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Prince : 1958-2016

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Par Philippe Dupuy

Sa mort, le 21 avril 2016,  a pris tout le monde par surprise : Prince n’avait que 57 ans et paraissait en bonne santé.Tout au plus savait-on qu’il avait été brièvement hospitalisé quelques jours à l’issue d’un concert, pour soigner ce qui semblait être une mauvaise grippe. Car contrairement à David Bowie qui fuyait les projecteurs depuis des années, le Kid de Minneapolis continuait d’enregistrer  et de se produire régulièrement.Il avait même entamé l’écriture d’une autobiographie. C’est le site people américain TMZ qui a annoncé le premier la nouvelle de son décès, comme il l’avait fait pour Michael Jackson.Triste coincidence pour deux artistes dont les médias avaient voulu faire des rivaux.

(Photo: Warner Bros. Pictures)

(Photo: Warner Bros. Pictures)

Moins célèbre et populaire que Jackson, Prince n’en était pas moins reconnu comme un des grands héritiers de la musique noire américaine, qu’il a portée au sommet des hit-parades, dans les années 80-90, avec des tubes comme « Kiss », « Cream », « Purple Rain » ou « Sexy MF », qui font encore lever tout le monde sur les pistes de danse. En 1984, le film autobiographique Purple Rain et l’album éponyme tiré de la bande originale, firent de prince une énorme vedette internationale : l’égal de Michael Jackson et Madonna. Il connaissait un moindre succès depuis les années 2000, mais continuait à sortir un ou deux albums par an, dont les traits de génie étaient désormais noyés dans une production foisonnante. Mais c’est sur scène que s’exprimait le mieux son talent. Héritier de James Brown, Prince n’avait pas son pareil pour enflammer une salle, quelle que soit sa taille (car il se produisait aussi bien en club devant 80 personnes que dans un stade de 60000 places) avec un mélange de pop, de soul, de funk et de jazz dosé différemment à chaque fois mais toujours détonnant. Ses concerts pouvaient durer des heures et se prolongeaient régulièrement par des afters.Rien ne semblait pouvoir étancher sa soif de jouer. Avec Paris, la Côte d’Azur a été la région de France dans laquelle Prince s’est produit le plus souvent. Le producteur de ses derniers concerts en France, Pascal Bernardin, qui avait fini par nouer une relation amicale avec l’artiste, se souvient qu’il lui avait confié avoir gardé un très bon souvenir du tournage de son deuxième film Under the Cherrymoon, en 1985 aux studios de la Victorine à Nice. Ceux qui ont eu la chance d’y assister, eux, se souviennent surtout (car le film ne laissa guère de souvenirs) du fabuleux concert improvisé au Théâtre de Verdure à l’issue du tournage. Le premier d’une longue série car depuis, Prince ne manquait pas une occasion de revenir sur la Côte. Il y a même enregistré en 1994, le mythique Black Album qui, pour d’obscures raisons, ne sortit qu’en version pirate. La même année, alors qu’il était venu recevoir un World Music Award à Monaco, le Kid enchaîna deux concerts surprise dans un restaurant du port, le Stars’N’Bars.

PADDOCK WOOD, UNITED KINGDOM - JULY 03: Prince headlines the main stage on the last day of Hop Farm Festival on July 3, 2011 in Paddock Wood, United Kingdom. (Photo by Neil Lupin/Redferns)

(Photo by Neil Lupin/Redferns)

Ayant découvert à cette occasion le Sporting et la vie nocturne monégasque, c’est fort logiquement là qu’il choisit de se rematérialiser au cœur de l’été 2009 pour deux concerts successifs à la salle Garnier et un au Sporting . Mais c’est à Nice qu’il s’est produit pour la dernière fois l’été suivant pour un concert au stade Charles Ehrmann qui ne connut pas le succès espéré car programmé trop tardivement. Pas vexé pour autant, le Kid fit savoir avant de repartir qu’il s’intéressait au festival de jazz qui cherchait à l’époque un repreneur… Aussi petit de taille (1,60 m) que grand de talent, Prince Rogers Nelson (son vrai nom), né le 7 juin 1958 à Minneapolis (USA), laissera, ici comme ailleurs, le souvenir d’un musicien de génie doublé d’une personnalité fantasque. Ses phobies hôtelières (entre autres), resteront célèbres dans le métier.A Nice, même le Negresco en fit les frais : il ne resta que 5 minutes dans la suite (forcément princière) qui lui avait été réservée pour le concert de 2010.Le temps de décréter que le papier peint ne lui plaisait pas et de reprendre la limousine pour un tour des palaces locaux qui s’acheva à Cannes! Mais, contrairement à Michael Jackson, jamais ses caprices de diva n’obscurcirent son génie musical. Prince laisse une œuvre considérable : une trentaine d’albums, 2 films, mais surtout des centaines d’heures d’enregistrements inutilisés qui dorment dans les tiroirs de son studio personnel de Paisley Park, où il travaillait jour et nuit. Sa postérité est assurée : elle pourrait même dépasser celle de son idole de toujours, Jimi Hendrix.