Black Dog
Par Ph.D
Le pitch
Lang (Eddie Peng) revient dans sa ville natale aux portes du désert de Gobi. Alors qu’il travaille pour la patrouille locale chargée de débarrasser la ville des chiens errants, il se lie d’amitié avec l’un d’entre eux. Une rencontre qui va marquer un nouveau départ pour ces deux âmes solitaires…
Ce qu’on en pense
Grand Prix du Certain Regard à Cannes 2024, ce drame puissant signé du Chinois Ju Guan fait d’autant plus songer aux meilleures oeuvre de Jia Zhangke que le réalisateur apparaît ici sous les traits de l’oncle Yao. Portrait de la Chine au début du XXIe siècle (l’action se déroule dans le désert de Gobi, une cinquantaine de jours avant les Jeux olympiques de 2008) et réflexion sur la vie, la mort, le rejet et la solitude, Black Dog force le respect sous ses airs de western post apocalyptique. La photo et la mise en scène impressionnent. Le scénario, par contre, souffre de quelques faiblesses.
Le Système Victoria
Par J.V
Le pitch
Directeur de travaux, David (Damien Bonnard) est à la tête du chantier d’une grosse tour en construction à La Défense. Retards insurmontables, pressions incessantes et surmenage des équipes : il ne vit que dans l’urgence. Lorsqu’il croise le chemin de Victoria (Jeanne Balibar), ambitieuse DRH d’une multinationale, il est immédiatement séduit par son audace et sa liberté. Entre relation passionnelle et enjeux professionnels, David va se retrouver pris au piège d’un système qui le dépasse…
Ce qu’on en pense
Adapté du roman éponyme d’Eric Reinhardt, Le Système Victoria inverse les rôles du précédent film de Sylvain Desclous, De grandes espérances. Ici, c’est la femme qui manipule et l’homme qui subit au sein d’une même relation de pouvoir. Jeanne Balibar et Damien Bonnard, jouent à merveille les amants protagonistes de ce thriller psychologique aux enjeux obscurs et au final un peu décevant. Le roman était nettement plus explicite.
La Cuisine des Nguyen
Par J.V
Le pitch
Yvonne Nguyen (Clotilde Chevalier), jeune femme d’origine vietnamienne, rêve d’une carrière dans la comédie musicale, au grand dam de sa mère (Anh Tran-Nghia) qui préférerait la voir reprendre son restaurant en banlieue. L’intimité de la cuisine, entre plats familiaux et recettes traditionnelles, leur permettra-t-elle enfin de communiquer, de se comprendre et de s’accepter ?
Ce qu’on en pense
La quête identitaire d’une jeune femme partagée entre deux cultures, dans une société qui a tendance à l’enfermer dans des clichés. Le choix d’Yvonne choix se résumer à reprendre le resto chinois de ses parents ou à jouer La reine des Nems. Dans la cuisine des Nguyen est aussi un bel hommage aux artistes fauchés mais remplis d’espoir, qui se dévouent corps et âme à leur art. L’idée de traiter tout cela sous forme de comédie musicale était séduisante. Dommage que la mise en scène ne soit pas vraiment à la hauteur.
Le Secret de Kheops
Par J.V
Le Pitch
Le trésor du pharaon Khéops a-t-il été découvert pendant la campagne d’Égypte de Napoléon, ramené en France, puis caché à Paris ? Christian Robinson (Fabrice Luchini), archéologue flamboyant aux méthodes peu orthodoxes, en est persuadé depuis qu’il a mis au jour une mystérieuse inscription lors de récentes fouilles au Caire. Bien décidé à décrypter les indices laissés par Dominique Vivant Denon, premier directeur du Louvre, Christian se lance dans une quête effrénée à travers Paris, des archives poussiéreuses du musée aux cabinets secrets de la Malmaison. Il entraîne dans cette aventure sa fille (Julia Piaton) et son petit-fils, porté par l’espoir fou de réaliser, en plein cœur de Paris, la plus grande découverte archéologique du XXIe siècle…
Ce qu’on en pense
L’actrice, Barbara Schulz passe à la réalisation avec cette comédie d’aventures enlevée façon Da Vinci Code, dans laquelle Fabrice Luchini joue le rôle d’un Indiana Jones intello, vieillissant et farfelu, flanqué d’une Julia Piaton, pleine de fraîcheur mais au rôle, hélas, trop peu développé. L’intrigue fait le job, mais Lucchini tire un peu trop la couverture.
Mickey 17
Par J.V
Le pitch
Mickey Barnes (Robert Pattinson) se tue à la tâche… littéralement ! Car c’est ce qu’exige de lui son entreprise : mourir régulièrement pour gagner sa vie.
Ce qu’on en pense
Six ans après le phénomène Parasite (une Palme, 4 Oscars et un joli succès au box office), le nouveau film de Bong Joon-ho est forcément trés attendu. Il ne décevra pas les fans du réalisateur coréen. Au menu : science-fiction et satire politique. Robert Pattinson fait des étincelles en Mickey 17, héros maladroit, qui meurt et renaît sans cesse comme un personnage de jeu vidéo, en accomplissant les taches que lui confient les terribles dirigeants du vaisseau spatial dans lequel il a embarqué comme matelot. Incarnés par Toni Collette et Mark Ruffalo, les boss de cette fable politico-cosmique ont de faux airs d’Elon Musk et Donald Trump. Presqu’un hasard puisque le scénario a été écrit en 2021… Côté réalisation Bong Joon-ho ne fait pas dans la dentelle mais on s’amuse bien. Mickey 17 ressemble à un best of de ses oeuvres passées Okja, The Host et Snowpiercer.
Yokaï
Par J.V
Le pitch
Claire (Catherine Deneuve), une célèbre chanteuse, s’envole au Japon pour un dernier concert à guichet fermé. Lorsque le concert prend fin, sa vie sur Terre s’arrête aussi. Une nouvelle vie inattendue s’offre alors à elle : un au-delà dans lequel Yuzo (Masaaki Sakai), l’un de ses plus grands fans, l’attend…
Ce qu’on en pense
Sous couvert de fable fantastique, Éric Khoo offre à Catherine Deneuve un rôle qui résonne étonnamment avec sa personnalité et son vécu des dernières années, marquées par un AVC. Errant entre deux mondes, l’ancienne Demoiselle de Rochefort tente de renouer des liens familiaux défaits en fredonnant des chansons écrites spécialement pour elle par Jeanne Cherhal. Intimiste et sensible, le film est un enchantement.
Maman déchire
Par J.V
Le pitch
Émilie Brisavoine réalise un film pour tenter de percer le plus grand mystère de l’univers : sa mère, Meaud. Enfant brisée, mère punk, grand-mère géniale, féministe spontanée, cette dernière fascine autant qu’elle exaspère. Une odyssée intime, un voyage dans le labyrinthe de la psyché…
Ce qu’on en pense
Dans Little Girl Blue, Mona Achache faisait revivre sa mère sous les traits de Marion Cotillard et c’était bouleversant. Émilie Brisavoine est moins inspirée pour mettre en scène la relation difficile qu’elle entretient avec sa propre mère. Elle a beau varier les angles, jouer de l’humour et tenter de donner une portée universelle à son propos, sa thérapie cinématographique laisse indifférent. Sa maman déchire, mais pas son film.
Creation of the Gods 2
Par J.V
Le pitch
Alors que les troupes du roi Shang s’apprêtent à fondre sur les terres de l’Ouest, dont il est désormais le seigneur, Ji Fa (Yosh Yu) organise la résistance avec l’aide du taoïste Jiang Ziya (Bo Huang). Face aux terribles guerriers du tyran et à leur magie noire, Ji Fa peut compter sur le soutien de nouveaux alliés, eux aussi dotés de forces surnaturelles. La lutte à mort pour obtenir l’investiture des Dieux ne fait que commencer…
Ce qu’on en pense
Premier blockbuster chinois à trouver le chemin des salles occidentales, Creation of Gods 1 avait laissé perplexe avec une intrigue confuse et une foultitude personnages difficiles à mémoriser. Le deuxième volet de ce « Seigneur des Anneaux chinois » simplifie la donne : la totalité du film se focalise sur la bataille qui oppose les différents protagonistes. Une baston épique, dans laquelle humains et créatures géantes mettent le monde à feu et à sang. Côté effets spéciaux et réalisation, on est, hélas, loin des standards imposés par Le Seigneur des Anneaux ou les films Marvel.
A Real Pain
Par J.V
Le pitch
David (Jesse Eisenberg) et Benji (Kieran Culkin), deux cousins aux caractères diamétralement opposés, se retrouvent à l’occasion d’un voyage en Pologne afin d’honorer la mémoire de leur grand-mère bien-aimée. Leur odyssée va prendre une tournure inattendue lorsque les vieilles tensions vont refaire surface avec, en toile de fond, l’histoire de leur famille…
Ce qu’on en pense
Pour sa première réalisation , Jesse Eisenberg (The Social Network) embarque Kieran Culkin (le fils dégénéré de la série Succession) dans un road trip mémoriel en Pologne. Une tragicomédie entre rire et larmes, qui réussit à parler de l’holocauste, des traumatismes du passé et de l’angoisse contemporaine sans tomber dans le pathos, ni dans les clichés de l’humour juif. Une étonnante réussite.
A bicyclette !
Par Ph.D
Le Pitch
De l’Atlantique à la mer Noire, Mathias (Mathias Mlekuz) embarque son meilleur ami Philippe (Philippe Rebbot) dans un road trip à bicyclette. Ensemble ils vont refaire le voyage que Youri, son fils, avait entrepris avant de disparaître tragiquement…
Ce qu’on en pense
Tendresse, humour et émotion sont au rendez-vous de ce road trip sur deux roues à travers l’Europe. Le pari était osé (filmer le voyage improvisé des deux amis après le suicide du fils de Mathias) mais le résultat, pour le coup, « tient la route ». On rit et on pleure avec eux. Plus qu’un film de deuil, c’est un film sur l’amitié masculine. La personnalité originale de Philippe Rebbot fait évidemment beaucoup pour donner au film des airs de comédie italienne. Mais les rencontres que font les deux hommes sont tout aussi étonnantes et joyeuses. On y va le nez dans le guidon !
Queer
Par Ph.D
Le Pitch
Dans le Mexico des années 1950, William Lee (Daniel Craig) mène une vie désabusée au sein d’une communauté d’expatriés. L’arrivée du jeune Eugène Allerton (Drew Starkey) va bouleverser l’existence de Lee et faire renaître en lui des sentiments oubliés…
Notre avis
Après les gentiment gays Call Me by Your Name et Challengers, Luca Guadagnino change de braquet en s’attaquant à l’oeuvre sulfureuse de William S. Burroughs, le mauvais génie drogué des lettres américaines. Avec un Daniel Craig en vieil écrivain homosexuel, alcoolique et camé (après ça, si Amazon comptait le réembaucher pour jouer James Bond, c’est rapé !) et un trip hallucinatoire dans la forêt équatoriale qui rappelle à la fois Apichatpong Weerasethakul (même chef op), John Boorman et David Lynch, Queer risque fort de désarçonner le public des deux premiers films de Guadagnino. Par contre, les amateurs de films-trips un peu barrés pourront y trouver leur compte. Malgré un côté factice, semble-t-il assumé, Queer est un bel hommage à Burroughs, qu’il donne envie de relire. Dommage que la BO (pourtant signée Trent Reznor) se contente d’aligner quelques titres de Nirvana et de New Order (dont on se demande ce qu’ils viennent faire là), au lieu d’utiliser les albums que Burroughs lui-même a enregistrés dans les années 90…
César 2025 : Nos favoris
Par Ph.D
Qui succédera à « Anatomie d’une chute », grand vainqueur de l’an dernier ? La 50e cérémonie des César du cinéma français aura lieu le 28 février à l’Olympia, à Paris, présidée par Catherine Deneuve et mise en scène par Cédric Klapisch. Elle sera présentée par Jean Pascal Zadi avec une douzaine de co-présentateurs(trices). Sans surprise, les favoris seront Le Comte de Monte Cristo (14 nominations) L’Amour ouf (13 nominations) et Emilia Perez (12 nominations). Globalement, les meilleurs films de 2024 sont présents dans les différentes catégories, sans oubli manifeste (on regrette quand même l’absence de Cent mille milliards). Succès surprise de l’année, la comédie d’Artus Un p’tit truc en plus récupère même une nomination dans la catégorie « meilleur premier film ». Un César d’honneur sera remis à l’actrice Julia Roberts et au réalisateur Costa Gavras. Voici nos votes dans les principales catégories
MEILLEUR FILM
Emilia Perez
Le Comte de Monte-Cristo
L’Histoire de Souleymane
En Fanfare
Miséricorde
FILM D’ANIMATION
Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau
La Plus Précieuse des marchandises
Sauvages
PREMIER FILM
Diamant brut
Les Fantômes
Le Royaume
Un p’tit truc en plus
Vingt Dieux
FILM ETRANGER
Anora
Les Graines du figuier sauvage
The Apprentice
The Substance
La Zone d’intérêt
MEILLEUR REALISATEUR
Jacques Audiard pour « Emilia Perez »
Boris Lojkine pour « L’Histoire de Souleymane »
Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière pour « Le Comte de Monte-Cristo »
Gilles Lellouche pour « L’Amour ouf »
Alain Guiraudie pour « Miséricorde »
MEILLEURE ACTRICE
Karla Sofia Gascon (« Emilia Perez »)
Hélène Vincent (« Quand vient l’automne »)
Hafsia Herzi (« Borgo »)
Adèle Exarchopoulos (« L’Amour ouf »)
Zoe Saldana (« Emilia Perez »)
MEILLEUR ACTEUR
Pierre Niney (« Le Comte de Monte-Cristo »)
Tahar Rahim (« Monsieur Aznavour »),
Karim Leklou (« Le Roman de Jim »)
Benjamin Lavernhe (« En fanfare »)
François Civil (« L’Amour ouf »)
Bastien Bouillon (Le Comte de Monte-Cristo)
Alain Chabat (L’Amour ouf)
Jacques Develay (Miséricorde)
Laurent Lafitte (« Le Comte de Monte-Cristo »)
Pierre Lottin (Quand vient l’automne)
SECOND ROLE FEMININ
Elodie Bouchez (« L’Amour ouf »)
Anaïs Demoustier (« Le Comte de Monte-Cristo »)
Catherine Frot (« Miséricorde »)
Nina Meurisse (« L’Histoire de Souleymane »)
Sarah Suco (« En Fanfare »)
REVELATION MASCULINE
Abou Sangare (L’Histoire de Souleymane)
Malik Frikah (L’Amour ouf)
Félix Kysyl (Miséricorde)
Pierre Lottin (En fanfare)
Adam Bessa (Les Fantômes)
REVELATION FEMININE
Mallory Wanecque (L’Amour ouf)
Malou Khebizi (Diamant brut)
Megan Northam (Rabia)
Maïwène Barthelemy (Vingt Dieux)
Souheila Yacoub (Planète B)
SCENARIO
L’Histoire de Souleymane
En fanfare
Miséricorde
Borgo
Vingt Dieux
September & July
Par Ph.D
Le pitch
July (Mia Tharia) fait face à la cruauté du lycée grâce à la protection de sa sœur aînée September (Pascale Kann). Sheela (Rakhee Thakrar) , leur mère, s’inquiète lorsque September est renvoyée et July en profite pour affirmer son indépendance. Après un événement mystérieux, elles se réfugient dans une maison de campagne en Irlande, mais tout a changé…
Ce qu’on en pense
Pour son premier long métrage, l’actrice Ariane Labed adapte le roman Deux Sœurs de Daisy Johnson et a tourné en Irlande (et en anglais) ce teen movie tordu dans lequel deux soeurs au comportement étrange flirtent avec la folie et le drame, sous les yeux d’une mère artiste-alcoolo, un brin dépassée mais aimante, qui les utilise comme modèle pour ses photos mises en scène en hommage à Shining. L’influence de David Lynch se fait sentir dans l’inspiration autant que dans la mise en scène, avec du bizarre partout, des ellipses à la hache, une chanteuse de pub ultra glamour et une coupure franche au milieu du film qui modifie la donne. Les trois actrices sont excellentes, notamment la plus jeune (Mia Tharia) sur laquelle repose toute l’intrigue. Mais surtout, le film révèle chez Ariane Labed un talent de réalisation qui laisse pantois. On attendra avec impatience son prochain film.
L’Attachement
Par J.V
Le pitch
Sandra (Valéria Bruni-Tedeschi), quinquagénaire farouchement indépendante, partage soudainement et malgré elle l’intimité d’Alex (Pio Marmaï), son voisin de palier et de ses deux enfants. Contre toute attente, elle s’attache peu à peu à cette famille d’adoption…
Ce qu’on en pense
Carine Tardieu entraine Valéria Bruni-Tedeschi, Pio Marmaï, Vimala Pons et Raphaël Quenard dans un quadrille sentimental d’une grande subtilité sur les familles recomposées et le vivre ensemble. L’écriture audacieuse et la mise en scène toute en nuance évitent les clichés et les exagérations, à l’image de la composition pleine de retenue de Valeria Bruni-Tedeschi. Une heureuse surprise.
Brian Jones et les Rolling Stones
Par J.V
Qui se souvient vraiment de Brian Jones ? Pourtant, il est le visionnaire à l’origine des Rolling Stones. À travers des interviews exclusives de proches, des membres du groupe et grâce à des archives, ce documentaire retrace son parcours et revient sur les tensions internes qui ont conduit à son éviction tragique, révélant une partie de l’histoire derrière l’ascension des Stones. Le réalisateur anglais Nick Broomfield s’appuie sur un montage d’archives rigoureux et sur les interviewes de Mick Jagger et Keith Richards, qui analysent à leur manière la place qui fut celle de Brian Jones dans le groupe et les raisons de son éviction. Le film propose une immersion au sein de ce qui allait devenir le plus grand groupe de rock de l’histoire. Même les fans qui connaissent déjà l’histoire par coeur devraient y trouver leur compte.