Sauvages
Par J.V
Le pitch
À Bornéo, en bordure de la forêt tropicale, Kéria recueille un bébé orang-outan trouvé dans la plantation de palmiers à huile où travaille son père. Au même moment, Selaï, son jeune cousin, vient trouver refuge chez eux pour échapper au conflit qui oppose sa famille nomade aux compagnies forestières…
Ce qu’on en pense
Découvert à Cannes en 2016, Ma vie de courgette avait enchanté les amateurs d’animation en stop-motion. Un procédé que reprend Claude Barras pour ce nouveau long métrage, dans lequel il ajoute à la peinture de l’enfance un propos écologique. Le message éducatif ne prend pourtant jamais le pas sur l’émotion et la direction artistique est toujours aussi soignée, poétique et pertinente. Comme son prédecesseur, le film s’adresse à tous les publics et ravira petits et grands.
L’Amour Ouf
Par Ph.D
Le Pitch
Les années 80, dans le nord de la France. Jackie (Mallory Wanecque / Adèle Exarchopoulos) et Clotaire (Malik Frikah / François Civil) grandissent entre les bancs du lycée et les docks du port. Elle étudie, il traine. Et puis leurs destins se croisent et c’est l’amour fou. La vie s’efforcera de les séparer, mais rien n’y fait, ces deux-là sont comme les deux ventricules du même cœur…
Ce qu’on en pense
Erreur de casting de Cannes 2024 où, présenté en compétition, le nouveau film de Gilles Lellouche a récolté la plus mauvaise note de la critique internationale (et zéro prix) , L’Amour ouf arrive sur les écrans précédé d’une promo bulldozer, destinée à faire oublier la mauvaise impression cannoise. Délesté de quelques scènes violentes (mais pas beaucoup moins long), le film devrait toutefois séduire le public de Monte Cristo avec son casting « de ouf » (il ne manque que Pierre Niney) et son histoire d’amour à la Roméo et Juliette du ch’Nord. Délaissant l’humour dépressif du Grand bain, Lellouche s’est attaqué à l’adaptation du roman culte de Neville Thompson avec un appêtit d’ogre et un culot monstre. Jetés en vrac dans la bétonneuse, Trainspotting, West Side Story, Scorsese, Olivier Marshall, Ken Loach, The Cure (« A Forrest »), Deep Purple (« Child in Time« ), Billy Idol (« Eyes Without a Face« ) et Prince (« Nothing Compares 2U« ) se sédimentent en un mélo stéroïdé et braillard de 2h40, qui ne se pose aucune question sur la représentation de la violence ou l’héroïsation des petites frappes et fait l’effet d’un pain dans la gueule : on en sort sonné. L’histoire d’amour ne colle pas le grand frisson qu’elle devrait. La mise en scène a beau être chiadée (tant qu’à faire, avec 30 millions de budget…) , elle n’a rien d’original : Internet se chargera de rescenser les plans copiés-collés. Il y a de bons moments (au début et à la fin, essentiellement) et pas mal d’autres gênants. Mais la cible est atteinte : L’Amour ouf est le film qu’il faudra avoir vu cet automne pour en parler à la récré ou à la machine à café. Tant pis si c’est juste pour en dire qu’Adèle Exarchopoulos, Elodie Bouchez, Benoit Poelvoorde, Alain Chabat, Vincent Lacoste, les deux jeunes acteurs et Raphaël Quenard sont trés bien (on sera plus réservé sur François Civil) et que la BO est « très chouette »…
Lee Miller
Par J.V
Le pitch
L’incroyable vie de Lee Miller (Kate Winslett) ex-modèle pour Vogue et muse de Man Ray devenue l’une des premières femmes photographes de guerre. Partie sur le front et prête à tout pour témoigner des horreurs de la Seconde Guerre, elle a, par son courage et son refus des conventions, changé la façon de voir le monde.
Ce qu’on en pense
Un biopic ultra-classique aux images léchées et au contenu bien lisse, qui semble avoir été conçu autant pour rendre hommage à la figure héroïque de la photographe de guerre américaine Lee Miller, célèbre pour son engagement, que pour fournir un nouveau « rôle à Oscar » à Kate Winslet. On assiste sans s’émouvoir à la prestation au forceps de l’actrice, à côté de laquelle Marion Cotillard et Camille Cottin font pâle figure dans des rôles anecdotiques.
Niki
Par Ph.D
Le pitch
Paris 1952, Niki de Saint Phalle (Charlotte Le Bon) s’est installée en France avec son mari et sa fille, loin d’une Amérique et d’une famille étouffantes. Mais malgré la distance, Niki se voit régulièrement ébranlée par des réminiscences de son enfance qui envahissent ses pensées. Depuis l’enfer qu’elle va découvrir, Niki trouvera dans l’art une arme pour se libérer.
Ce qu’on en pense
Présenté au Certain Regard à Cannes 2024, le premier film de Celine Salette en tant que réalisatrice séduit par la relative rudesse de sa forme naturaliste, autant que par la performance de Charlotte Le Bon dans le rôle-titre. De tous les plans, l’actrice canadiennes n’a pas eu beaucoup de mal à se couler dans le personnage : elle a été mannequin comme elle avant de devenir actrice, elle a une double nationalité, elle lui ressemble étonnament et elle peint aussi. L’ ex- miss météo de Canal + apporte au personnage quelque chose d’enfantin qui colle parfaitement à la vision qu’en a la réalisatrice : victime d’inceste dans sa prime jeunesse, Niki a refoulé le trauma et se reconstruit à travers sa peinture. Le film est centré sur ses années d’apprentissage, au cours desquelles Niki s’installe un temps sur la Côte d’Azur avec son mari et sa fille, avant d’être internée et de tout abandonner pour s’immerger totalement dans son art. N’ayant pas obtenu les droits pour l’utilisation des oeuvres de Niki de Saint Phalle, Celine Salette filme l’artiste au travail sans jamais les montrer. Comme si l’oeuvre en cours de création regardait la peintre pour la défier !
L’Histoire de Souleymane
Par J.V
Le pitch
Tandis qu’il pédale dans les rues de Paris pour livrer des repas, Souleymane (Abou Sangare) répète son histoire. Dans deux jours, il doit passer son entretien de demande d’asile, le sésame pour obtenir des papiers. Mais Souleymane n’est pas prêt…
Ce qu’on en pense
Récompensé à Cannes 2024 (prix du jury Un Certain Regard et prix du meilleur acteur), ce « film de migrant » signé Boris Lojkine (Hope, Camille) suit les pas d’un « sans papiers » Guinéen, immergé dans un Paris hostile et uberisé, qui livre une course infernale et absurde contre le temps, la pauvreté et l’arbitraire administratif. D’un réalisme effrayant, L’Histoire de Souleymane happe le spectateur pour l’entraîner vers une dernière séquence sous haute tension qui ne le laissera pas indemne. Un film choc.
The Apprentice
Par Ph.D
Le pitch
Véritable plongée dans les arcanes de l’empire américain, The Apprentice retrace l’ascension vers le pouvoir du jeune Donald Trump (Sebastian Stan) grâce à un pacte faustien avec l’avocat conservateur et entremetteur politique Roy Cohn (Jeremy Strong).
Ce qu’on en pense
Repéré en 2019 avec un chouette film fantastique (Border), le réalisateur irano-suédois Ali Abbasi a eu les honneurs de la compétition à Cannes 2024 avec ce biopic du jeune Donald Trump, dans lequel on ne retrouve pas grand-chose de ce qui faisait le charme de son premier film. Sauf à considérer, peut-être, qu’Abbasi fait de Trump une sorte de monstre mythologique, dévorant tout sur son passage, à commencer par son mentor l’avocat Roy Cohn ( joué par la star de la série Succession, Jeremy Strong) qu’il abandonnera en bout de route, après l’avoir essoré. Hélas, le film, qui conte l’ascension immobilière de Trump (Sebastian Stan assez ressemblant), ne développe, hélas, pas suffisamment cette thèse et se contente de n’être, au bout du compte, qu’un trop sage biopic.
Le Robot Sauvage
Par J.V
Le Pitch
L’incroyable épopée d’un robot féminin – l’unité ROZZUM 7134 alias “Roz” – qui après avoir fait naufrage sur une île déserte doit apprendre à s’adapter à un environnement hostile en nouant petit à petit des relations avec les animaux de l’île…
Ce qu’on en pense
Un Wall-E au féminin ? Dreamworks et Chris Sanders (auquel on doit déjà Aladdin, Le Roi Lion, Mulan , Lilo et Stitch, Dragons et Croods, excusez du peu) ont réussi l’impossible en adaptant la nouvelle éponyme de Peter Brown : refaire un chef d’oeuvre à partir des mêmes éléments, en y ajoutant une touche féminine. Riche en émotion et d’une beauté éclatante, notamment dans la représentation des paysages et des saisons, le film multiplie les morceaux de bravoure et laisse le spectateur pantois devant autant d’intelligence, de douceur et de beauté. A voir absolument.
Wolfs
Par Ph.D
Le pitch
Un professionnel (George Clooney) est chargé de nettoyer une scène de crime lorsqu’un second professionnel (Brad Pitt) débarque sur les lieux. Les deux loups solitaires se trouvent contraints de faire équipe et embarquent pour une nuit infernale où rien ne se passe comme prévu.
Ce qu’on en pense
Réunis pour la première fois depuis la saga Ocean’s 11, 12 13, Brad Pitt et George Clooney reprennent leur numéro de duettistes, jouant avec un évident plaisir les « nettoyeurs » vieillissants devant la caméra de Jon Watts (Spider-Man). Mais plus qu’aux films de Steven Soderbergh, c’est à ceux des frères Coen (Fargo) et de Quentin Tarantino (Pulp Fiction) que Wolfs se réfère. Le titre et la fonction des deux héros sont d’ailleurs une référence directe à Winston Wolfe, le « nettoyeur » joué par Harvey Keitel dans le film palmedorisé de Tarantino. On aura compris que le second degré est roi dans cette comédie d’action au ralenti, dans laquelle Clooney et Pitt rivalisent de réparties et de grimaces pour se moquer de leur grand âge, face à un troisième larron joué par une des juvéniles stars d’Euphoria, Austin Abrams. A voir sur AppleTV+ ou MyCanal.
CinéRoman : Le palmarès
Par la rédaction
Joker 2
Par J.V
Le Pitch
À quelques jours de son procès pour les crimes commis sous les traits du Joker, Arthur Fleck (Joaquin Phoenix) rencontre le grand amour et se trouve entraîné dans une « folie à deux« …
Ce qu’on en pense
Comme il l’avait fait avec le premier Joker (Lion d’or à Venise en 2019 et Oscar du meilleur acteur pour Joaquin Phoenix) , Todd Phillips détourne le concept de « réunion de super héros » (en l’occurence de super vilains), avec ce deuxième film, dans lequel le Joker, toujours incarné par un Joaquin Phoenix filiforme, rencontre une autre protagoniste de la franchise Batman, la redoutable Harley Quinn. Harley, dont la dernière incarnation au cinéma était Margot Robbie (Birds of Prey 2020), apparaît ici sous les traits de Lady Gaga. Un excellent choix puisque le film est en partie musical et comporte plusieurs scènes chantées. Comme à son habitude, Joaquin Phoenix s’est totalement investi dans le rôle-titre et chante les standards américains des années 1950 qui constituent la BO comme si c’était son premier métier. Un duo de choc pour cette Folie à deux en forme d’ anti-blockbuster introspectif et noir, sur une Amérique déshumanisée dont héros et vilains ne sont que le sombre reflet.
All We Imagine as Light
Par Ph.D
Le pitch
Sans nouvelles de son mari depuis des années, Prabha (Kani Kusruti), infirmière à Mumbai, s’interdit toute vie sentimentale. De son côté, Anu (Divya Prabha), sa jeune colocataire, fréquente en cachette un jeune homme qu’elle n’a pas le droit d’aimer. Lors d’un séjour dans un village côtier, ces deux femmes, empêchées dans leurs désirs, entrevoient enfin la promesse d’une liberté nouvelle…
Ce qu’on en pense
L’histoire de trois femmes de trois générations différentes qui travaillent dans le même hôpital de Mumbai (ex-Bombay) et doivent composer avec la pauvreté, le mal logement, les traditions religieuses et la dureté de la condition féminine en Inde. Un pays que la réalisatrice Payal Kapadia, venue du documentaire, filme admirablement pour son premier long métrage de fiction. L’actrice principale, Kani Kusruti, aurait mérité un prix d’interprétation à Cannes 2024, où le film était en compétition. Le jury présidé par Greta Gerwig a préféré lui accorder son Grand Prix, sorte de Palme bis qui récompense une petite merveille de douceur et de sensibilité.
Drone
Par J.V
Le pitch
Une nuit, Émilie (Marion Barbeau), une jeune étudiante, remarque qu’un drone silencieux l’observe à la fenêtre de son appartement. Les jours suivants, il la suit et scrute chacun de ses mouvements. D’abord protecteur, le drone devient inquiétant. Émilie se sent de plus en plus menacée…
Ce qu’on en pense
Réalisateur de la série Stalk, qui traitait déjà du voyeurisme, Simon Bouisson passe au long métrage de cinéma avec ce thriller horrifique qui ajoute au voyeurisme le cyber harcèlement. On y retrouve dans le rôle principal l’ex-danseuse et désormais actrice Marion Barbeau , dont le talent et la présence illuminaient déjà le dernier film de Cedric Klapish, En Corps. Quelques facilités scénaristiques et un final déceptif n’empêchent pas ce premier film de retenir l’attention.
Quand vient l’automne
Par J.V
Le pitch
Michelle (Hélène Vincent), une grand-mère bien sous tous rapports, vit sa retraite paisible dans un petit village de Bourgogne, pas loin de sa meilleure amie Marie-Claude (Josiane Balasko). À la Toussaint, sa fille Valérie (Ludivine Sagnier) vient lui rendre visite et déposer son fils Lucas pour la semaine de vacances. Mais rien ne se passe comme prévu.
Ce qu’on en pense
Après la jeunesse (Été 85) François Ozon s’attaque à la vieillesse avec ce drame psychologique teinté de polar dans lequel Hélène Vincent campe avec gourmandise une vieille dame pas si digne et inoffensive qu’elle voudrait bien le laisser paraître. Ludivine Sagnier , Josiane Balasko et Pierre Lottin complètent idéalement le casting de ce film dans lequel le réalisateur installe le trouble dans une ambiance automnale aussi lourde et sombre que celle d’Eté 85 était légère et lumineuse.
Maya, donne moi un titre
Par J.V
Le pitch
Maya et son papa vivent dans deux pays différents. Pour maintenir le lien avec sa fille et continuer à lui raconter des histoires, son papa lui demande chaque soir « Maya, donne-moi un titre ». À partir de ce titre, il lui fabrique alors un dessin animé dont elle est l’héroïne…
Ce qu’on en pense
Un Michel Gondry pour enfants: quelle bonne idée ! Le réalisateur-bidouilleur a rappelé Pierre Niney, qui jouait son double loufoque dans Le Livre des solutions, pour donner sa voix au narrateur de ces mini dessins animés improvisés au jour le jour avec du carton de la colle et des bouts de ficelle pour distraire sa fille. D’une incroyable fraicheur et d’une grande drôlerie , ce tout petit film ravira les enfants et tous ceux qui le sont restés. L’épisode Pampa la Frita, dans lequel il est question de dépoluer la Seine envahie de ketchup en y jettant des frites, vaut son pesant de burgers végétariens !
Killer Heat
Par Ph.D
Le Pitch
Le détective privé Nick Bali (Joseph Gordon Lewitt), un Américain expatrié en Grèce, engagé pour enquêter sur la mort accidentelle d’un jeune magnat du transport maritime, Leo Vardakis (Richard Madden), sur l’île de Crète. Penelope (Shailene Woodley), la belle-sœur de la victime ne croit pas au rapport de police officiel. Mais qu’est-il arrivé exactement à Leo, et pourquoi ? Malgré la beauté ensoleillée de cette région méditerranéenne exotique, Nick découvre la noirceur à chaque tournant : là où la riche et puissante famille Vardakis règne comme un dieu, où les jalousies sont profondes, et où n’importe qui peut être suspect…
Ce qu’on en pense
Adaptation paresseuse d’une nouvelle de Jo Nesbo, avec Joseph Gordon Lewitt dans le rôle du détective privé américain expatrié en Grèce après un divorce pénible et Shailene Woodley dans celui de la mystérieuse cliente. Sur le papier, ça sent bon le polar ensoleillé. A l’écran hélas, c’est de la daube. Tous les clichés du genre sont exploités sans le moindre second degré par un scénario totalement prévisible. Les acteurs ne font même pas semblant d’y croire et la réalisation (du Français Philippe Lacôte) se traîne au même rythme que la voix off. Même le décor crêtois est mal exploité ! Une tâche sur la filmographie des deux têtes d’affiche.