et n’importe quoi pour échapper à leurs proxos. B.O rock, sexe, violence, courses poursuites, humour noir : le cocktail est connu et bien dosé. Le spectateur est embarqué sur un roller coaster sans freins pour 8 épisodes torchés à fond la caisse. Les couleurs flashent, la musique bastonne, les dialogues écorchent les oreilles et on en prend plein les yeux avec trois actrices bombissimes. Pas réaliste pour un sou, mais jouissif.
Un Homme d’honneur
Par Phil Inout
Le pitch
Richard Altman (Kad Merad), juge droit et respecté, voit sa vie basculer lorsque son fils Lucas (Rod Paradot) commet un délit de fuite en laissant un motard pour mort. Richard pousse son fils à se dénoncer, mais se rend compte que la victime n’est autre que le fils d’un puissant mafieux, Bruno Riva (Gérard Depardieu) et que Lucas signerait son arrêt de mort en se livrant aux autorités. Prêt à tout pour sauver son fils, le juge va renier tous ses idéaux, mettre le doigt dans un engrenage infernal et entamer une réelle descente aux enfers…
Ce qu’on en pense
Après This Is Us (devenu Je te promets en VF), TF1 adapte une nouvelle série US, Your Honor, elle même déclinée d’une série israélienne. L’histoire d’une descente aux enfers qui, dans la version américaine, était portée par Bryan Cranston et louchait vers Breaking Bad. Avec Kad Merad dans le rôle principal, on s’éloigne du thriller nerveux et anxiogène pour une forme plus proche de la dramatique télévisuelle, qui convient sans doute mieux au public cible du prime time de TF1. Le casting français (Rod Paradot, Gérard Depardieu, Zabou Breitman, Nicolas Duvauchelle…) et quelques changements scénaristiques ne suffisent pas à donner très envie d’aller au bout des six épisodes pour qui a vu les versions précédentes. Kad Merad est moins bon que dans Baron Noir, Depardieu cachetonne, Rod Paradot grimace au lieu de jouer et les modifications apportées au scénario original ne rendent pas l’histoire plus crédible, au contraire. Après sa diffusion sur TF1, à raison de trois fois deux épisodes le lundi, Un Homme d’honneur sera disponible en intégralité dès le 23 avril sur Disney+
6 X Confin.é.e.s
Par Phil Inout
Le pitch
Que se passe-t-il à l’intérieur quand il ne se passe rien dehors ? Dans les appartements, dans les maisons, dans les têtes? Qu’est-ce qui émerge lorsqu’on est coincé durant des semaines en coloc avec sa famille, des presque inconnus ou en couple sans échappatoire ? 6 histoires qui ont en commun de se dérouler durant le premier confinement et qui explorent dans des registres différents la façon dont le meilleur (parfois) et le pire (très souvent) s’expriment dans cette situation inédite.
Après Connectés , le film de Romuald Boulanger sorti sur Prime Video pour le #confinement2 , voici 6 X Confin.é.e.s la série, qui débarque sur MyCanal pile poil pour le #confinement3. Soient 6 courts métrages d’une vingtaine de minutes, réalisés par des cinéastes débutants comme la photographe Alice Moitié ou l’humoriste Marina Rollman, et censés se passer entre mars et mai 2020, pendant le premier confinement. Le premier met en scène Vincent Cassel dans le rôle d’un DJ sur le retour qui héberge chez lui son jeune collaborateur faiseur de sons et sa copine styliste. Au menu : conflit de générations et dj mix en live, avec un Vincent Cassel en très grande forme. Dans le suivant, William Lebghil et Laura Felpin jouent deux gamers marginaux qui squattent un grand appartement parisien et se prennent la tête aussi bien en présentiel qu’en virtuel. Le troisième met en scène Gilbert Melki dans le rôle d’un marginal qui tombe en panne de voiture devant un château et décide de camper dans le parc, avec le consentement plus ou moins contraint des chatelains… Bien dirigés, drôles, décalés et percutants, les six sketches réussissent à être originaux en abordant les thématiques dans l’air du temps. Comme le harcèlement sexuel dans le film le plus marquant, où Ludivine Sagnier, people parisienne, revient dans sa famille de province et apprend, entre la poire et le fromage, qu’elle a été victime d’attouchements dans son enfance. Ce qu’elle avait totalement oublié… Malgré un petite baisse de régime sur la fin, 6 X Confiné.e.s est une nouvelle réussite à mettre au compte des productions Canal +.
Ginny & Georgia
Par Phil Inout
Le pitch
Portée par un duo mère-fille épatant (Antonia Gentry et Brianne Howey, deux découvertes), cette nouvelle série Netflix aux airs de teen-drama à l’eau de rose se démarque du genre grâce à ses thématiques sociales et à une intrigue de thriller qui en fait un mix réussi de Gilmore Girls et de Little Fires Everywhere. Le scénario met en parallèle la vie vie quotidienne de Ginny (Antonia Gentry), adolescente métisse douce et innocente, qui découvre l’amour dans son nouveau lycée et celle de sa mère, la tempétueuse et secrète Georgia (Biranne Howey), dont on découvre en flashes back le parcours de vie chaotique, marqué par une furieuse envie d’échapper, par tous les moyens, à sa condition sociale. La série alterne ainsi humour (avec des dialogues très enlevés), romance et drame à un rythme soutenu. Une bonne surprise.
Caïd
Par Phil Inout
Le pitch
Un réalisateur (Sébastien Houbani) et son caméraman (Julien Meurice) sont envoyés tourner le clip de rap de Tony, un caïd de cité du sud de la France (Abdraman Diakité). Ils se retrouvent embarqués, malgré eux, dans une guerre des gangs…
Ce qu’on en pense
Nicolas Lopez et Ange Basterga, un Martiguais et un Corse, avaient réalisé en 2017 Caïd, un film de cité autoproduit, dans la lignée de La Haine et Un Prophète, dont l’originalité était d’être tourné en « found footage ». Primés à Cognac, Netflix leur a proposé de l’adapter en série dans un format inédit (10 épisodes de 10 minutes) qui semble fait pour les smartphones. Bonne pioche en tout cas : Caïd est une réussite. Les dix épisodes s’avalent d’une traite et on en redemande. La mise en scène est immersive et hyper rythmée, les dialogues fusent, la direction d’acteurs est efficace (tous inconnus, ils sont tous très justes), tous les personnages existent malgré la brièveté des épisodes, la tension ne baisse jamais et on compatit aux galères tragicomiques des deux innocents clippeurs pris en otage dans une véritable guerre des gangs, sur fond de rap et de trafic de drogue. Scotchant et drôle, Caïd est une des rares bonnes séries françaises de Netflix.
Allen V. Farrow
Par Phil Inout
Un jour de cérémonie, Mick Jagger avait publiquement remercié Woody Allen d’avoir démontré que la vie privée des rock stars n’était, au fond, « pas si scandaleuse ». On trouve la saillie moins comique après avoir vu Allen V. Farrow. En quatre parties d’une heure chacune, la mini-série documentaire réalisée pour HBO par Kirby Dick et Amy Ziering dresse un réquisitoire qui laisse peu de doutes sur la véracité des accusations d’abus sexuels dont le réalisateur fait l’objet. Surtout, elle démonte la défense de Woody Allen, qui a toujours plaidé qu’il faisait l’objet d’une vengeance hystérique de son ex-compagne, qui n’aurait pas supporté d’être quittée pour sa fille adoptive Soon Yi et aurait manipulé son autre fille, Dylan, pour quelle l’accuse. Les deux femmes s’expriment longuement face caméra et leur témoignage est accablant car il a tous les accents de la vérité. En 1991, alors que Soon Yi est en première année de fac, Mia Farrow trouve dans l’appartement de Woody Allen des polaroids érotiques de sa fille adoptive. Questionné sur leur provenance, le réalisateur avoue qu’il a pris les photos et qu’il entretient une relation avec la jeune fille depuis ses 18 ans (mais probablement avant). Au téléphone (Mia Farrow a enregistré leurs conversations), il plaide le coup de folie et promet de s’amender. L’été suivant, alors qu’il vient rendre visite à sa famille dans leur maison du Connecticut, Allen échappe à l’attention des nounous et disparaît plusieurs dizaines de minutes avec sa fille Dylan, pour laquelle il a développé une véritable obsession depuis qu’elle est toute petite. Au point qu’ils sont tous les deux suivis par un psy à ce sujet et que les nounous ont pour consigne de ne pas les laisser seuls. La petite fille, alors âgée de 7 ans, racontera dans les jours qui suivent avoir été entraînée au grenier par son père et y avoir subi des attouchements. Ce n’était pas la première fois, assure-t-elle aujourd’hui. Mia Farrow, qui filme la vie quotidienne de ses enfants avec son camescope, a enregistré les déclarations de la petite fille. En les diffusant pour la première fois et en racontant toute l’histoire dans les détails les plus intimes, photos et films de famille à l’appui, la mini série place le spectateur dans une position de voyeur, parfois malaisante. D’autant que, le clan Allen ayant refusé de participer au documentaire, sa défense n’est audible que par le biais d’extraits audio de la biographie du réalisateur sortie l’an dernier. Mais le respect dû à la parole des victimes est sans doute à ce prix, alors qu’elle a été mise en doute pendant des années et que Woody Allen a bénéficié durant tout ce temps de la sollicitude des médias et de la justice. On comprend mieux après avoir vu Allen V. Farrow l’ostracisme dont il fait aujourd’hui l’objet, malgré son immense talent et sa géniale filmographie.
Mon Amie Adèle
Par Phil Inout
Le pitch
Ce qu’on en pense
Surfant sur la vague Little Big Lies/Little Fires Everywhere, voici la nouvelle série à suspense girlie de Netflix. Un scénario d’adultère classique qui flirte avec le fantastique avec une des deux héroïnes sortant d’un asile, une autre victime de crises de terreur nocturne, un mari/patron/amant psychiatre qui ne lésine pas sur la prescription de pilules, un petit ami disparu, possiblement psychopathe et de drôles de hasards. Entamée comme une banale comédie romantique, dans le Londres ensoleillé des beaux quartiers, la série vire au thriller psychologique au fil des épisodes , pour finir dans le grand n’importe quoi. Si on ne regrette pas (trop) le temps passé à la regarder, c’est surtout grâce aux deux jeunes actrices: la délicieuse Simona Brown (une découverte) et Eve Hawson, que l’on avait découverte au cinéma dans This Must Be The Place de Paolo Sorrentino et qui n’est autre que la fille de Bono, le chanteur de U2. Elle donne à son personnage le mystère et l’ épaisseur qui manquent singulièrement au scénario.