Interview : Cœur de Pirate
Dix ans que la petite voix flûtée de Béatrice Martin, alias Cœur de Pirate résonne à nos oreilles. Cinq albums et d’innombrables concerts plus tard, la Québécoise a présenté à Monaco et Vence les chansons de son dernier opus, En cas de tempête ce jardin sera fermé. A cette occasion, Béatrice a répondu à nos questions, avec la sincérité et le franc parler qui la caractérisent…
Vous souvenez-vous de votre précédent passage sur la Côte ?
Oui, assez bien. Ce devait être pour la tournée de mon premier album. C’est loin, mais j’en garde un excellent souvenir. En tout cas je suis vraiment ravie de revenir jouer ici.
Dans quelle formation et avec quel répertoire tournez-vous ?
En formation pop classique : basse, batterie, guitare, claviers. Je joue le best of de mes dix ans et les chansons du nouvel album : En cas de tempête ce jardin sera fermé.
Quel titre étrange. D’où vient-il et que signifie-t-il pour vous ?
J’ai lu ça un jour, sur un panneau à l’entrée d’un square à Paris.Je crois qu’ils l’ont enlevé depuis.J’y avais trouvé un côté poétique, un peu surréaliste.Et puis la tempête a fini par arriver, à Paris avec les attentats et dans ma vie aussi. Plusieurs chansons de l’album évoquent cela.Du coup, le titre faisait sens.
Vous avez traversé des tempêtes ?
Comme tout le monde. À la fin de la dernière tournée, je me suis retrouvée très seule et très vide.J’ai eu des moments difficiles.Ma participation à La Nouvelle Star m’a redonné le goût du partage. Je n’étais pas sûre de pouvoir à nouveau écrire, mais je me disais que je pourrais utiliser mon expérience pour manager des artistes ou faire de la production. Et puis l’inspiration est revenue…
Vous avez pourtant déclaré à la sortie du disque que ce serait sans doute le dernier, pourquoi ?
Parce que le métier a beaucoup changé et que ça n’a plus beaucoup de sens de continuer à travailler comme on le faisait avant.Ça ne veut pas dire que je n’écrirai plus de chansons, ni que je vais arrêter de tourner.Simplement, je pense utiliser d’autres supports que celui du disque. Vous n’en avez pas encore fini avec Cœur de Pirate ! (rires).
D’où vient ce nom au fait ? Un rapport avec vos tatouages ?
Non.C’est juste que Béatrice Martin ça ne sonnait pas terrible comme nom de scène.Je voulais quelque chose de plus intéressant. Comme un personnage derrière lequel me cacher.J’ai trouvé ça bien « Cœur de pirate ». Il faut croire que j’avais raison puisqu’on continue à me poser la question.
Comment est née votre vocation de chanteuse ?
Par hasard.Ça ne faisait pas vraiment partie de mes plans.Mes parents faisaient un peu de musique, j’étais inscrite au conservatoire, mais je n’avais jamais envisagé ça comme carrière.Et puis, j’ai eu un gros chagrin d’amour et j’ai écrit pour l’exorciser.Les chansons du premier album sont venues comme ça.Je les ai mises sur internet et ça a démarré.Je me suis aperçue que je savais faire ça : écrire des chansons.Alors j’ai continué.
Quels artistes vous inspiraient ?
Je ne peux pas dire que j’ai eu de modèle particulier.J’écoutais beaucoup de chanson française.Si je dois citer quelqu’un en particulier, je dirai quand même Jacques Brel, pour son écriture et l’intensité de l’interprétation.
Votre voix est très particulière. La considériez-vous comme un atout ?
Oh non, pas du tout ! Tout le monde me disait que je ne pourrai jamais faire carrière avec une voix pareille. Le public en a décidé autrement…
Comment travaillez-vous ?
C’est généralement la mélodie qui vient en premier. Je me mets au piano et je travaille autour de ces quelques notes de musique. Le texte vient ensuite se greffer sur la partition, le plus souvent en forme d’écriture automatique.
La presse people et les réseaux sociaux semblent se passionner pour vous.Ça vous ennuie ou ça vous amuse ?
Ça m’amuse plutôt de faire le buzz. J’aime bien lancer des trucs pour voir ce que ça va devenir dans les journaux et sur internet.Et je dois dire que je suis rarement déçue ! (rires).
Jain : Souldier
La première écoute est un peu déceptive. Impression dominante: c’est le même que le premier (Zanaka 2016), sans les tubes… Mais Jain (Jeanne Galice de son vrai nom) est une artiste attachante et elle a largement prouvé en live qu’elle n’était pas un produit préfabriqué. Alors on résiste à la tentation de zapper son deuxième effort et, après plusieurs écoutes attentives, les chansons font leur chemin. On aime bien le flow R’n’B d' »On My Way » qui ouvre l’album, les sonorités orientales d’ « Adu Dhabi » (évocation de son enfance dans la capitale des Emirats) et de « Star« , les petites comptines à la Manu Chao electro (« Flash », « Alright », « Dream »), le côté fun et enfantin ( « Inspecta » avec son intro Inspecteur Gadget), la ballade acoustique à la Selah Sue (« Souldier« ), le faux reggae electro qui part en ballade mélancolique au refrain ( « Feel it« , la chanson plus mature du lot)… Au bout du compte, rien d’aussi immédiatement accrocheur que « Come » ou « Makeba » sur le premier album, mais rien à jeter non plus. De la bonne pop, qu’on aura plaisir à lui voir jouer en live dans sa jolie combi bleue rétro futuriste qui a remplacé la petite robe noire à col Claudine de ses débuts.
Eric Fottorino: Dix-sept ans
Par M.A.B
Un dimanche de décembre, une femme de 74 ans, livre à ses trois fils le secret qui l’étouffe depuis sa jeunesse. En avouant une souffrance insoupçonnée, cette mère niée par les siens depuis toujours se révèle dans toute son humanité et son obstination à vivre libre malgré des blessures toujours à vif. « Dix- sept ans » est le nouveau « roman » d’Eric Fottorino. Une œuvre consacrée à sa mère comme « L’homme qui m’aimait tout bas » était dédié à son père adoptif. Des pages personnelles écrites à la première personne par lesquelles, pour la première fois et à un âge avancé, l’auteur s’interroge sur les épreuves subies par celle qui l’a mis au monde. Pourquoi n’a-t-il pas réussi à l’aimer ? Parce qu’il est né de père inconnu ? Parce que trop jeune, dix sept ans en soixante, elle ne l’a pas élevé ? Ou était-ce, cette grand-mère qu’il croyait pleine de bonté qui ruina la vie de sa fille ? L’écriture est tendre. Lucide et pudique. Fottorino fouille sa mémoire, retourne sur les lieux de sa naissance : la ville de Nice. Les derniers mots diront les retrouvailles et l’apaisement d’Eric. « Dix-sept ans » est la première émotion de la rentrée littéraire.
Shannon Shaw : In Nashville
Comme Beth Ditto, à laquelle elle ressemble un peu physiquement, Shannon Shaw s’est finalement émancipée de son groupe californien (The Clams) pour enregistrer son premier album solo à Nashville. La ligne sixties et doo wop est conservée, mais les nouvelles chansons ajoutent une coloration country et rhythm’n’blues qui fait toute la différence. Produit par l’incontournable Dan Auerbach (Black Keys), qui a entouré la chanteuse de vieux requins de studio locaux (certains ont même joué avec Elvis!) , Shannon in Nashville est l’album qu’on a le plus écouté cet été. Et on n’est visiblement pas prêt de s’en lasser. C’est le genre de disque qui vous fait une vie. Achetez-le si possible en vinyle: la pochette est superbe.
Rolling Stones : San Jose 99
En 1998-99, les Stones avaient prolongé la tournée Brigdes To Babylon par plusieurs concerts dans une configuration plus modeste. Baptisé No Security, cette mini-tournée les trouvait au meilleur de leur forme musicalement parlant. En témoigne ce concert, capté en Californie, où le groupe jouait dans une salle de moins de 15 000 personnes. Le répertoire intègre des titres relativement peu joués comme «Some Girls» ou « Saint of Me » et le son, très différent de celui des stades, rappelle celui des tournées des années 70. Le groupe avait mangé du lion ce soir-là, ça se voit et ça s’entend. Le meilleur dvd live des Stones depuis celui de la tournée Some Girls (1978).
DVD: Profession Reporter
Un des chefs-d’œuvre d’Antonioni, avec Jack Nicholson et Maria Schneider, le cultissime Profession Reporter (The Passenger en VO) ressort dans une version Ultra Collector que tous les admirateurs du réalisateur italien voudront avoir. Un livre illustré de 160 pages, le DVD/BR en version restaurée HD, des tonnes de bonus… C’est Noël ! Comme tous les chefs-d’œuvre, le film est intemporel (avec son fameux plan séquence final de 7 minutes, décortiqué en bonus) et le couple formé par Jack Nicholson et Maria Schneider est inoubliable. Attention, édition limitée.
Jeff Beck : Still On The Run
Enfin un documentaire sérieux consacré à Jeff Beck, le plus génial des guitaristes anglais encore en activité. De facture très classique (interview de l’intéressé entrecoupée de témoignages,d’extraits de concerts et d’images d’archive…), le film de Matthew Longfellow retrace toute la carrière du guitar hero anglais. Avec un maximum de témoignages de stars et de musiciens (David Gilmour, Jimmy Page, Eric Clapton, Slash, Joe Perry, Ron Wood, Rod Stewart…) qui l’ont côtoyé ou accompagné, et disent leur admiration pour ce funambule de la six cordes en perpétuel renouvellement.
Alex Hepburn : If You Stay
Découverte en 2013 avec un premier album soul blues , Together Alone, et son tube FM « Under« , l’écossaise Alex Hepburn revient en grande forme après un léger passage à vide (et un concert raté à Monaco). Pour faire patienter jusqu’à la sortie de son deuxième album, la chanteuse aux yeux myosotis publie un EP 5 titres qui promet énormément. « If You Stay » et « I Believe » sonnent comme des classiques de rhythm’n’blues mais avec un chant moderne, intégrant hip hop et ragga. « Solid Gold » ressemble à un inédit de Back to Black (Amy Winehouse) ou à la BO du prochain James Bond. « High Roller » est une ballade voix-guitare à la Selah Sue. « Can’t Stop« , un pur tube pop… La voix éraillée à la Kim Carnes/Bonnie Tyler d’Alex est mise en valeur par une production retro du plus bel effet. Si le reste de l’album est de ce calibre, ça va cartonner. En attendant on tient notre (demi) disque de l’été !
Jorja Smith : Lost & Found
Elle a 20 ans, une voix et un look qui réconcilient Amy Winehouse et Sade et son premier album, Lost & Found est bien parti pour être notre disque de l’été 2018. Jorja Smith est anglaise et fait des débuts un peu fracassants avec ce disque soul enregistré avec la bénédiction de Drake et Kendrick Lamar. Le premier a repéré Jorja sur Youtube et l’a invitée à enregistrer un duo sur l’album More Life. Le second lui a également offert un duo sur la BO de Black Panther. Autant dire que si les gros poissons du show biz ne la mangent pas, la jeune native de Birmingham, que l’on a eu le privilège de voir en show case acoustique en juin à Cannes Lions, ira loin. En attendant, son album tourne en boucle sur nos platines. Achetez-le , il vous fera de l’usage.
Johnny Marr: Call The Comet
Ex-guitariste des Smiths et mercenaire multicarte (il a joué avec tout le monde, jusqu’à Hans Zimmer sur la BO d’Inception), Johnny Marr fait un retour flamboyant sur le devant de la scène, avec un troisième album solo explosif, dans lequel il revisite ses influences au travers de compos originales, toutes excellentes. Ça sonne comme du Smiths, du Psychedelic Furs, du Only Ones et du Simple Minds (liste non exhaustive), avec une touche d’Oasis. Bref, c’est de la Britt Pop comme on l’aime. En plus d’être un guitariste génial et légendaire, Johnny s’avère être un aussi bon chanteur et , contrairement à son ex-compère Morrissey, il vieillit avec une classe folle. Vous voulez du bon son ? Call The Comet ! Lire ici l’entretien avec Johnny Marr à Cannes Lions 2018.
Rencontre : Michel Jourdan
Il suffit d’égrener les titres écrits par Michel Jourdan pour avoir un panorama de la chanson française de 1964 à nos jours. Ça commence avec «Les vendanges de l’amour», tube de l’été 1964 chanté par Marie Laforêt, et ça continue avec «Il a neigé sur Yesterday» (Laforêt encore), «Qui saura» et «Rien qu’une larme» (Mike Brant), «La Bambola» et «Dans tes bras» (Dalida), «Vous les femmes» (Julio Iglesias), «Soleil, Soleil» (Nana Moukouri) , «Ca pleure aussi un homme» (Ginette Reno) , «Sur ton visage une larme» (Bobby Solo) , «Je vis pour elle» (Hélène Segara), jusqu’à Kyo («Mes racines et mes ailes») et Calogero («Si seulement je pouvais lui manquer») pour la jeune génération. Cette dernière chanson vaudra à Michel Jourdan une Victoire de la musique, en guise de consécration tardive. Pendant un demi-siècle, cet homme charmant et discret est, en effet, resté dans l’ombre des stars qui se sont approprié ses mots. Ce n’est qu’à la faveur de ses mémoires et d’un documentaire qui lui est consacré, que ce Niçois qui a côtoyé le gratin de la chanson internationale, apparaît enfin dans la lumière. Car, non content d’avoir fait chanter le ban et l’arrière-ban de la variété française (Dorothée fut l’une de ses plus grosses clientes), Jourdan s’enorgueillit de collaborations prestigieuses avec Céline Dion, Julio Iglesias, Barbra Streisand et… Frank Sinatra en personne ! Des rencontres qu’il raconte d’une plume enjouée dans ses mémoires. Mais la partie la plus intéressante est peut-être celle consacrée à son enfance niçoise. Né en août 1934, d’un père pâtissier et d’une mère qui tenait le vestiaire au café Bono, le jeune Michel se destinait à la cordonnerie, mais fut détourné de cet artisanat par celui de la musique. A commencer par celle des films de Charlie Chaplin, sur lesquelles il s’amusait à inventer des paroles. Après une brève carrière de chanteur dans les fêtes de patronage («J’avais l’envie, mais pas la voix»), Jourdan monte à Paris et force la porte de Gilbert Marouani, impresario en vogue, pour lui proposer un essai: «Donnez moi un air, je vous écris les paroles!».Epaté par son talent, Marouani lui confie la partition de ce qui deviendra «Les Vendanges de l’amour». La suite s’écrit en musique et s’étale sur cinq décennies. Jusqu’à Calogero , rencontré dans les bureaux du même Marouani et Kyo, de jeunes gars «qui, comme Calogero, n’ont pas le racisme de l’âge», tout le monde ou presque a chanté du Jourdan. «Il est un des derniers paroliers de cette génération dont j’apprécie fortement le travail, dit de lui Charles Aznavour.Il fait partie des authentiques artisans de notre métier». Sa dernière chanson, Michel Jourdan l’a écrite pour Nice, qu’il a quittée depuis bien longtemps mais n’a jamais oubliée. Elle s’intitule «Ma baie des anges» et parle d’un certain 14 juillet. C’est un autre niçois, Francis Lai, qui en a composé la musique et qui la chante. Il y est question d’ «un camion avec un barbare au volant» et du bonheur d’être Niçois, désormais suspendu «entre un avant et un après».
Interview : Claire Chazal
(Photo Christophe Brachet)
Claire Chazal vient de publier « Puisque tout passe » un premier livre de mémoires, plus introspectif que people. Ceux qui attendaient qu’elle balance sur TF1 et le monde de la télé en seront pour leurs frais. Par contre, ceux qui ont gardé avec celle qui a si longtemps présenté le journal de 20 h 00 un lien particulier seront ravis de ses confidences à cœur et esprit ouvert. Nous avions rencontrée Claire Chazal à Angoulême, où elle était la plus sérieuse et assidue des jurés du 10e Festival du film francophone. Voici ce que nous avait confié la nouvelle présidente du Théâtre Liberté à Toulon…
Comment avez-vous vécu l’après TF1?
Ca a été violent.C’est une décision de la chaîne que je n’avais pas du tout anticipée et qui m’a privée de ce que j’aimais le plus: le reportage, le traitement de l’actualité, la politique, qu’on a essayé de traiter le mieux possible pendant tout ce temps… Il y a eu des moments difficiles, de frustration intense et de regrets, où je me suis sentie très inutile.Notamment lors les attentats de Paris.C’étaient mes premiers moments hors de l’antenne. Pour la première fois, je ne participais pas à l’émotion collective. J’aurais tellement voulu être à l’antenne ce week-end là… La campagne présidentielle «chamboule tout» a évidemment été un autre moment où je me suis sentie particulièrement frustrée. Tous ces rebondissements incroyables! Au final, j’ai eu beaucoup de chance que France 5 me propose un magazine culturel quotidien, Entrée Libre, même si son audience est évidemment plus confidentielle que celle du journal. La culture m’intéresse beaucoup et depuis toujours.
Pensez-vous avoir été victime du nouveau «jeunisme» des chaînes de télévision?
Je ne l’ai pas analysé comme ça sur le coup. Je trouve formidable le renouvellement des élites, l’arrivée de nouvelles têtes, notamment en politique.Il faut évidemment donner leur chance aux jeunes, sortir des codes et des réflexes anciens, en politique comme dans les médias. Mais je suis contre le systématisme. On peut aussi valoriser l’expérience.Un excès de jeunisme n’est pas pertinent, comme tous les excès. Il faut toujours chercher les moyens termes…
Quels sont les meilleurs et les pires souvenirs que vous garderez du vingt heures?
C’est une question difficile car, pour moi, les meilleurs souvenirs sont des souvenirs d’intensité qui correspondent souvent, hélas, à des moments dramatiques de l’actualité.Pour la mort d’Isaac Rabin, par exemple, on a fait le journal en direct de Jérusalem. C’était un de mes premiers journaux à l’extérieur et je me suis sentie investie d’une mission. Il y a aussi, heureusement, des événements joyeux, où l’on participe à la liesse collective, comme les grands rendez-vous sportifs… Mes moins bons souvenirs sont liés à des interviews difficiles, comme celle de Laurent Fabius sur le sang contaminé ou celle de Dominique Baudis au moment de la rumeur de Toulouse. On ne sait jamais, sur le coup, si on a la bonne attitude…
Votre vie a-t-elle beaucoup changé depuis votre départ du journal?
J’ai retrouvé des week-end! Je n’en ai pas eu pendant 25 ans… Ca n’a pas été facile au début.J’avais une impression de vide terrible, car je n’aime pas l’inactivité.Je n’ai jamais été trés fan des vacances, par exemple.Mais je peux désormais consacrer plus de temps au spectacle vivant, à la culture, à la pratique de la danse et à mettre en valeur les artistes que j’aime…
Et le regard des autres, a-t-il changé, lui aussi ?
Heureusement non.J’avais peur d’être oubliée.On est quand même attaché à la popularité, à cette amitié que les gens vous témoignent, à l’attachement qu’ils ont pour vous. Je sais que je le dois à TF1 et à la puissance de ce média, la télévision, qui a fait que, pendant des années, je rentrais chez des millions de gens deux fois par semaine. Mais je constate que les gens restent attachés à moi et j’ai l’impression que cela va durer, même sans TF1. Je reçois des témoignages anonymes quotidiens de gens de la rue qui me disent qu’ils me regrettent.Cela me touche énormément.Je leur réponds qu’ils peuvent regarder une autre chaîne, mais je comprends qu’ils ont l’impression de m‘avoir perdue…
Bashung: Live
Neuf ans déjà qu’il nous a quittés et la (Play) blessure n’est toujours pas refermée. Bashung en live, c’était encore mieux qu’en disque. Aucun de ses concerts n’était banal ou juste similaire aux autres. On se souvient du dernier auquel on a assisté, au Nice Jazz Festival, avec une émotion particulière. Jusqu’au bout, l’homme aura été digne et magnifique. Ce coffret de l’intégrale live l’est aussi. Les concerts de 85 et 92 sont pour la première fois présentés en versions intégrales sur 2 CD pour chacun. Le Live Tour 85 a été entièrement remixé avec de nouvelles versions des chansons et le Novice Tour 92 est augmenté de pas moins de 12 titres. Les Dimanches à l’Élysée, de l’ultime tournée, sont juste restitués dans leur perfection (voir vidéo du concert de l’Olympia). Absolument indispensable.
Moha La Squale : Bendero
Le rap français a un nouveau patron: Mohamed Bellahmed, alias Moha La Squale, 23 ans, originaire de Créteil (94) élevé dans le XXe à Paris, quartier de La Banane, où il vit toujours. Tombé deux fois (drogue), relevé trois, il intègre le cours Florent et tourne en Belgique dans un court métrage de Barney Frydman (La Graine). C’est là qu’il commence à écrire ses premiers raps sous pseudo emprunté au film culte de Fabrice Genestal (La Squale 2000). Encouragé par ses copains, Moha diffuse ses premiers titres sur Youtube a l’été 2017. Succès immédiat. Le gars a tout: le son, la voix, la gueule, le look, l’attitude, le flow, la tchatche, le vocabulaire et (surtout) la street cred. Depuis NTM, on n’avait peut-être rien entendu d’aussi carré. Signé chez Elektra, l’album est tombé dans les bacs le 25 mai. 33 titres impeccables, pleins de bruit et de fureur. Des mots qui claquent, des images qui marquent: rien à jeter. Meet the new boss !
Hyphen Hyphen : HH
(Photo Manu Fauque)
Annoncé par l’ahurissant single « Like Boyz« , qui envoie Rihanna et Beyoncé à la maison de retraite, le deuxième album d’Hyphen Hyphen confirme le potentiel explosif du groupe Niçois, révélation scène aux Victoires de la musique. Même réduits à un trio, après le départ du batteur Zac, Hyphen Hyphen continue d’envoyer du bois comme jamais. Le son est encore plus monstrueux que sur le premier album, la voix de Santa est plus puissante et les textes ont beau être plus personnels et intimistes , ils claquent toujours autant. Coming out à peine déguisé, « Like Boyz » en est le parfait exemple et balance les porcs à la poubelle sur une tournerie techno imparable. « Take My Hand« , qui ouvre l’album, annonce tout de suite la couleur : big beat à donf’. Santa , Adam et Line ont tout fait tout seul, y compris le clip de « Like Boyz« . Ils ont rudement bien fait ! Le disque est un brûlot qui va mettre le feu aux dance floors et à toutes les scènes où Hyphen Hyphen le jouera cet été, comme au Midem le 6 juin.