Pauvres créatures
Par J.V
Le Pitch
Bella (Emma Stone) est une créature du brillant et peu orthodoxe Dr Godwin Baxter (Willem Dafoe). Sous sa protection, elle a soif d’apprendre. Avide de découvrir le monde dont elle ignore tout, elle s‘enfuit avec Duncan Wedderburn (Mark Ruffalo), un avocat habile et débauché, et embarque pour une odyssée étourdissante à travers les continents. Imperméable aux préjugés de son époque, Bella est résolue à ne rien céder sur les principes d’égalité et de libération…
Ce qu’on en pense
Couronné à Venise et aux Golden Globes (en attendant les Oscars !), le nouveau film de Yorgos Lanthimos (The Lobster, Mise à mort du cerf sacré, La Favorite…) est l’ évènement de ce début d’année. Plus qu’un film, c’est une expérience cinématographique qui étonne, bouscule et séduit (ou repousse) au delà de toute attente. Le scénario surprend sans cesse et la réalisation est virtuose : chaque plan est un tableau. Emma Stone, que le réalisateur Grec avait déjà choyée dans La Favorite, s’empare de ce rôle de Frankenstein au féminin, constamment branchée sur ses désirs sans le moindre filtre, avec une gourmandise et une vitalité qui laissent pantois. Baroque and drôle !
Universal Theory
Par Ph.D
Le pitch
1962 : lors d’un congrès de physique dans les Alpes suisses, le jeune Johannes (Jan Bülow) défend une théorie sur l’existence de mondes parallèles. Mais personne n’y croit, pas même son tuteur. Les mystères s’accumulent pourtant : une curieuse formation nuageuse dans le ciel ; la présence fantomatique de Karin (Olivia Ross), une jeune pianiste qui l’obsède et semble tout savoir de lui… Et ces personnes victimes d’accidents étranges dans la montagne ? Le réel semble bien fragile en ce lieu…
Ce qu’on en pense
Formidable film de science fiction à l’ancienne (noir et blanc, effets spéciaux bricolés, musique symphonique…), Universal Theory révèle le talent de Timm Kröger, jeune réalisateur allemand dont c’est le premier long métrage. La Hammer, Murnau, Hitchcock, Fritz Lang, Lynch, Dark, Black Mirror... Les références pleuvent à son propos, pourtant Universal Theory demeure une oeuvre totalement personnelle et originale . A contre-courant d’à peu près tous les courants contemporains, alors qu’il y est question de multiverse (théorie chère à Marvel) et de physique quantique. Le film ose même le mélo sentimental, avec une histoire d’amour qui traverse les univers parallèles entre les deux jeunes premiers affriolants que sont Jan Bülow (qui aurait pu jouer le chanteur de Joy Division dans Control) et la troublante Olivia Ross. On sort de là complètement mystifiés.
Le Successeur
Par J.V
Le pitch
Heureux et accompli, Ellias (Marc-André Grondin) devient le nouveau directeur artistique d’une célèbre maison de haute couture française. Quand il apprend que son père, qu’il ne voit plus depuis de nombreuses années, vient de mourir d’une crise cardiaque, Ellias se rend au Québec pour régler la succession. Le jeune créateur va découvrir qu’il a hérité de bien pire que du cœur fragile de son père…
Ce qu’on en pense
Après le succès de Jusqu’à la garde , film sur les violences conjugales couronné de cinq César en 2018, Xavier Legrand revient avec, cette fois, un pur film de genre. Et le moins qu’on puisse dire est qu’il ne déçoit pas ! Ce polar sur la paternité toxique et l’impossibilité d’échapper à ses racines, adapté d’un roman d’Alexandre Postel (L’Ascendant 2015), va vous retourner la tête , avec un scénario à rebondissements et une réalisation virtuose. Le Québecquois Marc-André Grondin (C.R.A.Z.Y, Le Premier jour du reste de ta vie) est impressionnant dans le rôle titre. Premier choc français de l’année.
14 jours pour aller mieux
Par Ph.D
Le pitch
Maxime (Maxime Gasteuil), cadre ambitieux et cartésien, ne pense qu’à sa carrière et à son futur mariage avec Nadège (Anne Serra), la fille de son patron. Au bord du burn-out, seul à ne pas s’en rendre compte, il se retrouve embarqué par son futur beau-frère Romain (Romain Lancry) au beau milieu de son pire cauchemar : un stage de bien-être encadré par Clara (Zabou Breitman) et Luc (Lionel Abelanski), un couple de « clairvoyants », avec des stagiaires plus lunaires les uns que les autres.14 jours pour aller mieux, au cours desquels ses principes et préjugés vont être soumis au régime zénitude et bienveillance !
Ce qu’on en pense
Nouvelle sensation du stand-up, Maxime Gasteuil passe devant la caméra avec cette comédie qu’il a co-écrite avec le metteur en scène de ses spectacles, Edouard Pluvieux. L’histoire est basée sur les souvenirs d’un stage bien être qu’ils avaient fait ensemble, en désespoir de cause, alors qu’ ils étaient tous les deux au creux de la vague. En résulte une comédie personnelle et sincère, au ton et au look très « seventies », dans laquelle Gasteuil ne quitte pas son rôle de bon gros macho moqueur et balance vannes sur vannes, au milieu d’une bande d’allumés attendrissants (dont l’excellente Zabou Breitman en gourou pête-sec). Une comédie bon enfant, qui rappelle les premiers films des Bronzés et des Inconnus.
Les Rois de la piste
Par Ph.D
Le pitch
Rachel (Fanny Ardant), sorte de Ma Dalton, a élevé ses fils Sam (Mathieu Kassovitz) et Jérémie (Nicolas Duvauchelle) , et son petit-fils, Nathan (Ben Attal), dans le culte de l’arnaque. De plans foireux en petits larcins, cette sympathique famille de bras cassés court toujours après le gros coup. Chance ou fatalité, lors d’un cambriolage, ils volent sans en connaitre sa valeur, une toile de Tamara de Lempicka. Céleste (Laetitia Doesch), une détective rusée et charmeuse, et Gauthier (Michel Vuillermoz), son fidèle acolyte, se lancent à leur poursuite…
Ce qu’on en pense
Plutôt versé dans le drame (Tout nous sépare, Les yeux de sa mère…), Thierry Klifa signe avec Les Rois de la piste sa première comédie avec, toujours, un gros casting : Fanny Ardant en mère maquerelle de ses deux fils, un crétin (Mathieu Kassovitz) et un inverti (Nicolas Duvauchelle) et de son petit fils (Ben Attal), qui réalisent sans le vouloir le cambriolage du siècle. A leurs trousses, une fine équipe de détectives composée de Laetitia Doesch et Michel Vuillermoz. Dans le genre picaresque/comédie noire à l’anglaise, le film se défend, même s’il a des airs de déjà (beaucoup) vu. Le casting est son meilleur argument.
Making Of
Par Ph.D
Le pitch
Simon (Denis Podalydès), réalisateur aguerri, débute le tournage d’un film racontant le combat d’ouvriers pour sauver leur usine. Mais entre les magouilles de son producteur, des acteurs incontrôlables et des techniciens à cran, il est vite dépassé par les événements. Abandonné par ses financiers, Simon doit affronter un conflit social avec sa propre équipe….
Ce qu’on en pense
Cédric Kahn s’essaie avec bonheur à la comédie avec ce film tourné juste avant Le Procès Goldman et dont l’argument rappelle fortement celui du dernier Nanni Moretti (Vers un avenir radieux) . C’est l’incontournable Denis Podalydès qui joue le double du réalisateur face à un Jonathan Cohen survolté dans le rôle de l’acteur pénible et à Xavier Beauvois, excellent en producteur défaillant. Valérie Donzelli, Emmanuelle Bercot et Souheila Yacoub complètent cet opulent casting, avec Stefan Crepon qui joue le réalisateur du fameux « making of ». Ce tournage du tournage permet au film de se démarquer nettement de celui de Nanni Moretti et d’aller, avec son inévitable love story et son film dans le film, tutoyer Truffaut et sa Nuit Américaine. Epatant !
Bonnard, Pierre et Marthe
Par Ph.D
Le pitch
Pierre Bonnard (Vincent Macaigne) ne serait pas le peintre que tout le monde connaît sans l’énigmatique Marthe (Cécile De France) qui occupe à elle seule presque un tiers de son œuvre…
Ce qu’on en pense
Césarisé pour son biopic de Séraphine de Senlis (Séraphine 2008), Martin Prouvost récidive avec le couple Bonnard que l’on voit se former dans la première scène du film au cours d’une séance de pose. Vincent Macaigne est presque méconnaissable dans le rôle du peintre et son jeu évoque de plus en plus Michel Serrault. Cécile de France prête son naturel et sa solarité à Marthe, qui fut le modèle et l’inspiratrice de presque toute l’oeuvre de Pierre et qui, comme beaucoup de ses homologues muses et égéries, aura finalement un destin contrarié dans l’ombre du grand homme. Le classicisme de la mise en scène de Prouvost n’empêche pas la modernité du propos, notamment dans l’évocation du ménage à trois que le couple formera avec Renée, autre modèle-amante du peintre, incarnée par la toujours troublante Stacy Martin. Les scènes de peinture donnent une furieuse envie d’aller visiter le musée Bonnard au Cannet, où le couple trouva refuge, loin de l’agitation et des mondanités de la vie parisienne.
Daaaaaali !
Par J.V
Le pitch
Une journaliste française (Anaïs Demoustier) rencontre Salvador Dalí (Gilles Lellouche, Edouard Baer, Jonathan Cohen, Pio Marmaï, Didier Flamand) à plusieurs reprises pour un projet de documentaire…
Ce qu’on en pense
Il ne fallait, évidemment, pas attendre de Quentin Dupieux un classique biopic de Salvador Dali. Alors que son dernier film Yannick, sorti au mois d’août, est en lice pour les César, Daaaaaali ! permet au prolifique réalisateur de rendre hommage au célèbre peintre espagnol et au mouvement surréaliste qui l’a, à l’évidence, beaucoup inspiré. À la manière de Todd Haynes dans I’m Not There, vrai-faux biopic de Bob Dylan, Dupieux utilise plusieurs acteurs pour incarner le peintre, avec moustache postiche et accent volontairement exagéré. Sans surprise Edouard Baer et Jonathan Cohen excellent à ce jeu, alors que Gilles Lellouche et Pio Marmaï ont plus de mal à entrer dans les délires du réalisateur. En résulte un film décapant et d’une totale liberté, que les fans de Quentin Dupieux dégusteront, tel un carré de chocolat Lanvin, en pensant que son cinéma est toujours aussi « fffffffou !« .
Dune 2
Par J.V
Le pitch
Paul Atreides (Timothée Chalamet) s’unit à Chani (Zendaya) et aux Fremen pour mener la révolte contre ceux qui ont anéanti sa famille. Hanté par de sombres prémonitions, il se trouve confronté au plus grand des dilemmes : choisir entre l’amour de sa vie et le destin de l’univers…
Ce qu’on en pense
Tiffany McDaniel : Du Côté Sauvage
Par MAB
C’est un pavé pour l’été. 707 pages, pas une de moins. Rien d’un roman solaire pour autant. Le récit est même crépusculaire. Parfois d’une grande violence, malgré son indéniable poésie et les petits dessins et planches qui accompagnent le texte. S’il est l’objet de notre recommandation, c’est parce que, dans la lignée de « Betty« , le précédent ouvrage de l’américaine Tiffany McDaniel, Du Côté Sauvage est lui aussi un choc littéraire. Il est parmi ceux qui nous restent en tête de cette année écoulée, avant l’avalanche de sorties des prochains mois. L’histoire est celle de rousses et inséparables jumelles. Nourries des récits de leur grand-mère, elles ont l’imagination si fertile qu’elles fuient leur quotidien sordide, leur mère droguée et prostituée et « l’araignée » qui vient pour leur mère avant de les rejoindre dans leur lit, en s’inventant un univers lumineux. Pourtant , elles ne peuvent échapper aux fantômes
Une Vie
Par J.V
Le pitch
Prague, 1938. Alors que la ville est sur le point de tomber aux mains des nazis, Nicholas Winton (Anthony Hopkins / Johnny Flynn), un banquier londonien, met tout en œuvre pour sauver des centaines d’enfants promis à une mort certaine dans les camps de concentration…
Ce qu’on en pense
L’histoire vraie du « Schindler anglais« qui sauva près de 700 enfants en organisant des convois entre la Tchécoslovaquie et l’Angleterre, à la barbe des nazis. Retourné à l’anonymat après la guerre, n’ayant jamais véritablement réalisé la valeur de son geste, Nicholas Winton n’a connu la célébrité qu’en 1988, lorsque son histoire fut racontée par une émission de télévision. Tout le monde se souvient de la scène dans laquelle, assistant à l’émission de la BBC dans une salle pleine, il est filmé découvrant que le public était essentiellement constitué d’ enfants qu’il avait sauvés, devenus adultes grâce à lui. Oscarisé pour The Father, Anthony Hopkins trouve, à 86 ans, un nouveau rôle à la hauteur de son génie dramatique. Derrière la caméra, le réalisateur de séries James Hawes (Snowpiercer, Slow Horses, Penny Dreadful) alterne le bon (la guerre et les années de reconnaissance) et le plus dispensable (la jeunesse du héros en flashback), avec une facheuse tendance à surligner les intentions, alors que la force de l’histoire se suffisait à elle-même.
Bob Marley : One Love
Par J.V
Le pitch
1976. Alors qu’il s’apprête à donner un concert dans le but de célébrer la paix, Bob Marley (Kingsley Ben Adir) est menacé puis victime d’une tentative d’assassinat. Réfugié en Angleterre, il compose alors l’album Exodus qui va marquer l’histoire du reggae…
Ce qu’on en pense
Réalisé par Reinaldo Marcus Green (La Méthode Williams), ce biopic très attendu de Bob Marley se concentre sur la période charnière de l’enregistrement d’Exodus, alors que le chanteur rasta était exilé à Londres pour échapper aux tueurs qui cherchaient à l’abattre dans sa Jamaique natale, où son aura politique commençait à sérieusement déranger. Trés classique (voire scolaire) dans sa forme et plutôt aseptisé sur le fond (c’est Rita et Ziggy qui produisent avec Brad Pitt), le film vaut surtout pour sa BO, avec des chansons emblématiques intelligemment insérées dans la narration, et pour la prestation habitée de Kingsley Ben-Adir (aperçu dans Barbie).Lashana Lynch, qui joue Rita, est très bien aussi. Au final, One Love donne surtout envie de revoir le formidable documentaire de Kevin McDonald sorti en 2012. Ça tombe bien, le film est dispo en streaming gratuit sur le site d’Arte avec un concert des Wailers en Allemagne (Rockpalast 1980).
Jérôme Ferrari : Nord Sentinelle
Par MAB
Jérôme Ferrari est de retour, pour le meilleur. Douze ans après « Le Sermon sur la chute de Rome » qui lui valut le Goncourt et six ans après « A son image » (dont l’adaptation au cinéma par Thierry de Perreti sortira le 4 septembre ), Il s’impose en cette rentrée littéraire avec « Nord Sentinelle ». Un roman aussi singulier que les précédents et qui porte lui aussi un regard aiguisé sur la Corse d’aujourd’hui, même si il n’en n’est jamais fait mention. Les temporalités , les genres et les registres y sont variés. C ‘est la marque de fabrique de Ferrari. Il s agit même d’une succession de mini contes ou la noirceur – et parfois le surnaturel – le dispute au grotesque. Mais il est bien question, pourtant, d’une tragédie banale et absurde, comme il en arrive dans ce territoire farouche. Un soir d’août, sur le port d’une station balnéaire non définie, le fils d’une famille de notables, Alexandre Romani, vingt-trois ans, poignarde Alban Genevey, un étudiant en médecine qui vient chaque été dans la région. Ce drame, et le fait dérisoire qui l’a provoqué, c’est Philippe, un ami de la famille Romani qui le raconte. Son récit est éclaté, noir, caustique et souvent drôle. Outre qu’il souligne avec pessimisme une certaine forme de médiocrité et de cupidité collectives, il pointe également du doigt, les méfaits du tourisme de masse. « Nul besoin de prophétie pour savoir que le premier voyageur apporte toujours avec lui d’innombrables calamités » fait dire, Jérôme Ferrari, à son narrateur. D ailleurs si le titre du roman « Nord Sentinelle » fait allusion à cette île du golfe du Bengale qui se défend farouchement des intrus, son sous titre est « Contes de l’indigène et du voyageur » Lisez- le, il est surprenant.
La Bête
Par J.V
Le pitch
Dans un futur proche où règne l’intelligence artificielle, les émotions humaines sont devenues une menace. Pour s’en débarrasser, Gabrielle (Léa Seydoux) doit purifier son ADN en replongeant dans ses vies antérieures. Elle y retrouve Louis (George MacKay), son grand amour. Mais une peur l’envahit, le pressentiment qu’une catastrophe se prépare…
Ce qu’on en pense
Quelques mois après Patrick Chiha, Bertrand Bonello adapte à son tour le roman d’Henry James La Bête dans la jungle. Léa Seydoux et George Mc Kay remplacent Anaïs Demoustier et Tom Mercier dans le rôle des amoureux au bord de la catastrophe et alors que Chiha enfermait ses deux héros dans une boite de nuit, Bonello n’hésite pas à leur faire prendre l’air. Devant la caméra du Niçois, le drame Durassien devient un trip Lynchéen qui emprunte trois temporalités (1910, 2014 et 2044). Reparti bredouille de la Mostra de Venise, où il était présenté en avant première, le film de Bonello intrigue par de constantes prises de risque et mélange les influences avec une grande maitrise formelle.
[/fusion_text]Moi Capitaine
Par J.V
Le Pitch
Seydou (Seydou Sarr) et Moussa (Moustapha Fall), deux jeunes sénégalais de 16 ans, décident de quitter leur terre natale pour rejoindre l’Europe. Mais sur leur chemin les rêves et les espoirs d’une vie meilleure sont très vite anéantis par les dangers de ce périple. Leur seule arme dans cette odyssée restera leur humanité…
Ce qu’on en pense
Récompensé d’un Lion d’argent du meilleur réalisateur à Venise, Moi Capitaine marque le retour de Matteo Garrone (Gomorra) au drame social. Le film suit le périple de deux jeunes migrants avec un mélange de réalisme et d’onirisme, teinté d’une touche épique. Les comédiens non professionnels sont parfaitement dirigés, à l’image de Seydou Sarr qui a même décroché le prix Marcello Mastroianni du meilleur espoir à Venise. Eprouvant mais passionnant.