Meteors
Par Ph.D
Le Pitch
Trois amis inséparables :Tony (Salif Cissé) est devenu le roi du BTP, Mika (Paul Kircher) et Dan (Idir Azougli) les rois de rien du tout. Ils ont beaucoup de rêves et pas beaucoup de chance. Après un nouveau plan raté, Mika et Dan doivent se sauver d’ici, et même se sauver tout court. Ils se retrouvent à bosser pour Tony dans une poubelle nucléaire. Est-ce le début d’une nouvelle vie ou la fin de tout ?
Ce qu’on en pense
Le succès inattendu de Petit Paysan (550 000 entrées et 3 César en 2017) a mis la pression sur Hubert Charuel dont le deuxième long métrage était attendu dans tous les sens du terme (8 ans de gestation quand même). Le réalisateur aurait pu se permettre un budget conséquent avec un casting étoilé. Au lieu de ça, Charuel et son co-auteur Claude Le Pape nous ramènent dans la France profonde ( la Haute Marne, c’est où ?) pour un nouveau thriller social avec un cast de jeunes espoirs plutôt que de stars confirmées. Paul Kircher (Le Règne animal) y trouve un premier rôle à la mesure de son talent et Salif Cissé confirme tout le bien qu’on pense de lui dans celui du bon copain qui a réussi. Le film mélange allègrement les genres et multiplie les pistes narratives pour un résultat probant, démontrant s’il en était besoin qu’Hubert Charuel n’était pas qu’une météore dans le ciel du cinéma français.
Tron : Ares
Par Ph.D
Le pitch
L’étonnante aventure d’un programme hautement sophistiqué du nom de Ares, envoyé du monde numérique au monde réel pour une mission dangereuse qui marquera la première rencontre de l’humanité avec des êtres dotés d’une intelligence artificielle…
Ce qu’on en pense
En 1982, Disney révolutionnait le cinéma avec Tron, premier film à utiliser les images de synthèse générées par ordinateur. Presque trente ans ans plus tard, Tron : L’Héritage (2010) envisageait l’avènement de l’intelligence artificielle sur la musique géniale de Daft Punk. En 2025, c’est Nine Inch Nail (NIN) qui signe la BO de Tron : Ares et le scénario de ce nouvel opus n’appartient déjà presque plus à la Science Fiction. Par contre, visuellement, le film porté par Jared Leto, comme acteur et producteur, est toujours aussi novateur et impressionnant. Un trip sensoriel qui repousse encore une fois les limites. Tron, c’est trop.
Nouvelle Vague
Par Ph.D
Le pitch
L’histoire du tournage d’ À bout de souffle , racontée dans le style et l’esprit de Godard tournant À bout de souffle...
Ce qu’on en pense
En 1983, Jim Mc Bride avait débauché Richard Gere et Valerie Kapriski pour tourner un improbable remake d’À bout de souffle made in USA. Quarante ans plus tard, son compatriote Richard Linklater rend bien mieux hommage au film et à son réalisateur avec ce vrai-faux making of très réussi. On y assiste, comme si on y était, au tournage d’A bout de souffle, avec une bande d’acteurs formidables dans les rôles de Godard (Guillaume Marbek) , Seberg (Zoey Deutch) , Belmondo (Aubry Dullin) , Melville (Tom Novembre), Truffaut (Adrien Rouyard) et cie. Il y a dans cet hommage à la Nouvelle Vague, présenté à Cannes 2025, tout ce qui manquait dans la plupart des films de la compétition: le talent, la fraîcheur , l’humour, la jeunesse, l’insolence… De quoi redonner foi en le cinéma ! Dommage que le jury de Juliette Binoche n’ ait pas jugé bon de lui faire une petite place au palmarès.
CinéRoman 7 : Le palmarès
Par la rédaction
EO
Par J.V
Le pitch
Le monde est un lieu mystérieux, surtout vu à travers les yeux d’un animal. Sur son chemin, EO, un âne gris aux yeux mélancoliques, rencontre des gens bien et d’autres mauvais et fait l’expérience de la joie et de la peine, mais jamais, à aucun instant, il ne perd son innocence.
Ce qu’on en pense
Prix du jury de Cannes 2022, Eo marque le grand retour de Jerzy Skolimowski qui, à 84 ans, signe une fable lyrique et sensorielle en hommage au chef-d’oeuvre de Robert Bresson Au hasard Balthazar. Mais, contrairement à son modèle, le cinéaste Polonais évite à son héros animal le rôle de victime expiatoire pour en faire, au contraire, le moteur d’un conte pantheïste filmé à hauteur d’âne. Le film est un trip visuel et sonore qui fait penser à du Terrence Malick remixé par Jean-Luc Godard. Ce petit chef d’oeuvre est disponible en streaming gratuit sur le site d’Arte jusqu’au 4décembre 2025.
Un Simple accident
Par Ph.D
Le pitch
Iran, de nos jours. Un homme croise, par hasard ,celui qu’il croit être son ancien tortionnaire. Il l’enlève pour se venger. Mais face à ce père de famille qui nie farouchement avoir été son bourreau, le doute s’installe…
Ce qu’on en pense
Malgré la dictature et les mollahs, l’Iran continue à produire bon an mal an des oeuvres marquantes du 7e art. L’an dernier déjà, Mohammad Rasoulof avait bien failli rafler la Palme d’or avec Les Graines du figuier sauvage. C’est Jafar Panahi qui a finalement décroché la timbale en 2025 avec Un Simple accident, l’histoire d’une vengeance qui aura lieu ou pas. Une Palme d’or engagée et humaniste, tournée clandestinement, qui s’appuie sur la longue expérience du réalisateur avec les prisons du régime. Peut-être pas le meilleur film de Jafar Panahi, mais l’un des plus solides malgré les conditions de tournage. Et aussi l’un des plus drôles dans le registre de la tragi comédie, avec une bande d’acteurs épatants qui ont, eux aussi, pris tous les risques pour que le film puisse exister. A voir !
Marche ou crève
Par J.V
Le pitch
Raymond Garraty (Cooper Hoffman) va concourir pour » La Longue Marche « , une compétition qui compte cent participants. Cet événement sera retransmis à la télévision, suivi par des milliers de personnes. Mais ce n’est pas une marche comme les autres, plutôt un jeu de survie.
Ce qu’on en pense
Une adaptation réussie de Stephen King par Francis Lawrence, réalisateur de la saga Hunger Games. Le scénario de Marche ou crève n’est d’ailleurs pas sans rappeler celui de Hunger Games. Mais ici le héros est un jeune homme (Cooper Hoffman), victime de l’enfer totalitaire dans lequel son pays (les Etats-Unis) a sombré. Un récit de survie qui utilise les ressorts du film d’horreur pour dresser le portrait d’une jeunesse sacrifiée. Mortel !
Moi qui t’aimais
Par Ph.D
Le pitch
Elle l’aimait plus que tout, il l’aimait plus que toutes les autres. Simone Signoret (Marina Foïs) et Yves Montand (Roschdy Zem) étaient le couple le plus célèbre de leur temps. Hantée par la liaison de son mari avec Marilyn Monroe et meurtrie par toutes celles qui ont suivi, Signoret a toujours refusé le rôle de victime. Ce qu’ils savaient, c’est qu’ils ne se quitteraient jamais.
Ce qu’on en pense
Roschdy Zem en Yves Montand, il fallait y penser ! L’idée ne vient pas d’une quelconque directrice de casting, mais de Marina Foïs qui l’a suggérée à Diane Kurys. Après tout, Montand aussi était issu de l’immigration… On a quand même un peu de mal à y croire au début. Heureusement, la réalisatrice de Diabolo Menthe a eu l’idée d’une première scène en forme de mise en abime dans laquelle les deux comédiens sont filmés au maquillage en train de se glisser dans la peau de leur personnage. De la même manière, le décor est parsemé de photos de Montand et Signoret et lorsqu’ils passent à la télé ce sont bien des images d’archive. Du coup, la question du mimétisme est évacuée de façon ludique et on peut se concentrer sur l’histoire du couple mythique dans sa dernière décennie. Montand est au sommet de sa gloire et de sa séduction. Signoret, au contraire, est sur la pente descendante. L’âge, l’alcool et la jalousie la minent. A la Colombe d’Or, c’est une autre femme qui accompagne Montand en vacances. Et bientôt un enfant naitra de cette nouvelle idylle. Mais Montand et Signoret resteront unis jusqu’à la mort de l’actrice de Casque d’Or, soudés par leur affection, leur passion pour le cinéma et leur engagement politique. Diane Kurys, à laquelle on doit déjà le biopic de Françoise Sagan et celui de George Sand et Musset (Les Enfants du Siècle), filme leur histoire sans prendre parti pour l’un ni pour l’autre et signe ce qui est probablement son meilleur film. La reconstitution d’époque est très crédible et les deux acteurs sont formidables.
Une bataille après l’autre
Par Ph.D
Le pitch
Ancien révolutionnaire désabusé et paranoïaque, Bob (Leonardo DiCaprio) vit en marge de la société, avec sa fille Willa (Chase Infitini), indépendante et pleine de ressources. Quand son ennemi juré (Sean Penn) refait surface après 16 ans et que Willa disparaît, Bob remue ciel et terre pour la retrouver, affrontant pour la première fois les conséquences de son passé…
Ce qu’on en pense
Comme il l’avait déjà fait avec Inherent Vice (2014), Paul Thomas Anderson adapte un roman de Thomas Pynchon, Vineland, qu’il transpose des années Reagan à celles du Trumpisme triomphant. Mieux qu’ Eddington, Une bataille après l’autre raconte la folie suprémaciste qui s’est emparée de l’Amérique Maga, avec son cortège de violence politique, d’intégrisme religieux, de bêtise crasse et de folie furieuse. Tourné en Vistavision, le film convoque le meilleur du cinéma indépendant américain, du Spielberg de Duel au Tarantino de Jackie Brown en passant par les frères Coen. Avec un Leonardo DiCaprio révolutionnaire en peignoir Lebowskien, Sean Penn en militaire-milicien psychopathe bodybuildé, Benicio Del Toro en prof de karaté gourou passeur de migrants et une flopée de militantes pro immigration en jupons. Hyper rythmé (on ne voit pas passer les 2h40), burlesque, violent et caustique, Une Bataille après l’autre est le blockbuster de l’année qu’on n’attendait plus. Un régal cinéphile et mainstream. Déjà culte !
Rembrandt
Par Ph.D
Le pitch
Claire (Camille Cottin) et Yves (Romain Duris), physiciens de formation, travaillent dans le nucléaire depuis toujours. Lors d’une visite à la National Gallery, Claire va être bouleversée par trois toiles de Rembrandt. Cette rencontre avec ces trois œuvres magistrales va les changer à jamais.
Ce qu’on en pense
Révélé en 2011 avec L’Exercice de l’Etat, formidable film politique avec Olvier Gourmet et Michel Blanc, Pierre Schoeller aborde pour la première fois le paranormal avec ce nouveau opus, son quatrième, qui met en scène Camille Cottin et Romain Duris en couple de scientifiques confrontés au mensonges d’Etat sur la crise climatique. Les deux acteurs font merveille dans ce thriller qui tisse brillamment plusieurs trames narratives et joue, c’est le cas de le dire, sur plusieurs tableaux : trois en l’occurence, signés Rembrandt, dont la vision, lors d’une banale visite de musée, va provoquer chez l’héroïne une prise de conscience « extra-ordinaire « . On n’en dira pas plus pour ne pas gâcher le plaisir… Qui est grand au final.
Classe moyenne
Par J.V
Le pitch
Mehdi (Sami Outalbali) a prévu de passer un été tranquille dans la somptueuse demeure de ses beaux-parents (Laurent Lafitte, Elodie Bouchez) . Mais dès son arrivée, un conflit éclate entre la famille de sa fiancée et le couple de gardiens de la villa (Ramzy Bedia, Laure Calamy). Comme Mehdi est issu d’un milieu modeste, il pense pouvoir mener les négociations entre les deux parties et ramener tout le monde à la raison. Pourtant, tout s’envenime…
Ce qu’on en pense
Antony Cordier (Happy Few, Gaspard va au mariage) signe avec Classe Moyenne une comédie grinçante à la Ruben Ostlund, sur fond de lutte des classes et de satire sociale au lance flammes. Portée par un casting idéal (Laurent Laffite, Laure Calamy, Ramzy Bedia Elodie Bouchez) et joliment mise en images, une réussite dans le paysage sinistré de la comédie française.
Kontinental’25
Par J.V
Le pitch
Orsolya (Ezster Tompa) est huissière de justice à Cluj, en Transylvanie. Elle doit un jour expulser un sans-abri qui vit dans le sous-sol d’un immeuble du centre-ville transformé en hôtel de luxe. Un événement inattendu la met brusquement face à ses contradictions.
Ce qu’on en pense
Librement inspiré d’Europe 51 (Roberto Rossellini 1952) et tourné en 11 jours à l’iPhone, en décors naturels, sans lumières, ni maquillage, le nouveau film de Radu Jude est une tragicomédie politique et sociale comme l’était déjà N’attendez pas trop de la fin du monde (2023), mais en moins barré. Encore qu’il faille s’accrocher pour suivre les méandres de la pensée et de l’action de son héroïne (Ours d’argent du meilleur scénario à Berlin)… Le miroir déformant que nous tend le plus perché des réalisateurs roumains est toujours aussi dérangeant. On aurait cependant tort de détourner le regard.
Ravage
Par Ph.D
Le pitch
Un détective meurtri (Tom Hardy) doit se frayer un chemin dans la clandestinité criminelle après une affaire de drogue qui a mal tourné pour sauver le fils d’un politicien, tout en démêlant un réseau de corruption et de conspiration qui prend au piège toute la ville…
Ce qu’on en pense
Plutôt que Ravage, c’est Carnage qu’aurait dû s’intituler ce thriller hyper sanglant signé Gareth Evans, spécialiste du genre (Gangs of London, The Raid…) qui multiplie les gunfights jusqu’à l’absurde. Le budget « munitions » a dû dépasser celui du casting, malgré la présence de Tom Hardy et de Forrest Whitaker qui auraient sans doute pu s’épargner d’ajouter un nanar ultra violent à leur filmographie. Rien de crédible dans cette histoire de policiers et de politiciens ripoux, sur fond de trafic de drogue dans un Chicago Gothamesque enneigé et boueux. Les dialogues sont réduits au strict minimum et c’est tant mieux tant ils sont ridicules. Seules la mise en scène, spectaculaire, et la photo soignée justifient, à la rigueur, le visionnage.
Nino
Par J.V
Le pitch
Dans trois jours, Nino (Theodore Pellerin) devra affronter une grande épreuve. D’ici là, les médecins lui ont confié deux missions. Deux impératifs qui vont mener le jeune homme à travers Paris, le pousser à refaire corps avec les autres et avec lui-même.
Ce qu’on en pense
Découvert à la Semaine de la critique à Cannes 2025, ce Cléo de 5 à 7 au masculin est le premier film de Pauline Loquès, qui raconte avoir découvert le cinéma à Cannes, où elle venait chez sa grand mère lorsqu’elle était enfant. L’influence d’Agnès Varda et de la Nouvelle Vague est évidente alors que Théodore Pellerin remplace Corinne Marchand dans ses déambulations parisiennes, sur fond de réflexion sur la vie et la mort. Un film drôle et triste à la fois, élégamment porté par un casting en état de grâce.
Oui
Par J.V
Le pitch
Israël au lendemain du 7 octobre. Y (Ariel Bronz), musicien de jazz précaire, et sa femme Jasmine (Efrat For), danseuse, donnent leur art, leur âme et leur corps aux plus offrants, apportent plaisir et consolation à leur pays qui saigne. Bientôt, Y. se voit confier une mission de la plus haute importance : mettre en musique un nouvel hymne national…
Ce qu’on en pense
Après Synonymes et Le Genou d’Ahed, l’israélien Nadav Lapid creuse le sillon de l’auto-fiction politique avec ce nouveau pamphlet anti militaro-nationaliste tourné tout juste un an après les évènements du 7 octobre. Enervé, brouillon et provocateur, le film ne laissera personne indifférent. Pour ce qui nous concerne, en tout cas, c’est un grand Oui !
















