COD : Modern Warfare
Par Cédric Coppola
Fidèle au rendez-vous annuel, le nouveau Call of Duty est désormais disponible. Il bat une énième fois des records puisque ce nouvel opus a engendré près de 600 millions de dollars lors des trois premiers jours de lancement ! Un chiffre hallucinant, signe que l’engouement pour le blockbuster d’Activision ne faiblit pas. Développée par Infinity Ward , la série des «Modern Warfare » a pour objectif de se focaliser sur des conflits contemporains avec comme point central la lutte anti-terroriste. Ce cru 2019 qui fait également office de reboot s’inscrit dans cette lignée et propose une campagne de premier ordre qui bien que courte, nous envoie aux quatre coins du globe au cours de missions intenses. Une envie de réel… mais aussi de créer une pure fiction. Ainsi la Syrie et Al-Qaïda apparaissent sous des noms d’emprunts. Certaines libertés ont aussi été prises avec les agissements de l’armée russe. Un point faisant même l’objet d’une polémique, notamment en raison d’une séquence où l’on dirige une enfant qui voit son père abattu sous ses yeux par un soldat soviétique… A jouer en connaissance de cause, avec un certain recul, donc. Entre phases d’infiltrations, utilisation de drones, passages où il faut user du fusil de sniper, défense d’une ambassade, attentat à Piccadilly… les situations rencontrées sont variées.
Le côté scripté, scénarisé, fait toujours son petit effet et l’ensemble est diablement spectaculaire. Comme de coutume, plusieurs niveaux de difficultés sont disponibles. Une fois cette campagne achevée, direction le multi. Petite surprise, le mode zombie n’est pas au rendez-vous. Il est remplacé par des opérations spéciales haletantes à mener en coop. Attaque ou défense d’objectifs sont les maîtres mots de ces défis réellement funs, surtout en compagnie d’amis. Fer de lance de la galette, dont l’installation avoisine les 120 go sur PS4 Pro, l’aspect compétitif est une nouvelle fois des plus complets. On note des cartes où il faut jouer dans l’obscurité, des conflits à grande échelle avec des véhicules blindés, du match en équipe ou chacun pour soi…. Le tout en comité plus ou moins réduit. Autre gros plus : le Crossplay. Désormais il est possible de se fritter simultanément que l’on soit sur PS4, X-One ou PC ! D’un point de vue technique, « Modern Warfare » est une vraie réussite. Les graphismes se situent un cran au-dessus des précédentes productions et le travail sonore est remarquable. Avec un bon équipement, l’immersion est totale et pourra même perturber les plus sensibles ! Autre atout de cet opus 2019, l’absence de lootboxes ! Désormais, il s’agit de remplir des défis (abattre tant d’ennemis avec une arme particulière, terminer un certain nombre de parties…) pour accumuler des points d’expérience et débloquer du nouvel équipement. Une idée qui porte ses fruits, au point de rendre le jeu encore plus chronophage ! (Testé sur PS4 Pro)
Cigarettes After Sex : Cry
Non contents d’avoir le plus beau nom de groupe du monde, les Cigarettes After Sex produisent la plus belle musique qui soit. On craignait qu’ils ne puissent jamais surpasser la perfection ouatée de leur premier album, paru il y a deux ans, et qu’on écoute encore en boucle chaque fois qu’une soirée s’éternise. Leur second est encore meilleur, avec des chansons qu’on croirait remixées du Velvet 3 par Roger Waters pour un film de David Lynch : crépusculaires et sensuelles, portées par la voix androgyne de Greg Gonzalez et des arrangements minimalistes de musique de chambre. Etonnant pour un groupe originaire d’El Paso (USA). Beau à pleurer, Cry est l’album de l’hiver… Et de tous les suivants. A écouter en boucle sous la couette avant, pendant et après l’amour…
The Cure: 40 Live
Sans qu’on s’en rende bien compte, The Cure est devenu cette chose énorme qui peut se permettre de réapparaître tous les cinq ans, de remplir les stades sans la moindre publicité , d’y donner des concerts phénoménaux de près de trois heures en alignant tube sur tube et de disparaître à nouveau sans laisser d’adresse jusqu’à l’annonce de la prochaine tournée. Seuls une poignée de groupes au monde peuvent se permettre ce genre de choses. Des dinosaures pour la plupart. En 2018, le groupe de Robert Smith fêtait son 40e anniversaire avec deux concerts historiques à Londres: le premier en juin au Royal Festival Hall, avec une étonnante setlist reprenant un titre de chacun de ses 13 albums studio dans l’ordre chronologique puis rétrochronologique. Le second s’est tenu au mois de juillet à Hyde Park, avec un programme plus classique d’une trentaine de chansons balayant toute sa carrière. Les deux shows, aujourd’hui disponibles en CD , DVD et BR, sont monstrueux. On s’attendait à plus kiffer le premier, donné en format club dans lequel on n’a plus vu le groupe depuis des lustres. Il est trés bon, mais c’est celui de Hyde Park qui nous a fait grimper au rideau. Le groupe formé du vétéran Simon Gallup à la basse (since 1979 !), Jason Cooper à la batterie, Roger O’Donnell aux claviers et de l’ancien sideman de David Bowie, Reeves Gabrels aux guitares, est un véritable rouleau compresseur. Et la setlist est imparable : 29 titres 29 tubes immortels. Le son est énorme et la captation vidéo parfaite. Merci Tim Pope ! Au micro et à la guitare Robert Smith est impérial : le temps ne semble pas avoir de prise sur lui. Comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, Smith a annoncé que Cure allait sortir l’an prochain non pas un, mais trois nouveaux albums. Avec près de 9 heures de musique cumulées sur les 4CD et 2DVD du coffret, on a largement de quoi patienter jusque-là.
Interview : Vincent Delerm
Une « vie Varda ».Comme celle qu’il chante dans son nouvel album : oublier le succès, « simplement dire ce qui nous touche », « regarder ailleurs », « quelquefois chercher l’élégance » et « parfois trouver la beauté » Depuis qu’il est apparu, à l’aube des années 2000 dans le paysage de la chanson française, Vincent Delerm s’est appliqué à garder la légèreté du trait qui, mine de rien, dessine une carrière presque déjà vingtenaire. La parution de son septième album (Panorama) et du film qui l’accompagne (Je ne sais pas si c’est tout le monde) fournit l’occasion de faire un point sur le parcours atypique du chanteur « hors compétition »
Sortir un film et un disque en même temps, c’est une double pression ?
Au bout de vingt ans, c’est un luxe inouï de pouvoir continuer à exister comme artiste et de faire ce que j’ai envie de faire. Je n’ai jamais trop transformé ça en pression négative. Je me dis qu’il y a un noyau dur de gens qui me suivent et s’intéressent à mon travail et qui auront envie de voir où j’en suis. La pression, c’est plutôt au moment de l’écriture des chansons : on a envie qu’elles soient bien et que les gens ne soient pas trop déçus.Mais avoir la possibilité de faire ce qu’on a envie de faire, s’inscrire dans la durée en tant que chanteur, tout en pouvant faire un pas de côté de temps en temps, comme avec ce film, c’est juste du bonheur.
Les deux projets étaient imbriqués dès le départ ?
Depuis quelques années, j’aime bien travailler sur la chanson et faire autre chose en parallèle : des photos, du théâtre, un film cette fois. L’idée du film remonte à plusieurs années déjà et elle a beaucoup évolué au fil du temps.L’écriture de l’album est venue après.Il y a des passerelles entre les deux : la chanson « Panorama », qui donne son titre à l’album, reprend des extraits d’interviews du film. Et « Je ne sais pas si c’est tout le monde » reprend le titre du film, mais elle n’est pas dedans. D’ailleurs, la BOdu film sortira séparément.Le film et l’album sont comme deux chemins parallèles…
Pourquoi les sortir ensemble ?
Je ne voulais pas qu’un des deux objets soit à la ramasse de l’autre. Ça m’est arrivé plusieurs fois de sortir des choses en même temps, parce que ça appartenait à une même époque de création.Il y a aussi l’idée de ne pas sortir le disque et revenir six mois après pour dire « Ah, au fait, j’ai oublié de vous dire : j’ai aussi fait un film » (rires). J’aime bien rester assez discret donc, tant qu’à faire de la promo, autant la faire pour les deux en même temps.
Les thématiques abordées sont assez proches…
Il y a forcément un cousinage.Le film et l’album fonctionnent sur un même ressort, qui est de se demander quelles sont les choses présentes qui comptent pour nous et si elles comptent aussi pour les autres.Ça impliquait l’intervention de gens extérieurs. Sur l’album, j’ai demandé à une dizaine d’artistes différents de réaliser chacun une chanson et sur le film j’ai interviewé des gens très différents aussi les uns des autres.On passe par toute une galerie de personnages qui disent quelque chose d’eux et de leur manière de ressentir la vie et les choses. Le fil conducteur c’est de partir d’une impression personnelle, de se dire : « Oui je ressens ça, mais je ne sais pas si c’est tout le monde » et de télescoper ça chez les autres. C’est ce qu’on essaie toujours de faire quand on écrit des chansons : on parle de choses très intimes et personnelles, en espérant qu’elles trouvent un écho fort chez ceux qui les écoutent.
En quoi le fait de faire intervenir des gens différents sur chaque chanson modifie-t-il le résultat final ?
Ça change forcément. En ne travaillant qu’avec un seul réalisateur pour tout l’album, on obtient une unité de couleurs et de sons.C’est ce qu’on recherche d’habitude.Là, au contraire j’avais envie que des gens que j’admire s’emparent de mes mélodies pour en faire un truc à leur sauce. Même dans l’écriture, ça a orienté les choses : j’ai essayé d’écrire en fonction des gens auxquels j’allais confier la chanson.
Comment avez-vous choisi vos collaborateurs ?
L’idée était de me faire plaisir en contactant des gens que j’admirais de loin depuis longtemps et avec lesquels je me disais que je pourrai travailler. Voyou ou Girls in Hawaï ont un son très différent du mien, mais je pressentais que ça pouvait fonctionner.Idem pour Rufus Wainwright avec lequel j’ai même pu faire un duo. Avec Peter Von Poël, Yael Naïm ou Keren Ann on était déjà en terrain connu…
Pourquoi ce titre, Panorama ?
Panorama, ça renvoie à la fois au panel de gens présents sur l’album et aussi au fait qu’avec le temps j’ai tendance à observer les choses de plus loin, avec plus de recul. Cela fait aussi une passerelle avec le film : il y a quelque chose de visuel, comme un paysage…
Quelque chose aussi de l’ordre du bilan de vie ?
Sans doute.Qu’est-ce qu’on en a fait ? A quoi ça a servi ?Comme chanteur, je voulais m’inscrire dans la durée, faire carrière, si on peut dire. Mais ça obéit à des choses qui vous échappent. Difficile de savoir à l’avance qui restera et qui sera vite oublié… C’est plus une question de tempérament que de talent à mon avis. Pour durer, il faut accepter qu’il y ait des moments de creux, des accidents de parcours…
Comment allez vous porter cet album sur scène ?
Je vais le jouer seul sur scène au piano, avec un grand écran derrière moi.Il y aura des projections de musiciens qui m’accompagneront sur certains titres, pour casser un peu le côté solo.Et puis des choses plus poétiques ou cinématographiques…J’espère venir chanter à Nice et à Toulon, où j’ai d’excellents souvenirs des tournées précédentes.
Vous accompagnerez aussi la sortie du film dans les salles ?
Autant que possible, oui.L’idéal serait de pouvoir le programmer la veille ou le jour du concert et d’être présent à la projection pour en parler avec les gens.Ce n’est pas un objet de cinéma conventionnel.Ça n’aurait pas eu de sens de chercher à en faire un produit commercial et de le sortir dans un tas de salles en même temps.Je suis content que ça puisse se faire un peu à ma façon, et d’une manière qui ressemble à ce que défendent l’album et le film : cette idée de « hors compétition », comme dans la chanson sur Varda.
Comment a-t-il été conçu ?
J’ai fait comme si on me disait : tu as une heure d’écran, tu mets ce que tu veux dedans. Ça a donné quelque chose d’hybride, mi-documentaire, mi-fiction. J’étais parti sur quelque chose de plus écrit, mais en avançant je me suis rendu compte que par rapport à ce que je voulais développer – un rapport à une certaine intimité-, il fallait que j’obtienne des gens qu’on voit dans le film la même chose qui se passe quand on discute pendant longtemps dans une soirée, que le bar est en train de fermer et qu’on dit des choses qui ne sont pas forcément des révélations incroyables, ni qui vont créer un scoop de fou, mais juste très personnelles, très enfouies, à propos desquelles on a tendance à se dire : moi je ressens les choses comme ça, mais je crois que je suis un peu le seul… Et évidemment on se rend compte que c’est là qu’ on trouve le plus grand écho chez les autres.
Qu’ont en commun Alain Souchon, Vincent Dedienne, Jean Rochefort et les inconnus que vous faites parler ?
Ce sont tous des gens que je côtoie, Je n’ai pas cherché à interviewer des gens loin de mon cercle : il y en a déjà plein que j’aurais voulu mettre dans le film et qui n’y sont pas.
C’est le dernier film qu’a tourné Jean Rochefort et les images sont très émouvantes…
C’est lui qui m’a poussé à réaliser en me disant : si tu fais un film je tournerai dedans.Il disait sans doute ça à beaucoup de gens, mais moi je l’ai pris au mot.Il a été merveilleux. Si le film existe, c’est grâce à lui.Et aussi un peu pour lui.
Les plus belles années d’une vie
Le pitch
Ils se sont connus voilà bien longtemps. Un homme et une femme, dont l’histoire d’amour fulgurante, inattendue, saisie dans une parenthèse devenue mythique, aura révolutionné notre façon de voir l’amour. Aujourd’hui, l’ancien pilote de course se perd un peu sur les chemins de sa mémoire. Pour l’aider, son fils va retrouver celle que son père n’a pas su garder mais qu’il évoque sans cesse. Anne (Anouk Aimée) va revoir Jean-Louis (JL Trintignant) et reprendre leur histoire où ils l’avaient laissée…
Ce qu’on en pense
53 ans après, Claude Lelouch réunit à nouveau Anouk Aimée et Jean Louis Trintignant pour une deuxième suite à Un Homme et une femme (Palme d’or 1966). Un cas unique dans l’histoire du cinéma. On craint le pire (vous avez dit géronto-porn?) et c’est le meilleur qui surgit à l’écran. Il suffit que Lelouch monte les images d’hier sur celles d’aujourd’hui pour que l’émotion surgisse. Revoir Anouk Aimée et Jean Louis Trintignant et les trouver toujours aussi beaux, malgré les ravages du temps… L’amour et le cinéma, ont cette vertu magique. La musique chabadabada arrive (en 2cv !) au bout de 40 minutes et on fond. Les bonnes idées pullulent : comme celle de superposer les images de Trintignant jeune au volant de sa Ford Mustang sur celles de sa fameuse traversée de Paris au petit matin (C’était un rendez-vous : 18 feux rouges brûlés à un train d’enfer). Personne n’est dupe ( « Il n’y a qu’au cinéma que les histoires finissent bien » dit Jean-Louis à Anne ), mais c’est tellement bon de faire semblant d’y croire. Du bon, du beau , du grand Lelouch.
Rocketman
Par Philippe DUPUY
Le pitch
Star adulée du rock, Elton John (Taron Egerton) débarque en costume de scène à une réunion des Alcooliques Anonymes et raconte comment il est devenu alcoolique et accro à tout ce qui existe comme drogues…
Ce qu’on en pense
Quelques mois après le phénoménal succès de Bohemian Rhapsody, consacré au groupe Queen et à son chanteur Freddie Mercury , débarquait sur les écrans un nouveau biopic rock : celui d’Elton John. Anobli par la Reine, le pianiste et chanteur anglais a vendu plus de disques que Queen. Le film, réalisé par Dexter Fletcher, qui avait repris en cours la réalisation de Bohemian Rhapsody (et sauvé le projet), n’a pourtant pas connu le même succès faramineux, malgré son lancement en fanfare au Festival de Cannes. Cela s’explique, sans doute, par le fait que, contrairement à Freddie Mercury, Elton n’est pas mort jeune et en pleine gloire. C’est aujourd’hui un papa gâteau de 72 ans, au physique de banquier et sa personnalité fascine moins que celle de Mercury. Le film le cantonne un peu trop, aussi, dans les clichés du gamin mal-aimé par sa mère et son père qui devient, par la grâce d’un talent de musicien hors norme, une méga star planétaire, s’autodétruit dans les excès et se fait exploiter par un manager sans scrupules dont il a eu le tort de tomber amoureux… La prestation de Taron Egerton est, par contre, épatante. Il incarne la rockstar à la perfection et chante même à sa place (ce qui n’était pas le cas de Rami Maleck pour Freddie Mercury). Les scènes musicales sont encore meilleures que celles de Bohemian Rhapsody. On regrette même que Dexter Fletcher n’ait pas osé en faire une vraie comédie musicale, car les plus réussies sont celles qui participent directement à la narration. Comme celle de «Saturday Night’s Alright» en ouverture chorégraphiée. Ou celle de «Crocodile Rock», au cours de laquelle la star et le public s’envolent littéralement. Rocketman rend également justice à Bernie Taupin, parolier des plus grandes chansons d’Elton, resté dans son ombre et avec lequel il collabore pourtant toujours, 50 ans après leur première rencontre. Il met aussi en lumière le rôle décisif de son premier manager, producteur de la vieille école, qui l’a incité à aller sans attendre conquérir les States , en lui donnant ce conseil avisé : «Mets leur en plein la vue et ne te tue pas avec les drogues !». L’excellente édition vidéo du film devrait faire regretter à ceux qui ont fait la fine bouche à sa sortie en salles de ne pas être allé le voir sur grand écran en son Dolby Stéréo.
Douleur et gloire
Le pitch
La gloire de Salvador Mallo (Antonio Banderas) appartient au passé. La douleur, en revanche, est son présent : c’est simple, le réalisateur a mal partout ! Perclus de douleurs, Mallo s’est coupé du monde. Réfugié dans un appartement musée/mausolée, où n’entrent plus que sa bonne mexicaine et Mercedes, son agent/infirmière dévouée (Nora Navas). La projection à la Cinémathèque de Madrid d’une version restaurée de son chef-d’œuvre va pourtant le tirer de sa retraite. Et fournir l’occasion de retrouvailles inattendues : avec Alberto (Asier Etxeandia) l’acteur-vedette du film, avec lequel il est fâché depuis 30 ans, avec Federico (Leonardo Sbaraglia) ancien amant adoré, avec son enfance (Asier Flores dans le rôle du petit Mallo), avec sa mère (Penélope Cruz et Julietta Serano), avec son passé et, peut-être, aussi avec son avenir…
Ce qu’on en pense
Un homme entre deux âges, qui flotte entre deux eaux… Dès son premier plan , le nouveau film d’Almodóvar annonce le programme. Avec ce film-confession, intime et magnifique, Almodóvar signe une de ses plus belles réalisations.Peut-être son chef-d’œuvre. Souvent drôle, toujours émouvant, personnel mais jamais narcissique, d’une fluidité totale dans ses allers-retours temporels, d’une beauté époustouflante, écrit au cordeau et joué à la perfection, épuré de toute grandiloquence baroque, c’est l’œuvre d’un grand maître en pleine possession de son art. En ne parlant que de lui (le film aurait pu s’appeler Tout sur moi-même), Almodóvar parle à tous les hommes, à tous les fils et à toutes les mères. La sienne est si importante dans sa vie qu’il lui faut pas moins de deux actrices pour la jouer. Penélope Cruz l’incarne jeune (et elle est merveilleuse), Julietta Serano la joue à la fin de sa vie. La scène où ils se disent adieu est une des plus déchirantes qu’on ait vues au cinéma. Antonio Banderas, rarement aussi bien servi en rôle et en dialogues, est une révélation.
Stephan Eicher: Homeless Songs
En procès avec son ancienne maison de disque, Stephan Eicher n’avait plus sorti d’albums de chansons originales depuis des années. Son cas enfin réglé, il s’est empressé de publier celles qu’il avait continué d’écrire avec (ou sans ) son complice habituel, l’écrivain Philippe Djian. Résultat, ce disque de «chansons sdf», sur lesquelles l’helvète underground s’est permis des expérimentations qu’il n’aurait peut-être pas osées dans l’optique d’un nouvel album. Certaines pourront dérouter, mais l’ensemble donne un disque inspiré et d’une grande richesse musicale. On mesure en l’écoutant combien il nous avait manqué et on a hâte de les écouter en live lors de la prochaine tournée qui s’arrêtera en novembre au théâtre Anthéa à Antibes.
Interview : Nolwenn Leroy
Au naturel, Nolwenn ressemble tellement à un mélange d’Isabelle Adjani et de Sophie Marceau qu’on se demande comment le cinéma ou la télévision ne l’ont pas encore détournée des salles de concert. Mais on s’en réjouit en écoutant son album Folk, charmante collection de reprises millésimées 70’s, qu’elle vient chanter à Monaco et au Cannet. Pour l’ occasion, Nolwenn nous a raconté le makin of de ce disque boisé et chaleureux, qui sent bon le patchouli et le « Sacré Géranium » cher à Dick Annegarn…
Pourquoi un disque «folk»?
La folk me semblait une évidence, comme une extension de Bretonne. Je n’avais pas envie de faire un Bretonne 2.Travailler sur ce répertoire de chansons romantiques et engagées m’a fait un bien fou. La folk est une musique plus associée aux États-Unis, évidemment, qu’à la France.Pourtant, il y a eu un vrai mouvement en France avec Alan Stivell, Nino Ferrer, Dick Annegarn, Malicorne.Même Cabrel ou Yves Simon… Il y a sur l’album des chansons peu connues mais qu’on a gardées quelque part en tête. J’avais envie de les faire découvrir à une nouvelle génération.
Qu’est-ce que le terme de «folk» recouvre pour vous?
Pour moi, ça veut dire populaire. C’est un mot que j’aime beaucoup, qui a du sens et qui représente quelque chose d’important dans ma vie en tant qu’artiste. «Folklore», dans mon esprit, ça n’a pas le sens péjoratif qu’il peut revêtir dans un milieu parisien. Le folklore, c’est beau. Ce sont des chansons qui réveillent des émotions enfouies, qui rassemblent et réconfortent les jours de pluie.Ce sont des chansons amies comme dans «That’s all folks».Des sons de guitare chaleureux, des mélodies enveloppantes, qui font du bien. L’album que j’emmènerais sur une île déserte, il serait forcément folk:Fleetwood Mac, Neil Young, CS & N ou Dylan…
Il n’y a pas de reprises en anglais pourquoi?
Je voulais rester sur le concept de «folk française».Les reprises en anglais ce sera pour un second volume si celui-là plaît.
Comment s’est fait l’enregistrement?
On a tout enregistré en «live dans le studio» à Paris.Moi au micro et les musiciens autour. Trois ou quatre prises pour chaque chanson. Pas de coupes, pas de bidouillages: on garde la meilleure prise, avec les imperfections que ça peut comporter. C’est là que l’émotion arrive. Dick Annegarn m’a dit que cet album devait sentir le géranium, pas la rose. Pas dans la minauderie, juste un truc terrien. On en revient à l’émotion brute à l’instantanéité. Ca m’a fait du bien de travailler comme cela, car je suis souvent dans la recherche de perfection, à cause de ma formation au conservatoire. Là, on joue ensemble, on respire ensemble, on fait de la musique ensemble.C’est l’essence même du métier.Pour la tournée ce sera la même chose. Je vais me mettre à la guitare, en plus du violon et du piano. Tant pis pour les maladresses! J’espère qu’on fera les grands festivals cet été. Cette musique est faite pour ça. J’ai vécu des moments tellement extraordinaires avec Bretonne. Je voudrais bien retrouver ce feeling.
Comment conciliez-vous la vie de famille et les tournées depuis que vous êtes maman?
Comme toutes les mamans qui travaillent: je fais de mon mieux! Mon fils me suit partout.On reste en famille.Je ne l’ai pas lâché une seule journée depuis qu’il est né. C’est une vie de nomades, mais qu’est-ce qui peut être mieux pour un bébé que d’être toujours avec sa mère? Je ne connais pas d’enfants traumatisés parce qu’on s’en est trop occupés! (rires). Cela demande beaucoup d’organisation, mais ça fait du bien aussi dans ce métier égocentrique.Ca remet bien les pieds sur terre de pouponner, ça permet de prendre du recul sur le reste.
Premier et dernier disques achetés?
Le premier acheté, c’était le 45 tours de «Dangerous» de Michael Jackson.J’adorais la pochette.J’ai passé des heures à la regarder en écoutant le disque.On pouvait rentrer dans l’univers du chanteur par la pochette à l’époque. J’essaie de soigner ce côté-là pour mes propres albums, même si je sais que ce n’est plus pareil avec les CD et le streaming. Michael Jackson est resté mon chanteur de référence. Le dernier disque que j’ai acheté, c’est l’album de Cat Power, The Wanderer, qui me plaît beaucoup avec la photo de son fils et de sa guitare sur la pochette. J’aime sa voix et sa mélancolie. Ses chansons sont magnifiques.
BB Brunes : Visage
C’est sur la plage qu’on les a rencontrés, mais leur album est celui de la rentrée. Venus en juin le présenter au Midem à Cannes, les BB Brunes Adrien Gallo, Félix Hemmen et Bérald Crambes, nous ont raconté la genèse de Visage, leur cinquième album. Un disque de 11 titres enjoués qui chantent l’adolescence et l’amour, comme s’ils étaient encore au lycée et que les années 80 ne s’étaient jamais terminées.L’album a la fraîcheur et l’innocence des premiers Téléphone ou Indochine. Avec le son des années 80: une production pleine de synthés vintage et de guitares guillerettes qui tranche avec leurs disques précédents. C’est Samy Osta, le producteur de Feu, Chatterton ! (entre autres) qui les a aidés à accoucher des onze chansons de Visage : « Son idée était de nous faire jouer en live, en cinq ou six prises, et de garder la meilleure, explique Bérald, le bassiste du groupe. Ça nous allait bien car ces chansons sont nées pendant la dernière tournée et on avait commencé à les jouer en concert. C’était comme un retour aux sources« . « C’est un album qu’on a fait très vite, poursuit Adrien, le chanteur des BB. Pas parce qu’on était pressés, mais parce que ça coulait de source, naturellement. On l’a bouclé en à peine un mois« .C’est sans doute ce qui lui donne sa fraîcheur juvénile et son urgence. Adrien évoque à son propos « un mélange de T Rex et de Nino Ferrer ».
A l’écoute, on pense plutôt à Bijou– que les BBB affirment mal connaître- pour les morceaux les plus rock et à plein de références new wave pour les autres. La production Low Fi de Samy Osta donne un côté brut et rock à ces chansons qui flirtent parfois avec la bluette : « J’ai commencé à écrire les textes dans une période de convalescence amoureuse, puis j’ai retrouvé mon premier amour , confie Adrien.C’étaient des sentiments forts, ça m’a donné des ailes et je me suis lâché ». Au Midem, le groupe s’est prêté à une vraie-fausse session d’enregistrement dans le studio mobile de Dynaudio qui, installé devant le Palais des festivals dans une zone ouverte au public, était une des nouvelles attractions du salon. Les BBB ont ensuite donné un set acoustique dans le Palais, à l’invitation de l’application Songkick. L’occasion de vérifier que les premiers titres sortis en single « Visage », « Habibi », « La Plus belle de toutes les filles » fonctionnaient parfaitement en live. « En fait, on a commencé à les jouer en concerts avant de les enregistrer et on a été surpris de voir qu’au bout de quelques concerts, les fans connaissaient déjà les paroles par cœur.C’était plutôt bon signe » remarque Adrien. Pour revoir les BB Brunes en concert dans la région, où ils se sont produits à maintes reprises depuis dix ans, il faudra attendre l’année prochaine : « On devrait démarrer une tournée des clubs en janvier après la sortie de l’album, confient-ils. Il nous tarde de retrouver l’ambiance des concerts. ».Et nous de retrouver leur nouveau Visage en live.
Iggy Pop : Free
Les figures tutélaires de David Bowie et de Lou Reed hantent le nouvel album (on n’ose pas écrire le dernier) d’Iggy Pop, intitulé Free , probablement en référence aux éclairs jazz qui le traversent de part en part. Le trompettiste texan Leron Thomas et la guitariste Sarah Lipstate (alias Noveller) sont les invités vedettes de ce disque, qui tranche avec la production passée ou récente de l’Iguane, notamment l’antepénultième album, Post Pop Depression , produit et joué par Josh Homme des Queen of the Stone Age. La trompette jazz remplace la guitare fuzz sur la plupart des titres qui sonnent plus trip hop que rock. Les compos de la première partie de l’album (plages 1 à 6) sont superbes et la voix d’Iggy y fait merveille. Ça se gâte un peu par la suite, avec un final qui alterne instrumentaux jazz et spoken word à la manière des derniers Bowie (Dark Star) et Lou Reed. Iggy récite d’ailleurs un poème oublié du Lou (« We Are The People« ) pendant que Leron Thomas agonise à la trompette en fond sonore. La noirceur sépulcrale du dernier titre (ironiquement intitulé « The Dawn », l’aube) donne à l’ensemble un côté testamentaire de mauvais augure. Mais tout dans tout, Free est, sans conteste, l’un des meilleurs albums de la carrière d’Iggy en solo.
Lana Del Rey : NFR
Teasé depuis des mois sur internet et les réseaux sociaux, le nouvel album de Lana Del Rey, Norman Fucking Rockwell, est enfin disponible. Pas de surprise à la première écoute: l’ensemble est conforme à ce que donnaient à entendre les 6 titres que la chanteuse a distillé en ligne au fil des mois : un album languide, pour ne pas dire molasson, dans lequel Lana chante le plus souvent en piano-voix, creusant un peu plus la veine laid back/Laurel Canyon ouverte avec les albums précédents. Il y a de bonnes chansons (presque toutes en fait), mais l’ensemble est beaucoup trop monocorde pour soutenir l’intérêt jusqu’au quatorzième titre. Cet album-là, il faudra faire des efforts pour l’aimer. Et le visuel moche de la pochette ne va pas nous y aider !
James Lee Burke : Robicheaux
« You know my name » dit la jacquette américaine du bouquin. Effectivement : depuis qu’on a fait connaissance avec Dave Robicheaux au mitan des années 80 dans The Neon Rain (Légitime Defense en VF) , on suit avec délice les aventures du flic poissard de New Iberia (Louisiane). Robicheaux est sa vingt et unième et le titre laisse penser qu’elle pourrait résumer toutes les autres. En attrapant le bouquin, on a d’ailleurs cru, vue l’épaisseur, qu’il pourrait s’agir d’une sorte de best of ou d’un recueil de nouvelles inédites. Mais non. On retrouve Dave meurtri par la mort de sa femme Molly, victime d’un chauffard, tout près de replonger dans ses vieux démons : l’alcool et la violence. Sa fille Alafair (qui porte le même nom que celle de l’auteur et exerce le même métier : écrivain) accourt pour le soutenir. Trop tard: le responsable de l’accident de Molly est retrouvé battu à mort et tout accuse Robicheaux qui, le soir du crime, s’est justement payé une cuite royale et a fait un black-out. Comme si cela ne suffisait pas, son vieux pote Clete (un tas d’emmerdes sur pattes, mais aussi un cœur généreux) est menacé de mort par les types auxquels il a emprunté de l’argent qu’il ne peut (et ne veut) évidemment pas rembourser… On fait aussi la connaissance de deux femmes flics dures à cuire, d’un futur sénateur au passé trouble, d’un riche héritier qui veut devenir producteur de cinéma, d’un écrivain célèbre et de sa femme à moitié folle et d’un tueur psychopathe qui sourit aux enfants et se fait appeler Smiley, mais s’avère être l’exécuteur des basses œuvres d’on ne sait quel commanditaire… Le tout sur fond de bayou hanté par des fantômes de soldats confédérés en butternut. Ah, la Louisiane ! Un Etat qui , sous la plume volontiers lyrique de Burke, ressemble à « un asile psychiatrique en plein air dans lequel des millions de gens sont bourrés la plupart du temps » et où « La cirrhose est un héritage familial.”… Disons-le tout net : Robicheaux est le meilleur JL Burke ( donc le meilleur polar) qu’on ait lu depuis des lustres. Le chef d’oeuvre testamentaire d’un écrivain de 82 ans, dont la saga a déjà inspiré un de ses meilleurs films à Bertrand Tavernier (Dans la brume électrique) et qui n’attend plus que la consécration d’Hollywood.
Interview : Little Steven
Au téléphone, il a la voix caverneuse des personnages de gangsters qu’il a joué dans les Sopranos ou dans la série norvégienne Lillyhammer. Mais c’est bien avec le patron des Disciples of Soul qu’on parle. Steve Van Zandt, alias Little Steven, alias Miami Steve, est en Europe pour la tournée du formidable nouvel album des Disciples, le bien nommé Summer of Sorcery. Un disque qui célèbre comme jamais le « Jersey Shore sound » dont il est l’un des pères fondateurs avec Southside Johnny et Bruce Springsteen. Avant de de donner un formidable concert à l’opéra Garnier de Monaco le 31 août, pour la dernière date du Sporting Summer Festival, le guitariste historique et bras droit du Boss nous a parlé du disque, de la tournée et de la reformation annoncée du E Street Band en 2020…
C’est la première fois que vous jouez à Monaco ?
Oui, mais j’y suis déjà venu. Lillyhammer a été plusieurs fois nommé au festival de télévision. Et on avait lancé la série au MIPTV à Cannes. J’adore la Côte d’Azur, je me réjouis d’y venir jouer. Dites à tout le monde qu’on va casser la baraque !
Pourquoi avoir attendu si longtemps pour former ce groupe ?
C’est vrai que cela fait plus de 20 ans que je n’avais pas tourné avec un autre groupe que celui de Bruce Springsteen. Cela s’est fait par hasard. Un ami voulait que je vienne jouer dans un festival à Londres. Le E Street Band était en sommeil pour permettre à Bruce de faire son show en solo à Broadway. J’ai donc formé ce groupe pour le concert de Londres et ça a été magique. Dans la foulée, on a enregistré Soulfire, un album de chansons que j’avais écrites pour d’autres. Puis, on a fait une première tournée, qui s’est super bien passée. J’ai écrit de nouvelles chansons (mes premières en 20 ans !), on les a enregistrées et on est repartis sur la route. C’est tellement l’éclate que je me demande encore pourquoi je ne me suis pas décidé plus tôt…
Vous regrettez parfois d’avoir sacrifié votre carrière solo au E Street Band ?
Je n’ai jamais réfléchi en termes de carrière. Pour moi, tout ça était avant tout une aventure artistique et humaine. J’avais besoin d’apprendre des choses sur moi et sur le monde et j’étais obsédé par la politique. J’ai fait ce que je pensais être bien pour moi. Mais avec le recul, bien sûr que j’aurais dû me préoccuper plus de ma carrière de musicien …
C’est très différent de tourner avec votre propre groupe qu’avec le E Street Band ?
Et comment ! Et pas seulement à cause de la taille des salles dans lesquelles on joue (rires)… Avec Bruce, à côté, ce sont des vacances. Là, il faut décider de tout. C’est moi le boss ! Un boulot à plein temps…
Sur les vidéos, le show ressemble à une grande revue de rock’n’roll…
C’est un peu ça. Mais le son est plus soul que rock. On a tous ces cuivres, c’est super puissant. On tourne sans interruption depuis plus de deux ans maintenant, je peux vous dire qu’on est au point et que ça déménage !
Le nouvel album semble uniquement fait pour la fête.Vous avez mis de côté votre engagement politique ?
Dans les années 80, tout était plus caché. Les gens ne savaient pas forcement ce qui se passait en Afrique du sud, par exemple. En tant qu’artistes, on pouvait être utiles en dénonçant l’apartheid. Maintenant c’est l’inverse: avec Internet et les chaines d’info en continu, on baigne dans la politique et les affaires, 24 heures sur 24. Les nationalismes, le fascisme, l’individualisme, le racisme dominent la planète… J’ai l’impression que notre mission n’est plus tellement de dénoncer, comme je l’ai fait à l’époque de l’apartheid avec la chanson « Sun City », mais d’inciter les gens à s’unir plutôt qu’à se diviser. Je vois nos concerts comme un sanctuaire, où les spectacteurs peuvent se réunir pour oublier les misères du monde et leurs propres problèmes pendant deux heures. En ces temps sombres, c’est important d’offrir un peu de gaieté, de lumière et d’optimisme au public. C’est pour ça que l’album est exempt de discours. J’ai écrit les chansons comme des mini films de trois minutes. De la pure fiction, pour danser et s’éclater.
Vous ne croyez plus au pouvoir du rock pour changer le monde?
« Sun City » , ça ne marcherait plus aujourd’hui. On est trop enfoncés dans la dépression. Le système ne fonctionne plus, les gens se sentent lésés et cherchent à qui faire payer leur déception. C’est comme ça que les extrémismes triomphent. C’est difficile de se mobiliser sur des causes humanitaires quand on crève la dalle. Aujourd’hui, il y a des gens qui ont du travail, mais qui ne peuvent même pas se payer un loyer avec et qui sont SDF. C’est de la folie ! Je pense qu’un mouvement mondial va se déclencher pour la protection de l’environnement. C’est la seule cause qui peut rassembler tout le monde, le seul combat qu’on ait tous en commun, quelle que soit notre condition. Je ne sais pas quand, ni comment ça partira, mais ça viendra. Peut-être qu’une bonne chanson sonnera le signal ? Le rock n’est pas mort, si vous voulez mon avis. Il bouge encore !
Dans son spectacle de Broadway, Bruce dit qu’il a inventé le son du « Jersey Shore ». Vous êtes d’accord ?
Cela existait sans doute avant, mais personne ne le savait ! (rires). Il a lancé le mouvement et aujourd’hui on est quelques-uns, avec Southside Johnny, à entretenir la flamme. Bruce est le Boss du Jersey shore… Et moi j’en suis le sous-Boss ! (rires)
Au fait, la réunion du E Steet Band est confirmée pour 2020?
Pas tout à fait. Je dois voir Bruce en rentrant pour en parler. Ma tournée s’arrête le 6 novembre et j’ai prévu d’être totalement disponible pour Bruce après ça, car je voudrais qu’on prenne le temps d’enregistrer un nouvel album avant de repartir en tournée mondiale.
On vous reverra au cinéma ou dans une série ?
J’aimerais bien. J’ai adoré jouer dans les Sopranos et Lillyhammer. On a raflé plein de prix avec cette série, j’étais triste qu’elle s’arrête. On l’a oublié, mais c’était la première qu’ait produit Netflix. Je referai bien l’acteur, mais ça va être difficile de trouver le temps si on relance le E Street Band. Peut-être en 2023 ou 2024 ?
Question fashion pour finir: pourquoi cet éternel bandana sur la tête ?
(Rires) J’ai eu un accident de voiture dans les années 70. Je suis passé à travers le pare-brise et mes cheveux n’ont jamais repoussé correctement. A l’époque, ça m’arrivait de temps en temps de mettre un bandana sur la tête pour me faire le look de biker. Après l’accident, comme je ne me voyais pas porter une perruque, ni un chapeau , j’ai opté pour le bandana. Ça a fini par faire partie intégrante de mon image. Mais je ne cherchais pas à lancer une mode, je vous l’assure ! (rires)
Santana : Africa Speaks
Depuis le carton planétaire de Supernatural en 1999 (30 millions de copies écoulées) , Carlos Santana est de retour en grâce et ses concerts affichent à nouveau complet. On s’en réjouit, mais côté enregistrements studio, sa production laissait largement à désirer. On avait même touché le fond artistiquement en 2010 avec Guitar Heaven, abominable compilation de reprises de classiques rock à la sauce Devadip. La reformation du Santana original (celui de Woodstock), en 2016, marquait un net mieux, mais rien qui laisse présager un tel retour de flamme. Avec Africa Speaks, le guitariste de 72 ans revient à son meilleur niveau: celui de ses glorieux débuts. Côté guitares, on n’avait pas été à pareille fête depuis… Abraxas ! Le plaisir de jouer (et de jouer fort !) s’entend dans tous les titres de cet album aux sonorité flamenco-africaines, où brille aussi la voix de la chanteuse flamenca Buika. Ecoutez-les donc s’écharper sur « Oye Este Mi canto » ! On ne s’étonnera pas d’apprendre que c’est l’indispensable Rick Rubin, qui a accouché cet album miraculeux qui s’inscrit d’emblée dans le haut de la discographie du guitariste chicano.