Ça vient de sortir

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Juniore : Ouh, là là !

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Par Philippe  DUPUY

C’est l’histoire de deux copines du lycée Masséna qui, après avoir formé leur premier groupe à Nice, se sont retrouvées à Paris pour continuer à faire de la musique ensemble. Elles ont fondé Juniore : un quatuor féminin de surf pop sixties qui marche sur les traces des glorieux Playboys. Repérées par le FAIR, les filles ont publié en 2016  un premier EP 6 titres (Marabout) aux refrains accrocheurs qui leur valu de faire un petit buzz entre Paris et Nice où elles ont tourné le clip délicieusement rétro de « La Plage » (voir vidéo). Leur premier album Ouh, là là, produit par Samy Osta (Feu! Chatterton Rover, La Femme) est sorti le 3 marsAnna Jean, qui écrit, compose, dessine les visuels et chante avec une voix et un look de Françoise Hardy 2017, nous en dit plus sur ce nouveau groupe azuréen qui aspire à devenir grand…

Comment est née Juniore?
Au départ, j’avais formé un duo acoustique (Domingo) avec un pote de lycée, Samy Osta. On a un peu joué à Nice avec, aussi, ma copine Laurence Tonnon. Samy et moi sommes montés à Paris pour nos études.Lui, a continué dans la musique et ouvert un petit studio d’enregistrement.Moi, j’ai commencé à bosser comme traductrice.Mais l’envie de faire de la musique était toujours là. Quand Laurence nous a rejoints, il y a 3 ans, on a formé Juniore. Ce n’était pas prémédité, mais on a rapidement été identifiés comme un groupe « essentiellement féminin ».Du coup, on a décidé de creuser l’idée.Samy fait toujours partie du groupe et s’occupe de la production et des arrangements, mais pour la scène, on n’est plus que des filles. Je chante et je joue de la guitare, Laurence est à la basse, Swanny Elzingre tient la batterie et Agnès Imbault les claviers.
D’où vous vient ce goût pour le rétro?
C’est quelque chose qui a trait à mon enfance à Nice. Il y avait encore beaucoup de choses intactes des années soixante quand j’étais petite et chaque fois que j’y reviens, je trouve à cette ville un côté intemporel.Quand on a fait le clip de « La Plage », l’été dernier avec Laurence, on a filmé en couleurs, bien sûr, mais au montage le noir et blanc s’est imposé tout de suite.
Musicalement, Juniore sonne très yé-yé…
J’ai commencé à écouter du rock et de la pop anglo saxonne, comme tout le monde.Mais quand j’ai découvert le yé-yé, j’ai trouvé ça formidable. C’était joyeux.Même les textes me plaisaient, avec leur fascination naïve pour la culture américaine.J’aimais l’idée que ce soit assumé, mais quand même exprimé en français.Sans doute mon côté traductrice, déjà…
Même vos visuels sont en noir et blanc…
Cela me renvoie encore à mon enfance.Ma grand-mère, qui m’a appris le piano, avait des profils découpés de la famille en ombre portée, comme on faisait à l’époque.Je m’en suis inspiré pour créer la pochette de Marabout.
En live ça donne quoi ?
Avec ceux de l’album, on a déjà une vingtaine de titres à nous et on fait quelques reprises dont une des Shangri-Las. On fait aussi une adaptation yé-yé d’ « Happy » de Pharell Williams qu’on a rebaptisée « Ravi » (rires). Je me dis que, dans cette époque grave, les gens ont sans doute besoin d’un peu de légèreté. J’espère qu’on viendra bientôt jouer dans le Sud.

NoJazz: Soul Stimulation

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Par Philippe DUPUY

NoJazz est de retour et l’hiver reprend des couleurs. Le nouvel album du quintet préféré de Thierry Ardisson (c’est un de leur titre qu’on entend au générique de Salut les Terriens !) est un cocktail détonnant d’électro, de funk, de jazz, de soul et de hip-hop. Une vraie machine à danser ! « Have fun »  proclame l’un des titres. Et du plaisir, on sent que le groupe, dont plusieurs membres sont originaires de la Côte d’Azur, en a pris beaucoup à enregistrer ce disque à Los Angeles, avec la participation de guests aussi prestigieux que Maurice White, le leader d’Earth, Wind and Fire récemment décédé et… Stevie Wonder en personne ! L‘album marque un vrai tournant artistique et commercial pour NoJazz. C’est la première fois que le groupe va aussi loin dans le mix d’électro, de soul et de funk.  Les fans ont adoré : la semaine de sa sortie, Soul Stimulation s’est directement classé dans le Top 5 « RnB Soul » d’iTunes et il n’a pas quitté le Top 100 général depuis. De bon augure pour la tournée qui devrait les ramener vers la Côte d’Azur aux beaux jours, après l’Inde et l’Amérique du Sud où ils sont attendus cet hiver. On espère bien pouvoir écouter les nouveaux titres en live cet été dans l’un ou l’autre des festivals azuréens qu’ils connaissent bien. En attendant, l’album est dans les bacs et sur les plateformes digitales. Achetez-le, vous ferez des économies de chauffage !

Lou Reed : The Collection

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Par Philippe DUPUY

Trois ans déjà que Lou Reed s’en est allé, laissant derrière lui une œuvre aussi riche et variée que son ami et mentor David Bowie, qui l’a suivi de près au paradis des rockers. On redécouvre ce corpus d’œuvres disparates à l’occasion de la réédition, en coffret, des albums solos de l’ex-leader du Velvet Undergound, publiés chez RCA et Arista entre 1972 et 1986. Soit le meilleur et le pire du chantre noir de New York City, en dix-sept CD convenablement remastérisés et accompagnés d’un magnifique livret de 80 pages. Pas le plus mauvais des investissements, puisqu’y figurent une demi-douzaine de chefs-d’œuvre certifiés (Transformer, Berlin, Rock’n’Roll Animal, Coney Island Baby, Sally Can’t Dance…), un album à réévaluer (The Bells), une curiosité (l’inécoutable et bruitiste Metal Machine Music), un double live zarbi de 1978 (Take No Prisonner) et six albums de variétés jazz/disco/doo wop/n’importe quoi, mais contenant chacun au moins une ou deux bonnes chansons : Rock’n’Roll Heart (1976), Growing Up In Public (1980), The Blue Mask (1982), Legendary Hearts (1983), New Sensations (1984), Mistrial (1986). Le tout dressant le portrait d’un artiste versatile, capable du meilleur comme du pire, mais toujours intéressant à écouter, grâce notamment à cette voix glaçante qui aura marqué à vie tous ceux qui ont découvert les chansons du Velvet dans leur prime jeunesse (« Heroin », « Waiting For My Man », « Run Run Run », « Sister Ray ») et que Bob Ezrin a fixée pour l’éternité sur le terrifiant Berlin. Quiconque recevrait ce coffret en cadeau sans rien connaître de Lou Reed (ou seulement « Walk On The Wild Side« , son unique hit) devrait écouter en priorité Berlin et Rock’n’Roll Animal (sa version hard en live. Pour une raison inconnue, la deuxième partie du concert publiée sous le titre Lou Reed Live est absente du coffret). Puis enchaîner sur Transformer (manifeste glam supervisé par Bowie), Sally Can’t Dance (pendant soul-rock du Young American de Bowie) et Coney Island Baby , premier grand disque à la gloire de Big Apple (avant le bien nommé New York de la période suivante). Il faut bien reconnaître qu’après ce disque (daté de 1975), l’inspiration de Lou Reed est en berne. Seuls Street Hassle et The Bells méritent d’être écoutés en entier, même si ce n’est pas toujours une partie de plaisir. Sur les autres, on se contentera de glaner quelques pépites comme « I Love You Suzan » (New Sensations) ou « Rock’n’Roll Heart » (sur l’album éponyme) qu’on dirait écrite pour (ou par) Jonathan Richman. Mieux vaut oublier le reste : remastérisé ou pas, c’est de la daube. Il faudra attendre New York (1989) et Ecstasy (2000) pour retrouver Lou Reed à son meilleur niveau. Hélas, comme celles de Dylan et de Leonard Cohen, sa voix avait mué et son chant n’avait plus le même attrait vénéneux. Il compensait par la puissance, qui culmine sur le monstrueux Lulu, enregistré en 2011 avec les hardeux de Metallica. Mais ceci est une autre histoire…

Thierry Frémaux : Sélection Officielle

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Par Philippe DUPUY

Il a le « 06 » de Robert de Niro, tutoie Martin Scorsese, visionne des films avec le président de la République, est reçu chez Steven Spielberg, boit des coups avec Iggy Pop, dîne avec Leïla Bekhti, Nicole Kidman lui envoie des fleurs et, seule Catherine Deneuve est encore capable de l’intimider. Délégué général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux a le plus beau métier du monde : il choisit les films qui iront à Cannes et attend, en haut des marches du Palais, que les stars montent jusqu’à lui pour le remercier… Certes, le job a quelques inconvénients. D’abord, il faut supporter la critique (« Si la sélection est bonne c’est grâce aux films. Si elle est mauvaise c’est forcément de ma faute ») et les humeurs des cinéastes, qui rêvent tous d’aller à Cannes mais lui en veulent s’ils n’ont aucun prix. Et puis, il faut aimer voyager : le D.-G de Cannes (qui est aussi directeur de l’institut Lumière à Lyon, où il organise un autre festival) dort rarement plus de quatre jours dans le même lit, il peut faire un aller-retour à New York dans la journée pour rencontrer un réalisateur et il partage son temps entre l’Institut Lumière, les bureaux du Festival à Paris, la Croisette au mois de mai et le reste du monde dans les créneaux disponibles. Le TGV Lyon-Paris et les lounges d’aéroports n’ont plus de secret pour lui. Sinon, il se déplace essentiellement en vélo, sa troisième passion après le cinéma et le foot, avant le rock, la chanson française et les tracteurs. Eddy Merckx et Bruce Springsteen sont ses héros, au même titre que les grands auteurs de cinéma d’hier et d’aujourd’hui… Tout cela, on l’apprend à la lecture du volumineux journal de bord, de plus de 600 pages, qu’a tenu Thierry Frémaux entre mai 2015 et mai 2016 : d’un palmarès à l’autre. Une idée de Sabine Azéma, dont Grasset compte bien faire ses choux gras : le Festival vu de l’intérieur, c’est de l’inédit ! Même s’il ne faut pas attendre de révélations chocs, d’indiscrétions, ni de règlements de comptes (Frémaux a « une cinéphilie heureuse » et aspire à être « copain avec tout le monde »), on trouve quand même, au fil des pages de ce journal passionnant et remarquablement bien écrit, des réponses aux questions qu’on pouvait se poser sur la dernière édition du Festival. Et même quelques infos utiles pour les prochaines !  Sur la composition du jury, par exemple, Thierry Frémaux confie avoir proposé la présidence à Jean-Luc Godard (qui a refusé) et penser depuis longtemps à Mick Jagger, qui est un « fidèle discret » du Festival. Et pourquoi pas à Bruce Springsteen, dont il est un fan absolu (des pages entières lui sont consacrées) ? Il n’en fallait pas plus pour lancer une des premières rumeurs du Festival 2017 ! Laurent Gerra pourrait également  faire partie du jury : vieux copain lyonnais du délégué général, l’humoriste est omniprésent dans les pages. Et c’est le premier à avoir deviné qui aurait la Palme d’or en 2016 : «Vous voyez des centaines de films et le vainqueur sera Ken Loach ! » s’était-il moqué à l’annonce de la sélection. Des centaines ? 1867, très exactement. Ça en fait des voyages…

Tété : Chroniques de Pierrot lunaire

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Par Philippe DUPUY

On reconnaît derrière lui les gradins du théâtre Lino-Ventura, à Nice. La salle est vide, il est seul avec sa guitare, un tambourin bat la cadence hors-champ. Le texte de la chanson, sobrement intitulée « M. Moretti » , reprend en l’imageant celui que Tété avait publié sur Facebook en réponse au tweet, d’un certain François Moretti à propos de son nouvel album, Chroniques de Pierrot lunaire, paru début octobre, « Musicalement, c’est sympa mais putain c’est un nègre, désolé mais ça ne passera jamais ».  Ce qui « ne passera jamais », pour Tété, c’est le racisme et la bêtise. La chanson s’adresse donc à cet admirateur imbécile, auquel il fait remarquer la « cinglante ironie » qui consiste à admirer le travail d’un artiste et à le dénigrer dans le même temps, à cause de sa couleur de peau. Au refrain, le chanteur s’amuse de voir « céder aux sirènes de (sa) poésie » celui qui « tient pour sauvages les noirs de Rhodésie ». Un « paradoxe sale à souhait » qui nécessite, selon lui, qu’on « prenne de la hauteur ».
« Le 19 novembre, nous arrivons à Nice la belle, perclus de fatigue des concerts donnés les jours précédents, raconte le chanteur. Malgré les images des événements que l’on sait se superposant à cette lumière si particulière, je suis bien déterminé à enregistrer ici cette nouvelle chanson écrite entre Orange et Nancy. En arrivant au théâtre Lino-Ventura, je jette mon dévolu sur la rivière asséchée qui jouxte le parking et offre une jolie perspective. Hélas, la luminosité baisse trop vite et le bruit de la circulation achève de me convaincre de me rabattre sur la salle. »
« M. Moretti » vient idéalement compléter ces Chroniques de Pierrot lunaire dans lesquelles le chanteur a voulu, dit-il, « raconter l’histoire d’un homme en bute à la réalité qui n’a d’autre ressource que de changer de point de vue à défaut de pouvoir changer les choses ». Quinze chansons qui chroniquent à distance les événements tragiques de l’année par le biais d’images poétiques « pour les exorciser plutôt que de remuer le couteau dans la plaie ». Avec des arrangements minimalistes et des open tuning de guitare inspirés des pionniers du blues « pour remettre la musique et l’humain au centre du jeu ».  « On vit dans un monde de plus en plus oppressant, aux portes de l’enfer », constate Tété qui dit avoir « trouvé beaucoup de lumière et d’apaisement » dans le fait de faire un break et de partir au bout du monde (Japon, Tahiti) seul avec sa guitare, pour retrouver un contact plus direct avec sa musique et son public. Il est revenu, « plein d’usages et raison » selon la formule consacrée, avec ce bel album aux textes ciselés, qu’il chante partout en tournée, avec un grand succès. N’en déplaise à tous les M. Moretti…

Rolling Stones : Blue & Lonesome

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Par Philippe DUPUY

L’objet (Logo-langue bleu électrique dégoulinant) est d’une grande laideur, mais ça ne concerne que ceux qui achètent encore des disques. Ceux qui l’écouteront sous forme de fichiers numériques s’en fichent. De toute façon, le contenu est mieux que le contenant et c’est bien ce qui compte. Vingt -cinquième album studio des Rolling Stones (qui n’avaient plus enregistré depuis 11 ans et l’oubliable A Bigger Bang), Blue & Lonesome est un disque de reprises dans le style Chicago Blues que le groupe affectionnait particulièrement à ses débuts dans les années 60. Soit 12 chansons signées Buddy Johnson, Howlin Wolf, Memphis Slim, Magic Sam, Little Walter, Eddie Taylor, Willie Dixon, Jimmy Reed, Otis Hicks et Miles Grayson. La plupart rigoureusement inconnues du grand public, à l’exception  d’I Can’t Quit You Babe, dont Led Zeppelin donna une version mémorable sur son premier album. La production met en avant la voix de Mick Jagger et son jeu d’harmonica, qui est toujours aussi bon. Les guitares sont plus fondues dans la masse, y compris celle d‘ Eric Clapton,  venu faire un petit solo sur deux chansons (dont la précitée en clôture du disque). Le groupe affirme avoir tout enregistré en trois jours et dans les conditions du live, ce qu’on croit volontiers. En 50 ans de carrière, les Stones ne se sont que rarement éloignés d’un axiome autour duquel ils se sont formés (leur nom est un hommage à Muddy Waters, curieusement absent de la sélection) et qu’ils maîtrisent parfaitement. Blue & Lonesome n’a ainsi aucun mal à surpasser leurs dernières productions: Mick Jagger et Keith Richards n’ont pas écrit une seule vraie bonne chanson depuis «Start Me Up» en… 1981!  Malgré l’uniformité du son (une ou deux chansons acoustiques auraient été bienvenues pour rompre la monotonie) et un manque d’âme patent,  c’est leur meilleur disque depuis Some Girls (1978). Les Stones ont encore le blues et c’est tant mieux. Mais les fans peuvent l’avoir aussi. L’existence même de ce disque confirme, en effet, l’incapacité du «meilleur groupe de rock du monde» à composer de nouvelles chansons intéressantes. Pire: il semble vouloir «boucler la boucle». Le genre de «retour aux racines» qui sent plus le pissenlit que la régénération…

Bruce Springsteen : Born To Run

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Par Ph. D

L’histoire d’un gamin du New Jersey, Bruce Fredrericks Springsteen,  qui se rêvait l’égal de Dylan et des Rolling Stones et qui a vu tous ses rêves exaucés. Le Boss se raconte avec sincérité, intelligence et sensibilité dans ce lourd pavé autobiographique,  dont l’intérêt varie quand même en fonction de l’admiration qu’on porte au personnage (l’écriture est un peu plate, défaut de traduction?). On y découvre une personnalité plus cabossée que l’image qu’il renvoie (30 ans de psychanalyse !) et un fin connaisseur du music business. À lire en écoutant l’album Chapter and Verse , best of augmenté d’inédits (anecdotiques) de ses premiers groupes, sorti en même temps que le bouquin chez Columbia.

Pete Townshend: Live au Midem

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Par Ph. D 

Il fut un temps où les concerts du Midem faisaient l’événement, avec des têtes d’affiche dignes des plus grands festivals. Ainsi, c’est à Cannes que la télé allemande était venue filmer, pour l’émission Rock Palast, un concert du leader des Who, Pete Townshend. C’était le 29 janvier 1986 et les chanceux qui y ont assisté s’en souviennent encore. Pete Townshend était venu jouer son dernier album solo (White City),  mais n’avait pas manqué de gratifier l’assistance de quelques pépites des Who. Si le concert est resté à ce point mémorable, c’est que Townshend était accompagné d’un sideman de luxe en la personne de l’ex-Pink Floyd, David Gilmour, qui assura tous les solos de  guitare. Trente ans après, la captation du concert est enfin disponible en DVD, avec une image et un son irréprochables et en pack 2CD.

Rencontre: Imany

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Par Philippe DUPUY

On a découvert Imany  en 2011 à Jazz à Juan, en première partie de Raphael Saadiq. Sa longue silhouette, sa voix profonde et l’intensité qu’elle mettait dans ses chansons, avaient fortement impressionné les spectateurs de la pinède. La chanteuse  avoue pourtant qu’elle n’en menait pas large : « C’était un de mes premières premières parties.Devant un artiste de cette stature et dans cet endroit mythique, je ne pourrais jamais l’oublier! » Cinq ans plus tard, elle était  en tête d’affiche du festival des Nuits du Sud à Vence avec un single, « Don’t be shy », qui a été un des tubes de l’été.« L’histoire de cette chanson est originale, raconte Imany. Je l’ai écrite pour la BO du film d’Audrey Dana , Sous les jupes des filles.Mais ce n’est pas moi qui la chantais.Lorsque la maison de disques a décidé de sortir la BO, j’en ai enregistré une version acoustique pour compléter le CD.Elle a commencé à cartonner sur internet et des Djs russes qui avaient déjà remixé certaines chansons de mon premier album pour le marché Russe m’ont demandé la permission d’en faire une version electro.J’ai dit oui à condition qu’ils ne trafiquent pas la voix et qu’ils conservent la structure du morceau. En écoutant le résultat, j’étais un peu dubitative parce que ce n’est pas mon genre de musique mais mon producteur était certain que ça allait marcher.Il ne se doutait quand même pas à quel point… ». Mais que ses fans se rassurent: l’excellent  deuxième album d’Imany, The Wrong Kind of War qui vient de  paraître, n’est pas electro :« D’abord parce qu’il a été écrit bien avant que cette chanson se mette à passer partout.Ensuite parce que ce n’est pas du tout mon truc, musicalement.J’aime bien danser dessus, mais je ne me verrais pas en chanter sur scène ». Il ne contient pas, non plus, de chanson en français : « Ca ne collait pas.Pourtant on a écrit 60 chansons pour cet album et plusieurs en français.Mais au final, on n’en a gardé aucune.Ca ne veut pas dire que je n’en ferai pas la prochaine fois.Je vais continuer à essayer ». L’anglais c’est à New York, où elle était partie faire du mannequinat que cette Française d’origine comorienne, l’a appris. « Je suis née en France, mais je suis devenue adulte aux États-Unis, confie-t-elle.Aussi, je garde une relation particulière avec ce pays et ce qui s’y passe aujourd’hui me rend très triste. On a l’impression de regarder ce pays s’auto détruire.La ségrégation qu’ils ont pourtant combattue y est plus présente que jamais.Moins visible, donc plus difficile à combattre.Je peux dire que c’est là-bas que je me suis vraiment sentie noire pour la première fois. Pourtant, c’est aussi vivre là-bas qui m’a donné le courage de me lancer dans la chanson.Plutôt que de rêver ma vie, j’ai essayé de la vivre. Je ne suis pas certaine que j’aurais eu cette audace si j’étais restée ici ».

 

Cosmic Machine

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Qui se souvient de Jean-Pierre Massiera ? Dans les années 70, ce Niçois produisait à la chaine, sous des noms divers (Grand Prix, Charlie Mike Sierra, Herman Rockets…), des musiques synthétiques, dont certaines, comme «Space Woman», font encore l’objet de véritables cultes dans certaines contrées nordiques.«C’était le pape de la musique cosmique» se souvient Oncle O, graphiste, DJ, mélomane érudit, collectionneur et compilateur émérite de la série Cosmic Machine, dont le volume 2 vient de sortir chez Because.L’autre grand nom (inconnu) du genre, c’est Roger Roger.Un de ses titres, «Vadrouillard 3» figure en bonne place sur Cosmic Machine 2Mais il était plus dans l’illustration sonore, alors que JP Massiera enregistrait des disques commerciaux dans les studios de la Méditerranée, qui sont devenus en quelques années l’épicentre du mouvement» précise Oncle O. Bien avant la French Touch, en effet, les musiciens français se sont passionnés pour la musique électronique et en ont enregistré des kilomètres. Au début des années 70, Jean Michel Jarre n’était pas le seul à faire joujou avec les nouveaux synthétiseurs (Moog et consorts), qui commençaient à envahir le marché. Christophe, par exemple, s’y est mis bien avant son coming out electro de Bevilacqua, dans les années 90.Même des artistes aussi improbables que Nicolas Peyrac, Alain Chamfort ou Pierre Bachelet se sont commis dans des cosmiqueries qu’ils n’osaient pas toujours signer de leur vrai nom. «Retrouver les crédits a parfois été compliqué, confirme Oncle O. Ne parlons même pas des bandes masters.La plupart des titres compilés sur CM1 et 2 ont dû être numérisés directement à partir des vinyles de ma collection».Il faut dire que le bon tonton a accumulé au fil des ans un véritable trésor de quelque 10000 disques vinyles, dont il a déjà tiré la mythique série de compiles Shaolin Soul.  Question musique cosmique, Oncle O a de quoi alimenter encore quelques parutions: «On pourrait faire facile cinq ou six disques si on se décide à publier les morceaux les plus longs» affirme-t-il.Certains titres tenaient en effet sur une, voire deux faces de 33 tours, le souci principal de leurs auteurs n’étant pas d’être programmé à la radio, ni de truster les hit parades.A quoi marchaient-ils ? La question peut se poser quand on écoute certaines productions.Oncle O veut croire que c’était pour l’intérêt de la science musicale : «Ils découvraient ces machines et apprenaient à s’en servir en même temps qu’ils enregistraient.Certaines étaient assez complexes.Mais les sons qu’on pouvait en tirer étaient si originaux pour l’époque que je comprends que certains musiciens se soient mis à composer dessus». En dehors du plaisir de la découverte et de la nostalgie d’une époque où la musique n’était pas encore formatée, peut-on encore réellement écouter cette musique? Le succès de la première compilation CM semble indiquer que oui.«Il y a de vrais tubes comme «Pop Corn» d’Anarchic System, «Oxygene» de JM Jarre ou certains titres de Cosmic Disco, le mouvement qui a succédé à la vague psychédélique, estime Oncle O. Les films de Science Fiction, comme Star Wars ont beaucoup contribué à relancer la vogue de la musique cosmique.Et certains sons demeurent très actuels: ils sont d’ailleurs largement samplés par les rappeurs ou les artistes de R’n’B comme Jay Z… Tout le courant French Touch, de Daft Punk à Air, vient directement de là». Les musiciens cosmiques n’étaient donc pas seulement, comme une écoute hative de leurs productions pourrait le laisser penser, de doux illuminés barrés dans les étoiles sous l’effet de quelques substances hallucinogènes… Ils étaient en avance sur leur temps: de vrais visionnaire !

DVD : L’Homme qui venait d’ailleurs

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Par Ph.D

La disparition de David Bowie a permis la re-sortie en DVD/BR du film culte magnifiquement restauré de Nicolas Roeg, L’Homme qui venait d’ailleurs. Daté de 1976 et plus ou moins inspiré de Ziggy Stardust, la première incarnation scénique de Bowie, L’Homme qui venait d’ailleurs raconte l’histoire d’un extraterrestre Thomas Jerome Newton (David Bowie) qui débarque sur terre avec des connaissances scientifiques qui lui permettent de fonder un grand groupe industriel en commercialisant des brevets pour des appareils électroniques révolutionnaires (Toute ressemblance avec Steve Jobs était évidemment fortuite à l’époque). Un film de SF visionnaire, dont le seul équivalent actuel pourrait être l’épatant Under the Skin de Jonathan Glazer avec Scarlett Johansson.

En bonus : documentaire  de 25 minutes, David Bowie au cinéma

Griefjoy : Godspeed

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Le récent succès d’Hyphen Hyphen avait presque fait oublier leurs ainés de Griefjoy, dont le premier album, en 2013, avait ouvert la voie.Les ex-Quadricolor viennent cette semaine se rappeler à notre bon souvenir avec Godspeed, leur deuxième opus.Le quatuor Niçois (1) y amorce un virage electro (voire carrément techno sur certains titres), qui le conduit à chasser sur les terres de Moderat, de The Shoes, des Foals ou des Chemical Brothers.Un disque qui devrait, en tout cas, finir d’imposer Griefjoy comme fer de lance de la scène electro pop française. Guillaume Ferran, le compositeur et chanteur du groupe , nous a raconté sa conception, entre Bretagne, Paris et Berlin…

Que s’est-il passé entre le premier album et celui-ci, au son très different ?
On a beaucoup tourné en France et en Europe, avec des concerts en Suisse, en Ecosse, en Angleterre et en Allemagne. Des expériences formidables qui ont nourri la conception du disque.On voulait quelque chose de plus direct, de plus dansant.Une musique plus solaire…On s’est aperçu qu’on n’était pas des garçons si tristes que ça, au fond ! (rires)

La musique est plus dansante, mais les textes restent assez sombres…
Oui, c’est le mélange qu’on cherche depuis les débuts de Griefjoy : danser au milieu des larmes. On a beaucoup discuté des thèmes de l’album avec notre parolier, Sylvain Autran, qui a su exprimer cela mieux qu’on ne l’aurait fait nous mêmes.A la base, nous sommes des musiciens pure souche, issus du conservatoire , pas forcément à l’aise avec l’écriture de chansons.Ce qu’on pense en musique, Sylvain arrive à le retranscrire dans des textes de chansons.

Comment s’est effectuée la conception de l’album?
Après la tournée, on a ressenti le besoin de se retrouver au calme pour composer et chercher de nouvelles direction.On a loué une maison en Bretagne, où ont été composés la majorité des titres de l’album. Ensuite, retour à Paris pour enregistrer les maquettes dans un petit studio du coté de Nation.Et on a fini le travail à Berlin, avec Francisco Donatello pour le mix. ..

Diriez-vous qu’avec ce disque , la métamorphose de Quadricolor en Griefjoy est achevée ?
Le changement de nom correspondait à un besoin certain d’évoluer. Je crois effectivement qu’on y est arrivés et qu’on a trouvé , avec ce disque, le son et l’univers qui nous correspondent vraiment.

Après le Printemps de Bourges , vous étiez l’affiche du Crossover Festival. Contents de rejouer Nice ?
Oui bien sûr.Nos parents y vivent toujours et on y revient souvent.Quand on a commencé avec Quadricolor, il n’y avait plus vraiment de scène musicale à Nice.On se sentait un peu seuls. Mais finalement, ça nous a plutot servi, cette singularité.Les journalistes se demandaient d’où on sortait (rires)…

Aujourd’hui, vous avez de la concurrence avec Hyphen Hyphen…
Je dirais plutôt qu’on est, avec eux, dans une espèce de spirale ascendante.C’est positif pour tout le monde

(1) Guillaume Ferran (chant, piano), Billy Sueiro (guitare), David Spinelli (basse, synthé) et Romain Chazaut (batterie)