LCD Soundsystem: American Dream
2017 restera décidément l’année des come back réussis: après Ride, Peter Perrett et The Jesus & Mary Chain, James Murphy réactive LCD Soundsystem, avec ce qui est certainement le meilleur album de la formation new yorkaise. Entre Bowie (un peu), Arcade Fire (beaucoup) et Talking Heads (passionnément) : 10 nouveaux titres electro rock rageurs, qu’on n’a pas fini d’écouter en boucle. Nos préférés pour commencer : « Other Voices » ( plage 2) , « I used to » (plage 3) et « Call the Police » (plage 7). Attention, chef d’oeuvre.
Peter Perrett : How The West Was Won
Ah, ce phrasé Lou Reedien, ces guitares Velvetiennes, ces chansons à la mélancolie délicate… Les Only Ones sont de retour ? Non, mais c’est tout comme. A 65 ans, leur chanteur Peter Perrett, enfin débarrassé de son addiction à l’héroïne, a remis le couvert avec un nouvel album à faire fondre les cœurs les plus solidement accrochés. La chanson-titre sonne comme du Only Ones millésimé en ouverture. Ce sont pourtant les fils de Peter Perrett qui l’accompagnent et non le groupe. Le reste est du même acabit, avec, en milieu d’album, une longue envolée velvetienne (« Living in my head« ) qui file des frissons. Mais plus que tout c’est le bonheur de retrouver la voix de Peter Perrett que l’on retient. Une des grandes voix du rock résonne à nouveau, inchangée depuis « Another Girl, Another Planet » et « The Whole of the Law« . Joie !
Arcade Fire : Everything Now
Pour leur cinquième album, les Montréalais d’Arcade Fire ont fait appel à une team composée de Thomas Bangalter (Daft Punk), Geoff Barrow (Portishead) et Steve Mackey (Pulp) pour superviser les séances d’enregistrement et , si possible, apporter un sang nouveau. Ça s’entend (un peu) dans l’orientation plus « dance » de certains titres, comme le single « Everything Now« , avec son refrain tournant qu’on croirait samplé sur un vieil album d’Abba. Une orientation qui contraste singulièrement avec des textes nettement moins enclins à la légèreté et à la joie de vivre. Pour le reste, la musique d’Arcade Fire est toujours aussi cosmopolite et originale, le punk voisinant avec l’easy listening dans un titre double (« Infinite Content/Infinite_Content ») et le reggae (« Chemistry ») avec le funk Princier (« Electric Blue ») ou la new wave (« Good God Damn », notre titre préféré pour l’instant). Encore un excellent disque : l’été 2017 aura décidément été prodigue de ce côté-là.
Interview : Phoenix
Une bulle de fraicheur pop et de joie, dans un océan de tristesse et de peur. C’est l’impression que l’on a à l’écoute de Ti amo ! , le nouvel album de Phœnix . C’est le disque de l’été 2017 .On l’écoute en boucle depuis sa sortie , le 9 juin, et on l’aime un peu plus à chaque passage. Cerise sur le proverbial gâteau: le quatuor Versaillais était la tête d’affiche du festival Lunallena, le 5 août à Bandol avec Vitalic, Two Door Cinema Club, Cocoon et The Kitchies. A cette occasion, Thomas Mars, Deck D’Arcy , Branco et Christian Mazzalai nous ont parlé de l’album et de la tournée…
On a peine à croire que cet album, si léger et joyeux, a été enregistré à Paris pendant les tragiques évènements de 2015. Comment avez vous fait pour ne pas vous faire contaminer par l’atmosphère mortifère qui y régnait alors?
Thomas : Un peu égoïstement , on s’est enfermés dans notre bulle de la Gaieté Lyrique, où nous étions installés pour l’enregistrement.
Deck : On était lancés dans une direction, on n’en a pas changé
C’était une volonté délibérée ?
Thomas : On ne s’est pas dit ça sur le moment.Mais c’est ce qui s’est passé
Deck : On ne rentre plus en studio avec un concept d’album.C’est ce qu’on faisait avant, mais ça ne marchait jamais .on finissait toujours par faire autre chose ! (rires)
Christian : maintenant, on attend que le concept vienne à nous.L’idée, c’est surtout de ne pas refaire le même disque que le précédent. Bankrupt ! était alambiqué et cynique.Celui là devait être simple et candide.
D’où est venue l’influence italienne ?
Christian: mon frère et moi sommes à moitié italien.On y a passé beaucoup de temps lorsqu’on était enfants
Deck: lors de la dernière tournée on écoutait beaucoup de chanteurs italiens comme Lucio Battisti. On regardait aussi des films des années 60-70 .Ça évoquait un paradis perdu.C’était ce qu’on cherchait à retrouver sans le savoir…
C’est votre sixième album et la formation du groupe remonte à 20 ans déjà.Comment jugez vous votre parcours?
Deck: quand on a commencé, notre groupe favori, les Pixies, venait de publier son 4e album.Nous, on espérait juste en faire un. Quand je pense qu’on a déjà fait 50% de chemin de plus qu’eux à l’époque !
Comment expliquez-vous que vous avez presque plus de succès à l’étranger qu’en France?
Deck : On ne cherche pas trop à savoir.On préfère que ça reste un peu mystérieux.C’est peut -être un malentendu ? (rires)
Christian : aux Etats Unis ou en Amérique du sud, on est un peu des animaux exotiques.Il faut dire qu’on a beaucoup tourné là-bas avant de percer.On a dû y donner 300 ou 400 concerts.C’est ça le secret, si vous voulez mon avis.
Comment envisagez-vous la tournée ?
Deck: on vient de faire les premiers concerts en Californie.La nouvelle scène est géniale
Christian : on a un miroir incliné à 45 degrés au dessus de la scène sur lequel on fait des projections. Ça donne des effets d’optique extras.
Deck : le seul problème, c’est le vent.On ne peut pas le monter si ça souffle trop. J’espère que ce ne sera pas le cas à Bandol. Mais on a un plan B, ne vous inquiétez pas.
Thomas: on va faire plus de festivals que d’habitude et on espère bien revenir cet hiver faire les zéniths si l’album marche. On aimerait bien tourner plus en France…
Christian : Les gens connaissent déjà les paroles des nouvelles chansons, c’est bon signe !
Thomas, vous serez un peu le régional de l’étape, non ?
Le régional tardif, mais oui. Ça fait 20 ans que mes parents sont installés dans le Var et ils viendront au concert. J’habite New York maintenant, mais je viens encore au moins trois fois par an. J’adore la région. Avant, je venais tout le temps. Toutes les occasions étaient bonnes. Avec Christian, on venait au Nice Jazz festival. Mais on n’y a jamais joué. J’aimerais bien pourtant…
Lana Del Rey: Lust for Life
Lust For Life, le quatrième album de la princesse Prozac, est enfin là. D’une incroyable richesse ( 16 titres !), il faudra du temps pour en faire le tour, bien que cinq chansons (« Love », « Lust For Life », « Summer Bummer », « Groupie Love » et « Coachella » ) aient déjà été mises en ligne en teaser ces dernières semaines et sont déjà familières aux fans. Parmi les nouveaux titres, quelques-uns se détachent immédiatement du lot comme « God Bless America » , « Beautiful People » (formidable duo avec Stevie Nicks de Fleetwood Mac) , « Tomorrow Never Came » (avec Sean Lennon) et « 13 Beaches« . L’ensemble sonne comme un mash up des trois premiers disques, avec autant de ballades dépressives que de chansons folk-rock californiennes, que d’échappées hip hop. Les featurings abondent (The Weeknd, A$AP Rocky, Sean Lennon, Stevie Nicks), mais ne nuisent pas à l’équilibre général de l’album, qui sonne très exactement comme du… Lana Del Rey. Un disque qui confirme, s’il en était besoin, la longévité créative de celle que beaucoup croyaient n’être qu’un « one hit wonder » à l’époque, déjà lointaine, de Born to Die.
The Lost City of Z
Par Ph.D
Le pitch
L’histoire vraie de Percival Harrison Fawcett, un des plus grands explorateurs du XXe siècle. Percy Fawcett (Charlie Hunnam) est un colonel britannique reconnu et un mari aimant. En 1906, alors qu’il s’apprête à devenir père, la Société géographique royale d’Angleterre lui propose de partir en Amazonie afin de cartographier les frontières entre le Brésil et la Bolivie. Sur place, l’homme se prend de passion pour l’exploration et découvre des traces de ce qu’il pense être une cité perdue très ancienne. De retour en Angleterre, Fawcett n’a de cesse de penser à cette mystérieuse civilisation, tiraillé entre son amour pour sa famille et sa soif d’exploration et de gloire…
Notre avis
Délaissant le New York scorsesien de ses polars (The Yards, La Nuit nous appartient) et de ses drames (Two Lovers, The Immigrant), James Gray nous entraîne en Amazonie pour cette fresque historique qui déroule ses charmes à la manière d’un grand roman d’aventures. Dans le rôle de l’explorateur Percy Fawcett, Charlie Hunman confirme le talent que seuls jusqu’ici les fans de la série Sons of Anarchy lui connaissaient. Avec un sens de l’ellipse rare, Gray passe de l’Amazonie aux tranchées de la première Guerre Mondiale et à l’Irlande corsetée du début du XXe siècle, sans jamais perdre le spectateur qui se laisse emporter avec bonheur par le souffle épique de ce film, digne d’un John Boorman ou d’un Michael Cimino.
Rolling Stones : Olé Olé Olé !
Les fans des Stones qui avaient pu être légitimement déçus par Havana Moon, simple captation du concert historique de Cuba, sans le moindre bonus, ni makin of, vont pouvoir se rattraper avec Olé Olé Olé ! Le documentaire de Paul Dugdale suit , en effet, toute la tournée sud américaine vue des coulisses, avec le concert de Cuba en ligne de mire. Rencontres avec des fans, interviewes du groupe, images des backstages, tractations de l’organisation avec le gouvernement cubain (même le Pape s’en est mêlé!), extraits de concerts… Cette fois tout y est ! Et l’ambiance particulière des tournées sud américaines (le public le plus chaud du monde) donne à l’ensemble une urgence et une énergie qui manquaient cruellement aux dernières captations live du groupe. Pour s’en convaincre, voir, dans les bonus, les 7 titres filmés à Buenos Aires, Sao Paulo et Lima. On y redécouvre même « Out of Control« , une des rares bonnes chansons des derniers albums, transfigurée par le live…
Il faut sauver John Lennon
Ex-membre d’un groupe de rock à succès, Karl Bender mène une vie tranquille dans le bar qu’il a ouvert avec ce qui lui restait de ses cachets non dépensés en groupies et drogues diverses. Jusqu’au jour où, en cherchant ses vieilles rangers dans son placard, il découvre un « trou de ver » cosmique qui le propulse dans le temps. Avec son pote Wayne, informaticien, ils entreprennent d’en faire un vrai portail temporel, grâce auquel ils remontent le temps pour assister aux concerts de légende des sixties et des seventies. Mais Wayne refuse d’en rester là et se met dans la tête d’empêcher l’assassinat de John Lennon. Hélas, une erreur de programmation l’envoie à Manhattan en 980 au lieu de 1980. Sans électricité à cette époque, impossible de le ramener dans le présent. Karl demande alors l’aide de Lena une astrophysicienne gothique pas commode, dont il tombe rapidement amoureux. A force de bidouiller le passé ils vont réécrire le futur… Un premier roman délirant, suréaliste, rock’n’roll et drôle signé Mo Daviau, qui pourrait être la Nick Hornby californienne. Recommandé !
Chuck Berry: Chuck
Il ne faut quand même pas s’attendre à un miracle: Chuck Berry avait 90 ans, il a connu son pic créatif il y a soixante ans et n’avait plus rien enregistré depuis 40 ans. En plus il est mort ! On se doute que pour sortir ces dix chansons posthumes, il a fallu faire les fonds de fonds de tiroir et bidouiller à tout va sur les guitares et les voix. Les dernières fois qu’on l’a vu jouer en concert, Papy Chuck avait le plus grand mal à faire les deux à la fois… Malgré tout, qu’on se le dise, ce disque est bon. Et même excellent ! Toutes les chansons tiennent la route. Les rocks (« Wonderful Woman », « Big Boys » , « Lady B Goode »…) emballent comme au bon vieux temps , les blues (« You go to my head », « Eyes of a man », « Darlin » ) sont chantés avec sérieux et les ballades (« 3/4 Times (Enchilladas) », « Jamaica Moon ») chaloupent gentiment. Les guitares sonnent (on s’en fout si c’est pas lui qui joue: ça y ressemble) , le piano bastringue est là en soutien et les prises de voix sont plus que correctes. Ca fait déjà un skeud sympa à s’offrir (en vinyle, évidemment). Mais, en plus, il y a une vraie pépite : « Dutchman » , un talkin blues dans lequel Chuck convoque Dylan et John Lee Hooker pour raconter l’histoire du vrai Johnny B Goode. Carrément ! Finalement, il faut toujours croire aux miracles.
Low Budget Men: Mirror Games
Ce qui n’était, au départ, qu’une entreprise à but humanitaire (pour aider l’association 20 000 Vies à financer des défibrillateurs), s’est transformé en véritable aventure artistique. À force de jouer les standards du rock anglais qui ont marqué sa jeunesse et forgé son goût pour le rock, le cardiologue Niçois Claude Mariottini, fondateur des Low Budget Men, s’est découvert un vrai talent pour l’écriture de chansons d’inspiration Britt Pop. Après un premier essai remarqué (Crossin Lives) le groupe azuréen, composé de Claude Mariottini (guitare, chant), Stéphane Mirc (basse), Marc Piola Caselli (guitare) et Eric Chabaud (batterie), publie un deuxième album encore meilleur. Intitulé Mirror Games , il mixe influences Britt Pop (Kinks , Stones) et rock US (Elliott Murphy, Big Star, Tom Petty), avec un son très 80’s, des parties de guitare héroïques et dix chansons qui témoignent des progrès accomplis par le groupe grâce aux dizaines de concerts qu’il a donnés depuis sa formation. L’ami Paul Casey (ex guitariste de Chris Rea ) a enregistré les voix et mixé l’album en Irlande, faisant intervenir sur quelques titres le clavier des Waterboys John Mc Cullough. Achetez-le, c’est de la bonne musique et c’est pour une bonne cause.
Garland Jeffreys
En plein regain créatif depuis quelques années, Garland Jeffreys, livre un de ses meilleurs disques avec 14 Steps to Harlem. On y retrouve avec bonheur la voix douce et chaude du Matador et son talent pour trousser des chansons mid tempo qui vous collent aux oreilles. Comme on aurait pu le craindre, les deux reprises ne sont pas là juste pour faire du remplissage. Avec une version bien rock de « Waiting For the Man« , Garland, que l’on avait pu rencontrer il y a deux ans aux Nuits du sud de Vence, rend hommage à son vieil ami Lou Reed, avec lequel il était en fac à New York. « Help » , des Beatles , dans un arrangement très cool, se fond parfaitement dans l’ensemble, signe de l’excellent niveau des compositions originales. Le disque s’écoute en boucle comme à la belle époque de One Eyed Jack (1978) ou d’American Boy & Girl (1979).
Depeche Mode : Spirit
Par Ph.D
Quatre ans après Delta Machine , Depeche Mode revient avec un nouvel album, pile à temps pour un nouveau concert Niçois (le 12 mai). Et le disque est bon ! Meilleur même que son prédécesseur. Les deux premiers titres , « Going Backwards » et « Where’s the Revolution » placent la barre assez haut, musicalement comme au niveau des textes. Leur noirceur renvoie à l’époque de Violator et de Songs Of Faith And Devotion (notre préférée, de loin). La suite est moins cruciale, avec un gros tunnel de chansons down tempo, jusqu’à l’excellent « So Much Love », dernière réussite du disque.
Juniore : Ouh, là là !
Par Philippe DUPUY
C’est l’histoire de deux copines du lycée Masséna qui, après avoir formé leur premier groupe à Nice, se sont retrouvées à Paris pour continuer à faire de la musique ensemble. Elles ont fondé Juniore : un quatuor féminin de surf pop sixties qui marche sur les traces des glorieux Playboys. Repérées par le FAIR, les filles ont publié en 2016 un premier EP 6 titres (Marabout) aux refrains accrocheurs qui leur valu de faire un petit buzz entre Paris et Nice où elles ont tourné le clip délicieusement rétro de « La Plage » (voir vidéo). Leur premier album Ouh, là là, produit par Samy Osta (Feu! Chatterton Rover, La Femme) est sorti le 3 mars. Anna Jean, qui écrit, compose, dessine les visuels et chante avec une voix et un look de Françoise Hardy 2017, nous en dit plus sur ce nouveau groupe azuréen qui aspire à devenir grand…
Comment est née Juniore?
Au départ, j’avais formé un duo acoustique (Domingo) avec un pote de lycée, Samy Osta. On a un peu joué à Nice avec, aussi, ma copine Laurence Tonnon. Samy et moi sommes montés à Paris pour nos études.Lui, a continué dans la musique et ouvert un petit studio d’enregistrement.Moi, j’ai commencé à bosser comme traductrice.Mais l’envie de faire de la musique était toujours là. Quand Laurence nous a rejoints, il y a 3 ans, on a formé Juniore. Ce n’était pas prémédité, mais on a rapidement été identifiés comme un groupe « essentiellement féminin ».Du coup, on a décidé de creuser l’idée.Samy fait toujours partie du groupe et s’occupe de la production et des arrangements, mais pour la scène, on n’est plus que des filles. Je chante et je joue de la guitare, Laurence est à la basse, Swanny Elzingre tient la batterie et Agnès Imbault les claviers.
D’où vous vient ce goût pour le rétro?
C’est quelque chose qui a trait à mon enfance à Nice. Il y avait encore beaucoup de choses intactes des années soixante quand j’étais petite et chaque fois que j’y reviens, je trouve à cette ville un côté intemporel.Quand on a fait le clip de « La Plage », l’été dernier avec Laurence, on a filmé en couleurs, bien sûr, mais au montage le noir et blanc s’est imposé tout de suite.
Musicalement, Juniore sonne très yé-yé…
J’ai commencé à écouter du rock et de la pop anglo saxonne, comme tout le monde.Mais quand j’ai découvert le yé-yé, j’ai trouvé ça formidable. C’était joyeux.Même les textes me plaisaient, avec leur fascination naïve pour la culture américaine.J’aimais l’idée que ce soit assumé, mais quand même exprimé en français.Sans doute mon côté traductrice, déjà…
Même vos visuels sont en noir et blanc…
Cela me renvoie encore à mon enfance.Ma grand-mère, qui m’a appris le piano, avait des profils découpés de la famille en ombre portée, comme on faisait à l’époque.Je m’en suis inspiré pour créer la pochette de Marabout.
En live ça donne quoi ?
Avec ceux de l’album, on a déjà une vingtaine de titres à nous et on fait quelques reprises dont une des Shangri-Las. On fait aussi une adaptation yé-yé d’ « Happy » de Pharell Williams qu’on a rebaptisée « Ravi » (rires). Je me dis que, dans cette époque grave, les gens ont sans doute besoin d’un peu de légèreté. J’espère qu’on viendra bientôt jouer dans le Sud.
NoJazz: Soul Stimulation
Par Philippe DUPUY
NoJazz est de retour et l’hiver reprend des couleurs. Le nouvel album du quintet préféré de Thierry Ardisson (c’est un de leur titre qu’on entend au générique de Salut les Terriens !) est un cocktail détonnant d’électro, de funk, de jazz, de soul et de hip-hop. Une vraie machine à danser ! « Have fun » proclame l’un des titres. Et du plaisir, on sent que le groupe, dont plusieurs membres sont originaires de la Côte d’Azur, en a pris beaucoup à enregistrer ce disque à Los Angeles, avec la participation de guests aussi prestigieux que Maurice White, le leader d’Earth, Wind and Fire récemment décédé et… Stevie Wonder en personne ! L‘album marque un vrai tournant artistique et commercial pour NoJazz. C’est la première fois que le groupe va aussi loin dans le mix d’électro, de soul et de funk. Les fans ont adoré : la semaine de sa sortie, Soul Stimulation s’est directement classé dans le Top 5 « RnB Soul » d’iTunes et il n’a pas quitté le Top 100 général depuis. De bon augure pour la tournée qui devrait les ramener vers la Côte d’Azur aux beaux jours, après l’Inde et l’Amérique du Sud où ils sont attendus cet hiver. On espère bien pouvoir écouter les nouveaux titres en live cet été dans l’un ou l’autre des festivals azuréens qu’ils connaissent bien. En attendant, l’album est dans les bacs et sur les plateformes digitales. Achetez-le, vous ferez des économies de chauffage !
Lou Reed : The Collection
Par Philippe DUPUY
Trois ans déjà que Lou Reed s’en est allé, laissant derrière lui une œuvre aussi riche et variée que son ami et mentor David Bowie, qui l’a suivi de près au paradis des rockers. On redécouvre ce corpus d’œuvres disparates à l’occasion de la réédition, en coffret, des albums solos de l’ex-leader du Velvet Undergound, publiés chez RCA et Arista entre 1972 et 1986. Soit le meilleur et le pire du chantre noir de New York City, en dix-sept CD convenablement remastérisés et accompagnés d’un magnifique livret de 80 pages. Pas le plus mauvais des investissements, puisqu’y figurent une demi-douzaine de chefs-d’œuvre certifiés (Transformer, Berlin, Rock’n’Roll Animal, Coney Island Baby, Sally Can’t Dance…), un album à réévaluer (The Bells), une curiosité (l’inécoutable et bruitiste Metal Machine Music), un double live zarbi de 1978 (Take No Prisonner) et six albums de variétés jazz/disco/doo wop/n’importe quoi, mais contenant chacun au moins une ou deux bonnes chansons : Rock’n’Roll Heart (1976), Growing Up In Public (1980), The Blue Mask (1982), Legendary Hearts (1983), New Sensations (1984), Mistrial (1986). Le tout dressant le portrait d’un artiste versatile, capable du meilleur comme du pire, mais toujours intéressant à écouter, grâce notamment à cette voix glaçante qui aura marqué à vie tous ceux qui ont découvert les chansons du Velvet dans leur prime jeunesse (« Heroin », « Waiting For My Man », « Run Run Run », « Sister Ray ») et que Bob Ezrin a fixée pour l’éternité sur le terrifiant Berlin. Quiconque recevrait ce coffret en cadeau sans rien connaître de Lou Reed (ou seulement « Walk On The Wild Side« , son unique hit) devrait écouter en priorité Berlin et Rock’n’Roll Animal (sa version hard en live. Pour une raison inconnue, la deuxième partie du concert publiée sous le titre Lou Reed Live est absente du coffret). Puis enchaîner sur Transformer (manifeste glam supervisé par Bowie), Sally Can’t Dance (pendant soul-rock du Young American de Bowie) et Coney Island Baby , premier grand disque à la gloire de Big Apple (avant le bien nommé New York de la période suivante). Il faut bien reconnaître qu’après ce disque (daté de 1975), l’inspiration de Lou Reed est en berne. Seuls Street Hassle et The Bells méritent d’être écoutés en entier, même si ce n’est pas toujours une partie de plaisir. Sur les autres, on se contentera de glaner quelques pépites comme « I Love You Suzan » (New Sensations) ou « Rock’n’Roll Heart » (sur l’album éponyme) qu’on dirait écrite pour (ou par) Jonathan Richman. Mieux vaut oublier le reste : remastérisé ou pas, c’est de la daube. Il faudra attendre New York (1989) et Ecstasy (2000) pour retrouver Lou Reed à son meilleur niveau. Hélas, comme celles de Dylan et de Leonard Cohen, sa voix avait mué et son chant n’avait plus le même attrait vénéneux. Il compensait par la puissance, qui culmine sur le monstrueux Lulu, enregistré en 2011 avec les hardeux de Metallica. Mais ceci est une autre histoire…
















