Diamant Brut
Par Ph.D
Le pitch
Liane (Malou Khebizi) , 19 ans, téméraire et incandescente, vit avec sa mère et sa petite sœur sous le soleil poussiéreux de Fréjus. Obsédée par la beauté et le besoin de devenir quelqu’un, elle voit en la télé-réalité la possibilité d’être aimée et de sortir de sa condition. Le destin semble enfin lui sourire lorsqu’elle passe un casting pour « Miracle Island ».
Ce qu’on en pense
Présenté en compétition à Cannes 2024, ce premier long métrage signé Agathe Riedinger a souffert de la concurrence. La critique festivalière n’a pas été tendre pour ce film social sous influence Dardenne, vite qualifié de « Rosetta dja dja« . Le scénario et la réalisation méritent pourtant mieux que ce jugement à l’emporte-pièce. Tourné à Fréjus, le film révèle une jeune actrice prometteuse , Malou Khebizi, qui est rentrée dans son personnage de cagole de la télé réalité avec un talent précoce et une énergie qui rappellent effectivement la performance d’ Emilie Dequenne dans Rosetta. Le regard empathique porté par la réalisatrice sur les candidats à la célébrité télévisuelle fait le reste.
Une Part manquante
Par J.V
Le Pitch
Tous les jours, Jay (Romain Duris) parcourt Tokyo au volant de son taxi à la recherche de sa fille, Lily (Mei Cirne-Masuki). Séparé depuis neuf ans, il n’a jamais pu obtenir sa garde. Alors qu’il a cessé d’espérer la revoir et qu’il s’apprête à rentrer en France, Lily entre dans son taxi…
Ce qu’on en pense
Six ans après Nos batailles, Guillaume Senez retrouve Romain Duris et l’emmène au Japon pour pointer du doigt le problème des « gardes exclusives« , qui touche des milliers de parents chaque année dans ce pays. Plus de 150 000 enfants sont enlevés chaque année par l’un de leurs géniteurs et il devient très difficile, voire impossible, à l’autre de les revoir. Romain Duris incarne avec son talent habituel cet expatrié animé d’un amour paternel à toute épreuve, qui fait le taxi à Tokyo dans l’espoir de revoir un jour sa fille. Une nouvelle « bataille », mise en scène avec infiniment de tact et d’intelligence. Coup de coeur de la semaine pour ce drame sensible porté par l’interprétation d’un casting sans faille.
Finalement !
Par Ph.D
Le Pitch
Dans un monde de plus en plus fou, Lino (Kad Merad), qui a décidé de tout plaquer son mêtier d’avocat et sa famille après un burn out, va se rendre compte que finalement : tout ce qui nous arrive, c’est pour notre bien !
Ce qu’on en pense
Décidément insatiable, Claude Lelouch (87 ans) livre son 51e long métrage : et c’est un bon cru ! Malgré les longueurs, les dialogues (mal) improvisés, les aphorismes de fin de banquet et les scènes génantes, le road trip nostalgique de Lino/Kad Merad dans la France profonde et le cinéma de Claude Lelouch est attendrissant. On apprécie que le réalisateur n’en donne pas tout de suite la clé et cherche à nous perdre sur ses motivations (burn out, rêve éveillé, folie, cavale ?) avec un Kad Merad qui mythone à chaque rencontre, se présentant à ses interlocuteurs comme un prêtre défroqué, un espion, un producteur de films pornos ou un malfrat en cavale, tombe amoureux d’une fermière comme Clint Eastwood dans La Route de Madison et suit L’Itinéraire d’un enfant gâté (la fuite mise en musique comme une fugue). Un Lelouch en liberté, qui s’amuse et nous amuse : finalement, on adore ça.
Gladiator II
Par J.V
Le pitch
Des années après avoir assisté à la mort du héros vénéré Maximus, Lucius (Paul Mescal) est forcé d’entrer dans le Colisée lorsque son pays est conquis par les empereurs tyranniques qui gouvernent désormais Rome d’une main de fer. La rage au cœur et l’avenir de l’Empire en jeu, Lucius doit se tourner vers son passé pour trouver la force et l’honneur de rendre la gloire de Rome à son peuple.
Ce qu’on en pense
Histoire de faire oublier son épouvantable Napoleon, Riddley Scott enchaine avec une suite à son chef-d’oeuvre de 2000, Gladiator. On entre dans l’arène avec la peur au ventre mais, finalement, ça ne se passe pas si mal. Plus politique que son prédecesseur, Gladiator II n’oublie pas pour autant d’être spectaculaire, avec un Denzel Washington toujours aussi charismatique. Certes Maximus/Russel Crowe n’est pas vraiment remplacé et le film n’a pas la noirceur du premier, mais il fait honnêtement son office de peplum stéroïdé. Des pains (dans la gueule) et des jeux !
En tongs au pied de l’Himalaya
Par Ph.D
Le Pitch
Pauline (Audrey Lamy) est la maman d’Andréa, 6 ans et demi (Eden Lopez) , un petit garçon formidable à qui on a diagnostiqué un TSA : un « trouble du spectre autistique ». Il n’est pas vraiment au niveau, mais il est toujours scolarisé et s’apprête à faire sa rentrée en grande section de maternelle. Pour Pauline, sans revenus fixes et récemment séparée de Fabrice, le père d’Andréa (Nicolas Chupin), tout semble concourir à faire de sa vie une succession d’échecs. Or pour Andréa, c’est une année cruciale qui va déterminer s’il peut ou non rester scolarisé et obtenir ainsi une meilleure chance de voir son état s’améliorer. Mais pour cela, Andréa a besoin de stabilité et pour Pauline, la lui apporter, c’est un peu (beaucoup) gravir l’Himalaya en tongs…
Ce qu’on en pense
Adapté du spectacle éponyme de Marie-Odile Weiss, le nouveau film de John Wax (Coexister, Tout simplement noir) défie encore une fois les attentes et bouscule les genres. Entre comédie et drame social, le scénario tient la ligne de crête et offre à Audrey Lamy un beau rôle de mère-courage, sans sombrer dans le pathos ni la caricature. Les dialogues sont excellents, la direction d’acteurs soignée (le gamin est incroyablement juste, les seconds rôles parfaits) et la mise en scène fait son office sans chercher à en mettre plein la vue. Un film sympathoche… Et même un peu plus que ça.
La Vallée des fous
Par J.V
Le pitch
Passionné de voile, Jean-Paul (Jean Paul Rouve) traverse une passe difficile. Il accumule les dettes et s’éloigne des siens. Bien décidé à reprendre sa vie en main, il s’inscrit à Virtual Regatta la course virtuelle du Vendée Globe. Il se met dans les conditions d’un vrai skipper en s’isolant pendant 3 mois sur son bateau dans son jardin… Ce voyage pas comme les autres, lui permettra de renouer avec sa famille mais surtout avec lui-même.
Ce qu’on en pense
Passionné de voile et joueur de Virtual Regata lui-même, Xavier Beauvois a imaginé cette histoire pendant le confinement. Jean-Paul Rouve était l’acteur idéal pour ce rôle de doux dingue qui affronte ses démons comme on affronte l’océan pour reprendre sa vie en mains et renouer avec sa famille. Très investi dans le rôle, l’acteur fait passer énormément d’émotion avec peu d’effets. La mise en scène du réalisateur de Des hommes et des dieux effectue le même travail.
Le Royaume
Par Ph.D
Le pitch
Corse, 1995. Lesia (Ghjuvanna Benedetti) vit son premier été d’adolescente. Un jour, elle est conduite à moto dans une villa isolée où elle retrouve son père (Saveriu Santucci) , en planque, entouré de ses hommes. Une guerre éclate dans le milieu et l’étau se resserre autour du clan. La mort frappe. Commence alors une cavale au cours de laquelle père et fille vont apprendre à se regarder, à se comprendre et à s’aimer.
Ce qu’on en pense
Présenté à Cannes 2024 en section Un Certain Regard, alors qu’il aurait mérité la compétition, le premier film de Julien Colonna impose d’entrée le réalisateur Corse parmi les talents les plus prometteurs du cinéma français. Sa mise en scène réussit l’exploit d’être à la fois naturaliste et épique, sur un scénario de tragédie antique. Fils du parrain Corse Jean-Jérome Colonna, le jeune réalisateur évite l’écueil purement autobiographique et touche à l’universel dans le traitement des relations père-fille. Le choix d’acteurs locaux donne au film une authenticité et un réalisme qui font défaut à nombre de films tournés en Corse et la direction des acteurs, pour la plupart non professionnels, épate. Dans les rôles principaux Ghjuvanna Benedetti (élève infirmière) et Saveriu Santucci (guide de montagne) crêvent l’écran. Rendez-vous aux César où Le Royaume concourra certainement pour le meilleur premier film français de l’année, voire pour le meilleur film tout court.
Here
Par Ph.D
Le pitch
L’histoire des occupants d’une maison, dont les peines, les joies et les moments de doutes se font écho à travers les générations…
Ce qu’on en pense
Le dispositif du nouveau Robert Zemeckis rappelle celui d’A Ghost Story, merveilleux film de David Lowery, qui raconte l’histoire d’un deuil (et celle des Etats-Unis) à travers le point de vue d’un fantôme bloqué entre les murs de la maison qu’il habitait de son vivant, avec sa jeune épouse. Ici, point de fantôme, mais une caméra fixée face à ce qui deviendra la fenêtre de la pièce principale d’une maison de banlieue, quelque part en Amérique du Nord. Après un prologue au temps des dinosaures (en clin d’oeil à The Tree of Life ?) et l’union de deux jeunes indiens sur une pierre fondatrice, on assiste à la construction de la maison d’en face (où vivra un fils batard de Benjamin Franklin), puis à celle de la villa, d’abord occupée par un couple du début du XXe siècle suivi d’une série de familles anonymes jusqu’à nos jours. Passant en mode aléatoire d’une époque à l’autre sans jamais quitter la pièce (par le biais d’inserts d’écrans dans l’écran assez moches), le film déroule des scènes de vie domestique sans grand intérêt. Jusqu’à ce qu’apparaissent soudain Tom Hanks et Robin Wright, rajeunis à la palette numérique car supposément étudiants et amoureux. Bien qu’occupant l’essentiel du scénario, leur histoire n’est guère plus passionnante que celle des autres couples et se termine en eau de boudin. A aucun moment le film ne parvient à faire véritablement écho aux époques qu’il traverse, ni à tisser un lien quelconque entre les différents habitants de la maison, ni même à nous les rendre attachants (façon This Is Us) . On quitte la salle avec le sentiment d’avoir bien perdu son temps.
L’Affaire Nevenka
Par J.V
Le pitch
À la fin des années 90, Nevenka Fernández (Mireia Oriol), est élue à 25 ans conseillère municipale auprès du maire de Ponferrada (Espagne) , le charismatique et populaire Ismael Alvarez (Urko Olazabal). C’est le début d’une descente aux enfers pour Nevenka, manipulée et harcelée pendant des mois par le maire. Pour s’en sortir, elle décide de dénoncer ses agissements et lui intente un procès…
Ce qu’on en pense
#MeToo en Espagne. S’inspirant d’une histoire vraie , le nouveau film d’ Icíar Bollaín (Les Repentis, Le Mariage de Rosa) décortique une relation professionnelle toxique et les conséquences psychologiques qui en découlent pour la victime. Mireia Oriol et Urko Olazabal impressionnent dans le rôle de la proie innocente et du harceleur, sûr de son pouvoir. La mise en scène, au scalpel, glace le sang. Jusqu’au procès final, nécessaire mais plus convenu.
Trois amies
Par J.V
Le pitch
Joan (India Hair) n’est plus amoureuse de Victor (Vincent Macaigne) et souffre de se sentir malhonnête avec lui. Alice (Camille Cottin), sa meilleure amie, la rassure : elle-même n’éprouve aucune passion pour Eric (Grégoire Ludig) et pourtant leur couple se porte à merveille ! Elle ignore qu’il a une liaison avec Rebecca (Sara Forestier), leur amie commune… Quand Joan décide finalement de quitter Victor et que celui-ci disparaît, la vie des trois femmes et leurs histoires s’en trouvent bouleversées…
Ce qu’on en pense
Le nouveau film d’Emmanuel Mouret surprend par sa (relative) noirceur. Certes, on est toujours dans le marivaudage sous influence Woody Allen / Eric Rohmer, mais, cette fois, la mort s’invite à l’improviste dans la fable du réalisateur marseillais. Camille Cottin , India Hair, la revenante Sara Forestier, Vincent Macaigne, Damien Bonnard, Grégoire Ludig et Eric Caravaca sont à leur affaire dans ce film intemporel, à la frontière des genres.
Louise Violet
Par Ph.D
Le pitch
1889. Envoyée dans un village de la campagne française, l’institutrice Louise Violet (Alexandra Lamy) doit y imposer l’école de la République (gratuite, obligatoire et laïque). Une mission qui ne la rend populaire ni auprès des enfants, ni surtout auprès de leurs parents, auxquels les enfants fournissent une main d’oeuvre gratuite pour les travaux des champs…
Ce qu’on en pense
Un beau film « Qualité France » sur l’école républicaine, avec Alexandra Lamy dans le rôle titre et Grégory Gadebois dans celui du maire du village qui accueille (d’abord froidement) sa première institutrice. Les deux acteurs ont déjà tourné dans les deux derniers films d’ Eric Besnard (Les Choses simples et Délicieux) et leur complicité est évidente. La première confirme qu’elle peut tout jouer (y compris, pour la première fois, en costume), le second qu’il est un des meilleurs seconds rôles du cinéma français. La réalisation est sans surprise, mais le film porte haut les valeurs de l’école laïque et rappelle les évènements de La Commune (l’héroïne cache un secret qui y est lié) . A ce titre, il est particulièrement recommandé au public scolaire.
Au boulot !
Par J.V
Le pitch
« C’est quoi ce pays d’assistés ? De feignasses ? » Sur le plateau de l’émission des Grandes Gueules, l’avocate parisienne Sarah Saldmann s’emporte : « Le Smic, c’est déjà pas mal. » D’où l’invitation du député François Ruffin : « Je vous demande d’essayer de vivre, madame Saldmann, pendant trois mois, avec 1 300 €. » — Admettons, mais une semaine, ça sera déjà pas mal. » Alors : peut-on réinsérer les riches ?
Ce qu’on en pense
Le député NFP François Ruffin reprend sa casquette de documentariste social pour ce nouveau film dans lequel il défie une chroniqueuse de CNews de se mettre à la place de smicards. Le résultat est édifiant. Le film rend hommage aux travailleurs de l’ombre et renvoie les « bobos penseurs » dans les cordes. Dommage que la forme ne soit pas aussi soignée que le fond. Au Boulot ! aurait plus sa place à la télé qu’en salles.
The Substance
Par Ph.D
Le pitch
Ancienne star du cinéma et de la télévision, Elisabeth Sparkle (Demi Moore) est mise sur la touche par son patron (Dennis Quaid) qui cherche à rajeunir l’audience de sa chaîne. C’est alors qu’un inconnu l’invite à participer au programme « The Substance », consistant à s’injecter un liquide censé créer un double parfait et rajeuni d’elle-même. Ainsi naît Sue (Margaret Qualley), une jeune femme à la plastique parfaite. Seule ombre au tableau : Elisabeth et Sue sont toujours la même personne et doivent vivre en alternance, en permutant tous les 7 jours…
Ce qu’on en pense
Après Titane (Palme d’or 2021), un nouveau « film de genre » français et féminin était en compétition à Cannes 2024. The Substance y a reçu – à la surprise générale-, le prix du scénario : étonnant pour un film de pure mise en scène dont l’histoire semble tirée d’une BD de série Z. Sous influence Cronenberg, Coralie Fargeat (Revenge) pousse à fond les curseurs du gore et de l’artificiel dans ce thriller horrifique censé se passer à Hollywood, mais qui a été en réalité tourné sur la Côte d’Azur. Le plus fort c’est qu’on ne voit pas la différence ! Demi Moore y campe un avatar d’elle-même, qui teste un programme secret lui permettant de retrouver temporairement la plastique de sa jeunesse, mais une semaine sur deux seulement. La semaine suivante, elle retrouve son enveloppe corporelle habituelle. A condition, toutefois, de respecter scrupuleusement le protocole, car chaque jour de plus passé dans sa nouvelle identité (en Margaret Qualley) se paie de 10 ou 20 ans de plus dans l’ancienne… Facile de deviner ce qui va se passer dans ce Portrait de Dorian Gray 2.0 à l’esthétique publicitaire, qui utilise toutes les ficelles du body horror pour un résultat choc et toc. On a trouvé les grimaces forcenées du revenant Dennis Quaid encore plus atroces que les mutations corporelles de l’héroïne. Dénonciation grossière du jeunisme et du culte de l’apparence, The Substance en manque trop (de substance) pour être pris au sérieux.
Rivière
Par Ph.D
Le pitch
Manon (Flavie Delangle), dix-sept ans, quitte les montagnes suisses à la recherche de son père, introuvable. En formant de nouveaux liens et en découvrant son premier amour, elle est déterminée à suivre le chemin qu’elle s’est tracé sur la glace : devenir une joueuse de hockey professionnelle.
Ce qu’on en pense
Tourné à Belfort, ce joli portrait d’adolescente séduit grace à un casting de jeunes comédiens prometteurs et à son look de film indé américain. Les scènes de hockey et de patinage sont trés réussies. Dommage que le scénario soit aussi flottant et hésitant que sa jeune héroïne. Qui trop embrasse…
L’Art d’être heureux
Par J.V
Le pitch
Jean-Yves Machond (Benoît Poelvoorde), peintre mondialement méconnu et globalement malheureux, décide un jour de changer de vie. Il va chercher l’inspiration dans une petite ville normande, afin de concevoir un chef-d’œuvre qui lui vaudra enfin gloire et reconnaissance éternelle. Mais sa rencontre avec les artistes locaux, du chaleureux Bagnoule (Gustave Kervern) à l’habile Cécile (Camille Cottin), va quelque peu le faire dévier de son chemin, et le mettre face à son rêve le plus profond : celui d’être un homme heureux, tout simplement…
Ce qu’on en pense
Au début, on se croirait dans un film d’Olivier Babinet (Normale , Poissonsexe…). Et puis, ça se gâte. Le côté poétique s’estompe pour laisser place aux maladresses et aux blagues lourdingues. La satyre de l’art contemporain est grossière et les personnages secondaires sont caricaturaux. Quant- au principal, sa quête du bonheur peine à nous concerner. Une comédie blafarde, comme la lumière dans laquelle elle baigne…