Meurtre au bout du monde
Par Phil Inout
Le pitch
Jeune écrivaine, Darby Hart (Emma Corrin) est invitée avec plusieurs personnalités prestigieuses à un séminaire organisé par un milliardaire de la Tech (Clive Owen) dans un lieu isolé et magnifique en Islande. Lorsque Bill (Harris Dickinson), l’un des invités qui était aussi l’un de ses ex, est retrouvé mort d’overdose, Darby va tout faire pour pour prouver qu’il s’agit d’un meurtre…
Ce qu’on en pense
Sur la trame classique d’un whodunit (crime mystère) à la Agatha Christie, cette série Disney + innove en mélant deux intrigues et en faisant de la principale protagoniste (Emma Corrin, la première Lady Di de The Crown) une surdouée de la technologie et de l’enquête policière. Hercule Poirot meets Lisbeth Salander ! Alors que l’intrigue principale est du pur Agatha Christie (un lieu clos, des meurtres mystérieux, une profusion de coupables potentiels), la seconde, insérée en flashback, raconte la première enquête de l’héroïne et ses liens avec la première victime. Le tout sur fond de hacking et d’intelligence artificielle avec, dans l’hôtel isolé et futuriste où sont réunis les protagonistes, un majordome virtuel digne de Hal, l’AI de 2001 Odyssée de l’Espace… C’est un poil long (7 épisodes), mais joliment réalisé et la révélation du pot aux roses en surprendra plus d’un.
Tout pour Agnès
Par Phil Inout
Le Pitch
Renée Le Roux (Michèle Laroque) dirige d’une main de fer le casino historique de Nice, objet de toutes les convoitises. En pleine guerre des tapis verts, elle se dresse seule face à la mafia et refuse de céder aux intimidations de son principal concurrent, Jean-Dominique Fratoni (Christophe Favre). Mais au cœur de ce combat, sa fille, Agnès (Marie Zabukovec), poussée par son amant, le sulfureux avocat Maurice Agnelet (Yannick Choirat), vend ses parts du casino familial à Jean-Dominique Fratoni. Quelques mois plus tard, elle disparaît mystérieusement. Un combat de quarante ans s’engage jusqu’à ce qu’éclate la vérité sur sa disparition …
Ce qu’on en pense
Adaptée du livre de Roger-Louis Bianchini (« Agnès Leroux : enquête sur la disparition d’une jeune femme riche« ), cette mini-série sur l’affaire Le Roux vient après le film d’André Téchiné (L’Homme qu’on aimait trop, avec Guillaume Canet, Adèle Haenel et Catherine Deneuve ) et l’excellente série documentaire d’Arte (Tant qu’ils ne retrouvent pas le corps). C’est peu dire qu’on n’en attendait pas grand-chose. La surprise n’en est que meilleure. L’affaire est racontée dans toute sa complexité et son étendue en 4 épisodes de 52 minutes. La réalisation de Vincent Garenq, trés classique, évite la surdramatisation et les clichés. Elle s’appuie sur une reconstitution d’époque scrupuleuse (on s’y croirait!) et sur un casting solide. Yannick Choirat campe un Agnelet séducteur et ambitieux et Michèle Laroque est crédible en Renée Le Roux, malgré le maquillage et la perruque. Mais la série rend surtout vie à Agnès , superbement interprétée par Marie Zabukovec (vue dans Mascarade et dans la série sur l’incendie de Notre Dame). Elle en fait une jeune femme de son temps (les années 70), libre, fonceuse et, hélas, amoureuse du mauvais garçon. Une belle réussite, à voir en streaming sur Paramount + et en diffusion en janvier sur France 2.
La Saison du Verseau
Par Phil Inout
Le pitch
Pour la première fois depuis longtemps, la famille Schwarz se réunit au complet à l’occasion du mariage d’Emily, la benjamine. En dépit de cet heureux événement, des questions autour de l’héritage familial créent des tensions, et la mystérieuse disparition du marié fait ressurgir un traumatisme remontant à plusieurs décennies…
Ce qu’on en pense
Un couple de riches allemands (le mari dirige une usine de fonderie, la femme est plasticienne à ses heures) marie sa plus jeune fille en tout petit comité. Cela étonne vu l’opulence de la maison: on s’attendrait plutôt à de grandes noces. C’est qu’Emily a été kidnappée quand elle était enfant et qu’elle souffre encore de troubles psychologiques qui l’empêchent d’avoir une vie sociale normale. Son futur mari, de son côté, est orphelin. Heureusement, les deux soeurs d’Emily sont là : Leo est divorcée et vit chez ses parents avec son jeune fils Linus . L’ainée, Eva, assiste son père à l’usine et vit en couple avec une autre femme. Leur frère, Felix, vit à Los Angeles et n’est pas pressé d’arriver. En fait, il vient surtout pour réclamer le versement anticipé de sa part d’héritage. Ce qui tombe mal vu que Richard, leur père, doit leur annoncer que l’usine est au bord de la faillite et qu’ils sont quasi ruinés. Et voilà qu’en plus, au lendemain de la noce, le marié disparaît ! Le décor est planté pour une excellente mini série allemande sur la manière dont un évènement traumatique peut impacter en profondeur toute une famille. Réalisation classique, scénario solide, étude psychologique soignée, excellent casting… Du pain béni pour Arte !

The Golden Hour
Par Phil Inout
Le pitch
Après une série d’attaques terroristes à Amsterdam, un policier néerlandais d’origine afghane (Mardik Sardagh) suit la trace d’une veille connaissance qui pourrait bien être impliquée. Mais il se retrouve à son tour soupçonné et traqué par ses anciens collègues…
Ce qu’on en pense
Succès surprise de la fin d’année sur Netflix, cette série hollandaise se distingue par le réalisme des scènes d’attentat autant que par les invraissemblances du scénario qui met en scène un jeune flic soupçonné d’être complice de terroristes. Obligé de fuir, il enquête en solo pour retrouver le chef des terroristes (qui est, évidemment, son ami d’enfance) pendant que deux agents des services spéciaux enlèvent et torturent sa femme et sa fille pour l’obliger à se rendre… Heureusement, la réalisation est efficace et le casting est bon.
Top Séries 2023
Par Phil Inout
La série la plus attendue de l’année n’a pas déçu : adaptée du jeu vidéo éponyme, The Last of Us permet Amazon de monter sur la première marche du podium annuel. Mais les séries françaises n’ont pas démérité et se taillent même la part du lion dans le classement, avec un gros coup de coeur pour Tout va bien, formidable série dramatique de Disney +. Voici nos dix séries préférées de 2023 (cliquez sur le titre pour lire la critique). NB : classement ne prend en compte que les nouvelles séries de fiction, à l’exclusion des suites (The Bear, Slow Horses, The Crown…) et des documentaires comme L’affaire Bettencourt qui auraient mérité d’y figurer.
1) The Last of Us (Prime)
2) Tout va bien (Disney+)
3) Silo (Apple TV+)
4) Les Fleurs sauvages (Prime)
5) D’Argent et de sang (MyCanal)
6) The English (MyCanal)
7) Sambre (France.tv)
8) Sous contrôle (Arte)
9) Icon of French Cinema (Arte)
10) 1985 (MyCanal)
Culprits
Par Phil Inout
Le pitch
Après un braquage spectaculaire qui leur a rapporté plusieurs millions chacun, les braqueurs sont pourvuivis par un tueur à gages impitoyable…
Ce qu’on en pense
Ca commence comme une énième ressucée de Casa de Papel et on se dit qu’on ne tiendra pas les huits épisodes. Et puis le charme opère, avec des héros attachants incarnés par de très bons acteurs (Nathan Stewart Jarrett, Kirby Howell Baptiste, Tara Abboud, Niamh Algar…), un méchant bien effrayant (Ned Dennehy), un scénario à tiroirs plus intéressant que prévu et une réalisation trés rythmée, avec un découpage avant/pendant/maintenant particulièrement efficace. Mais surtout, cette série Disney + ose se démarquer vraiment avec un héros gay (l’excellent Nathan Stewart Jarrett) en couple avec enfants. On salue l’audace !
Icon of French Cinema
Par Phil Inout
Le pitch
De retour à Paris après un exil hollywoodien de plusieurs années, Judith Godreche, ancienne égérie du cinéma d’auteur, compte bien relancer sa carrière avec un nouveau film. Mais pour l’actrice, la mère et la femme enthousiaste et romantique, pas si simple de démarrer une nouvelle vie. Surtout quand sa fille de 16 ans Zoé (Tess Barthelemy) tombe amoureuse d’un prof de danse bien plus âgé qu’elle. Dans un monde qui change, entre humour et désillusion, Judith va devoir jongler entre ambition personnelle, angoisses maternelles et faire face aux démons de son passé…
Ce qu’on en pense
Révélée à l’âge de 14 ans dans le film de Jacques Doillon La Fille de 15 ans, puis accaparée par Benoit Jacquot (Les Mendiants, La Désenchantée), avec lequel elle finira par se mettre en couple encore mineure, Judith Godrèche, qui a été l’une des accusatrices d’Harvey Weinstein et une des fondatrices du mouvement #Metoo, revient sur son vécu d’adolescente trop tôt sexualisée par le regard de pygmalions douteux et son parcours d’actrice, de femme et de mère, avec cette formidable mini-série autobiographique en 6 épisodes, dans laquelle elle se met en scène dans son propre rôle et dirige sa fille Tess. Une mise en abime à la fois drôle et piquante, qui permet à l’actrice-réalisatrice de régler ses comptes avec le petit monde du cinéma français et de mettre en garde sur les dangers de l’émancipation précoce. Une réussite.
Love & Death
Par Phil Inout
Le Pitch
Malgré une famille aimante, une maison parfaite et une implication active à l’église, Candy Montgomery (Elizabeth Olsen) n’arrive pas à se débarrasser de son sentiment d’ennui. Après un échange chargé en émotion inattendu avec un autre membre de l’église, Allan Gore (Jesse Plemons), Candy trouve le frisson lié au risque qui manquait à sa vie. Leur liaison savamment préparée se déroule presque comme ils l’avaient planifiée… jusqu’à ce que quelqu’un s’empare d’une hache !
Ce qu’on en pense
Après Big Little Lies, David E Kelley remet le couvert avec une nouvelle histoire de ménagère désoeuvrée dans une banlieue résidentielle. Echappée des Avengers, Elizabeth Olsen campe l’héroïne de ce fait divers réel qui a scandalisé l’Amérique et qui captivera le spectateur. La série débute comme un épisode de Desperate Housewives situé dans les années 70, avant de basculer dans le drame horrifique à la Fargo pour se terminer en série judiciaire. La ressemblance avec Fargo est accentuée par la présence de Jesse Plemons (vu dans la saison 2 de la série inspirée du film des frères Coen), étonnant objet de la convoitise, puis du ressentiment de la belle (et sulfureuse sous ses dehors de parfaite maîtresse de maison) Candy Montgomery. Mieux vaut ne pas chercher à en savoir plus sur le drame qui a inspiré la série puisque celle ci s’ouvre sur une scène de crime sanglante, mais préserve soigneusement le suspens sur la nature du crime et son coupable. Un petit bijou de comédie noire, à binger sur Canal+
The Crown
Par Ph.D
Le Pitch
L’histoire d’amour entre la princesse Diana et Dodi Al Fayed est brutalement interrompue par un accident de voiture à l’issue fatale. Le prince William tente de reprendre le cours de sa vie à Eton après le décès de sa mère, tandis que la monarchie subit les foudres de l’opinion publique. Alors qu’elle s’apprête à célébrer son jubilé d’or, la reine réfléchit à l’avenir de la monarchie face au mariage à venir de Charles et Camilla et à la romance royale de William et Kate…
Ce qu’on en pense
Fidèle à l’automne, période propice à binger, The Crown revient pour sa sixième et dernière saison. Depuis 2016, on vit dans l’intimité du règne d’Elisabeth II et la série est si réaliste qu’on en oublierait parfois qu’il s’agit d’une fiction et non d’un documentaire. Aucune saison ne nous a déçu, mais la programmation des deux dernières saisons a été compliquée par l’actualité. Dans la vraie vie, la Reine Elisabeth II est morte et son fils Charles lui a succédé. Or, la fin de la série traite des années « horribilis » de la couronne britannique, lorsque le peuple lui reprochait son arrogance et les humiliations infligées à la princesse Diana. Le traitement ouvertement « people » de cette décennie et le changement de casting n’arrangent rien: Imelda Staunton dans le rôle de la reine et Dominic West dans celui du Prince Charles n’ont rien d’aimable. A contrario, Elisabeth Debicki (découverte dans Tenet) incarne une Lady Di formidablement fragile et séduisante (et ressemblante !). Pas de quoi aider Charles III à gagner le coeur de ses sujets. Pour le prince William (Ed McVey), figure centrale de la saison 6, par contre, c’est visiblement déjà fait…
Tout va bien
Par Phil Inout
Le pitch
Le quotidien d’une famille ordinaire, donc forcément névrosée et conflictuelle, confrontée à la maladie grave de l’un de ses enfants. Rose (Angèle Romeo), fille cadette de Marion (Sara Giraudeau) a contracté une leucémie rare qui met ses jours en dangers. Anne (Nicole Garcia), la matriarche de la tribu Vasseur, auteure à succès de livres de développement personnel, est confrontée à un #metoo qui touche son éditeur et amant. Son mari Pascal (Bernard Le Coq) cherche sa place auprès de cette femme qui en prend beaucoup. Claire (Virginie Efira), très impliquée et perturbée par la maladie de sa nièce, doit aussi tisser des liens avec la fille de son compagnon Antonio (Eduardo Noriega), dont l’ex-femme ne leur fait pas de cadeaux. Marion essaie de maintenir à flot sa vie de famille avec Stéphane et de supporter la maladie de sa fille Rose en s’échappant dans une relation avec Louis. Quant à Vincent (Aliocha Schneider), le frère de Claire , steward d’apparence détaché de tout, va se prendre la réalité de la vie de plein fouet.
Ce qu’on en pense
Faire rire, penser et émouvoir autour de la maladie d’une enfant. Valérie Donzelli s’y était essayé avec un certain succès dans La Guerre est déclarée. Scénariste sur Dix pour cent et Le Bureau des Légendes, sa consoeur Camille de Castelnau lui emboite le pas avec cette série chorale au casting féminin avantageux : Virgine Efira, Sara Giraudeau, Nicole Garcia… Et c’est une réussite ! Disponible sur Disney + Tout va bien est une des meilleures séries française du moment. Scénario, réalisation, personnages, dialogues… Tout est bon. Et même excellent ! Virigine Efira est, comme d’habitude, parfaite en tatie dévouée, mais Sara Giraudeau réussit à lui voler la vedette dans le rôle de la jeune maman dont la vie bascule avec la maladie de sa petite fille. Par ses qualités d’écriture, de jeu et de réalisation, Tout va bien s’apparente plus à un film long qu’à une simple série. Du Desplechin aimable. Vous n’oublierez pas cette famille formidable.
Pamela Rose
Par Phil Inout
Le pitch
Pour échapper à une sanction de la commission de discipline du FBI, les agents Richard Bullit (Kad Merad) et Douglas Riper (Olivier Baroux) retournent sur le terrain. Ils doivent arrêter un mystérieux tueur en série qui s’attaque à des youtubeurs stars d’internet. Une enquête d’autant plus compliquée que les deux agents cachent la bavure qu’ils ont commise en provoquant, malgré eux, la mort accidentelle de leur premier suspect. Ce qui ne manque pas d’éveiller les soupçons de Jessica Carson (Shirine Boutella), leur jeune rivale au FBI…
Ce qu’on en pense
Devenu culte, la saga Pamela Rose qui a révélé Kad Merad et Olivier Baroux revient en série et c’est… Une excellente surprise ! L’univers familier des films, parodie de séries US, est parfaitement transposé, la réalisation de Julien Rappeneau est rythmée et efficace, les nouveaux personnages sont réussis (notamment celui interprété par Panayotis Pascot) et les dialogues décalés font mouche. L’enquête dans le milieu des influenceurs/Youtubeurs amène un zeste de modernité bienvenue et le format d’épisodes de 30 minutes est idéal. Les fans seront ravis, les nouveaux convertis voudront voir les films. Mission réussie pour les agents Bullit et Riper.
Lessons in Chemistry
Par Phil Inout
Le pitch
Au début des années 1960, Elizabeth Zott (Brie Larson) voit son rêve de faire carrière, en tant que scientifique, contrecarré par une société cantonnant les femmes à la sphère domestique. Une fois enceinte, la jeune mère célibataire, renvoyée du laboratoire dans lequel elle travaillait, décroche un emploi d’animatrice dans une émission de cuisine à la télévision. En caressant toujours l’espoir de revenir un jour à la science, elle se met à enseigner à toute une nation de femmes au foyer négligées beaucoup plus que des recettes…
Ce qu’on en pense
Le scénariste de The Office et Little America, Lee Eisenberg, a écrit et mis en scène cette jolie comédie dramatique au look et aux couleurs vintage qui met en scène l’excellente Brie Larson dans le rôle d’une scientifique, que la société patriarcale des années 60 cherche systématiquement à reléguer à un rôle subalterne. Féministe, drôle et émouvante, la série épouse le combat des femmes sans préchi prêcha. Les personnages se dévoilent et s’enrichissent au fil des épisodes, pour un résultat au final assez épatant. Une série AppleTV+ disponible sur Canal.
L’Affaire Bettencourt
Par Phil Inout
Le pitch
Comment un conflit entre la femme la plus riche du monde et sa fille a tourné au scandale national…
Ce qu’on en pense
Voila un documentaire qui ne va pas améliorer l’image des politiques, ni celle des super riches, ni celle de Bercy. Au départ, un conflit entre Liliane Bettencourt, héritière L’Oreal (fortune estimée à 30 milliards d’euros) et sa fille, à propos des prodigalités accordées à un ami de la famille : le photographe « people » François Marie Banier. Présenté à la vieille dame par Arielle Dombasle, le bonhomme s’incruste auprès de la femme la plus riche du monde et profite de ses largesses… A une échelle industrielle ! Au total , Liliane, dont la santé mentale est vascillante, lui fera don de près d’un milliard d’euros en tableaux de maitres, espèces, objets de collection et propriétés (dont une ile privée aux Seychelles) et en fera son principal héritier. On comprend que sa fille, unique et mal aimée, en ait pris ombrage. Mais pour faire éclater l’affaire, celle ci a l’imprudence de rendre publics des enregistrements privés effectués à l’insu de sa patronne par le majordome de Liliane lors de ses rendez vous avec son fondé de pouvoir. Banier apparait trés peu sur ses enregistrements. Par contre, tout le système d’évasion fiscale et de financement politique occulte mis en place depuis des décennies dans la maison est révélé au grand jour. Y compris les enveloppes en coupures de 500 € que les politiques en vue venaient chercher chez Liliane ! Ces enregistrements, diffusés sur des images de portes fermées, sont le grand « plus » de cette série documentaire qui met sur le grill tous ceux qui ont accepté d’y témoigner. Mais les absents en prennent pour leur grade aussi. Notamment un certain Nicolas Sarkozy… Depuis, Liliane Bettencourt est morte, Banier n’a même pas eu à restituer ce qu’il s’est accaparé, un arrangement a été trouvé avec le fisc pour éponger une minuscule partie de la monstrueuse évasion fiscale (un compte en Suisse de 60 millions était considéré comme « peu de chose ») et les politiques mis en cause n’ont pas eu trop à souffrir de l’enquête policière… Et le patrimoine personnel des Bettencourt est passé de 30 à 80 milliards d’euros !
Sans Issue : Chevaline
Par Phil Inout
Le pitch
Mercredi 5 septembre 2012, commune de Chevaline, dans le Massif des Bauges, en Haute-Savoie. Une chaude après-midi de fin d’été. Au milieu des bois, à quelques minutes de l’enchanteur lac d’Annecy, la route domaniale de la Combe d’Ire serpente dans la forêt, longeant le torrent qui lui a donné son nom. C’est un rendez-vous connu des randonneurs aguerris et des cueilleurs de champignons. Pas vraiment un parcours touristique. La circulation est interdite après le parking du Martinet, vers le col de Chérel et les Bauges. C’est pourtant là qu’en milieu d’après-midi une famille britannique d’origine irakienne, les Al-Hilli, s’arrête pour consulter un panneau indicateur. À quelques mètres, un cycliste de la région, Sylvain Mollier, père de trois enfants dont un nouveau-né, a mis le pied à terre. Subitement, cette scène banale tourne au drame. Un tireur, un tueur, sorti de nulle part en brandissant un pistolet automatique de collection, mitraille la famille et les cyclistes. C’est un véritable carnage : quatre morts, une fillette grièvement blessée, une autre qui a réussi à se cacher miraculeusement sous les jupes de sa mère morte…
Ce qu’on en pense
Jamais élucidée, la tuerie de Chevaline fait l’objet d’une série documentaire en 6 épisodes qui examine une après l’autre et chronologiquement toutes les pistes suivies par l’enquête. Partie sur l’exécution d’une famille anglaise possiblement liée à des interêts irakiens, celle ci fera un virage en 180° en s’intéressant à la personnalité du cycliste qu’on imaginait être une victime collatérale et qui aurait pu être la véritable cible du tueur. Puis elle s’orientera sur la piste d’un tueur sans mobile. Avec un nombre étonnant de suspects potentiels ayant pu avoir un mobile. Au bout du compte, le mystère demeure sur ce qui ressemble à l’acte d’un tueur professionnel : 21 balles tirées en quelques fractions de secondes dont 17 ont touché leur cible sans endommager la carrosserie de la voiture dans laquelle ont été abattus trois membres de la famille britannique. La reconstitution de la scène du crime en 3D , la mise en scène soignée, les nombreux témoignages d’enquêteurs, d’avocats, de témoins et l’art de distiller les informations au compte-goutte font que la série tient en haleine, sans avoir besoin de verser dans le sensationnalisme. Quel dossier incroyable !
Sambre
Par Ph.D
Le Pitch
Fin des années 80, dans le Nord de la France, des femmes sont violées tôt le matin, toujours de la même manière, sur la même route, le long de la rivière Sambre. Les policiers ne prennent pas la mesure de ces agressions et ne font pas le lien entre elles. La justice est débordée devant les dossiers qui s’accumulent. Il faudra trente ans pour arrêter un homme qui n’a jamais cessé d’agresser les femmes et qui est responsable d’au moins 54 viols ou agressions sexuelles.
Ce qu’on en pense
Librement adaptée de l’enquête d’Alice Géraud sur une vague d’agressions sexuelles commises à partir des années 80 dans la Sambre, cette série policière signée Jean-Xavier de Lestrade (L’Affaire Courjault, Laëtitia) ramène le spectateur 30 ans avant #Metoo, à l’époque où les viols et agressions sexuelles étaient encore traités comme de simples voies de fait et les victimes laissées à leurs traumatismes. L’originalité de la série est de ne pas chercher à faire le portrait d’un violeur en série, ni de suivre l’enquête policière (quasi inexistante au demeurant), mais de s’attacher uniquement aux victimes. Alix Poisson (que JXDL avait déjà mise en scène dans Laetitia) incarne l’une des premières avec beaucoup de conviction et de talent. La reconstitution des années 80 est particulièrement réussie et la réalisation est d’un grand réalisme, sans pour autant verser dans le documentaire. Evidemment, les personnages masculins (agresseur, maris, proches, policiers et magistrats) ne sont pas à la fête et l’ambiance est assez pesante. Le visionnage des 6 épisodes peut s’avérer éprouvant, mais la série a le grand mérite de faire mesurer le chemin parcouru, même si beaucoup reste sans doute à faire, en matière de méthodes policières et de prises en charge des victimes…















