Marche ou crève
Par J.V
Le pitch
Raymond Garraty (Cooper Hoffman) va concourir pour » La Longue Marche « , une compétition qui compte cent participants. Cet événement sera retransmis à la télévision, suivi par des milliers de personnes. Mais ce n’est pas une marche comme les autres, plutôt un jeu de survie.
Ce qu’on en pense
Une adaptation réussie de Stephen King par Francis Lawrence, réalisateur de la saga Hunger Games. Le scénario de Marche ou crève n’est d’ailleurs pas sans rappeler celui de Hunger Games. Mais ici le héros est un jeune homme (Cooper Hoffman), victime de l’enfer totalitaire dans lequel son pays (les Etats-Unis) a sombré. Un récit de survie qui utilise les ressorts du film d’horreur pour dresser le portrait d’une jeunesse sacrifiée. Mortel !
Moi qui t’aimais
Par Ph.D
Le pitch
Elle l’aimait plus que tout, il l’aimait plus que toutes les autres. Simone Signoret (Marina Foïs) et Yves Montand (Roschdy Zem) étaient le couple le plus célèbre de leur temps. Hantée par la liaison de son mari avec Marilyn Monroe et meurtrie par toutes celles qui ont suivi, Signoret a toujours refusé le rôle de victime. Ce qu’ils savaient, c’est qu’ils ne se quitteraient jamais.
Ce qu’on en pense
Roschdy Zem en Yves Montand, il fallait y penser ! L’idée ne vient pas d’une quelconque directrice de casting, mais de Marina Foïs qui l’a suggérée à Diane Kurys. Après tout, Montand aussi était issu de l’immigration… On a quand même un peu de mal à y croire au début. Heureusement, la réalisatrice de Diabolo Menthe a eu l’idée d’une première scène en forme de mise en abime dans laquelle les deux comédiens sont filmés au maquillage en train de se glisser dans la peau de leur personnage. De la même manière, le décor est parsemé de photos de Montand et Signoret et lorsqu’ils passent à la télé ce sont bien des images d’archive. Du coup, la question du mimétisme est évacuée de façon ludique et on peut se concentrer sur l’histoire du couple mythique dans sa dernière décennie. Montand est au sommet de sa gloire et de sa séduction. Signoret, au contraire, est sur la pente descendante. L’âge, l’alcool et la jalousie la minent. A la Colombe d’Or, c’est une autre femme qui accompagne Montand en vacances. Et bientôt un enfant naitra de cette nouvelle idylle. Mais Montand et Signoret resteront unis jusqu’à la mort de l’actrice de Casque d’Or, soudés par leur affection, leur passion pour le cinéma et leur engagement politique. Diane Kurys, à laquelle on doit déjà le biopic de Françoise Sagan et celui de George Sand et Musset (Les Enfants du Siècle), filme leur histoire sans prendre parti pour l’un ni pour l’autre et signe ce qui est probablement son meilleur film. La reconstitution d’époque est très crédible et les deux acteurs sont formidables.
Une bataille après l’autre
Par Ph.D
Le pitch
Ancien révolutionnaire désabusé et paranoïaque, Bob (Leonardo DiCaprio) vit en marge de la société, avec sa fille Willa (Chase Infitini), indépendante et pleine de ressources. Quand son ennemi juré (Sean Penn) refait surface après 16 ans et que Willa disparaît, Bob remue ciel et terre pour la retrouver, affrontant pour la première fois les conséquences de son passé…
Ce qu’on en pense
Comme il l’avait déjà fait avec Inherent Vice (2014), Paul Thomas Anderson adapte un roman de Thomas Pynchon, Vineland, qu’il transpose des années Reagan à celles du Trumpisme triomphant. Mieux qu’ Eddington, Une bataille après l’autre raconte la folie suprémaciste qui s’est emparée de l’Amérique Maga, avec son cortège de violence politique, d’intégrisme religieux, de bêtise crasse et de folie furieuse. Tourné en Vistavision, le film convoque le meilleur du cinéma indépendant américain, du Spielberg de Duel au Tarantino de Jackie Brown en passant par les frères Coen. Avec un Leonardo DiCaprio révolutionnaire en peignoir Lebowskien, Sean Penn en militaire-milicien psychopathe bodybuildé, Benicio Del Toro en prof de karaté gourou passeur de migrants et une flopée de militantes pro immigration en jupons. Hyper rythmé (on ne voit pas passer les 2h40), burlesque, violent et caustique, Une Bataille après l’autre est le blockbuster de l’année qu’on n’attendait plus. Un régal cinéphile et mainstream. Déjà culte !
Rembrandt
Par Ph.D
Le pitch
Claire (Camille Cottin) et Yves (Romain Duris), physiciens de formation, travaillent dans le nucléaire depuis toujours. Lors d’une visite à la National Gallery, Claire va être bouleversée par trois toiles de Rembrandt. Cette rencontre avec ces trois œuvres magistrales va les changer à jamais.
Ce qu’on en pense
Révélé en 2011 avec L’Exercice de l’Etat, formidable film politique avec Olvier Gourmet et Michel Blanc, Pierre Schoeller aborde pour la première fois le paranormal avec ce nouveau opus, son quatrième, qui met en scène Camille Cottin et Romain Duris en couple de scientifiques confrontés au mensonges d’Etat sur la crise climatique. Les deux acteurs font merveille dans ce thriller qui tisse brillamment plusieurs trames narratives et joue, c’est le cas de le dire, sur plusieurs tableaux : trois en l’occurence, signés Rembrandt, dont la vision, lors d’une banale visite de musée, va provoquer chez l’héroïne une prise de conscience « extra-ordinaire « . On n’en dira pas plus pour ne pas gâcher le plaisir… Qui est grand au final.
Classe moyenne
Par J.V
Le pitch
Mehdi (Sami Outalbali) a prévu de passer un été tranquille dans la somptueuse demeure de ses beaux-parents (Laurent Lafitte, Elodie Bouchez) . Mais dès son arrivée, un conflit éclate entre la famille de sa fiancée et le couple de gardiens de la villa (Ramzy Bedia, Laure Calamy). Comme Mehdi est issu d’un milieu modeste, il pense pouvoir mener les négociations entre les deux parties et ramener tout le monde à la raison. Pourtant, tout s’envenime…
Ce qu’on en pense
Antony Cordier (Happy Few, Gaspard va au mariage) signe avec Classe Moyenne une comédie grinçante à la Ruben Ostlund, sur fond de lutte des classes et de satire sociale au lance flammes. Portée par un casting idéal (Laurent Laffite, Laure Calamy, Ramzy Bedia Elodie Bouchez) et joliment mise en images, une réussite dans le paysage sinistré de la comédie française.
Kontinental’25
Par J.V
Le pitch
Orsolya (Ezster Tompa) est huissière de justice à Cluj, en Transylvanie. Elle doit un jour expulser un sans-abri qui vit dans le sous-sol d’un immeuble du centre-ville transformé en hôtel de luxe. Un événement inattendu la met brusquement face à ses contradictions.
Ce qu’on en pense
Librement inspiré d’Europe 51 (Roberto Rossellini 1952) et tourné en 11 jours à l’iPhone, en décors naturels, sans lumières, ni maquillage, le nouveau film de Radu Jude est une tragicomédie politique et sociale comme l’était déjà N’attendez pas trop de la fin du monde (2023), mais en moins barré. Encore qu’il faille s’accrocher pour suivre les méandres de la pensée et de l’action de son héroïne (Ours d’argent du meilleur scénario à Berlin)… Le miroir déformant que nous tend le plus perché des réalisateurs roumains est toujours aussi dérangeant. On aurait cependant tort de détourner le regard.
Ravage
Par Ph.D
Le pitch
Un détective meurtri (Tom Hardy) doit se frayer un chemin dans la clandestinité criminelle après une affaire de drogue qui a mal tourné pour sauver le fils d’un politicien, tout en démêlant un réseau de corruption et de conspiration qui prend au piège toute la ville…
Ce qu’on en pense
Plutôt que Ravage, c’est Carnage qu’aurait dû s’intituler ce thriller hyper sanglant signé Gareth Evans, spécialiste du genre (Gangs of London, The Raid…) qui multiplie les gunfights jusqu’à l’absurde. Le budget « munitions » a dû dépasser celui du casting, malgré la présence de Tom Hardy et de Forrest Whitaker qui auraient sans doute pu s’épargner d’ajouter un nanar ultra violent à leur filmographie. Rien de crédible dans cette histoire de policiers et de politiciens ripoux, sur fond de trafic de drogue dans un Chicago Gothamesque enneigé et boueux. Les dialogues sont réduits au strict minimum et c’est tant mieux tant ils sont ridicules. Seules la mise en scène, spectaculaire, et la photo soignée justifient, à la rigueur, le visionnage.
Nino
Par J.V
Le pitch
Dans trois jours, Nino (Theodore Pellerin) devra affronter une grande épreuve. D’ici là, les médecins lui ont confié deux missions. Deux impératifs qui vont mener le jeune homme à travers Paris, le pousser à refaire corps avec les autres et avec lui-même.
Ce qu’on en pense
Découvert à la Semaine de la critique à Cannes 2025, ce Cléo de 5 à 7 au masculin est le premier film de Pauline Loquès, qui raconte avoir découvert le cinéma à Cannes, où elle venait chez sa grand mère lorsqu’elle était enfant. L’influence d’Agnès Varda et de la Nouvelle Vague est évidente alors que Théodore Pellerin remplace Corinne Marchand dans ses déambulations parisiennes, sur fond de réflexion sur la vie et la mort. Un film drôle et triste à la fois, élégamment porté par un casting en état de grâce.
Oui
Par J.V
Le pitch
Israël au lendemain du 7 octobre. Y (Ariel Bronz), musicien de jazz précaire, et sa femme Jasmine (Efrat For), danseuse, donnent leur art, leur âme et leur corps aux plus offrants, apportent plaisir et consolation à leur pays qui saigne. Bientôt, Y. se voit confier une mission de la plus haute importance : mettre en musique un nouvel hymne national…
Ce qu’on en pense
Après Synonymes et Le Genou d’Ahed, l’israélien Nadav Lapid creuse le sillon de l’auto-fiction politique avec ce nouveau pamphlet anti militaro-nationaliste tourné tout juste un an après les évènements du 7 octobre. Enervé, brouillon et provocateur, le film ne laissera personne indifférent. Pour ce qui nous concerne, en tout cas, c’est un grand Oui !
L’Intérêt d’Adam
Par J.V
Le Pitch
Adam, 4 ans, est hospitalisé pour malnutrition à la suite d’une décision de justice. Lucy (Léa Drucker), l’infirmière en chef autorise la mère d’Adam (Anamaria Vartolomei) à rester auprès de son fils au-delà des heures de visite fixées par le juge. Mais la situation se complique quand celle-ci refuse une nouvelle fois de quitter son fils. Dans l’intérêt de l’enfant, Lucy fera tout pour venir en aide à cette mère en détresse.
Ce qu’on en pense
Léa Drucker ré-enfile sa blouse de soignante à l’hôpital pour le deuxième long métrage de la belge Laura Wandel (Un Monde) dans lequel elle campe, avec son talent habituel, une infirmière en chef émue par la situation d’une jeune mère en difficulté (Anamaria Vartolomei, très bien aussi). Un « film d’hôpital » tourné en plans séquences caméra à l’épaule, façon Dardenne, qui prend un peu le spectateur en otage, mais c’est pour la bonne cause (dénoncer la faillite du système).
Dalloway
Par J.V
Le pitch
Clarissa (Cécile de France) , romancière en mal d’inspiration, rejoint une résidence d’artistes prestigieuse à la pointe de la technologie. Elle trouve en Dalloway (Mylène Farmer), son assistante virtuelle, un soutien et même une confidente qui l’aide à écrire. Mais peu à peu, Clarissa éprouve un malaise face au comportement de plus en plus intrusif de son IA, renforcé par les avertissements complotistes d’un autre résident. Se sentant alors surveillée, Clarissa se lance secrètement dans une enquête pour découvrir les réelles intentions de ses hôtes. Menace réelle ou délire paranoïaque ?
Ce qu’on en pense
Adapté du roman de Tatiana de Rosnay, Les Fleurs de l’ombre, le nouveau film de Yann Gozlan (Boite Noire) joue la carte du thriller paranoïaque pour dénoncer les dangers de l’Intelligence Artificielle. Une tentative assez ratée, que la présence de Cécile de France dans le rôle principal et la voix de Mylène Farmer dans celui de Dalloway ne suffisent pas à sauver de ses lourdeurs et de ses maladresses. On a bien dormi en séance de minuit à Cannes 2025, où le film était présenté.
La Tour de glace
Par J.V
Le pitch
Années 1970. Jeanne (Clara Pacini) fugue de son foyer de haute montagne pour rejoindre la ville. Dans le studio où elle s’est réfugiée, la jeune fille tombe sous le charme de Cristina (Marion Cotillard), l’énigmatique star du film La Reine des Neiges, son conte fétiche. Une troublante relation s’installe entre l’actrice et la jeune fille…
Ce qu’on en pense
Ours d’argent de la meilleure contribution artistique à la dernière Berlinale, La Tour de glace n’a pas volé son prix. Le 4e long métrage de Lucile Hadzihalilovic est un véritable OFNI (Objet Filmique Non Identifié). Du conte d’Andersen (et du dessin animé Disney), la réalisatrice n’a retenu que la noirceur et la beauté. Somptueux esthétiquement et obscur juste ce qu’il faut pour ne pas sombrer dans l’expérimental, le film offre à Marion Cotillard un nouveau rôle-miroir dont elle se tire par une prestation mémorable. Plus que la Reine des neiges, c’est Lady Glagla !
Les Tourmentés
Par J.V
Le pitch
Ça vaut quoi la vie d’un homme ? D’un homme comme lui. Un homme sans rien. Skender (Niels Schneider), ancien légionnaire, le découvrira bien assez tôt. « Madame »(Linh-Dan Pham) , veuve fortunée et passionnée de chasse, s’ennuie. Elle charge alors son majordome (Ramzy Bedia) de lui trouver un candidat pour une chasse à l’homme, moyennant un très juteux salaire. Skender est le gibier idéal. Mais rien ne se passera comme prévu…
Ce qu’on en pense
Adepte d’un cinéma noir, social et psychologisant, le Belge Lucas Belvaux livre avec Les Tourmentés une version moderne et inattendue des Chasses du Comte Zaroff (ici transformé en comtesse) avec Niels Schneider en proie volontaire et Ramzy Bedia en majordome exécuteur des basses oeuvres de sa patronne (Linh-Dan Pham). Assez improbable sur le fond et peu convainquant sur la forme, le film indiffère. On n’en retient au final que la prestation toute en retenue de Ramzy Bedia.
Night Always Comes
Par Ph.D
Le Pitch
Menacée d’expulsion de la maison où elle vit avec sa mère et son frère handicapé, Lynette (Vanessa Kirby) se lance dans une recherche désespérée pour réunir l’argent nécessaire au rachat de ses dettes. Le délai est court, mais la nuit sera longue…
Ce qu’on en pense
La vie n’a pas été tendre avec Lynette, qui a désespérément « besoin d’une victoire« . Décidée à ne pas subir un nouvel échec, elle va remuer ciel et terre pour réunir la somme qui lui manque afin que sa mère et son frère handicapé ne finissent pas à la rue. Un combat de survie où tous les coups sont permis, que Benjamin Caron filme à la manière d’un Dardenne indé, dans un Los Angeles nocturne et glauque. Vanessa Kirby y trouve un rôle de guerrière qu’elle porte de manière très convaincante dans un scénario, hélas, sans surprise.
Highest 2 Lowest
Par Ph.D
Le pitch
Alors qu’il négocie la vente de sa maison de disques, David King (Denzel Washington) est la cible d’une demande de rançon qui l’accule à un dilemme moral et financier…
Ce qu’on en pense
Présenté hors compétition à Cannes 2025 et librement inspiré du chef d’oeuvre d’Akira Kurosawa Entre le ciel et l’enfer, le nouveau film de Spike Lee est destiné à la plateforme de streaming Apple TV+ Du coup, le réalisateur de Do The Right Thing a pris ses aises : le film dure plus de deux heures, alors que le scénario plaide plutôt pour un format resserré. L’intrigue multiplie les invraisemblances et la réalisation se traine (La première heure est digne d’une télénovella). Les thèmes du film original sont survolés et plus que New York, Spike Lee prend un visible plaisir à filmer le fabuleux penthouse du héros incarné par un Denzel Washington en petite forme, lui aussi. Deux séquences justifient toutefois le visionnage: celle de la poursuite dans le Bronx pendant un concert d’Eddie Palmieri et celle de la battle rap entre Denzel Washington et A$ap Rocky dans un studio du Bronx. C’est peu, mais on s’en contente.
















